Numéro 70 - 7 novembre 2020
L'élection présidentielle contestée aux États-Unis
Le 4 novembre 2020. Manifestation à Portland, en Oregon (Top
Quality DF)
La signification des résultats
• L'anarchie et la violence règnent
- Kathleen Chandler - • La Cour suprême, les élections et la crise de la démocratie américaine
- Voice of Revolution -
• Les poursuites
judiciaires sont un moyen de restructurer
l'État des
États-Unis pour accroître les pouvoirs du fédéral
• L'égalité, le vote et le dépouillement des votes
Opinions des lecteurs
• Un processus électoral chaotique qui ne résout pas la crise multilatérale que vivent les États-Unis
• Le recours à la désinformation pour masquer la crise du
processus électoral et politique
• Les peuples des États-Unis et des Amériques sont nos alliés,
pas l'impérialisme américain
• Prêter attention aux élections aux États-Unis
• La soirée des élections aux États-Unis et les deux Amériques
• Les
résultats des élections aux États-Unis ne
reflètent pas la conscience de la classe ouvrière.
Déclarations
• Défendons nos droits! Descendons dans la rue! Paralysons le pays!
- Coalition antiguerre nationale unie -
• Defund Hate: Quel
que soit le résultat des élections, le Congrès
doit définancer les services de l'immigration et des douanes
ainsi que des douanes et de la protection des frontières, et
donner la priorité au bien-être de nos communautés
- United We Dream -
Reportage photo
• Les actions à la défense des droits se poursuivent
partout dans le pays
L'élection présidentielle contestée aux États-Unis
- Kathleen Chandler -
Le 4 novembre 2020. Détroit au Michigan
Le 7 novembre, les médias
monopolisés ont finalement déclaré Joe Biden
vainqueur des élections présidentielles aux
États-Unis. Mais le conflit est loin d'être
terminé. Comme anticipé, personne n'avait
été
déclaré vainqueur dans un premier temps. Même
maintenant, la rivalité au sein des factions
dominantes est si intense – avec un potentiel de conflit violent ouvert –
qu'il est clair que
l'élection n'a rien réglé, alors que d'autres
conflits continuent d'éclater. Cela est devenu
évident dès que Joe Biden a été
déclaré vainqueur. Les agences de presse ont
annoncé que Joe
Biden a remporté la Pennsylvanie et le Nevada, ce qui lui donne
290 votes du Collège
électoral contre 214 à Donald Trump, alors qu'il en faut
270 pour remporter l'élection. Les
résultats de la Géorgie, de la Caroline du Nord et de
l'Alaska n'ont pas encore été
annoncés.
Joe Biden doit prononcer un discours de victoire dans la soirée du 7 novembre.
Donald Trump a répondu comme cela était prévisible en refusant de concéder la victoire et en
disant que
l'élection est loin d'être terminée. Le 7 novembre,
il a dit : « La victoire de Joe
Biden n'a été certifiée dans aucun État,
encore moins dans les États très contestés qui se
dirigent vers des recomptages automatiques, ou des États
où notre campagne a des poursuites
judiciaires valables et légitimes qui peuvent décider du
vainqueur final ». Cela fait écho à ses
déclarations du soir de l'élection : « Tous les
États récemment revendiqués par Biden seront
légalement contestés par nous pour fraude
électorale et fraude électorale d'État »,
avait-il
dit.
La campagne Trump intente de nombreuses poursuites en Pennsylvanie, en Géorgie et au
Nevada et demande un recomptage dans le Wisconsin – des États où le décompte des voix est
serré. Comme l'a répété Donald Trump le 7 novembre, « À partir de lundi [9 novembre],
notre campagne commencera à poursuivre notre affaire devant les tribunaux pour s'assurer
que les lois électorales soient pleinement respectées et que le vainqueur légitime siège. »
Tout indique que d'autres poursuites pourraient être engagées dans d'autres États, notamment
au Michigan et au Wisconsin où, comme en Pennsylvanie, les bulletins de vote par la poste
sont acceptés après le jour du scrutin.
Il semblerait que les factions des cercles dirigeants qui soutiennent
Joe Biden souhaitent
toujours obtenir une victoire décisive afin d'assurer plus
facilement une « transition
pacifique ». Joe Biden l'a indiqué déjà et a
déclaré : « Maintenant que la campagne
électorale
est terminée, il est temps de mettre la colère et les
discours antagonistes derrière nous et de
nous rassembler en tant que nation. » Il dit également
posséder un mandat du peuple : « Je
suis honoré et touché par la confiance que le peuple des
États-Unis a placée en moi et dans la
vice-présidente élue, Kamala Harris. »
Le fait est que le vote pour Joe Biden représente moins de 25 % de la population en âge de
voter et, de plus, environ 80 000 000 d'électeurs admissibles – plus que les 75 000 000 de
votes pour Joe Biden – ont exprimé leur opinion en ne votant pas du tout.
En général, la certification des votes par les
États ne se termine pas avant la fin du mois de
novembre. Pour cette raison, les grands électeurs du
Collège électoral de chaque État ne se
réunissent pas pour la certification des votes avant le 14
décembre. Les poursuites doivent
être réglées d'ici là. Sinon, les
États pourraient envoyer deux résultats au
Congrès, puis la
Chambre des représentants décidera. Tout cela confirme
que l'élection reste contestée et que
la menace d'une plus grande violence contre le peuple n'est pas
écartée. La Garde nationale est
déjà déployée dans plusieurs États,
dont l'Oregon, le Wisconsin, le Kentucky, le Tennessee et
le Texas, et la présence policière a été
considérablement renforcée à New York, Washington
et Chicago.
Malgré les efforts des campagnes des républicains et des
démocrates et des médias
monopolisés pour que tout le monde se concentre sur les
résultats des élections, la résistance
continue dans de nombreuses villes et d'autres manifestations sont
annoncées, ce qui montre
bien que l'élection n'a pas fait taire ou arrêté
les revendications du peuple d'égalité, de justice
et de responsabilité. Partout, les gens font savoir clairement
que ces questions seront réglées
par le peuple et son combat pour les droits de tous et de toutes.
L'injustice et l'arbitraire de
l'élection, notamment le comptage des votes et la suppression
des votes, n'ont fait qu'affirmer
davantage la nécessité d'un nouveau système
électoral. Les conflits en cours ne font rien pour
répondre à cette nécessité et
résoudre les problèmes.
Cela montre aussi, plus profondément que jamais, la nécessité du renouveau démocratique des
institutions des États-Unis à tous les niveaux, des arrangements constitutionnels et des définitions
des droits.
L'une des caractéristiques de cette élection a
été l'incapacité des cercles dirigeants à
prédire le
résultat. Leurs sondages interminables se sont encore une fois
trompés. Les oligarques refusent
de voir que dans les conditions d'anarchie et de désinformation
massive, les sondages ne
reflètent pas les positions et les revendications du peuple. Ils
ne reflètent pas la colère
générale contre l'ensemble du système politique et
la volonté du peuple d'avoir un processus
décisionnel qui favorise ses intérêts. Ce serait en
partie à cause de cette cécité qu'ils
choisiraient Joe Biden, un vieil homme blanc de l'establishment, comme
porte-étendard. Les
oligarques préfèrent exposer leur exhaustion plutôt
que de reconnaître que la nouvelle
direction que le peuple réclame se développe. Le choix de
Kamala Harris, ancienne
procureure générale de la Californie, n'y change rien.
Joe Biden, comme Hillary Clinton en 2016, comptait également sur les Afro-Américains et les
jeunes pour lui donner une victoire plus décisive. De toute évidence, le vieux calcul des
démocrates selon lequel les Afro-Américains voteront en grand nombre pour eux ne
s'applique plus, ce qui est également vrai pour les jeunes. La conscience que les démocrates,
y compris Joe Biden, ont joué un rôle majeur dans l'incarcération de masse raciste, la
militarisation de la police, les attaques racistes organisées par l'État et le génocide, est
répandue. Tout comme la conviction que le renforcement de la résistance organisée est la voie
vers l'avant. Et la théorie promue que tous les travailleurs blancs soutiennent Donald Trump a
été détruite en partie par le vote dans le Wisconsin, où ils sont la majorité.
Les gens votent, ou ne votent pas, pour différentes raisons,
mais ce n'est pas le vote qui
reflète leurs positions et leurs opinions
générales sur la manière de résoudre les
problèmes
auxquels fait face la société. C'est ce qui ressort du
soutien écrasant aux nombreuses
manifestations et grèves organisées pour défendre
les droits et du fait que de nombreuses
autres sont prévues maintenant après les élections.
Ce
que les cercles dirigeants ne reconnaissent pas, c'est que leurs
méthodes habituelles de
prévision, notamment les sondages et différentes vieilles
méthodes de calcul, sont tout aussi
obsolètes que leur processus électoral. Les gens
rejettent la désinformation des campagnes, qui
vise à déformer la forme que prend le corps politique,
à éliminer sa cohésion, à le fracturer et
à le briser plutôt que de l'unir dans la résolution
des problèmes de l'heure. Ils luttent au
contraire pour donner au pays une nouvelle direction, notamment un
processus électoral où le
public est informé, où ses préoccupations et ses
solutions sont à l'ordre du jour, dans lequel il
sélectionne ses propres candidats et qui est structuré
pour garantir l'égalité des membres du
corps politique.
Le peuple reste également vigilant face à d'éventuelles nouvelles violences provoquées par le
gouvernement. Compte tenu de l'intense rivalité parmi les factions dominantes pour s'emparer
de la présidence et du fait que Trump refuse toujours de concéder, et du grand nombre de
policiers et de membres de la Garde nationale à certains endroits, la menace demeure.
Et le danger d'utiliser des milices racistes armées contre le peuple afin de justifier
l'intervention des forces armées et les arrestations et détentions massives est toujours là.
Les syndicats et des centaines d'organisations sont prêts
à manifester et à défendre les droits.
De nombreuses manifestations ont eu lieu les 6 et 7 novembre et
plusieurs autres doivent se
tenir la semaine prochaine et en décembre. Beaucoup sont
également en colère et prêts à agir,
y compris en déclenchant des grèves, si la Cour
suprême intervient. Avec la résistance
organisée qui se poursuit depuis le mois de mai, les gens sont
prêts à rejeter l'utilisation des
forces armées et des forces fédérales contre le
peuple et à faire avancer la lutte pour l'égalité,
la justice et la responsabilité.
- Voice of Revolution -
Le 15 octobre 2020. Manifestation à Washington contre la confirmation d'Amy Coney Barrett
(C. King)
Alors que l'élection
présidentielle contestée aux États-Unis est toujours en cours, la probabilité d'une intervention
de la Cour suprême se précise. En ce moment, au moins une des poursuites judiciaires en
Pennsylvanie – une procédure d'appel par le Parti républicain de l'État à laquelle la campagne
de Trump s'est jointe – se rendra probablement jusqu'à la Cour suprême.
Ce recours porte sur le rejet des votes reçus après le
jour du scrutin. Donald Trump peut
encore espérer remporter la Pennsylvanie et, avec un jugement
favorable, remporter aussi le
Wisconsin et le Michigan, qui ont accepté de recevoir des
bulletins de vote après la date du
scrutin, comme la Pennsylvanie. Qu'un jugement détermine ou non
le résultat du vote, il
semble bien qu'entamer une poursuite judiciaire fasse partie des
efforts de l'oligarchie
financière internationale d'éliminer tous les obstacles
à ses efforts pour s'emparer d'un
pouvoir décisionnel centralisé, ce qui implique saper
l'autorité des États dans les élections,
notamment l'autorité des cours suprêmes des États.
Au début, le Parti démocrate de la Pennsylvanie et le
secrétaire d'État de l'État de
Pennsylvanie ont intenté une poursuite pour que la date
d'acceptation des bulletins de vote par
la poste soit reportée de trois jours, de 17 heures le 3
novembre à 17 heures le 6 novembre.
Ces bulletins de vote constituent la majorité des votes encore
en cours de dépouillement. La
Cour suprême de Pennsylvanie a statué en faveur de cette
prolongation. Les républicains ont
porté la cause en appel et ont demandé à la Cour
suprême des États-Unis un jugement
accéléré avant la fin des élections, ce que
la Cour suprême a refusé. Cependant, elle a laissé
la
porte ouverte à un réexamen de l'affaire. Le juge Alito a
écrit que le jugement « ne signifie
pas, cependant, que la décision de la cour de l'État doit
échapper à notre examen ». Le
prolongement de la date limite « a une importance nationale et il
est très probable » que le
jugement enfreint la Constitution.
Alors que la Pennsylvanie est le seul État dans lequel Donald
Trump fait appel, d'autres États
ont aussi repoussé leur échéance, et ceci comprend
ceux où le vote est très serré : le
Michigan, où les bulletins de vote portant le cachet postal du 3
novembre au plus tard peuvent
être reçus jusqu'à deux semaines après le
jour du scrutin, la Caroline du Nord, où ils peuvent
être reçus jusqu'à neuf jours après le jour
du scrutin, le Wisconsin, jusqu'à six jours après le
3 novembre. Dans ces États, Donald Trump pourrait
également intenter une poursuite comme
il l'a indiqué dans son discours à la Maison-Blanche :
« Si vous comptez les votes légaux, je
gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils
peuvent essayer de voler cette
élection ».
Ce qui ressort de tout cela est que c'est la Cour suprême, et non
les cours suprêmes et les
assemblées législative des États, qui est
présentée comme l'arbitre et le décideur de ce qui
est
légal ou non en ce qui concerne les élections. Même
si une décision de la Cour suprême ne
décide pas du résultat de l'élection, elle fournit
un précédent pour le rejet des décisions des
cours suprêmes des États. Cela accroît le pouvoir du
Bureau du président, de décider en
matière de loi électorale. Cela enlève des
pouvoirs aux États, à tout le moins cela affaiblit le
pouvoir des États. Cela est révélateur de la
tendance générale à la restructuration de
l'appareil
d'État des États-Unis. De plus en plus de pouvoirs sont
concentrés dans les mains du Bureau du
président afin d'éliminer les structures qui font
obstacle aux intérêts privés étroits qui ont
usurpé le pouvoir décisionnel. Les autorités au
niveau fédéral et des États s'opposent sur tout,
comme on le voit dans les conflits au sujet de la police, de
l'immigration, de la COVID-19 et
des élections. La restructuration vise à un
contrôle fédéral complet.
Les cercles dirigeants font face à une complexité parce
que l'intervention de la Cour suprême
sur ces enjeux est déjà remise en question. La conscience
parmi le peuple est telle que les
syndicats et des dizaines d'organisation se tiennent prêts
à rejeter le rôle déterminant de la
Cour suprême. De façon plus générale, la
légitimité de la Cour est de plus en plus mise en
doute. Avec la confirmation rapide de la plus récente nomination
de Donald Trump à la Cour,
Amy Coney Barrett, la Cour est considérée comme
étant en faveur de Donald Trump.
En 2010, la Cour suprême a rendu le célèbre
arrêt Citizens United qui a ouvert la voie au
financement massif des élections par les monopoles et les
oligarques, qui utilisent les
superPAC (comités d'action politique) pour fournir un
financement illimité. Entre 2010 et
2018, les superPAC ont fourni environ 2,9 milliards pour les
élections fédérales, dont la plus
grande partie provient de quelques donateurs individuels. Par exemple,
lors des élections de
2018, les 100 principaux donateurs aux superPAC ont contribué
à environ 78 % de l'ensemble
du financement des superPAC. Cet arrêt a rendu les
élections des États-Unis encore plus
antidémocratiques et corrompues. Il a aussi facilité la
capacité des oligarques à usurper plus
aisément le pouvoir de l'État des États-Unis dans
leurs propres intérêts privés étroits.
La Cour suprême fonctionne principalement comme un bras de l'exécutif, et les décisions de
la Cour suprême fournissent en général ce dont l'exécutif a besoin au moment où il en a
besoin. Cela se voit clairement dans ses décisions concernant l'esclavage, la déségrégation et
les élections.
Alors que la rivalité entre les factions de la classe dirigeante est plus intense que jamais et que
ses institutions sont dysfonctionnelles, comme ces élections le révèlent, il est possible que
certaines décisions reflètent le conflit entre factions rivales au sein même de l'exécutif. En
même temps, le rôle de la Cour s'est généralement affaibli, tout comme celui du Congrès. Des
jugements sont carrément ignorés, comme l'a fait Barack Obama avec celui concernant le
camp de torture de Guantanamo, et comme l'a fait souvent Donald Trump avec les jugements
sur l'immigration et les interdictions d'entrée des réfugiés et des musulmans.
Dans ces élections 2020, le recours à la Cour suprême pour décider de l'élection est rempli de
dangers pour les cercles dirigeants. La colère face au désastre du gouvernement face à la
COVID-19 et la résistance large et persistante du peuple sont telles que le gouvernement
fédéral et ses agences de police perdent leur autorité de gouverner et d'utiliser la force contre
le peuple. Les conditions requièrent un nouvel arrangement de gouvernance qui investit le
peuple du pouvoir de gouverner et de décider. Toute ingérence de la Cour suprême dans
l'élection ne fera que démontrer encore plus que les arrangements existants ne permettent
aucune reddition de comptes au peuple.
Avant l'élection, les poursuites judiciaires
intentées par les forces de Donald Trump en Pennsylvanie, au
Nevada, en Virginie, au New Jersey, dans l'Illinois, au Montana, en
Hawaï, au Texas et ailleurs ont visé les tentatives des
autorités des États et des comtés d'étendre
l'accès au vote postal et les délais de réception
des bulletins de vote. Les
recours judiciaires ont fait valoir que le vote par la poste
augmenterait les cas de fraude électorale.
Les recours en Virginie, au Nevada et au Vermont ont
été réglés, mais les autres ne le sont pas
encore. Alors que les exemples d'électeurs non admissibles ayant
voté sont quasi inexistants, il y a beaucoup de preuves de
fraude où des fonctionnaires électoraux ont rejeté
arbitrairement des bulletins de vote par la poste en déclarant
que les
signatures sur les enveloppes des bulletins de vote ne correspondent
pas à la carte d'inscription de l'électeur, ou qu'il n'y
a pas de signature, etc. Ces poursuites judiciaires visent les
autorités des États. Les jugements des tribunaux contre
les États, surtout s'ils sont portés devant la Cour
suprême, pourraient renforcer de façon significative le
contrôle
fédéral sur les lois et la réglementation
électorales.
Depuis l'élection, Donald Trump a déposé
plusieurs recours judiciaires. Au Nevada, la poursuite allègue
que des non-résidents ont voté. En Géorgie, il est
allégué que les bulletins de vote d'électeurs
absents qui ont été reçus après l'heure
limite de 19 heures le jour de l'élection n'ont pas
été séparés et retenus pendant plusieurs
jours tel
que requis, mais ont été comptés. Ces deux
poursuites ont été rejetées par des juges locaux.
Cependant, les républicains du Nevada ont déposé
une poursuite, alléguant sans preuve que des
irrégularités ont été commises dans le
dépouillement des votes et que des personnes non
éligibles ont voté. Cette poursuite est toujours devant les tribunaux.
Au
Michigan, la campagne de Trump demande que le dépouillement des
votes s'arrête jusqu'à ce qu'elle ait un «
accès significatif » pour observer le décompte
des bulletins de vote et pour « examiner les bulletins de vote
qui ont été ouverts et comptés pendant que nous
n'avions pas d'accès significatif ». Détroit
est un des endroits
qui est nommé. Le recours vise spécifiquement la
secrétaire d'État du Michigan et allègue que ses
actions « ont enfreint le droit de tous les électeurs du
Michigan, y compris des électeurs qui font cette contestation,
à participer dans des élections équitables et
légales ». Il est plus vraisemblable que cette
poursuite soit en partie un moyen de
la campagne de Trump de contester le vote par la poste sur la base des
signatures et de rejeter des votes au lieu de les compter. Un juge
local du Michigan a rejeté le recours le 5 novembre. La
campagne de Trump n'a pas indiqué si elle portera la cause en
appel.
En Pennsylvanie, une poursuite déposée par Donald
Trump comprend une tentative d'empêcher que les bulletins de vote
reçus après le jour de l'élection soient
comptés, un cas qui se retrouvera probablement devant la Cour
suprême des États-Unis. Une deuxième poursuite
conteste le décompte des votes par la poste et
d'électeurs absents à
Philadelphie.
En ce qui concerne Philadelphie, les observateurs de
Donald Trump
veulent être suffisamment près pour être capables de
voir l'écriture sur la face extérieure des bulletins de
vote, là où est la signature. Le tribunal de
première instance du comté de Philadelphie a permis aux
observateurs d'être plus près, mais a ajouté que
«
les
observateurs de l'extérieur peuvent seulement observer et non
vérifier les bulletins de vote ». Les avocats de
Donald Trump ont porté cette décision en appel devant la
cour du Commonwealth de Pennsylvanie. C'est une façon de
créer une base dans les élections à venir pour
que les campagnes et non les responsables du comté
contrôlent
la vérification des bulletins de vote et puissent les rejeter ou
les compter, selon ce qui sert la campagne.
Il est vraisemblable que certaines de ces plaintes et
peut-être d'autres que Trump dépose à mesure que
le litige se poursuit pourraient se rendre jusqu'à la Cour
suprême des États-Unis. Il s'agit en partie d'un effort
pour que la loi électorale soit déterminée par le
gouvernement fédéral, dans ce cas la Cour suprême.
Présentement, dans le cas des élections, c'est
habituellement la Cour suprême de chaque État qui a le
dernier mot en ce qui concerne la loi électorale, et les cours
fédérales, y compris la Cour suprême des
États-Unis, respectent habituellement leurs décisions. La
raison en est que la Constitution donne aux États, et non au
gouvernement fédéral, le
pouvoir de décider du fonctionnement des élections. Ce
pouvoir fait partie du compromis qui a assuré
la formation de l'Union à l'époque, en dépit de la volonté des
colonies d'être des républiques indépendantes de
plein droit.
Dans l'ensemble, la structure existante maintient le pouvoir entre
les mains des États en ce qui concerne les élections.
Le gouvernement fédéral est intervenu à plusieurs reprises, par exemple avec le Voting Rights Act (la Loi sur les droits de vote). Le Help America Vote Act (HAVA), littéralement la Loi de l'aide à l'Amérique pour
voter,
qui a été adoptée après l'élection
Bush-Gore de 2000, a pris de nouvelles mesures de
concentration de pouvoir en ce qui a trait aux élections, en
donnant aux secrétaires d'État des États le
contrôle des listes électorales et de la
réglementation électorale, alors qu'auparavant le
contrôle appartenait principalement aux comtés. Les
tentatives actuelles vont encore plus loin, en enlevant potentiellement
ce pouvoir aux secrétaires des États et
en le concentrant davantage entre des mains fédérales.
Par exemple, un jugement de la Cour suprême contre la
prolongation du délai de réception des bulletins de vote
en Pennsylvanie irait dans ce sens. Il fournirait un mécanisme
pour donner un pouvoir bien plus grand au gouvernement
fédéral de déclarer inconstitutionnelles diverses
lois et
réglementations électorales de l'État, ce qui
pourrait être appliqué à d'autres États.
Une des caractéristiques importantes de l'administration Trump
a été de briser les obligations découlant de la
Constitution et d'établir les conditions qui permettent aux
oligarques dominants de restructurer tous les arrangements
antérieurs afin de s'emparer directement du pouvoir politique et
d'éliminer tous les arrangements qui leur font obstacle.
Le contrôle des États sur les élections, surtout
dans les conditions où le résultat ne peut pas être
prédit, est devenu un tel obstacle.
Cependant, il est possible que les cercles dirigeants sous-estiment
le vaste sentiment qui existe parmi le peuple que la Cour suprême
est maintenant entre les mains de Donald Trump. La confirmation rapide
d'Amy Coney Barrett à la Cour suprême a été
perçue comme antidémocratique. Contrairement à
l'élection Bush-Gore où la décision par la
Cour suprême sur le résultat de l'élection a
été acceptée, il est peu probable que ce sera le
cas maintenant. Parmi le peuple, la cour perd de sa
légitimité et il en est de même des gouvernements
à tous les niveaux.
Un danger qui existe pour le peuple est que cette restructuration
qui favorise l'élite dirigeante puisse être perçue
comme étant favorable au peuple. En ce qui concerne les
élections, on essaierait de la justifier au nom de
l'élimination des diverses injustices provenant des
différentes lois et réglementations des États, de
l'élimination du Collège
électoral et ainsi de suite.
Le changement dont on a besoin n'est pas un plus grand
contrôle fédéral. Le changement qui est requis est
un plus grand contrôle par le peuple lui-même, qui doit
s'investir du pouvoir de prendre les décisions sur la
santé, l'éducation, les emplois, les élections et
tout ce qui le concerne. Il faut développer une structure qui
garantit que tous et
toutes sont des membres égaux du corps politique, avec des
droits et des devoirs égaux.
Les différentes règles de vote et de
dépouillement des votes aux États-Unis,
différentes dans chaque État, associées à
une intervention possible de la Cour suprême, font que l'ensemble
du processus électoral est entaché d'anarchie et
d'arbitraire. Cela inclut le fait qu'un grand nombre d'électeurs
admissibles ne sont pas inscrits et ne peuvent
donc pas voter. Cette situation est en général due
à différents obstacles qui empêchent leur
inscription, en particulier pour les Afro-Américains et les
étudiants. Environ 3 millions de prisonniers ne peuvent pas
voter. De nombreux immigrants qui vivent aux
États-Unis depuis des décennies et qui sont partie
intégrante de la classe
ouvrière ont été privés de leur
citoyenneté et ne peuvent pas voter.
La
population en âge de voter (18 ans et plus) est estimée
actuellement à 257 605 088 personnes tandis que
les personnes considérées comme ayant le droit de vote
sont au nombre de 239 247 182, soit une
différence d'environ 18 000 000 (estimations de
Elections Project). Le taux
de participation de cette année est estimé
à 159 000 000, soit environ 66 %. Si
l'on considère le nombre estimé d'électeurs
éligibles, cela signifie qu'environ 80 000 000 ne
sont pas dénombrés, soit plus que
les 74 500 000 votes que Joe Biden a reçus
jusqu'à présent. En prenant
la population en âge de voter, ce nombre est plus proche
de 100 000 000 personnes exclues. Bien qu'on a
souligné à grand bruit que
le taux de participation cette année a été plus
élevé que d'habitude, ce qui est le cas, cela masque le
victoire de Biden telle que projetée maintenant repose sur les
votes d'environ 28 % de la population en âge de voter.
Alors que la plupart des autres pays ont un système dans
lequel le gouvernement fédéral est responsable de
l'inscription sur les listes électorales de toutes les personnes
admissibles, ce n'est pas le cas des États-Unis. De nombreux
pays exigent également que le gagnant obtienne 50 % des
votes admissibles. Ce n'est pas le cas aux
États-Unis. Certains pays prévoient également un
moyen de compter les votes de ceux qui rejettent les candidats, comme
le dépôt d'un bulletin de vote «
annulé ». Ce n'est pas le cas aux États-Unis.
Une ligne « aucun des candidats susmentionnés »
sur le bulletin de vote dans chaque État aurait probablement
permis d'obtenir une
majorité réelle lors de cette élection, car
beaucoup de gens ne voulaient pas voter pour l'un ou l'autre des
candidats. Le taux de participation ne représente pas vraiment
un soutien aux candidats, il est le reflet des aspirations du peuple
d'avoir son mot à dire dans la gouvernance – une volonté
qui continuera à s'exprimer et à être
décisive dans les
développements futurs, à mesure que le vaste mouvement
pour les droits continue de progresser.
L'élimination arbitraire des votes
Aux nombreux mécanismes que le système obsolète des États-Unis utilise pour rendre le vote plus
difficile s'ajoute le fait que le comptage ou non d'un vote est
également arbitraire, car il y a peu de normes établies.
Il n'y a pas d'égalité entre les membres du corps
politique et certainement pas d'égalité dans le scrutin
proprement dit et le dépouillement
des voix. Ainsi, bien qu'il semble que Joe Biden veuille que les votes
soient comptés et que Donald Trump veut faire arrêter le
décompte des votes, la réalité est qu'aucune des
deux campagnes ne s'est préoccupée du fait que, compte
tenu du nombre beaucoup plus important de bulletins de vote par la
poste lors de cette élection, un nombre plus
important de votes a probablement été rejeté pour
des raisons arbitraires. Comme le soulignent les différents
recours en justice intentés pour remédier à cette
situation, le manque de normes « oblige les fonctionnaires
électoraux à prendre des décisions subjectives,
arbitraires et sans normes quant au comptage du vote d'un
électeur ».
Par exemple avant l'élection, tant au Michigan qu'en
Pennsylvanie, des groupes de personnes concernées par
l'exclusion des votes par la poste ont intenté des poursuites
pour exiger une norme uniforme pour les accepter. Ces États et
d'autres exigent généralement que l'électeur
signe l'enveloppe prévue pour le vote par la poste et que cette
signature soit ensuite vérifiée par les fonctionnaires
électoraux, habituellement avec la carte d'électeur.
Cependant, il n'existe pas de norme pour dire que les signatures ne
correspondent pas ni de formation des fonctionnaires pour faire des
comparaisons. Les bulletins de vote peuvent également être
rejetés parce que la personne a oublié de signer
l'enveloppe. Ou, dans certains États, elle n'a pas fait signer
un témoin, comme cela est exigé. Ou que l'enveloppe n'a
pas été reçue à temps. Et dans nombreux
États, ces électeurs n'ont aucun recours pour obtenir
réparation ou même être notifiés.
Au Michigan, le recours judiciaire dit que l'absence de
normes
uniformes concernant les signatures permettait aux responsables
électoraux de tout l'État d'utiliser des critères
arbitraires et divergents. Le secrétaire d'État de
l'État a publié des directives qui n'ont pas
éliminé la pratique de la vérification des
signatures, mais ont instauré une
norme sur tout le territoire de l'État visant à
réduire les rejets infondés. Celles-ci incluaient que
si la signature comprend des « aspects
compensatoires », le bulletin de vote doit
être considéré comme valide et que c'est seulement
si la signature diffère « par des aspects multiples,
significatifs et évidents » que le bulletin de vote
doit être rejeté. Les directives ont
également renforcé l'obligation des
fonctionnaires électoraux d'informer les électeurs des
bulletins rejetés et d'établir des procédures de
correction. Mais elles n'exigeaient pas que ces recours soient
suffisamment rapides pour l'élection concernée.
De la même façon, en Pennsylvanie, le recours dit que
l'État n'avait pas exigé de formation pour
déchiffrer l'écriture ni fourni de normes ou de lignes
directrices qui aideraient les fonctionnaires électoraux dans
leur analyse des signatures. Là encore, le secrétaire
d'État a publié des directives interdisant à tous
les comités électoraux des comtés
de l'État de rejeter les bulletins de vote d'électeurs absents ou les bulletins de vote
par la poste « sur la seule base de l'analyse des
signatures ». La Cour suprême de l'État a
confirmé ces directives et déclaré que « les
comités électoraux des comtés ne peuvent rejeter
les bulletins de vote d'électeurs absents et les bulletins de vote par la poste sur la base d'une
comparaison des signatures
effectuée par les fonctionnaires ou les employés des
comtés, ou à la suite de contestations par des tiers
fondées sur l'analyse et la comparaison des
signatures ».
Il est possible que Donald Trump conteste ces deux décisions.
Dans de nombreux autres États, des poursuites ont
également été intentées pour contester
l'absence d'avis et de recours rapide afin que les électeurs
puissent corriger les problèmes et continuer à faire
compter leur vote. Il s'agit notamment des poursuites dans le Maine, le
New Jersey, la Caroline du Nord, le Kentucky, la Louisiane, l'Arizona
et
le Dakota du Nord.
Ces batailles sont autant d'indications que les électeurs
veulent une participation juste et équitable, qui n'existe pas,
tandis que les candidats agissent de manière
intéressée en cherchant ce qui répond le mieux
à leurs propres intérêts. Ils ne demandent pas non
plus, ou n'ont pas demandé, les réformes minimales
nécessaires pour garantir que
toutes les personnes éligibles puissent voter et que des normes
d'égalité pour le vote et la candidature soient
établies. Le peuple réclame cela et
bien plus encore, notamment un système dans lequel ce sont les
citoyens qui décident qui seront les candidats, de l'ordre du
jour, un processus public unifié qui permet un vote
informé et où le peuple
est investi du pouvoir de gouverner et de décider.
Opinions des lecteurs
Le 2 novembre 2020. Vigile à Buffalo, dans l'État de
New York, organisée par les Infirmières
américaines unies pour commémorer les travailleurs de la
santé morts de la COVID-19 et pour lutter pour leurs droits et
ceux de leurs patients (NNU)
En ce moment (au matin du 4 novembre), les élections aux États-Unis sont en train de devenir
le théâtre de l'absurde alors que Donald Trump revendique
la victoire même si des millions de bulletins de vote n'ont pas
encore été dépouillés. Cette situation
chaotique à laquelle est confronté le peuple aux États-Unis était inévitable, car pendant la
période précédant les élections, tous les
aspects du processus électoral étaient contestés
par les deux partis qui dominent les élections aux
États-Unis au nom de l'élite dirigeante. Les accusations
continues de fraude, de tricherie et de mensonges à l'approche
du jour des élections ont révélé que les
divisions antagonistes au sein de l'élite dirigeante sont si
profondes que même le processus
électoral, qu'ils ont toujours contrôlé, est dans
une crise si grave qu'il ne peut plus être utilisé pour
déterminer lequel des deux partis dominants gouvernera au
cours des quatre prochaines années.
Avec 134,5 millions
de bulletins de votes dépouillés, Joe Biden a 258 des
votes du Collège électoral avec 50 % du vote
exprimé, tandis que Trump obtient 213 des votes
électoraux avec 48,4 % du vote exprimé (270
votes du Collège électoral sont
nécessaires pour remporter la course présidentielle). Ces
chiffres sont basés sur le vote dans les États où
l'un des candidats a été déclaré vainqueur
ou est en tête. Les bulletins de vote sont toujours en train
d'être dépouillés en Pennsylvanie, au Michigan, au
Wisconsin, en Caroline du Nord, en Géorgie, en Arizona et au
Nevada.
Il est important de se rappeler que ces élections ont lieu
à un moment où les États-Unis sont
confrontés à de graves dangers en raison des niveaux
croissants d'infections dues à la COVID-19. Les dernières
déclarations des responsables de la santé publique
préviennent qu'il s'agit d'une période de « la
phase la plus préoccupante et la plus
meurtrière de la pandémie[1] ».
Alors que des querelles intestines féroces se poursuivent
à propos du résultat des élections, les dangers
auxquels fait face le peuple continuent d'être ignorés.
Cela a révélé encore plus un système
brisé qui est incapable de répondre aux besoins du peuple.
La crise profonde dans laquelle l'élite dirigeante est
embourbée est en contraste frappant avec le mouvement croissant
de la classe ouvrière et du peuple partout aux États-Unis
qui demandent des changements fondamentaux au système
brisé existant. Les travailleurs de nombreux secteurs de
l'économie continuent d'exiger des protections contre
la COVID-19 aux endroits de travail et dans les communautés, et
sont également entrés en action pour s'opposer au racisme
qu'ils ont identifié comme une autre maladie mortelle qui ravage
les États-Unis et qui doit être éradiquée.
Les morts aux mains de la police, des décennies de
discrimination raciale dans les soins de santé, le logement, le
chômage, l'éducation, la justice pénale et une
liste interminable d'injustices inspirent le mouvement du peuple aux
États-Unis pour le changement et pour construire une
société moderne capable de défendre les droits de
tous.
À l'heure actuelle, alors que la classe ouvrière et le
peuple aux États-Unis font face à la situation
périlleuse créée par l'élite dirigeante
dans sa lutte pour le contrôle de l'économie des
États-Unis, la classe ouvrière canadienne ne fait qu'un
avec le mouvement des travailleurs et du peuple qui mettent de l'avant
leurs propres revendications pour
une société moderne qui soutient les droits de tous et de toutes.
Note
1.
Tiré d'une note interne de la docteure Deborah Birx, membre du
Groupe de travail sur le coronavirus à la Maison-Blanche.
Dans la situation d'anarchie et de chaos qui prévaut avec
l'élection aux États-Unis, il y a une vaste
désinformation qui provient de différents milieux pour
interpréter le vote d'une manière qui déforme la
lutte de la classe ouvrière et du peuple des États-Unis afin
de faire dévier sa lutte pour ses droits et le renouveau
démocratique.
Les médias impérialistes interprètent le vote
élevé inattendu recueilli par Trump, inattendu par
rapport aux prédictions des sondages, comme un signe que des
millions de travailleurs des États-Unis sont indifférents
à la pandémie de la COVID-19 et à la façon
dont le gouvernement des États-Unis l'a traitée et ont
plutôt voté pour l'«
économie ». La lutte massive des travailleurs de
nombreux secteurs pour se protéger et protéger le peuple,
en particulier les gens les plus vulnérables, de la propagation
de la pandémie est niée et cachée par un mur de
silence et est considérée comme un sujet tabou par les
médias monopolisés. Les médias parlent des «
deux
Amériques », la version de Trump versus la version de
Biden, dans laquelle un vote pour Trump est un signe
d'indifférence envers la pandémie et un vote pour Biden
un signe de préoccupation par rapport à celle-ci.
Cependant, les deux Amériques qui se combattent ne sont pas
celles de Biden et de Trump, mais celle de l'élite dirigeante et de
sa démocratie non représentative usée à la
corde versus celle du peuple qui lutte pour ses droits et pour une
démocratie qu'il bâtit lui-même.
Les
travailleurs et le peuple des États-Unis ne sont pas ceux qui
décident de l'enjeu des élections. Ils n'en
contrôlent pas le processus. Le processus est
contrôlé par ceux qui sont dotés d'un immense
privilège et d'un immense pouvoir et leurs représentants
politiques, qui sont connus pour leur offensive antisociale contre le
peuple, y compris
leurs attaques racistes, leur déportation des migrants, leurs
guerres et leur ingérence à l'étranger pour
imposer le changement de régime. La volonté et la
conscience des travailleurs et du peuple ne sont pas
reflétées ou exprimées par ce processus
électoral. La seule façon que les travailleurs peuvent
exprimer leur volonté et leur conscience est par leur
propre travail, leurs propres discussions et délibérations
sur les problèmes auxquels la classe ouvrière et le
peuple sont confrontés, et par leur propre élaboration de
solutions prosociales afin que les crises qui déchirent la
société soient résolues à l'avantage du
peuple.
Une suggestion est faite selon laquelle lorsque les travailleurs et
le peuple se dressent contre les provocations de l'équipe Trump,
y compris en se préparant à des grèves politiques
si Trump est défait et refuse de quitter la présidence,
ils défendent le statu quo du processus électoral des
États-Unis et des institutions du pays.
Cela n'est pas le cas. Les travailleurs sont prêts à
entrer en action pour garantir qu'un coup n'est pas organisé sur
la base de ce que Trump appelle les « votes
illégaux » et le « vol des
élections » par les démocrates, mais le
contenu de leur action dépasse de beaucoup les confins du
processus électoral actuel et de la démocratie aux
États-Unis. Ils luttent pour bloquer une descente encore plus
grande vers l'anarchie et le chaos, ce qui veut dire une privation
encore plus grande de pouvoir pour le peuple au moyen de la violence.
Ils luttent pour les droits et le bien-être de tous, contre leur
privation de pouvoir qui est un trait essentiel de l'offensive
antisociale de destruction
nationale et du bellicisme accrus depuis des décennies. Leur
lutte vise le renouvellement de la démocratie afin que le peuple
puisse changer la direction de l'économie et de la politique et
contrôler les affaires du pays.
Les travailleurs et le peuple des États-Unis font face à
de grands défis et les travailleurs canadiens doivent les
appuyer fermement, ce qui veut dire, entre autres choses, faire en
sorte que le Canada ne s'aligne pas derrière les factions en
guerre de l'élite dirigeante des États-Unis et
intensifier la lutte contre l'intégration du Canada dans
l'économie de
guerre des États-Unis.
My
neighbour is rich
He can buy
the earth
He wants to
buy the earth
But the
earth belongs to everybody and is not for sale.
-
Félix Leclerc
(Mon voisin est riche
Il peut acheter la Terre
Il veut acheter la Terre
Mais la terre appartient à tout le monde et n'est pas à vendre)
Le 4 novembre, alors que les élections
présidentielles n'étaient pas encore terminées, le
premier ministre du Québec, François Legault, a
déclaré à leur sujet : « On va
continuer de travailler fort pour faire prospérer notre
relation, peu importe le président que les Américains
auront choisi. Je ne voudrais pas que les autres États ou
pays se mêlent de nos élections. Donc, ce sera aux
Américains de décider. » La
vice-première ministre du Québec, Geneviève
Guilbeault, a dit : « On va se ranger au résultat qui
aura été décidé par la population
américaine. » Et finalement, la ministre des
Relations internationales, Nadine Girault, a dit : « Nos
liens sont
forts et nous sommes des alliés commerciaux essentiels. Nous
allons continuer de soutenir la relation que nous entretenons depuis
toujours avec notre voisin du sud. »
Pour trouver une période du passé où le peuple
québécois considérait que les États-Unis
étaient un allié, il faut retourner au XIXe
siècle, lorsque les patriotes voyaient les États-Unis
comme un allié dans la lutte anticoloniale contre l'empire
britannique, qui a culminé avec les grandes assemblées du
peuple en 1837-1838, et la nécessité de
mettre fin au contrôle de l'empire britannique sur leurs vies.
Mais
l'expérience directe du peuple québécois, en
particulier pendant l'expansion du capital américain au
Québec et au Canada dans les années 1960 et les
guerres d'agression ouvertes des États-Unis, leurs renversements
criminels de gouvernements et leurs alliances de guerre, a fait en
sorte que le peuple québécois s'est rangé du
côté
des peuples du monde, y compris la jeunesse des États-Unis qui
s'opposait à la guerre du Vietnam. Parmi les nombreuses
expressions de cette prise de position, à la suite du coup
d'État qui a eu lieu au Chili en 1973, les
communautés québécoises ont accueilli à
bras ouverts les Chiliens qui avaient été forcés
de s'exiler par le coup d'État brutal
de Pinochet, dirigé par les États-Unis.
Au cours de cette période, les travailleurs et le peuple
québécois ont subi les contrecoups de l'expansion du
capital financier américain au Québec. Ils se sont vite
rendu compte de ce que signifiait la politique officielle de
gouvernements successifs, peu importe leur couleur politique, d'un
« Québec ouvert aux investisseurs ». C'est une
politique pour mettre les ressources humaines et naturelles du
Québec à la disposition des entreprises
étrangères, en particulier les compagnies des États-Unis, une situation qui se répète
constamment, alors que le gouvernement du Québec se range
ouvertement du côté des monopoles contre les travailleurs
en grève et leurs communautés, comme ce fut le
cas à Alma en 2012 lorsqu'il s'est rangé du
côté de Rio Tinto Alcan. Ce qui voulait aussi dire que,
comme dans les cas des industries forestières et minières
et des grands projets hydroélectriques financés par les
Américains, les gouvernements se rangeraient du
côté des propriétaires de ces industries contre les
droits ancestraux et issus des
traités des Innus, des Anishinabés et des autres
Premières Nations.
Pour ce qui est de la question de se mêler de nos affaires
ici, les agences étatuniennes ont été
particulièrement actives au Québec dans les
années 1960 et 1970, comme partie intégrante de
leur Opération Chaos, pour subvertir et supprimer la lutte de la
classe ouvrière et de la jeunesse à la défense de
leurs droits, y compris le doit de
décider eux-mêmes de leur avenir et de s'opposer à
l'OTAN dirigé par les États-Unis, et à toutes ses
conséquences pour le Québec et le Canada, telles que la
militarisation de l'économie et une politique
étrangère au service des ambitions mondiales des
États-Unis. Cela se voit aujourd'hui dans la politique hostile
des États-Unis envers Cuba et le
Venezuela, par exemple, alors que le peuple québécois
s'oppose aux sanctions brutales et criminelles imposées à
ces pays et soutient le droit des peuples de décider, et des
relations entre pays fondées sur des relations pacifiques et sur
l'assistance mutuelle.
Voilà ce qui fait que ces déclarations au sujet de
« respecter ce que décident les
Américains » sont si trompeuses et
détachées de la réalité. Conférer
une crédibilité quelconque à un processus aussi
brutal et anticonscient qu'on ne peut plus qualifier de «
politique » vise précisément à venir au
secours d'un processus politique qui ne
sert plus les intérêts du peuple et de la
société et à subvertir les luttes des peuples pour
le changement. C'est de promouvoir un processus politique qui est
désuet, corrompu et injuste par lequel des millions de gens ne
peuvent même pas s'inscrire pour voter, les campagnes des deux
partis imposés au peuple comme étant un «
choix » sont
financées par les plus grandes entreprises au monde, et la
notion même d'autorité publique, de bien public et de
corps politique a été remplacée par des
intérêts privés étroits.
La lutte du peuple des États-Unis pour décider se
mène avec acharnement dans tous les mouvements des travailleurs
et du peuple qui se sont poursuivis sans relâche même
durant les mois d'élections et sont volontairement
ignorés par ceux qui veulent perpétuer le mythe de la
« plus grande démocratie au monde ». Elle est
exprimée dans la
participation active – malgré une répression des
plus brutales – de plus de 20 millions de personnes de tous
les horizons contre les meurtres et la violence racistes par la police,
exigeant égalité, justice et reddition de comptes. Dans
le cours de ces mouvements, des discussions ont lieu sur les
arrangements politiques actuels et sur le fait que
sa constitution et sa fraude électorale ne servent pas les
intérêts du peuple et sont une entrave au
développement d'une société qui peut et doit
servir ces intérêts.
Si Trump gagne/si Biden gagne
|
Cette
lutte est menée par les travailleurs des États-Unis, qui ont
mené des milliers de grèves ces derniers mois à la
défense de leurs droits et leur sécurité, en
particulier en ces temps de pandémie. À cet égard,
les infirmières – plus de 2 000 travailleurs et
travailleuses de la santé sont décédés aux
États-Unis en raison de la COVID-19
– ont été particulièrement actives et
courageuses alors qu'elles ont organisé des vigiles tout au long
des élections pour honorer les morts et lutter pour les vivants,
exigeant une meilleure protection et des normes de
sécurité publiques nationales pour lesquelles toutes les
institutions privées et publiques doivent être tenues
responsables.
Les déclarations citées plus haut, en apparence
anodines, cachent des enjeux énormes, surtout pour ce qui est de
notre relation avec les États-Unis et la lutte de vie ou de mort
pour le changement qui fait rage présentement dans les
Amériques, y compris au Québec et au Canada. Pour ce qui
est de la classe ouvrière et du peuple québécois,
notre
relation est avant tout avec la classe ouvrière et le peuple des
États-Unis et des Amériques dans cette période
où les effets des injustices passées ont rattrapé
ceux qui forment les classes dirigeantes et qui en ont profité.
Une humanité, une lutte – celle de la lutte pour la
démocratie fondée sur la défense des droits de
tous, et, avant tout, le droit des
peuples de décider, de développer et de choisir les
formes de démocratie qui conviennent à leurs besoins,
sans ingérence étrangère.
Le 20 juillet 2020. Grève en appui à Black Lives à
Seattle, Washington, dans le cadre de la Journée nationale
d'actions tenue à l'échelle du pays.
S'il n'y avait pas les reportages de la presse du Parti, y compris les reportages de Voice of Revolution
de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis et
d'autres organisations combattantes aux États-Unis, et les
informations que les gens peuvent glaner sur les médias sociaux
sur le mouvement de résistance aux États-Unis, on
pourrait tomber dans le piège du désespoir que les
médias dépeignent comme une situation sans issue et
chaotique, des États-Unis divisés entre les «
progressistes » qui ont voté pour Biden et les
« réactionnaires » qui ont voté pour
Trump. Selon cette interprétation, ce sont les objectifs et les
manoeuvres de l'élite dirigeante qui
comptent et le peuple n'est qu'une masse votante.
Les deux Amériques en conflit, comme l'a souligné
Kathleen Chandler dans le LML du 1er novembre, sont la vision du
peuple versus la vision des dirigeants. Les experts ne savent plus
où donner de la tête et se demandent pourquoi quatre ans
de Trump n'ont pas abouti à un vote écrasant pour Biden.
Ce qui est frappant, c'est la
conscience de la classe ouvrière et du peuple des États-Unis
que les problèmes auxquels ils sont confrontés ne seront
pas résolus par les élections, mais sur la base de la
lutte qui est menée présentement.
La
classe ouvrière des États-Unis n'est pas passive et
désintéressée, ce que les médias voudraient
nous faire croire, comme le montrent les nombreuses actions des
travailleurs organisés et non organisés au cours des
derniers mois, qui abordent les questions de violence et de
répression policières dans le cadre de la
résistance menée par la
communauté afro-américaine, qui mettent de l'avant les
revendications des travailleurs de la santé, des enseignants et
des autres travailleurs de première ligne pour une protection
adéquate pour eux-mêmes, ceux qu'ils servent et le public
face à la pandémie de la COVID-19, et qui traitent de
l'élection actuelle.
La résolution des 70 000 membres du Conseil du
travail de Rochester qui appelle à une grève
générale si Trump ne respecte pas le résultat de
l'élection, qui mentionnait également la qualité
diminuée des institutions existantes, et l'intention du conseil
que sa position déclenche une conversation nationale est un
reflet de la
conscience croissante de la classe ouvrière que ce sont les
travailleurs, et non les « dirigeants » et les «
autorités », qui assument leur responsabilité
sociale, en tant que travailleurs et en tant qu'électeurs. Les
actions de juin dernier des travailleurs de 30 ports aux
États-Unis en solidarité avec Black Lives Matter, les
débrayages
le 20 juillet de travailleurs dans les établissements de
restauration rapide, les centres de soins de longue durée, les
entreprises d'autopartage, les fermes, les aéroports et les
autres endroits de travail, ainsi que les milliers d'autres qui ont
quitté leur emploi pendant 8 minutes et 46 secondes
pour se souvenir de George Floyd et
d'autres tués par la police, ainsi que l'organisation continue
des infirmières et des enseignants pour exiger des mesures pour
se protéger, eux et les patients et étudiants de la
COVID-19 montrent à tous de quoi est faite la classe
ouvrière des États-Unis.
Au lendemain des élections de 2016 aux
États-Unis, les médias et les politiciens des principaux
partis cartellisés aux États-Unis et leurs homologues au
Canada ont « analysé » que la classe
ouvrière des États-Unis était divisée entre
ceux qui ont appuyé le Parti républicain et Trump, d'une
part, et ceux qui ont appuyé les démocrates et
Hilary Clinton, d'autre part. Quatre ans plus tard, dans les reportages
sur les premiers résultats de l'élection
présidentielle de 2020, le même non-sens rejaillit.
Cela montre que les médias et les politiciens des partis
cartellisés n'ont qu'un seul objectif en tête :
garder la classe ouvrière et le peuple des États-Unis, du
Canada et du monde,
privés de leurs droits et hors de l'équation. Ce que
l'élite dirigeante craint plus que tout, c'est la participation
des travailleurs, des jeunes, des membres des communautés
minoritaires nationales, des Afro-Américains et des personnes de
tous horizons qui sont descendus dans la rue depuis mai pour exiger la
fin de la violence policière, pour les droits
pour tous, y compris, surtout, le droit du peuple à participer
à la prise de décisions qui touchent sa vie. C'est dans
ce combat pour le Nouveau que réside l'avenir.
L'écoute de la soirée des
élections aux États-Unis sur Radio-Canada ou j'imagine
tout autre poste de
radio ou télévision a été une
activité amère et étouffante, avec tous les
commentaires et entrevues sur le déroulement de celle-ci.
Captifs, nos yeux doivent être rivés sur Donald Trump et
Joe Biden. L'enjeu est réduit à une analyse de pour ou
contre, de batailles entre les républicains et les
démocrates, sur les prévisions, basées sur des
sondages, algorithmes et statistiques qui nous permettraient
éventuellement de déceler le résultat.
Toute la soirée, on nous a parlé des deux
Amériques qui seraient entre l'Amérique de Biden et celle
de Trump, point à la ligne. Il n'y a pas le peuple des États-Unis, son histoire, ses batailles actuelles pour la
justice, la fin des pouvoirs de police, ses demandes et
réclamations pour la paix, pour de nouveaux arrangements. Il n'y
a que la présentation
de deux individus, dont un serait plus fou que l'autre et qu'en
définitive, le peuple des États-Unis doit choisir le moins
pire des deux, entre ces deux Amériques qui, en
définitive, suivent le même ordre du jour d'écarter
le peuple de tout pouvoir sur la destinée des États-Unis.
Mais
la réalité est que les deux Amériques sont celle
de l'élite dominante la plus réactionnaire opposée au peuple, et celle du peuple des États-Unis qui
se bat pour une Amérique nouvelle, juste, de paix, antiguerre,
humaine, sans discrimination, ciblage, étiquetage, où la
vie de tous compte. Le peuple des États-Unis tente de faire
émerger le Nouveau
et rejette l'Ancien que l'élite tente d'imposer sur sa
conscience et sa vie pour l'empêcher d'avancer. Mais ce peuple est en marche pour faire émerger une
personnalité démocratique moderne qui veut et exige la
reconnaissance des droits de tous et de toutes. C'est ce qu'il y a de
plus émancipateur.
Le résultat de l'élection d'une
manière ou
d'une autre ne changera pas l'enjeu actuel que confronte le peuple aux
États-Unis. Il est en mouvement pour changer la direction des
États-Unis et il doit garder le cap et porte toute son attention
à ce qu'il est
en train d'accomplir. Il fait parler par ses gestes et actions sa
propre expérience et rejette les discours, belles
paroles et pressions de toutes sortes au nom de l'union, du patriotisme
antipeuple et d'une constitution désuète et en faillite.
Courage au peuple des États-Unis et plein appui à sa
lutte
pour décider.
Les grands cercles dirigeants de l'impérialisme
américain et leurs médias de masse ont inondé les
ondes du fameux tableau rouge et bleu représentant la carte
électorale des États-Unis. Télévision,
Internet, journaux, radio et j'en passe traitent de la division
aigüe qui régnerait dans le pays. Cette division entre le
bleu et le rouge signifierait la
volonté du peuple aux États-Unis. Pire, elle
représenterait la conscience de la classe ouvrière des
États-Unis. Toute la soirée, lors de la soirée des
élections, on nous a répété que les cols
bleus et les gens des campagnes profondes du pays
étaient en faveur de Donald Trump. On disait aussi que beaucoup
de travailleurs syndiqués des grands États
industriels tels la Pennsylvanie et le Michigan votent
dorénavant pour Trump. Toutes sortes d'inepties sont dites pour
expliquer pourquoi les ouvriers et ouvrières des
États-Unis
préfèrent Trump à Biden. Qu'ils aiment sa
franchise de dire ce qu'il pense sans filtre de politicien, qu'il
dénonce l'establishment, qu'il travaille pour son pays, qu'il
n'impose
pas de « mesures sanitaires extrêmes », etc.
De l'autre côté, on affirme que les
travailleurs des États-Unis préfèrent Biden parce
qu'il a l'appui
des grandes centrales syndicales et que Trump est l'ennemi des
syndicats. Biden représente la social-démocratie qui
serait plutôt favorable à la classe ouvrière et de
soi-disant arrangements étatiques qui permettent aux grandes
organisations syndicales
d'avoir leur mot à dire. Le Parti démocrate serait le
parti naturel des travailleurs aux États-Unis.
Les cercles dirigeants et leurs factions
tentent non seulement d'imposer leur conception du monde
rétrograde à la classe ouvrière, ils tentent aussi
d'imposer une conscience factice de la classe ouvrière pour
servir leurs propres intérêts étroits. Ça ne
marchera pas pour toujours. La classe ouvrière des États-Unis
va devoir régler ce
problème une fois pour toutes et refuser de se faire
définir par une classe sociale étrangère et
antagoniste envers ses propres intérêts.
Les élections aux États-Unis ont
démontré toute la faillite des institutions politiques,
comment elles sont devenues un instrument des riches pour servir les
riches et pour ne représenter que les riches. Les centaines de
millions de dollars qui ont été dépensés
par les deux camps pour se faire valoir et se faire élire sont
devenus une caricature de ce
que la démocratie est devenue aux États-Unis. Les
institutions des États-Unis ont perdu tellement de
crédibilité et de légitimité que la
discussion politique sérieuse est détruite avant
même d'avoir commencé. On peut dire que ces institutions
sont utilisées pour bloquer tout effort d'indépendance envers les grands partis impérialistes
cartellisés.
Le
vaste mouvement de résistance et le rôle croissant que les travailleurs y
jouent développent des actions indépendantes, comme le démontre le refus de se
laisser divertir par les élections et le renforcement de la lutte pour les
droits. Un problème qui est pris en main pour solution est le besoin que le
peuple bâtisse ses propres institutions qui permettent la discussion et les
prises de décisions et développent la conscience politique de la classe
ouvrière qui est requise.
La grande bourgeoisie impérialiste veut inventer une
conscience factice et artificielle de la classe ouvrière
à partir de ses institutions en crise. Ça ne peut pas
marcher. Les grands médias peuvent nous répéter ad
nauseam que la classe ouvrière a voté pour telle
personne ou tel parti, mais ils oublient que la conscience de la classe
ouvrière se
transforme chaque jour dans sa lutte pour ses droits et son droit
d'être. Tout ce que la bourgeoisie peut faire est d'emprisonner
le vote pour ses intérêts étroits dans le cadre de
son système politique en crise. Mais c'est tout. De toute
façon, c'est tout ce qu'elle recherche parce que son seul but
est d'accaparer le pouvoir suprême.
La seule vraie chose que l'on peut voir dans le tableau
rouge et bleu, c'est la conscience en putréfaction de la grande
bourgeoisie impérialiste. La véritable conscience de la
classe ouvrière, elle est en train de se former par la lutte de
résistance qui se mène partout aux États-Unis.
C'est cette nouvelle conscience qui représente le changement et
l'avenir pour le peuple des États-Unis.
Déclarations
- Coalition antiguerre nationale unie -
Le 4 novembre 2020. Chicago, Illinois
Nous soussignés, activistes pour la justice sociale,
organisations pour la paix et la justice, défenseurs des droits
démocratiques fondamentaux, de Black Lives, des travailleurs migrants, des
soins de santé pour tous et toutes et opposés aux guerres
sans fin, reconnaissons que peu importe qui sera élu
président le 3 novembre, l'attaque contre nos droits
démocratiques et humains ne s'arrêteront pas. En
même temps, nous rejetons les menaces du président Trump
d'ignorer les résultats des élections du 3 novembre
et de se déclarer président.
De toute évidence, le système lui-même est en
crise. Les élections contrôlées par les grandes
entreprises servent à détourner l'attention de leur
incapacité de protéger et de défendre le peuple.
Des dizaines de millions de personnes sont descendues dans la rue
contre la violence raciste de la police. Leurs voix sont
ignorées. Les deux partis veulent
plus de financement de la police et rejettent les soins de santé
pour tous.
Le mercredi 23 septembre, le président Trump,
répondant à la question d'un journaliste, a
déclaré : « Nous voulons nous
débarrasser des votes [envoyés par la poste], et nous
aurons une très pacifique – franchement, il n'y aura pas
de transition. Ce sera une continuation. »
Nous ne pouvons considérer les affirmations du
président Trump du 3 novembre autrement que comme des attaques contre
les droits démocratiques fondamentaux et un effort pour
établir une dictature ouverte des États-Unis.
Les droits démocratiques sont attaqués depuis
longtemps. La volonté du peuple est rejetée dans un
système à ce point dominé par l'argent et la
corruption qu'aucun des candidats des partis majeurs ne
représentent nos besoins ni nos intérêts.
Le
but du définancement du service postal et des mesures agressives
de suppression des votes, des menaces de rejeter les bulletins de vote
envoyés par la poste, d'avoir recours aux assemblées
législatives et aux tribunaux d'État
contrôlés par les républicains ainsi qu'à la
Cour suprême des États-Unis, est inévitablement de
supprimer la
représentation des Noirs, des Latinos et des peuples autochtones.
Le président Trump menace d'invalider tout le processus par
la dépossession de dizaines de millions d'électeurs et en
appelant les forces militaires américaines à supprimer
les manifestations de masse.
Le fait que les élections aux États-Unis sont grandement
limitées aux partis de l'élite des grandes entreprises et
qu'il en va de même pour l'accès au scrutin et aux
médias monopolisés est une condamnation de plus des
échecs fondamentaux du système.
Dans cette période d'effondrement économique, de
pandémie à la hausse, de crise climatique, de violence
raciste de la police et de milices armées, la seule voie vers
l'avant est la mobilisation résolue du peuple pour
défendre nos droits. L'élite dirigeante et ses partis
politiques ne méritent aucune confiance.
En tant que signataires collectifs de cette déclaration, nous
ne prenons position pour aucun des candidats présidentiels
de 2020. Nous sommes unis à la défense du droit du
peuple de voter librement et que ces votes soient comptés.
Dans cette crise de novembre du système dans son ensemble et
de toutes ses institutions, nous ne voyons d'autre alternative qu'une
entière mobilisation nationale dans la rue pour fermer le pays
au complet, y compris la fermeture de toutes les institutions
gouvernementales et des entreprises au moyen d'actions grévistes
unies et coordonnées et
de manifestations de masse connexes. Déployer le pouvoir
colossal du peuple est la seule voie vers l'avant.
Préparons-nous à paralyser le pays ! Dans la rue !
- United We Dream -
Le 3 novembre 2020. Les jeunes de United We Dream à Houston au
Texas offrent de la nourriture et d'autres fournitures à ceux
qui sont forcés d'attendre pendant des heures en ligne pour
voter.
Alors que le peuple des États-Unis attend les résultats des
élections, la campagne defund Hate a publié la
déclaration suivante :
« En janvier, le prochain président des
États-Unis et les membres du 117e Congrès assumeront
la responsabilité de la santé et du bien-être des
communautés et des familles américaines qui luttent
toujours pour leur survie dans une pandémie mondiale. Cela
comprend les immigrants qui sont détenus ou qui risquent de voir
leur famille et
leur communauté déchirées par les services de
l'immigration et des douanes (ICE) et des douanes et de la protection
des frontières (CBP). Quel que soit le résultat des
élections, la campagne Defund Hate continuera de se battre pour
démanteler ces agences racistes et militaristes qui mettent en
danger nos familles et nos voisins et drainent les
ressources de nos communautés.
«
Vingt-et-une personnes sont décédées sous la garde
d'ICE au cours de l'exercice 2020, le plus grand nombre de
décès en 15 ans, alors même que le nombre de
personnes en détention a considérablement diminué
en raison des politiques de l'administration Trump qui a fermé
la frontière sud aux personnes demandant l'asile. En
plus de la perte tragique de vies humaines sous la garde d'ICE, les
agents du CBP ont tué deux personnes au Texas et en Californie
au cours des deux dernières semaines. Le nombre de morts sous la
garde d'ICE et du CBP souligne que ces agences agissent dans une
culture de violence qui entraîne des agressions sexuelles, des
abus violents, de la
négligence médicale et des conditions insalubres.
Pourtant, ICE et CBP ne subissent aucune conséquence pour mettre
en danger la santé et la sécurité de centaines de
milliers de personnes.
« Ce système d'abus et de négligence a
coûté aux contribuables des États-Unis plus
de 25 milliards de dollars – un gaspillage inacceptable de
ressources jamais vu, mais surtout pendant une pandémie mondiale
qui a coûté la vie à plus de 225 000
Américains, fermé des écoles et menacé les
moyens de subsistance de millions
de personnes.
« Notre nation ne peut guérir tant que nous n'aurons
pas mis fin aux systèmes racistes d'incarcération et
d'immigration. Nous sommes reconnaissants envers les champions du
Congrès qui nous ont soutenus depuis le lancement de la campagne
Defund Hate en 2017. Indépendamment de ce qui est à venir,
nous comptons poursuivre ensemble ce
combat pour la sécurité et le bien-être des
communautés d'immigrants. Nous appelons le Congrès et les
gouvernements locaux et des États à mettre fin au
gaspillage de nos impôts sur l'ICE et le CBP qui mettent des vies
en danger, et à financer à la place l'éducation,
le logement, les soins de santé et d'autres programmes qui
offrent des
opportunités et augmentent notre bien-être
collectif. »
La campagne #DefundHate, composée d'organisations
représentant les communautés directement touchées,
des chefs religieux et des défenseurs des droits civils et des
droits des immigrants s'est engagée à se
désinvestir des agences qui déchirent nos familles et
terrorisent nos communautés. Pendant trop longtemps, nos
représentants ont dit
qu'ils se soucient de nos communautés tout en finançant
simultanément une mise en oeuvre agressive de politiques
d'immigration et de prisons mortelles pour les immigrants. Ils doivent
être tenus responsables de tenir leurs promesses et de se tenir
aux côtés de la communauté immigrante. Nous
appelons nos membres du Congrès à dire non et à
voter contre le gaspillage de l'argent des contribuables dans un
système de mise en oeuvre abusive et mortelle de l'immigration.
Nous voulons plutôt que l'argent des contribuables soit
utilisé pour appuyer nos familles et nos collectivités en
investissant dans des programmes d'éducation, de logement, de
nutrition et de soins de santé qui offrent des
possibilités et améliorent le bien-être.
United We Dream est un réseau dirigé par des jeunes
aux États-Unis qui se bat pour la justice et la dignité
pour tous les immigrants.
Reportage photo
Partout aux États-Unis, dans les jours qui ont
précédé et suivi le jour des élections,
le 3 novembre, les travailleurs, les jeunes, les
Afro-Américains, les peuples autochtones et les minorités
nationales continuent audacieusement de défendre les droits de
tous face à la brutalité policière continue et
à l'anarchie et à la violence résultant de
la rivalité entre factions des cercles dirigeants dans ces
élections. Le peuple dit clairement que, quel que soit le
résultat des élections, il continuera de mettre de
l'avant ses revendications et de compter sur ses propres initiatives et
sur ses organisations. Les actions à Portland, Minneapolis,
Washington et ailleurs l'ont bien démontré.
Des manifestations soutenues contre la brutalité et
l'impunité policières se sont poursuivies dans plusieurs
villes. Les manifestants se sont également opposés aux
tentatives intéressées de manipuler le processus
électoral, en défendant catégoriquement leur droit
d'avoir leur mot à dire dans la direction du pays en votant et
en exigeant qu'à tout le
moins, tous leurs votes soient comptés. Cela était
notable dans des endroits comme Détroit et Philadelphie,
où il y a des différends au sein de l'élite
dirigeante quant à savoir s'il faut compter tous les bulletins
de vote postaux. La revendication des citoyens ne
porte pas tant sur le résultat que sur le fait que le
système électoral
existant l'exclut et ils exigent qu'on les reconnaisse comme étant des électeurs.
À Seattle, le 3 novembre, des centaines de personnes ont
mené depuis plus de 150 jours des manifestations continues
pour demander l'égalité, la justice et la reddition de
comptes. Comme cela se passe depuis le mois de mai, ils se sont heurtés à une forte présence
policière et des arrestations ont eu lieu. Les actions se poursuivent.
Les manifestations se poursuivent également
à
Portland. Le 4 novembre, au lendemain des élections, la
police de l'État et du comté a de nouveau attaqué
les manifestants, après avoir déclaré que l'action
était une
émeute. La Garde nationale de l'Oregon, qui était
déjà mobilisée pour les élections, a
été déployée par la gouverneure Kate Brown
pour
« contrôler les foules ». Une
cinquantaine de soldats de la Garde nationale ont participé
à la répression des manifestants.
D'autres États, dont le Wisconsin, le Kentucky,
le Tennessee
et le Texas, ont également mobilisé leur Garde
nationale en prévision des manifestations. La Garde nationale a
été également déployée devant les
bureaux de vote le jour du scrutin. Lors des
manifestations pour les droits qui ont lieu depuis mai,
environ 40 000 gardes nationaux ont été
déployés dans
divers États à divers moments. Certains d'entre eux,
comme les nombreux anciens combattants qui se sont joints aux
manifestations, ont pris position avec leurs voisins pour revendiquer
des droits et ont refusé de participer à la
répression des manifestants.
À Minneapolis, le 4 novembre, les gens ont
persisté dans leurs efforts pour exiger justice pour George
Floyd et tous ceux qui sont morts aux mains de la police et pour
définancer, démilitariser et contrôler la police.
Ils ont de nouveau marché sur l'Interstate 94 pour
concentrer leur attention sur leurs demandes. La police locale et
nationale a procédé à des arrestations massives
de 646 personnes. Inébranlables, les manifestations se sont
poursuivies les 5 et 6 novembre pour dénoncer les
arrestations et persister dans leurs revendications pour la justice et
l'égalité.
À New York, des manifestations de nuit en appui au mouvement Black Lives Matter ont eu lieu depuis le 3 novembre.
À Washington, DC, des manifestations pour dénoncer la
brutalité policière et pour réclamer des droits
ont lieu sans relâche depuis le mois de mai et de
manière quotidienne depuis le jour de l'élection. Le cas
le plus récent de mort sur une base raciste aux mains de la
police est celui de Karon Hylton, un Afro-Américain de 20
ans qui a été tué dans une collision sur la route
dans le cadre d'une chasse injuste de la part de la police. Ces actions
et d'autres organisées ailleurs ont demandé l'arrêt
de la détention des enfants immigrants, la fermeture des camps
de détention et ont exprimé l'unité des
Afro-Américains et des Latinos avec tous ceux qui luttent pour
l'égalité et la
justice. Le 4 novembre, plusieurs organisations ont aussi
revendiqué la protection de l'environnement naturel.
Il ressort de ces actions que les gens de toutes nationalités
et de tous milieux sont unis et font avancer leurs luttes pour les
droits. Le chaos électoral n'a pas fait dévier ces
efforts, mais a plutôt affirmé le besoin que le peuple
devienne le preneur de décisions sur toutes les questions qui
affectent sa vie.
Seattle,
Washington
Le 4 novembre 2020. L'attaque de la police contre la marche pacifique a
laissé une personne
dans une condition sérieuse à
l'hôpital et un certain nombre d'arrestations ont eu lieu. Les
organisateurs ont lancé l'appel à d'autres actions.
Portland, Oregon
Denver, Colorado
Dallas, Texas
Minneapolis, Minnesota
Le 5 novembre 2020. Les organisateurs de villes jumelles tiennent une
conférence de presse devant le manoir du gouverneur du
Minnesota, Tim Walz, pour dénoncer
les arrestations massives de
la veille.
Le 4 novembre 2020. Des personnes sont prises en souricière par la
police locale et de l'État sur l'autoroute 94 pendant une manifestation
pacifique durant laquelle 646 personnes ont été arrêtées.
Milwaukee, Wisconsin
Chicago, Illinois
Détroit, Michigan
Philadelphie, Pennsylvanie
Harrisburg, Pennsylvanie
Le 4 novembre 2020. Rassemblement devant
l'édifice de l'Assemblée législative de
l'État de Pennsylvanie
Lancaster, Pennsylvanie
Graham, Caroline du Nord
Le 3 novembre 2020. Des participants à un rassemblement le jour
des élections sont attaqués violemment par la police.
Géorgie
Boston, Massachusetts
New York, New York
Washington, DC
Le 4 novembre 2020.
Le 3 novembre 2020. Manifestations le soir des élections devant la Maison-Blanche
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