L'élection présidentielle contestée aux États-Unis

L'anarchie et la violence règnent


Le 4 novembre 2020. Détroit au Michigan

Le 7 novembre, les médias monopolisés ont finalement déclaré Joe Biden vainqueur des élections présidentielles aux États-Unis. Mais le conflit est loin d'être terminé. Comme anticipé, personne n'avait été déclaré vainqueur dans un premier temps. Même maintenant, la rivalité au sein des factions dominantes est si intense  avec un potentiel de conflit violent ouvert  qu'il est clair que l'élection n'a rien réglé, alors que d'autres conflits continuent d'éclater. Cela est devenu évident dès que Joe Biden a été déclaré vainqueur. Les agences de presse ont annoncé que Joe Biden a remporté la Pennsylvanie et le Nevada, ce qui lui donne 290 votes du Collège électoral contre 214 à Donald Trump, alors qu'il en faut 270 pour remporter l'élection. Les résultats de la Géorgie, de la Caroline du Nord et de l'Alaska n'ont pas encore été annoncés.

Joe Biden doit prononcer un discours de victoire dans la soirée du 7 novembre.

Donald Trump a répondu comme cela était prévisible en refusant de concéder la victoire et en disant que l'élection est loin d'être terminée. Le 7 novembre, il a dit : « La victoire de Joe Biden n'a été certifiée dans aucun État, encore moins dans les États très contestés qui se dirigent vers des recomptages automatiques, ou des États où notre campagne a des poursuites judiciaires valables et légitimes qui peuvent décider du vainqueur final ». Cela fait écho à ses déclarations du soir de l'élection : « Tous les États récemment revendiqués par Biden seront légalement contestés par nous pour fraude électorale et fraude électorale d'État », avait-il dit.

La campagne Trump intente de nombreuses poursuites en Pennsylvanie, en Géorgie et au Nevada et demande un recomptage dans le Wisconsin  des États où le décompte des voix est serré. Comme l'a répété Donald Trump le 7 novembre, « À partir de lundi [9 novembre], notre campagne commencera à poursuivre notre affaire devant les tribunaux pour s'assurer que les lois électorales soient pleinement respectées et que le vainqueur légitime siège. »

Tout indique que d'autres poursuites pourraient être engagées dans d'autres États, notamment au Michigan et au Wisconsin où, comme en Pennsylvanie, les bulletins de vote par la poste sont acceptés après le jour du scrutin.

Il semblerait que les factions des cercles dirigeants qui soutiennent Joe Biden souhaitent toujours obtenir une victoire décisive afin d'assurer plus facilement une « transition pacifique ». Joe Biden l'a indiqué déjà et a déclaré : « Maintenant que la campagne électorale est terminée, il est temps de mettre la colère et les discours antagonistes derrière nous et de nous rassembler en tant que nation. » Il dit également posséder un mandat du peuple : « Je suis honoré et touché par la confiance que le peuple des États-Unis a placée en moi et dans la vice-présidente élue, Kamala Harris. »

Le fait est que le vote pour Joe Biden représente moins de 25 % de la population en âge de voter et, de plus, environ 80 000 000 d'électeurs admissibles  plus que les 75 000 000 de votes pour Joe Biden  ont exprimé leur opinion en ne votant pas du tout.

En général, la certification des votes par les États ne se termine pas avant la fin du mois de novembre. Pour cette raison, les grands électeurs du Collège électoral de chaque État ne se réunissent pas pour la certification des votes avant le 14 décembre. Les poursuites doivent être réglées d'ici là. Sinon, les États pourraient envoyer deux résultats au Congrès, puis la Chambre des représentants décidera. Tout cela confirme que l'élection reste contestée et que la menace d'une plus grande violence contre le peuple n'est pas écartée. La Garde nationale est déjà déployée dans plusieurs États, dont l'Oregon, le Wisconsin, le Kentucky, le Tennessee et le Texas, et la présence policière a été considérablement renforcée à New York, Washington et Chicago.

Malgré les efforts des campagnes des républicains et des démocrates et des médias monopolisés pour que tout le monde se concentre sur les résultats des élections, la résistance continue dans de nombreuses villes et d'autres manifestations sont annoncées, ce qui montre bien que l'élection n'a pas fait taire ou arrêté les revendications du peuple d'égalité, de justice et de responsabilité. Partout, les gens font savoir clairement que ces questions seront réglées par le peuple et son combat pour les droits de tous et de toutes. L'injustice et l'arbitraire de l'élection, notamment le comptage des votes et la suppression des votes, n'ont fait qu'affirmer davantage la nécessité d'un nouveau système électoral. Les conflits en cours ne font rien pour répondre à cette nécessité et résoudre les problèmes.

Cela montre aussi, plus profondément que jamais, la nécessité du renouveau démocratique des institutions des États-Unis à tous les niveaux, des arrangements constitutionnels et des définitions des droits.

L'une des caractéristiques de cette élection a été l'incapacité des cercles dirigeants à prédire le résultat. Leurs sondages interminables se sont encore une fois trompés. Les oligarques refusent de voir que dans les conditions d'anarchie et de désinformation massive, les sondages ne reflètent pas les positions et les revendications du peuple. Ils ne reflètent pas la colère générale contre l'ensemble du système politique et la volonté du peuple d'avoir un processus décisionnel qui favorise ses intérêts. Ce serait en partie à cause de cette cécité qu'ils choisiraient Joe Biden, un vieil homme blanc de l'establishment, comme porte-étendard. Les oligarques préfèrent exposer leur exhaustion plutôt que de reconnaître que la nouvelle direction que le peuple réclame se développe. Le choix de Kamala Harris, ancienne procureure générale de la Californie, n'y change rien.

Joe Biden, comme Hillary Clinton en 2016, comptait également sur les Afro-Américains et les jeunes pour lui donner une victoire plus décisive. De toute évidence, le vieux calcul des démocrates selon lequel les Afro-Américains voteront en grand nombre pour eux ne s'applique plus, ce qui est également vrai pour les jeunes. La conscience que les démocrates, y compris Joe Biden, ont joué un rôle majeur dans l'incarcération de masse raciste, la militarisation de la police, les attaques racistes organisées par l'État et le génocide, est répandue. Tout comme la conviction que le renforcement de la résistance organisée est la voie vers l'avant. Et la théorie promue que tous les travailleurs blancs soutiennent Donald Trump a été détruite en partie par le vote dans le Wisconsin, où ils sont la majorité.

Les gens votent, ou ne votent pas, pour différentes raisons, mais ce n'est pas le vote qui reflète leurs positions et leurs opinions générales sur la manière de résoudre les problèmes auxquels fait face la société. C'est ce qui ressort du soutien écrasant aux nombreuses manifestations et grèves organisées pour défendre les droits et du fait que de nombreuses autres sont prévues maintenant après les élections.

Ce que les cercles dirigeants ne reconnaissent pas, c'est que leurs méthodes habituelles de prévision, notamment les sondages et différentes vieilles méthodes de calcul, sont tout aussi obsolètes que leur processus électoral. Les gens rejettent la désinformation des campagnes, qui vise à déformer la forme que prend le corps politique, à éliminer sa cohésion, à le fracturer et à le briser plutôt que de l'unir dans la résolution des problèmes de l'heure. Ils luttent au contraire pour donner au pays une nouvelle direction, notamment un processus électoral où le public est informé, où ses préoccupations et ses solutions sont à l'ordre du jour, dans lequel il sélectionne ses propres candidats et qui est structuré pour garantir l'égalité des membres du corps politique.

Le peuple reste également vigilant face à d'éventuelles nouvelles violences provoquées par le gouvernement. Compte tenu de l'intense rivalité parmi les factions dominantes pour s'emparer de la présidence et du fait que Trump refuse toujours de concéder, et du grand nombre de policiers et de membres de la Garde nationale à certains endroits, la menace demeure.

Et le danger d'utiliser des milices racistes armées contre le peuple afin de justifier l'intervention des forces armées et les arrestations et détentions massives est toujours là.

Les syndicats et des centaines d'organisations sont prêts à manifester et à défendre les droits. De nombreuses manifestations ont eu lieu les 6 et 7 novembre et plusieurs autres doivent se tenir la semaine prochaine et en décembre. Beaucoup sont également en colère et prêts à agir, y compris en déclenchant des grèves, si la Cour suprême intervient. Avec la résistance organisée qui se poursuit depuis le mois de mai, les gens sont prêts à rejeter l'utilisation des forces armées et des forces fédérales contre le peuple et à faire avancer la lutte pour l'égalité, la justice et la responsabilité.

(Photos : We Make Michigan, Tues Toomey HBG, Xinhua)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 70 - 7 novembre 2020

Lien de l'article:
L'élection présidentielle contestée aux États-Unis: L'anarchie et la violence règnent - Kathleen Chandler


    

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