Numéro 68 - 1er novembre 2020
Élections 2020 aux États-Unis
Les «deux Amériques» qui s'affrontent
Le 28 août 2020: manifestation de plus de 70 000
personnes à Washington, dans les conditions de la
pandémie, à l'occasion du 57e anniversaire de la
Grande Marche sur Washington de 1963 (Karey)
• Dans
ce numéro
• Les «deux Amériques» qui
s'affrontent
- Kathleen Chandler -
• Un
moment de vérité
- Pauline Easton -
• De
grandes revendications en faveur d'une nouvelle
direction de l'économie et des affaires
politiques
• Derrière
la mobilisation des milices racistes
• Pour
que le changement ne soit pas encore une fois la
victime
- Hilary LeBlanc -
• Les
tentatives de présenter Biden comme le champion
de
l'unification du pays
De la presse du Parti sur la signification de
l'élection
présidentielle américaine de 2016
• La
fin du «business as usual»
À titre d'information
• Au sujet des élections
SUPPLÉMENT
• Pas
de relâche du mouvement de protestation aux
États-Unis
Élections 2020 aux États-Unis
Ce numéro du LML et son supplément sont
consacrés à l'élection du 3 novembre aux
États-Unis. Le but est de fournir aux lecteurs des
opinions, des commentaires et des analyses et de
l'information pour les aider à discerner ce qui
est pertinent et ce qui ne l'est pas dans cette
élection, pour aller au coeur de ce qui se passe
dans ce pays. Il est crucial de lever le voile sur
la désinformation qui vise à maintenir le peuple
sans pouvoir.
LML appelle
ses lecteurs à ne pas se faire prendre par la
désinformation qui devient encore plus intense à
l'approche du jour de l'élection. Rejetons tout le
discours qui laisse le peuple hors de l'équation
ou le blâme pour les résultats. Rejetons aussi le
discours qui dit que le vote compte ou que par
cette élection le peuple donne un mandat ou encore
que les forces armées devraient intervenir d'une
façon ou d'une autre.
Les contradictions dans les rangs des cercles
dirigeants des États-Unis s'accentuent avec la
restructuration des arrangements en place pour
s'emparer directement du pouvoir politique et ne
laisser aucun arrangement actuel leur barrer la
route. L'État du Canada est intégré à l'État des
impérialistes américains et à leur système
impérialiste d'États. Les développements et les
conflits d'intérêts dans ce pays sont un
prolongement de la guerre civile qui fait rage au
sein de la classe dominante des États-Unis et les
élections ne vont pas résoudre ces conflits.
Conséquemment, les dangers qui grandissent
menacent autant les peuples du Canada, du Québec
et du monde que le peuple américain. Seule la
lutte du peuple pour s'investir du pouvoir afin de
créer une personnalité démocratique moderne qui
place lui et son pouvoir décisionnel à
l'avant-plan peut écarter les dangers et donner
naissance au type de changement dont les peuples
ont besoin.
La démocratie américaine est profondément en
crise parce que ce n'est pas le pouvoir du peuple,
par le peuple et pour le peuple. Les élections
sont une fraude de A à Z parce que les citoyens
américains ne sélectionnent pas les candidats, ne
décident pas de leur ordre du jour et ne votent
même pas pour eux, et parce qu'il n'existe pas de
moyen de rendre les dirigeants redevables de leurs
actions.
À l'occasion des
élections américaines 2020, LML salue
le peuple américain combattant. Nous saisissons
l'occasion pour saluer sa résistance courageuse et
sans relâche au racisme, à la brutalité et
l'impunité policières et pour l'égalité et la
justice.
C'est la détermination du peuple à exercer un
contrôle sur toutes les décisions qui le
concernent qui compte. C'est la lutte du Nouveau
contre l'Ancien. Nous sommes convaincus que cette
élection présidentielle, quels que soient les
résultats et les dangers qui se pointent, ne fera
pas dévier la vaste résistance du peuple de la
réalisation de ses objectifs. Cette résistance
repose sur la détermination à obtenir la justice,
la redevabilité et la réparation, ces
revendications qui répondent à l'appel de
l'histoire et aux besoins de l'époque.
LML appelle ses lecteurs à participer
activement à l'acte de découvrir la signification
de cette élection présidentielle aux États-Unis.
Nous vous encourageons à nous faire parvenir vos
opinions et vos contributions. Écrivez à
redaction@cpcml.ca.
(Photos : VOR, Lafayette
Country Democrats)
- Kathleen Chandler -
Manifestation à Philadelphie le 27
octobre 2020 pour protester contre la mort de
Walter Wallace Jr aux mains de la police dans
cette ville quelques jours plus tôt
Les élections américaines de 2020, qui se
tiendront le 3 novembre, sont l'élection du
président, ainsi que l'élection de l'ensemble
des 435 membres de la Chambre des
représentants et d'un tiers des 100
sénateurs. Les élections se déroulent dans des
conditions de crise sans précédent pour ce que
l'on appelle « la plus grande démocratie du
monde » :
- plus de 220 000 personnes sont
mortes de la COVID-19 et plus de 8 millions
en ont été infectées;
- quelques milliardaires ont augmenté leur
fortune de 930 milliards de dollars au
cours des six premiers mois de la pandémie de la
COVID-19;
- près de 62 millions de personnes ont
perdu leur emploi;
- quelque 98 000 entreprises ont fermé
leurs portes de façon définitive;
- plus de 12 millions de personnes ont
perdu leur assurance-maladie financée en partie
par l'employeur;
- 22 millions de personnes ont déclaré ne
pas avoir assez de nourriture;
- un sixième de tous les locataires seraient en
retard dans le paiement de leur loyer.
Plus de 20
millions de personnes ont participé à un mouvement
de protestation qui se poursuit sans relâche
depuis mai 2020, lorsque George Floyd a été
tué par la police, pour exiger des comptes et des
réparations. Cette résistance large et persistante
pour faire cesser la violence policière raciste et
obtenir justice, égalité et responsabilité, a
entraîné une profonde remise en question du
système de justice actuel, ou plutôt d'injustice
comme beaucoup l'appellent. Il est largement
reconnu que les services de police, les tribunaux
et les incarcérations de masse sont racistes dans
leur essence, injustes et incapables de tenir les
services de police responsables, que ce soit aux
niveaux local, des États ou fédéral. Les demandes
ne se limitent pas à obtenir le licenciement de
quelques policiers, car un changement bien plus
important est nécessaire dont le contrôle par le
peuple est l'élément central.
Des réunions et des débats ont déjà lieu pour
réimaginer la sûreté et la sécurité en incluant
des enjeux comme la lutte contre la pauvreté, le
droit au logement, à la santé et à l'emploi, en
particulier dans les conditions de la COVID-19.
Les efforts d'organisation se concentrent
également sur les budgets et le droit des citoyens
de décider comment les fonds publics sont
dépensés, que ce soit pour le maintien de l'ordre,
les forces armées, les prisons et les guerres ou
pour la santé et le logement.
Les gens ne sont pas dupes des élections comme
moyen de changement. Les obstacles à la
participation des électeurs montrent que ce n'est
pas le peuple qui élit celui qui est porté au
pouvoir. Les obstacles à la participation
comprennent l'obligation de s'inscrire pour voter,
un grand nombre de personnes admissibles étant
dans l'impossibilité de le faire bien qu'elles en
aient le droit. Les Afro-Américains ont depuis
longtemps été la cible de cette exclusion de fait.
Chaque État a des exigences différentes en matière
d'inscription, de mise en candidature,
d'enregistrement des partis, etc. L'ensemble du
processus est antidémocratique et inéquitable.
Malgré cela, lorsque les conditions le permettent,
des candidats antiguerre ou des candidats de tiers
partis se présentent pour exprimer la volonté
d'affirmation du peuple en tant que décideur.
La couverture médiatique se concentre sur les
sondages et l'opinion sur qui va gagner
l'élection. Pour qui le peuple va-t-il
voter ? Nous pouvons prédire avec certitude
que c'est la classe dominante qui gagnera
l'élection. Nous pouvons également prédire que le
peuple continuera de s'organiser et de se battre,
qu'il trouvera les moyens de déjouer les pressions
qui l'obligent à se taire sur les questions
d'impunité policière, d'injustice,
d'appauvrissement, d'inégalité, d'environnement,
de guerre et de paix. Il continuera de parler en
son propre nom et d'exprimer ses préoccupations et
ses revendications.
Le mouvement de résistance héroïque se poursuit
sans relâche malgré la violence des forces
fédérales, des États et municipales déchaînées
contre une population qui ne se laisse pas
décourager par la criminalisation de sa résistance
et des diverses formes de participation aux
affaires politiques. L'affrontement des « deux
Amériques » n'est pas entre la vision de Joe
Biden et celle de Donald Trump, toutes deux étant
essentiellement identiques. Il oppose la vision du
peuple à la vision des cercles dirigeants. Voilà
les « deux Amériques » d'aujourd'hui.
Celle des riches, de leur économie de guerre et
de leur gouvernement de guerre avec sa violence et
sa brutalité, et celle du peuple qui défend les
droits de tous et toutes sur tous les fronts en
s'opposant aux inégalités, à la violence policière
et à l'impunité.
Dans le débat sur l'élection américaine, les
questions soulevées par les médias monopolisés
sont une diversion, destinées à diviser le peuple
et à le rallier à une faction ou l'autre des
cercles dirigeants. Or, ce qu'il faut, c'est une
enquête et un débat sur ce à quoi ressemble une
démocratie moderne qui investit le peuple de
pouvoir. Comment réalise-t-on l'égalité des
membres du corps politique ? Comment peut-on
établir des rapports entre nous qui mettent
l'individu et le collectif sur un pied
d'égalité ? Ce sont là quelques-unes des
questions auxquelles il faut répondre aujourd'hui
pour que le mouvement populaire puisse atteindre
son but.
- Pauline Easton -
Le Mur d'anciens combattants et derrière eux le
Mur des mamans qui forment les lignes
de front dans les manifestations contre la
violence et l'impunité policières – le 29 juillet 2020,
à Portland en Oregon.
L'expérience du mouvement de résistance aux
États-Unis et de la présidence de Donald Trump
révèle d'abord et avant tout comment se déroule le
processus décisionnel aux États-Unis et qui le
contrôle. Cela a également été révélé par les
présidences qui ont précédé celle-ci, quelle que
soient la période de l'histoire, les
circonstances, la personnalité du président, le
style de son gouvernement ou du parti politique au
pouvoir.
Toutefois, avec l'avènement des arrangements
néolibéraux après l'effondrement de l'ancienne
Union soviétique, une contre-révolution virulente
occupe l'espace du changement. Le diktat des
impérialistes voulant que tous ceux qui n'adhèrent
pas à l'économie de marché, à la démocratie
multipartite et à leur définition des droits de
l'homme sont des éléments voyous et n'ont pas de
légitimité s'est imposé. Cette offensive
contre-révolutionnaire des impérialistes a
exacerbé toutes les contradictions inhérentes à un
système basé sur des rapports de production qui ne
peuvent plus contenir les forces productives ni
les contrôler.
La violence est devenue la méthode privilégiée
pour contrôler et réprimer l'opposition. L'état
d'exception et le gouvernement des pouvoirs
d'urgence sont devenus permanents, tout cela au
nom de la préservation des institutions
démocratiques libérales, du contrôle de la
pandémie du coronavirus, de la paix et d'autres
justifications qui se révèlent tout aussi
irrationnelles qu'insoutenables.
Bien que les États-Unis se déclarent la « nation
indispensable » et proclament que la
démocratie américaine est « la plus avancée du
monde », les conditions matérielles ne se
soumettent pas à la volonté des cercles
dirigeants.
Aujourd'hui, le conflit entre l'autorité
gouvernementale et le peuple sur la direction que
prend le pays prend une ampleur sans précédent.
Comme le montre la persistance de la résistance
aux autorités américaines, la revendication
d'égalité, de justice et de responsabilité ne peut
être réduite au silence ni arrêtée. Il est clair
que ces élections ne trancheront pas ces
questions; nous voyons partout qu'elles vont être
réglées par le peuple et sa lutte pour que les
droits soient reconnus sur une base moderne.
Le rejet du point de vue juridique
À cet égard, les gens rejettent le point de vue
juridique qu'on leur propose dans un effort pour
sauver les institutions démocratiques
anachroniques qui perpétuent l'existence d'une
autorité imposée au peuple. Ce point de vue
juridique est l'un des obstacles auxquels fait
face actuellement le peuple des États-Unis et il
le rejette.
Une des
caractéristiques principales de cette façon de
voir les choses est que les problèmes doivent être
examinés sur la base de leur légalité ou de leur
illégalité. Cela est fait pour entraîner tout le
monde dans la recherche de solutions qui défendent
les institutions démocratiques anachroniques
existantes et dans un débat sur le pour et le
contre de solutions proposées par d'autres. Cela
amène également à se tourner vers les tribunaux et
les organismes publics et, souvent, à compter sur
eux pour régler les problèmes.
C'est une vision bornée, coincée dans les
arrangements existants, qui a conduit à un conflit
sans précédent entre les conditions et l'autorité,
entre l'Ancien, qui s'efforce en vain et
irrationnellement d'atteindre l'immortalité, et le
Nouveau qui s'efforce de naître afin d'établir une
nouvelle autorité qui correspond aux conditions
actuelles.
Le point de vue juridique laisse le peuple et sa
volonté de s'investir du pouvoir hors de
l'équation. Le peuple n'est pas considéré comme la
force du changement. Ses discussions et son effort
d'organisation pour s'investir du pouvoir ne
doivent pas avoir lieu. Les médias monopolisés
jouent leur rôle de lancer et d'entretenir le
débat pour ou contre Joe Biden ou Donald Trump,
tout cela pour étouffer le grand mécontentement
qui existe envers l'ensemble des arrangements en
place aux États-Unis et pour réprimer la lutte du
peuple pour des changements qui lui sont
favorables et non en faveur de gouvernants qui
sont manifestement inaptes à gouverner.
De la même manière, les tentatives d'utiliser
l'opinion contre Trump pour plonger les gens dans
ce débat de pour ou contre confinent la discussion
aux arrangements existants au lieu de montrer que
le système est dysfonctionnel et que de nouveaux
arrangements qui investissent le peuple du pouvoir
sont nécessaires, et d'engager la discussion sur
ce que ces nouveaux arrangements pourraient être.
Une période de transition
Nous sommes dans une période de transition. Les
anciens arrangements ne fonctionnent pas et ne
nous servent pas, alors que les nouveaux
arrangements n'existent pas encore. L'organisation
doit viser à faciliter la naissance du Nouveau et
à unir tous ceux que l'affirmation politique
favorise afin qu'ils se joignent aux efforts pour
définir des institutions modernes, des formes
modernes de collectifs dans lesquelles le peuple
est le décideur.
La fidélité doit
être envers l'ensemble des relations humaines et à
ce qu'elles révèlent, et non envers les anciens
arrangements de la Constitution des États-Unis et
à ce qui est appelé société civile. Alors que nous
rejoignons nos frères et soeurs des États-Unis en
luttant dans notre propre pays sur toutes les
questions qui concernent les droits civils, notre
point de vue – la
manière dont nous envisageons les problèmes – ne peut être un point de vue
juridique. Nous ne nous limitons pas à la défense
des droits civils. Contrairement aux gouvernants,
nous disons que les intérêts conflictuels en jeu
concernent les intérêts individuels et collectifs
dans leur rapport avec l'intérêt général; et que
les rapports entre tous les individus et tous les
collectifs peuvent être harmonisés avec le bien
commun. Les intérêts individuels et collectifs
peuvent être harmonisés en donnant à la démocratie
une définition moderne qui répond aux besoins
actuels. Pour ce faire, il faut une définition
moderne de la démocratie, dans son contenu et sa
forme. L'effort pour réaliser cette définition
donnera naissance à la personnalité démocratique
moderne qu'exige le monde d'aujourd'hui.
L'harmonisation des intérêts est l'acte d'être de
la personnalité démocratique. Une démocratie
moderne est un moyen de garantir l'épanouissement
d'une telle personnalité démocratique.
Les droits ne sont pas des privilèges que les
gouvernants peuvent accorder ou retirer en
fonction des avantages que cela leur procure. Les
droits ne peuvent pas être sacrifiés sur l'autel
des élections. L'égalité n'est pas un droit
inaliénable divin et interprété comme une
construction sociale sujette à la manipulation par
ceux qui gouvernent. Elle est liée à
l'appartenance au corps politique et appartient à
tous en raison de leur être objectif. La qualité
inhérente de la définition moderne de l'égalité
est qu'elle confère à tous les membres du corps
politique le droit de participer à la prise des
décisions qui affectent leur vie, de faire le
bilan de l'expérience de leur mise en oeuvre et de
tracer une voie vers l'avant à partir de là. Ce
n'est que si le principe fondamental de l'égalité
est reconnu sur une base objective moderne que
ceux qui violent les décisions du collectif
peuvent être tenus responsables.
Dans l'élection actuelle aux États-Unis,
il n'y a pas d'égalité. C'est la lutte persistante
et grandissante des travailleurs de toutes
origines et convictions qui garantit l'égalité
conférée par l'appartenance. Une démocratie
moderne consacrera une telle égalité qui interdit
le racisme et la discrimination ou la violation de
la personne humaine et de l'environnement social
et naturel. Elle interdira le recours à la force
dans le règlement des conflits au sein des nations
et entre les nations, assurera le bien-être
économique et protégera l'environnement social et
naturel.
Les êtres humains
expriment leurs aspirations les plus profondes par
leurs revendications. Afin de réaliser leurs
objectifs, les gens tirent la conclusion qui
s'impose que les formes de lutte du passé, fondées
sur la Constitution et sur ce qu'elle nous dit en
termes de définitions et de moyens, doivent être
changées. De nouvelles formes sont nécessaires
pour que les travailleurs puissent saisir et se
battre pour réaliser ces revendications et
transformer leur situation, apporter la paix, la
démocratie et la justice et protéger
l'environnement naturel et social. La nouvelle
situation exige une nouvelle approche et les
solutions que les travailleurs veulent.
À cet égard, les efforts électoraux et la
propagande habituels qui visent à dérouter les
gens en les ralliant à l'un ou l'autre des deux
principaux partis cartellisés qui se disputent le
pouvoir, les républicains et les démocrates,
n'arrivent pas à l'heure actuelle à les convaincre
de compter sur les politiciens des riches et leur
pouvoir pour résoudre les problèmes auxquels ils
sont confrontés. Le gouvernement, à tous les
niveaux, s'est montré raciste et totalement
antidémocratique. Cela est évident dans les
élections elles-mêmes, avec la pratique répandue
de suppression des électeurs et un système raciste
et discriminatoire qui visent de toute évidence à
maintenir les rapports qui perpétuent le pouvoir
des intérêts privés étroits.
L'élément crucial de cette prise de conscience
est que les gens voient la nécessité de garder les
choses entre leurs mains propres et s'organisent
pour une démocratie qui leur appartient.
L'exemple des infirmières qui, dans tous les
États-Unis, ont organisé des vigiles la semaine
précédant l'élection pour pleurer les morts et
lutter pour les vivants témoigne de la conscience
qui a imprégné le mouvement. Les infirmières
ciblent tous les élus pour leurs échecs à
contrôler la COVID-19. De nombreuses actions sont
également prévues après les élections.
La position est ferme : c'est le peuple et
son combat pour les droits de tous et toutes qui
obligent à rendre des comptes et permettent
d'obtenir réparation. Une démocratie moderne doit
être mise en place, qui invente des arrangements
en faveur des travailleurs, quels que soient leur
race, leur origine nationale, leur genre, leurs
croyances ou leurs convictions.
La sécurité ne réside pas dans une meilleure
utilisation des pouvoirs de police, elle réside
dans la lutte pour les droits de tous et de
toutes.
C'est un moment de vérité et un moment de rendre
des comptes dans tout le pays; un moment où les
séquelles de toutes les injustices passées ont
rattrapé ceux qui forment la classe dirigeante et
qui en ont profité.
Après ces élections, rien ne restera comme avant.
La volonté du peuple doit prévaloir pour que le
résultat lui soit favorable plutôt que favorable à
l'impérialisme et toute la réaction.
Le 29 octobre 2020. Les infirmières à
l'hôpital Good Samaritan à Los Angeles tiennent
une vigile pour les travailleurs de la santé qui
sont morts de la COVID-19.
Alors que le jour des élections approche, les
gens sont bombardés de sondages et de rapports de
toutes sortes quant à savoir qui pourrait gagner
la course présidentielle. Les campagnes et les
médias font partie d'un effort pour faire
dérailler le mouvement de masse en cours et le
détourner de son objectif de changements qui
favorisent le peuple. Cependant, l'ampleur et la
détermination de la résistance sont telles que les
jeunes et les travailleurs gardent l'initiative et
poursuivent leur lutte contre le racisme du
gouvernement et ses échecs face à la COVID-19 et
pour l'égalité, la justice et la responsabilité.
C'est évident dans les diverses actions.
Les infirmières, par exemple, à l'initiative du
Syndicat national des infirmières unies (NNU), se
sont jointes aux organisateurs communautaires pour
organiser du 26 octobre au 1er novembre des
vigiles dans tout le pays. Elles ont pleuré les
plus de 2 000 travailleurs de la santé morts de la
COVID-19, tout en prenant la position de se battre
pour les vivants. Les noms des 2 000 morts, dont
232 infirmières, ont été compilés par les
infirmières elles-mêmes. Alors que les forces
armées tiennent un registre de ses morts et de ses
blessés, le gouvernement ne fera pas de même pour
les travailleurs de la santé et tous les autres
travailleurs de première ligne qui ont assumé leur
responsabilité sociale en défiant la maladie et la
mort.
Les travailleurs de la santé sont restés en
première ligne malgré le manque d'équipement de
protection individuelle (ÉPI) et malgré le fait
que le gouvernement n'a cessé de les attaquer pour
avoir défendu leurs droits. Dans leurs vigiles ils
ont pris la position que tous les élus et les
grands employeurs des hôpitaux doivent être tenus
responsables de leurs échecs. Ils ont souligné que
les Afro-Américains, les Latinos et les Philippins
sont touchés de manière disproportionnée, avec un
taux d'infection et de mortalité considérablement
plus élevé. Ils exigent que l'économie soit
adaptée pour répondre aux besoins de tous les
travailleurs en matière de conditions de travail
sécuritaires, y compris des ÉPI, du personnel, des
tests et des désinfectants en nombre suffisant et
un congé de maladie payé de 14 jours durant une
mise en quarantaine.
Les infirmières
demandent au gouvernement fédéral d'utiliser la Loi
sur la production de défense pour accroître
considérablement la production de tous les ÉPI
dont les travailleurs et le public ont plus
largement besoin. La loi est généralement utilisée
à des fins de guerre. Les infirmières demandent
plutôt que la loi soit utilisée pour assurer une
production qui répond aux besoins du peuple. Elles
demandent également à l'Administration de la
sécurité et de la santé au travail (OSHA)
d'établir une norme de sécurité nationale dans les
conditions de la pandémie que tous les endroits de
travail privés et publics doivent respecter.
L'OSHA a jusqu'à présent déclaré que les
réglementations déjà en place étaient suffisantes.
En demandant des comptes au gouvernement fédéral
et à tous les élus, les travailleurs de la santé
manifestent également leur désir d'une nouvelle
direction politique, où les agences
gouvernementales et les fonctionnaires sont
responsables du bien-être de la population, et non
des monopoles et de leurs intérêts privés.
Un certain nombre de syndicats ont intenté le 8
octobre une poursuite devant les tribunaux contre
le gouvernement fédéral qui va dans le même sens.
Les syndicats concernés sont le Syndicat uni du
transport (ATU), le Syndicat des travailleurs du
transport (TWU), l'American Federation of Labour
et le Congress of Industrial Organization
(AFL-CIO), la Fédération des enseignants et
enseignantes des États-Unis (AFT), le Syndicat
international des employés des services (SEIU),
les Communications Workers of America (CWA) et les
Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce
(TUAC). Les syndicats représentent collectivement
plus de 15 millions de travailleurs des industries
de première ligne qui ont subi des milliers de
décès et des centaines de milliers de cas de maladie
causés par la COVID-19, dont beaucoup sont dus à
un nombre insuffisant d'ÉPI.
La poursuite appelle le secrétaire à la Santé et
aux Services sociaux Alex Azar et le secrétaire à
la Sécurité intérieure Chad Wolf à agir
immédiatement pour assurer la production et la
distribution des ÉPI. Les deux agences n'ont pas
répondu à une pétition d'août de ces mêmes
organisations, ainsi que d'autres, qui exigeaient
une action urgente. Les travailleurs des
entrepôts, de la transformation de la viande et
des conserveries ont également organisé des
débrayages et d'autres actions pour exiger le
respect de leur droit à la santé et à la sécurité.
Les travailleurs
des postes et les enseignants se sont mobilisés
pour obtenir des conditions sécuritaires. Cela a
fait partie intégrante des manifestations Black
Lives Matter et de la lutte contre la
privatisation du service postal et des écoles
publiques. Les enseignants se mobilisent pour
défendre l'éducation en tant que droit et service
public, et les travailleurs des postes pour que le
service postal soit élargi en tant que service
public. Cette volonté reflète une reconnaissance
générale de ce qui est public et du concept de
bien public, ce que la direction actuelle de
l'économie et de la politique est en train
d'éliminer. Avec les fermetures qu'entraînent la
COVID-19 et l'apprentissage à distance, de
nombreux enseignants, élèves et parents envisagent
de réorganiser l'éducation, d'une manière qui
favorise tout le monde afin que le contrôle et la
prise de décision soient entre leurs mains.
Depuis le mois de mai, le mouvement qui persiste
contre les morts aux mains de la police et la
violence raciste policière et pour l'égalité, la
justice et la reddition de comptes s'est poursuivi
sans relâche. Plus de 20 millions de personnes de
tous horizons y ont participé directement. Le
contrôle des services de police et, plus
généralement, une nouvelle direction pour ce qui
constitue la sûreté et la sécurité dans les villes
et au sein des collectivités, est au centre des
revendications partout au pays.
Le peuple se bat pour s'investir du pouvoir de
décider sur ces questions. Il réclame une économie
axée sur l'élimination de la pauvreté et des
politiques qui garantissent les droits au
logement, aux soins de santé et à des moyens de
subsistance – reconnus
comme importants pour la protection et la
sécurité. Ils veulent le contrôle des budgets, qui
fournissent invariablement beaucoup plus de fonds
au maintien de l'ordre, à la violence et au
racisme, qu'aux services sociaux et à la
satisfaction des besoins du peuple. Et peut-être
plus important encore, étant donné que les actions
du peuple ont persisté et que la violence et le
manque de responsabilité du gouvernement ont
également persisté, des discussions sont en cours
sur les arrangements politiques existants, sur le
fait que la Constitution et la fraude électorale
ne servent pas les intérêts du peuple et bloquent
le développement d'une société qui le fait.
Diverses organisations, dont Veterans for Peace,
appellent à une économie de paix, exigent la fin
du financement massif du Pentagone et de la
militarisation de la vie. Les anciens combattants
ont fait partie intégrante du mouvement contre le
racisme et la violence du gouvernement, notamment
en s'organisant pour protéger les jeunes de la
police. Le lien entre les guerres et l'agression à
l'étranger des États-Unis, et la violence de
l'État contre le peuple à l'intérieur du pays est
établi depuis longtemps. Les gens demandent la fin
de toutes les violences par l'État, au pays et à
l'étranger, et pour des résolutions politiques non
violentes aux problèmes sociaux. Cela inclut la
demande d'un gouvernement antiguerre et d'une
économie de paix.
(Photos : California Nurses
Assn, American Postal Workers Union)
Les médias monopolisés font la promotion de
milices racistes armées qui se disent prêtes à
intervenir dans les bureaux de vote le 3
novembre et à se mobiliser après les élections si
Donald Trump perd.
Une grande
attention est accordée à l'appel de Donald Trump à
constituer une « armée pour Trump » dont les
recrues vont être déployées dans les bureaux de
vote – ce qui
est considéré par beaucoup comme une intimidation
des électeurs et des travailleurs d'élection. En
outre, les médias répètent fréquemment le
commentaire de Trump lors du premier débat avec
son rival Joe Biden, quand il a demandé à des
groupes comme les « Proud Boys », une bande
de racistes, anti-musulmans et anti-peuple, de «
se tenir prêts » à agir s'il perd dans ce
qu'il a appelé une élection « truquée ».
D'autres groupes comme les « Gardiens du
serment », le KKK et divers groupements
hitlériens seraient également prêts à agir.
Beaucoup de ces milices comptent dans leurs rangs
des policiers, des shérifs et des militaires,
actuels ou anciens, et ont généralement obtenu des
armes de type militaire. Elles sont connues et
souvent infiltrées par des agences comme le FBI,
comme cela a été le cas longtemps pour le KKK et
les forces néonazies. Elles ne sont pas «
indépendantes » et séparées de l'État comme
on le prétend, elles sont plutôt un bras de l'État
raciste qui a pour tâche d'exécuter sa violence.
L'inquiétude parmi les cercles dirigeants au
sujet de ces milices et de leur contrôle est telle
que le Conseil des relations étrangères (CFR), un
conseil de premier plan qui réunit diverses
factions de l'élite dirigeante et s'intéresse à
l'établissement de rapports entre les factions,
qualifie la mobilisation de ces milices de «
danger extraordinaire pour la démocratie
américaine ». Le CFR affirme que ces groupes
armés comprennent ceux qui appellent à la sédition
et à « une nouvelle guerre civile
américaine ».
Le CFR relie cette inquiétude au fait que « près
de 13 500 manifestations et
protestations ont eu lieu dans tout le pays depuis
la mort de George Floyd ». Bien qu'il affirme
que « l'écrasante majorité des manifestations
[...] ont été pacifiques », elles ont «
exacerbé les tensions et polarisé les positions
politiques ».
Ce qui est omis,
c'est que les tensions exacerbées sont celles qui
opposent la grande majorité des gens de tous
horizons et de toutes nationalités qui soutiennent
la résistance au gouvernement et à ses services de
police. Plus de 20 millions de personnes ont
participé directement aux manifestations et ont
tenu bon contre les violences policières. Les «
positions polarisées » sont celles qui
existent dans les cercles dirigeants, qui opposent
les différentes factions représentant des intérêts
privés étroits qui se disputent le pouvoir. Ces
intérêts privés ne sont pas vraiment intéressés à
résoudre leurs conflits, car toute réconciliation
gênerait l'obtention du contrôle total dont ils
ont besoin pour pouvoir disposer de toutes les
ressources naturelles et humaines comme ils le
souhaitent. Si l'élection sert traditionnellement
à résoudre les conflits entre les factions, dans
ce cas-ci il n'y a aucune résolution en vue. Au
contraire, les tensions liées aux troubles civils
et à l'utilisation des milices exacerbent les
contradictions et bloquent toute enquête et
délibération rationnelles sur ce que révèlent les
événements en cours au sujet des problèmes dans
lesquels la démocratie américaine est enlisée.
La menace d'une guerre civile préoccupe beaucoup
les cercles dirigeants qui souhaitent préserver
l'union et éviter un conflit ouvert et violent.
Ils reconnaissent tous que de grands États comme
la Californie, le Texas et New York pourraient
facilement devenir indépendants. Des alliances
régionales sont également en train de se dessiner,
comme entre New York, le New Jersey et le
Connecticut, qui pourraient aussi constituer des
États indépendants. L'exacerbation des conflits
entre les États tels qu'ils sont actuellement
constitués et le Bureau du Président – sur la COVID, l'immigration,
le financement et l'utilisation des agences de
police - indique à quel point les conflits
d'intérêts s'aggravent.
Les forces armées
et les nombreuses agences de police fédérales, des
États et locales étant également divisées, les
cercles dirigeants ne peuvent pas prévoir si ces
forces se soumettront à Donald Trump en tant que
commandant en chef des forces armées, ou si elles
s'opposeront à lui s'il perd et refuse de quitter
ses fonctions. Ou, comme l'a dit Joe Biden, elles
s'entendraient sur la nécessité d'utiliser les
forces armées pour démettre Trump de ses fonctions
et réprimer la résistance au nom d'une «
transition démocratique pacifique » et de la
préservation de l'union.
Mais la plus grande préoccupation des cercles
dirigeants est que la plus grande des factions, le
peuple – également
appelée « le pouvoir de la rue » – persiste à réclamer justice,
l'égalité et la fin de la brutalité et de
l'impunité policières et de la discrimination
raciale. La lutte de sections toujours plus larges
du peuple a l'empreinte d'une conscience et d'une
organisation qui grandissent et s'élargissent.
Tous les jours, nous assistons à l'expression du
droit de parler en son propre nom, pour la
garantie des droits de tous et de toutes et pour
le contrôle du pouvoir de décision. Il est
largement reconnu que les travailleurs de première
ligne, voire tous les travailleurs, peuvent faire
beaucoup mieux que ceux qui sont actuellement au
pouvoir pour apporter des solutions politiques non
violentes et rendre des comptes.
La mobilisation des milices racistes a davantage
à voir avec la tentative de détourner la colère
des gens contre l'État américain raciste vers ces
groupes. Il s'agit d'attiser la colère afin de
dresser les gens les uns contre les autres, alors
l'État apparaît comme étant « au-dessus d'une
population polarisée », qui intervient pour
la protéger, alors qu'il est la source du racisme
et de la violence qui ravagent la société
américaine. Bien sûr, il s'agit aussi d'avoir ces
groupes « prêts » à intervenir, prêts à
perturber et à attaquer la résistance, comme cela
s'est déjà produit, afin de justifier une
intervention fédérale et militaire encore plus
importante après les élections. Une éventuelle «
urgence nationale » invoquant les actions de
ces groupes et la résistance à ceux-ci pourrait
également être proclamée entre le jour de
l'élection et l'assermentation en janvier.
La mobilisation des milices n'est pas seulement
révélatrice de Donald Trump l'individu, elle
révèle surtout la nature de l'État américain et sa
difficulté à conserver le pouvoir et à rester
indivisible dans les conditions de divisions
intenses de la classe dominante et face au rejet
populaire de la direction actuelle du pays. C'est
l'État qui mobilise les milices racistes et qui
crée les conditions d'une violence et d'une
répression encore bien plus grandes contre le
peuple, en utilisant ces groupes dans la
répression du peuple et pour justifier la
répression du peuple.
- Hilary LeBlanc -
Les campagnes de Joe Biden et Donald Trump se
sont concentrées sur le fait que l'élection
présidentielle est décisive pour l'avenir des
États-Unis. Les gens doivent voter « comme si leur
vie en dépend » (Michelle Obama) et « les
enjeux n'ont jamais été aussi importants »
(vice-président Mike Pence). Cette façon
catégorique de présenter les choses sert à
éclipser le peuple et son large mouvement de
résistance persistante comme facteur décisif pour
façonner l'avenir. Elle cache les relations de
pouvoir actuelles qui garantissent un gouvernement
des riches, par les riches et pour les riches, qui
ne peut pas être également un gouvernement du
peuple, par le peuple et pour le peuple.
C'est la réalité que la vie a révélée à plusieurs
reprises. Et c'est précisément parce que le peuple
la reconnaît de plus en plus - comme en témoignent
les revendications de millions de personnes pour
l'égalité, la fin du racisme du gouvernement et
les droits humains pour tous - que cette élection
est présentée comme étant si décisive. Il s'agit
de détourner les mouvements d'affirmation du
peuple, par lesquels les gens prennent les choses
en main, s'expriment en leur propre nom et
formulent leurs propres revendications.
Lors de la Convention nationale du Parti
démocrate, Biden a lancé un appel spécifique aux
jeunes, disant : « Pour tous les jeunes qui
n'ont connu qu'une Amérique où il n'y a que les
inégalités croissantes et les opportunités
diminuées, ils méritent de vivre pleinement la
promesse de l'Amérique. »
Barack Obama s'est
concentré sur le mouvement de résistance : «
Je vous demande également de croire en votre
propre capacité – à
assumer votre propre responsabilité en tant que
citoyens – pour vous assurer que les principes
fondamentaux de notre démocratie perdurent. Parce
que c'est ce qui est en jeu actuellement :
notre démocratie. » Les républicains «
espèrent donc rendre le vote aussi difficile que
possible et vous convaincre que votre vote n'a pas
d'importance. C'est comme ça qu'ils gagnent. C'est
ainsi qu'ils continuent à prendre des décisions
qui affectent votre vie et celle des personnes que
vous aimez. [...] C'est ainsi qu'une démocratie
dépérit, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus du tout
une démocratie. Nous ne pouvons pas laisser cela
se produire. Ne les laissez pas vous enlever votre
pouvoir. Ne les laissez pas vous enlever votre
démocratie. Faites un plan dès maintenant sur la
façon dont vous allez vous impliquer et
votez. »
Par un tour de passe-passe, Obama passe de «
notre » à « votre ». Il parle des «
principes fondamentaux de notre démocratie »,
c'est-à-dire ceux de la Constitution des
États-Unis qui maintiennent le pouvoir entre les
mains des descendants des « hommes de propriété de
race blanche » qui ont constitué les
États-Unis d'Amérique en premier lieu, puis de «
votre démocratie » et de « votre
pouvoir ». Le pouvoir des jeunes résiderait
donc dans le vote en faveur des mêmes forces de la
classe dirigeante qui sont responsables des crises
actuelles, qu'il s'agisse de l'échec à subvenir
aux besoins des citoyens pendant la pandémie, des
morts aux mains de la police raciste et de la
violence policière, du chômage, des évictions et
de la pauvreté, ou des catastrophes climatiques et
des guerres d'agression sans fin.
La prétention est que le pouvoir n'est pas
conféré par une action unie collective à la
défense des droits de tous et toutes. Ce que l'on
appelle alors la responsabilité des citoyens n'est
pas de promouvoir et d'harmoniser les intérêts
individuels, collectifs et sociaux pour faire
avancer la société et moderniser la démocratie. Ce
n'est pas de lutter pour une nouvelle direction
pour le pays qui remette les affaires politiques
et économiques entre les mains du peuple. Non, la
responsabilité des jeunes serait de voter pour un
système qui n'a jamais assuré l'égalité ou garanti
les droits de tous, mais qui promet de le faire.
Il y a un désir grandissant parmi les jeunes et
les travailleurs aujourd'hui d'être les décideurs
sur toutes les questions politiques et économiques
qui les touchent. Il y a une volonté de s'investir
du pouvoir de gouverner et de décider. C'est la
nouvelle direction qui peut mener à une démocratie
où tous sont des membres égaux du corps politique
et où il y a reddition de comptes – et non l'impunité, le
racisme et l'inégalité continuels inhérents aux «
principes fondamentaux » de la démocratie à
l'américaine.
La ruse derrière l'effort pour à la fois
détourner et diviser le peuple sur qui élire ou
s'il faut voter ou pas, pour concentrer toutes les
énergies et les ressources sur le vote, est
qu'ensuite c'est le peuple qui sera blâmé pour les
résultats du vote. La question n'est pas de savoir
qui est élu, mais plutôt comment faire progresser
au mieux les luttes actuelles pour les droits et
s'investir du pouvoir, et comment utiliser les
élections pour accentuer ce combat pour le
Nouveau : pour de nouveaux arrangements, une
nouvelle direction, une démocratie qui sera
l'accomplissement du peuple.
(Photo : F. Zuccarella)
Cette élection à la présidence des États-Unis –
une des principales sources de pouvoir et de
ressources pour les oligarques financiers – s'est
transformée en lutte sans merci entre des
coalitions changeantes pendant qu'on persiste à
vouloir convaincre le peuple américain qu'il faut
sauver une démocratie désuète qui ne sert plus
personne. Si d'un côté Trump continue de ne jurer
que par son ordre du jour basé sur « la loi et
l'ordre », Joe Biden, lui, est présenté comme
celui qui peut faire taire le mouvement de
résistance qui fait rage partout au pays et
unifier les factions qui se font la guerre au sein
des cercles dirigeants.
L'administration
Trump a répondu à la demande des oligarques
financiers que le président puisse agir avec
impunité, sans se soucier des lois et des
arrangements constitutionnels existants. Ils
veulent qu'on enlève toute limite à leur capacité
de servir leurs propres intérêts privés étroits.
Pour y arriver, Trump a accepté le rôle qu'on lui
a confié de l'homme de l'extérieur, qui n'est pas
membre de l'« establishment de Washington »,
avec ses accusations de corruption et de
népotisme. « Nous avons mis fin au règne de la
classe politique en faillite », a déclaré Trump.
Cette image était nécessaire dans les conditions
où les institutions actuelles, comme le Congrès,
sont devenues dysfonctionnelles. Tous les efforts
ont été déployés pour mettre fin aux prérogatives
du Congrès et consolider celles du président.
C'est ce qui est aussi ressorti de la Convention
nationale républicaine, où Trump et sa conjointe
sont intervenus à partir de la Maison-Blanche pour
bien faire sentir le pouvoir de la présidence. Il
en va de même pour le secrétaire d'État Mike
Pompeo, dont l'intervention a été faite à partir
de Jérusalem où il y était en visite d'État. Le
secrétaire d'État n'est pas censé intervenir dans
une campagne électorale, encore moins brouiller la
ligne de démarcation entre faire campagne et
gouverner. De telles actions servent à montrer que
les cercles dirigeants ne tentent même plus de
dissimuler qu'ils aient complètement usurpé les
prérogatives du gouvernement pour servir leurs
intérêts privés. Il n'y a plus de ligne de
démarcation, si ligne de démarcation il y a eu, ni
de considération pour ce qui dans le passé
constituait « le public » ou un gouvernement
au service d'un « bien public ».
Biden et la convention démocrate ont dit très peu
de choses sur le rôle du Congrès et, comme Trump,
Biden a souligné le rôle décisif de la présidence.
Il a aussi montré qu'il est « digne de
confiance », puisque loyal au statu quo et en
mesure, lui aussi, de se servir de la présidence
pour accorder des ressources illimitées aux
oligarques tout en écartant le peuple du pouvoir.
« Aucune des questions que je soulève ne va à
l'encontre d'un libre marché ni du
capitalisme », a déclaré Biden. Il a annoncé
des plans pour verser plus d'un billion de dollars
par le biais de subsides gouvernementaux aux
oligarques de la production de guerre basée sur
l'industrie de l'automobile et de l'acier. Il a
promis d'énormes montants puisés à même les fonds
publics aux financiers privés pour que ceux-ci
puissent rembourser leurs dettes.
Parmi les sujets des discours de Biden, on
trouve : « Nous devons unir
l'Amérique. »; « Si nous ne réussissons pas à
unir l'Amérique, nous sommes cuits, nous sommes
morts ». « J'ai toujours soutenu que
l'Amérique donne sa pleine mesure quand nous
agissons comme une seule nation, une seule
Amérique. »
Vraisemblablement,
les personnes qui manifestent par millions et les
nombreux millions de personnes qui les appuient ne
perçoivent pas leur Amérique, leur lutte pour un
changement qui est favorable au peuple, comme
étant « cuite » ou « morte ». Cette
préoccupation morbide de la défaite et de la mort
provient plutôt des conflits et des divisions qui
s'exacerbent dans les rangs des cercles
dirigeants, y compris la possibilité d'une guerre
civile violente. Biden veut passer pour le
champion qui peut unir la bureaucratie militaire
et mettre fin aux divisions entre les
représentants fédéraux, des États et locaux, et
entre les agences policières. Il pense ainsi se
démarquer de Trump qui n'a pas réussi à cet égard,
s'étant contenté de répéter tout simplement que
tout peut être réglé en recourant à la répression
et en invoquant la loi et l'ordre. Le hic,
évidemment, est comment compte-t-il accomplir tous
ces miracles. Il martèle qu'il va apporter des
réformes au système pénal, garantir la sécurité du
vote et la cybersécurité pendant l'élection. Il
prétend qu'en remettant d'abord la démocratie sur
ses pieds aux États-Unis, il pourra ensuite le
faire dans le monde également.
L'image qu'il projette de quelqu'un qui « peut
unir » laisse entendre qu'il va d'abord se
consacrer à l'unité des autorités industrielles et
civiles, comme celles des États et des villes. Le
choix de Kamala Harris comme vice-présidente sert
cet objectif dans une certaine mesure. On espère
que ses nombreux liens parmi les procureurs
généraux des États et les agences policières et sa
connaissance du milieu aideront à unir
pacifiquement les forces locales et des États sous
un leadership fédéral.
En se présentant comme une force loyale et digne
de confiance pour la défense du statu quo, Biden
se garde bien de dire que ce qu'il propose ne va
pas au-delà d'offrir des possibilités pour ce qui
est des citoyens américains. Il répète que chacun
mérite « au moins une chance » et qu'il
s'assurera ce que soit bien « tout le monde »
et pas seulement quelques-uns. « Le temps est venu
d'imaginer et de bâtir une nouvelle économie
américaine pour nos familles et pour nos
communautés, une économie qui donne à chaque
Américain la chance d'obtenir un rendement
équitable pour son travail et la même chance que
tout le monde de trouver sa place », dit
Biden.
En effet, les gens veulent une nouvelle direction
pour l'économie qui permette de placer les droits
des citoyens au centre, tels que le droit à la
santé, à l'éducation, à un moyen de subsistance et
à un logement pour tous, en opposition à un simple
« accès » ou « possibilité », ce qui ne
veut rien dire sinon tout simplement répéter ce
qui est au coeur du « rêve américain » en
faillite. Biden lui-même affirme que « plus
de 56 % des Américains pensent que leurs
enfants n'atteindront jamais le niveau de vie
qu'ils ont connu ». Les gens en arrivent
eux-mêmes à cette conclusion sur la base de leur
expérience réelle qui montre que les relations
économiques et politiques actuelles ne peuvent
garantir l'égalité et le droit de décider des
questions comme les agissements de la police, la
santé, la guerre et la paix, mais cette réalité-là
n'intéresse pas du tout Biden.
Le « rêve
américain » des dirigeants américains est en
lambeaux. L'« Amérique » avec laquelle les
Américains ont grandi a montré ses vraies couleurs
comme jamais auparavant lors de l'agression « choc
et effroi » contre l'Irak, avec les camps de
torture du régime Bush qui ont montré l'essence de
la démocratie, de la liberté et des droits de
cette Amérique.
L'administration Obama ne leur a pas permis de
surmonter l'humiliation puisqu'ils ont ensuite
perdu leurs maisons lorsque la bulle immobilière a
éclaté et que la réponse d'Obama a été de secourir
les criminels de Wall Street. La doctrine d'Obama
de la guerre des drones pour assassiner des civils
innocents dans des pays lointains au nom de la
capture de terroristes et du sauvetage de vies
américaines n'a pas restauré la foi dans le rêve
américain. Obama est par ailleurs devenu l'«
expulseur en chef », établissant une tyrannie
que Donald Trump a poussée encore plus loin. Les
prétentions du camp de Biden qu'il atteindra les
mêmes objectifs, mais de façon plus « juste »
sont également vouées à l'échec. Il propose par
exemple des logements sociaux et répète qu'il y
aura des millions d'« emplois syndiqués et bien
rémunérés ». C'est le même vieux discours usé
à la corde.
Tant que les citoyens n'ont pas un rôle dans les
prises de décision sur l'utilisation des fonds
d'investissement massifs promis par le
gouvernement fédéral et sur qui paiera pour ces
dépenses, tant que le droit au logement et à
l'emploi n'est pas garanti, tout cela n'est que du
vent.
Biden tente de détourner l'attention de la
réalité actuelle où un groupe de plus en plus
minuscule d'oligarques puissants a usurpé le
pouvoir et utilise les gouvernements entièrement à
ses propres fins privées étroites, lesquelles sont
directement contraires aux intérêts des peuples
des États-Unis et du monde. Cette vieille notion
de l'égalité des chances comme solution est bel et
bien morte et n'est guère apte à étouffer les
mouvements d'affirmation des peuples qui veulent
se gouverner eux-mêmes et décider eux-mêmes de
tout ce qui les concerne.
Comme le dit l'Américain averti, il faut être
endormi pour croire au rêve américain.
(Photos : VOR, L. Bloom)
De la presse du Parti sur la
signification de l'élection
présidentielle américaine de 2016
Des étudiants du secondaire de Berkeley, en
Californie, débraient pour protester contre
l'élection de Trump le 9 novembre 2016.
L'article qui suit a été publié dans LML
du 12 novembre 2016 au lendemain de
l'élection présidentielle qui a porté Donald
Trump à la présidence des États-Unis. Il permet
de voir ce que le Parti avait prédit.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) considère que l'élection de
Donald Trump à la présidence des États-Unis
le 8 novembre signifie que la nouvelle
administration américaine représentera l'exercice
du pouvoir des oligopoles par les pouvoirs
policiers sans limites. Cette élection a plongé
les peuples des États-Unis et du monde dans une
situation encore plus dangereuse qu'avant.
Le 5 novembre, à
quelques jours de l'élection, le PCC(M-L)
écrivait :
« ...la campagne a révélé à quel point l'État et
le système de gouvernance américains opèrent par
la corruption et la coercition et à quel point le
peuple est privé de pouvoir politique ». Il
notait que l'effort pour priver le peuple du
pouvoir est « l'autre aspect très important du
pouvoir d'État entre les mains de l'oligarchie
financière. L'élite impérialiste dominante
parvient à priver le peuple du pouvoir en le
privant d'une conception du monde, d'une façon de
voir l'ensemble des problèmes posés pour qu'on
puisse calmement les démêler et leur trouver des
solutions. »
La même chose vaut pour ce qui est de l'analyse
des résultats de l'élection. Tout est fait pour «
priver le peuple d'une conception du monde, d'une
façon de voir l'ensemble des problèmes posés pour
qu'on puisse calmement les démêler et leur trouver
des solutions ».
Quels sont les verdicts de cette élection selon
l'élite impérialiste dominante ? Pour le camp
Clinton, le verdict est que c'est l'apocalypse
annoncée et que les valeurs et la vision d'Hillary
Clinton sont la seule chose qui nous sépare de
l'apocalypse, comme elle l'a dit durant la
campagne. Le camp Trump, lui, prétend avoir créé
un « mouvement » anti-establishment qui veut
s'attaquer aux problèmes de l'économie et «
arrêter de perdre notre temps ». Les deux
camps s'entendent pour dire que maintenant que
l'élection est terminée, tous doivent se rallier
au devoir de la Constitution, celui d'assurer une
transition en douce et d'unir l'Amérique.
Clinton ne concède rien pendant que Trump
entreprend de « redonner à l'Amérique sa gloire
perdue »
Mise à part la
présidence, Hillary Clinton n'a rien concédé dans
son discours de concession, pas même sa défaite.
Bien qu'elle n'ait pas réussi à unir l'Amérique
derrière sa vision et ses valeurs, elle a dit
qu'elle continuera de défendre cette vision
et ces valeurs et a appelé ses partisans à le
faire aussi. C'est la vision qui utilise
l'agression et la guerre comme tactique de
négociation, qui blâme la Chine pour le déclin de
l'économie américaine et qui fait de la Russie
l'ennemi principal des États-Unis. Elle est captée
dans cette expression utilisée durant l'élection,
que les États-Unis sont « la nation
indispensable », qui laisse entendre que
toutes les autres ne le sont pas. Cette vision a
également été exprimée par Hillary Clinton
en 2008 lorsqu'elle a dit que les États-Unis
pouvaient « effacer l'Iran de la carte » et
en 2011 lorsqu'elle a accueilli la nouvelle
de l'assassinat du leader libyen Mouammar Kadhafi
en disant : « Nous sommes venus, nous avons
vu, il est mort. »
Dans son discours de victoire, Donald Trump a
pris le soin de mentionner que plusieurs généraux
l'ont appuyé, comme l'ont fait aussi la National
Rifle Association, Rudolph Giuliani, qui était
maire de New York lors des attentats du 11
septembre 2011, et d'autres comme lui qui
sont en faveur des pouvoirs policiers déchaînés
que Trump considère nécessaires pour « redonner à
l'Amérique sa gloire perdue ». Les principaux
arguments de sa campagne étaient que le système
américain est brisé ou truqué, que la position des
États-Unis dans le monde a été affaiblie et que
seulement un président avec une personnalité forte
comme lui peut remettre l'Amérique dans le droit
chemin. Sa stratégie est d'être « engagé » et
que tout est dans l'art de conclure un accord. Le
soir de la victoire, il a dit : « J'ai passé
ma vie dans le monde des affaires et j'ai remarqué
trop de projets et de gens au potentiel inexploité
partout sur la planète » et « c'est ce que je
m'engage à faire pour notre pays ».
Il faut blâmer l'État et non le peuple pour le
racisme, le sexisme et la conception du monde
anti-classe ouvrière
Après l'élection, la section des médias et des
experts, commentateurs et célébrités qui se
prétendent progressistes et civilisés a fait
l'étalage de stéréotypes racistes, sexistes et
antiouvriers, qu'elle attribue à Trump. Selon
elle, les États-Unis sont divisés entre les gens
instruits et les gens non instruits et c'est « la
classe ouvrière blanche » qui est à blâmer
pour la défaite de Clinton. Dans le stéréotype
propagé, la classe ouvrière américaine est en gros
constituée de tous ceux qui n'ont pas de diplôme
collégial et la « classe ouvrière
blanche » raciste, sexiste,
suprémaciste, xénophobe, arriérée, non instruite
et non civilisée. Les êtres humains sont des
catégories de choses et non des personnes dans ce
stéréotype.
Tout est fait pour
cacher que c'est l'État américain qui est
antiouvrier, sexiste, raciste et anti-immigrant,
et profondément anticommuniste, et c'est la raison
pour laquelle on blâme la classe ouvrière pour la
défaite de Clinton.
Pendant ce temps, les individus et les
organisations suprémacistes qui agissent
spontanément ou à l'instigation de l'État, toutes
sortes d'individus déséquilibrés ou psychopathes,
ont le feu vert pour déverser leur haine
personnelle et exorciser leurs cauchemars
psychopathiques. C'est autorisé par le discours
grossier et incendiaire de style télé-réalité qu'a
tenu Donald Trump durant la campagne électorale et
par la promotion incessante qu'en ont faite les
médias américains, et sans moindre mesure par le
camp Clinton. Le camp Clinton a dépensé deux fois
plus d'argent que le camp Trump pour répandre
cette image parmi l'électorat américain. Et ce
sont les médias et l'entourage de Clinton qui
usent maintenant de tous les épithètes pour
présenter les travailleurs américains qui ont voté
pour Trump comme des fanatiques et des ignorants
qui foulent aux pieds les droits des citoyens et
résidents des États-Unis.
Il ne convient pas à ceux qui consacrent toutes
leurs énergies à combattre pour les droits de tous
et toutes de se laisser prendre par cette
propagande officielle qui traite les gens comme
des catégories de choses et sur cette base divise
le corps politique.
Soutenons la classe ouvrière et le peuple
américains dans leurs efforts pour s'investir du
pouvoir et défendre les droits de tous et toutes
Le PCC(M-L) dénonce
les attaques lancées contre différentes sections
de la population américaine depuis l'élection,
tant les attaques spontanées que celles instiguées
par un État rongé par la crise qui vient de se
donner un feu vert pour gouverner par les pouvoirs
policiers non entravés. Les pouvoirs policiers ne
reconnaissent pas les membres du corps politique
qui constituent la société civile et un
gouvernement des lois. Ils ne reconnaissent pas
les droits qui reviennent à tous les membres du
corps politique, sans parler des droits qui
appartiennent à tous et toutes du fait qu'ils sont
des êtres humains. Les pouvoirs policiers ne
reconnaissent que des catégories de «
choses » à punir de différentes manières.
Dans les différents scénarios qu'on peut voir
depuis quelque temps, tous les Américains
appartiennent à des catégories : «
voyous », « contestataires », « faiseurs
de trouble », « ennemis étrangers », «
noirs », « Latinos », «
Hispaniques », « musulmans », «
terroristes », « détraqués » et autres
catégories qui servent à les déshumaniser et à les
laisser en proie aux abus.
Le PCC(M-L) profite de l'occasion pour exprimer
sa sympathie avec celles et ceux qui, aux
États-Unis, sont la cible d'attaques racistes,
antiouvrières et anti-peuple et qui mènent une
résistance courageuse en disant au monde entier
que ce n'est pas leur démocratie, que Trump n'est
pas leur président et que les attaques lancées ne
sont « pas en mon nom ».
À titre
d'information
Les élections de 2020 aux États-Unis sont
des élections présidentielles. Elles sont aussi
des élections pour l'ensemble de la Chambre des
représentants dont les 435 membres ont des
mandats de deux ans, et pour le tiers du Sénat qui
représente 100 membres ayant chacun un mandat
de six ans. Le nombre de représentants à la
Chambre est proportionnel au poids démographique
de l'État, tandis que chaque État a deux
sénateurs.
Le Bureau du président, le principale source de
pouvoir pour les oligarques dirigeants, est le
véritable centre d'intérêt. C'est là que résident
les pouvoirs de police et le contrôle du cabinet
et de ses nombreuses agences policières. Le
président Trump cherche à obtenir un deuxième
mandat de quatre ans et l'ancien vice-président
Joe Biden cherche à le remplacer. Les candidats à
la vice-présidence, Mike Pence et Kamala Harris,
ne sont pas élus, mais plutôt choisis par les
candidats présidentiels et entrent en fonction dès
que le candidat de leur camp est élu président.
Le caractère inéquitable du processus électoral
aux États-Unis est évident lorsqu'on considère
qu'il y a 22 autres candidats, dont la
plupart sont inconnus des électeurs. Aussi, ce
n'est pas tout le monde qui peut voter pour l'un
d'entre eux. Ces candidats ont été tenus à l'écart
des débats par la Commission présidentielle,
composée seulement de démocrates et de
républicains et qui fait partie du système cartel
de partis qui décourage et empêche la
participation de tous les autres. Des débats avec
la participation de tous les candidats n'existent
tout simplement pas. En raison de diverses
restrictions et exigences dans chaque État, ils ne
peuvent participer au scrutin. Il leur faut des
ressources humaines et financières immenses pour
se retrouver sur le bulletin de vote. Certains
États exigent des dizaines de milliers de
signatures qui doivent être obtenues dans une
période extrêmement restreinte. Par conséquent, au
Vermont et au Colorado, il y a 21 candidats
sur le bulletin de vote, au Arkansas et en
Louisiane, il y en a 13 respectivement tandis
que tous les autres États ont moins de treize
candidats. Dans douze États, il y a seulement
trois candidats sur le bulletin de vote.
Les candidats sont aussi désavantagés par le
système majoritaire uninominal à un tour aux
États-Unis, adopté dans presque tous les États
(seulement le Maine et le Nebraska ont la
représentation proportionnelle, répartissant les
votes électoraux en fonction du total de votes
pour chaque candidat dans les districts
électoraux). Ce système va de pair avec le Collège
électoral, qui est détenu par les démocrates et
les républicains, où le nombre de votes par État
est proportionnel au poids démographique de chaque
État. Au Collège électoral, le candidat ayant le
plus de votes peut tout de même perdre, comme
c'est arrivé en 2016. Les votes du Collège
électoral d'un État sont accordés au candidat qui
obtient une majorité simple – non pas une majorité
des électeurs éligibles, mais une majorité simple.
Pour remporter l'élection, 270 votes des Collèges
électoraux sont requis.
En 2020, seulement deux autres candidats ont
réussi à être inscrits au scrutin dans
suffisamment d'États pour remporter la victoire au
niveau du Collège électoral. Il s'agit de Howie
Hawkins du Parti vert et Jo Jorgensen des
Libertaires. Hawkins s'est qualifié dans 47
États, dont 17 États par la méthode du «
write in ». Les deux candidats ont eu accès
au scrutin dans des États ayant des nombres élevés
de votes électoraux, tels qu'en Californie, en
Illinois, au Michigan, au Ohio, au Massachusetts,
à New York, en Floride et au Texas. Hawkins a été
écarté du scrutin en Pennsylvanie par les
démocrates qui ont contesté ses signatures, tandis
que Jorgenson, lui, y participe toujours. Le choix
des candidats par « write-in » veut dire que
leur nom n'est pas sur le bulletin de vote, mais
qu'ils se sont qualifiés en tant que candidats non
inscrits et que les électeurs peuvent ajouter leur
nom par écrit, pourvu qu'il soit écrit
correctement et au complet.
En outre, sept autres candidats se sont qualifiés
pour le scrutin dans cinq États ou plus : Don
Blankenship du Parti constitutionnel s'est
qualifié dans 22 États, dont 4 par «
write-in »; Brian T. Carroll du Parti de
solidarité américaine dans 23 États,
dont 15 par « write-in »; Roque De La
Fuente du Parti Alliance dans 18 États,
dont 3 par « write-in »; Alyson Kennedy
du Parti socialiste des travailleurs, dans six
États; Gloria La Riva, du Parti pour le socialisme
et la libération dans 22 États, dont 7
par « write-in »; Brock Pierce, Indépendant,
dans 20 États, dont 4 par «
write-in »; Kanye West, Indépendant,
dans 16 États, dont 4 par «
write-in ».
La Chambre et le Sénat
Présentement, à la Chambre des représentants,
ceux qu'on appelle les démocrates constituent la
majorité, avec 232 sièges, alors que 218
sièges constituent la majorité des votes dans la
Chambre de 435 membres. Ceux qu'on appelle
républicains détiennent 197 sièges. On
s'attend à ce que les démocrates conservent leur
majorité et qu'ils puissent même l'accroître. Bien
que les membres de la Chambre aient des mandats de
deux ans, la grande majorité est réélue de façon
routinière. Lors des élections à la Chambre des
représentants de 2018, par exemple, il y n'y
a eu que 89 nouveaux membres, plus que
normalement. Le nombre de femmes – 101, le nombre
le plus élevé de tous les temps – reflète les
efforts exercés par celles-ci pour jouer un rôle
plus important dans la vie politique du pays.
Au Sénat, il y a présentement 53
républicains et 47 démocrates (dont 2, y
compris Bernie Sanders, sont inscrits en tant
qu'indépendants bien qu'ils votent pour les
démocrates). Il y a 9 nouveaux sénateurs
et 26 femmes sénatrices, ce qui est aussi
sans précédent, dont certaines peuvent être
réélues. Les démocrates défendent 12 sièges,
et les républicains, 23. Aucun autre parti n'est
représenté au Congrès.
Un autre exemple du caractère inéquitable des
élections est l'ampleur du microciblage auquel on
se prête actuellement. Dans certains États tels
New York et la Californie, les gens ne verront
aucune campagne ni publicité puisque ces États
sont perçus comme des États « gagnés
d'avance » par l'un ou l'autre des candidats.
Cependant, dans d'autres États, des centaines de
milliards de dollars sont investis dans la
publicité à la télévision, sur Facebook et sur
d'autres réseaux. Les principaux États perçus
comme des États dits « clés » dans la course
à la présidence sont la Floride, la Géorgie, la
Pennsylvanie, l'Ohio, le Michigan, le Wisconsin,
le Minnesota et l'Arizona. Dans la course au
Sénat, quelques-uns des 35 États dans la
course électorale sont ciblés. Les démocrates
tentent de l'emporter notamment dans 4 États
présentement aux mains des républicains. Parmi
eux, il y a l'Iowa, le Montana, l'Idaho,
l'Arizona, la Caroline du Nord et du Sud et le
Maine. Trois des sièges démocrates au Sénat qui
sont ciblés sont au Minnesota, au Michigan et au
New Hampshire. On peut constater qu'il ne s'agit
pas d'élections nationales, où les électeurs sont
tous sur un pied d'égalité, mais plutôt
d'élections conflictuelles, par lesquelles des
États et même des districts spécifiques sont
ciblés.
Parmi les courses les plus importantes pour des
sièges sénatoriaux qui appartiennent tous aux
républicains, où des sommes « sans
précédent » d'argent sont investies par les
deux candidats, mentionnons :
- l'Iowa, où la républicaine Joni Ernst, élue
en 2014 et perçue comme une alliée clé de
Trump et qui est intervenue en sa faveur lors de
la convention républicaine, se présente contre
Theresa Greenfield, qui n'a jamais été élue au
gouvernement. Avant l'élection d'Ernst, les deux
sénateurs d'Iowa avaient été en poste pendant plus
de 30 ans.
- la Caroline du Nord : le sénateur Thom
Tillis, pour qui c'était le premier mandat, tout
comme pour Ernst, se présente contre Cal
Cunningham, un officier réserviste de l'armée qui
n'a jamais été élu au gouvernement. Cette course
pour le Sénat pourrait être la plus dispendieuse
de l'histoire. Le vice-président Pence fait
campagne pour Tillis et les deux participent
régulièrement aux événements de Trump.
- la Caroline du Sud : Lindsey Graham, qui
est sénateur depuis 2003, se présente contre
l'Afro-américain Jaime Harrison. Celui-ci n'a
jamais été élu au gouvernement, mais a été
président du Parti démocrate en Caroline du Sud
de 2013 à 2017. Graham détient un
pouvoir non négligeable au sein du Sénat en tant
que président du Comité judiciaire et membre des
comités budgétaires, des crédits et des relations
étrangères.
- le Maine : la sénatrice Susan Collins,
élue au Sénat en 1997, se présente contre
Sara Gideon, présentement présidente de la Chambre
pour le Maine. C'est aussi parmi l'une des courses
les plus dispendieuses. Jusqu'ici, plus
de 150 millions de dollars ont été dépensés,
avec Gideon bien en avance pour ce qui est des
dépenses.
Il est important de souligner que le Sénat et la
Chambre sont devenus en pratique des instances de
consultation, où les principales lois stagnent et
où le budget ne sert plus à régler les différends
mais, au contraire, exacerbe les divisions et
engendre des fermetures des opérations du
gouvernement. Aussi, on ne peut plus parler des
démocrates et des républicains comme de partis
politiques, ayant une cohésion et une
préoccupation pour le public et ses intérêts, mais
plutôt comme faisant partie d'un cartel qui sert
des intérêts privés étroits. C'est ce qui a sauté
aux yeux lors du premier débat présidentiel et de
la campagne négative assourdissante, où des
milliards de dollars ont été dépensés pour
discréditer l'opposition plutôt que de traiter sur
une base politique des problèmes auxquels la
société fait face. C'est une façon de faire que le
public déteste tout à fait.
Le pouvoir, y compris les pouvoirs de police
massifs et leur contrôle sur les questions de
guerre et de paix, est concentré dans le Bureau du
président, qui est le trophée pour lequel
s'entredéchirent les factions rivales
d'oligarques.
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