À titre d'information

Au sujet des élections

Les élections de 2020 aux États-Unis sont des élections présidentielles. Elles sont aussi des élections pour l'ensemble de la Chambre des représentants dont les 435 membres ont des mandats de deux ans, et pour le tiers du Sénat qui représente 100 membres ayant chacun un mandat de six ans. Le nombre de représentants à la Chambre est proportionnel au poids démographique de l'État, tandis que chaque État a deux sénateurs.

Le Bureau du président, le principale source de pouvoir pour les oligarques dirigeants, est le véritable centre d'intérêt. C'est là que résident les pouvoirs de police et le contrôle du cabinet et de ses nombreuses agences policières. Le président Trump cherche à obtenir un deuxième mandat de quatre ans et l'ancien vice-président Joe Biden cherche à le remplacer. Les candidats à la vice-présidence, Mike Pence et Kamala Harris, ne sont pas élus, mais plutôt choisis par les candidats présidentiels et entrent en fonction dès que le candidat de leur camp est élu président.

Le caractère inéquitable du processus électoral aux États-Unis est évident lorsqu'on considère qu'il y a 22 autres candidats, dont la plupart sont inconnus des électeurs. Aussi, ce n'est pas tout le monde qui peut voter pour l'un d'entre eux. Ces candidats ont été tenus à l'écart des débats par la Commission présidentielle, composée seulement de démocrates et de républicains et qui fait partie du système cartel de partis qui décourage et empêche la participation de tous les autres. Des débats avec la participation de tous les candidats n'existent tout simplement pas. En raison de diverses restrictions et exigences dans chaque État, ils ne peuvent participer au scrutin. Il leur faut des ressources humaines et financières immenses pour se retrouver sur le bulletin de vote. Certains États exigent des dizaines de milliers de signatures qui doivent être obtenues dans une période extrêmement restreinte. Par conséquent, au Vermont et au Colorado, il y a 21 candidats sur le bulletin de vote, au Arkansas et en Louisiane, il y en a 13 respectivement tandis que tous les autres États ont moins de treize candidats. Dans douze États, il y a seulement trois candidats sur le bulletin de vote.

Les candidats sont aussi désavantagés par le système majoritaire uninominal à un tour aux États-Unis, adopté dans presque tous les États (seulement le Maine et le Nebraska ont la représentation proportionnelle, répartissant les votes électoraux en fonction du total de votes pour chaque candidat dans les districts électoraux). Ce système va de pair avec le Collège électoral, qui est détenu par les démocrates et les républicains, où le nombre de votes par État est proportionnel au poids démographique de chaque État. Au Collège électoral, le candidat ayant le plus de votes peut tout de même perdre, comme c'est arrivé en 2016. Les votes du Collège électoral d'un État sont accordés au candidat qui obtient une majorité simple – non pas une majorité des électeurs éligibles, mais une majorité simple. Pour remporter l'élection, 270 votes des Collèges électoraux sont requis.

En 2020, seulement deux autres candidats ont réussi à être inscrits au scrutin dans suffisamment d'États pour remporter la victoire au niveau du Collège électoral. Il s'agit de Howie Hawkins du Parti vert et Jo Jorgensen des Libertaires. Hawkins s'est qualifié dans 47 États, dont 17 États par la méthode du « write in ». Les deux candidats ont eu accès au scrutin dans des États ayant des nombres élevés de votes électoraux, tels qu'en Californie, en Illinois, au Michigan, au Ohio, au Massachusetts, à New York, en Floride et au Texas. Hawkins a été écarté du scrutin en Pennsylvanie par les démocrates qui ont contesté ses signatures, tandis que Jorgenson, lui, y participe toujours. Le choix des candidats par « write-in » veut dire que leur nom n'est pas sur le bulletin de vote, mais qu'ils se sont qualifiés en tant que candidats non inscrits et que les électeurs peuvent ajouter leur nom par écrit, pourvu qu'il soit écrit correctement et au complet.

En outre, sept autres candidats se sont qualifiés pour le scrutin dans cinq États ou plus : Don Blankenship du Parti constitutionnel s'est qualifié dans 22 États, dont 4 par « write-in »; Brian T. Carroll du Parti de solidarité américaine dans 23 États, dont 15 par « write-in »; Roque De La Fuente du Parti Alliance dans 18 États, dont 3 par « write-in »; Alyson Kennedy du Parti socialiste des travailleurs, dans six États; Gloria La Riva, du Parti pour le socialisme et la libération dans 22 États, dont 7 par « write-in »; Brock Pierce, Indépendant, dans 20 États, dont 4 par « write-in »; Kanye West, Indépendant, dans 16 États, dont 4 par « write-in ».

La Chambre et le Sénat

Présentement, à la Chambre des représentants, ceux qu'on appelle les démocrates constituent la majorité, avec 232 sièges, alors que 218 sièges constituent la majorité des votes dans la Chambre de 435 membres. Ceux qu'on appelle républicains détiennent 197 sièges. On s'attend à ce que les démocrates conservent leur majorité et qu'ils puissent même l'accroître. Bien que les membres de la Chambre aient des mandats de deux ans, la grande majorité est réélue de façon routinière. Lors des élections à la Chambre des représentants de 2018, par exemple, il y n'y a eu que 89 nouveaux membres, plus que normalement. Le nombre de femmes – 101, le nombre le plus élevé de tous les temps – reflète les efforts exercés par celles-ci pour jouer un rôle plus important dans la vie politique du pays.

Au Sénat, il y a présentement 53 républicains et 47 démocrates (dont 2, y compris Bernie Sanders, sont inscrits en tant qu'indépendants bien qu'ils votent pour les démocrates). Il y a 9 nouveaux sénateurs et 26 femmes sénatrices, ce qui est aussi sans précédent, dont certaines peuvent être réélues. Les démocrates défendent 12 sièges, et les républicains, 23. Aucun autre parti n'est représenté au Congrès.

Un autre exemple du caractère inéquitable des élections est l'ampleur du microciblage auquel on se prête actuellement. Dans certains États tels New York et la Californie, les gens ne verront aucune campagne ni publicité puisque ces États sont perçus comme des États « gagnés d'avance » par l'un ou l'autre des candidats. Cependant, dans d'autres États, des centaines de milliards de dollars sont investis dans la publicité à la télévision, sur Facebook et sur d'autres réseaux. Les principaux États perçus comme des États dits « clés » dans la course à la présidence sont la Floride, la Géorgie, la Pennsylvanie, l'Ohio, le Michigan, le Wisconsin, le Minnesota et l'Arizona. Dans la course au Sénat, quelques-uns des 35 États dans la course électorale sont ciblés. Les démocrates tentent de l'emporter notamment dans 4 États présentement aux mains des républicains. Parmi eux, il y a l'Iowa, le Montana, l'Idaho, l'Arizona, la Caroline du Nord et du Sud et le Maine. Trois des sièges démocrates au Sénat qui sont ciblés sont au Minnesota, au Michigan et au New Hampshire. On peut constater qu'il ne s'agit pas d'élections nationales, où les électeurs sont tous sur un pied d'égalité, mais plutôt d'élections conflictuelles, par lesquelles des États et même des districts spécifiques sont ciblés.

Parmi les courses les plus importantes pour des sièges sénatoriaux qui appartiennent tous aux républicains, où des sommes « sans précédent » d'argent sont investies par les deux candidats, mentionnons :

- l'Iowa, où la républicaine Joni Ernst, élue en 2014 et perçue comme une alliée clé de Trump et qui est intervenue en sa faveur lors de la convention républicaine, se présente contre Theresa Greenfield, qui n'a jamais été élue au gouvernement. Avant l'élection d'Ernst, les deux sénateurs d'Iowa avaient été en poste pendant plus de 30 ans.

- la Caroline du Nord : le sénateur Thom Tillis, pour qui c'était le premier mandat, tout comme pour Ernst, se présente contre Cal Cunningham, un officier réserviste de l'armée qui n'a jamais été élu au gouvernement. Cette course pour le Sénat pourrait être la plus dispendieuse de l'histoire. Le vice-président Pence fait campagne pour Tillis et les deux participent régulièrement aux événements de Trump.

- la Caroline du Sud : Lindsey Graham, qui est sénateur depuis 2003, se présente contre l'Afro-américain Jaime Harrison. Celui-ci n'a jamais été élu au gouvernement, mais a été président du Parti démocrate en Caroline du Sud de 2013 à 2017. Graham détient un pouvoir non négligeable au sein du Sénat en tant que président du Comité judiciaire et membre des comités budgétaires, des crédits et des relations étrangères.

- le Maine : la sénatrice Susan Collins, élue au Sénat en 1997, se présente contre Sara Gideon, présentement présidente de la Chambre pour le Maine. C'est aussi parmi l'une des courses les plus dispendieuses. Jusqu'ici, plus de 150 millions de dollars ont été dépensés, avec Gideon bien en avance pour ce qui est des dépenses.

Il est important de souligner que le Sénat et la Chambre sont devenus en pratique des instances de consultation, où les principales lois stagnent et où le budget ne sert plus à régler les différends mais, au contraire, exacerbe les divisions et engendre des fermetures des opérations du gouvernement. Aussi, on ne peut plus parler des démocrates et des républicains comme de partis politiques, ayant une cohésion et une préoccupation pour le public et ses intérêts, mais plutôt comme faisant partie d'un cartel qui sert des intérêts privés étroits. C'est ce qui a sauté aux yeux lors du premier débat présidentiel et de la campagne négative assourdissante, où des milliards de dollars ont été dépensés pour discréditer l'opposition plutôt que de traiter sur une base politique des problèmes auxquels la société fait face. C'est une façon de faire que le public déteste tout à fait.

Le pouvoir, y compris les pouvoirs de police massifs et leur contrôle sur les questions de guerre et de paix, est concentré dans le Bureau du président, qui est le trophée pour lequel s'entredéchirent les factions rivales d'oligarques.

(Voice of Revolution)

SUPPLÉMENT


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 68 - 1er novembre 2020

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