Le Marxiste-Léniniste

Numéro 5 - 16 février 2019

Opposition à l'offensive antisociale en Ontario

La définition néolibérale du «choix» pour les étudiants du gouvernement Ford


Le 4 février 2019 à Toronto durant la Journée d'action panontarienne

Journée d'action du 4 février


Justice pour les peuples autochtones

Les marches commémoratives des femmes rendent hommage aux femmes et filles autochtones disparues et assassinées

Une coalition pour les droits publie un plan d'action national pour mettre fin à la violence faite aux femmes et filles autochtones

Extraits du Plan d'action national

La première nation de Cat Lake exige une intervention d'urgence des gouvernements face à la crise du logement

Lettre du chef de Cat Lake au ministre des
Services aux Autochtones


Ne touchez pas au Venezuela!

Les États-Unis préparent une intervention militaire
sous prétexte d'aide humanitaire

- Margaret Villamizar -
Des responsables vénézuéliens découvrent une importante
cache d'armes dissimulée dans une cargaison « d'aide »
provenant des États-Unis

Le président appelle au dialogue, à la compréhension et au respect

Des pays lancent une initiative à la défense du Venezuela et de la Charte des Nations unies


Déclarations
Lettre ouverte au peuple des États-Unis

- Nicolás Maduro, président du Venezuela -

Il est urgent de stopper l'aventure militaire impérialiste
contre le Venezuela

- Déclaration du Gouvernement révolutionnaire de Cuba -

Le président mexicain déclare que la Constitution
définit la position de son pays


Commentaire
La liberté de presse à la Trudeau-Freeland

- Tony Seed -


États-Unis

Retirez toutes les troupes et les drones de la frontière: Notre sécurité est dans notre lutte pour les droits de tous

- Voice of Revolution -


55e conférence annuelle de Munich sur la sécurité

L'effondrement des arrangements de la guerre froide et de la démocratie libérale créent une crise à la conférence de guerre

- Nick Lin -

La Conférence sur la cybersécurité à Munich également




Opposition à l'offensive antisociale en Ontario

La définition néolibérale du «choix» pour les étudiants du gouvernement Ford


Toronto, 25 janvier 2019

En Ontario, au nom de la défense des droits individuels, le gouvernement Ford introduit rapidement des mesures qui ciblent les organisations des travailleurs, des étudiants, des enseignants, des infirmières et d’autres professionnels qui défendent leurs intérêts collectifs. Le gouvernement affirme que les organisations qui expriment des droits collectifs bloquent l'affirmation des droits individuels. À ces attaques il faut une réponse collective de tous les collectifs du peuple. Les étudiants luttent contre cet assaut contre leurs associations et fédérations et défendent la vision moderne que l'éducation est un droit pour tous. Ils voient la nécessité de s'opposer aux tentatives du gouvernement Ford de faire reculer la société encore plus en cherchant à éliminer la voix collective des les jeunes et les étudiants du système d’enseignement postsecondaire. Les mesures antisociales du gouvernement Ford qui attaquent le droit à l'éducation pour tous et la voix collective des étudiants doivent être défaites.

À la base des attaques du gouvernement Ford contre les jeunes et les étudiants il y a l'offensive idéologique selon laquelle les droits collectifs violent les droits individuels. Pour arriver à ses fins au niveau postsecondaire, le gouvernement a pris des mesures visant à détruire les organisations indépendantes des étudiants, en particulier les associations étudiantes actuelles.

La mesure pour rendre volontaire les « frais afférents non essentiels » vise spécifiquement les associations et clubs étudiants et leur capacité de fonctionner et de mobiliser les étudiants en opposition à la direction imposée sur les campus. Elle attaque de facto les organisations étudiantes actuelles sur les campus en tentant de semer le chaos en réduisant et en éliminant de façon draconienne leur financement.

Le gouvernement prétend que donner aux étudiants la « liberté de choisir » de verser ou non des cotisations à leur propre organisation est un acte qui les « investit de pouvoir ». Cette mesure s'inspire des attaques du « droit de travailler » menées contre les syndicats aux États-Unis où les travailleurs ont la « liberté de choisir » s'ils cotiseront ou non leur collectif organisé, une mesure qui a déjà gravement miné le mouvement syndical aux États-Unis et abaissé le niveau de vie de la classe ouvrière en général.

Avant que ces mesures ne soient annoncées, le gouvernement ontarien a décrété que chaque campus devait avoir une politique de « liberté de parole ». Les associations étudiantes sont forcées d'accepter la directive gouvernementale ou subir une perte de financement. C'est là une atteinte directe au droit des étudiants de décider de leurs affaires et dans ce cas précis de concrétiser la liberté de parole dans un contexte où le climat et les institutions elles-mêmes peuvent être très intimidants et abusifs envers les individus.

La directive du gouvernement sur la liberté de parole comprend des mesures qui ciblent certains étudiants qui pourraient être expulsés ainsi que des sanctions pour quiconque chercherait à « interrompre » les cours sur le campus. Ces mesures ont été mises en place pour préparer le terrain à la criminalisation des étudiants qui s'opposent à l'offensive antisociale, de ceux qui sont solidaires avec le personnel enseignant et de soutien qui pourrait faire la grève ou mènent d'autres actions collectives à la défense de ses droits. Elles visent également des étudiants qui sont déterminés à faire du Canada une zone de paix et de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays ou qui appuient les défenseurs autochtones de la Terre et d'autres actions pour humaniser l'environnement social et naturel. Tout étudiant qui tente d'organiser pour affirmer les droits de tous est ciblé.

Le gouvernement veut supprimer le droit de tous de s'organiser collectivement et d'affirmer leur droit collectif à la liberté de parole. La défense collective de la liberté de parole est la seule voie par laquelle on peut affirmer sur une base individuelle la liberté de parole, tout comme la défense collective est le seul moyen pour la classe ouvrière de défendre son droit à des salaires et à des conditions de travail qui leur sont acceptables en tant qu'individus et de revendiquer avec force ce qui leur appartient de droit.

La désinformation du gouvernement est fondée sur l'idée que la liberté de parole individuelle, à laquelle il attribue le nom de « choix », ne peut être affirmée qu'en niant la liberté de parole collective. C'est une fraude. En réalité, sans liberté de parole collective, les individus ne peuvent affirmer leur liberté de parole sans craindre d'être la cible de discrimination, d'intimidation et de persécution si ce qu'ils disent ne correspond pas à ce que dictent les autorités au pouvoir.

Séparer les individus de leurs collectifs et des relations qui existent objectivement, c'est nier aux jeunes le droit de développer leurs relations avec d'autres et avec leur collectif. L'élite dirigeante veut que les étudiants soient des individus isolés, sans organisation, sans indépendance face à ceux qui sont au pouvoir. Elle les veut sans le pouvoir, la voix ni l'ordre du jour qu'engendrent la force des collectifs et l'unité dans l'action pour défendre ses droits et résoudre les problèmes. Ceux qui sont au pouvoir ont déjà établi un ordre du jour pour la société et, en vertu de cet ordre du jour, les établissements d'enseignement doivent servir l'élite dirigeante. Ils cherchent à priver tous les autres de leur voix et d'un ordre du jour qui leur est favorable.

Sans organisation collective, comment un individu peut-il s'investir de pouvoir ? Selon la notion de choix du gouvernement Ford, l'individu est le consommateur d'une option ou d'une autre et investir l'individu de pouvoir se résumerait à assurer sa capacité de choisir un produit proposé par l'élite dirigeante. L'autorité au pouvoir dicte les choix. L'individu doit ainsi choisir parmi les choix offerts et s'il le fait sans remettre en question ces choix, alors il n'y aura pas de problème. Sans un collectif où les individus peuvent discuter et élaborer ce que doivent être les choix et la direction, les individus sont privés de leur voix, du droit de parole, d'un ordre du jour et d'une direction qui leur sont favorables.

Cette idée de choix et de la liberté de choisir de l'individu fait abstraction du corps politique et du rôle des individus en son sein et des relations qui existent et qui doivent exister entre l'individu et le collectif, entre les individus eux-mêmes et les collectifs, et entre tous et l'autorité dirigeante et la société.

Afin de réclamer ce qui leur appartient de droit et affirmer leurs droits en pratique, les individus doivent participer consciemment avec leurs pairs et leurs collectifs à la découverte de comment développer l'ensemble des relations humaines dans le contexte des conditions objectives modernes. Ils doivent consciemment participer avec d'autres pour se défendre concrètement dans ce contexte et pour humaniser l'environnement social et naturel, ce qui veut dire en somme résoudre les problèmes que l'histoire a légués à la jeunesse et à la classe ouvrière.

La classe ouvrière a une vaste expérience de cette idée de « liberté de choix » et la rejette en pratique chaque fois qu'elle participe à la résistance organisée pour des conventions collectives négociées qui lui sont acceptables. Mais non, disent les employeurs avec l'appui de l'État et de son État de droit au service de puissants intérêts. Ils rejettent avec mépris l'idée de responsabilité sociale et que les travailleurs qui produisent la richesse dont la société et le peuple ont besoin ont le droit de réclamer cette richesse sociale et de déterminer leurs conditions d'emploi. Mais non, répètent les employeurs, le rôle que nous vous réservons, à vous et à vos collectifs, est d'avoir le droit de « choisir » comment nos plans et notre ordre du jour doivent être mis en oeuvre.

La désinformation est justement la conception que les employeurs imposent au moyen de chantage et d'intimidation, aux travailleurs individuels et a leurs collectifs pour les forcer à accepter de faux choix. Lorsque par la voix de leurs collectifs les travailleurs disent Non ! et tiennent leur bout pour défendre leurs justes revendications, eux et leurs dirigeants sont accusés d'être des extrémistes, voire même des criminels et on se sert du plein poids de l'État pour les forcer à accepter ce qui est inacceptable. Comment expliquer autrement la loi du gouvernement fédéral de Trudeau pour forcer les postiers à mettre fin à leurs grèves rotatives avant qu'une nouvelle convention collective acceptable aux travailleurs n'ait été conclue ?

Malgré tous ses efforts, le gouvernement Ford ne réussira pas à éliminer la résistance des étudiants aux attaques contre l'éducation publique puisque celles-ci sont des attaques non seulement contre les jeunes et leurs familles, mais contre la société dans son ensemble. Le gouvernement espère qu'il rendra plus difficile aux étudiants de dire Non !, mais les étudiants ont toujours lutté pour la liberté de parole. Le mouvement collectif pour défendre ce droit ne peut être autorisé ou interdit par des gouvernements ou des administrations d'institutions publiques ou privées. Les étudiants ont le droit de s'organiser et de résister à une direction antisociale pour la société qui viole leurs droits en tant qu'individus au sein de leur collectif.

Haut de page


Journée d'action du 4 février

Les étudiants ontariens continuent d'organiser des actions contre les réductions prévues du financement de l'éducation par le gouvernement Ford. Le 4 février, une journée d'action à l'échelle de la province a inclus une marche et un rassemblement devant l'Assemblée législative de l'Ontario, à Queen's Park, à Toronto. Des piquets de grève et des manifestations ont eu lieu dans plusieurs autres villes de l'Ontario, notamment Ottawa, Kingston, Peterborough, Barrie, Guelph et London.

Queen's Park, Toronto



Ottawa



Peterborough



Barrie


Guelph

(Photos: LML, K. Taghabon, G. Kirby, A. Robichaud, P. Coates, M. White)

Haut de page


Justice pour les peuples autochtones

Les marches commémoratives des femmes rendent hommage aux femmes et filles autochtones disparues et assassinées


Vancouver, Colombie-Britannique

Les marches commémoratives des femmes ont eu lieu le 14 février, le jour de la Saint-Valentin, dans différentes villes du pays, et ont rendu hommage à toutes les femmes et filles autochtones assassinées ou disparues, réclamé justice pour elles et des gestes de la part du gouvernement pour mettre fin à la violence.

La première marche commémorative des femmes a eu lieu en 1992 en réponse au meurtre d'une femme salish du littoral dans le quartier est du centre-ville de Vancouver. La marche a eu lieu chaque année depuis lors, organisée et dirigée par les femmes de ce quartier. Au cours des 27 années qui ont suivi la première marche commémorative, plus de 970 noms ont été ajoutés à la liste des femmes portées disparues ou assassinées dans le quartier est du centre-ville. La marche traverse les rues du centre-ville et s'arrête pour commémorer l'endroit où des femmes ont été vues pour la dernière fois ou assassinées.

Cette année, des marches, des fêtes communautaires et d'autres commémorations ont eu lieu dans plus de 14 villes du Canada.

Vancouver, Colombie-Britannique




Surrey, Colombie-Britannique


Courtenay, Colombie-Britannique


Prince George, Colombie-Britannique


Calgary, Alberta

Edmonton, Alberta


Winnipeg, Manitoba


Toronto, Ontario




Montréal, Québec


(Photos : LML, M. Bush, A. Ohana, M. Kagis, S. Kravitz, J. Marie, E. Saadeh)

Haut de page


Une coalition pour les droits publie un plan d'action national pour mettre fin à la violence faite aux femmes et filles autochtones


Marche commémorative des femmes, Vancouver, le 14 février 2019

Le 14 février, l'Alliance féministe pour l'action internationale (AFAI), en collaboration avec Canada sans pauvreté (CSP) et Pamela Palmater, présidente de la gouvernance autochtone à l'Université Ryerson, ont rendu public le « Plan d'action national pour mettre fin à la violence contre les femmes et filles autochtones : le moment est venu ». Le plan d'action national, qui a été soumis à l'Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées en décembre 2018, appelle le gouvernement fédéral à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la violence.

Les mesures proposées visent à répondre à l'ampleur et à la gravité de l'« urgence nationale » que représentent les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues. Les mesures comprennent l'augmentation du financement des programmes destinés aux femmes et filles autochtones ; l'élimination de la discrimination fondée sur le sexe dans la Loi sur les Indiens qui désavantage les femmes des Premières Nations ; la mise en place d'« un mécanisme de réclamation des droits » qui permettrait aux femmes et filles autochtones d'obtenir réparation lorsque leurs droits sont violés ; la fin des enlèvements d'enfants autochtones de leurs mères, et la reddition de comptes de la part des forces policières pour qu'elles cessent de s'en prendre aux femmes et filles autochtones, etc.

Dans la conclusion du plan, les auteurs écrivent : « La crise des femmes et filles autochtones assassinées et disparues a été créée et est perpétuée par les gouvernements, les institutions et les agences du Canada. L'infrastructure de la violence est un ensemble de lois, de politiques et de pratiques racistes et sexistes qui se combinent pour créer une forme unique de misogynie violente et permet aux acteurs publics et privés de continuer de commettre des actes violents contre les femmes et les filles autochtones. Même s'ils connaissent les causes profondes de la violence et ses conséquences meurtrières, les gouvernements au Canada continuent à faire des choix juridiques, politiques et en matière de financement qui maintiennent la crise. »

Dans leur communiqué de presse, les auteurs soulignent que seules des mesures d'urgence radicales permettront de mettre un terme à la violence à l'égard des femmes et filles autochtones, une crise qui, soulignent-elles, a été créée par le Canada.

Shelagh Day, la présidente du Comité des droits humains de l'AFAI, a déclaré : « Les femmes autochtones, les organisations de la société civile et les autorités internationales des droits humains ont exhorté le Canada à agir de façon stratégique et urgente. Jusqu'à présent, les réponses du Canada ont été non coordonnées, ponctuelles et inefficaces. Notre coalition demande un plan d'action national coordonné pour s'attaquer aux causes profondes de la violence, avec des ressources pour soutenir le changement et des échéanciers pour sa mise en oeuvre. Nous n'accepterons rien de moins. »

Lelani Farha, directrice générale de Canada sans pauvreté, a déclaré : « Cette violence persistante est un échec pour la protection des droits humains des femmes et filles autochtones. Nous avons maintenant besoin que le gouvernement canadien agisse en faveur des droits humains. Nous attendons de nos gouvernements qu'ils respectent les engagements internationaux et nationaux qu'ils ont pris afin que les femmes et les filles autochtones soient traitées comme des êtres humains égaux, qui méritent la dignité, le respect et la protection. »

Pam Palmater, la présidente de la gouvernance autochtone à l'Université Ryerson de Toronto, a ajouté : « La violence extrême subie par les femmes et filles autochtones n'est pas le fruit du hasard. Les pratiques historiques et actuelles des institutions et des gouvernements font en sorte que les femmes et les filles autochtones sont traitées comme des êtres humains inférieurs. - sexualisées, racialisées et dont on peut se débarrasser. Les gouvernements doivent être disposés à assumer leurs responsabilités, à rendre des comptes et à abolir les lois et les pratiques qui perpétuent la violence. La vie des femmes autochtones en dépend. »

Un des principes importants énoncés dans le Plan d'action national est que le Canada doit adopter une approche fondée sur les droits pour s'attaquer au problème des femmes et des filles autochtones assassinées ou disparues, et que toutes les décisions, ainsi que la planification, doivent être confiées aux femmes autochtones qui « savent mieux que quiconque ce qui est nécessaire pour mettre fin à la violence à leur encontre ». Un des principes clés d'une approche fondée sur les droits est que leurs voix soient au centre du processus décisionnel tout au long de la formulation, de la mise en oeuvre et du suivi du Plan d'action national. »


Conférence de presse tenue par les femmes organisatrices au centre-ville de Vancouver, dans le quartier Eastside, avant la marche commémorative des femmes, le 14 février 2019

Le Plan d'action national met clairement en évidence que les affirmations du premier ministre Justin Trudeau, avant, pendant et après les élections d'octobre 2015, selon lesquelles son gouvernement allait établir une relation « nouvelle et respectueuse » avec les peuples autochtones et qu'aucune relation n'était plus importante pour lui sont bidon. Son gouvernement a échoué sur toute la ligne en ce qui a trait aux peuples autochtones et à leurs droits héréditaires, issus de traités et constitutionnels. L'Assemblée des Premières Nations et d'autres ont persuadé de nombreux autochtones de voter pour Trudeau et les libéraux en 2015 en raison de diverses promesses faites aux peuples autochtones.

Une de ces promesses était d'organiser une Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, comme le réclamaient depuis des décennies les familles des victimes, les organisations autochtones et les Canadiens. Cependant, dès le départ, les libéraux ont tout mis en oeuvre pour saboter le travail de l'Enquête nationale en tentant de détourner son ordre du jour, en sous-finançant l'Enquête, en faisant pression sur les commissaires et le personnel, dont certains ont démissionné, et en refusant d'autoriser un prolongement de deux années, ce qui a été demandé par les commissaires pour bien faire leur travail. L'enquête s'est poursuivie uniquement à cause de la demande persistante des familles des victimes et de leurs organisations, des peuples autochtones et des Canadiens et par la ténacité des commissaires mêmes à accomplir leur devoir.

L'AFAI, le CSP et Pam Palmater ont conclu leur plan d'action en soulignant que l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées devait « tenir compte de la gravité des actes et des omissions des gouvernements au Canada et les forcer à rendre des comptes sur toutes ces questions. Le Plan d'action national, qui constitue la recommandation prioritaire de cette soumission, doit être fondé sur la vérité, notamment sur le fait que la discrimination systémique et la violence à l'égard des femmes autochtones sont des instruments de génocide. » Elles concluent que l'enquête nationale « détient maintenant une connaissance approfondie de la violence et du besoin urgent de changements en profondeur » et qu'elles présentent cette proposition pour atteindre cet objectif.

La soumission commune peut-être lue ici (en anglais). La vidéo de la soumission de Pam Palmater peut être visionnée ici.

(Alliance féministe pour l'action internationale)

Haut de page


Extraits du Plan d'action national

LML reproduit ci-dessous les propositions du Plan d'action national pour mettre fin à la violence faite aux femmes et filles autochtones : le moment est venu, présentées par l'Alliance féministe canadienne pour l'action internationale (AFAI), Mme Pamela Palmater, présidente de la gouvernance autochtone à l'Université Ryerson, et Canada sans pauvreté, soumises à l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, et rendues publiques le 6 février.

***

En tant que priorité nationale urgente, un Plan d'action national stratégique et coordonné, qui inclut tous les gouvernements, comprenant tous les éléments du programme et des services, ainsi que des stratégies, devrait être formulé, de manière à permettre des variations selon les besoins régionaux et les mécanismes d'exécution, assortis de calendriers de mise en oeuvre. Des objectifs mesurables pour l'amélioration des indicateurs sociaux et économiques et des indicateurs du système de justice devraient être établis avec des échéanciers. Le gouvernement du Canada doit transférer des fonds vers les provinces et territoires, sous réserve de la mise en oeuvre des éléments du plan et de l'engagement de mise en oeuvre des stratégies coordonnées, des rapports publics et une surveillance, le tout en partenariat avec les femmes autochtones, leurs représentantes choisies, leurs gouvernements et leurs organismes de service.

[...]

Le gouvernement du Canada doit immédiatement faire preuve de leadership dans le dossier de la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, en partenariat plein et entier avec les femmes autochtones et leurs défenseurs, leurs organisations et leurs collectivités d'origine. Les agences des Nations unies responsables des conventions ont maintes fois exhorté le Canada à utiliser ses capacités de leadership et son pouvoir de dépenser pour assurer la mise en oeuvre cohérente et conforme des droits issus de traités au Canada. Le Canada persiste à ne pas assumer la responsabilité de la mise en oeuvre des traités par les provinces et les territoires en invoquant la division constitutionnelle des pouvoirs, mais les agences des Nations unies et les organismes régionaux de défense des droits humains rejettent cette justification et continuent de pointer du doigt le gouvernement fédéral comme ayant la capacité et les pouvoirs nécessaires et les outils pour exercer un leadership au pays en matière de réalisation des droits humains.

[...]

Le gouvernement du Canada doit élaborer un processus et un mécanisme de consultation avec les provinces, les territoires et, le cas échéant, les administrations municipales, ainsi qu'avec les organisations de femmes autochtones et de femmes autochtones, afin d'identifier un ensemble prioritaire de programmes, de services et de stratégies permettant de remédier à la situation et de prévenir la violence faite aux femmes et filles autochtones. L'identification des priorités et la formulation d'un plan devraient être fondées sur les recommandations de l'Enquête nationale et celles des organismes qui ont pris part à l'enquête, sur les obligations du Canada en matière de droits humains.

Les femmes autochtones savent le mieux ce qui est nécessaire pour mettre fin à la violence exercée à leur encontre. L'un des principes clés d'une approche fondée sur les droits est que leurs voix soient au centre du processus de prise de décision. Par conséquent, les femmes des Premières Nations, métisses et inuites doivent être des leaders et des décideurs tout au long de la formulation, de la mise en oeuvre et du suivi du Plan d'action national.

Le Plan d'action national nécessitera un mécanisme d'examen proactif et indépendant afin de garantir que la mise en oeuvre du plan puisse être surveillée et examinée. Ce mécanisme doit être dirigé par des femmes autochtones et doit permettre aux femmes autochtones, à leurs organisations et à leurs collectivités d'origine de disposer de pouvoirs décisionnels égaux en matière d'évaluation, du suivi régulier du progrès accompli et des corrections à apporter aux carences, tout en assurant de faire régulièrement l'objet de rapports publics.

Le plan d'action national doit également inclure un mécanisme de réclamation des droits. Les femmes autochtones doivent disposer d'un espace pour dénoncer les violations systémiques des droits, en particulier le droit à la sécurité de la personne et à un niveau de vie adéquat. Le mécanisme de réclamation des droits prévu dans le Plan sera un premier pas pour régler le problème plus global au Canada qui est que « les droits économiques, sociaux et culturels ne sont généralement pas justiciables devant les tribunaux nationaux », ce qui, par conséquent, limite « les recours légaux disponibles pour les victimes dans le cas de violation des droits énoncés dans le Pacte sur les droits. » Cela permettra également d'identifier les zones et les situations où le Plan ne répond pas aux objectifs et aux besoins, et où des actions additionnelles sont nécessaires.

[...]

Le gouvernement du Canada doit immédiatement retirer de la Loi sur les Indiens tous les aspects discriminatoires fondés sur le sexe. [...] Le gouvernement du Canada doit reconnaître que les dispositions sur l'enregistrement du statut en vertu de la Loi sur les Indiens perpétuent la discrimination fondée sur le sexe. [...] Le gouvernement du Canada devrait s'excuser au Parlement auprès des femmes des Premières Nations et à leurs descendants pour les avoir traitées comme des êtres humains inférieurs et pour les violations de leurs droits fondamentaux, notamment de leurs droits à l'égalité, à la sécurité, à la dignité, à la jouissance égale de la culture et à la participation à la vie de leur collectivité, une conséquence de la discrimination de longue date à l'égard des femmes des Premières Nations et de leurs descendants. Le gouvernement du Canada devrait indemniser les femmes des Premières Nations et leurs descendants qui se sont vu refuser un statut égal d'Indien en raison de la discrimination fondée sur le sexe, pour la perte d'avantages prévus par la loi et des paiements issus des traités, et pour l'atteinte à leur dignité et à leurs droits causée par cette discrimination.

En tant que composante clé du Plan d'action national, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent élaborer une stratégie coordonnée visant à remédier aux désavantages sociaux et économiques spécifiques aux femmes et filles autochtones, notamment la pauvreté, l'itinérance, les logements inadéquats et le manque de refuges et de soutien aux femmes autochtones fuyant la violence, aux prises avec des problèmes de santé mentale, de toxicomanie ou de traite sexuelle, et assurer la mise en place de programmes et de soutiens sociaux adéquats, disponibles et accessibles, en tenant compte des besoins différents des femmes des Premières Nations, des Métis et des Inuits, et selon leurs situations géographiques particulières.

[...]

Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent réorganiser les services d'aide à l'enfance et à la famille dans toutes les administrations afin de soutenir la capacité des femmes autochtones à prendre soin de leurs enfants et à les protéger au sein de leur famille et de leur collectivité, à protéger les filles autochtones des bouleversements, des abus sexuels et de se voir précipiter vers la prostitution, l'exploitation sexuelle, le trafic sexuel, les disparitions et la mort ; interdire l'enlèvement des bébés à la naissance ; interdire aux responsables des services de la protection de l'enfance et de la famille de faire participer les femmes ou filles autochtones à leur stérilisation ; remodeler les formules de financement de manière à inciter les enfants autochtones à rester avec leur mère, leur famille et leur collectivité ; et redéfinir les formules de financement de manière à encourager et à aider les femmes autochtones à concevoir et à mettre en place des services qui répondent à leurs besoins, favorisent leur égalité et leur sécurité, ainsi que celles de leurs enfants.

[...]

Dans le cadre d'un plan d'action national pour mettre un terme à la violence à l'égard des femmes et des filles autochtones, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent collaborer pour élaborer et mettre en oeuvre des protocoles, des normes et des mécanismes garantissant la coordination des forces de l'ordre entre les différents gouvernements, juridictions et agences, ainsi que l'échange d'informations et la coopération au sein de la GRC, avec d'autres services de police et les gouvernements et services de police autochtones.

[...]

Ensemble, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent ordonner une enquête nationale exhaustive sur les actes de violence perpétrés par la police à l'encontre des femmes et des filles autochtones dans tous les corps de police, en notant toutes les plaintes, enquêtes, accusations, mesures disciplinaires et poursuites déposées. Cette enquête devrait être menée par des experts indépendants travaillant avec les femmes autochtones et inclure un examen complet des lois, règlements et politiques de la police en matière de prévention, d'enquête et de discipline qui ont donné lieu à des actes de sexisme, de racisme, de maltraitance et de violence sexiste contre les femmes et les filles autochtones.

Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent établir de nouveaux mécanismes de surveillance civils et autochtones (comprenant des femmes autochtones) indépendants et efficaces pour surveiller la conduite de la police et enquêter sur les affaires de conduite répréhensible commises par la police, y compris les infractions sexuelles commises par la police, et qu'ils soient habilités à obliger les responsables à rendre des comptes sous forme de mesures administratives, disciplinaires ou pénales, selon les besoins.

Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent veiller à ce que les femmes autochtones et leurs familles aient accès à des procédures efficaces pour déposer des plaintes contre la police et disposent des informations et du soutien nécessaires pour utiliser ces procédures, y compris la représentation légale ; en particulier, il faut faciliter l'accès des femmes autochtones et de leurs familles qui vivent dans des régions éloignées aux procédures de plainte permettant de contester la conduite de la police, notamment en sensibilisant leur collectivité respective et par d'autres moyens appropriés.

Dans le cadre du Plan d'action national, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux devraient, ensemble, procéder à une réévaluation fondamentale des services du maintien de l'ordre à l'égard des femmes et des filles autochtones, des décisions du système judiciaire et des politiques et décisions en matière de services correctionnels en partenariat avec les femmes autochtones et leurs défenseurs, afin d'identifier les stratégies qui vont renverser la tendance d'incarcérer et de donner des peines trop sévères aux femmes autochtones, et mettre en place des programmes et des services qui soutiendront leur non-incarcération et leur réinsertion dans les familles [...] Mettre fin aux peines minimales et aux périodes d'inadmissibilité à la libération conditionnelle obligatoires, qui ont une incidence disproportionnée sur les femmes autochtones et ne permettent pas de tenir compte des faits et circonstances pertinents dans la détermination de la peine.

[...]

Créer un bureau assurant la liaison entre les familles touchées et les organismes chargés de l'application de la loi afin de les aider à obtenir des informations sur les cas de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées et à prendre des décisions sur les mesures appropriées à prendre. Ce bureau doit être facilement accessible, indépendant de la police et remplacer les unités de liaison avec les familles afin de fournir des services essentiels continus, y compris un soutien juridique, pour permettre aux familles des victimes de porter plainte.

(Traduction: LML)

Haut de page


La première nation de Cat Lake exige une intervention d'urgence des gouvernements
face à la crise du logement


À l'été 2015, les habitants de Cat Lake ont parcouru 3 000 km à pied pour sensibiliser le public au manque de services de santé dans leur communauté et celles des autres communautés des Premières Nations isolées du nord de l'Ontario.

Le 16 janvier, la première nation de Cat Lake, une communauté ojibwée accessible par que avion située à 600 km au nord de Thunder Bay, en Ontario, a proclamé « l'état d'urgence » en matière de logement. Dans leur déclaration, le chef Matthew Keewaykapow et le conseil de bande de Cat Lake ont demandé aux gouvernements fédéral et provincial de mettre fin à leurs querelles de compétence et de prendre des mesures immédiates pour respecter le droit au logement garanti par le traité avec cette première nation.

Le chef Keewaykapow et son conseil ont travaillé d'arrache-pied pour obtenir de l'aide afin de résoudre les problèmes de leur communauté, mais ils ont constaté des « barrières incessantes » et des « refus catégoriques » de la part de responsables du service des Affaires autochtones du gouvernement fédéral.

Selon une évaluation indépendante, plus de 90 des 120 logements de la communauté doivent être démolis et de nouveaux doivent être construits. Les maisons condamnées ont des structures médiocres et en ruine, des toits qui fuient et des fils électriques dénudés et sont infestées de moisissure noire. Cela a provoqué un grand nombre de problèmes de santé tels que maladies pulmonaires graves, problèmes respiratoires, infections oculaires, éruptions cutanées et autres problèmes de santé qui ont affecté les 700 membres de la communauté, en particulier les personnes âgées et les enfants. Presque tous les jours, une personne doit aller dans un hôpital extérieur pour y être soignée à un coût élevé pour la communauté. La première nation Cat Lake, à l'instar de la grande majorité des Premières Nations situées au nord de Thunder Bay, n'a pas de médecin ni d'installations médicales adéquates. La crise du logement à Cat Lake a également engendré d'autres tensions sociales et économiques, ainsi que des maladies mentales et des traumatismes, divers types de dépendances, ainsi que des décès et des suicides prématurés chez les jeunes. Cela est entièrement dû à la négligence de l'État canadien raciste à partir du moment où les membres de la première nation de Cat Lake ont signé le Traité no 9 en 1905.

Le grand chef Alvin Fiddler de la nation nishawbé-aski, organisation politique des 49 communautés des Premières Nations du Nord de l'Ontario, dont Cat Lake, a déclaré : « Il est inacceptable que la population de Cat Lake souffre dans des conditions de vie qui seraient intolérables dans l'ensemble de la société. Nous appuierons le chef et le conseil pour faire en sorte que les améliorations de logement nécessaires soient mises à disposition le plus rapidement possible, en particulier pour les membres à haut risque de la communauté tels que les nourrissons et les jeunes, les infirmes et les personnes âgées. » Le grand chef Fiddler a également rappelé que les 49 chefs des Premières Nations du territoire de la nation nishnawbé-aski ont collectivement déclaré l'état d'urgence en matière de logement en 2014 avec peu de réponses des conservateurs fédéraux de Harper ou des libéraux provinciaux de Wynne.

L'état d'urgence en matière de logement déclaré par la première nation de Cat Lake témoigne de la crise actuelle du logement dans les communautés autochtones du Canada, qui est bien documentée. Le refus du gouvernement fédéral d'assumer son obligation de garantir aux peuples autochtones leur droit au logement, à l'eau, aux soins de santé et à d'autres droits issus de traités est inadmissible.

Comme l'a dit le grand chef Fiddler - les conditions de logement à Cat Lake ne seraient pas tolérées par la société en général. Les libéraux de Trudeau doivent être tenus pour responsables de cet état de fait d'un régime raciste et colonial.

(CBC, première nation de Cat Lake)

Haut de page


Lettre du chef de Cat Lake au ministre
des Services aux Autochtones

Voici les extraits d'une lettre que le chef Matthew Keewaykapow de la première nation de Cat Lake a envoyée au ministre des Services aux Autochtones Canada, Seamus O'Reagan, le 5 février. Elle exprime la frustration de la première nation qui essaie d'obtenir l'aide du gouvernement Trudeau, une aide mandatée par traité. Après une réponse insatisfaisante du ministre O'Reagan, la première nation a invoqué le 14 février le principe de Jordan pour tenter d'amener le gouvernement fédéral à reconnaître la gravité de la crise de la première nation de Cat Lake.[1]

***

Au cours des dernières semaines, la première nation de Cat Lake a tenté sans relâche de discuter ouvertement et honnêtement avec SAC [Services aux Autochtones Canada] et d'obtenir des engagements à son sujet concernant l'état d'urgence déclaré le 16 janvier 2019. L'état d'urgence était considéré comme une mesure de « dernier recours » prise en raison du très mauvais état des logements au sein de la première nation de Cat Lake à cause du sous-financement et de l'ignorance totale des conditions régnant à Cat Lake par le personnel et les représentants de SAC. [...]

Lorsque le conseil de Cat Lake a décidé de s'attaquer de front à ces problèmes, ses représentants désignés se sont heurtés à des obstacles continuels, à des refus catégoriques de discuter avec des représentants malgré les multiples lettres de ma part leur donnant des directives et à de multiples communications avec votre ministère. C'est très intéressant de voir que votre ministère refuse de rencontrer qui que ce soit ou de parler avec qui que ce soit, sauf moi, tandis que le chef et le conseil de Cat Lake n'ont pratiquement aucun moyen de vous rencontrer face à face pour que vous puissiez mieux comprendre nos épreuves et mésaventures ainsi que les obstacles qui ont été placés sur notre chemin et qui empêchent la réparation des torts subis par la première nation de Cat Lake.

À cette fin, puisque votre personnel souhaite rencontrer uniquement le chef de mon gouvernement, il est justifié que nous, en tant que gouvernement de nos terres, exigions le même respect de votre part.

On nous a dit que nous ne vous avions pas invités à venir à Cat Lake. À notre connaissance, cela n'est pas exact. De nombreuses demandes de rencontre et de discussion en face à face avec la première nation de Cat Lake ont été formulées, y compris en présence de nos représentants et conseillers, et des vôtres.

Cela étant dit, le chef Matthew Keewaykapow de la première nation de Cat Lake vous invite expressément et officiellement à venir me rencontrer personnellement, ainsi que mon conseil, nos conseillers et nos techniciens afin de discuter et d'élaborer des stratégies de solutions adaptées aux besoins, de fournir de l'information et le contexte qui a mené à l'état d'urgence qui existe chez la première nation de Cat Lake.

Cette réunion doit avoir lieu au plus tard le jeudi 14 février 2019. Nous croyons comprendre que les crédits et les approbations prendront un peu de temps. Toutefois, nous devons commander des articles et avons des lettres de votre bureau pour pouvoir démarrer le tout et disposer du matériel et des roulottes dont on a un urgent besoin et qui doivent arriver dans notre communauté avant que prenne fin la saison de la route d'hiver. [...]

Une réunion en face à face aboutira à une entente entre le gouvernement du Canada et la première nation de Cat Lake, aux termes de laquelle le Canada doit s'engager à mettre immédiatement fin à cette urgence qui est en train de littéralement tué des habitants de Cat Lake et occasionne des dépenses médicales énormes en évacuation, ainsi qu'au ministère de la Santé qui est maintenant sous votre responsabilité : on estime que la réduction des évacuations de malades pour raisons médicales à Cat Lake à elle seule permettra d'épargner plus de 2 millions de dollars par année... [...]

Monsieur le ministre, j'essaie avec mon conseil et mes représentants de faire en sorte que Cat Lake ne soit pas obligé d'être évacué. Nous ne souhaitons pas encombrer le Canada d'une autre dépense énorme uniquement pour atteindre le but requis dont nous avons déjà discuté [...]

La meilleure solution serait d'évacuer vers des logements temporaires à Cat Lake. Des remorques ont été amenées et mises en place pour déplacer les personnes hors de leur maison empoisonnée.

Démolir les maisons... les résidents ne prenant que leurs appareils électroniques, leurs biens personnels et leurs vêtements... le reste sera transféré dans un dépotoir pour être enseveli afin que les moisissures ne soient pas transférées dans les logements temporaires.

Construire de nouvelles maisons sur une période supplémentaire de 2 ans... 92 maisons. Les 32 autres maisons seront rénovées et remises en état sur une courte période, ce qui reste à discuter. [...]

Le logement à court terme... les roulottes... nécessitent des liquidités immédiates... qui doivent être affectées immédiatement à cette fin. Un mois, c'est trop tard.[...]

Monsieur le ministre, je vous implore respectueusement... Notre route d'hiver ne durera pas longtemps... Mère Nature a une façon de ramener rapidement le printemps et la saison de la fonte, peu importe combien de fois nous prions pour prolonger la saison des transports dans notre communauté éloignée. Le matériel et l'équipement qui font partie intégrante de ce projet doivent respecter des échéanciers afin de pouvoir disposer de la bonne infrastructure pour ne pas tomber en panne. À titre d'exemple, le fournisseur de l'entrepôt à toiture de textile envisage de prendre une décision le 11 février afin de répondre aux exigences de livraison.

Nous espérons vous rencontrer bien avant le 14 si vous le pouviez... le temps n'est pas de notre côté.

Dans l'unité et le respect,

Matthew Keewaykapow, chef de la première nation de Cat Lake

Note

1. Le principe de Jordan est une règle juridique nommée à la mémoire de Jordan River Anderson, un enfant de la nation crie de Norway House au Manitoba qui a passé plus de deux ans dans un hôpital en raison d'un conflit de compétences entre les gouvernements fédéral et provincial. Le garçon de cinq ans est décédé à l'hôpital sans jamais rentrer chez lui. C'est le principe de l'enfant en premier qui permet de résoudre des conflits de juridiction entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux concernant le financement des services aux enfants autochtones et de s'assurer qu'ils ont le même accès aux services que les autres enfants du Canada et que ces services sont immédiatement disponibles.

(Première nation de Cat Lake. Traduction : LML)

Haut de page


Ne touchez pas au Venezuela!

Les États-Unis préparent une intervention militaire sous prétexte d'aide humanitaire

Cette semaine, l'impérialisme américain et le gouvernement colombien ont intensifié leur promotion de ce que le Venezuela a appelé la farce de l'« aide humanitaire ». Pour commencer, ils ont diffusé partout dans le monde la photo d'un pont à six voies reliant la Colombie et le Venezuela et de trois remorques de camions bloquant les six voies du pont. La photo a été propagée par CNN et d'autres médias monopolisés pour accuser le président Nicolás Maduro d'empêcher l'aide humanitaire d'entrer au Venezuela à partir de la ville frontalière colombienne de Cucuta où on a vu pendant toute la semaine l'arrivée de camions transportant les marchandises en question, dons de USAid. Après enquête, il s'avère que ce pont, le fruit d'une collaboration entre les gouvernements vénézuélien et colombien, n'a jamais été ouvert depuis son inauguration en 2016 et que, tout près, deux autres ponts sont ouverts et fonctionnels.

Le recours à ce qu'on appelle l'« aide » pour intervenir dans des pays ciblés pour un changement de régime est une spécialité des États-Unis. La personne désignée par Donald Trump pour diriger cette agression contre le Venezuela, Elliott Abrams, est le même menteur et criminel de guerre qui a organisé la livraison d'armes sous prétexte de venir en aide aux assassins que les États-Unis finançaient illégalement pour qu'ils massacrent des gens innocents et les résistants à leur guerre sale des Contras au Nicaragua dans les années 1980.

Dans ce qu'il qualifie de « test » à l'intention des Forces armées bolivariennes, le fantoche des États-Unis, Juan Guaido, le « président responsable » autoproclamé du Venezuela, a annoncé que le 23 février l'« aide humanitaire » que les États-Unis livrent à la frontière colombienne entrera au Venezuela « d'une manière ou d'une autre ». Comment il compte y arriver, hormis émettre des ultimatums aux Forces armées bolivariennes que la date limite pour se mutiner contre leur commandant-en-chef, Nicolás Maduro, arrive à grands pas, n'est pas clair. Guaido a déjà annoncé que, si nécessaire, il demanderait une intervention militaire des États-Unis pour venir à la rescousse de son gouvernement « transitoire » frauduleux.

Selon les plus récents rapports, trois avions-cargos C-17 de la U.S. Air Force ont atterri à Cúcuta avec à bord plusieurs autres colis de USAID à être ajoutés à ceux qui sont déjà dans les entrepôts. Des opérations semblables sont en cours ou en train d'être organisées dans l'État de Roraima au Brésil près de la frontière vénézuélienne et dans l'île de Curaçao des Caraïbes où les États-Unis possèdent déjà une base de l'Air Force.

Les forces de l'opposition essaient de mobiliser autant d'attention et autant de personnes que possible à la frontière le 22 février où l'entrée de l' aide annoncée par Guaidó doit commencer le jour suivant. Des plans ont été faits pour la tenue d'un méga-concert de sept heures, « Aide et liberté », mettant en vedette des artistes régionaux et internationaux, un cadeau du magnat britannique Richard Branson.

Les Vénézuéliens dénoncent toutes ces machinations comme étant une guerre psychologique menée pour tenter de convaincre les naïfs, surtout ceux qui vivent à l'extérieur du pays et ne connaissent pas la réalité du pays, que le coup d'État américain est au bout du compte un fait accompli et que les Forces armées bolivariennes traversent massivement du côté de Guaido et de son gouvernement imaginaire ou, faute de preuves à cet égard, passeront aux actes dès que les premiers dominos se mettront à tomber. Imperturbable, le gouvernement vénézuélien déclare qu'il ne laissera pas entrer au pays l'« aide humanitaire » du gouvernement américain ou d'autres gouvernements qui participent au blocus et au pillage économique, financier et commercial illégal des actifs vénézuéliens d'outremer. Il affirme que les Vénézuéliens ne sont pas des mendiants et qu'ensemble, lui et le peuple organisé, sont prêts à défendre le pays contre toute tentative d'envahir son territoire par voie terrestre, maritime ou aérienne.

Le président colombien s'en mêle

Au cours d'une visite officielle à Washington cette semaine, le président colombien Ivan Duque, le protégé d'Alvaro Uribe Velez, un ancien président et ennemi juré de la paix et de la réconciliation dans son propre pays, a fait plusieurs affirmations provocatrices. Entre autres, il est allé aux États-Unis où il était le récipiendaire d'un prix offert par un groupe de mercenaires anticubains pour sa soi-disant défense des valeurs démocratiques dans la région[1] et pour discuter avec Donald Trump. Lors de sa visite, il a annoncé que le Groupe de Lima se réunirait la semaine prochaine à Bogota.

Dans un communiqué commun, Trump et Duque ont dit que leurs pays travaillaient ensemble pour fournir de l'aide aux Vénézuéliens dans le besoin et que les deux travailleraient avec « le gouvernement Guaido » pour rétablir la liberté, la démocratie et la prospérité au Venezuela. Ils ont affirmé que les États-Unis et la Colombie étaient solidaires d'un grand nombre de pays « face aux provocations de l'ancien et illégitime dictateur du Venezuela, Nicolás Maduro, et ceux qui travaillent pour lui pour miner la sécurité de la région. »

Lors d'une entrevue avec Fox TV, Duque a dit qu'il appuierait les caravanes organisées par Juan Guaidó pour fournir un « répit » aux « Vénézuéliens affamés » le 23 février. Il a aussi invité l'expédition de ce qu'il a appelé de l'aide humanitaire de quiconque voulait le faire, ajoutant que « nous devons veiller à ce que cette aide entre au Venezuela ». Il a dit que le refus de Nicolás Maduro d'accepter la fausse aide humanitaire des États-Unis était un crime contre l'humanité. Tout ce qu'il a dit est contredit par la Croix-Rouge et les fonctionnaires des Nations unies qui ont affirmé que ce que les États-Unis organisent aux frontières avec la complicité du gouvernement de Duque n'est aucunement un geste d'aide humanitaire, mais ne sert qu'à discréditer le sens même de l'aide humanitaire. À titre de comparaison, le ministère de la Santé du Venezuela a reçu 933 tonnes d'aide humanitaire véritable le 15 février. TeleSUR rapporte que de l'aide médicale et des pièces de rechange, d'une valeur de 28 millions $U.S., provenant de « partenaires internationaux à Cuba, en Chine, en Russie, en Palestine, en Turquie et d'autres pays » sont arrivés par bateau dans le port de La Guaira.

Duque a aussi fait sien le scénario mensonger promu par le Groupe de Lima selon lequel Nicolás Maduro est isolé et que « la communauté internationale dans son ensemble » s'entend pour dire qu'il est « un dictateur », « illégitime » et qu'il doit abdiquer. Pour expliquer sa notion de communauté internationale, Duque a nommé les États-Unis, le Canada et d'autres pays qui selon lui constituent « la grande majorité » des pays de l'hémisphère (sans preuves à l'appui) et de l'Union européenne. En vertu de cette logique raciste, plus d'une douzaine de pays des Caraïbes, dont Cuba, le Mexique, la Bolivie, le Nicaragua, et d'autres pays des Amériques, sans parler de la Chine, de la Russie, de l'Inde, du Pakistan, de l'Indonésie et de plusieurs autres pays d'Asie et la presque totalité des pays d'Afrique ne feraient pas partie de la « communauté internationale ». Évidemment, il en irait de même pour les millions de Vénézuéliens patriotiques et les citoyens qui dans leurs centaines de millions partout dans le monde s'opposent résolument aux violations de la Charte des Nations unies et aux appels à la violation de la constitution vénézuélienne par des gouvernements qui prétendent agir en leur nom. Agir comme si cette opposition n'existait pas est une chose, la faire disparaître en est une autre.

Note

1. Le groupe qui parraine le Prix Oswaldo Paya pour la Liberté et la Vie prétend que Duque a été choisi en raison de son activisme au sein du Groupe de Lima et « parce qu'il a parlé à la défense de valeurs institutionnelles justes et démocratiques ». Il a aussi été choisi pour « la solidarité exemplaire dont il a fait preuve, offrant refuge à des milliers de Vénézuéliens qui ont fui la tyrannie de leur patrie ». Dans l'article sur le prix accordé à Duque, on cite le dirigeant du groupe qui affirme que « la dictature cubaine est au coeur de la déstabilisation dans l'hémisphère et la source de l'effondrement démocratique au Venezuela ».

(Venezuelanalysis, CubaDecide)

Haut de page


Des responsables vénézuéliens découvrent une importante cache d'armes dissimulée dans une cargaison « d'aide » provenant des États-Unis


Le 3 février 2019, Endes Palencia, premier ministre vénézuélien de la Sécurité publique, affiche le cache des armes livrées par un avion-cargo commercial à partir de Miami.

Le 3 février, un Boeing 767 a décollé de l'aéroport international de Miami, chargé d'armes puissantes et destiné de toute évidence à être utilisé par les opposants « démocratiques » du gouvernement de Nicolás Maduro. Il a atterri à l'aéroport international Arturo Michelena de Valence, troisième ville en importance du Venezuela, à 170 km à l'ouest de la capitale, Caracas. C'était la veille de la réunion du Groupe de Lima à Ottawa pour demander hypocritement une « transition pacifique du pouvoir » au Venezuela et que les forces de l'opposition et leur président autoproclamé acceptent cette « aide humanitaire ».

L'appareil est l'un des deux aéronefs appartenant à une entreprise de fret aérien enregistrée aux États-Unis, 21 Air LLC, basée à Greensboro, en Caroline du Nord. L'avion a atterri, déchargé sa cargaison puis a décollé. Il aurait ensuite pris la direction de Medellín, dans le nord-ouest de la Colombie, avant de revenir à Miami le 7 février.


Photo du Boeing 767 tiré du site Web de la compagnie de fret aérien 21 Air LLC

McClatchy News rapporte que Steffan Watkins, d'Ottawa, a documenté les allées et venues du Boeing 767 qui avait effectué depuis le 11 janvier des dizaines de vols entre l'aéroport international de Miami et des destinations situées en Colombie et au Venezuela.

- Miami à Caracas les 11, 16 et 18 janvier et le 5 février

- Miami à Valence les 15, 21 et 30 janvier et le 3 février

- Miami à Bogota les 22, 23, 25, 26, 27, 28 et 29 janvier et les 2, 3 et 4 février

- Miami à Medellín le 6 février

Avant janvier, 21 Air LCC n'avait effectué que des vols à l'intérieur des États-Unis. Selon des rapports ultérieurs, 21 Air serait liée à diverses personnes et activités douteuses. [1]

Le vol clandestin a eu lieu quelques jours à peine après la nomination le mois dernier par le président Donald Trump, de Elliott Abrams, l'ancien secrétaire d'État adjoint et criminel de guerre non repentant, en qualité d'envoyé spécial chargé de superviser la politique à l'égard du Venezuela. Abrams était au centre de l'affaire Iran-Contra, dans laquelle la CIA avait expédié des armes en Iran, en violation d'un embargo sur les armes que les États-Unis soutenaient apparemment. Cela avait pour but non seulement de fomenter un conflit entre l'Iran et l'Iraq, mais également de tirer parti des profits tirés de la vente d'armes pour financer des forces terroristes de la Contra appuyées par les États-Unis au Nicaragua. Abrams était l'un des accusés trouvés coupables d'avoir enfreint la loi américaine pour son rôle dans l'envoi d'armes à ces forces qui agissent par procuration pour les États-Unis.[2]

Selon la Réglementation pour le transport des marchandises dangereuses de l'Association du Transport Aérien International (ATAI), le transport de fret militaire par aéronef civil n'est pas autorisé. En vertu de la réglementation de l'ATAI, les opérateurs qui transportent des marchandises dangereuses interdites au transport aérien par des aéronefs civils doivent demander une exemption pour le transport de marchandises dangereuses par voie aérienne.

Le général Endes Palencia Ortiz de la Garde nationale bolivarienne du Venezuela

Le 5 février, la Garde nationale vénézuélienne a saisi les armes d'assaut à l'aéroport lors d'un contrôle douanier de routine effectué par le Service national intégré de l'administration des douanes et des impôts (SENIAT), selon un communiqué du bureau du gouverneur de l'État de Carabobo. Depuis 2006. les armes américaines sont sous embargo depuis le Venezuela

Selon un rapport détaillé de McClatchy News qui cite la déclaration du gouverneur, l'envoi de contrebande incluait 15 armes d'assaut AR-15, un pistolet semi-automatique Micro Draco avec un chargeur jumbo, un fusil Colt 7.62, deux lunettes de visée téléscopique, trois lunettes de visée, 118 cartouches de munitions et des supports d'appui pour carabine pour des tirs de longue portée et des tirs embusqués. On a également trouvé 90 antennes radio sans fil de qualité militaire et six iPhones. Le Boeing 767 de 21 Air a une capacité de charge utile de 42 tonnes. Ce qui a été transporté ou déchargé n'a pas été révélé, pas plus que ce qui a été déchargé au terminal de fret de Medellín, en Colombie.

« Ce matériel est destiné aux groupes criminels et aux actions terroristes dans le pays, financé par l'extrême droite fasciste et le gouvernement des États-Unis », a déclaré le général Palencia Ortiz. Il a ajouté que les informations étaient désormais entre les mains d'un procureur national. Il n'a pas révélé si des envois antérieurs avaient été interceptés.

Des caches d'armes similaires destinées aux forces de l'opposition au Venezuela ont été interceptées en 2014.

Notes

1. « Air America : Venezuelan officials find large cache of weapons at airport delivered from Miami », le weblog de Tony Seed, le 11 février 2019 

2. Abrams a ensuite donné son feu vert à la tentative de coup d'État du gouvernement populaire de Hugo Chávez en 2002, a participé à la planification de l'invasion de l'Irak en 2003, puis a rejoint le conseil d'administration du National Endowment for Democracy qui a canalisé des millions de dollars aux opposants du gouvernement vénézuélien.

Le rapport final du Independent Counsel for Iran/contra Matters : Chapter 25 : United States V. Elliott Abrams : November 1986, 8/4/1993

Haut de page


Le président appelle au dialogue, à la compréhension et au respect

Dans un discours prononcé le 15 février à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la Conférence d'Angostura organisée au coeur de la lutte pour l'indépendance de l'Espagne et à laquelle le libérateur de l'Amérique latine, Simon Bolivar, avait prononcé un célèbre discours, le président Nicolás Maduro a dit que l'empire (des États-Unis) a perdu la raison s'il croit que l'époque des canonnières et des coups d'État du XXe siècle peut être ressuscitée. Il a dit que la Révolution bolivarienne était un modèle de leçon de politique pour le monde entier sur comment défendre sa patrie à un moment décisif de son autodétermination. Il a dit que la Maison-Blanche se trouvait dans une impasse. Son coup d'État est un échec et la seule façon de résoudre les controverses politiques et de trouver des solutions est le dialogue, la compréhension et le respect. Il a dit qu'il était à la disposition du Mécanisme de Montevideo proposé le 6 février par le Mexique, la CARICOM, l'Uruguay et la Bolivie, et qu'il était prêt à y participer avec des propositions constructives pour le bien de la paix et de l'harmonie au Venezuela.

(Le ministère du Pouvoir populaire des Affaires étrangères de la République bolivarienne du Venezuela, Prensa Latina)

Haut de page


Des pays lancent une initiative à la défense du Venezuela et de la Charte des Nations unies

Le 14 février, le ministre des Affaires étrangères du Venezuela, Jorge Arreaza, accompagné de ses homologues de plusieurs pays, grands et petits, a annoncé qu'un nombre d'États membres de l'ONU, qui constituent la majorité de la population mondiale, se sont regroupés, poussés par une préoccupation commune, soit la nécessité de maintenir le respect pour les principes du droit international. Le groupe a organisé une conférence de presse au siège de l'ONU à New York. Arreaza y a lu une déclaration au nom du groupe annonçant que les pays en question lançaient une nouvelle initiative diplomatique à la défense des principes enchâssés dans la charte onusienne ainsi que du droit des peuples partout de vivre en paix, sans ingérence et libres de menaces et du recours à la force. Il a dit que le groupe organiserait une stratégie non seulement à la défense de la République bolivarienne du Venezuela et de son peuple, mais dans l'intérêt des peuples partout dans le monde.

Arreaza a souligné certains articles de la Charte des Nations unies, dont les suivants :

1) Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde (Article 1.2)

2) Défendre le principe de l'égalité souveraine de tous ses Membres (Article 2.1)

3) Régler les différends internationaux par des moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soient pas mises en danger (Article 2.3)

4) S'abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État (Article 2.4)

5) Respecter l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État (Article 2.4)

6) Ne pas intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État (Article 2.7)

Arreaza a appelé les États membres de l'ONU à s'unir à la défense du droit international comme seule garantie de la coexistence pacifique de l'humanité.

À la fin de son annonce au nom du nouveau groupe, Arreaza a dit que les principes cités et les autres objectifs de la Charte des Nations unies étaient ouvertement transgressés par les puissances étrangères qui s'ingèrent dans les affaires du Venezuela. « Nous sommes un pays souverain, nous allons protéger notre peuple en dépit de toutes les menaces », a-t-il dit. Il a demandé aux réseaux médiatiques qui participent présentement à la campagne interventionniste de cesser leur rhétorique et de ne pas contribuer à faire couler le sang au Venezuela.

(Ministère du Pouvoir populaire des Affaires étrangères de la République bolivarienne du Venezuela, Prensa Latina)

Haut de page


Déclarations

Lettre ouverte au peuple des États-Unis


Rassemblement à Caracas le 23 janvier 2019 à la défense de la République bolivarienne du Venezuela et de son président démocratiquement élu Nicolás Maduro

S'il y a quelque chose que je connais, ce sont les peuples, parce que, comme vous, je suis un homme du peuple. Je suis né et j'ai grandi dans un quartier pauvre de Caracas. Je me suis forgé dans le feu des luttes populaires et syndicales dans un Venezuela soumis à l'exclusion et à l'inégalité. Je ne suis pas un magnat, je suis un travailleur de raison et de coeur, et j'ai aujourd'hui le privilège de présider le nouveau Venezuela, enraciné dans un modèle de développement inclusif et d'égalité sociale, forgé par le commandant Hugo Chavez depuis 1998, inspiré par l'héritage bolivarien.

Nous vivons aujourd'hui une crise historique. Les jours qui viennent décideront de l'avenir de nos pays entre la guerre et la paix.

Vos représentants nationaux de Washington veulent apporter jusqu'à vos frontières la même haine qu'ils ont semée au Vietnam. Ils veulent envahir et occuper le Venezuela —disent-ils, comme ils l'ont dit à l'époque — au nom de la démocratie et de la liberté. Mais ce n'est pas vrai. L'histoire de l'usurpation du pouvoir au Venezuela est aussi fausse que celle des armes de destruction massive en Irak. C'est un faux procès, mais qui peut avoir des conséquences dramatiques pour toute notre région.

Le Venezuela est un pays qui, conformément à sa Constitution de 1999, a largement répandu la démocratie participative et protagoniste du peuple et qui, de façon inédite, est aujourd'hui l'un des pays qui a procédé au plus grand nombre d'élections au cours de ces 20 dernières années. Il se peut que notre idéologie, notre apparence ne plaisent pas, mais nous existons et nous sommes des millions.

J'adresse ces mots au peuple des États-Unis d'Amérique du Nord pour le mettre en garde sur la gravité et le danger du fait que certains secteurs à la Maison-Blanche prétendent envahir le Venezuela, ce qui aurait des conséquences imprévisibles pour ma Patrie et pour toute la région de l'Amérique.

Le président Donald Trump prétend par ailleurs perturber de nobles initiatives de dialogue promues par l'Uruguay et le Mexique avec le soutien de la CARICOM [Communauté de la Caraïbe] en vue d'une solution pacifique et concertée en faveur du Venezuela. Nous savons que pour le bien du Venezuela, nous devons nous asseoir et entamer des discussions, parce que refuser de discuter, c'est choisir la force comme issue. Ayons présent à l'esprit les paroles de John F. Kennedy : « Ne négocions jamais par peur, mais n'ayons jamais peur de négocier. » Ceux qui ne veulent pas discuter auraient-ils peur de la vérité ?

L'intolérance politique envers le modèle bolivarien, vénézuélien et les appétits envers nos immenses richesses pétrolières, minérales et autres grandes richesses ont encouragé la création d'une coalition internationale dirigée par le gouvernement impérialiste des États-Unis dans le but de commettre la grave folie d'attaquer militairement le Venezuela sous le prétexte d'une crise humanitaire inexistante.

Le peuple du Venezuela a subi de douloureuses blessures sociales causées par un blocus commercial et financier criminel, aggravé par la spoliation et le vol de nos ressources financières et de nos actifs dans des pays alignés sur cette agression démentielle. Et cependant, grâce à un nouveau système de protection sociale, de prise en charge directe des secteurs les plus vulnérables, nous sommes fiers d'être toujours un pays qui affiche un indice de développement humain élevé et le moins d'inégalité en Amérique.

Le peuple des États-Unis doit savoir que cette agression complexe et multiforme est exécutée en totale impunité et en violation flagrante de la Charte des Nations unies, qui proscrit expressément la menace ou l'utilisation de la force, entre autres buts et principes en faveur de la paix et des relations d'amitié entre les nations.

Nous voulons continuer à être des partenaires commerciaux du peuple des États-Unis comme nous l'avons été tout au long de notre histoire. Par contre, vos politiciens à Washington sont prêts à envoyer vos fils et vos filles mourir dans une guerre absurde, au lieu de respecter le droit sacré du peuple vénézuélien à l'autodétermination et à la protection de sa souveraineté.

Comme vous, peuple étasunien, nous, les Vénézuéliens et les Vénézuéliennes, sommes patriotes. Et nous défendrons ce qui est à nous de toute notre âme.

Aujourd'hui, le Venezuela est uni dans un seul cri : nous exigeons l'arrêt de l'agression qui vise à asphyxier notre économie et à étouffer socialement notre peuple, ainsi que l'arrêt des graves et dangereuses menaces d'invasion militaire du Venezuela.

Nous lançons un appel à la bonne âme de la société étasunienne, victime de ses propres gouvernants, pour qu'elle se joigne à notre appel en faveur de la paix. Soyons un seul peuple contre le bellicisme et la guerre.

Vive les peuples d'Amérique !

(6 février 2019, Granma)

Haut de page


Il est urgent de stopper l'aventure militaire impérialiste contre le Venezuela

Le Gouvernement révolutionnaire de la République de Cuba dénonce l'escalade de pressions et d'actions du Gouvernement des États-Unis visant à préparer une aventure militaire sous couvert d'« intervention humanitaire » en République bolivarienne du Venezuela et appelle la communauté internationale à se mobiliser pour l'en empêcher.

Du 6 au 10 février 2019, des avions de transport militaire ont volé vers l'aéroport Rafael Miranda de Porto Rico, vers la base aérienne de San Isidro, en République dominicaine, et vers d'autres îles stratégiquement situées dans les Caraïbes, sûrement à l'insu des gouvernements de ces pays, en provenance d'installations militaires étasuniennes, depuis lesquelles opèrent des unités des Forces d'opérations spéciales et de l'infanterie de marine, qui sont utilisées pour des actions clandestines, y compris contre des dirigeants d'autres pays.

Des milieux politiques et médiatiques, y compris étasuniens, ont révélé que des individus extrémistes de ce gouvernement, qui ont derrière eux une longue carrière d'actions et de mensonges visant à provoquer ou à encourager des guerres, tels que John Bolton, conseiller à la Sécurité nationale, Mauricio Claver-Carone, directeur du département Amérique latine au Conseil de Sécurité nationale, de concert avec Marco Rubio, sénateur de la Floride, ont conçu, financé et organisé directement et en détail, depuis Washington, la tentative de coup d'État au Venezuela par le biais d'un individu qui s'est autoproclamé président de la manière la plus illégale.

Ce sont ces mêmes individus qui, personnellement ou par l'intermédiaire du Département d'État, exercent des pressions brutales sur de nombreux gouvernements pour les obliger à appuyer une convocation arbitraire à de nouvelles élections présidentielles au Venezuela, tout en promouvant la reconnaissance de cet usurpateur qui n'a décroché que 97 000 voix comme parlementaire, face aux plus de six millions de Vénézuéliens qui ont élu en mai dernier le président constitutionnel Nicolás Maduro Moros.


Rassemblement à Caracas à l'occasion de l'assermentation du président
Maduro le 10 janvier 2019

Après que le peuple bolivarien et chaviste ait résisté au coup d'État, comme le prouvent ses manifestations massives de soutien au président Maduro, et que la Force armée nationale bolivarienne ait ratifié sa loyauté, le Gouvernement des États-Unis a intensifié sa campagne politique et médiatique internationale et renforcé ses mesures économiques coercitives unilatérales contre le Venezuela, qui incluent entre autres le blocage dans des banques de pays tiers de plusieurs milliards de dollars appartenant à ce pays et le vol des revenus pétroliers de cette nation soeur, ce qui provoque de graves dommages humanitaires et de dures privations à son peuple.

Outre ce pillage cruel et injustifiable, les États-Unis prétendent fabriquer un prétexte humanitaire pour lancer une agression militaire contre le Venezuela et se sont proposé d'introduire sur le territoire de cette nation souveraine, en recourant à l'intimidation, aux pressions et à la force, une prétendue aide humanitaire qui est mille fois inférieure aux dommages économiques causés par la politique d'encerclement imposée depuis Washington.


L'armée du Venezuela exprime sa loyauté à la République et à son président démocratiquement élu le 24 janvier 2019.

L'usurpateur et autoproclamé « président » a déclaré sans vergogne qu'il était prêt à réclamer une intervention militaire des États-Unis sous prétexte de recevoir cette « aide humanitaire » et il a qualifié le rejet digne et souverain de cette manoeuvre par le gouvernement vénézuélien de « crime contre l'humanité » !

De hauts fonctionnaires étasuniens rappellent jour après jour, d'une façon arrogante et sans scrupule, que « toutes les variantes, dont la variante militaire, sont sur la table » en ce qui concerne le Venezuela.

Cherchant à fabriquer de toutes pièces des prétextes, l'administration étasunienne a recouru à la tromperie et à la calomnie en présentant au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution où, cyniquement et hypocritement, elle exprime sa vive inquiétude pour « la situation humanitaire et celle des droits de l'Homme » au Venezuela, « les tentatives récentes de bloquer l'arrivée de l'aide humanitaire, l'existence de millions de migrants et de réfugiés..., le recours excessif à la force contre des manifestants pacifiques, la situation de rupture de la paix et de la sécurité internationales », et où elle appelle instamment à « l'adoption des mesures nécessaires ».

Il est évident que les États-Unis préparent le terrain pour établir par la force « un couloir humanitaire » sous « protection internationale », en invoquant « l'obligation de protéger » les civils et d'appliquer « toutes les mesures requises ».

Il est impératif de rappeler que les États-Unis ont suivi une conduite similaire et fabriqué des prétextes semblables comme prélude aux guerres qu'ils ont déclenchées contre la Yougoslavie, l'Irak et la Libye, causant d'énormes pertes en vies humaines et d'immenses souffrances.

L'administration étasunienne tente de supprimer le plus gros obstacle, que représente la Révolution bolivarienne et chaviste, à sa domination impérialiste sur « Notre Amérique » et au pillage au peuple vénézuélien des plus grandes réserves certifiées de pétrole sur notre planète et d'autres abondantes ressources naturelles et stratégiques.

On ne saurait oublier la triste et douloureuse histoire d'interventions militaires des États-Unis au Mexique à plusieurs reprises, au Nicaragua, en République dominicaine, en Haïti, à Cuba, au Honduras et, plus récemment, à la Grenade et au Panama.

Comme l'avait averti le général d'armée Raul Castro Ruz le 14 juin 2017 : « L'agression et la violence putschiste au Venezuela font du tort à toute 'Notre Amérique' et favorisent uniquement les intérêts de ceux qui s'acharnent à nous diviser pour dominer nos peuples, peu importent les conflits aux conséquences incalculables qu'ils provoquent dans la région, à l'image de ceux auxquels nous assistons à différents endroits du monde. »

L'Histoire jugera sévèrement une nouvelle intervention impérialiste dans la région et la complicité de ceux qui, d'une manière irresponsable, la soutiennent.

La souveraineté et la dignité de l'Amérique latine et des Caraïbes, ainsi que celles des peuples du Sud, sont en jeu aujourd'hui au Venezuela. Il y va également de la survie des normes du Droit international et de la Charte des Nations unies. La question de savoir si la légitimité d'un gouvernement émane de la volonté expresse et souveraine de son peuple ou de la reconnaissance de puissances étrangères est également en jeu.

Le Gouvernement révolutionnaire de Cuba appelle la communauté internationale à se mobiliser pour défendre la paix au Venezuela et dans la région, conformément aux principes de la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix adoptée par les chefs d'État et de gouvernement de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC) en 2014.

Il salue, tout en l'appuyant, l'initiative dite Mécanisme de Montevideo, lancée par le Mexique, l'Uruguay, la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et la Bolivie afin de préserver la paix au Venezuela en se fondant, comme l'affirme sa récente Déclaration, sur les principes de non-intervention dans les affaires intérieures des États, d'égalité juridique des États et de règlement pacifique des différends.

Il se félicite de ce que le président Maduro Moros et la communauté internationale aient accueilli favorablement cette Initiative et exprime sa vive inquiétude devant le rejet catégorique de la part de l'administration étasunienne des initiatives de dialogue, dont celle-ci, lancées par plusieurs pays.

Le Gouvernement révolutionnaire de Cuba réitère sa solidarité ferme et invariable avec le président constitutionnel Nicolás Maduro Moros, avec la Révolution bolivarienne et chaviste, et avec l'union civico-militaire de son peuple, et lance un appel à tous les peuples et gouvernements du monde à défendre la paix et à s'unir, au-delà des divergences politiques ou idéologiques, pour stopper une nouvelle intervention militaire de l'impérialisme en Amérique latine et dans les Caraïbes qui fera du tort à l'indépendance, à la souveraineté et aux intérêts des peuples depuis le Rio Bravo jusqu'à la Patagonie.

La Havane, le 13 février 2019

Haut de page


Le président mexicain déclare que la Constitution définit la position de son pays

Le président du Mexique, Andres Manuel Lopez Obrador, a expliqué la position de son gouvernement sur la situation au Venezuela plus tôt cette semaine en réponse à l'appel lancé par des membres de l'opposition vénézuélienne pour que le Mexique abandonne sa position de reconnaissance du gouvernement du président Nicolás Maduro. Lopez Obrador a réitéré ce qu'il avait déjà dit, qu'il ne s'agissait pas de son opinion, mais de ce que la Constitution du Mexique exige.

Notre position, a-t-il dit, est définie par la Constitution qui, dans son article 89, dicte que la politique étrangère du pays est basée sur les principes de non-intervention, d'autodétermination, de règlement pacifique des différends, de coopération pour le développement et de protection des droits humains.

C'est notre position et elle est liée à notre histoire. Il se peut que d'autres nations qui ont une autre histoire considèrent cela comme quelque chose de superficiel, a-t-il dit, qui peut être changé selon les circonstances, mais pour nous, cela fait partie des leçons de l'histoire. Il a dit que c'était le sens des paroles de Benito Juarez qui disait que la paix entre les individus comme entre les nations signifie respecter les droits des autres. C'est ma position et elle continuera d'être celle du gouvernement mexicain, a-t-il déclaré.

Lopes Obrador a dit que son gouvernement voulait que les parties au Venezuela entament un dialogue pour trouver une solution pacifique, sans recours à la force, sans violence, et que ce soit une occasion de diplomatie et de dialogue. En ce qui concerne l'aide humanitaire, il a dit qu'elle ne devrait pas être liée à des positions politiques ou idéologiques. Il a dit qu'à son avis, l'ONU devrait être utilisée pour toute l'aide humanitaire accordée au peuple vénézuélien ainsi qu'aux peuples des autres pays qui en ont besoin.

(Prensa Latina)

Haut de page


Commentaire

La liberté de presse à la Trudeau-Freeland


Déploiement d'une bannière lors de la réunion illégitime du Groupe de Lima
à Ottawa, le 4 février 2019

Dans le contexte de la guerre d'information brutale contre Venezuela et sur d'autres questions, Affaires mondiales, le ministère canadien des Affaires étrangères, a refusé l'accréditation à l'agence de presse latino-américaine teleSUR et l'a empêchée de couvrir la réunion hautement irrégulière de son Groupe de Lima le lundi 4 février. En plus, trois agences de nouvelles russes ont été empêchées d'assister à la conférence de presse officielle.

Le 3 février, teleSUR a rapporté qu'aucune raison ne lui a été donnée pour ce refus. TeleSUR se définit comme « une agence de presse qui présente des reportages sur une série de sujets historiquement peu couverts, avec un accent sur les pays du sud ».[1]

Le ministère des Affaires étrangères du Canada a donné la même réponse laconique à la demande d'accréditation de l'agence Sputnik News et de Ria Novosti pour la rencontre : « Merci de votre intérêt pour la 10e rencontre ministérielle du Groupe de Lima à Ottawa. Nous vous informons par cette lettre que vous n'avez pas été accrédités en tant que médias. » Cela amène à se demander ce qui est réellement l'ordre du jour de la réunion derrière des portes closes qu'Affaires mondiales et le Groupe de Lima doivent cacher. Quel critère a été appliqué à cette provocation qui semble sans précédent et rappelle la guerre froide ? Qu'est-ce qui donne à ce gouvernement le droit de décider qui est une agence de presse ou un journaliste légitime ? Ce geste établit un précédent très dangereux.

Incohérence

Affaires mondiales a donné différentes raisons pour refus qui sont incohérentes, illogiques et contradictoires. Le réseau CBC a rapporté qu'« un haut fonctionnaire canadien a dit à CBC News que teleSUR n'a pas été accepté parce qu'il est un véhicule de propagande parrainée par l'État ». CBC est une société de la Couronne.

L'agence de presse russe TASS, dont le correspondant réside à Ottawa, s'est elle aussi vu refuser son accréditation.[2] Le président de la Tribune de la presse parlementaire canadienne, Philippe-Vincent Foisy, qui est journaliste à Radio-Canada, a dit à CBC News que ITAR-TASS est un membre accrédité de la tribune de la presse et que c'est inquiétant qu'on lui ait refusé son accréditation. « La tribune de la presse va demander des explications [à Affaires mondiales Canada] pour sauvegarder l'accès auquel s'attendent les membres de la tribune. Si on a vraiment refusé son accréditation à ITAR-TASS, c'est réellement problématique », a-t-il dit. « J'aimerais souligner que le Canada pourrait donner l'exemple à tous en donnant accès même aux journalistes qui travaillent pour des agences de presse d'État ou à des journalistes avec lesquels il n'est pas nécessairement d'accord, pourvu qu'il n'y ait pas de question de sécurité. »

De plus, le porte-parole canadien du Groupe de Lima, Richard Walker, avait répondu selon Sputnik en disant que l'agence de presse russe a été rejetée à cause d'un « manque de respect pour la ministre canadienne des Affaires étrangères ». Le Canada commet des gestes méprisables, mais ses représentants sont si sensibles qu'ils ont peur des mots qui les décrivent. Cela aurait été plutôt surprenant que des journalistes et médias russes n'aient pas montré un manque de respect pour un gouvernement, un membre d'un bloc militaire qui a massé des dizaines de milliers de soldats à ses frontières et vote contre des résolutions de l'ONU qui condamnent la glorification des nazis. Si le « manque de respect » était un crime, il ne resterait plus beaucoup de journalistes vivants au Canada.

Le Groupe de Lima est un petit groupe de pays autoproclamé qui a été rabouté ensemble par le Canada et le Pérou en août 2017, à l'extérieur des Nations unies et à l'extérieur de l'Organisation des États américains. Son seul objectif est d'unifier les forces externes et internes qui visent un changement de régime contre le gouvernement constitutionnel de la République bolivarienne du Venezuela, en violation du droit international et de la Charte de l'ONU. Les gouvernements des États-Unis et du Canada ont lancé une campagne internationale d'information pour faire triompher cet objectif, une campagne qui mobilise leurs missions diplomatiques, l'Internet, les médias sociaux et les grands réseaux des médias monopolisés. De manière parallèle, les monopoles des « médias sociaux » possédés et gérés par les États-Unis, utilisant les théories du complot et la propagande déguisée en « renseignement », intensifient leur censure des nouvelles et de la pensée au sujet du Venezuela.[3]

Lors de la conférence de presse qui a annoncé le plan de coup d'État illégitime du Groupe de Lima, Chrystia Freeland a déclaré de manière pompeuse aux médias canadiens et internationaux, au sujet d'une protestation de deux femmes qui étaient entrées dans la conférence de presse, que cela montre qu'« ici au Canada nous sommes une démocratie. Nous respectons tous les points de vue », contrairement au Venezuela, qui est une « dictature ». Elle semble penser que les Canadiens ont oublié le recours à la force armée contre les autochtones Unist'ot'en juste le mois dernier en Colombie-Britannique ou les plus de 1200 personnes qui ont été brutalement arrêtées lors des manifestations contre le Sommet du G-20 à Toronto en 2010.

Désinformation libérale sur la « fausse information »

Dans son reportage du 5 février sur la rencontre du Groupe de Lima, le Globe and Mail donne une raison de plus qui explique la censure : « Un haut fonctionnaire du gouvernement canadien, qui n'était pas autorisé à parler publiquement sur le sujet, a dit que les agences de nouvelles russes Sputnik, Ria Novosti et TASS, de même que la station de télévision propriété de l'État vénézuélien teleSUR, n'ont pas été autorisées à couvrir la réunion du Groupe de Lima [le 4 février] parce qu'on craignait qu'ils ne répandent de la fausse information sur l'événement. » Bravo pour le « respect de tous les points de vue » !

L'accusation de fausse information par des médias étrangers détourne l'attention de la désinformation qui est faite par l'État et les médias à son service et vise à empêcher que le peuple se donne du pouvoir, en prenant en main la question, dans ce cas-ci, de comment les Canadiens doivent discuter et élaborer des solutions à l'intervention et à l'agression du gouvernement dans les affaires intérieures des autres peuples et nations. L'idée que les médias russes trompent les gens au Canada s'accorde parfaitement avec la tentative actuelle du gouvernement de présenter l'opinion publique qui est opposée à l'intervention au Venezuela, aux plans de guerre des États-Unis et à l'OTAN comme « provenant de l'étranger » et constituant un danger pour la « sécurité nationale », comme prélude à la criminaliser.

En plus de ne pas expliquer ce qu'il veut dire par « fausse opération », Affaires Canada fait preuve d'un modus operandi qui est retors et la logique qui est présentée par le « haut fonctionnaire du gouvernement canadien » anonyme et non autorisé est aussi peu convaincante que celle du Groupe de Lima irrégulier ; rien n'est ouvert, rien n'est transparent.

Mépris libéral pour les journalistes

Depuis un an, Chrystia Freeland, qui est une ancienne journaliste des médias financiers (le Financial Times, The Economist, le Washington Post et le Globe and Mail) et donc experte en fausse information, a fait les manchettes pour ses propos au nom du « brave » Jamal Khashoggi du Washington Post (ex-censeur du régime saoudien) et un blogueur de l'Arabie saoudite, et de deux journalistes de Reuters au Myanmar en Asie du Sud. Pourquoi ces journalistes sont-ils plus égaux que d'autres ? C'est inquiétant que le gouvernement canadien ait été pratiquement silencieux sur les nombreux journalistes qui ont été assassinés, battus, arrêtés, enlevés ou déportés en Ukraine (appartenant à des agences de nouvelles ukrainiennes, britanniques, italiennes et russes) de même qu'en Palestine et en Amérique du Sud. Il ne considère pas que ces journalistes font partie de ce qu'il appelle la « communauté internationale » ou travaillent pour elle. Le silence officiel en dit long sur ce mépris pour la liberté démocratique d'expression, de conscience et d'information. L'homicide extrajudiciaire de journalistes est une violation des droits humains et du droit international que couvrent d'impunité le gouvernement du Canada et Affaires mondiales.

On est quand même en droit de se demander si Affaires mondiales considère ou non que teleSUR et les agences de nouvelles russes sont des fabricants de « fausses nouvelles » et à partir de quels critères.

Tandis qu'Affaires mondiales Canada et le gouvernement Trudeau fulminent contre la « dictature au Venezuela » et contre les « fausses nouvelles », la censure exercée contre les agences de nouvelles et les journalistes étrangers fait partie du diktat exercé par le gouvernement sous les ordres de l'OTAN et par les médias monopolisés et les médias sociaux à leur service, pour désinformer et détruire l'opinion publique au Canada et dans les Amériques, et pour priver le peuple de pouvoir.[4]

Les journalistes canadiens doivent prendre la parole

On ne peut pas sous-estimer le rôle et la responsabilité des journalistes non plus. Par exemple, lors d'une table ronde le soir du 4 février au réseau CBC, le journaliste John Paul Tasker de CBC News, qui a admis que les défections espérées des militaires sont « faibles », a dit ouvertement que le Canada doit intensifier ses sanctions contre le Venezuela. « Il faut serrer la vis à ces gens, les frapper là où ça fait mal, dans le portefeuille. » Cette propagande est un crime contre l'humanité.

La réponse qui a été donnée jusqu'à maintenant aux actions arbitraires d'Affaires mondiales envers les agences de nouvelles et les journalistes est lamentable. Pas un des journalistes assemblés à la conférence presse à Ottawa n'a demandé des comptes à Chrystia Freeland. Le 5 février, le Globe and Mail a faussement dépeint teleSUR comme une « station de télévision propriété d'État » comme si cela justifiait le refus de son accréditation par Affaires mondiales. L'entreprise monopoliste qui exploite le Globe and Mail, qui a de grands intérêts d'affaires bien au-delà des entreprises de nouvelles, dit ne pas censurer de nouvelles, publier de la désinformation ou mettre les journalistes sur une liste noire. Lors de la Journée de la liberté de la presse en 2018, le Globe and Mail de Toronto a consacré toute sa première page à la mémoire des journalistes qui ont été tués l'année précédente. Il n'y avait aucune mention des journalistes d'origine russe et ukrainienne, palestinienne, syrienne et latino-américaine.

Les journalistes canadiens doivent rejeter le mantra officiel voulant que les journalistes sont et doivent être « neutres » comme s'ils étaient des chevreuils pétrifiés par des phares ou des sténographes du pouvoir. Ils doivent prendre la parole en appui à teleSUR et aux autres agences de nouvelles plutôt que de les discréditer sur la base de leur pays d'origine ou de leur employeur. Aucun journaliste ne s'est vu refuser son accréditation ou n'a été expulsé du Venezuela ou de la Fédération russe parce qu'il était un employé du réseau CBC « propriété de l'État » ou pour avoir « manqué de respect » à un ministre des affaires étrangères. Cela vaut pour tout le monde, non ?

Notes

1. Selon Wikipedia, teleSUR est une « chaîne de télévision latino-américaine terrestre et par satellite basée au Venezuela, financée par plusieurs États, dont les quartiers généraux sont à Caracas » et qui a été lancée en 2005 en tant que « réponse socialiste à CNN ».

Il existe de nombreux cas de médias qui ont délibérément produit de faux reportages sur la situation au Venezuela. Un exemple en est la fausse représentation continuelle en ce qui concerne la propriété des médias au Venezuela. Plus de 70 pour cent des médias du Venezuela sont de propriété privée, environ 25 pour cent appartiennent à des communautés et 5 % sont contrôlés par l'État. Quarante pour cent des foyers ont la télévision par câble, ce qui leur donne accès à Fox et à CNN en espagnol. Presque tous les médias privés ont un préjugé favorable à l'opposition. Dans une étude produite par le Centre Carter lors de l'élection présidentielle de 2013 sur les trois principales stations de télévision privées, il a été démontré qu'elles ont consacré 79 % de leur couverture des élections au candidat de l'opposition Henrique Capriles.

TeleSUR a répliqué à cela. Il a souligné :

« Dans un cas récent devant la Cour suprême en novembre 2018, la Cour suprême du Canada a rendu un jugement unanime contre un journaliste de Vice Canada, Ben Makush, pour son reportage sur un membre d'une cellule terroriste du groupe État islamique, Farah Shirdon, un citoyen canadien devenu combattant islamique. La cour a demandé que Makush remette tous les documents relatifs à son reportage, ce qui 'crée un précédent très inquiétant et porte un coup à la liberté de presse au Canada', selon Alexandra Ellerbeck, la coordonnatrice de programme nord-américaine du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

« Dans un autre cas qui date de 2017, les forces policières du Canada ont été accusées d'avoir surveillé au moins sept journalistes, d'avoir obtenu l'accès à leurs conversations sur téléphone cellulaire, dans une démarche de la police provinciale du Québec pour les aider à résoudre le cas d'un informateur dans leurs rangs. Le refus par le Canada d'une accréditation de presse suit donc un exemple de modèles d'attaques contre tout journalisme qui ne suit pas entièrement les directives gouvernementales. »

2. L'agence TASS, fondée en 1904, est la plus grande agence de presse russe et l'une des plus grandes agences de presse au monde, aux côtés de Reuters, de l'Associated Press et de l'Agence France-Presse. TASS est enregistrée comme entreprise unitaire fédérale appartenant au gouvernement russe. Basée à Moscou, TASS dispose de 70 bureaux en Russie et dans la Communauté des États indépendants (CEI), ainsi que de 68 bureaux dans le monde.

Le service des nouvelles RIA Novosti et Sputnik, une plateforme multimédia, appartiennent tous deux à Rossiya Sevodnya. C'est une agence de presse détenue et exploitée par le gouvernement russe, créée par un décret du président de la Russie le 9 décembre 2013. Selon ce décret, le mandat de la nouvelle agence est de « fournir des informations sur la politique de l'État russe et sur la vie et la société russes pour un public à l'étranger ». Rossiya Sevodnya était chargée de l'accréditation des journalistes pour le championnat du monde 2018 de la FIFA, un processus qui n'a pas fait l'objet de controverse.

Margarita Simonyan, la rédactrice en chef de Sputnik, a répondu ceci au geste du gouvernement canadien :

« Au Canada, ils ont officiellement déclaré qu'ils [les journalistes de Sputnik] n'avaient pas eu accès à la réunion au Venezuela parce que notre correspondant n'avait pas été assez gentil avec la ministre des Affaires étrangères. L'ensemble du comité de rédaction a essayé pendant longtemps de comprendre et de découvrir à quel incident il est fait allusion, et nous n'avons pas pu trouver ou nous souvenir de rien. Peut-être à cause des articles critiques que nous avons publiés sur la politique étrangère du Canada et qui offensent probablement la ministre. La chose qui était la plus critique que nous avons trouvée est d'un de nos auteurs qui a écrit que le Canada est devenu le 51e État américain, ce qui dans son ensemble est juste. »

3. Les journalistes ont été exclus des conférences de presse du Groupe de Lima sur le Venezuela quelques jours à peine après que Twitter ait confirmé avoir supprimé des milliers de comptes d'utilisateurs de médias sociaux. Au total, 1196 comptes Twitter basés au Venezuela, soupçonnés d'essayer « d'influencer les auditoires nationaux », ont été supprimés en janvier et 764 comptes supplémentaires supprimés la semaine précédant la réunion du Groupe de Lima. Twitter affirme que sa purge massive de comptes était pour « la participation à une campagne d'influence soutenue par l'État », bien que, comme le souligne le site Internet venezuelanalysis.com, Twitter admet également que « nous ne sommes pas en mesure de lier définitivement les comptes situés au Venezuela aux opérations d'information d'un gouvernement étranger contre un autre pays ».

La tendance croissante à la censure exercée sur le Venezuela sous le monopole américain pratiquement en contrôle a été particulièrement intense en août 2018, dans le contexte de la tentative d'assassinat par des drones armés contre le président Nicolás Maduro et l'ensemble des dirigeants de l'État vénézuélien, le 4 août. Le gouvernement des États-Unis et les médias à son service ont défendu les allégations de la théorie du complot selon lesquelles la tentative d'assassinat avait été orchestrée. Dans une entrevue avec le conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton, Fox Sunday News a déclaré : « Le gouvernement du Venezuela accuse régulièrement les militants de l'opposition de comploter pour attaquer et renverser Maduro, un dirigeant profondément impopulaire qui a récemment été élu pour un nouveau mandat, décrié par des dizaines de pays. »

CBC et CTV National News « ont tous déclaré ouvertement que la tentative d'assassinat n'avait tout simplement pas eu lieu » (pour la réponse des médias et des politiciens encouragés par la tentative d'assassinat du président Maduro, voir Tony Seed, « Venezuela : la politique de l'assassinat », le 5 août 2018).

Le 9 août, 2018, Facebook a suspendu la page de Venezuelanalysis.com sans explication crédible, ciblant un site de nouvelles qui publie des articles sur le Venezuela qui sont marginalisés par les grands médias et qui contestent le préjugé en faveur du changement de régime dans ces médias. Le site d'information a constaté qu'il faisait partie d'une vague de censure plus large aux États-Unis qui découle de l'hystérie orchestrée autour du Russiagate. Il a ensuite été restauré après un appel officiel, sans explication. Facebook a également supprimé la page consacrée à teleSUR au Venezuela quelques jours plus tard, pour la deuxième fois en 2018, dans ce qui a commencé à apparaître comme une campagne de censure concertée contre des sites soutenant le gouvernement légitime du Venezuela. La page de teleSUR a ensuite été rétablie quelques jours plus tard, sans explication de pourquoi elle avait été supprimée.

Le geste faisait partie d'une purge sur Facebook, conseillée par le « Digital Forensic Lab », associé au Conseil atlantique, une branche politique de l'OTAN basée à New York.

En septembre, les « médias sociaux » détenus par les États-Unis ont poursuivi leur campagne de censure contre les comptes du gouvernement vénézuélien et ceux appuyant le gouvernement vénézuélien. Twitter, sans explication, a bloqué le compte de la presse présidentielle du Venezuela. (Merci à Maximilian Forte, Encircling Empire, pour certains des liens.)

La mise en place d'un système de censure est en train d'être confiée à Facebook et à Google. Les mégagéants des médias sociaux se présentent comme une force légitime pour contrôler le discours politique. Cela place la censure hors du domaine public, hors de portée des mécanismes publics censés permettre des recours contre de tels abus des pouvoirs de police.

4. Pour une discussion approfondie sur l'« arsenalisation » des médias sociaux, voir « L'OTAN et les médias sociaux : la menace à la démocratie libérale », LML, le 24 février 2018

Haut de page


États-Unis

Retirez toutes les troupes et les drones
de la frontière: Notre sécurité est dans notre
lutte pour les droits de tous


Manifestation à la frontière à San Diego, 10 décembre 2018

L'anarchie totale du gouvernement à la frontière sud augmente. Le président utilise les pouvoirs de police pour imposer une détention à long terme à des enfants dans des camps de tentes et des installations extrêmement froides et inadaptées ; il cible les familles des enfants en vue de leur expulsion, même s'ils n'ont commis aucun crime, continue de séparer les familles et qualifie les parents de membres de gangs ; les forces policières utilisent le gaz lacrymogène contre des familles non armées ; le gouvernement refuse d'offrir une assistance médicale et juridique et utilise l'armée pour s'occuper de problème d'immigration. L'anarchie persiste malgré les ordonnances des tribunaux, ce qui montre que la primauté du droit a été supprimée et que les pouvoirs de police ont préséance. On peut en dire autant du refus du Congrès d'agir et de plutôt concilier ou soutenir les attaques contre les droits humains.

Dans son discours sur l'état de l'Union, Trump a répété qu'une invasion était en cours et a annoncé qu'il enverrait 3750 soldats supplémentaires à la frontière, portant le total à plus de 10 000. Le Nouveau-Mexique a retiré ses troupes de la Garde nationale en signe de protestation, affirmant que « le Nouveau-Mexique ne participera pas à la manoeuvre de peur du président. »

La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, le sénateur Chuck Schumer et d'autres préparent un mur « intelligent » à la frontière, avec encore plus de drones et de tours d'espionnage et d'autres moyens de cibler et de réprimer les gens des deux côtés de la frontière. On estime que cela coûtera plus que les 5 milliards $ demandés par Trump. C'est aussi raciste, arbitraire et injuste qu'un mur physique. Le problème ici est que l'on ne peut pas compter sur le gouvernement pour résoudre aucun de ces problèmes car il reste dysfonctionnel et profondément embourbé dans les luttes de factions de plus en plus acharnées entre les dirigeants et leurs représentants politiques.

Trump a également laissé entendre qu'il pourrait bien cibler le gouvernement mexicain, affirmant dans son discours qu'il fournissait des autobus et des camions pour amener les familles de migrants à la frontière. Étant donné qu'il est prêt à utiliser la force et à intervenir, le nombre croissant de soldats constitue une menace sérieuse pour les populations des deux côtés de la frontière.

Les États-Unis ont maintes fois envahi le Mexique au fil du temps, en particulier à des moments comme celui-ci, lorsque la guerre civile de fait menace de devenir une guerre ouverte. Trump agit pour que les agents de la douane et de la protection des frontières (CBP) et de l'Immigration et des douanes (ICE) soient prêts à faire ce qu'il veut et à mener des actions illégales et inhumaines. L'opération à la frontière est un exercice concret de cela. Il s'efforce de faire la même chose avec l'armée, tout en plaçant toutes les forces nationales et locales sous le commandement de l'armée.

En situation de guerre civile, le contrôle des forces armées est une question cruciale et le président agit pour que le contrôle reste entre ses mains. L'objection du Nouveau-Mexique dans la situation, et peut-être d'autres dans les semaines à venir, indique que les États pourraient bien refuser de participer et réserver leurs troupes de la Garde nationale à leurs propres fins.

Dans cette situation, il est essentiel de rejeter la notion que les troupes, les drones et l'espionnage peuvent apporter une sécurité quelconque. L'expérience montre clairement que ce qui se passe à la frontière s'apparente davantage à l'insécurité, à la violence et au chaos pour tous les intéressés. Ni le plan de mur « intelligent » de Pelosi et Schumer, ni le Congrès dysfonctionnel ne résoudra les problèmes posés et à résoudre.

Les actions unies des deux côtés de la frontière et l'esprit internationaliste en développement montrent ce qu'il faut faire. C'est en intensifiant la lutte pour la défense des droits de tous, en renforçant l'unité dans l'action et en organisant une nouvelle direction des affaires politiques que la sécurité pour tous devient possible.

Retirez toutes les troupes et les drones de la frontière maintenant !
Notre sécurité est dans notre lutte pour les droits de tous !

(Voice of Revolution est une publication de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis. Traduction : LML)

Haut de page


55e conférence annuelle de Munich sur la sécurité

L'effondrement des arrangements de la guerre
froide et de la démocratie libérale créent une crise
à la conférence de guerre


Manifestation contre la guerre à Munich, le 16 février 2019, sur le lieu de la Conférence
de Munich sur la sécurité

La 55e conférence annuelle de Munich sur la sécurité se tient du 15 au 17 février 2019. Cette conférence a été précédée le 14 février d'une conférence connexe appelée la Conférence sur la cybersécurité de Munich (MCSC). La MSC affirme être « le principal forum au monde pour débattre de la politique de sécurité internationale ». Cette conférence rassemble quelque 450 « décideurs de haut niveau et de haut rang, ainsi que des leaders d'opinion du monde entier, notamment des chefs d'État, des ministres, des personnalités influentes d'organisations internationales et non gouvernementales, de hauts représentants de l'industrie, des médias, du monde universitaire et de la société civile ». Cela ressemble à la description aseptisée du Forum sur la sécurité internationale d'Halifax, qui dissimule sa nature agressive. Le peuple allemand et les peuples d'Europe, qui ont tenu des manifestations contre la guerre tout au long de la conférence comme ils l'ont fait les années précédentes, n'ont pas oublié les objectifs bellicistes de la MSC.

La MSC est née de la vision de guerre froide des États-Unis, de l'Allemagne et d'autres pays membres de l'OTAN dans le but de promouvoir les intérêts des États-Unis, de l'OTAN et surtout pour opposer la quête des peuples pour s'investir du pouvoir. Parmi ses participants, on retrouve en général de nombreux responsables de l'agression impérialiste et des crimes de guerre. Selon cette vision, les peuples du monde et leurs luttes pour la justice, la libération nationale et l'épanouissement de la personne humaine ne sont même pas pris en considération, même si ce sont les travailleurs du monde et leurs luttes qui sont le facteur décisif qui pave la voie au progrès des sociétés.


« Nous ne voulons pas de vos guerres ! »

Inquiétudes face au manque de partenaires fiables sous la présidence de Trump pour défendre la démocratie libérale

Chaque année, la MSC publie un rapport annuel sur la sécurité dans lequel elle détaille ce qu'elle considère comme étant les questions importantes et indique la manière dont l'OTAN et les pays alliés devraient réagir. Le titre du rapport de cette année, « Le grand casse-tête : qui ramassera les morceaux ? », exprime la consternation de la MSC devant l'état du monde actuel, dans lequel les anciens arrangements de la guerre froide et des institutions démocratiques libérales ne peuvent plus fonctionner. De plus, en lisant le rapport, il devient clair que la crise à laquelle fait face l'aile européenne de l'OTAN est qu'elle considère qu'elle n'a plus de partenaires fiables aux États-Unis sous l'actuel gouvernement Trump, et doit donc « ramasser les pots cassés ».

Dans la préface de ce rapport, le président de la MSC, Wolfgang Ischinger, pointe du doigt les tentatives de la présidence américaine de créer un axe tripolaire où l'Europe ne fait pas partie de l'équation. Il ouligne que « le monde n'est pas seulement témoin d'une série de crises de plus en plus grandes, mais qu'il y a un problème plus fondamental. Effectivement, nous semblons connaître un remaniement des éléments centraux de l'ordre international. Une nouvelle ère de concurrence entre grandes puissances se développe entre les États-Unis, la Chine et la Russie, accompagnée d'un certain vide de leadership dans ce qu'il est convenu d'appeler l'ordre international libéral. » Le rapport cite d'autres personnes qui vont dans le même sens :

« La chancelière allemande à quatre mandats, Angela Merkel, 'admet que le cadre de l'ordre bien connu et éprouvé est actuellement soumis à une forte pression'. Selon le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, la situation est encore pire : 'Cet ordre mondial que nous connaissions, auquel nous étions habitués, dans lequel nous nous sentions parfois à l'aise, cet ordre mondial n'existe plus.' Beaucoup pensent également que ce qu'on appelle l'ordre libéral international a été perturbé à ce point qu'il est difficile de revenir au statu quo ante. Comme le dit le président français, Emmanuel Macron, ce n'est pas 'un interlude dans l'histoire avant que les choses ne redeviennent normales [ ] parce que nous vivons actuellement une crise d'efficacité et des principes de notre ordre mondial contemporain, qui ne pourra pas être remis sur les rails ou revenir à la façon dont il fonctionnait auparavant.' »

Le rapport est basé sur le prétexte que l'ordre international soumis à la mondialisation est en quelque sorte démocratique et fondé sur des règles, si seulement l'administration Trump jouait le jeu de manière franche te équitable. Le « vide de leadership » dont il est question dans la préface est celui des États-Unis sous la présidence de Trump, qui est explicitement et à maintes reprises mentionné dans le rapport :

- « [...] l'effort des États-Unis pour rallier 'les nobles nations du monde pour construire un nouvel ordre libéral' et s'opposer aux grandes puissances autoritaires serait beaucoup plus crédible si le président Trump et son gouvernement ne manifestaient pas un enthousiasme irritant pour les hommes forts du monde entier. »

- « Le mépris pour les institutions et les accords internationaux a à maintes reprises opposé les États-Unis à leurs principaux alliés au cours des dernières années. Ce que ces alliés considèrent comme la seule façon de s'attaquer aux problèmes mondiaux, Trump le rejette comme 'l'idéologie du globalisme'. »

- « Dans ce contexte, tant les analystes que les décideurs politiques ont demandé aux principaux alliés libéraux et démocratiques des États-Unis de pallier le manque de leadership stable des États-Unis. Les pays habituellement cités sont les autres membres du G7 - le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon et le Royaume-Uni - ainsi que l'Australie, la Corée du Sud et l'Union européenne dans son ensemble. »

Ceux auxquels la MSC demande d'intensifier les efforts en l'absence des États-Unis sont aussi embourbés dans leur propre crise et celles qui sont appelées les institutions démocratiques libérales. Prenons l'exemple du Canada, où les partis politiques cartellisés privent les gens de leur mot à dire dans les affaires qui les touchent, et dont le gouvernement devient de plus en plus un gouvernement de pouvoir de police.

La MSC est paralysée par la conception de la fin de l'histoire

La MSC, l'OTAN et ceux qui font partie des forces qui souscrivent à la thèse de la fin de l'histoire selon laquelle la démocratie libérale constitue le stade final de la société humaine sont en crise. Ils sont en crise parce que la vie réelle révèle que la démocratie libérale, censée être à la base du système international, a échoué. Même en reconnaissant cela, la MSC ne voit toujours pas d'autre option que d'essayer de réanimer la démocratie libérale, car la conception de la fin de l'histoire ne fournit aucune alternative. On lit dans le rapport :

« C'est donc le grand casse-tête : assistons-nous à un grand remaniement des pièces de l'ordre international ? Les défenseurs de l'ordre international de l'après 1945 réussiront-ils à en préserver les principaux éléments et à en reconstituer au moins certains d'entre eux ? Ou le monde continuera-t-il de se rapprocher, comme a prévenu l'ancien ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, d'une 'tempête parfaite', l'effet cumulatif de plusieurs crises simultanées et qui pourraient détruire l'ancien système international avant même que nous ayons commencé à en construire un nouveau ? » (Souligné du LML.)

Le désarroi de la MSC est tel, qu'on lit dans le rapport :

« Dans ses Cahiers de prison, le philosophe italien Antonio Gramsci écrivait : 'La crise consiste justement dans le fait que l'ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés'. En un sens, c'est une description pertinente de l'ordre mondial actuel. »

Le fait de citer Gramsci ne va pas sauver la MSC et les forces anticommunistes virulentes qu'elle représente de leur dilemme parce qu'elles ne sont pas au service du Nouveau. La partie cruciale de l'analyse, qui doit être correctement attribuée à Karl Marx, et non à Antonio Gramsci, est que la classe ouvrière constitue la nation et investit le peuple de la souveraineté. Elle doit compléter la révolution démocratique afin d'éliminer une fois pour tout le rôle des privilèges dans le processus de prises de décision. Cela, la MSC n'ose pas le dire.

La promotion de l'ingérence étrangère et de l'agression impérialiste

Une grande partie du rapport porte sur les inquiétudes de la MSC au sujet du rôle de la Chine et de la Russie dans le monde d'aujourd'hui, des inquiétudes qui ne sont en essence différentes de celles de l'administration Trump. Les activités de la Chine en matière de commerce et de relations étrangères, comme l'initiative la Ceinture et la Route, sont considérées un empiétement sur le territoire de l'OTAN et constituent une menace à l'influence et à l'hégémonie de l'OTAN sur l'Europe et l'Asie ainsi que l'Afrique.

De la même manière, la décision écrasante du peuple de Crimée de rejoindre la Russie est dénaturée et qualifiée d'« annexion de la Crimée par la Russie » et toute une hystérie est soulevée à propos de la présence de « troupes russes » en Crimée.

Les gouvernements d'autres pays, comme celui de la Syrie et du Venezuela, sont également dénigrés pour justifier une ingérence étrangère et un changement de régime. C'est la même chose avec tous les peuples d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes qui sont considérés avec condescendance comme « des proies acceptables ». À cet égard, la MSC révèle son souci de concurrencer efficacement les intérêts américains afin d'acquérir le butin pour ses intérêts privés impérialistes étroits qu'elle cherche à servir contre ceux des impérialistes américains.

Autrement dit, tous ceux qui ne sont pas ou ne peuvent pas être soumis au diktat des États-Unis ou de l'OTAN sont ciblés par la MSC.

Ce qui est clair, c'est que le monde fait face à de grands dangers en cette période dans laquelle les vieux arrangements se détériorent et dans laquelle les travailleurs du monde entier et leurs organisations luttent pour établir de nouveaux arrangements centrés sur l'être humain qui mettent fin à l'exploitation, à l'oppression et à la guerre.

Des organismes comme la MSC ne peuvent pas apporter de réponse : ils font partie de ce qui empêche le nouveau de naître et constituent un danger réel pour les forces qui oeuvrent pour le progrès social. Seuls les travailleurs peuvent apporter le renouveau dont l'humanité a besoin.


« Interdisez les exportations d'armes ! », « Pas d'armes allemandes pour la guerre au Yémen ! »


Les manifestants écrivent sur leurs bannières que la guerre crée des réfugiés et appellent à défendre les droits des réfugiés pour faire de Munich une ville sécuritaire.


« Armes atomiques, hors d'Allemagne ! »


« Non aux missiles à portée moyenne en Europe ! »

Note

Les événements publics de la MSC :

À la veille de la conférence, le MSC a annoncé la tenue d'un débat public intitulé 'MSC2019 - De la guerre froide à la guerre des étoiles : comment gérer la course aux armements dans l'espace ?' à l'hôtel Bayerischer Hof, lieu de la conférence de Munich sur la sécurité de Munich. »

Les autres séances publiques comprennent :

- Les contributions de l'OTAN en matière de défense : l'Allemagne s'affirme-t-elle ?
- Un point de vue britannique : décoder la politique à l'ère du Brexit - avec Tony Blair
- Le fascisme : un avertissement - Une soirée avec Madeleine Albright
- Le rôle de l'Allemagne dans la politique mondiale

(Photos: Aktionsbündnis gegen die NATO-Sicherheitskonferenz)

Haut de page


La Conférence sur la cybersécurité
à Munich également

La guerre et l'espionnage cybernétiques sont inextricablement liés à la guerre et à l'agression impérialistes et à la concurrence intermonopoliste aujourd'hui. C'est pourquoi la 5e Conférence annuelle de la cybersécurité de Munich (MSCS) s'est tenue le 14 février, la veille du début de la Conférence sur la sécurité de Munich. Son thème était « Effondrement de la sécurité - Le besoin d'un changement de paradigme » et l'accent a été mis sur la cybersécurité des intérêts et des monopoles privés.

On lit dans un communiqué de presse du 6 février qu'environ 200 « décideurs internationaux en matière de politique, d'affaires et de science » vont discuter « de nouvelles pratiques de cybersécurité et de stratégies de sécurité dans un contexte de menace changeant ».

« Nous avons besoin d'un changement de paradigme dans notre pensée sur la sécurité, a dit Walter Schlebusch, le chef du Réseau de sécurité de Munich, quelques jours avant le début de la conférence.

« À la MCSC, nous voulons discuter avec des représentants de différentes industries comment aborder de manière effective les risques cybernétiques complexes et croissants tout en minimisant la vulnérabilité des entreprises face au dysfonctionnement des systèmes informatiques et aux menaces numériques. »

Selon la MCSC, « Nous sommes forcés d'agir dans le contexte de l'augmentation dramatique à l'échelle mondiale des attaques et du crime cybernétiques, qui causent des millions d'euros de dommages, et mettent en péril la numérisation de l'économie et de la société. Mais il n'est pas suffisant d'investir dans la sécurité. Pour faire face aux risques cybernétiques d'aujourd'hui, il faut une nouvelle pensée et une nouvelle gestion, lesquelles feront l'objet de la discussion à la MCSC. »

Le programme de la conférence prévoit plusieurs tables rondes sur les questions suivantes : Quel rôle joue le facteur humain dans la cybersécurité ? Quels sont les impacts et les bénéfices des nouvelles technologies de la cybersécurité ? Peut-on améliorer la sécurité et la transparence de l'information dans l'utilisation et l'exploitation des données ? Est-ce que la gestion intégrée du risque peut amener plus de résilience cybernétique et de nouvelles approches de gestion pour les organisations ?

Haut de page


Lisez Le Marxiste-Léniniste
Site web:  www.pccml.ca   Courriel: redaction@cpcml.ca