Une coalition pour les droits publie un plan d'action national pour mettre fin à la violence faite aux femmes et filles autochtones


Marche commémorative des femmes, Vancouver, le 14 février 2019

Le 14 février, l'Alliance féministe pour l'action internationale (AFAI), en collaboration avec Canada sans pauvreté (CSP) et Pamela Palmater, présidente de la gouvernance autochtone à l'Université Ryerson, ont rendu public le « Plan d'action national pour mettre fin à la violence contre les femmes et filles autochtones : le moment est venu ». Le plan d'action national, qui a été soumis à l'Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées en décembre 2018, appelle le gouvernement fédéral à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la violence.

Les mesures proposées visent à répondre à l'ampleur et à la gravité de l'« urgence nationale » que représentent les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues. Les mesures comprennent l'augmentation du financement des programmes destinés aux femmes et filles autochtones ; l'élimination de la discrimination fondée sur le sexe dans la Loi sur les Indiens qui désavantage les femmes des Premières Nations ; la mise en place d'« un mécanisme de réclamation des droits » qui permettrait aux femmes et filles autochtones d'obtenir réparation lorsque leurs droits sont violés ; la fin des enlèvements d'enfants autochtones de leurs mères, et la reddition de comptes de la part des forces policières pour qu'elles cessent de s'en prendre aux femmes et filles autochtones, etc.

Dans la conclusion du plan, les auteurs écrivent : « La crise des femmes et filles autochtones assassinées et disparues a été créée et est perpétuée par les gouvernements, les institutions et les agences du Canada. L'infrastructure de la violence est un ensemble de lois, de politiques et de pratiques racistes et sexistes qui se combinent pour créer une forme unique de misogynie violente et permet aux acteurs publics et privés de continuer de commettre des actes violents contre les femmes et les filles autochtones. Même s'ils connaissent les causes profondes de la violence et ses conséquences meurtrières, les gouvernements au Canada continuent à faire des choix juridiques, politiques et en matière de financement qui maintiennent la crise. »

Dans leur communiqué de presse, les auteurs soulignent que seules des mesures d'urgence radicales permettront de mettre un terme à la violence à l'égard des femmes et filles autochtones, une crise qui, soulignent-elles, a été créée par le Canada.

Shelagh Day, la présidente du Comité des droits humains de l'AFAI, a déclaré : « Les femmes autochtones, les organisations de la société civile et les autorités internationales des droits humains ont exhorté le Canada à agir de façon stratégique et urgente. Jusqu'à présent, les réponses du Canada ont été non coordonnées, ponctuelles et inefficaces. Notre coalition demande un plan d'action national coordonné pour s'attaquer aux causes profondes de la violence, avec des ressources pour soutenir le changement et des échéanciers pour sa mise en oeuvre. Nous n'accepterons rien de moins. »

Lelani Farha, directrice générale de Canada sans pauvreté, a déclaré : « Cette violence persistante est un échec pour la protection des droits humains des femmes et filles autochtones. Nous avons maintenant besoin que le gouvernement canadien agisse en faveur des droits humains. Nous attendons de nos gouvernements qu'ils respectent les engagements internationaux et nationaux qu'ils ont pris afin que les femmes et les filles autochtones soient traitées comme des êtres humains égaux, qui méritent la dignité, le respect et la protection. »

Pam Palmater, la présidente de la gouvernance autochtone à l'Université Ryerson de Toronto, a ajouté : « La violence extrême subie par les femmes et filles autochtones n'est pas le fruit du hasard. Les pratiques historiques et actuelles des institutions et des gouvernements font en sorte que les femmes et les filles autochtones sont traitées comme des êtres humains inférieurs. - sexualisées, racialisées et dont on peut se débarrasser. Les gouvernements doivent être disposés à assumer leurs responsabilités, à rendre des comptes et à abolir les lois et les pratiques qui perpétuent la violence. La vie des femmes autochtones en dépend. »

Un des principes importants énoncés dans le Plan d'action national est que le Canada doit adopter une approche fondée sur les droits pour s'attaquer au problème des femmes et des filles autochtones assassinées ou disparues, et que toutes les décisions, ainsi que la planification, doivent être confiées aux femmes autochtones qui « savent mieux que quiconque ce qui est nécessaire pour mettre fin à la violence à leur encontre ». Un des principes clés d'une approche fondée sur les droits est que leurs voix soient au centre du processus décisionnel tout au long de la formulation, de la mise en oeuvre et du suivi du Plan d'action national. »


Conférence de presse tenue par les femmes organisatrices au centre-ville de Vancouver, dans le quartier Eastside, avant la marche commémorative des femmes, le 14 février 2019

Le Plan d'action national met clairement en évidence que les affirmations du premier ministre Justin Trudeau, avant, pendant et après les élections d'octobre 2015, selon lesquelles son gouvernement allait établir une relation « nouvelle et respectueuse » avec les peuples autochtones et qu'aucune relation n'était plus importante pour lui sont bidon. Son gouvernement a échoué sur toute la ligne en ce qui a trait aux peuples autochtones et à leurs droits héréditaires, issus de traités et constitutionnels. L'Assemblée des Premières Nations et d'autres ont persuadé de nombreux autochtones de voter pour Trudeau et les libéraux en 2015 en raison de diverses promesses faites aux peuples autochtones.

Une de ces promesses était d'organiser une Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, comme le réclamaient depuis des décennies les familles des victimes, les organisations autochtones et les Canadiens. Cependant, dès le départ, les libéraux ont tout mis en oeuvre pour saboter le travail de l'Enquête nationale en tentant de détourner son ordre du jour, en sous-finançant l'Enquête, en faisant pression sur les commissaires et le personnel, dont certains ont démissionné, et en refusant d'autoriser un prolongement de deux années, ce qui a été demandé par les commissaires pour bien faire leur travail. L'enquête s'est poursuivie uniquement à cause de la demande persistante des familles des victimes et de leurs organisations, des peuples autochtones et des Canadiens et par la ténacité des commissaires mêmes à accomplir leur devoir.

L'AFAI, le CSP et Pam Palmater ont conclu leur plan d'action en soulignant que l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées devait « tenir compte de la gravité des actes et des omissions des gouvernements au Canada et les forcer à rendre des comptes sur toutes ces questions. Le Plan d'action national, qui constitue la recommandation prioritaire de cette soumission, doit être fondé sur la vérité, notamment sur le fait que la discrimination systémique et la violence à l'égard des femmes autochtones sont des instruments de génocide. » Elles concluent que l'enquête nationale « détient maintenant une connaissance approfondie de la violence et du besoin urgent de changements en profondeur » et qu'elles présentent cette proposition pour atteindre cet objectif.

La soumission commune peut-être lue ici (en anglais). La vidéo de la soumission de Pam Palmater peut être visionnée ici.

(Alliance féministe pour l'action internationale)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 5 - 16 février 2019

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