TABLE DES MATIÈRES
Sur le droit à un vote
éclairé
• Les
petits partis exigent l'abolition des privilèges
de
radiodiffusion électorale et défendent le droit
à l'égalité et
à un vote éclairé
• Lettre
de la majorité des partis enregistrés à
l'arbitre
en matière de radiodiffusion
• Présentation
du Parti marxiste-léniniste du Canada
à la Commission des débats des chefs
- Anna Di Carlo,
dirigeante nationale -
Questions relatives à la conservation de
l'environnement
• La
nécessité d'une approche dialectique de la
foresterie
- Peter Ewart -
• La
position du PCC(M-L) sur différentes questions
relatives à l'environnement
- K. C. Adams -
• Questions et réponses
La lutte contre la pandémie mondiale
• Cuba à la tête de la
lutte mondiale contre la pandémie de la COVID-19
- Isaac Saney -
• Vidéo: Innovation de la
biotechnologie cubaine
• L'emprise du FMI sur
l'Amérique latine
- Hedelberto López Blanch
-
• Point de presse sur
l'étude conjointe Chine-OMS sur les origines
de la pandémie de COVID-19
Sur le droit à un vote éclairé
Dans ce numéro, Le Marxiste-Léniniste
publie une lettre soumise par 11 des 20 partis
enregistrés du Canada demandant à l'arbitre en
matière de radiodiffusion Monica Song d'utiliser
les pouvoirs discrétionnaires de sa fonction pour
faire respecter le droit à un vote éclairé en
allouant du temps d'antenne pour la publicité
électorale télévisée et radiophonique de manière
égale à tous les partis, et pressant les autres
partis à soutenir cette position. La lettre a été
présentée à une réunion des partis politiques
enregistrés convoquée par l'arbitre en novembre
2020 pour déterminer la répartition du temps
d'émission à la prochaine élection générale.
La Loi électorale du Canada
comprend une « formule législative » pour la
répartition du temps d'émission électoral, payant
et gratuit, entre partis politiques enregistrés.
Adoptée en 1974, cette formule utilise des
facteurs de pondération fondés sur la performance
électorale antérieure d'un parti pour répartir le
temps d'émission : le nombre de sièges qu'il a
remportés à l'élection précédente, le pourcentage
de votes qu'il a obtenus et le nombre de candidats
qu'il a présentés. La formule est d'abord utilisée
pour diviser les 390 minutes aux heures de grande
écoute que certains réseaux autorisés par une
licence doivent chacun mettre à la disposition des
partis politiques pendant une campagne électorale.
La même proportion de temps est ensuite utilisée
pour répartir une plus petite quantité de temps
gratuit que les réseaux doivent fournir pour les
publicités électorales, à une heure de diffusion
choisie par le réseau. La quantité de temps payant
allouée à un parti déterminait également le temps
maximum qu'un parti enregistré pouvait acheter,
mais en 1993 cet aspect de la loi a été invalidé
puisque considéré comme une restriction
inconstitutionnelle de la liberté d'expression.
Aujourd'hui, le seul rôle réel du régime de
radiodiffusion est de répartir le temps gratuit
sur une base inégale. Un parti peut acheter autant
de publicité que ses moyens lui permettent, tant
qu'il ne dépasse pas la limite des dépenses
électorales.
Le régime de radiodiffusion de la Loi électorale
était initialement administré par le président du
Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes (CRTC). En 1993, la
Loi électorale a été modifiée pour créer le poste
d'arbitre en matière de radiodiffusion, doté de
pouvoirs discrétionnaires lui permettant de
modifier la répartition si elle est « inéquitable
pour l'un des partis enregistrés ou contraire à
l'intérêt public ». L'arbitre en matière de
radiodiffusion est tenu de convoquer une réunion
annuelle de tous les partis enregistrés pour
délibérer sur la répartition du temps d'émission
dans le but supposé d'établir un consensus. En
l'absence d'un consensus, c'est l'arbitre qui
décide.
La réunion pour la répartition du temps d'antenne
de novembre 2020 a donné lieu à une discussion
intense au cours de laquelle les petits partis ont
fait valoir la nécessité de défendre le principe
d'égalité. Le Parti libéral est le seul parti à la
Chambre à avoir tenté de défendre la loi telle
qu'elle est, affirmant qu'elle reflète la «
volonté des Canadiens » puisqu'elle a été adoptée
par le Parlement. Tous les partis représentés à la
Chambre des communes ont voté contre le principe
de l'égalité.
En janvier, l'arbitre en matière de
radiodiffusion a rendu sa décision, confirmant ce
que l'on appelle l'« approche modifiée 50-50 »,
selon laquelle 50 % du temps disponible est
attribué de manière égale et l'autre moitié selon
la formule législative. Sur cette base, les cinq
partis de la Chambre des communes se sont vu
attribuer 58 % du temps d'antenne disponible. Les
libéraux et les conservateurs se retrouvent avec
77,5 et 70 minutes respectivement, le NPD 33
minutes, le Bloc québécois 23 et les Verts 16. Le
Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC) a le
droit d'acheter 9 minutes, les autres petits
partis disposant également de 6 à 9 minutes[1].
Depuis l'adoption de ce régime, treize élections
fédérales ont eu lieu, chacune avec une
répartition du temps d'antenne qui privilégie les
partis politiques en place. L'élection fédérale de
1979 a été la première à se tenir sous le régime
de radiodiffusion, à une époque où il y avait six
partis enregistrés, dont le PMLC. Sur les 390
minutes disponibles, les libéraux en ont obtenu
155, les conservateurs (alors
progressistes-conservateurs) 134 et le NPD 63. Le
Crédit social a eu droit à 22 minutes. Le PMLC,
qui présentait 144 candidats dans cette élection,
s'est vu attribuer 8 minutes et le Parti
communiste la même chose.
Le 18 mai 1979, le PMLC a envoyé sa première
lettre de protestation à ce sujet au directeur
général des élections du Canada et au commissaire
du CRTC. Il s'opposait à la façon dont les médias
monopolisés divisent les partis politiques entre
partis « majeurs » et partis « mineurs » pour
justifier leur refus d'informer l'électorat sur
les opinions de tous les partis. Le PMLC
reprochait notamment au CRTC son échec à faire
respecter les dispositions de la Loi sur la
radiodiffusion qui stipulent que les médias
doivent fournir « la possibilité raisonnable et
équilibrée d'exprimer des vues différentes sur des
sujets qui préoccupent le public ».
La
lettre indiquait que « bien que le Parti
marxiste-léniniste soit tenu d'obéir à toutes
leurs lois, il n'a pas les mêmes droits. Les
[partis au pouvoir] ont tous les droits : ils
peuvent adopter des lois et peuvent appliquer
celles qui servent leurs intérêts, tandis que la
classe ouvrière et le peuple en général n'ont
aucun droit ». La lettre concluait que « les
résultats des élections ne peuvent être considérés
comme les résultats d'un processus démocratique,
même dans la définition la plus étroite du terme
».
En juin 1996, à l'initiative du PMLC, neuf partis
politiques enregistrés ont présenté une soumission
conjointe à l'arbitre en matière de
radiodiffusion, soulignant l'importance de
maintenir le droit à un vote éclairé et l'égalité
des partis politiques dans le contexte du
mécontentement politique croissant et de la perte
de crédibilité du processus électoral et politique[2], ce qui a été
confirmé par une lettre de suivi du leader
national du PMLC, Hardial Bains[3].
Cinq ans plus tard, le 1er juin 2001, le
directeur général des élections de l'époque,
Jean-Pierre Kingsley, recommandait au Parlement de
modifier la Loi électorale afin de séparer la
répartition du temps gratuit de la formule
législative. Il proposait d'augmenter le nombre de
stations tenues d'accorder du temps gratuit et de
répartir ce temps gratuit de façon égale entre
tous les partis politiques enregistrés. Sa
recommandation a été rejetée par la Chambre des
communes. Depuis, cette même recommandation a été
reprise par les directeurs généraux des élections,
Marc Mayrand et Stéphane Perrault, mais elle a été
rejetée à chaque fois par les partis à la Chambre
des communes.
La décision de l'arbitre en matière de
radiodiffusion, qui avantage certains partis
politiques par rapport à d'autres, n'est ni
raisonnable ni perçue comme étant démocratique.
Pour permettre aux Canadiens d'exercer leur droit
à un vote éclairé, il faut des mesures qui, à tout
le moins, les informent correctement de la
présence et des positions de tous ceux qui
participent à une élection.
Notes
1. Décision
de l'arbitre en matière de radiodiffusion sur
la répartition de 2020 du temps d'émission
payant, 8 janvier 2021
2. Lettre adressée à
l'arbitre en matière de radiodiffusion par
neuf partis politiques enregistrés, le 31 mai
1996
3. « Hardial Bains
adresse une lettre à l'arbitre en matière de
radiodiffusion », Le Marxiste-Léniniste
quotidien, 6 juillet 1996
Le 8 novembre 2020
Mme Monica Song
Arbitre en matière de radiodiffusion
Objet : Répartition de 2020 du temps d'émission
Félicitations pour votre nomination à titre
d'arbitre en matière de radiodiffusion. Nous
serons heureux de travailler avec vous.
Nous, soussignés, vous proposons par la présente
d'utiliser les pouvoirs discrétionnaires accordés
à l'arbitre en matière de radiodiffusion par la Loi
électorale du Canada (LEC) pour répartir
équitablement le temps d'émission de 2020 entre
tous les partis politiques enregistrés. Nous
pensons qu'un tel usage de votre pouvoir
discrétionnaire est approprié parce que toute
répartition qui n'est pas fondée sur le principe
de l'égalité est non seulement injuste pour tous,
sauf pour les plus grands partis déjà représentés
au Parlement, mais elle est également contraire à
l'intérêt public.
Lorsqu'une ressource publique, comme le temps
d'antenne des élections, est mise à la disposition
des partis politiques enregistrés, elle ne doit
pas être utilisée pour avantager certains partis
au détriment de d'autres. Une répartition fondée
soit sur la formule législative, soit sur l'«
approche modifiée 50-50 » de 2019 ne respecte pas
le principe démocratique qui consiste à permettre
aux Canadiens d'exercer un vote éclairé.
Les arguments pour justifier le traitement
préférentiel de certains partis ont été avancés
pour la première fois dans les années 1930, avant
même que les partis politiques ne soient reconnus
dans la LEC. Ces arguments s'articulaient
autour d'un concept d'élections « libres et
équitables » dans lequel certains partis devaient
être avantagés par du temps d'antenne public s'ils
avaient une chance raisonnable de former un
gouvernement majoritaire. À l'époque, cet objectif
était considéré comme « réalisable » pour
seulement deux partis politiques. Aujourd'hui, il
y a beaucoup plus de partis et les arguments selon
lesquels certains méritent plus de temps d'antenne
gratuit pour se faire entendre que d'autres ne
résistent pas aux normes démocratiques modernes.
En plus de la répartition injuste de temps
d'émission gratuit, la couverture de l'actualité
par les radiodiffuseurs et la presse écrite est
également très discriminatoire. L'élection
fédérale de 2019 a vu une suppression de
l'information sur les petits partis presque
complète par les médias nationaux.
De plus, non seulement pendant une élection, mais
aussi entre les élections, les partis politiques
qui ont des sièges à la Chambre des communes
reçoivent une couverture médiatique importante,
surtout le parti au pouvoir. D'autre part, les
médias érigent un mur de silence quasi hermétique
autour des petits partis, silence qui n'est brisé
qu'en de très rares occasions.
Au cours des trois dernières décennies, les
gouvernements successifs ont rejeté les
recommandations visant à modifier la répartition
du temps d'émission pour la rendre démocratique.
Dès la Commission royale sur la réforme électorale
de 1992, l'iniquité du régime et son incapacité à
contribuer à un vote éclairé ont été signalées
comme un problème. Les observations de la
Commission royale comprenaient un sondage montrant
que plus de 53 % des Canadiens voulaient en savoir
plus sur les petits partis.
Depuis deux décennies, Élections Canada
recommande la répartition égale du temps gratuit
entre tous les partis politiques enregistrés. En
2001, le directeur général des élections de
l'époque, Jean-Pierre Kingsley, a soutenu que
l'utilisation de la formule du temps payé pour
déterminer le temps gratuit « défavorise les
petits partis et les nouveaux partis, car ils
n'ont pas les ressources des partis bien établis
pour payer le temps d'antenne, ce qui fait qu'on
leur accorde aussi moins de temps gratuit ».
Cette recommandation a été formulée après que la
Cour d'appel de l'Alberta eut statué, en 1995, que
la répartition du temps d'émission payant ne
pouvait plus être utilisée comme une limite au
temps d'émission qu'un parti peut acheter. Ainsi,
l'argument selon lequel la formule de répartition
de temps payant sert à empêcher un parti disposant
de plus d'argent de dominer les ondes a été
invalidé. Tout parti peut acheter autant de
publicités qu'il le souhaite, tant qu'il ne
dépasse pas les limites de dépenses.
Après le jugement de la Cour suprême du Canada en
2003 [Figueroa c. Canada (Procureur général)],
le directeur général des élections a ajouté que le
régime de répartition est potentiellement une
violation de la Charte des droits et libertés.
Dans cette affaire, le gouvernement a soutenu que
les violations du droit d'élire et d'être élu en
vertu de la Charte pouvaient être justifiées parce
que « Le parti qui ne participe pas aux élections
dans le but de former le gouvernement ou, du
moins, de remporter un nombre substantiel de
sièges au Parlement n'est pas en mesure de
favoriser la représentation effective. » La Cour
suprême n'était pas d'accord. Elle a estimé que
des dispositions législatives éclairées par
l'objectif de donner naissance à une forme
particulière de gouvernement responsable était «
problématique ».
« L'adoption d'une loi dans le but exprès de
réduire les chances qu'une certaine catégorie de
candidats se fasse élire est non seulement
contraire aux principes d'une société libre et
démocratique, mais elle constitue l'antithèse de
ces principes », a déclaré la Cour suprême.
Après l'élection fédérale de 2015, le directeur
général des élections, Marc Mayrand, a réitéré la
recommandation de M. Kingsley de 2001. Le Comité
permanent de la procédure et des affaires de la
Chambre a promis de « réexaminer » la question
plus tard, une promesse qui n'a pas été tenue.
La répartition actuelle du temps d'antenne
profite aux partis politiques qui ont des sièges à
la Chambre des communes – certains plus que
d'autres – au détriment des partis qui n'ont pas
de siège à la Chambre. Elle n'est ni raisonnable
ni perçue comme étant démocratique.
Pour habiliter les Canadiens à exercer leur droit
à un vote éclairé, il faut des mesures qui, à tout
le moins, les informent correctement de la
présence et des positions de tous ceux qui
participent à une élection.
Nous ne pouvons qu'espérer que le 9 novembre, les
représentants de tous les partis politiques
enregistrés, et en particulier ceux qui ont des
sièges à la Chambre des communes, feront un petit
pas, mais un pas important, en faveur d'un vote
éclairé en appuyant la répartition égale du temps
d'émission.
Respectueusement soumis,
Liz White, Animal Protection Party of
Canada
Partap Dua, Quatrième Front du Canada
Rodney Taylor, Parti de l'Héritage
Chrétien du Canada
Liz Rowley, Parti communiste du Canada
Coreen Corcoran, Parti Libertarien du
Canada
Blair Longley, Parti Marijuana
Anna Di Carlo, Parti Marxiste-Léniniste
du Canada
Stephen Garvey, Alliance Nationale des
Citoyens du Canada
Sébastien CoRhino, Parti Rhinocéros
Ken Ranney, Arrêtons le changement
climatique
Randy Joy, Parti de la Coalition des
anciens combattants du Canada
- Anna Di Carlo, dirigeante
nationale -
La Commission des débats des chefs est
mandatée par décret pour organiser deux débats
des chefs – un en français et un en
anglais – pour la prochaine élection
générale du Canada. Elle est actuellement
engagée dans un processus de consultation «
auprès de différents intervenants afin de
déterminer les critères de participation » à ces
débats. La Commission a écrit à tous les partis
politiques enregistrés et admissibles pour «
inviter les chefs à lui soumettre la liste des
critères qui, selon eux, devraient être pris en
compte pour établir si un chef doit être invité
à participer aux débats des chefs de la
prochaine élection générale fédérale ».
Nous reproduisons ci-dessous la présentation
soumise par la dirigeante nationale du Parti
marxiste-léniniste du Canada Anna Di Carlo.
15 mars 2021
Le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC) est
heureux d'avoir l'occasion de présenter son point
de vue sur la façon dont les critères
d'admissibilité sont déterminés pour les débats
télévisés des chefs au niveau fédéral.
La lettre d'invitation du 23 février de la
Commission des débats des chefs (la Commission)
nous informe que le gouvernement libéral a remis à
la Commission le pouvoir de fixer les critères
d'inclusion dans les débats. Les libéraux ont
modifié le décret CP 2018-1322 à cette fin. Comme
la Commission le déclare dans le document Les
débats, essentiels à la démocratie : Rapport sur
la Commission des débats des chefs de 2019 et
l'avenir des débats au Canada, il y avait
une préoccupation constante que « le gouvernement
est mal placé pour établir des critères de
participation aux débats des chefs, étant donné la
perception de conflit d'intérêts causé par la
participation future du premier ministre aux
débats ». Le décret modifié est censé corriger
cette irrégularité où le parti au pouvoir décide
qui doit être entendu pendant une élection.
L'objectif de la Commission, tel qu'annoncé dans
le budget fédéral de 2018, était de « mettre en
place un processus selon lequel les débats des
chefs fédéraux seraient organisés dans l'intérêt
public et renseigneraient mieux les Canadiens sur
les partis en lice, leurs chefs et leurs positions
politiques ». La Commission devait veiller à
l'élimination de « la torsion des règles pour
obtenir des avantages politiques » et des « jeux
partisans ».
Loin de créer une commission habilitée à faire
cela, le décret PC 2018-1322 établit des critères
qui maintiennent le caractère exclusif des débats.
Trois critères sont établis à l'avance et pour
être admissible un parti doit répondre à au moins
deux d'entre eux : 1) il doit déjà être représenté
à la Chambre des communes; et 2) il doit avoir
l'intention de présenter des candidats dans au
moins 90 % des circonscriptions; et 3) ses
candidats doivent avoir obtenu au moins 4 % du
nombre de votes validement exprimés lors de
l'élection générale précédente. Le troisième
critère s'accompagne de la stipulation que le
commissaire aux débats peut inclure un parti qui
ne remplit pas deux des trois critères s'il juge
qu'il a « une véritable possibilité d'être élu
lors de l'élection générale » en se basant sur des
sondages et d'autres méthodes, comme cela a été
fait pour le Parti populaire du Canada lors de
l'élection de 2019.
Suivant ce processus de sélection, quinze des 21
partis enregistrés ont été exclus des débats en
2019.
Le dilemme de la Commission
Nous sommes informés que le but de cette
consultation est de donner lieu à une
détermination indépendante et impartiale des
critères, sans influence ni ingérence du
gouvernement. Or, la Commission commence sa lettre
d'invitation en citant son mandat fondateur,
lequel reste inchangé, notamment le premier
préambule du mandat qui stipule : « Attendu qu'il
est souhaitable que les débats des chefs soient
efficaces et informatifs, qu'ils suscitent
l'intérêt et qu'ils profitent de la participation
des chefs qui sont les plus à même de devenir
premier ministre ou dont le parti politique est le
plus à même de remporter des sièges au Parlement
».
Le maintien de ce préambule tourne en dérision
l'affirmation que la Commission est désormais
indépendante et impartiale, puisqu'il préserve le
critère antidémocratique primordial qui conduit à
l'exclusion et brime le droit des citoyens de
voter en connaissance de cause.
L'article 4 du décret initial est également
conservé. Il stipule que « la Commission est
guidée par la poursuite de l'intérêt public et par
les principes de l'indépendance, de
l'impartialité, de la crédibilité, de la
citoyenneté démocratique, de l'éducation civique,
de l'inclusion et de l'efficacité financière ».
La Commission semble avoir elle-même vu que le
préambule et l'article 4 posent un dilemme. Elle
affirme : « Ces deux objectifs, l'un favorisant
étroitement le premier ministre le plus probable
et l'autre reflétant une plus grande inclusion et
un plus grand éventail de points de vue, sont
quelque peu contradictoires. L'accent mis sur la
première option permettrait de réduire le nombre
de participants aux débats, peut-être à deux ou à
trois dans le contexte canadien. En mettant
l'accent sur la deuxième option, la scène serait
élargie pour y inclure jusqu'à cinq ou six chefs.
»
En présentant la chose comme étant un choix entre
« deux ou trois chefs » ou « cinq ou six chefs »,
la Commission détourne l'attention du fait que les
deux options sont basées sur des critères
d'exclusion et sont donc antidémocratiques. Ni le
préambule, ni les principes directeurs ne
reconnaissent le droit à un vote informé.
Même l'inclusion de l'expression « citoyenneté
démocratique » comme un « principe » est
inquiétante. La Commission n'explique pas ce
qu'elle entend par « citoyenneté démocratique » et
ne dit pas quels droits démocratiques sont
conférés au citoyen selon elle. Par définition,
une conception moderne de la citoyenneté reconnaît
tous les citoyens comme membres égaux d'un corps
politique jouissant de droits égaux, y compris le
droit de voter en connaissance de cause. L'ajout
de l'adjectif « démocratique » laisse entendre
qu'il existerait une autre forme de citoyenneté
qui se définit différemment. La Commission affirme
cependant que les débats « constituent un point de
convergence pour les campagnes, qui peuvent
favoriser une citoyenneté démocratique. Ils
permettent notamment aux citoyens d'influencer le
programme électoral, de s'informer sur les
candidats, leurs partis et leurs programmes, de
participer à la discussion politique et de se
sentir capables de participer au processus
électoral. »
Le processus par lequel
les citoyens sont censés être autorisés à faire
toutes ces choses n'est pas contrôlé par eux. Nous
revenons une fois de plus au dilemme de savoir qui
décide de ce qui est bon pour les citoyens et
suivant quel critère. En fait, l'expérience a
montré que les débats des chefs au Canada sont un
mécanisme servant à imposer à l'électorat ce qui
est déterminé comme étant « les enjeux » par le
consortium médiatique « indépendant » et une
poignée de conseillers.
Dans tous les documents liés à la Commission, de
l'annonce de la création de la Commission dans le
budget 2018, au décret et au rapport du Comité de
la procédure et des affaires de la Chambre donnant
son appui à la formation de la Commission, en
passant par le rapport post-débat de la
Commission, nous ne trouvons qu'une seule
référence au droit des Canadiens de voter en
connaissance de cause. Parlant des débats de 2019,
la Commission conclut dans son rapport : «
L'influence des débats a été tangible. Ces deux
événements clés ont aidé les Canadiens à exercer
leur droit de vote en toute connaissance de cause.
À une époque où l'existence de nos institutions et
la santé de la démocratie sont devenues sujet de
préoccupation et de questionnement, il s'agit
certes d'un signe d'espoir. »
Le lecteur serait en droit de penser que le
principe de l'inclusion est effectivement
contraire à l'exclusion stipulée dans le préambule
du mandat de la Commission. La ligne directrice
sur l'inclusion ne fait toutefois référence qu'à
l'auditoire. Dans son rapport de 2019, la
Commission conclut : « Pour ce qui est des mesures
d'inclusion, nos constatations sont mitigées. Nous
relevons que les personnes handicapées, non
européennes et rurales, ainsi que les jeunes,
étaient moins sensibilisés aux débats (dans les
jours précédant les débats). »
Ce classement des citoyens en identités appelées
« personnes handicapées, non européennes et
rurales » et l'invention d'une inquiétude à savoir
s'ils étaient au courant ou non des débats
montrent que la Commission se réfère uniquement à
l'auditoire. Cela montre également à quel point la
Commission cherche à détourner l'attention de la
question en jeu, à savoir l'exclusion politique et
la marginalisation de facto de la grande majorité
des Canadiens. Cela restera le cas tant que les
éléments qui informent la Commission impliquent
l'exclusion de la majorité des partis des débats,
n'informant pas les Canadiens à leur sujet et leur
permettant encore moins de participer aux
discussions sur ce qu'ils proposent.
L'objectif de la Commission ne devrait pas être
de justifier l'exclusion politique et la
marginalisation des citoyens au nom des «
principes de l'indépendance, de l'impartialité, de
la crédibilité, de la citoyenneté démocratique, de
l'éducation civique, de l'inclusion et de
l'efficacité financière ». Elle doit permettre aux
citoyens de voter en connaissance de cause en
respectant le principe démocratique fondamental de
l'égalité, qu'il s'agisse de l'égalité des partis,
des candidats ou des citoyens.
Dans toutes ses délibérations, la Commission
occulte complètement le fait que le système
maintient le traitement de participants de seconde
classe pour les candidats indépendants qui, comme
la majorité des partis politiques, ne bénéficient
même pas d'une reconnaissance symbolique.
Les critères d'inclusion
Tant qu'il s'agira de débats nationaux des chefs
de partis, les critères d'inclusion ne peuvent
être autres que ceux énoncés dans la Loi
électorale du Canada sur l'enregistrement
des partis. La loi dit qu'un parti politique peut
être enregistré lorsqu'il présente au moins un
candidat à une élection partielle ou à une
élection générale après avoir soumis le nom de 250
membres à Élections Canada. Il doit avoir un agent
officiel et un organe exécutif, et il doit
déclarer que l'un de ses objectifs essentiels est
de « participer aux affaires publiques en
soutenant la candidature et en appuyant l'élection
d'un ou de plusieurs de ses membres ».
À moins d'une modification des critères
d'enregistrement prévus dans la Loi
électorale du Canada, un parti politique
enregistré est un parti politique enregistré et le
principe démocratique d'égalité doit s'appliquer.
Aucun autre critère ou jugement sur la valeur d'un
parti politique ne peut être justifié si le
processus doit être perçu comme étant
démocratique.
Si les élites dirigeantes du Canada veulent un
système dans lequel seuls les partis politiques et
les candidats qui « ont une chance de gagner »
(selon elles) devraient être reconnus, elles
doivent modifier la Loi électorale du Canada.
Par exemple, la loi pourrait exiger que pour être
enregistré un parti doit prouver une « probabilité
de gagner des sièges au Parlement ».
Il faudrait également modifier la Charte des
droits et libertés. L'article 3 stipule
présentement que « tout citoyen a le droit de vote
et est éligible aux élections législatives
fédérales ou provinciales » mais il serait plus
exact de dire que « tout citoyen a le droit de
vote aux élections législatives fédérales ou
provinciales et tout citoyen qui, selon l'État, a
des chances de remporter un siège au Parlement a
le droit de se présenter à une élection ».
Évidemment, cela créerait un autre dilemme.
Est-ce l'élection qui détermine le gagnant ou
est-ce le cartel formé par les partis ayant des
sièges à la Chambre des communes, leurs groupes de
réflexion, leurs firmes de sondage, leurs médias
et aussi les banques qui leur prêtent de l'argent
sur la base de l'évaluation du risque informée par
les « chances de gagner » établies par toutes ces
institutions ? Cela nécessiterait également un
examen impartial de la neutralité des firmes de
sondage et des questions qu'elles posent.
En l'absence d'une telle enquête pour établir la
vérité à partir des faits, les élites qui prennent
toutes les décisions sur ce qui est bon pour les
Canadiens en partant de la perspective d'exclusion
préétablie qui guide cette Commission sont
également celles qui établissent les firmes de
sondage, ont recours aux services des firmes de
sondage et formulent les questions posées. D'où le
dilemme pour la Commission.
La plus grande diversion que commet la Commission
est de prétendre éliminer la perception d'un
conflit d'intérêts en retirant des mains du
premier ministre et de son cabinet le pouvoir de
décider qui doit être inclus dans les débats des
chefs. Comment va-t-elle maintenant éliminer la
perception qu'elle est elle-même en conflit
d'intérêt puisqu'elle est formée de représentants
qui ont un intérêt à perpétuer les critères les
plus exclusifs et élitistes au nom de la
citoyenneté démocratique et de l'inclusion ?
Pour sortir de ce bourbier, la Commission doit
reconnaître la nécessité d'un renouvellement
démocratique du processus électoral afin qu'il ne
soit pas basé sur des privilèges et soit conçu non
pas pour porter des partis politiques au pouvoir
mais pour investir le peuple du pouvoir de
décider. En attendant, les modifications que le
PMLC a proposées pour rendre la Loi
électorale du Canada et la Charte des
droits et libertés conformes à la réalité
du processus électoral actuel du Canada
permettraient au moins d'éliminer l'hypocrisie et
la contradiction flagrante entre la proclamation
des droits par la Charte et les limites qui leur
sont aussitôt imposées, limites qui non seulement
seraient « raisonnables » mais « dont la
justification puisse se démontrer dans le cadre
d'une société libre et démocratique ».
Il va de soi que ceux qui jouissent de positions
de pouvoir et de privilèges et qui sont protégés
par un système qui s'autoperpétue voudraient
railler ces propositions et les déclarer
scandaleuses et peut être même extrémistes.
Il ne reste pas moins que tant que les partis
politiques jouent un rôle dominant dans les
élections, tous les partis politiques enregistrés
doivent bénéficier des mêmes possibilités que les
partis de l'establishment, à défaut de quoi
l'électorat ne peut pas voter en connaissance de
cause.
Que les débats d'exclusion soient organisés
directement par un conglomérat de partis
politiques à la suite de négociations secrètes et
intéressées avec les médias, comme c'était le cas
avant la création de la Commission des débats des
chefs, directement par le gouvernement ou par un
organisme « indépendant » mandaté pour mettre en
oeuvre une directive du gouvernement, on ne
changera pas l'eau en vin.
Un virage rétrograde dans le processus électoral
et politique
Le PMLC est d'avis que la création de la
Commission des débats des chefs – par décret
gouvernemental, rien de moins – fait partie d'une
tendance rétrograde. Le renforcement du pouvoir et
du privilège dans la conduite des élections ne
rend pas légitime la marginalisation politique
accrue des citoyens. Cela arrive à un moment où la
légitimité et la crédibilité des institutions de
la gouvernance sont en grande difficulté et cette
tendance va à l'encontre de la demande des
Canadiens que fin soit mise à toute forme de
privilège dans le processus électoral et
politique.
Le traitement discriminatoire des
candidats et des partis politiques qui ne
souscrivent pas à l'idéologie officielle dominante
et aux « valeurs et principes » présentés comme
fondamentaux pour notre sécurité nationale et
notre intérêt national n'est pas nouveau. Ce qui
est nouveau, c'est l'abandon insouciant de toute
prétention à respecter les formes démocratiques.
Plus le peuple revendique son droit de participer
à la prise des décisions qui ont des conséquences
pour lui, sur tous les fronts, plus ceux qui
occupent des positions de pouvoir et d'influence
font des déclarations ouvertes qui écartent,
délégitiment et même criminalisent de grands pans
de l'opinion politique. De grands efforts sont
faits de concert avec les médias pour créer un
climat dans lequel cela est considéré comme «
normal ». Cela est présenté comme étant non
seulement dans l'intérêt de la démocratie, mais
aussi nécessaire pour défendre la sécurité
nationale et l'intérêt national.
Le premier ministre Justin Trudeau a lui-même
relancé cette tendance rétrograde dans un discours
à Yellowknife le 10 février 2017. Pour justifier
sa décision sans précédent d'annuler la
recommandation du Comité spécial sur la réforme
électorale d'introduire un système ou une
représentation proportionnelle, et sa décision
d'abandonner sa promesse électorale de 2015 de
réformer le processus électoral pour le rendre
plus représentatif que ce que permet le scrutin
uninominal à un tour, il a déclaré que la
stabilité du Canada serait mise en danger si un
parti autre que les « trois partis existants », ou
autre que des partis comme eux, était élu à la
Chambre des communes.
« Si nous devions faire un changement ou risquer
un changement qui augmente les voix individuelles,
a déclaré Justin Trudeau, cela augmenterait les
voix extrémistes et les voix activistes qui ne
peuvent exister au sein d'un parti qui doit
élaborer ce qui convient le mieux à l'avenir du
pays dans son ensemble, comme le font les trois
partis existants. Je pense que nous entrerions
alors dans une ère d'instabilité et d'incertitude.
Nous mettrions en danger ce qui fait de nous des
gens plus chanceux que n'importe qui d'autre sur
la planète. »
Le gouvernement libéral a par la suite supprimé
le ministère des Institutions démocratiques. Il
est vrai que ce ministère avait été créé pour des
raisons intéressées et qu'il parvenait bien mal à
donner une crédibilité démocratique à son
ministre, sans parler du premier ministre et de sa
« lettre de mandat » qui était censée guider le
travail de ce ministère.
S'ils ont critiqué la volte-face du premier
ministre sur la réforme électorale, il demeure
qu'aucun des partis siégeant à la Chambre des
communes ne s'est élevé contre la déclaration
qu'un régime autocratique serait dorénavant
utilisé pour marginaliser tous les partis autres
que ceux déjà présents à la Chambre. Il n'y a pas
eu d'objection non plus des personnalités de la
presse monopolisée.
Aujourd'hui, même le Parlement devient un «
service non essentiel », les partis cartellisés
étant réduits à présenter des projets de loi
privés et des motions et à se servir des
commissions parlementaires pour fomenter des
scandales et des diversions. Pendant ce temps, le
gouvernement agit en toute impunité, sans avoir à
rendre de comptes, même symboliquement, au
Parlement ou au peuple. Les exigences de la
privatisation néolibérale sont telles que même les
apparences extérieures de ce qu'on appelle les
institutions démocratiques libérales doivent être
sacrifiées. Cela comprend la prétention que les
élections sont libres et équitables et qu'elles
sont le moyen par lequel les Canadiens peuvent
exiger des comptes des partis cartellisés et de
leurs candidats. On aura beau prétendre qu'une
nouvelle formule de débats des chefs permettra
l'expression d'un vote éclairé, cela ne changera
pas cette réalité.
Aujourd'hui,
toutes les décisions cruciales affectant le corps
politique sont prises par le premier ministre et
ses ministres, qui utilisent les pouvoirs de
prérogative pour définir les politiques,
c'est-à-dire les pouvoirs de police. La création
de la Commission n'est qu'un exemple parmi tant
d'autres. Aujourd'hui, ce sont les pouvoirs de
police qui dictent l'objectif de l'élection, soit
de porter au pouvoir un gouvernement qui respecte
« les valeurs et les principes » consacrés par la
Couronne. Des firmes privées et des agences de
renseignement ont carte blanche pour fixer les
règles du jeu en restreignant la liberté
d'expression et de conscience et en marginalisant
et criminalisant toute opinion qui, selon elles,
menace les institutions démocratiques libérales en
crise. Des affirmations absurdes sont faites pour
tenter de justifier cette tendance, comme lorsque
le premier ministre déclare que la plus grande
menace pour notre démocratie, ce sont les « voix
extrémistes » qui n'adhèrent pas à l'un des trois
partis attrape-tout. La réalité est que ces partis
agissent en cartel pour écarter du pouvoir le
peuple et même leurs propres membres. Ils ont
depuis longtemps sabordé leurs propres
organisations de circonscription et ils ne
recrutent des membres que pour avoir de l'argent
et légitimer leur chef qui brigue le poste de
premier ministre.
Le financement
Le PMLC s'oppose également à l'utilisation de
fonds publics pour renforcer un régime
antidémocratique. Le budget supplémentaire de
dépenses du gouvernement libéral pour les débats
des chefs lors des prochaines élections s'élève à
5 147 844 $. La Commission des débats des chefs
s'est vu allouer un budget de 6 millions de
dollars pour 2019 et a dépensé 4,1 millions de
dollars. Il s'agit d'un montant assez exorbitant
quand on sait que le coût d'un débat télévisé en
2011 était de 250 000 dollars et qu'il a été
absorbé par les membres du consortium médiatique.
La création d'une commission des débats des chefs
est une autre façon grossière de financer certains
partis politiques durant une élection. Ce qui ne
sert pas à promouvoir les uns sert à justifier
l'érection d'un mur du silence autour des autres.
Cela tourne en dérision les règles sur les
dépenses électorales et la notion d'égalité des
chances et d'élections libres et équitables. En
fait, beaucoup ne trouveraient pas exagéré
d'appeler cela une forme de corruption.
Le PMLC préconise le droit de l'électorat à un
vote éclairé et le droit de tous les candidats de
participer à une élection qui est menée de manière
impartiale, sans privilèges accordés à un candidat
ou à un parti par l'État. Le respect de ces
principes démocratiques est d'autant plus
pertinent quand des fonds publics sont utilisés
pour faire la promotion de certains candidats et
partis qu'une poignée de personnes jugent dignes
d'être élus. Le PMLC est d'avis que les fonds
publics devraient être utilisés pour financer le
processus et non les partis politiques comme c'est
le cas aujourd'hui, sans parler de l'aspect
discriminatoire de ce financement.
En conclusion, tous les éléments qui informent la
Commission impliquent l'exclusion de la majorité
des partis des débats, ce qui sert à marginaliser
ces partis qui sont ensuite diffamés, accusés
d'être marginaux, non pertinents, extrémistes et
ainsi de suite.
Justifier l'exclusion politique et la
marginalisation des citoyens au nom des «
principes de l'indépendance, de l'impartialité, de
la crédibilité, de la citoyenneté démocratique, de
l'éducation civique, de l'inclusion et de
l'efficacité financière », ou au nom de la
nécessité de n'inclure que les chefs susceptibles
de devenir premier ministre, aboutit à ce même
résultat. Une fois que les élites dirigeantes ont
retiré de la table la discussion sur le droit à un
vote éclairé et le principe démocratique
fondamental de l'égalité, ceux-ci deviennent une
préoccupation encore plus importante pour le corps
politique.
Il reste cette question cruciale : pourquoi les
élections devraient-elles être guidées par
l'objectif de former un gouvernement de parti ?
Pourquoi tous les candidats ne sont-ils pas placés
sur un pied d'égalité et pourquoi des moyens ne
sont-ils pas conçus pour informer la population de
ce que chacun d'eux propose ?
Le PMLC a étudié attentivement les documents
relatifs à la création de la Commission des débats
des chefs, ses délibérations post-2019 ainsi que
le « nouveau » mandat de la Commission; il les
fait connaître le plus largement possible et
invite tout le monde à échanger les opinions et à
participer à la discussion sur cette question.
Questions relatives à la
conservation de l'environnement
- Peter Ewart -
Il y a cent quarante ans, Friedrich Engels, proche
collaborateur de Karl Marx, écrivait dans son
livre Dialectique de la nature que «
rien dans la nature n'arrive isolément. Chaque
phénomène réagit sur l'autre et inversement, et
c'est la plupart du temps parce qu'ils oublient ce
mouvement et cette action réciproque universels
que nos savants sont empêchés d'y voir clair dans
les choses les plus simples »[1].
Il poursuit : « Ne nous flattons pas trop de nos
victoires sur la nature. Elle se venge sur nous de
chacune d'elles. » Et il citait des exemples de
cette vengeance en soulignant comment, au cours
des siècles précédents, la coupe des forêts en
Mésopotamie, en Grèce et dans d'autres endroits
d'Europe a créé les conditions d'inondations et
d'érosion dévastatrices.
À cet égard, Engels reprochait à de nombreux
penseurs et politiciens de l'époque de considérer
les phénomènes naturels comme étant isolés et
séparés des autres phénomènes, comme si les choses
n'existaient qu'en elles-mêmes, sans tenir compte
de leurs interrelations et interconnexions
multidimensionnelles. Il s'agissait d'une sorte de
cloisonnement entre la nature et la vie elle-même
qui mettait les choses en silos, contraire à la
façon dont les choses se présentent dans le monde
réel.
Depuis lors, la science a fait de grands progrès
en démontrant que, comme Engels et d'autres
penseurs dialectiques l'ont soutenu depuis
l'Antiquité, la nature est interconnectée et
interreliée de tant de façons qu'en fait la terre
elle-même est un tout interconnecté, une grande
biosphère complexe qui la matrice de la vie, et
qui est dans un état de changement, de
développement et de mouvement continus.
En tant qu'êtres
humains et créatures de la biosphère, loin d'être
séparés de la nature, nous sommes une extension de
cette nature et, inversement, la nature est une
extension de nous. Nous sommes à la fois
organiques et inorganiques. Cela signifie que la
matière, comme l'air que nous respirons, l'eau que
nous buvons, la nourriture que nous mangeons,
etc., fait partie intégrante de notre être humain
et sans elle nous ne pourrions pas survivre.
En effet, nous ne pourrions pas tenir plus de
quelques minutes sans la biosphère riche en
oxygène qui nous entoure et qui a été constituée
par d'autres formes de vie au cours de millions
d'années. Même notre digestion des aliments dépend
de milliards de microbes et de bactéries qui
vivent en symbiose dans notre intestin.
Les forêts sont des réseaux complexes qui
existent dans des continuums de temps et d'espace,
des plantes qui ont souvent plusieurs centaines
d'années aux fleurs sauvages qui ne durent qu'une
brève saison; des paysages plus vastes comprenant
plusieurs kilomètres de forêt au minuscule
écosystème d'une mare de ruisseau[2].
Dans cette biosphère, plutôt que d'être des
entités muettes, solitaires et isolées, les arbres
eux-mêmes sont interconnectés et communiquent
entre eux, affichant, selon certains, une sorte de
proto-conscience. Par exemple, les arbres qui sont
attaqués par des insectes envoient des
avertissements chimiques aux autres arbres pour
qu'ils émettent de la sève collante afin de
repousser l'attaque[3].
Et il existe d'innombrables autres exemples de ces
interconnexions entre les formes de vie et la
matière elle-même dans cette biosphère dont nous
sommes la partie la plus consciente.
Après tant d'années et tant de preuves des
interconnexions dialectiques de la nature, on
pourrait penser que la politique forestière et
environnementale suivrait cette approche
holistique. Mais, malheureusement, trop souvent ce
n'est pas le cas.
Par exemple, en 2018, tout comme avec les
inondations en Mésopotamie et en Grèce d'il y a
longtemps qu'Engels a mentionnées, la communauté
de Grand Forks en Colombie-Britannique a subi une
inondation dévastatrice qui, selon les résidents,
a été causée par la coupe à blanc et la
surexploitation par des entreprises sur les pentes
des montagnes voisines, ce qui a entraîné des
torrents d'eau se déversant et inondant la ville[4].
Cette coupe à blanc
a été effectuée malgré de nombreux avertissements
sur l'interconnexion des arbres en tant que
réservoirs cruciaux pour l'eau de pluie et
stabilisateurs du sol. Aujourd'hui, les résidents
ont intenté un procès au gouvernement et aux
compagnies forestières pour obtenir une
indemnisation. Mais le mal est fait.
Malheureusement, le même problème s'est répété
ailleurs dans la province.
Autre exemple éloquent. Il y a des décennies, on
a décidé de couper à blanc des forêts dans tout
l'intérieur de la province et de les replanter
avec de vastes monocultures de pin tordu, plutôt
que de reproduire la diversité naturelle des
espèces d'arbres à feuilles caduques et de
conifères. En se concentrant uniquement sur la
culture du pin tordu et en n'examinant pas de
façon globale le déséquilibre et la perturbation
qu'une telle plantation entraînerait, le
gouvernement et les entreprises forestières ont
créé une vaste monoculture hôte de pins
vulnérables.
Il en a résulté le déclenchement d'une grave
épidémie du dendroctone du pin qui a fini par
détruire des millions d'hectares de forêts
intérieures de la Colombie-Britannique, entraînant
la fermeture de douzaines d'usines, la perte de
milliers d'emplois, la dévastation de
collectivités et des inondations et une érosion
encore plus catastrophiques. Bien sûr, d'autres
facteurs, comme le changement climatique et la
suppression des feux de forêt, ont également joué
un rôle important dans l'épidémie du dendroctone
du pin, mais l'accent mis sur la plantation de
monocultures vulnérables de pins pour maximiser
les profits des entreprises a été un facteur
important.
Et puis il y a la question de l'arrosage de
glyphosate dans l'intérieur de la
Colombie-Britannique. Monsanto, le géant de
l'herbicide et de la chimie qui fabrique le
glyphosate, est un grand promoteur de cette vision
étroite des phénomènes naturels, à tel point que
l'entreprise paie des scientifiques corrompus pour
rédiger des rapports qui prétendent que les effets
du glyphosate sont compartimentés et n'ont
d'impact que sur les plantes à feuilles larges et
non sur l'environnement en général ou sur la santé
des êtres humains[5],
et ce, malgré de nombreuses études qui montrent
que le glyphosate et ses effets migrent dans la
chaîne alimentaire et dans l'environnement avec un
impact important.
Comme le révèle la
dialectique, l'accumulation quantitative de
glyphosate dans le corps humain peut
éventuellement entraîner un changement qualitatif,
c'est-à-dire que les gens contractent un cancer,
comme le montrent les procès intentés aux
États-Unis et au Canada par des milliers de
victimes du cancer[6].
Les forêts anciennes sont vues dans une optique
unilatérale par les grandes entreprises et les
responsables gouvernementaux à leur service, comme
de simples arbres à abattre, au lieu d'être
perçues de manière globale, comme des écosystèmes
possédant des valeurs environnementales,
économiques, scientifiques et culturelles à
préserver. L'expérience a montré qu'une fois
qu'une forêt est coupée à blanc, l'écosystème
d'origine est altéré de façon permanente et ne
peut être rétabli[7].
Les produits du bois sont également vus de
manière très étroite, comme des grumes destinées à
être exportées à l'état brut ou transformées
minimalement, au lieu de considérer le bois comme
une substance organique merveilleusement complexe
qui peut être transformée en une large gamme de
produits utiles, des produits pharmaceutiques aux
tissus en passant par le bois d'ingénierie.
Alors, qu'est-ce qui empêche de bâtir la
sylviculture avec une approche globale ? Nombreux
sont ceux qui soutiendraient que ce sont les
intérêts des entreprises forestières monopolistes
et capitalistes mondialisées qui font pression sur
les gouvernements et la société en général pour
qu'ils adoptent des vues et des politiques
étroites, compartimentées et axées sur la
recherche du profit, et qui exercent un contrôle
monopoliste sur les ressources forestières.
Une des affirmations les plus insidieuses est que
les travailleurs forestiers et leurs emplois sont
en quelque sorte séparés ou en désaccord avec
l'environnement lui-même et qu'on ne peut donner
la priorité à l'un qu'au détriment de l'autre. Le
fait est que l'environnement du lieu de travail
fait partie de l'environnement général. Par
exemple, à l'époque d'Engels, au XIXe siècle, les
premières victimes de l'horrible pollution
environnementale générée par les lieux de travail
de la révolution industrielle en Angleterre
étaient les ouvriers et leurs familles[8]. En 2018, bon
nombre des maisons qui ont été inondées à Grand
Forks, en Colombie-Britannique, appartenaient
probablement à des ouvriers d'usine et à des
travailleurs forestiers.
En ce qui concerne le glyphosate, les pilotes
d'hélicoptères et les travailleurs forestiers qui
participent à l'arrosage à l'herbicide sont
exposés à ses effets toxiques. En outre, parce que
les grandes entreprises pratiquent la
surexploitation et la coupe à blanc et refusent de
valoriser le bois, l'approvisionnement en bois des
régions est affecté et de nombreux travailleurs
perdent leur emploi en raison de la pénurie de
fibres.
Dans ce modèle
capitaliste monopoliste, les travailleurs sont
aliénés par leurs emplois forestiers et n'ont que
peu ou pas d'influence sur la production, et les
communautés sont aliénées par rapport aux forêts
qui les entourent et n'ont également que peu ou
pas d'influence sur ce qui se passe. Les petites
et moyennes entreprises, les entrepreneurs
forestiers, les scientifiques indépendants et
d'autres sont également laissés pour compte et les
grandes entreprises forestières dominent. Le
résultat final est l'état désastreux dans lequel
se trouve actuellement notre ressource forestière,
autrefois importante, en Colombie-Britannique.
Il est dans l'intérêt des travailleurs et des
communautés de se soucier de l'environnement et il
est dans l'intérêt des environnementalistes de
tendre la main et d'inclure les travailleurs et
les communautés, autochtones et non autochtones,
dans leurs propositions pour les forêts. Ensemble,
on peut faire des progrès.
Et il existe des solutions à la fois à petite et
à grande échelle. Par exemple, au lieu d'arroser
au glyphosate, pourquoi ne pas procéder à un
débroussaillage et à une coupe manuelle des arbres
à feuilles larges ? Ou mieux encore, pourquoi ne
pas maintenir les feuillus existants comme le
tremble et le bouleau en tant qu'espèces
productives et bénéfiques, comme l'a suggéré Stop
the Spray BC. Cela créerait certainement plus
d'emplois et serait mieux pour l'environnement[9].
Au lieu des coupes à blanc, pourquoi pas une
récolte sélective, ainsi qu'une production à plus
forte valeur ajoutée ? Là encore, cela créerait
plus d'emplois et réduirait l'impact sur
l'environnement.
Pourquoi ne pas préserver le peu de forêts
anciennes qui restent dans la province et faire en
sorte que la production forestière se concentre
sur les forêts de seconde pousse, comme le propose
Conservation Nord[10]
? Plutôt que de considérer les forêts comme des
peuplements d'arbres qu'il suffit d'abattre,
pourquoi ne pas voir l'activité humaine comme
faisant partie intégrante des écosystèmes
forestiers et essayer de faire en sorte que cette
activité soit conforme aux lois naturelles de ces
écosystèmes ?
Et pourquoi ne pas confier aux communautés,
autochtones ou non autochtones, le contrôle des
forêts adjacentes plutôt qu'aux grandes
entreprises et aux bureaucrates qui vivent
ailleurs ?
À plus grande échelle, pourquoi ne pas fonder le
modèle d'aménagement forestier et l'économie
forestière elle-même sur une approche dialectique,
holistique, qui donne la priorité à
l'environnement et aux intérêts des travailleurs,
des communautés et de la population de la province
?
Notes
1. Friedrich Engels, Dialectique
de la nature, Éditions sociales, Paris,
1968
2. Silva Forest
Foundation. « An
ecosystem-based approach to forest use :
definition and scientific rationale »,
septembre 1997
3. Peter Wohlleben, The
hidden life of trees, Greystone Books,
2015
4. Tom Popyk, « Negligent
logging caused 2018 floods, Grand Forks
residents allege in class action lawsuit »,
CBC News, 15 septembre 2020
5. Carey Gillam, Whitewash
: the story of a weed killer, cancer, and the
corruption of science, Island Press, 2017
6. Jonathan Gatehouse, «
A roundhouse against Roundup », The
National, 19 mai 2019
7. Herb Hammond, Ecosystem-based
conservation planning (video)
8. Friedrich Engels, La
situation de la classe laborieuse en
Angleterre, 1845
9. Stop
the Spray BC
10. Conservation
North
- K. C. Adams -
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) reçoit souvent des demandes
d'expliquer sa pensée sur comment les problèmes de
l'environnement naturel peuvent être résolus. Les
questions liées à l'environnement doivent être
traitées avec ce qu'on appelle objectivité de
l'examen. La façon dont les êtres humains vivent
et gagnent leur vie a une incidence sur
l'environnement. La question est de savoir comment
le peuple peut humaniser son rapport avec
l'environnement et la nature en général. Qu'est-ce
qui l'empêche de le faire ?
Des cartels et des
monopoles mondiaux possèdent et contrôlent
l'économie contemporaine et dominent la politique
officielle. Cette propriété privée de l'économie
est en contradiction avec la nature socialisée de
l'économie moderne, sa réalité interconnectée où
des milliards de producteurs réels créent le
produit social nécessaire à l'existence des
peuples et des sociétés, mais n'ont pas leur mot à
dire sur la direction de l'économie[1].
Le but de la propriété privée est de tirer le
maximum de profit des composantes de l'économie
que les propriétaires contrôlent, de soumettre
l'État à leurs exigences et de le forcer à payer
les riches. Cela conduit à un dysfonctionnement de
l'économie et à des crises récurrentes, car les
parties concurrentes de l'économie sont en conflit
les unes avec les autres et avec les producteurs
réels qui n'ont pas leur mot à dire. L'objectif
étroit des oligarques, le profit privé, se heurte
au besoin d'une économie moderne et à la nécessité
que ses divers secteurs et entreprises
fonctionnent en harmonie pour le bien commun.
La concurrence entre les cartels et les monopoles
au pays et à l'étranger se termine souvent par une
guerre qui implique des armées de l'État et des
armées privées et le pillage de l'environnement
qui s'ensuit. La lutte mondiale des cartels et des
monopoles privés pour la domination et pour le
contrôle d'États sur lesquels ils exercent une
influence ont conduit à des dépenses publiques et
privées pour les forces armées qui dépassent de
loin toutes les autres dépenses. Les affrontements
militaires qui s'ensuivent pour le contrôle des
marchés, des matières premières et de la
main-d'oeuvre bon marché et pour contrôler des
régions entières ont conduit ces dernières années
à la destruction de la vie humaine, de la
production et de l'environnement de pays entiers,
comme l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie,
le Yémen à la poursuite de guerres dévastatrices
en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud, en
Amérique centrale et dans les Caraïbes, et à
l'augmentation constante des dépenses militaires.
Les conditions objectives exigent des solutions
aux problèmes liés à l'environnement et à la
destruction de la nature. Les peuples n'ont pas de
contrôle sur leur économie, la politique
officielle, l'État et les forces armées. Le but et
la conception de l'oligarchie mondiale au pouvoir
sont fixés sur la défense et l'élargissement de
ses richesses et de son pouvoir privés. Les
oligarques contrôlent le travail que font les
travailleurs pour gagner leur vie, et l'État,
l'économie et l'armée là où ils dominent.
Sans prendre en
considération la domination de l'oligarchie
mondiale sur le peuple, l'économie, la politique,
l'armée et la nature et le but imposé qui est de
faire un profit privé pour les oligarques, la
plupart des efforts pour s'attaquer aux problèmes
de l'environnement sont manipulés et fragmentés
par ces mêmes forces puissantes qui sont à
l'origine des problèmes et transformés en
programmes pour payer les riches.
Les rapports de production liés à la propriété et
au contrôle privés des parties concurrentes de
l'économie ne correspondent pas aux conditions
objectives de l'économie socialisée, qui devrait
fonctionner en reconnaissant l'importance et la
nécessité les unes des autres pour l'avantage
réciproque de tous et pour le développement de
l'ensemble. La contradiction entre la façon dont
l'économie est détenue et contrôlée avec son
essence socialisée doit être reconnue lorsqu'il
s'agit de traiter des problèmes environnementaux
et de tous les autres problèmes auxquels sont
confrontés le peuple et la nature.
Bien sûr, les enjeux et les problèmes peuvent
être soulevés séparément, comme le besoin de faire
du Canada une zone de paix, de s'attaquer à la
pollution industrielle, aux changements
climatiques, à la fracturation hydraulique pour le
pétrole et le gaz, à la surpêche comme celle pour
la morue de l'Atlantique et d'autres problèmes
marins, la gestion des forêts, etc. Des
propositions, des campagnes et des solutions
peuvent être débattues et envisagées pour une
résolution temporaire, comme celle d'un moratoire
sur la pêche à la morue. Cependant, pour que le
succès sur ces fronts soit une victoire durable,
le problème des rapports de production et de la
domination des oligarques sur tous les aspects de
la vie doit être soulevé, et des efforts doivent
être faits pour surmonter cette domination et
bâtir le Nouveau.
Note
1. La valeur économique
du produit social est mesurée par le temps de
travail moyen ou standard nécessaire à la classe
ouvrière pour produire et fournir un bien ou un
service. La valeur économique comprend à la fois
l'ancienne valeur des moyens de production
consommés et transférés dans le produit social
pendant la production à un stade donné, plus la
nouvelle valeur du temps de travail standard
nécessaire aux travailleurs pour produire et
fournir au cours d'une étape actuelle de
nouveaux moyens de production ou services et
articles de consommation.
La plateforme du Parti
Question : Est-ce qu'il y a quelque chose
que vous voulez souligner à propos de la
plateforme de votre parti sur les enjeux
environnementaux ?
Réponse : Le PCC(M-L) propose
l'humanisation de l'environnement naturel et
social. Il est convaincu que toutes les questions
liées à l'environnement naturel peuvent être
résolues si le facteur humain/conscience sociale
est aux commandes.
Les politiques de
protection de l'environnement portent sur le
rapport entre les êtres humains et la production
de leurs moyens de subsistance et la nature. Toute
production se rapporte d'une manière ou d'une
autre à la nature et affecte la nature. Par le
travail de tous les travailleurs, la grande
production industrielle moderne transforme les
qualités existantes de la nature en un produit
social qui répond à un besoin humain.
Les rapports des humains avec la nature sont
déterminés par le niveau de développement des
forces productives, la lutte pour la production et
la façon dont les humains sont organisés les uns
par rapport aux autres. Ces facteurs dictent
l'objectif et la direction de l'économie pour
produire, gérer, distribuer, utiliser et consommer
les richesses de la nature et les produits sociaux
qui en découlent.
Dans les conditions modernes, les rapports dans
l'économie dépendent de la réponse à trois
questions décisives liées à la production et à la
distribution sociales : À qui l'économie ? Qui
décide ? Qui contrôle ? La réponse à ces trois
questions dans le monde moderne doit être le «
peuple ». Le peuple doit donner à l'économie un
but qui soit centré sur l'être humain et doit
décider de la direction de l'économie en
conséquence. Les oligarques qui possèdent et
contrôlent l'économie empêchent les travailleurs,
les producteurs réels, de prendre la place qui
leur revient dans le contrôle et l'établissement
de la direction de l'économie.
La société civile
Les rapports de production actuels sont régis par
la société civile et ses institutions, par ses
formes économiques, politiques et sociales et par
ses lois et règlements. La société civile est née
de la révolution qui avait pour but de protéger et
d'étendre la propriété privée contre la puissance
arbitraire, le pouvoir politique et le droit
héréditaire de la société aristocratique féodale.
La société civile a fait son temps et est
maintenant dominée par des cartels mondiaux qui
contrôlent l'économie en tant que propriété et
fief privés et qui appliquent leur objectif de
tirer un profit maximum de leur propriété privée
et du travail des personnes qu'ils emploient.
Dans
la période de la société civile, les travailleurs
sont généralement devenus un facteur humain
instruit et une force sociale écrasante. Pour
résoudre les problèmes économiques, politiques,
sociaux et environnementaux actuels, les
travailleurs exigent une nouvelle direction, un
nouveau but et de nouvelles formes centrées sur
l'humain pour que l'économie soit au service du
peuple et de la société, qui dépassent les limites
de la société civile et de son contrôle, et de sa
réglementation de la propriété privée au service
des cartels et monopoles mondiaux.
La société civile s'est développée pour protéger
la propriété privée contre la force arbitraire, le
pouvoir politique et le droit héréditaire de
l'aristocratie foncière. Avec la concentration de
la richesse et de la propriété privée dans les
mains de quelques-uns au cours des deux derniers
siècles, le droit naturel a fusionné avec le droit
héréditaire pour devenir le droit de monopole
d'une oligarchie qui domine tous les aspects de la
vie.
La société civile est maintenant contrôlée par
une oligarchie mondiale d'autocrates impérialistes
qui se font concurrence et la guerre entre eux, et
contre le peuple pour défendre et agrandir leur
richesse privée qui provient de l'expropriation de
la valeur que produisent les travailleurs.
La société civile a bouclé la boucle en
remplaçant les élites constituées d'aristocrates
fonciers par des élites constituées d'autocrates
impérialistes. La société civile est incapable
d'affirmer les droits que tous possèdent du seul
fait qu'ils sont des êtres humains. Le peuple doit
mettre en place des formes politiques de
gouvernance centrées sur l'humain qui affirment et
garantissent ses droits, qui lui permettent de
contrôler l'économie et de lui donner un but et
une direction modernes qui sert le peuple et la
société et qui contribue à l'humanisation de
l'environnement social et naturel.
Une société centrée sur l'humain
Les droits humains comprennent le droit du peuple
de décider et de contrôler l'économie, le droit de
décider et de contrôler les rapports entre les
humains et avec la nature. La société civile a
dégénéré en un pouvoir de police et de forces
armées d'autocrates qui ont pour fonction de
priver le peuple de son droit de décider et de
contrôler le but et la direction de son économie,
de la politique et de la société.
Au pouvoir de la société civile de priver le
peuple des droits qui lui appartiennent, il faut
opposer le pouvoir du peuple centré sur l'humain
de priver la société civile de ce pouvoir. Il doit
pour cela s'organiser et s'engager dans des
actions avec analyse pour s'attaquer aux problèmes
auxquels la société et l'environnement sont
confrontés et créer des formes économiques,
politiques et sociales nouvelles centrées sur
l'humain qui lui permettent de décider et de
contrôler toutes les questions qui l'affectent,
lui et la nature. Cette exigence est centrée sur
le besoin d'investir le peuple du pouvoir de
décider et plus particulièrement de l'investir du
pouvoir politique et de mettre à contribution ce
que le PCC(M-L) appelle le facteur
humain/conscience sociale.
La résolution des problèmes créés par l'économie
moderne de la grande production industrielle, y
compris la « politique de protection de
l'environnement », est indissociable du besoin
d'investir le peuple du pouvoir de décider. En
créant une société centrée sur l'être humain, les
êtres humains peuvent décider et contrôler les
forces productives modernes, les rapports entre
les humains et leurs rapports avec la nature.
La coupe à blanc et les herbicides
Question : Pensez-vous que la coupe à
blanc et l'utilisation d'herbicides devraient être
interdites (ou interdites seulement sur les terres
de la Couronne) afin de protéger nos écosystèmes
forestiers et nos forêts locales pour les
générations futures ?
Réponse : Ce sont des questions qui
doivent être décidées par les gens qui y habitent
et qui en vivent, en particulier la classe
ouvrière. D'énormes progrès ont été réalisés sur
le plan scientifique sur la façon d'exploiter les
forêts de manière durable. Ces questions se
heurtent aux cartels et aux monopoles mondiaux
centrés sur les États-Unis qui dominent nos forêts
et les exploitent pour leur profit. Les
travailleurs des villes forestières de tout le
pays n'ont aucun pouvoir pour décider et contrôler
la manière dont la forêt est gérée et exploitée ou
comment sa production est liée à d'autres secteurs
et à la construction de communautés stables et
prospères.
Dans les conditions actuelles, le changement se
produit parce que les habitants des communautés
touchées par la coupe à blanc et l'utilisation
intéressée d'herbicides exigent des pratiques
sûres. Au fur et à mesure que les personnes qui
travaillent et vivent dans ces communautés, y
compris les peuples autochtones, prennent le
contrôle des décisions qui affectent les forêts,
la vie des forêts et celle des gens
s'amélioreront.
En ce qui concerne les relations avec la nature et
entre les humains, la question du but de
l'économie et de la conception du monde de ceux
qui la contrôlent est cruciale. Le but actuel de
l'économie impérialiste, à savoir le profit
maximum dans les meilleurs délais, est
incompatible avec le développement d'une relation
harmonieuse avec la nature ou entre les humains en
général et la résolution des problèmes du XXIe
siècle, ce que le PCC(M-L) appelle l'humanisation
de l'environnement social et naturel. Les
nouvelles relations requièrent un nouveau but et
une nouvelle orientation pour l'économie qui
servent le peuple et utilisent la valeur que les
travailleurs produisent pour améliorer leur vie et
celles de leurs communautés et pour régler les
problèmes que la grande production industrielle
moderne et l'impérialisme ont créés. Les nouvelles
relations requièrent que le peuple soit investi du
pouvoir de décider afin qu'il puisse contrôler
l'économie, la politique et toutes les affaires
qui affectent sa vie.
Les écosystèmes marins
Question : Quelles mesures/lois auraient
votre appui pour aider à protéger les écosystèmes
marins, par exemple accroître le nombre d'aires
marines protégées ou réduire les activités de
pêche au chalut ?
Réponse : La question sous-entend que les
propositions visant à accroître les aires marines
protégées ou à réduire le chalutage sont des
mesures souhaitables pour protéger les
écosystèmes. En règle générale, le PCC(M-L) ne se
prononce pas pour ou contre de telles
propositions, car elles sont souvent utilisées
pour ne pas consulter et écouter ceux dont les
moyens de subsistance et le bien-être dépendent
d'écosystèmes spécifiques auxquels on fait
référence. Trop souvent, les gouvernements
adoptent des lois au nom de la protection des
écosystèmes alors qu'en fait, ils se rangent du
côté d'intérêts privés étroits au nom d'idéaux
élevés.
Un problème sérieux au Canada est le refus des
gouvernements à tous les niveaux de créer des
formes sociales et politiques qui permettent aux
gens de discuter des enjeux et des problèmes tels
qu'ils se posent, de décider de ce qui doit être
fait, de contrôler la mise en oeuvre et le
résultat des mesures qu'ils jugent nécessaires et
de demander aux responsables de rendre compte de
leur action ou inaction. Le peuple discute de ces
questions qui concernent ceux dont les moyens de
subsistance dépendent directement des écosystèmes
marins et de tous les aspects de la pêche et des
autres productions de la mer, des lacs et des
rivières. Nous avons toujours constaté que les
gens savent quoi faire, mais qu'ils n'ont pas le
contrôle des décisions prises ou des moyens pour
le faire, car les gouvernements laissent ces
moyens entre les mains d'intérêts privés étroits.
Voilà le problème qui préoccupe surtout.
Dans le monde des manipulations électorales
pratiquées au Canada aujourd'hui, les bonnes
suggestions et bonnes politiques sont destinées
pour la plupart à mourir au Parlement. Les partis
cartellisés au pouvoir et dans l'opposition
agissent comme des gardiens pour exclure le peuple
avec ses points de vue, ses revendications, ses
préoccupations et ses propositions. La plupart du
temps, les propositions des Canadiens finissent
par être ignorées ou transformées en énoncés de
politique promus par les partis cartellisés dans
le contexte de campagnes électorales. Ces énoncés
de politique électoraux sont généralement ignorés
en pratique ou édulcorés au point de devenir
méconnaissables. Parfois ils sont adoptés pour
plus tard être simplement annulés.
La mise en oeuvre des suggestions et des
propositions devient la prérogative du
gouvernement. Le peuple n'y peut rien puisque les
élus n'ont pas de comptes à rendre, sauf dans le
sens d'être remplacés par un autre parti
cartellisé sur lequel le peuple n'exerce pas non
plus de contrôle.
Les écosystèmes marins sont sous le contrôle des
oligarques mondiaux et de leurs cartels et
monopoles. À ce stade, l'élite dirigeante décide
en cette matière et contrôle la destinée de ces
écosystèmes. Par exemple, le mode de vie des
Terre-Neuviens qui, pendant des décennies ont
pêché et vécu dans des villages le long de la
côte, a été anéanti par de puissantes forces
économiques et politiques qu'ils ne contrôlaient
pas. La concentration de la richesse sociale et du
pouvoir productif des flottes de pêche contrôlées
par les monopoles mondiaux a anéanti les pêcheurs
côtiers. La surpêche effrénée qui en a résulté a
finalement détruit l'approvisionnement en morue.
Les forces qui exercent actuellement une
domination sur les écosystèmes marins ont comme
seul but de les exploiter pour le profit maximum
privé. Lorsque le peuple propose des solutions, il
doit garder à l'esprit que ses propositions sont
filtrées à travers ce but et manipulées pour
convenir à ceux qui contrôlent. Dans la situation,
le peuple doit tout mettre en oeuvre pour
préserver l'environnement naturel et ne pas
permettre les tentatives de le diviser sur des
bases fausses en opposant les emplois et le
bien-être de l'environnement.
Les gens qui effectuent le travail et vivent dans
les communautés côtières sont très capables de
décider ce qui est dans leurs meilleurs intérêts
et ceux des autres, et de ceux de la nature
elle-même. Il est dans leur intérêt de prendre des
décisions qui améliorent leur rapport avec les
ressources naturelles afin qu'eux-mêmes et leurs
communautés perdurent, se développent et
prospèrent. De nombreux peuples autochtones ont
une culture ou une tradition d'évaluer ce qu'ils
font en fonction non seulement de la façon dont
une action affecte et sert la vie actuelle, mais
aussi de la façon dont elle peut toucher et servir
sept générations plus tard. Le PCC(M-L) considère
que c'est un bon guide à la réflexion et à
l'action.
Taxation et plafonnement et impôts des
particuliers
Question : Les taxes sur le carbone
corrigent les inefficacités du marché causées par
des forces externes (comme la pollution et les
changements climatiques). Appuyez-vous
actuellement le système de plafonnement et
d'échange en Nouvelle-Écosse ou pensez-vous qu'il
devrait être remplacé par autre chose ?
Réponse : La première phrase de la
question est une affirmation de quelque chose qui
a peu ou rien à voir avec la protection de
l'environnement. Quelles sont les inefficacités du
marché que les taxes sur le carbone sont censées
corriger ? Ces prélèvements et impôts individuels
tels que les taxes foncières, les taxes sur la
consommation et les impôts sur le revenu sont des
méthodes des cartels et des monopoles dominants
pour transférer le fardeau d'un problème sur les
travailleurs et utiliser le pouvoir de l'État pour
récupérer la richesse sociale qui appartient de
droit au peuple. Les oligarques, qui contrôlent
l'État, les gouvernements et leurs trésors,
utilisent les recettes fiscales pour payer les
riches de diverses manières et financer les
pouvoirs de police et des forces armées et la
bureaucratie gouvernementale. La taxe sur le
carbone est une manipulation du problème très réel
de la pollution industrielle et autres formes de
pollution pour dépouiller les travailleurs et même
les petites et moyennes entreprises.
Les taxes sur le
carbone et le plafonnement et l'échange sur les
émissions de carbone sont des exemples de la
conquête néolibérale de la pensée et de la
politique économiques officielles : la société
n'est rien; le marché est tout. Les néolibéraux
prêchent que le peuple ne peut et ne doit pas
prendre le contrôle de sa vie, y compris de
l'économie, de son but et de son fonctionnement.
Laissons les riches décider par leur domination du
marché et leur propriété et contrôle des moyens de
production, de distribution et du commerce, se
plaisent-ils à répéter sans cesse.
La pollution industrielle et les changements
climatiques causés par les humains ne sont pas des
problèmes de production moderne qui découlent des
forces productives elles-mêmes en tant que
problèmes qui ne peuvent être résolus. Ils
persistent comme des problèmes insolubles parce
qu'ils existent dans le contexte de rapports de
production qui ne sont pas conformes aux forces
productives socialisées modernes. Les problèmes
posés par la production industrielle moderne
persistent parce que le but des forces qui
contrôlent la production moderne est le profit
maximum privé pour leur cartel et monopole
particuliers, quel qu'en soit le prix à payer.
Leur préoccupation ne s'étend pas à
l'environnement social et naturel au sens large, à
moins que d'une manière ou d'une autre, ils ne
puissent exproprier un profit privé maximum pour
leurs intérêts particuliers, par exemple dans des
projets verts qui reçoivent des paiements du
gouvernement, des garanties et d'autres formes de
soutien tels que des infrastructures bon marché et
des réglementations qui leur sont favorables.
Les forces qui contrôlent désormais l'économie et
l'État se sont développées dans l'ancienne société
féodale et sont le produit de son mode de vie, de
ses traditions et de sa pensée, fondés sur le
contrôle privé et autocratique de la propriété et
des forces productives. Elles se sont opposées aux
forces aristocratiques dominantes dans la mesure
où elles voulaient que la liberté de leur
propriété privée existe sans restriction féodale
sur la production, les échanges et le commerce, et
ont libéré les travailleurs de la servitude
féodale, ce qui leur a permis de vendre leur
capacité de travail aux nouveaux riches appelés la
bourgeoisie qui possédait les moyens de développer
la production et la distribution industrielles de
masse.
La vision étroite de la classe dominante
émergente ne pouvait pas et ne s'est pas
développée pour embrasser la complexité et
l'interaction des forces productives industrielles
de masse et des progrès scientifiques continus que
la révolution contre la petite production féodale
et l'aristocratie a déclenchée. Les impérialistes
ne s'en tiennent qu'à leur richesse et à leur
pouvoir individuels et rejettent la nécessité
d'une collaboration à l'avantage réciproque de
tous les pays, économies, entreprises et peuples
pour le bien commun de toute l'humanité, de la
société et de la Terre Mère.
Pour résoudre les problèmes des forces
productives modernes, les travailleurs doivent
prendre le contrôle de l'économie pour la modeler
pour qu'elle oeuvre collectivement à l'avantage
réciproque de tous, pour changer son but
d'exproprier le profit privé à celui de servir le
bien commun et la société, et humaniser
l'environnement social et naturel. La classe
ouvrière moderne est le plus grand produit des
forces productives socialisées et a ses racines
dans les forces nouvelles en tant qu'être social
et la seule classe capable de mettre les rapports
de production en conformité avec les forces
productives déjà socialisées.
Plafonnement et échange des émissions de carbone
Au Canada, le plafonnement et l'échange est une
fraude impérialiste. Le commerce des produits
dérivés, y compris les crédits de carbone, est une
caractéristique de la tendance parasitaire et de
la décadence de l'économie impérialiste. Cette
décadence s'accompagne d'une plus grande
concentration de l'économie et de la richesse
sociale entre moins de mains, à mesure que les
riches deviennent plus riches et les pauvres
s'appauvrissent. Tout cela accentue et aggrave les
crises économiques récurrentes et entraîne les
impérialistes dans des actions plus agressives et
imprudentes telles que l'économie de guerre et les
guerres continues pour conquérir les marchés et
les travailleurs à exploiter, pour mettre des
régions entières sous leur contrôle et détruire
ceux qui refusent de se plier.
L'échange de crédits carbone et autres dérivés
entraîne une redivision de la valeur déjà produite
ainsi que la création de valeur fictive. Les
négociants espèrent dépouiller les autres de la
valeur déjà produite qu'ils possèdent et s'engager
à cette fin dans l'achat et l'échange de tout et
de rien, y compris la valeur fictive concoctée
comme les crédits de carbone. Ils manipulent les
prix pour les augmenter, voire les baisser dans
certains cas, dans le cadre d'une pratique connue
sous le nom de vente à découvert. La totalité
circule autour de l'échange de la valeur déjà
produite consommée ou non et de la valeur fictive
concoctée comme les dérivés, les crédits-carbone
et les stratagèmes de type Ponzi.
Les oligarques considèrent la production et la
vente réelles de biens et services généralement
comme risquées et incapables d'atteindre leur
objectif de profit maximum à moins qu'elles ne
soient entreprises avec des fonds publics pour
payer les riches et des garanties gouvernementales
de ventes comme c'est le cas avec l'économie de
guerre et les contrats d'infrastructure
gouvernementaux ainsi que les partenariats privés
publics.
Récemment, en particulier pendant la pandémie,
les oligarques qui contrôlent les cartels
d'investissement mondiaux ont incité les petits
négociants individuels ou au détail à mettre leur
argent dans le marché des actions et de matières
premières, créant ainsi une autre source de
profits pour les oligarques et une plus grande
concentration de la richesse sociale entre les
mains des milliardaires.
L'élite dirigeante
se sert de la préoccupation générale suscitée par
la pollution et les changements climatiques pour
siphonner la richesse sociale de l'économie pour
elle-même et ses projets de prédilection, dont
beaucoup sont qualifiés de « verts », ce qu'ils
pourraient bien être par rapport aux anciennes
méthodes scientifiques de production. Cependant,
le but des cartels et des monopoles impliqués
n'est pas d'humaniser l'environnement social
et naturel, mais plutôt d'amener les
gouvernements à leur acheminer de l'argent dans le
cadre des stratagèmes pour payer les riches
assortis de garanties comme on le constate avec la
débâcle du projet de barrage du site C en
Colombie-Britannique.
Les taxes sur le carbone et le plafonnement et
l'échange des émissions de carbone sont présentés
comme des méthodes permettant de résoudre les
problèmes environnementaux, mais agissent en fait
comme des diversions pour ne pas confronter les
problèmes tels qu'ils existent et rechercher de
solutions pour le bien commun. Les vrais problèmes
exigent de vraies solutions et non des diversions
comme l'imposition de taxes et des escroqueries
sur les marchés parasitaires qui finissent par
payer les riches. Les programmes concertés tels
que les taxes sur le carbone, le plafonnement et
l'échange de crédits de carbone sont conçus pour
canaliser l'argent et le contrôle vers les
oligarques et éviter de s'attaquer directement au
problème d'une manière centrée sur l'humain.
La lutte contre la pandémie
mondiale
- Isaac Saney -
Le contingent de la Brigade médicale
internationale Henry Reeve se prépare à partir
pour l'Afrique du Sud pour participer à la lutte
contre la COVID-19, le 25 avril 2020.
Isaac Saney est un spécialiste sur Cuba à
l'Université Dalhousie, au Canada, et
coprésident et porte-parole du Réseau canadien
pour Cuba.
Cuba continue de recevoir des éloges à l'échelle
internationale pour son rôle incomparable dans la
lutte mondiale contre la pandémie de la COVID-19.
Cela s'exprime par les nombreuses mises en
candidature du contingent médical
internationaliste cubain – la Brigade médicale
internationale Henry Reeve, une brigade de
médecins cubains spécialisés en situation de
désastres et de graves épidémies – pour le prix
Nobel de la Paix de 2021.
Plusieurs pays font
appel à l'expertise cubaine dans la lutte contre
la COVID-19. Près de 4 000 membres du personnel
médical dans au moins 39 pays et territoires ont
participé et participent aux premières lignes dans
la lutte contre le coronavirus en Amérique latine,
dans les Caraïbes, en Afrique, en Asie, en Europe
et au Moyen-Orient. Ce sont les Caraïbes et
l'Amérique latine qui en ont le plus bénéficié
alors que les brigades médicales cubaines sont
présentes en Jamaïque, dans la Barbade, en
Antigua-et-Barbuda, Saint-Vincent et les
Grenadines, Haïti, Sainte-Lucie, Suriname, la
Grenade, la Dominique, Saint-Kitts-et-Nevis, au
Mexique, au Bélize, au Venezuela et au Nicaragua.
Le personnel de santé Henry Reeve est organisé en
brigades, en fonction de la demande locale.
Jusqu'à présent, 55 brigades ont servi à
l'étranger pendant la pandémie et plusieurs pays
ont demandé l'aide d'une deuxième brigade lorsque
leur nombre de cas a monté en flèche.
Cuba offre aussi des traitements dont certains ne
sont pas disponibles aux États-Unis. Une des
composantes clés des protocoles à l'oeuvre dans
l'île et dans les missions médicales est
l'Interferon Alfa 2B Recombinant (IFNrec). Les
journaux scientifiques tels que Lancet et
le World Journal of Pediatrics ont reconnu
l'efficacité du IFNrec. Celui-ci a contribué à
combattre diverses infections virales pour
lesquelles il n'existe pas de thérapies
spécifiques disponibles, et il a prouvé sa
capacité à activer le système immunitaire du
patient et à inhiber la réplication virale. À
Cuba, le IFNrec a combattu avec succès des
éclosions de dengue hémorragique et de
conjonctivite, et a aussi servi de traitement pour
les hépatites B et C. Il a aussi été efficace dans
la lutte et contre les infections causées par
diverses versions du coronavirus, telles que le
SRARS-CoV (le coronavirus de l'éclosion de 2002)
et le SRAS et le MERS-CoV (le coronavirus de
l'éclosion de 2012).
Le IFNrec est un élément crucial des protocoles
de traitement cubains et sert aussi comme mesure
préventive pour protéger de la contagion les
travailleurs de la santé. Différents pays ont
incorporé le IFNrec dans leurs protocoles
nationaux et leurs directives cliniques dans le
traitement de la COVID-19, où il est une
composante cruciale du traitement antiviral pour
combattre le coronavirus. L'Interféron Alfa 2B
nébulisé est aussi recommandé comme traitement
pour les enfants et les femmes enceintes ayant la
COVID-19. Bien que le IFNrec ne soit pas une
panacée, il est très prometteur en tant que
réponse thérapeutique à la COVID-19, car il
renforce la réponse du système immunitaire. En
outre, on attribue à l'Itolizumab et au Biomodulin
T, conçus à Cuba, la capacité de réduire le taux
de mortalité due à la COVID-19 et d'accélérer le
rétablissement de patients, en particulier les
patients à haut risque.
Cuba met aussi à
l'essai quatre vaccins candidats de la COVID-19 :
Soberana 1 et Soberana 2, développés par
l'Institut de vaccins Finlay, et Mambisa et
Abdala, produits par le Centre de génie génétique
et de biotechnologie. Jusqu'à présent, les
résultats sont très encourageants. Au moment de la
rédaction de cet article, trois des candidats sont
soit en phase 1 ou en phase 2 des essais
cliniques. Soberana 2 est déjà en phase 3 des
essais, et les essais pour Abdala doivent débuter
en mars. Ces phases d'essais évaluent l'efficacité
et la sécurité. Tous les candidats doivent réussir
la phase 3 d'essais, au cours de laquelle
l'efficacité et la sécurité sont davantage
confirmées par des essais élargis comprenant des
milliers de personnes. S'ils réussissent cette
phase, Soberana 2 et Abdala seront bientôt
approuvés pour la vaccination à Cuba et dans le
monde. La Havane se prépare déjà pour la
production de masse.
L'île des Caraïbes a une expérience considérable
dans la conception, le développement et la
production de vaccins. En ce moment, l'industrie
biopharmaceutique de Cuba produit 8 vaccins qui
font partie du programme d'immunisation de l'île.
Dans les années 1980, elle a développé son premier
vaccin contre la méningite et elle produit aussi
un vaccin contre l'hépatite B.
Le gouvernement cubain a l'intention de vacciner
tous les Cubains contre la COVID-19 avant la fin
de 2021. Les vaccins seront aussi disponibles pour
les visiteurs. La Havane compte aussi produire 100
millions de doses de vaccins pour les pays de
l'hémisphère sud, et plusieurs pays ont déjà
réservé leurs doses. L'exportation de produits
pharmaceutiques cubains est gérée par la société
d'État BioCubaFarma, qui distribue actuellement
plus de 300 produits dans au moins 50 pays.
Rolando Perez Rodriguez, le directeur de Science
et Innovation chez BioCubaFarma, résume ainsi les
objectifs de La Havane : « Dans la deuxième partie
de l'année, nous pourrons immuniser toute la
population et fournir des doses aux pays qui en
ont besoin. C'est une question de partager avec le
monde ce que nous sommes, la réponse que Cuba peut
donner au problème de la pandémie. »
La production de vaccins à Cuba est axée non
seulement sur la détermination de protéger et de
préserver la santé du peuple cubain et du monde,
mais aussi d'exercer et de défendre la
souveraineté et le droit à l'autodétermination.
Par exemple, Soberana signifie souveraineté en
espagnol, tandis qu'Abdala est inspiré d'un
célèbre poème de José Marti, le héros national de
Cuba et le principal auteur intellectuel et
organisateur de la guerre de 1895-1898 pour
libérer Cuba de la domination coloniale espagnole.
Mambisa évoque les combattants cubains pour la
libération nationale pendant les guerres du XIXe
siècle pour l'indépendance.
En ces temps de pandémie, l'humanitarisme médical
international de Cuba reflète l'histoire de l'île
et son dévouement au cours des six dernières
décennies envers une solidarité internationale
concrète. Sous la direction de Fidel Castro, Cuba
a enregistré un héritage incomparable
d'internationalisme par son appui et sa
participation actifs aux luttes anticoloniales et
de libération nationale et aux aspirations de
développement social et d'émancipation des pays
dans l'hémisphère sud. Dès le début des années
1960, plus de 400 000 travailleurs de la santé
cubains ont servi dans 164 pays. En Afrique du
Sud, plus de 2 000 Cubains ont donné leur vie dans
la défaite du régime raciste d'apartheid de ce
pays. Nelson Mandela n'a jamais oublié. Dès qu'il
a été libéré de prison, l'un des premiers pays
qu'il a choisi de visiter à l'exception des pays
d'Afrique, et le premier pays d'Amérique latine
qu'il a visité, c'est Cuba.
Aujourd'hui, cet engagement envers l'humanité est
incarné dans les milliers de médecins et
d'éducateurs cubains qui continuent de servir
partout dans le monde. De nombreux membres du
personnel médical qui sont aux premières lignes
dans la lutte contre la COVID-19 font partie de la
Brigade internationale Henry Reeve qui s'est
distinguée dans la lutte contre l'épidémie de
l'Ebola en 2014-2016 en Afrique de l'Ouest.
La Havane, tout en fournissant une aide
internationale sans pareil, est aussi engagée dans
sa propre lutte contre la COVID-19 sur l'île. Elle
le fait face à une guerre économique implacable
menée par Washington contre le peuple cubain, une
guerre qui restreint l'accès de l'île à de
l'équipement et à d'autres produits nécessaires à
la santé des Cubains. Sous le régime de Donald
Trump, la guerre économique des États-Unis contre
Cuba a atteint des niveaux sans précédent avec
plus de 240 mesures distinctes visant la nation
insulaire.
Dans un geste qui est l'emblème de l'hypocrisie,
les États-Unis ont désigné Cuba comme pays
parrainant le terrorisme d'État. C'est Cuba
lui-même qui depuis 1959 est victime de toutes
sortes d'attaques terroristes menées avec la
complicité, la participation et le parrainage de
Washington. Plusieurs de ces actes de terreur ont
été directement lancés à partir des États-Unis où
ils ont été planifiés. Quelque 3 478 Cubains ont
été tués et 2 099 ont été blessés à la suite de
ces actes de terrorisme.
Cette plus récente mesure du régime de Donald
Trump reflète l'incapacité de Washington d'isoler
Cuba dans les relations internationales et dans
l'opinion publique. Cet échec est amplement mis en
lumière par le mouvement mondial grandissant –
comprenant des parlementaires, des personnalités
mondiales connues, d'éminents universitaires et de
multiples pétitions – pour attribuer à la Brigade
internationale cubaine Henry Reeve le Prix Nobel
de la Paix de 2021. Ces candidatures expriment
plutôt comment c'est Cuba qui est un modèle
mondial de relations internationales, un modèle
diamétralement opposé au terrorisme.
Une caravane de voitures en appui à Cuba à
Montréal, le 28 février 2021
Malgré l'agression américaine sans relâche, Cuba
continue de prioriser la santé et la vie de ses
citoyens. Par exemple, avec une population à peu
près semblable à celle de Los Angeles aux
États-Unis, Cuba a eu 70 fois moins de décès dus à
la COVID-19. Comparativement à la ville de New
York, le taux de mortalité à Cuba est plus de 100
fois moins élevé. Le gouvernement cubain affirme
et défend les soins de santé en tant que droit
humain et le bien-être du peuple est au coeur de
ses programmes et de ses décisions politiques.
Chaque Cubain est visité régulièrement par un
médecin et a libre accès à tous les protocoles de
traitement disponibles sur l'île.
Il y a une reconnaissance croissante que
l'exemple de Cuba doit être mondialisé. Par
définition, une pandémie est mondiale. Face à
cette menace mondiale, la coopération et la
solidarité internationales s'imposent. C'est le
temps d'unir nos efforts pour confronter la
COVID-19, de laisser de côté nos différends
politiques afin de sauver des vies. Comme l'a
déclaré le ministre cubain des Relations
extérieures Bruno Rodriguez Parrilla le 27 mars
2020 : « Le défi est le même pour l'ensemble de
l'humanité. Cette pandémie ne respecte ni
frontières ni idéologies. Elle menace la vie de
tous, et c'est la responsabilité de tous de tout
mettre en oeuvre pour la surmonter ».
Ceci est particulièrement important à l'heure où
les fissures et les fossés, les inégalités, les
injustices et les disparités historiquement
enracinés, particulièrement dans le système de la
santé, n'ont pas seulement été mis à nu, mais ont
été grandement amplifiés. Reconnaissant cette
urgence, 15 municipalités, États et conseils
syndicaux aux États-Unis ont adopté des
résolutions appelant à la collaboration et à la
coopération avec Cuba.
Les missions médicales internationalistes
cubaines sont l'expression vivante des capteurs de
rêves et de ce qu'ils symbolisent. Tout comme les
capteurs de rêves permettent aux rêves agréables
de passer et retiennent les cauchemars, les
missions médicales internationalistes cubaines
font tout en leur pouvoir pour empêcher que les
cauchemars de la maladie n'atteignent le peuple.
Face à la pandémie de la COVID-19 qui sévit sur le
monde, dans un monde aux prises avec les dangers
d'une conflagration planétaire, les brigades
médicales cubaines sont la preuve vivante que les
relations entre les nations et les peuples du
monde n'ont pas à être déterminées par l'intérêt
étroit et la poursuite du pouvoir et de l'argent.
Elles sont un exemple et une inspiration montrant
qu'il est possible de bâtir des relations sur la
base d'une authentique solidarité humaine.
Cuba est aussi engagé dans un important projet
intérieur de rectification et de renouveau
économiques. Au coeur de ce projet est
l'unification monétaire et l'importante expansion
récente du secteur non étatique, par exemple, le
travail autonome et l'activité économique privée.
Ces mesures elles-mêmes font partie d'un projet
plus large de mesures économiques mises en oeuvre
depuis une décennie pour surmonter les lacunes et
les distorsions du modèle économique cubain. Alors
que les nouvelles mesurent s'implantent peu à peu,
le gouvernement cubain a réitéré à plusieurs
reprises son engagement à ce que personne ne soit
laissé pour compte ou laissé à lui-même. Toutes
les garanties sociales restent en vigueur, y
compris les soins de santé et l'éducation gratuits
et universels et un ensemble d'autres programmes
sociaux.
Le but de la restructuration est de consolider
les programmes sociaux, non pas de les privatiser
ou de les démanteler. Comme l'a affirmé l'ancien
président cubain Raul Castro, l'objectif est de
réaliser un socialisme durable et prospère.
Cependant, c'est tout un défi pour quelque pays
que ce soit de surmonter la crise économique
mondiale de sorte que le peuple en sorte gagnant,
et non les monopoles mondiaux. De nombreuses
questions surgissent, et c'est normal : comment
les engagements historiques de la révolution
cubaine envers l'équité – en particulier l'équité
raciale et de genre – seront-ils influencés par
les nouvelles politiques économiques ? Ces mesures
engendreront-elles des changements fondamentaux
dans la praxis précédente de la révolution cubaine
?
Partout à Cuba, on peut voir ce slogan sur les
panneaux d'affichage : « Chaque jour, dans le
monde, 200 millions d'enfants dorment dans la rue.
Aucun d'entre eux n'est Cubain ». Par ces temps
incertains, face à d'immenses défis, c'est
peut-être ce qui résume le mieux ce que Cuba
représente et ce qu'il désire être.
(Stabroek News, 8 mars 2021)
Capture d'éran prise à partir
d'une vidéo qui montre l'arrivée
de l'équipe médicale cubaine en
Italie pour prêter main-forte à la
lutte contre la COVID-19
Voir la vidéo
« Cuba's quest for vaccines », une
entrevue avec Candace Johnson, PDG
de Roswell Park Comprehensive
Cancer Centre sur le réseau CNN au
sujet de l'innovation de Cuba dans
le domaine de la biotechnologie le
2 mars 2021.
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- Hedelberto López Blanch -
Le Fonds monétaire international (FMI) a profité
de la grave crise économique, monétaire et sociale
que la pandémie de la COVID-19 a engendrée dans la
plupart des pays de l'Amérique latine et des
Caraïbes pour renforcer son contrôle financier sur
les pays de la région qui ont requis des prêts.
Les données sont renversantes : entre mars et
novembre 2020, le Fonds a fourni 63,74 milliards
de dollars à cette région du monde où le
financement d'urgence du FMI a été le plus
concentré.
Selon les rapports émis par le FMI lui-même, six
dollars sur dix des 102,15 milliards qu'il a
fournis pendant l'année sont allés aux pays
latino-américains, dont la plupart ne recourent
pas aux mécanismes de suspension ou d'allègement
de la dette parce qu'ils sont considérés comme des
pays à revenus moyens.
Dans la région, 21 pays ont obtenu un prêt en mai
l'an dernier, dont trois d'entre eux représentent
80 % de l'argent total. Le Chili a reçu un prêt de
23,93 milliards, la Colombie de 16,948 milliards
et le Pérou de 11 milliards, tous disposant de
crédits flexibles.
Dans les années 1980 et 1990, l'Amérique latine a
fait les frais des conditions sévères que le FMI a
imposées à chaque gouvernement de la région qui a
reçu ses prêts. Aujourd'hui, dans le contexte de
la pandémie, les effets immédiats ne sont pas
encore ressentis, mais cela changera à mesure que
les conditions des prêts le seront.
Récemment, le président mexicain Andrés Manuel
Lopez Obrador a accusé les organisations
internationales comme le FMI et la Banque mondiale
d'être responsables des crises que son pays a
connues ces six dernières années et a ajouté que
la faute la plus grande en revient aux «
gouvernements serviles ».
Il a dit que ces organisations ont forcé les
gouvernements néolibéraux mexicains à signer de
soi-disant lettres d'entente qui ont établi ce que
l'État devait faire, « une violation flagrante de
l'autonomie et de la souveraineté de notre pays ».
Le FMI et la Banque mondiale, a souligné Manuel
Lopez Obrador, ont recommandé que les
gouvernements mexicains privatisent les
entreprises publiques, n'augmentant pas les
emplois, et augmentent les prix des combustibles
servant à produire l'électricité et de l'essence,
des guides que les gouvernements subordonnés ont
mis en oeuvre.
En plus du Chili, de la Colombie et du Pérou, le
Fonds a fourni des prêts par sa méthode de
financement rapide, dont un prêt de 6 milliards de
dollars à l'Équateur, 650 millions à La République
dominicaine, 596 millions au Guatemala, 520
millions à la Jamaïque, 515 millions au Panama,
508 millions au Costa Rica, 389 millions au
Salvador, 327 millions à la Bolivie, 274 millions
au Paraguay et 250 millions aux Bahamas. Les pays
ayant reçu des prêts de moins de 100 millions sont
la Barbade, Sainte-Lucie, la Grenade,
Saint-Vincent-et-les Grenadines et la Dominique.
De cette façon et pendant toute l'année, le FMI a
profité des occasions que la propagation de la
pandémie lui a offertes pour reprendre
l'endettement de la région, après une période
pendant laquelle il avait été rejeté à cause de
son imposition de politiques économiques au
détriment de la vaste majorité dans le monde.
Le Centre de géopolitique latino-américaine
(CELAG) souligne que l'urgence mondiale a engendré
un besoin urgent et non prévu de liquidités
externes de la part des pays latino-américains,
pour faire face non seulement aux dépenses reliées
à la pandémie, mais aussi à la fuite de capital
qui a eu lieu dans la région.
Malheureusement, les gouvernements de plusieurs
de ces pays ont utilisé les prêts pour aider les
grandes compagnies et les grandes entreprises à
faire face à la crise au lieu de s'attaquer aux
sérieux problèmes de la population.
Le FMI et la Banque mondiale sont tous deux des
organisations financières qui ont été créées en
1944, lors de la rencontre de Bretton Woods avant
la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Elles ont
été dominées depuis le début par les États-Unis et
les puissances d'Europe de l'Ouest et elles ont
agi contre les intérêts des peuples.
Les programmes d'ajustement visent à accroître la
confiance des marchés du capital international
dans le pays débiteur. Sans l'approbation du
Fonds, qui agit comme un censeur en déterminant la
volonté et la capacité du pays à payer les coûts
du service de la dette, les portes demeurent
généralement fermées à la fourniture de prêts.
Pour exercer leur contrôle, ces organisations
obligent les pays qui reçoivent cet « avantage » à
se soumettre à des conditions qui vont des
recommandations non obligatoires à des inspections
extrêmes avec imposition de sanctions forcées.
Comme les pays deviennent de plus en plus
endettés, ils sont forcés de se conformer aux
directives financières, économiques et sociales
que ces institutions établissent afin de respecter
ces engagements et de pouvoir ainsi avoir accès à
de nouveaux crédits dont les montants deviennent
impossibles à payer.
C'est ainsi que ces organisations forcent les
gouvernements à promouvoir la privatisation des
entreprises et des services publics, à abaisser
les salaires et les pensions de même qu'à
augmenter les prix de l'eau, de l'électricité et
du carburant.
Ces politiques d'emprunt ont fait en sorte que
si, en 2008, la dette publique interne et externe
de l'Amérique latine atteignait 40 % du produit
intérieur brut, onze ans plus tard, en 2019, elle
atteignait déjà 62 % du PIB.
En conclusion, ce nouvel endettement affectera
encore plus la souveraineté et l'indépendance
économique et politique de plusieurs de ces pays
si leurs gouvernements le permettent.
Hedelberto Lopez Blanch est un journaliste,
auteur et chercheur cubain.
Conférence de presse sur l'étude conjointe
Chine-OMS tenue à Wuhan, dans la province
centrale de Hubei en Chine, le 9 février 2021
Le 12 mars 2021, le ministère chinois des
Affaires étrangères a tenu une séance
d'information à l'intention des envoyés européens
sur la recherche scientifique conjointe de la
Chine et de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) sur les origines du nouveau coronavirus. La
réunion était présidée par le directeur général du
Département des organisations internationales et
des conférences du ministère des Affaires
étrangères Yang Tao. Le chef d'équipe chinois de
l'équipe d'experts Chine-OMS, le professeur Liang
Wannian, a fourni des informations pertinentes sur
l'étude et répondu aux questions. Plus de 40
envoyés et diplomates européens de 29 pays
européens et de l'Union européenne ont assisté à
la réunion.
Liang Wannian a fourni des informations
détaillées sur le contexte, le processus, les
résultats et les suggestions concernant les
recherches futures de l'étude conjointe Chine-OMS.
Il a déclaré qu'après l'approbation des
résolutions pertinentes lors de la 73e Assemblée
mondiale de la Santé, la Chine a surmonté la
pression de la prévention et du contrôle des
épidémies à l'intérieur de ses frontières et a
pris l'initiative de mener une étude conjointe sur
les origines du nouveau coronavirus avec l'OMS. En
juillet 2020, la Chine a invité des experts de
l'OMS à se rendre en Chine et les deux parties ont
convenu de l'étude mondiale sur les origines du
SRAS-CoV-2 de l'OMS : termes de référence pour la
partie chinoise. Selon les termes de références
convenus (TdR), la Chine a mis en place une équipe
conjointe d'experts constituée d'experts
internationaux de l'OMS et a mené une étude
conjointe de 28 jours du 14 janvier au 10 février
de cette année à Wuhan.
Au cours de la
visite à Wuhan, des experts des deux côtés ont
visité 9 lieux, dont l'hôpital Jinyintan, le
marché des fruits de mer de Huanan et l'Institut
de virologie de Wuhan relevant de l'Académie
chinoise des sciences. L'équipe a également parlé
à des travailleurs médicaux locaux, des chercheurs
de laboratoire, des scientifiques, des
gestionnaires de marché, des propriétaires
d'entreprise, des travailleurs communautaires, des
patients rétablis et des familles de travailleurs
médicaux qui ont perdu la vie dans l'épidémie. Un
certain nombre de réunions, de consultations et de
discussions ont eu lieu pour accumuler un
consensus scientifique sur les origines du nouveau
coronavirus. De solides relations de travail ont
été nouées entre les experts des deux côtés grâce
à des échanges approfondis et francs.
Liang Wannian a déclaré que l'étude conjointe
avait obtenu des résultats positifs et abouti à
des résultats et des conclusions grâce aux efforts
des deux côtés. Premièrement, des coronavirus
présentant une forte similitude avec le SRAS-CoV-2
dans les séquences génétiques chez les
chauves-souris et les pangolins ont été découverts
par l'équipe d'experts. Mais la similitude n'est
toujours pas suffisante pour en faire un ancêtre
direct du SRAS-CoV-2. D'autres espèces pourraient
toutes être des hôtes naturels potentiels.
Deuxièmement, le premier cas à Wuhan est tombé
malade le 8 décembre 2019. Le marché des fruits de
mer de Huanan pourrait être un site d'épidémie et
un amplificateur de la pandémie COVID-19.
Troisièmement, l'échantillonnage environnemental
dans le marché des fruits de mer de Huanan dès le
moment de sa fermeture a révélé une contamination
étendue des surfaces par le virus, en particulier
dans ses étals de produits aquatiques. Le
coronavirus sur le marché peut avoir été introduit
par des personnes infectées ou des produits de la
chaîne du froid, des animaux et des produits
d'origine animale contaminés.
Après une évaluation scientifique, l'équipe
conjointe d'experts estime que « le plus probable
» est que le virus SRAS-CoV-2 s'est introduit par
une espèce hôte intermédiaire, « probablement »
introduit par transmission directe ou par voie
alimentaire de la chaîne du froid, et qu'il est «
extrêmement improbable » qu'il se soit introduit
lors d'un incident de laboratoire.
Liang Wannian a souligné que l'équipe conjointe
d'experts a présenté quatre suggestions en termes
d'étude future. Premièrement, étendre la base de
données unifiée à l'échelle mondiale, y compris
les données sur les molécules, la séquence
génétique, la clinique, l'épidémiologie, la
surveillance animale et la surveillance
environnementale. Deuxièmement, continuer à
rechercher davantage de cas précoces possibles
dans un éventail plus large partout dans le monde.
Troisièmement, les scientifiques du monde entier
devraient rechercher des espèces animales
susceptibles de devenir des hôtes de virus dans de
nombreux pays et lieux, sans se limiter aux
chauves-souris. Quatrièmement, mieux comprendre le
rôle de la chaîne du froid et des aliments
surgelés dans la transmission du virus.
Voir le texte complet de la
conférence de presse conjointe Chine-OMS du 9
février 2021.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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