Numéro 9 - 15 février 2020
Affirmons les droits et la souveraineté des
peuples autochtones!
GRC, hors du territoire des Wet'suwet'en!
Appuyons les défenseurs
de la terre Wet'suwet'en!
- Barbara Biley -
Rassemblement à l'ouverture de l'Assemblée
législative
de la Colombie-Britannique le 11 février 2020
• Des
actions à l'échelle nationale et internationale
condamnent la violence de l'État colonial
canadien
• Les travailleurs doivent
lutter pour une solution qui défend les droits
des Wet'suwet'en et les droits de tous!
- Pierre Chénier -
• Le
Canada et la Colombie-Britannique violent une «
injonction »
de l'ONU alors que des manifestants légitimes
sont arrêtés
et menacés d'intervention armée
- Lawyers' Rights Watch -
• La
décision de la Cour d'appel fédérale sur
l'agrandissement
de l'oléoduc Trans Mountain est illégale et
injuste
- Philip Fernandez -
•
Les marches commémoratives
des femmes honorent la vie des femmes et des
filles autochtones
À titre d'information
• Lettre à la Commission
civile d'examen et d'instruction
des plaintes relatives à la GRC concernant les
opérations
de la GRC en territoire Wet'suwet'en
- Association des libertés
civiles de la Colombie-Britannique
et Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique -
• Déclaration
des Gidimt'en aux médias
• Arrestation
des matriarches d'Unist'ot'en
- Unistoten.camp -
Affirmons les droits et la
souveraineté des peuples autochtones!
GRC, hors du territoire des Wet'suwet'en!
- Barbara Biley -
Les représentants du Canada et de la
Colombie-Britannique ne cessent de répéter que le
Canada est un pays qui défend l'état de droit,
comme si cela suffisait pour répondre à
l'opposition grandissante au refus des différents
paliers de gouvernements de rencontrer les chefs
héréditaires Wet'suwet'en. Comme si cela
justifiait le déploiement très militarisé d'agents
de la GRC pour expulser les Wet'suwet'en de leur
propre territoire. Des actions de solidarité et de
désobéissance civile ont eu lieu partout au pays,
notamment des barrages de routes, de ports, de
traversiers et de voies ferrées, et l'occupation
temporaire des bureaux de députés du parlement
canadien ainsi que de l'Assemblée législative de
la Colombie-Britannique. Le 11
février, jour du discours du trône à
l'Assemblée législative provinciale, des centaines
de personnes, y inclus un grand nombre de jeunes,
ont occupé l'entrée de l'édifice et demandé que le
gouvernement de la Colombie-Britannique mette fin
à l'attaque et à l'occupation par la GRC et
négocie une solution pacifique au conflit avec les
chefs héréditaires Wet'suwet'en.
Lors d'une
conférence de presse au lendemain de la grande
manifestation, le premier ministre de la
Colombie-Britannique, John Horgan, a insulté les
peuples autochtones qui défendent leurs droits
ancestraux et tous les Canadiens en disant :
« Je vais continuer de travailler avec les gens
qui veulent le progrès, et ils sont légion et
beaucoup plus nombreux que ceux qui préfèrent se
concentrer sur des griefs. » Comme les
anciens dirigeants coloniaux, il se donne le droit
de définir le progrès, en l'occurrence les
pipelines et le gaz naturel liquéfié, puis de
rejeter du revers de la main et criminaliser toute
personne qui n'est pas d'accord. Le message est
clair : si les actions du gouvernement au
service des investisseurs étrangers qui veulent à
tout prix mettre la main sur les ressources, la
terre et le travail des Britanno-Colombiens vous
font du mal ou portent atteinte à vos droits, et
bien dommage, « mon gouvernement » est
préoccupé par « le progrès » et non pas vos «
griefs ». Jusqu'à présent, le premier
ministre du Canada Justin Trudeau se contente de
prétendre qu'il s'agit d'une affaire provinciale
et dit qu'il a « pleinement confiance dans le
gouvernement néodémocrate de la
Colombie-Britannique pour aller de l'avant de la
bonne façon ».
Ronald Wright, auteur de Stolen Continents:
Conquest and Resistance in the Americas,
dans une lettre au Globe and Mail publiée
le 13 février, explique de façon convaincante
l'essence du problème dans la confrontation de
plus en plus houleuse entre les manifestants
autochtones et leurs alliés et ceux qui veulent
poursuivre la construction de pipelines et ce
qu'on appelle le développement économique. Wright
fait remarquer que le territoire des Wet'suwet'en
à travers lequel le tribunal canadien a accordé
aux développeurs la permission de construire un
pipeline n'a jamais été cédé à la Couronne.
Autrement dit, le tribunal n'avait pas le pouvoir
d'accorder sa permission. De plus, les conseils de
bande élus qui soutiennent le pipeline n'ont
d'autorité que sur les petites réserves créées par
la Loi sur les Indiens.[1]
Wright souligne:
«John Horgan devrait savoir qu'il n'est pas à son
avantage d'invoquer ‘la loi' pour imposer la
construction d'un pipeline à travers le territoire
non cédé des Wet'suwet'en. Ces mêmes mots ont été
utilisés par le gouvernement Mulroney pendant la
crise d'Oka en 1990. La question est: quelle loi?
«Comme les Mohawks, les Wet'suwet'en n'ont jamais
cédé leur souveraineté ancienne en tant que peuple
indépendant. La souveraineté ne peut être perdue
que par la conquête ou le traité; les terres non
cédées n'ont jamais fait légalement partie du
Canada. Comme les Mohawks, les Wet'suwet'en
ont un système de gouvernement qui est antérieur à
l'occupation européenne et qui est toujours actif
(les conseils de bande gèrent simplement les
petites réserves créées en vertu de la Loi sur
les Indiens; leurs ‘autorisations' sont sans
valeur au-delà de ces frontières).
« Dans des jugements historiques de 1997 et 2014,
la Cour suprême a confirmé les droits des peuples
autochtones de la Colombie-Britannique et a
déclaré que le territoire non cédé des
Wet'suwet'en pouvait couvrir 22 000 kilomètres
carrés. Cela étant, aucun autre gouvernement ni
aucune entreprise ne devrait avoir le droit d'y
imposer sa volonté. Il semble que ce soit la
Colombie-Britannique et la GRC qui enfreignent la
primauté du droit. »
Il est grand temps que les chefs héréditaires et
les porte-parole autochtones cessent d'être
écartés chaque fois que la Couronne trouve une
utilisation économique pour leur territoire
traditionnel, que ce soit pour l'exploitation
minière, la foresterie, les barrages
hydroélectriques ou les pipelines.
À l'heure actuelle, l'occupation par la GRC est
bien en place et, le 13 février, Coastal
GasLink a annoncé que les travaux avaient repris
sur le gazoduc. Cela est appelé « défense de
l'état de droit » bien que cela jette de l'huile
sur le feu et attise l'opposition aux positions
racistes et coloniales de « la loi du plus fort »
des gouvernements Trudeau et Horgan.
La GRC a établi une zone d'exclusion sur le
territoire des Wet'suwet'en, jusqu'au camp
Unist'ot'en au kilomètre 66 sur le chemin du
service forestier de la rivière Morice et a arrêté
28 personnes. Il s'agit de la route utilisée par
Coastal GasLink pour accéder au territoire non
cédé des Wet'suwet'en où elle construit un gazoduc
pour acheminer le gaz de fracturation vers l'usine
de LNG Canada en construction à Kitimat.
Pendant ce temps, les nations autochtones et
d'autres partisans des défenseurs de la terre
Wet'suwet'en à Kahnawake au Québec, à Tyendinaga
en Ontario et au Manitoba ont bloqué les voies
ferrées, exigeant que la GRC se retire et que des
négociations de nation à nation aient lieu. À la
fin de la journée du 13 février, le service
ferroviaire national avait pratiquement été fermé
et le service ferroviaire vers le port de Prince
Rupert dans le nord de la Colombie-Britannique et
le service de train de banlieue West Coast Express
du centre-ville de Vancouver vers la vallée du
Fraser étaient perturbés.
Le premier ministre du Québec, François Legault,
a déclaré récemment que les blocus ferroviaires en
appui aux Wet'suweten'en devaient cesser,
reprenant son vieux refrain sur d'éventuelles «
pénuries de propane ». Voilà précisément le
mode de fonctionnement des institutions
canadiennes et québécoises, ces dernières faisant
partie intégrante de l'État colonial
anglo-canadien : sur les questions des droits
fondamentaux des peuples canadien, québécois et
autochtones, la réponse de ceux qui usurpent le
pouvoir politique est de criminaliser ceux qui
défendent leurs droits et de faire de leurs luttes
une question de loi et d'ordre.
Face à l'énorme
pression de toutes parts, y compris de syndicats,
d'universitaires, d'organisations de juristes,
d'églises, de l'Union nationale des fermiers, de
journalistes et d'organisations des libertés
civiles, le gouvernement Trudeau a promis que la
ministre des Relations Couronne-Autochtones,
Carolyn Bennett, rencontrera le ministre de la
Colombie-Britannique de la Réconciliation et des
Relations autochtones, Scott Fraser, et les chefs
héréditaires des Gitxsan et des Wet'suwet'en. Les
Gitxsan, dont le territoire est adjacent à celui
des Wet'suwet'en, bloquent le trafic ferroviaire à
l'entrée et à la sortie du port de Prince Rupert.
Il en va de même pour le ministre fédéral des
Services aux Autochtones, Marc Miller, qui a
communiqué avec les Mohawks de Tyendinaga, qui
bloquent les voies ferrées près de Belleville, en
Ontario, pour convenir d'une rencontre.
Le premier ministre Trudeau a fait écho au
premier ministre Horgan dans une déclaration
publiée à la suite de leur conversation
téléphonique du 13 février. Ni l'un ni
l'autre n'est intéressé à parler de la position
légitime des chefs héréditaires Wet'suwet'en, à
savoir qu'ils doivent donner leur consentement au
développement industriel sur leur territoire et
que ni la Colombie-Britannique ni le Canada ne
respectent l'état de droit - provincial, national
ou international. La déclaration du cabinet du
premier ministre Trudeau mentionne que : « Le
premier ministre Trudeau et le premier ministre
Horgan ont discuté du fait que la liberté
d'expression est un droit démocratique important,
mais que les manifestations doivent respecter les
décisions des tribunaux et se tenir dans le cadre
de la loi. Ils ont également convenu que les
progrès au chapitre de la lutte contre les
changements climatiques et de la réconciliation
doivent demeurer au premier plan de toutes les
mesures que prend le gouvernement. Le premier
ministre Trudeau a indiqué vouloir collaborer de
près afin de régler la situation dans les plus
brefs délais. Les deux gouvernements se sont
engagés à rencontrer Gitxsan Simgyget,
Wet'suwet'en Dini Ze' et Ts'ake ze en vue de nouer
un dialogue continu. »
Le projet de LNG
Canada est le favori du premier ministre Trudeau
et du premier ministre de la Colombie-Britannique
Horgan qui le vantent tous deux comme le plus
important investissement étranger - 40
milliards de dollars - jamais entrepris au Canada.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique était
si désireux de garantir l'investissement qu'en
mars 2019, l'Assemblée législative a annoncé
des « mesures incitatives », y compris des
exemptions d'impôts et de l'électricité à rabais
pour une somme d'environ 5,35 milliards de
dollars, pour un consortium constitué de plusieurs
des plus grandes multinationales du monde, dont
Shell, Petronas, PetroChina, Mitsubishi et Korean
Gas. Alors qu'il était dans l'opposition, le
gouvernement néodémocrate s'est opposé à
l'exploitation du gaz naturel liquéfié en
Colombie-Britannique puis est devenu le champion
des dangereuses opérations de fracturation
hydraulique dans le nord de la
Colombie-Britannique, de la construction du
gazoduc à travers le territoire autochtone non
cédé sans le consentement des nations autochtones,
de la construction de l'usine de liquéfaction de
Kitimat et de la perspective de plus en plus
improbable d'un marché en Asie pour le gaz
liquéfié. Quiconque soulève des préoccupations
concernant les dommages causés à la Terre mère, y
compris la destruction des sols et de l'eau dont
dépendent les Wet'suwet'en, ou le fait que
l'exploitation du gaz naturel liquéfié pour
l'exportation contribue aux changements
climatiques, est qualifié d'ennemi du progrès.
L'Association des libertés civiles de la
Colombie-Britannique et l'Union des chefs indiens
de la Colombie-Britannique, appuyées par le West
Coast Environmental Law et la Pivot Legal Society,
ont écrit deux fois (le 29 janvier et
le 9 février) à la Commission civile d'examen
et de traitement des plaintes relatives à la GRC
pour demander une enquête sur la base que la mise
en place et l'imposition par la force de la zone
d'exclusion de la GRC sur le territoire
Wet'suwet'en sont illégales, en expliquant en
détail ce qui rend les actions de la GRC
illégales.
Le premier ministre du Canada et le premier
ministre de la Colombie-Britannique seraient bien
avisés de ne pas donner des leçons de morale sur
l'état de droit ou la liberté d'expression pendant
qu'ils supervisent l'occupation violente du
territoire des Wet'suwet'en, l'arrestation des
jeunes qui occupaient les bureaux d'un ministre du
Cabinet pour le convaincre de leur parler, et
qu'ils criminalisent ceux qui exercent leur droit
de s'exprimer.
Les actions audacieuses des Wet'suwet'en à la
défense de leurs droits et les actions menées à
travers le pays pour les appuyer, par des
autochtones et des non autochtones, montrent la
personnalité démocratique moderne qui lutte pour
se libérer du carcan des institutions
démocratiques libérales désuètes qui lui sont
imposées par les pouvoirs en place. L'aspiration à
de justes relations de nation à nation entre le
Canada et les peuples autochtones est bloquée par
ce que Trudeau, Horgan, le ministre canadien des
Transports Marc Garneau et d'autres appellent «
l'état de droit ». Cet « état de droit »
est le règne colonial imposé à la pointe du fusil.
Les relations coloniales du Canada avec les
peuples autochtones n'ont pas leur place. Le
peuple réclame des institutions qui offrent des
réparations pour les crimes commis contre les
Premières nations. Les gouvernements qui sont au
service des intérêts privés nient nécessairement
le droit des peuples d'avoir leur mot à dire dans
les décisions qui touchent leur vie. La vie
elle-même montre combien il est futile de
réduire ce problème à une interprétation
abstraite de ce qu'est l'état de droit.
Tous en appui aux
défenseurs de la terre Wet'suwet'en !
Travaillons tous à investir le peuple du
pouvoir afin de garantir de justes relations
de nation à nation avec les peuples
autochtones !
Arrêtez d'écarter les chefs héréditaires et
les porte-parole autochtones !
Note
1.«
The Wet'suwet'en have never surrendered their
ancient sovereignty », Globe and Mail, 13
février 2020
(Photos: LML, R. Gillezeau, C.
Smith, C. Hunt. B. Patterson)
Rassemblement devant la législature de la
Colombie-Britannique le 7 janvier 2020,
le lendemain du raid de la GRC sur le territoire
Wet'suwet'en
Alors que l'occupation armée et l'expulsion des
défenseurs de la terre Wet'suwet'en de leur
territoire non cédé dans le nord de la
Colombie-Britannique en sont à leur deuxième
semaine, les actions de solidarité se sont
intensifiées partout au pays. Des actions
nombreuses, dont l'occupation des marches de
l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique
par les jeunes autochtones et leurs alliés, ont
été organisées sans relâche depuis l'attaque de la
GRC le 6 février.
À l'ouverture de l'Assemblée législative de la
Colombie-Britannique le 11 février et au
moment du Discours du Trône, l'Union des chefs
indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC) et
d'autres organisations ont tenu un rassemblement
de masse et se sont joints à celui des jeunes à
l'Assemblée législative et ont organisé une
conférence de presse.
Selon le communiqué de presse de l'UBCIC
du 10 février : « La GRC mène une
attaque violente sur le territoire non cédé des
Wet'suwet'en sous la supervision des gouvernements
provincial et fédéral pour mettre à exécution
l'injonction de Coastal GasLink. La jeunesse
autochtone, l'Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique et leurs alliés, dont des
organismes écologiques non gouvernementaux, des
représentants municipaux, provinciaux et fédéraux,
se rassembleront en solidarité avec la nation
Wet'suwet'en. Les orateurs s'exprimeront sur
l'escalade illégale de la GRC et les violations de
la loi Wet'suwet'en et des droits autochtones qui
se produisent en vertu de l'injonction. Ils feront
aussi part de leurs préoccupations face aux
territoires et aux cours d'eau et aux
responsabilités et aux rôles du gouvernement de la
province. »
Voici un reportage de certaines des actions qui
ont été organisées à travers le pays.
Colombie-Britannique
Vancouver, 9 février 2020
Sur l'île de Vancouver, il y a eu des
rassemblements et des manifestations dans les
petites et grandes communautés, devant le poste de
la GRC à Campbell River le 9 février, sur
l'autoroute de Inland Island au sud de Courtenay
le 10 février, à Tofino, Courtenay, Nanaimo,
Prince George et dans d'autres villes et villages
partout dans la province.
Le dimanche 9 février, près de deux mille
personnes se sont rassemblées à l'hôtel de ville
de Vancouver. L'article « Mettons fin à
l'injustice coloniale ! GRC hors du
territoire Wet'suwet'en ! » du numéro
du 1er février 2020 du LML a été
largement distribué et bien accueilli au
rassemblement. Après celui-ci, des centaines de
personnes sont descendues dans la rue pour fermer
l'intersection achalandée des rues Broadway et
Cambie.
Des barrages ont été dressés le 8 février au
Port de Vancouver et au Port Delta qui se sont
poursuivis jusqu'au matin du 10 février
lorsque les barricades ont été démantelées par la
police et 55 personnes ont été arrêtées. Des
volontaires non autochtones sont restés dans la
rue devant le port à Vancouver afin d'empêcher que
des jeunes autochtones ne soient arrêtés. Plus
tard dans la même journée, lorsqu'elles ont appris
l'arrestation de femmes au camp Unist'ot'en,
plusieurs centaines de personnes ont à nouveau
marché dans les rues de Vancouver.
À New Hazelton, à l'ouest de Smithers, des
manifestants ont bloqué les chemins de fer, ce qui
a interrompu le service du Canadien National au
Port de Prince Rupert.
Victoria, à l'ouverture de
l'Assemblée législative
Cowichan, Colombie-Britannique
Nanaimo, Colombie-Britannique
Comox, Colombie-Britannique
Campbell River, Colombie-Britannique
Rassemblement à Vancouver, le 9 février 2020
Vancouver, coin Broadway et Cambie, le 11 février
2020
Blocus du Port de Vancouver, le 9 février 2020
Blocus d'une
ligne ferroviaire secondaire à Vancouver, le
11 février 2020
Blocus du terminal de conteneurs, à Delta en
Colombie-Britannique, le 9 février 2020
Terrace, Colombie-Britannique
Kelowna, Colombie-Britannique
Kaslo, Colombie-Britannique
Blocus de la ligne de chemin de fer à New
Hazelton, en Colombie-Britannique, le 8 février
2020
Alberta
Le 7 février, près de 100
personnes ont pénétré dans le hall d'entrée de
Place Canada à Edmonton et demandé qu'Alberta
Investment Management Corporation (AIMCo)
désinvestisse son pourcentage de participation
de 65 % dans l'oléoduc de Coastal
GasLink.
À l'Université de l'Alberta à Edmonton, les
étudiants ont débrayé le 10 février et se
sont rassemblés sur le campus, pour ensuite se
rendre à Enbridge Place au centre-ville d'Edmonton
pour un deuxième rassemblement organisé par
Jeunesse autochtone pour wet'suset'en.
Les manifestants ont bloqué le pont
Réconciliation à Calgary le 10 février lors
d'un rassemblement en appui aux chefs ancestraux
Wet'suwet'en.
Calgary, Alberta
Saskatchewan
Des sympathisants des Wet'suwet'en ont bloqué la
rue Albert à Régina le 8 février.
Regina, Saskatchewan
Manitoba
Des jeunes de Winnipeg occupent le
bureau de circonscription de Dan Vandal, le
ministre des Affaires du Nord, depuis le 4
février. Le 7 février, la circulation a été
fermée sur l'avenue Portage à Winnipeg pour un
rassemblement devant le bureau de la GRC. Un
autre rassemblement a bloqué quatre
intersections du centre-ville de Winnipeg
le 10 février.
Winnipeg, Manitoba, le 10 février 2020
Ontario
Des étudiants et des professeurs
de l'Université de Windsor débraient et organisent
une marche le 13 février 2020 et bloquent
pendant un certain temps l'accès au Pont
Ambassadeur menant aux États-Unis.
Brantford, Ontario
Des centaines de personnes bloquent la ligne de
chemin de fer à Toronto le 9 février 2020.
Occupation du bureau de la ministre des Relations
Couronne-Autochtones Carolyn
Bennett, le 10 février 2020
Toronto, Ontario
Barrie, Ontario
Kingston, Ontario
Blocus de ligne ferroviaire à Tyendinaga,
en Ontario, le 9 février 2020
Occupation des bureaux du ministre de la Justice
à Ottawa, en Ontario, le 10 février 2020
Québec
Depuis le samedi 8 février, des résidents du
territoire Mohawk de Kahnawake bloquent le passage
des trains de banlieue, provoquant la suspension
des services de la ligne Candiac qui est
supervisée par l'autorité régionale Exo.
Territoire Mohawk de Kahnawake
Rassemblement devant le bureau de circonscription
du premier ministre Justin Trudeau à Montréal, au
Québec, le 10 février 2020
Rimouski, Québec
Listuguj, Québec
Nouvelle-Écosse
Le 7 février, des jeunes autochtones et non
autochtones ont occupé le bureau du député libéral
Andy Fillmore à Halifax. Le 11 février, une
manifestation a bloqué le terminal de conteneurs
Fairview Cove à Halifax. Le 12 février, la
vice-première ministre Chrystia Freeland, en
visite à Halifax, a été accueillie par des
manifestations à l'hôtel de ville et au bureau du
premier ministre de la province, qui ont exigé
qu'elle s'attaque au problème de l'occupation du
territoire Wet'suwet'en par la GRC.
Action au terminal de conteneurs Fairview Cover à
Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 11 février 2020
Devant le poste de la GRC à Antigonish, en
Nouvelle-Écosse, le 11 février 2020
Terre-Neuve et Labrador
Une centaine de personnes se sont rassemblées sur
le campus Signal Hill de l'Université Memorial à
St-John's le 10 février, là où le ministre des
Ressources naturelles Seamus O'Regan devait
prendre la parole.
St. John's, Terre-Neuve
Actions de
solidarité internationale
Washington DC, États-Unis
Boston, États-Unis
Ithaca, États-Unis
San Francisco, États-Unis
Seattle, États-Unis
Juneau, États-Unis
Londres, Angleterre
West Newton, Angleterre
Nouvelle-Zélande
- Pierre Chénier -
Manifestation de masse pour bloquer la voie ferrée
à Toronto, le 15 février
L'hystérie des médias monopolisés au sujet des
blocus ferroviaires et des autres actions
perturbatrices du transport qui sont menées en
appui aux défenseurs de la terre Wet'suwet'en, est
devenue encore plus intense depuis que Via Rail et
le CN ont annoncé qu'ils suspendent des services.
Le 13 février, le Canadien National a annoncé
qu'il ferme son réseau ferroviaire dans l'est du
pays, et, le 14 février, Via Rail a annoncé
qu'il annule la plupart de ses services à
l'échelle du Canada. Cela a poussé de nombreux
médias à prédire une catastrophe pour l'économie
canadienne et une recrudescence des menaces de
sécession dans l'ouest et de l'éclatement du
Canada, comme si les chemins de fer étaient une
sorte de symbole de l'unité canadienne. Les appels
à l'« intervention du gouvernement » pour
démanteler les blocus par la force s'intensifient.
La crise politique
qui a été déclenchée par l'invasion de la GRC, une
fois de plus, du territoire des Wet'suwet'en et la
violation du droit des Wet'suwet'en de décider qui
peut venir sur leur territoire et pour quelle
raison, est présentée comme quelque chose de peu
d'importance pour les Canadiens. La «
solution » qui est réclamée est d'étendre la
répression policière à tous ceux qui prennent
position en faveur des défenseurs de la terre
Wet'suwet'en pour que les trains recommencent à
circuler.
Les travailleurs connaissent très bien cette
caractérisation qui est faite de tous ceux qui
contestent le diktat des gens au pouvoir comme
étant illégitimes, fauteurs de troubles et
criminels. Les travailleurs qui défendent leurs
salaires et leurs conditions de travail sont
régulièrement traités de criminels. Les
travailleurs de la raffinerie Co-op de Regina, qui
résistent au diktat des propriétaires pour les
forcer à accepter une réduction significative de
leur régime de retraite qu'ils ont négocié, ont
été arrêtés et mis à l'amende pour avoir mené des
actions visant à empêcher la compagnie de
poursuivre la production avec les cadres et des
scabs. Les travailleurs ferroviaires et des
postes, et d'autres comme eux, ont souvent fait
face à des lois de retour au travail lorsque leurs
employeurs ont eu besoin de l'État et de sa police
pour leur imposer des conditions inacceptables.
Dans cette hystérie au sujet de l'impact de la
perturbation des services de transport se trouve
la tentative de rallier la classe ouvrière à
l'élite dirigeante qui refuse de renoncer aux
vieilles relations coloniales et d'établir des
relations de nation à nation avec les Wet'suwet'en
et les autres nations autochtones.
Les travailleurs ne sont pas censés se préoccuper
de cette violence de l'État qui est utilisée
contre les peuples autochtones. Ils sont censés
avoir comme unique préoccupation que leur moyen de
subsistance ne soit pas mis en péril par les mises
à pied qui peuvent se produire ou par d'autres
moyens. Tantôt, les travailleurs sont considérés
comme des fauteurs de trouble et des perturbateurs
de l'état de droit et de l'économie nationale et
régionale quand ils mènent des actions de masse à
la défense de leurs droits ; tantôt, ils sont
considérés comme de simples observateurs lorsque
les nations autochtones et leurs alliés mènent des
actions de masse pour défendre les droits des
autochtones, comme c'est le cas en ce moment avec
les blocus ferroviaires et autres.
Ce qui est caché, c'est à quel point il est
important pour les travailleurs de dire que ces
événements mettent en lumière le fait que l'État
canadien et ses pouvoirs de police ne peuvent pas
conduire à une solution des rapports entre le
peuple et l'autorité politique, et que le
renouveau démocratique est la nécessité de
l'heure. Ceux qui réclament encore plus de
violence de l'État au nom de la défense de
l'économie, de l'état de droit ou de l'unité
canadienne, sont les défenseurs du privilège et du
pouvoir de l'infime minorité et de l'ensemble de
la structure étatique coloniale qui prive le
peuple du pouvoir d'exercer un contrôle sur sa
vie.
Alors que les syndicats canadiens ont des tonnes
de résolutions à la défense des nations
autochtones, elles signifient quelque chose
seulement si elles sont ises en oeuvre lorsque les
temps sont durs et que le statu quo économique et
politique est contesté.
Les travailleurs savent par expérience ce que
veut dire être criminalisé quand on lutte pour
réclamer justice dans un contexte où tous les
arrangements qui sont censés vous donner une voix
et un mot à dire ont été détruits au profit des
intérêts privés supranationaux. La situation
requiert que la classe ouvrière du Québec et du
Canada prenne position à la défense des droits des
défenseurs de la terre Wet'suwet'en, contre la
violence de l'État colonial et pour des solutions
qui avantagent le peuple.
- Lawyers' Rights Watch, 12
février 2020 -
Alors que des manifestants pacifiques sont
arrêtés d'un océan à l'autre, le ministre des
Transports du Canada, Marc Garneau, qualifie les
blocus de soutien aux défenseurs des droits
territoriaux Wet'suwet'en d'illégaux, citant la Loi
sur la sécurité ferroviaire. Il omet de
mentionner que les actions des gouvernements du
Canada et de la Colombie-Britannique, le recours
et la menace de recours à la force par la GRC sont
eux-mêmes en violation des obligations
contraignantes du Canada en matière de droit
international et donc « illégaux ». Les
manifestants, en revanche, exercent leurs droits
légaux pour s'opposer pacifiquement et fermement à
de graves violations des droits des Wet'suwet'en.
Le 13 décembre 2019, un organisme de
surveillance des traités des Nations unies (ONU) a
appelé le Canada à « suspendre la construction du
gazoduc Coastal GasLink dans les terres
traditionnelles et non cédées du peuple
Wet'suwet'en », à « cesser immédiatement
l'expulsion forcée des Wet'suwet'en », à «
garantir qu'aucune force ne sera utilisée contre
les Wet'suwet'en » et à s'assurer que « la
Gendarmerie royale du Canada et les services de
sécurité et de police associés seront retirés de
leurs terres traditionnelles ». L'organisme
onusien a également appelé le Canada (qui comprend
la Colombie-Britannique) à « interdire
l'utilisation d'armes létales, notamment par la
[GRC], contre les peuples autochtones ».
Après des années de refus par le Canada de se
conformer aux recommandations du Comité des
Nations unies pour mettre fin à la discrimination
raciale concernant les droits des peuples
autochtones, en particulier en
Colombie-Britannique, le Comité a rendu sa
décision de décembre dans laquelle il exhorte le
Canada à incorporer le consentement libre,
préalable et éclairé dans la législation nationale
et à recourir aux conseils techniques de l'ONU.
Au lieu de cela, le Canada, qui cherche à obtenir
un siège au Conseil de sécurité des Nations unies,
fait la sourde oreille à cette décision urgente
des Nations unies et ordonne et autorise à nouveau
le recours à la force pour saisir les terres
traditionnelles non cédées, expulser les peuples
autochtones de leurs terres et priver les
manifestants et les défenseurs des terres de leurs
droits fondamentaux à la liberté et de participer
à des manifestations pacifiques.
Partout au Canada,
les manifestants s'opposent à la répétition des
saisies coloniales initiales de terres autochtones
et au piétinement des droits inhérents des peuples
autochtones à la liberté, aux moyens de
subsistance et à la dignité. Les graves
conséquences de cet accaparement historique des
terres et des injustices qui y sont associées
persistent à ce jour.
Maintenant, en 2020, le Canada et la
Colombie-Britannique citent « l'état de
droit » en appui à l'application des lois et
des décisions qui prétendent l'emporter sur les
lois internationales qui protègent les droits des
peuples autochtones et des manifestants. Ces lois
internationales sur les droits de la personne
lient le Canada et la Colombie-Britannique depuis
plus d'un demi-siècle.
La GRC arrête des manifestants et les prive de
leur liberté pour de prétendues violations d'une
injonction civile de la Cour suprême de la
Colombie-Britannique en faveur d'une compagnie
alors que le Canada et la Colombie-Britannique
violent l'« injonction » de l'ONU en toute
impunité. Ces actions du Canada, de la
Colombie-Britannique et de la GRC sont contraires
à la primauté du droit sur laquelle les
manifestants et les défenseurs des terres
insistent.
Lawyers 'Rights Watch Canada (LRWC) est un
comité d'avocats et de défenseurs des droits
humains qui font valoir les droits humains
internationaux, la primauté du droit et
l'intégrité des systèmes juridiques à l'échelle
mondiale par la défense des droits, de
l'éducation et de la recherche. LRWC est une ONG
dotée du statut consultatif spécial auprès du
Conseil économique et social des Nations unies.
- Philip Fernandez -
Le chef Don Tom, vice-président de l'Union des
chefs indiens de la Colombie-Britannique, lors
d'une conférence de presse à Vancouver le 4
février à la suite du rejet de la contestation
juridique de l'approbation donnée au projet
d'expansion de Trans Mountain (UBCIC)
La décision du 4 février de la Cour d'appel
fédérale qui rejette les recours intentés par la
bande indienne Coldwater, la nation squamish, la
nation tsleil-watuth et une coalition de sept
villages Stó :l en ce qui a trait à
l'agrandissement de l'oléoduc Trans Mountain
(TMX), est illégale et injuste.
En termes simples, la Couronne n'a aucune
juridiction légale sur les peuples autochtones en
ce qui a trait à leurs territoires non cédés. Ils
sont des nations et peuples autochtones souverains
dont le statut est politiquement égal au Canada et
qui sont reconnus comme tels dans le droit
international, comme c'est le cas dans la
Déclaration des Nations unies sur les droits des
peuples autochtones.
La décision de la Cour d'appel fédérale est
injuste parce que le tribunal a limité le cas des
plaignants autochtones - qui comptaient à
l'origine douze nations et groupes - à seulement
six et a limité les arguments juridiques à la
seule détermination à savoir si le « le
gouvernement du Canada s'était adéquatement
acquitté de son obligation de consulter les
peuples autochtones ». Cela signifie, par
exemple, que tout le travail méticuleux que la
nation tsleil-waututh a fait pour se préparer à
démontrer au tribunal les dommages que l'oléoduc
causerait à l'environnement naturel et social n'a
pas été pris en compte.
C'est la deuxième fois que des peuples
autochtones de la Colombie-Britannique portent
leur cause pour arrêter le TMX devant la Cour
d'appel fédérale. La première fois, en
mai 2018, le tribunal a statué en leur
faveur, a annulé l'approbation du projet et obligé
le gouvernement fédéral à consulter de façon plus
rigoureuse les 125 groupes et bandes
autochtones le long du tracé proposé du projet.
Dans leur décision unanime publiée en 2020,
les trois juges ont déclaré que « la décision
d'approuver le projet constituait, non pas la
ratification de la décision précédente, mais une
approbation assortie de conditions amendées issues
de la nouvelle ronde de consultations ». Ils
ont jugé que « cela est tout à fait compatible
avec les principes de la réconciliation et de
l'honneur de la Couronne ». La cour a aussi
statué que « la jurisprudence indique clairement
que même si les peuples autochtones peuvent faire
valoir leur opposition catégorique à un projet,
ils ne peuvent se servir du processus de
consultation comme tactique pour tenter d'y mettre
un veto ».
Alors que la Couronne - représentée par l'État
colonial canadien, ses gouvernements, ses
tribunaux, sa police et ses militaires - peut
essayer d'imposer par la force son ordre du jour,
comme dans le cas des pipelines TMX ou Coastal
GasLink, et les tribunaux peuvent «
légalement » défendre l'ordre du jour des
multinationales du gaz et du pétrole, cela ne rend
pas cela plus juste ou légal dans le cadre du
droit autochtone ou international. Ce sont les
peuples autochtones qui représentent la justice et
le droit en défendant leurs droits et leur
souveraineté, en luttant pour le bien-être de tous
les Canadiens et en exigeant que le Canada
reconnaisse leur droit à l'autodétermination.
À la suite de la décision de la Cour d'appel
fédérale, Kukpi7 Judy Wilson,
secrétaire-trésorière de l'Union des chefs indiens
de la Colombie-Britannique, a déclaré en entrevue
avec l'agence de nouvelles Bloomberg Business News
que non seulement la « consultation » que le
gouvernement libéral a faite la deuxième fois
était biaisée et « méprisante », mais « ce
qui est inquiétant dans cette affaire, c'est que
[la Cour d'appel fédérale] a rejeté les droits des
peuples autochtones, le savoir des peuples
autochtones et les lois des peuples
autochtones ».
Kukpi7 Wilson a souligné dans l'entrevue que le
système que le Canada a imposé aux peuples
autochtones avec la Loi sur les Indiens ne
peut pas être la base pour résoudre les conflits
entre les peuples autochtones et le Canada. Elle a
noté que les peuples autochtones affirment de plus
en plus leur souveraineté et leurs droits
lorsqu'ils se tournent vers leurs propres lois et
systèmes autochtones qui les ont bien servis au
fil du temps. Par exemple, elle a fait remarquer
que les peuples autochtones considèrent qu'ils ont
un devoir sacré en tant que gardiens de la terre
et de l'eau d'assurer le bien-être de
l'environnement naturel et social pour les
générations futures.
À la suite de la décision de la Cour d'appel
fédérale, les plaignants autochtones ont déclaré
qu'ils feraient appel de la décision devant la
Cour suprême tout en intensifiant la résistance
des peuples autochtones et du peuple canadien pour
développer la lutte politique en parallèle avec la
lutte juridique.
29e marche annuelle des femmes, Vancouver,
le 14 février 2020
Des marches commémoratives se sont tenues
le 14 février partout au Canada pour honorer
la vie des femmes et filles autochtones disparues
et assassinées et pour réclamer la fin de la
violence contre elles.
Des milliers de personnes ont pris part à
la 29e marche annuelle commémorative à
Vancouver qui a débuté au centre Carnegie dans le
quartier est du centre-ville de Vancouver. Cette
marche a lieu chaque année depuis 1992, le
jour de la Saint-Valentin. Une organisatrice de
l'événement, Evelyne Youngchief, a dit que la
marche cette année honore les plus de 970
femmes du quartier est du centre-ville qui sont
disparues ou qui ont été tuées. Le long de la
route, des arrêts ont été effectués à de nombreux
endroits où des femmes ont été vues pour la
dernière fois ou ont été assassinées, et elles ont
été commémorées à chacun de ces endroits.
Des marches, des vigiles et d'autres événements
commémoratifs ont aussi eu lieu dans plusieurs
villes et municipalités dont Victoria, Calgary,
Edmonton, Winnipeg, Windsor, Toronto et Montréal.
De nombreux participants à ces marches et vigiles
se sont rappelé les images récentes de la GRC
déchirant les robes rouges du camp Unist'ot'en qui
avaient été suspendues pour commémorer l'esprit
des femmes, des filles et des personnes
bispirituelles autochtones disparues et
assassinées, alors que les agents de la GRC
arrêtaient les défenseurs de la terre Wet'suwet'en
et leurs chefs de la manière la plus
irrespectueuse et brutale.
À Toronto, des centaines de personnes se sont
jointes à la 15e cérémonie annuelle des
fraises devant le quartier général de la police de
Toronto. Des membres des familles ont parlé de
leurs proches qui ont été tuées ou ont été portées
disparues. D'autres orateurs ont réclamé la fin
des conditions auxquelles sont confrontés les
peuples autochtones du Canada, qui découlent des
politiques racistes coloniales de l'État et de sa
police. Ils ont souligné que le nombre de femmes
disparues et assassinées continue d'augmenter
chaque année et ont demandé que cesse
l'indifférence et les abus par tous les paliers de
gouvernement. La cérémonie a été suivie d'une
marche et d'une danse en cercle qui ont bloqué une
intersection majeure.
Plus de 80 personnes se sont rassemblées au
Monument des droits de la personne à Ottawa. Le
rassemblement a commencé par une prière
traditionnelle d'un aîné autochtone. Des parents
ont commémoré les membres de leur famille et
souligné que même si l'enquête nationale sur les
femmes et les filles autochtones disparues et
assassinées est terminée et que son rapport a été
publié il y a huit mois, des femmes autochtones
continuent d'être portées disparues et
assassinées. Le gouvernement canadien n'a rien
fait pour mettre en oeuvre les 231 Appels à
la justice du rapport, ont souligné les orateurs,
et il doit en rendre des comptes. Sur les
pancartes au rassemblement, on pouvait voir les
portraits de femmes et de filles disparues et
assassinées et lire certains des Appels à la
justice.
À la fin de 2019, une chercheuse associée
aux familles des Soeurs par l'Esprit a estimé que
depuis le début du mandat de l'Enquête nationale
en septembre 2016, au moins 140 femmes
et filles sont décédées des suites d'homicides, de
morts suspectes ou survenues alors qu'elles
étaient détenues par la police ou prises en main
par le système de protection de la jeunesse.
Vancouver, Colombie-Britannique
Edmonton, Alberta
Winnipeg, Manitoba
Windsor, Ontario
Toronto, Ontario
Ottawa, Ontario
À titre
d'information
- Association des libertés civiles
de la Colombie-Britannique et Union des chefs
indiens de la Colombie-Britannique -
Objet : Plainte et enquête d'intérêt
public concernant la zone d'exclusion de la GRC
et les opérations de la GRC sur le chemin de
service forestier Morice Ouest
Le 29
janvier 2020, l'Association des libertés
civiles de la Colombie-Britannique (BCCLA), les
chefs héréditaires Wet'suwet'en et l'Union des
chefs indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC)
ont écrit à la Commission pour lui demander de
déposer une plainte et d'ouvrir une enquête
d'intérêt public en vertu de la Loi sur la
Gendarmerie royale du Canada concernant
l'inconduite et les actions illégales de la GRC
dans l'établissement d'une zone de contrôle et
d'exclusion sur le chemin de service forestier
Morice Ouest en territoire Wet'suwet'en. La
plainte et la demande d'enquête sont également
appuyées par West Coast Environmental Law et Pivot
Legal Society.
Nous vous écrivons aujourd'hui au nom de la BCCLA
et de l'UBCIC au sujet des actions irrégulières et
de plus en plus illégales de la GRC sur le chemin
de service forestier Morice Ouest en territoire
Wet'suwet'en. Nous demandons à la Commission de
traiter la présente lettre comme une mise à jour
urgente de notre plainte précédente et de demander
l'ouverture d'une enquête d'intérêt public sur la
question. La surveillance des défenseurs des
terres autochtones dans les territoires des
Wet'suwet'en est une question d'intérêt public
importante.
Le 6 février 2020, la GRC a établi une
zone d'exclusion au kilomètre 27 sur le
chemin de service forestier Morice Ouest.
Le 7 février 2020, la zone d'exclusion a
été déplacée au kilomètre 4 du chemin de
service forestier Morice Ouest et de sévères
restrictions d'accès ont été imposées, notamment
une interdiction d'accès et de mobilité sur la
route qui a des répercussions sur les chefs
héréditaires Wet'suwet'en, les membres de la
nation wet'suwe'ten, les invités, les médias et
observateurs juridiques.
Nous soulignons à la Commission que la zone
d'exclusion, trop grande et arbitraire, se situe
en dehors du champ d'application de l'injonction.
Nous sommes très inquiets de l'élargissement de la
zone d'exclusion de la GRC, qui accorde à la GRC
des pouvoirs discrétionnaires, déraisonnables et
injustifiés de :
1. Détenir et arrêter illégalement des personnes
qui se trouvent dans la zone d'exclusion
arbitraire et mal définie, mais qui ne
contreviennent pas à l'injonction. [1]
2. Interdire l'accès et empêcher la circulation
des Wet'suwet'en, de leurs invités et du public
sur le chemin de service forestier Morice Ouest et
dans la zone d'exclusion. [2]
3. Saisir les biens personnels dans la zone
d'exclusion. [3]
4. Restreindre sévèrement le droit
constitutionnel à la liberté de la presse. [4]
Il n'y a
absolument aucun précédent juridique ni aucune
autorité légale établie pour un pouvoir policier
aussi large associé à l'exécution d'une
injonction. La mise en place et l'exécution
de la zone d'exclusion de la GRC en territoire
Wet'suwet'en sont illégales. Les déclarations
publiques de la GRC font état de l'exécution de
l'injonction afin de justifier la zone
d'exclusion ; toutefois, aucune de ces
dispositions n'est explicitement énoncée dans
l'ordonnance d'exécution rendue le 7
janvier 2020.
La GRC réinterprète intentionnellement
l'ordonnance d'exécution afin d'étendre ses
pouvoirs de police. Tenter de dégager une zone
indéfinie bordant plus de 60 km de route et
d'en exclure toutes les personnes et tous les
habitants est un exercice déraisonnable du pouvoir
discrétionnaire accordé à la police en vertu de
l'ordonnance d'exécution. La zone d'exclusion
arbitraire de la GRC et les restrictions
excessives à l'accès sont tout à fait injustifiées
et illégales et constituent une violation grave
des droits et de la juridiction autochtones, une
grave privation des libertés individuelles et une
atteinte flagrante aux droits protégés par la
Charte. Nous sommes convaincus que la Commission
comprendra l'urgence de cette question et lancera
une enquête publique approfondie.
Signé
Harsha Walia
Directrice générale
Au nom l'Association des libertés civiles de la
Colombie-Britannique
Le grand chef Stewart Phillip
Président
Chef Don Tom
Vice-président
Kukpi7 Judy Wilson
Secrétaire-trésorière
Au nom de l'Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique
Notes
1. Arrestations
effectuées au kilomètre 27 du chemin de
service forestier Morice Ouest :
Comme la GRC a arbitrairement déplacé la zone
d'exclusion au kilomètre 4, le camp du
kilomètre 27 se trouve maintenant dans la
zone d'exclusion arbitraire, mais est bien en
dehors de zone de l'injonction elle-même. Ces
arrestations et accusations d'outrage sont donc
illégales.
2. Communiqué
de presse de la GRC, 6 février 2020
3. La
GRC a remorqué des véhicules situés dans la zone
d'exclusion, mais en dehors de la zone
d'injonction
4. Statement
by Canadian Association of Journalists:
Ricochet
journalist detained for eight hours while
covering RCMP raid
- 12 février 2020 -
Freda Huson (troisième à partir de la gauche) et
six autres personnes arrêtées au camp des
Unist'ot'en, après leur libération, tard
le 10 février 2020 (unist'ot'en camp)
Les camps des Wet'suwet'en
sont réoccupés, la forte présence de la GRC se
poursuit.
La réconciliation est morte. Les
événements de la semaine dernière sur les
territoires des Wet'suwet'en ont été une
manifestation extrême de la violence coloniale,
approuvée en violation du droit Wet'suwet'en, du
droit canadien et du droit international.
La GRC a arrêté 28 défenseurs des terres et
matriarches lors de l'exécution de l'injonction
interlocutoire approuvée par la juge Church. Une
personne, refusant de reconnaître la loi
coloniale, est toujours en détention et
comparaîtra en cour le 21 février 2020 à
Prince George. Des accusations seront portées car
la Coastal GasLink a demandé l'intervention de la
Couronne. Les autres défenseurs de la terre
doivent comparaître devant la Cour suprême à
Prince George à la fin avril.
En réponse à une action policière
discrétionnaire, déraisonnable et injustifiée,
l'Association des libertés civiles de la
Colombie-Britannique (BCCLA) [ainsi que l'Union
des chefs indiens de la Colombie-Britannique - note
du LML] a déposé une plainte et demandé une
enquête d'intérêt public sur la conduite de la
GRC. La GRC a illégalement arrêté des personnes
qui campaient à l'extérieur de la zone
d'injonction, ainsi que des personnes qui se
cachaient des agents armés de fusils d'assaut hors
des routes mentionnées dans l'injonction. Le
mépris et l'irrespect flagrants manifestés par la
GRC à l'égard des lois Wet'suwet'en, canadienne et
internationale font maintenant l'objet d'une
enquête.
Bien que les zones d'exclusion, certes illégales,
aient été levées, la GRC est toujours très
présente sur les terres des Wet'suwet'en. Nous
prévoyons qu'elle va protéger et faciliter par des
moyens lourds l'accès de Coastal GasLink aux
territoires non cédés sans le consentement libre,
préalable et éclairé des chefs héréditaires.
L'avis d'expulsion remis à la Coastal GasLink
le 4 janvier 2020 est toujours valable
et continuera d'être appliqué avec tous les
pouvoirs et la compétence de la loi Wet'suwet'en.
Nous encourageons tous les sympathisants à rester
forts et solidaires de cette lutte.
- Unistoten.camp, 10 février 2020
-
Un convoi d'unités tactiques armées de la GRC a
envahi le territoire souverain et non cédé des
Unist'ot'en pour mettre à exécution l'injonction
de Coastal GasLink. Nos défenseurs et nos
matriarches Unist'ot'en ont été brutalement
expulsés de leurs territoires.
Les matriarches Unist'ot'en Freda Huson (la chef
Howihkat), Brenda Michell (la chef Geltiy) et la
docteure Karla Tait ont été brutalement expulsées
de nos territoires et arrêtées. Nos matriarches
ont été arrêtées au cours d'une cérémonie
invoquant nos ancêtres et en hommage aux femmes et
filles disparues et assassinées. Nous les
Unist'ot'en savons que la violence contre nos
territoires et la violence contre nos femmes sont
liées. Au cours de la cérémonie, nous avons dressé
des robes rouges à la mémoire de l'esprit des
femmes, filles et personnes bispirituelles
assassinées et qui nous ont été enlevées. Nous
faisions une crémation pour l'industrie de la
Réconciliation canadienne autochtone lorsque la
GRC a enfoncé les barrières. Les défenseurs de la
terre, y compris Victoria Redsun (Denesuline),
Autumn Walken (Nlaka'pamux) et Pocholo Alen
Conception ont aussi été arrêtés.
L'Unist'ot'en condamne ces arrestations violentes
et coloniales et ces violations flagrantes de la
loi Wet'suwet'en, de la loi canadienne et de la
Déclaration des droits des peuples autochtones des
Nations unies. Il s'agit aussi d'une violation
flagrante de la récente directive du comité des
Nations unies sur la discrimination raciale qui
exige que le Canada arrête le projet d'oléoduc
Coastal GasLink et retire la GRC de notre
territoire afin d'éviter de futures violations de
la loi constitutionnelle, internationale et
Wet'suwet'en.
Nous, Wet'suwet'en, n'avons jamais cédé notre
titre ni nos droits sur les 22 000
kilomètres de nos terres, nos cours d'eau et nos
ressources au sein de notre Yintah. Notre Anuc
niwh'it'ën (loi Wet'suwet'en) et nos
systèmes de gouvernance sont restés intacts et
continuent de gouverner notre peuple et nos
territoires. Nous reconnaissons l'autorité de ces
systèmes. Les chefs héréditaires Wet'suwet'en sont
les détenteurs de titres et détiennent l'autorité
et la juridiction de prendre des décisions sur les
territoires non cédés.
Notre territoire Wet'suwet'en est divisé
en 5 clans et 13 groupes de maisons.
Chaque clan au sein de la nation Wet'suwet'en a
l'entière juridiction en vertu de notre loi de
contrôler l'accès à ses territoires respectifs.
Nous nous sommes gouvernés de façon durable depuis
les temps immémoriaux. L'Unist'ot'en (Maison
sombre) occupe et utilise notre territoire
traditionnel comme nous le faisons depuis des
siècles. Notre patrimoine est l'expression
pacifique de notre lien au territoire et est la
preuve vivante de notre utilisation et de notre
occupation continues de nos territoires
conformément à notre structure de gouvernance.
Notre Yin'tah Unist'ot'en est un endroit de
guérison. C'est le domicile de Wet'suwet'en qui
cherchent un refuge contre les traumas coloniaux,
qui ont des dépendances à la drogue ou qui
désirent se reconnecter avec la terre.
Nous avons la force de nos ancêtres en nous. Nous
avons la solidarité de nos proches et de nos
alliés autochtones avec nous. Nous sommes forts
des gens qui ferment des chemins de fer, des
autoroutes, des ports et des bureaux
gouvernementaux partout au pays. Merci à tous ceux
qui, partout sur cette planète, font de notre
lutte la leur. Les flammes de la résistance et le
retour en force de nos réclamations territoriales
autochtones nous rendent forts. Nous savons que
nos voisins et nos proches sont avec nous. Nous
savons que les esprits à deux pattes et à quatre
pattes veillent sur nous. Nous ne sommes pas
intimidés par ces arrestations, ni par la force
policière. Les injonctions des tribunaux coloniaux
ne nous intimident pas non plus. Ni les hommes en
habit et leur argent. Nous sommes toujours là.
Nous serons toujours là. C'est loin d'être
terminé.
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individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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