Les travailleurs doivent lutter pour une solution qui défend les droits des Wet'suwet'en et les droits de tous!
- Pierre Chénier -
Manifestation de masse pour bloquer la voie ferrée
à Toronto, le 15 février
L'hystérie des médias monopolisés au sujet des
blocus ferroviaires et des autres actions
perturbatrices du transport qui sont menées en
appui aux défenseurs de la terre Wet'suwet'en, est
devenue encore plus intense depuis que Via Rail et
le CN ont annoncé qu'ils suspendent des services.
Le 13 février, le Canadien National a annoncé
qu'il ferme son réseau ferroviaire dans l'est du
pays, et, le 14 février, Via Rail a annoncé
qu'il annule la plupart de ses services à
l'échelle du Canada. Cela a poussé de nombreux
médias à prédire une catastrophe pour l'économie
canadienne et une recrudescence des menaces de
sécession dans l'ouest et de l'éclatement du
Canada, comme si les chemins de fer étaient une
sorte de symbole de l'unité canadienne. Les appels
à l'« intervention du gouvernement » pour
démanteler les blocus par la force s'intensifient.
La crise politique
qui a été déclenchée par l'invasion de la GRC, une
fois de plus, du territoire des Wet'suwet'en et la
violation du droit des Wet'suwet'en de décider qui
peut venir sur leur territoire et pour quelle
raison, est présentée comme quelque chose de peu
d'importance pour les Canadiens. La «
solution » qui est réclamée est d'étendre la
répression policière à tous ceux qui prennent
position en faveur des défenseurs de la terre
Wet'suwet'en pour que les trains recommencent à
circuler.
Les travailleurs connaissent très bien cette
caractérisation qui est faite de tous ceux qui
contestent le diktat des gens au pouvoir comme
étant illégitimes, fauteurs de troubles et
criminels. Les travailleurs qui défendent leurs
salaires et leurs conditions de travail sont
régulièrement traités de criminels. Les
travailleurs de la raffinerie Co-op de Regina, qui
résistent au diktat des propriétaires pour les
forcer à accepter une réduction significative de
leur régime de retraite qu'ils ont négocié, ont
été arrêtés et mis à l'amende pour avoir mené des
actions visant à empêcher la compagnie de
poursuivre la production avec les cadres et des
scabs. Les travailleurs ferroviaires et des
postes, et d'autres comme eux, ont souvent fait
face à des lois de retour au travail lorsque leurs
employeurs ont eu besoin de l'État et de sa police
pour leur imposer des conditions inacceptables.
Dans cette hystérie au sujet de l'impact de la
perturbation des services de transport se trouve
la tentative de rallier la classe ouvrière à
l'élite dirigeante qui refuse de renoncer aux
vieilles relations coloniales et d'établir des
relations de nation à nation avec les Wet'suwet'en
et les autres nations autochtones.
Les travailleurs ne sont pas censés se préoccuper
de cette violence de l'État qui est utilisée
contre les peuples autochtones. Ils sont censés
avoir comme unique préoccupation que leur moyen de
subsistance ne soit pas mis en péril par les mises
à pied qui peuvent se produire ou par d'autres
moyens. Tantôt, les travailleurs sont considérés
comme des fauteurs de trouble et des perturbateurs
de l'état de droit et de l'économie nationale et
régionale quand ils mènent des actions de masse à
la défense de leurs droits ; tantôt, ils sont
considérés comme de simples observateurs lorsque
les nations autochtones et leurs alliés mènent des
actions de masse pour défendre les droits des
autochtones, comme c'est le cas en ce moment avec
les blocus ferroviaires et autres.
Ce qui est caché, c'est à quel point il est
important pour les travailleurs de dire que ces
événements mettent en lumière le fait que l'État
canadien et ses pouvoirs de police ne peuvent pas
conduire à une solution des rapports entre le
peuple et l'autorité politique, et que le
renouveau démocratique est la nécessité de
l'heure. Ceux qui réclament encore plus de
violence de l'État au nom de la défense de
l'économie, de l'état de droit ou de l'unité
canadienne, sont les défenseurs du privilège et du
pouvoir de l'infime minorité et de l'ensemble de
la structure étatique coloniale qui prive le
peuple du pouvoir d'exercer un contrôle sur sa
vie.
Alors que les syndicats canadiens ont des tonnes
de résolutions à la défense des nations
autochtones, elles signifient quelque chose
seulement si elles sont ises en oeuvre lorsque les
temps sont durs et que le statu quo économique et
politique est contesté.
Les travailleurs savent par expérience ce que
veut dire être criminalisé quand on lutte pour
réclamer justice dans un contexte où tous les
arrangements qui sont censés vous donner une voix
et un mot à dire ont été détruits au profit des
intérêts privés supranationaux. La situation
requiert que la classe ouvrière du Québec et du
Canada prenne position à la défense des droits des
défenseurs de la terre Wet'suwet'en, contre la
violence de l'État colonial et pour des solutions
qui avantagent le peuple.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 9 - 15 février 2020
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