La décision de la Cour d'appel fédérale sur l'agrandissement de l'oléoduc Trans Mountain est illégale et injuste
- Philip Fernandez -
Le chef Don Tom, vice-président de l'Union des
chefs indiens de la Colombie-Britannique, lors
d'une conférence de presse à Vancouver le 4
février à la suite du rejet de la contestation
juridique de l'approbation donnée au projet
d'expansion de Trans Mountain (UBCIC)
La décision du 4 février de la Cour d'appel
fédérale qui rejette les recours intentés par la
bande indienne Coldwater, la nation squamish, la
nation tsleil-watuth et une coalition de sept
villages Stó :l en ce qui a trait à
l'agrandissement de l'oléoduc Trans Mountain
(TMX), est illégale et injuste.
En termes simples, la Couronne n'a aucune
juridiction légale sur les peuples autochtones en
ce qui a trait à leurs territoires non cédés. Ils
sont des nations et peuples autochtones souverains
dont le statut est politiquement égal au Canada et
qui sont reconnus comme tels dans le droit
international, comme c'est le cas dans la
Déclaration des Nations unies sur les droits des
peuples autochtones.
La décision de la Cour d'appel fédérale est
injuste parce que le tribunal a limité le cas des
plaignants autochtones - qui comptaient à
l'origine douze nations et groupes - à seulement
six et a limité les arguments juridiques à la
seule détermination à savoir si le « le
gouvernement du Canada s'était adéquatement
acquitté de son obligation de consulter les
peuples autochtones ». Cela signifie, par
exemple, que tout le travail méticuleux que la
nation tsleil-waututh a fait pour se préparer à
démontrer au tribunal les dommages que l'oléoduc
causerait à l'environnement naturel et social n'a
pas été pris en compte.
C'est la deuxième fois que des peuples
autochtones de la Colombie-Britannique portent
leur cause pour arrêter le TMX devant la Cour
d'appel fédérale. La première fois, en
mai 2018, le tribunal a statué en leur
faveur, a annulé l'approbation du projet et obligé
le gouvernement fédéral à consulter de façon plus
rigoureuse les 125 groupes et bandes
autochtones le long du tracé proposé du projet.
Dans leur décision unanime publiée en 2020,
les trois juges ont déclaré que « la décision
d'approuver le projet constituait, non pas la
ratification de la décision précédente, mais une
approbation assortie de conditions amendées issues
de la nouvelle ronde de consultations ». Ils
ont jugé que « cela est tout à fait compatible
avec les principes de la réconciliation et de
l'honneur de la Couronne ». La cour a aussi
statué que « la jurisprudence indique clairement
que même si les peuples autochtones peuvent faire
valoir leur opposition catégorique à un projet,
ils ne peuvent se servir du processus de
consultation comme tactique pour tenter d'y mettre
un veto ».
Alors que la Couronne - représentée par l'État
colonial canadien, ses gouvernements, ses
tribunaux, sa police et ses militaires - peut
essayer d'imposer par la force son ordre du jour,
comme dans le cas des pipelines TMX ou Coastal
GasLink, et les tribunaux peuvent «
légalement » défendre l'ordre du jour des
multinationales du gaz et du pétrole, cela ne rend
pas cela plus juste ou légal dans le cadre du
droit autochtone ou international. Ce sont les
peuples autochtones qui représentent la justice et
le droit en défendant leurs droits et leur
souveraineté, en luttant pour le bien-être de tous
les Canadiens et en exigeant que le Canada
reconnaisse leur droit à l'autodétermination.
À la suite de la décision de la Cour d'appel
fédérale, Kukpi7 Judy Wilson,
secrétaire-trésorière de l'Union des chefs indiens
de la Colombie-Britannique, a déclaré en entrevue
avec l'agence de nouvelles Bloomberg Business News
que non seulement la « consultation » que le
gouvernement libéral a faite la deuxième fois
était biaisée et « méprisante », mais « ce
qui est inquiétant dans cette affaire, c'est que
[la Cour d'appel fédérale] a rejeté les droits des
peuples autochtones, le savoir des peuples
autochtones et les lois des peuples
autochtones ».
Kukpi7 Wilson a souligné dans l'entrevue que le
système que le Canada a imposé aux peuples
autochtones avec la Loi sur les Indiens ne
peut pas être la base pour résoudre les conflits
entre les peuples autochtones et le Canada. Elle a
noté que les peuples autochtones affirment de plus
en plus leur souveraineté et leurs droits
lorsqu'ils se tournent vers leurs propres lois et
systèmes autochtones qui les ont bien servis au
fil du temps. Par exemple, elle a fait remarquer
que les peuples autochtones considèrent qu'ils ont
un devoir sacré en tant que gardiens de la terre
et de l'eau d'assurer le bien-être de
l'environnement naturel et social pour les
générations futures.
À la suite de la décision de la Cour d'appel
fédérale, les plaignants autochtones ont déclaré
qu'ils feraient appel de la décision devant la
Cour suprême tout en intensifiant la résistance
des peuples autochtones et du peuple canadien pour
développer la lutte politique en parallèle avec la
lutte juridique.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 9 - 15 février 2020
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