Anniversaire de la déclaration de
la pandémie de COVID-19
La réponse mondiale requise pour
surmonter la pandémie mondiale et ses effets sur
la santé et l'économie
Le 11 mars, cela fera un an que l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) a publié son évaluation
selon laquelle l'épidémie mondiale croissante de
la COVID-19 constituait une pandémie. Le terme
pandémie fait référence à la propagation mondiale
d'une nouvelle maladie. Depuis lors, le monde se
bat pour essayer de maîtriser la maladie. À
l'heure actuelle, les vaccins mis au point et
administrés dans le monde entier constituent une
évolution majeure, certains pays étant mieux lotis
que d'autres. En date du 7 mars, il y a eu 117 202
151 cas de COVID-19 dans le monde et 2 601 840
décès. L'OMS prévient que la pandémie est loin
d'être terminée et que la vigilance continue du
maintien des mesures de sécurité qui se sont
avérées efficaces, telles que le port du masque,
le lavage des mains et la distanciation sociale,
demeurent nécessaires pendant que la vaccination
se répand.
L'OMS explique que « les vaccins sauvent des
millions de vies chaque année. Leur mode d'action
consiste à entraîner et à préparer le système
immunitaire (défenses naturelles de l'organisme) à
reconnaître et à combattre les virus et les
bactéries qu'ils ciblent. Ainsi, si l'organisme se
trouve par la suite exposé à ces mêmes agents
pathogènes, il est immédiatement prêt à les
détruire, ce qui permet de prévenir la maladie. »
Le programme de vaccination du Canada est en
cours avec le nouveau vaccin à dose unique Johnson
& Johnson approuvé pour utilisation par Santé
Canada le 5 mars, en plus des vaccins Moderna,
Pfizer BioNTech et AstraZeneca. Étant donné que
l'économie canadienne n'est pas indépendante ou
fondée sur l'auto-suffisance, l'achat de la
plupart de ces vaccins se fait auprès des grands
monopoles pharmaceutiques aux États-Unis et au
Royaume-Uni, et les calendriers de vaccination
sont basés sur l'approvisionnement en provenance
de l'étranger. Néanmoins, l'empressement du
gouvernement à soutenir les monopoles
pharmaceutiques et sa capacité à emprunter des
fonds privés pour payer signifie que la situation
est bien meilleure dans ce pays que dans de
nombreux pays du monde, malgré les difficultés
auxquelles le peuple est confronté en raison de
l'offensive antisociale. Pour vaincre une pandémie
mondiale et ses effets sur la santé et l'économie,
il faut une réponse mondiale et elle ne peut pas
se fonder sur une bonne capacité financière, qu'il
s'agisse de l'accès aux équipements de protection
individuelle des travailleurs de la santé ou de
l'accès aux vaccins.
La portée des vaccins en cours de développement
et leur utilisation dans le monde n'est pas
appréciée au Canada, car l'attention se concentre
sur les vaccins fabriqués aux États-Unis ou au
Royaume-Uni. Dans le cas du vaccin russe Spoutnik
V, par exemple, des tentatives sont faites pour
semer le doute sur son évaluation clinique et son
efficacité. Cependant, le journal médical
britannique The Lancet a fait état le 2
février d'un essai rendu à la phase trois de
Spoutnik V, déclarant : « Les résultats de l'essai
montrent un effet protecteur fort et cohérent dans
tous les groupes d'âge des participants ».
L'article conclut en disant : « Le développement
du vaccin Spoutnik V a été critiqué pour sa
précipitation inconvenante, ses coupures de coin
et son absence de transparence. Mais le résultat
rapporté ici est clair et le principe scientifique
de la vaccination est démontré, ce qui signifie
qu'un autre vaccin peut se joindre maintenant au
combat pour réduire l'incidence de la COVID-19. »
L'Agence européenne des médicaments a annoncé le 4
mars qu'elle avait entamé un examen continu de
Spoutnik V, un processus conçu pour accélérer une
évaluation en période d'urgence.
Pendant ce temps, le 3 mars, le vaccin cubain
Soberana 02 est devenu le premier vaccin
d'Amérique latine et des Caraïbes à atteindre les
essais de phase trois – en cours à Cuba, en Iran
et au Venezuela – la dernière étape avant
l'approbation d'un vaccin. Il s'agit d'un
développement particulièrement important, étant
donné que Cuba a connu une forte augmentation des
infections, passant de 12 056 le 1er janvier à 53
308 le 4 mars en raison des conditions difficiles
auxquelles Cuba est confronté en raison du blocus
brutal de l'île par les États-Unis[1]. Soberana 02
est développé par l'Institut Finlay des vaccins à
La Havane et est l'un des quatre vaccins candidats
développés par Cuba. Soberana 02 nécessite deux
doses administrées à deux semaines d'intervalle et
Cuba prévoit de produire 100 millions de doses de
son Soberana 02 cette année, en utilisant 20 à 30
millions de doses sur le marché intérieur, le
reste devant être exporté à un coût légèrement
supérieur à d'autres pays qui en ont cruellement
besoin.
Le développement de vaccins en dehors des
États-Unis et du Royaume-Uni est important pour
surmonter la distribution inégale des vaccins dans
le monde. L'Associated Press a rapporté le 2 mars
que la Chine « a promis environ un demi-milliard
de doses de ses vaccins à plus de 45 pays, selon
un décompte pays par pays de l'Associated Press.
Avec seulement quatre des nombreux fabricants de
vaccins chinois affirmant qu'ils sont capables de
produire au moins 2,6 milliards de doses cette
année, une grande partie de la population mondiale
finira par être inoculée non pas avec les vaccins
occidentaux sophistiqués dont l'efficacité fait la
une des journaux, mais avec les modestes
injections faites de manière traditionnelle en
Chine. »
Les vaccins présentement approuvés et distribués
Chaque vaccin est évalué et approuvé par chaque
pays. The Regulatory Affairs Professional Society
(Société des affaires réglementaires et
professionnelles) rapporte qu'en date du 4 mars,
il y a 13 vaccins approuvés et utilisés à
l'échelle mondiale. :
1. Comirnaty : un vaccin à base d'ARNm
créé par Pfizer (États-Unis) et BioNTech
(Allemagne).
2. Vaccin de Moderna contre la COVID-19 :
vaccin à base d'ARNm créé par Moderna aux
États-Unis.
3. Vaccin d'AstraZeneca contre la COVID-19 et
Covishield (fabriqué par Serum Institute of
India) : vaccin dont les ingrédients
médicinaux sont le vecteur viral à adénovirus
développé par AstraZeneca et l'Université d'Oxford
au Royaume-Uni.
4. Sputnik V : vaccin à base de vecteur
adénoviral recombinant, développé par le
Gamaleya Research Institute et Acellena Contract
Drug Research and Development en Russie.
5. CoronaVac : vaccin viral inactivé
développé par Sinovacin en Chine.
6. BBIBP-CorV : vaccin inactivé développé
par l'Institut de produits biologiques de Pékin et
le Groupe pharmaceutique national de la Chine
(Sinopharm).
7. JNJ-78436735 (anciennement Ad26.COV2.S) :
un vaccin à base de vecteur viral non répliquant
développé par Janssen Vaccines (Johnson &
Johnson) au Pays-Bas et aux États-Unis.
8. EpiVacCorona : un vaccin à base de
sous-unités développé par le Centre de recherche
budgétaire de l'État fédéral en virologie et en
biotechnologie, en Russie.
9. Convidicea (Ad5-nCoV) : vaccin à base
de vecteur adénoviral (de type 5) développé par
CanSino Biologics en Chine.
10. Covaxin : vaccin inactivé développé
par Bharat Biotech et ICMR en Inde.
11. Sans nouveau nom : vaccin inactivé,
développé par l'institut Wuhan de produits
biologiques et Sinopharm.
12. CoviVac : vaccin inactivé, développé
par le Centre fédéral Chumakov de recherche et
développement scientifique pour les produits
immunitaires et biologiques en Russie.
13. ZF2001 : vaccin recombinant à base
d'ADN, développé par Anhui Zhifei Longcom
Biopharmaceutical et l'Institut de microbiologie
de l'Académie chinoise des sciences, en Chine et
en Ouzbekistan.
Les vaccins au stade des essais cliniques
Dans son rapport du 2 mars, l'OMS mentionne dans
« Contexte du développement de nouveaux candidats
vaccins à l'échelle mondiale » qu'il y a
présentement 76 vaccins au stade de développement
clinique, ce qui signifie qu'ils sont à
différentes phases des essais sur des humains et
182 en développement préclinique, ce qui signifie
qu'ils sont testés sur des animaux.
L'OMS explique : « En général, de nombreux
vaccins candidats feront l'objet d'une évaluation
avant d'être considérés comme sûrs et efficaces.
Par exemple, sur l'ensemble des vaccins qui sont
étudiés chez les animaux de laboratoire et en
laboratoire, environ 7 sur 100 seront considérés
comme suffisamment efficaces pour passer au stade
des essais cliniques chez l'homme. Sur les vaccins
qui parviennent à l'étape des essais cliniques,
seul un sur cinq aboutit à un succès. Le fait
d'avoir plusieurs vaccins différents en cours de
développement augmente les chances de trouver un
ou plusieurs vaccins efficaces et sûrs pour les
populations prioritaires visées. »
Le contexte vaccinal de l'OMS note également que
les 76 vaccins au stade clinique sont basés sur
une gamme de 10 platesformes différentes,
énumérées ci-dessous :
1. Sous-unité à protéine : « Un vaccin
sous-unité n'utilise que les parties très
spécifiques (les sous-unités) d'un virus ou d'une
bactérie que le système immunitaire doit
reconnaître. Il ne contient pas le microbe en
entier et n'utilise pas un virus sûr comme
vecteur. Les sous-unités peuvent être des
protéines ou des sucres. La plupart des vaccins
figurant dans le calendrier d'administration
pendant l'enfance sont des vaccins sous-unité,
protégeant les individus contre des maladies
telles que la coqueluche, le tétanos, la diphtérie
et la méningite à méningocoque. » (OMS)
2, 3. À vecteur viral (non répliquant
et réplicant - Vvnr et VVr ) : « Ce type de
vaccin utilise un virus sûr pour fournir des
sous-parties spécifiques – appelées protéines – du
germe voulu afin qu'il puisse déclencher une
réponse immunitaire sans provoquer de maladie.
Pour ce faire, les instructions pour la
fabrication de ces fragments particuliers de
l'agent pathogène voulu sont injectées dans un
virus sûr. Le virus sûr sert alors de plateforme
ou de vecteur pour relâcher la protéine dans
l'organisme. La protéine déclenche la réponse
immunitaire. Le vaccin contre Ebola est un vaccin
à vecteur viral et ce type de vaccin peut être
développé rapidement. » (OMS) « Les vaccins à
vecteur viral répliquant produisent
également de nouvelles particules virales dans les
cellules qu'ils infectent, qui infectent ensuite
de nouvelles cellules qui fabriquent également
l'antigène du vaccin. » (Gavi, the Vaccine
Alliance)
4, 5. VVr ou VVnr sur des cellules présentant
un antigène : « Un antigène est une
macromolécule naturelle ou synthétique qui,
reconnue par des anticorps ou des cellules du
système immunitaire d'un organisme, est capable de
déclencher chez celui-ci une réponse immunitaire.
» (Wikipedia) Dans le cas des vaccins contre la
COVID-19, des cellules artificielles présentant
l'antigène sont utilisées pour activer la réponse
immunitaire du corps.
6. Virus inactivé : « La première
façon de fabriquer un vaccin est de prendre le
virus ou la bactérie porteur de la maladie, ou un
très semblable à celui-ci, et de l'inactiver ou de
le tuer à l'aide de produits chimiques, de chaleur
ou de rayonnements. Cette méthode utilise une
technologie qui a fait ses preuves chez l'homme –
en effet, c'est ainsi que sont fabriqués les
vaccins contre la grippe et la poliomyélite – et
les vaccins peuvent être fabriqués à une échelle
raisonnable » (OMS)
7. Virus vivant atténué : « Un vaccin
vivant atténué utilise une version vivante mais
affaiblie du virus ou une version très similaire.
Le vaccin
antirougeoleux-anti-ourlien-antirubéoleux (ROR) et
le vaccin contre la varicelle et le zona sont des
exemples de ce type de vaccin. Cette méthode
utilise une technologie similaire au vaccin
inactivé et peut être fabriquée à grande échelle.
Cependant, ce type de vaccins ne convient pas aux
personnes dont le système immunitaire est
affaibli. » (OMS)
8, 9. ADN et ARN : « Contrairement aux
méthodes qui utilisent un microbe en entier
affaibli ou mort ou des parties d'un microbe, un
vaccin à base d'acides nucléiques utilise
simplement un fragment de matériel génétique qui
fournit les instructions pour des protéines
spécifiques, et non pas le microbe en entier.
L'ADN et l'ARN sont les instructions que nos
cellules utilisent pour fabriquer des protéines.
Dans nos cellules, l'ADN est d'abord transformé en
ARN messager, qui est ensuite utilisé comme modèle
pour fabriquer des protéines spécifiques.
« Un vaccin à base d'acides nucléiques fournit un
ensemble spécifique d'instructions à nos cellules,
que ce soit sous forme d'ADN ou d'ARNm, pour que
celles-ci fabriquent la protéine spécifique que
nous souhaitons que notre système immunitaire
puisse reconnaître et combattre. » (OMS)
10. Particules pseudo-virales : « [Les
particules pseudo-virales] imitent la structure
originale des virus, leur permettant d'être
facilement reconnues par le système immunitaire.
Par contre, elles sont exemptes de matériel
génétique viral, elles sont donc non infectieuses
et incapables de se reproduire. » (Medicago) Ces
vaccins fonctionnent de la même manière que les
vaccins sous-unité.
La monopolisation des vaccins par les pays les
plus riches du monde
COVAX, une initiative internationale chargée
d'assurer un accès plus équitable aux vaccins
COVID-19, a réussi à faire son premier envoi de
600 000 injections le 24 février au Ghana. COVAX
vise à corriger le déséquilibre de l'offre en
concluant des accords qui envoient gratuitement
des vaccins aux pays à faible revenu. Malgré les
nouvelles promesses de soutien de certains pays,
COVAX a encore besoin de près de 23 milliards de
dollars pour atteindre son objectif de vacciner 20
% des pays participants d'ici la fin de l'année.
Cependant, le directeur de l'OMS, le Dr
Ghebreyesus, a déclaré lors d'un point de presse
du 22 février que le manque de fonds n'était pas
son seul défi. Les accords entre les pays riches
et les sociétés pharmaceutiques menacent
d'absorber l'approvisionnement mondial en vaccins,
réduisant ainsi l'accès de COVAX, a-t-il déclaré.
« S'il n'y a pas de vaccins à acheter, l'argent
n'a aucune valeur », a-t-il dit.
Dans un article paru le 26 février dans Science
News, Jonathan Lambert dénonce la
monopolisation des vaccins :
« Des mois avant même que le premier vaccin
contre la COVID-19 ne soit approuvé, les pays
riches se sont efforcés d'obtenir des centaines de
millions de doses anticipées pour leurs citoyens.
À la fin de 2020, le Canada a acheté 338 millions
de doses, suffisamment pour inoculer quatre fois
leur population. Le Royaume-Uni a mis la main sur
suffisamment de doses pour couvrir une population
trois fois sa taille. Les États-Unis ont réservé
plus de 1,2 milliard de doses et ont déjà vacciné
environ 14 % de ses habitants.
« C'est une histoire radicalement différente pour
les pays moins riches. Plus de 200 pays doivent
encore administrer une seule dose. Seulement 55
doses au total ont été délivrées parmi les 29 pays
aux revenus les plus faibles, tous en Guinée.
Seuls quelques pays d'Afrique subsaharienne ont
lancé des programmes de vaccination systématique.
L'article cite le directeur de l'OMS, le dr
Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui dit : « Le monde
est au bord d'un échec moral catastrophique – et
le prix de cet échec se comptera en vies et en
moyens de subsistance sacrifiés dans les pays les
plus pauvres du monde. »
« De telles inégalités flagrantes ne soulèvent
pas seulement des questions morales d'équité. La
demande de vaccins dépassant toujours largement
l'offre, une distribution déséquilibrée pourrait
également prolonger la pandémie, alimenter
l'évolution de nouvelles variantes qui
potentiellement échappent aux vaccins et faire
plomber autant les économies des pays riches.et
pauvres - vaccinés et non vaccinés. [...]
(Source : Duke Global Health
Innovation Center, World Bank)
« COVAX essaie de niveler les chances pour
l'accès aux vaccins - mais avec un succès limité
jusqu'à présent. Il y a beaucoup d'obstacles,
allant de l'obtention de doses rares à l'assurance
que les pays disposent de l'infrastructure pour
les gérer. Cela pourrait signifier équiper
certains pays de réfrigérateurs des plus
ultra-froids pour entreposer les vaccins afin de
réorganiser les programmes de vaccination de masse
conçus pour les enfants afin qu'ils le soient
également pour les adultes. « Une distribution
équitable nécessitera beaucoup plus que la simple
sécurisation des vaccins », déclare Angela Shen,
experte en santé publique au Children's Hospital
du Centre d'éducation sur les vaccins à
Philadelphie.
« Trois puissances mondiales de la santé publique
mènent l'initiative internationale : l'Alliance
mondiale pour les vaccins et la vaccination,
l'Organisation mondiale de la santé et la
Coalition pour les innovations en matière de
préparation aux épidémies. COVAX utilise des fonds
provenant de gouvernements et d'organisations
caritatives pour acheter des doses aux sociétés
pharmaceutiques et les distribuer gratuitement
pour les pays à faible revenu.
« Pour commencer, COVAX prévoit distribuer 330
millions de doses aux pays à faible revenu au
cours du premier semestre, suffisamment pour
vacciner, en moyenne, 3,3 % de chaque population.
Entre-temps, d'ici juin, de nombreux pays riches
seront en bonne voie de vacciner la plupart de
leurs populations.
« Au total, COVAX affirme avoir réservé 2,27
milliards de doses à ce jour, suffisamment pour
vacciner 20 % des populations de 92 pays à faible
revenu d'ici la fin de l'année. En fait, atteindre
cet objectif dépend des levées de fonds de 37
milliards de dollars, et COVAX n'est même pas
encore à mi-chemin. Le 19 février, plusieurs pays,
dont les États-Unis et l'Allemagne, se sont
engagés à contribuer 4,3 milliards de dollars
supplémentaires à l'effort. Pourtant, COVAX est à
court de près de 23 milliards de dollars. [...]
« Même si COVAX atteint son objectif cette année,
ces pays seront loin d'atteindre l'immunité
collective, le seuil auquel suffisamment de
personnes sont immunisées contre un agent
pathogène pour ralentir sa propagation au sein de
la population. Les estimations pour atteindre
cette immunité collective vont de 60 à 90 % d'une
population.
« ‘De nombreux pays à faible revenu n'auront pas
de vaccination généralisée avant 2023 ou 2024, car
ils ne peuvent pas recevoir les doses, dit Yamey
[Gavin Yamey, expert en matière de politique de
santé publique mondiale à l'Université Duke].
Cette inégalité est due à la thésaurisation des
doses par les pays riches, et que l'approche de
moi-d'abord et seulement moi va finalement à
l'encontre de leurs intérêts à long terme.' »
Un article publié en février dans Bureau of
Investigative Journalism illustre l’obstacle
inquiétant jeté sur le chemin des pays d'Amérique
latine durement touchés par la pandémie et qui
tentent d'acquérir les vaccins dont ils ont
désespérément besoin[1].
Intitulé « ‘Pris en otages’ » : Pfizer exige des
gouvernements de mettre en péril les actifs de
l'État pour conclure un accord pour obtenir des
vaccins », l'article raconte que le géant
pharmaceutique américain demande aux gouvernements
de mettre les actifs souverains du pays –
qui pourraient inclure les réserves de la
banque fédérale, les bases militaires – comme
garantie contre le coût de toute poursuite
future en justice que les citoyens pourraient
intenter contre l'entreprise. Cela s’appliquait
non seulement aux poursuites civiles visant des
effets indésirables du vaccin, mais à tout acte de
négligence, de fraude ou de malveillance de la
part de l’entreprise, indique l’article. « C'était
une demande extrême que je n'avais entendue que
lorsque la dette extérieure devait être négociée,
mais à la fois dans ce premier et ce dernier cas,
nous les avons immédiatement rejetées », a déclaré
un responsable argentin. La même demande a été
faite au Brésil, que le ministère de la Santé a
qualifié d’« abusif ». Finalement, les deux
gouvernements ont fait preuve de fermeté et ont
dit non aux conditions à prendre ou à laisser de
Pfizer. Le Brésil compte le troisième plus grand
nombre de cas au monde et l'Argentine le
douzième.
D'autres pays qui ont accepté les conditions de
Pfizer les ont gardées secrètes car ils étaient
tenus de signer un accord de confidentialité. Un
responsable d'un de ces pays dont le nom n’est pas
mentionné a qualifié les demandes de Pfizer
de « harcèlement de haut niveau » et a déclaré que
le gouvernement avait l'impression qu'il était «
pris en otage ». Le responsable a déclaré que
pendant les négociations, un vendeur de
l'entreprise a dit des choses comme « Achetez
plus, vous allez tuer des gens, des gens vont
mourir à cause de vous. » Face au refus sans
précédent « non négociable » de Pfizer d'être tenu
responsable de quoi que ce soit, le responsable a
ajouté un délai de trois mois pour parvenir à un
accord, repoussant le pays encore plus loin dans
la file d'attente pour l'approvisionnement limité
de son vaccin.
Les auteurs de l'article notent qu'en plus de sa
tentative de forcer les gouvernements à assumer
les coûts de toute poursuite en justice intentée
pour des questions qui relèvent clairement de sa
propre responsabilité, Pfizer avait déjà une
grande partie de ses travaux de recherche et
développement couverts par un financement
gouvernemental: son partenaire BioNTech a reçu 445
millions de dollars du gouvernement allemand et le
gouvernement des États-Unis a accepté de
pré-commander 100 millions de doses pour près de 2
milliards de dollars avant même que le vaccin
n'entre dans les essais de phase trois -
clairement une entreprise pour payer les
riches à toutes les étapes.
L'Alliance bolivarienne pour les peuples de
notre Amérique approuve le plan d'action contre la
COVID-19
Dans une allocution à une réunion virtuelle du
secteur de la santé du Conseil social de
l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre
Amérique - Traité sur le commerce des peuples
(ALBA-TCP) qui s'est tenue le 19 janvier, la
secrétaire exécutif, Sacha Llorenti de Bolivie a
déclaré que, bien que des institutions
internationales telles que l'OMS ont averti que
seule la solidarité garantira le succès de la
lutte contre le COVID-19, le système néolibéral a
tenté de faire face à la pandémie en suivant les
règles du marché[2].
Les résultats de cette situation peuvent être
clairement visibles, a-t-il dit, en ce qui
concerne les vaccins jusqu'ici rendus disponibles
au niveau international, 95 % d'entre eux étant
entre les mains de dix pays seulement. Il a
déclaré que les pays riches stockaient des vaccins
et a demandé : « Qui décide où va le vaccin ?
C'est le marché qui décide. Celui qui paie le plus
se fait vacciner plus tôt. Les plus riches se font
vacciner en premier. Ceux qui peuvent se le
permettre se font vacciner. » Avec le marché aux
commandes, même les travailleurs de la santé les
plus vulnérables ne peuvent pas se faire vacciner
en premier.
La réunion a approuvé un plan d'action conjoint
fondé sur les principes de la solidarité
internationale. Ce plan d'action montre ce qui
peut être réalisé lorsque la solidarité
internationale est le facteur de motivation.
L'un de ses éléments clés est l'institution d'un
pont aérien humanitaire utilisant la compagnie
aérienne nationale vénézuélienne CONVIASA pour le
transfert de vaccins, de personnel médical, de
médicaments et de fournitures médicales afin
d'aider les pays membres de l'ALBA-TCP dans la
lutte contre la COVID-19.
Une autre décision importante a été la création
d'un Fonds humanitaire pour mettre en place une
Banque de médicaments et de vaccins afin de
contribuer à améliorer l'accès aux fournitures
médicales, aux tests rapides et aux tests ACP,
visant notamment à aider les membres de l'ALBA-TCP
dans les Caraïbes orientales. Une première étape
fournira un million de dollars pour aider ces
petits États insulaires à conclure des
négociations avec des entreprises et des pays
tiers pour l'achat de vaccins. Dans un deuxième
temps, un autre million de dollars sera mis à leur
disposition pour leur permettre d'accéder aux
fournitures médicales et aux tests de diagnostic.
Les autres accords conclus comprennent :
- accélérer l'échange des bonnes pratiques de
lutte contre la COVID-19, relatives aux mesures et
traitements mis en oeuvre par les systèmes de
santé des pays membres;
- renforcer la participation des pays de
l'ALBA-TCP dans les processus de négociation
existants pour le développement d'un mécanisme
plus efficace et plus efficient d'achat conjoint
de vaccins et de médicaments;
- promouvoir la recherche de ressources
financières et humaines accrues pour la lutte
contre la pandémie, ainsi que le transfert de
technologie et la diffusion d'informations
scientifiques et techniques entre les pays
membres;
- renforcer la coordination entre la santé et
l'enseignement supérieur pour la gestion des
programmes de formation des professionnels dans
divers domaines cliniques et de santé publique;
- renforcer la capacité de réponse des services
hospitaliers à travers la réhabilitation de leurs
infrastructures et la réorganisation et
l'augmentation des services liés à la COVID-19;
- faire progresser la couverture universelle et
complète des services de soins pour les cas de
COVID-19, en mettant l'accent sur la détection
précoce, le diagnostic rapide, l'isolement
immédiat et le traitement en temps opportun;
- s'assurer que les mécanismes de financement et
d'allocation des ressources mettent en oeuvre des
plans et des projets liés à la pandémie selon les
principes du commerce équitable, de la
complémentarité, de l'intégration et de la
solidarité;
L'accent a également été mis sur la nécessité de
soutenir l'OMS afin que les États membres de
l'ALBA-TPC aient un accès équitable aux vaccins,
et sur la constitution d'un inventaire des
laboratoires publics et des producteurs
biologiques en Amérique latine et dans les
Caraïbes dotés de capacités techniques pour la
recherche et la production de vaccins.
Note
1. Madlen Davies, Rosa
Furneaux, Iván Ruiz, Jill Langlois, « 'Held to
ransom': Pfizer demands governments gamble with
state assets to secure vaccine deal ». Bureau of
Investigative Journalism, 23 février 2021
2. Les pays membres de
l’ALBA-TCP sont Antigua et Barbuda, la Bolivie,
Cuba, Dominica,Grenade, Nicaragua,
Saint-Kitts-et-Nevis,
Saint-Vincent-et-les-Grenadines et le Venezuela.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 4 - 7 mars 2021
Lien de l'article:
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