14 mars
2019
Les
travailleurs
d'ABI rejettent l'offre et le protocole
de retour au travail
dictés par Alcoa
Rejet de
l'offre
de la compagnie à 82 %
et avec un taux de
participation de 90 %
en assemblée
générale
PDF
• Les
travailleurs veulent un contrat négocié, pas un
diktat
à sens unique de la compagnie
• La revendication des travailleurs
pour une
alternative au diktat - Pierre Chénier
Lettre à la
rédaction
• Un lockout n'est pas une «
force
majeure » - Un travailleur de la
métallurgie
de la
Montérégie
La
tragédie
ferroviaire en Colombie-Britannique et d'autres
déraillements
• Un geste irresponsable du Canadien
Pacifique
• Les travailleurs ferroviaires
défendent leurs droits et leur
sécurité
- Peggy Askin
• L'arbitre émet une
ordonnance à
CP de cesser et de s'abstenir - Conférence
ferroviaire
de Teamsters Canada
• Un nombre croissant d'accidents
ferroviaires
Des
réclamations légitimes des travailleurs sont
criminalisées
au Nouveau-Brunswick
• Le gouvernement provincial et la
Cour du Banc
de la reine déclarent la grève des travailleurs des
foyers illégale - Entrevue avec Simon Ouellette,
directeur des
communications, bureau des Maritimes du SCFP
Les travailleurs d'ABI rejettent
l'offre
et le protocole
de retour au travail dictés par Alcoa
Les travailleurs de
l'aluminerie de Bécancour
(ABI) ont tenu une
assemblée générale le 11 mars pour
discuter
et prendre un vote sur la dernière offre de convention
collective du cartel Alcoa/Rio Tinto. Huit cent trente-et-un
travailleurs, sur un total possible de 926, ont
participé
à l'assemblée. Après une discussion
sérieuse et
plusieurs présentations, les travailleurs présents
ont
voté à une majorité de 82 % de
rejeter
l'offre de convention collective de la compagnie. En lockout
depuis 14 longs mois, ils ont aussi rejeté le
protocole de retour au travail qui n'avait pas été
négocié avec le syndicat.
Le président de la section
locale 9700 du
Syndicat des Métallos, Clément Masse, a
donné ses
impressions de l'assemblée à Forum ouvrier
:
« Les travailleurs ont dit que ce n'est pas
une
entente négociée et que si on accepte une entente
comme
celle-là, c'est comme dire qu'on n'a plus de syndicat.
L'employeur va faire ce qu'il veut. L'entente que l'employeur a
présentée démontre un manque de respect pour
nous
et c'est la même chose en ce qui concerne le protocole de
retour
au
travail. Nous avons bâti notre syndicat et nous avons
bâti
notre convention au cours de toutes ces années-là,
ce
n'est pas vrai qu'on va tout perdre parce que l'employeur veut
casser
le syndicat. C'est ce qui est ressorti des interventions au
micro.
Qu'on est capable de se tenir debout et ce n'est pas vrai qu'on
va
accepter n'importe quoi même
après 14 mois. Ce n'est pas vrai que l'employeur va
nous
imposer sa façon de faire. Il va devoir s'asseoir et
négocier dans le respect des travailleurs. Les
travailleurs ont
aussi tapé sur le clou de l'entente
énergétique
avec Alcoa qui nous nuit et ne fait rien que prolonger le
conflit. »
Le président du syndicat a aussi fait le
commentaire suivant dans un communiqué émis par le
Syndicat des Métallos dans la soirée du 11
mars.
« Cette offre est une série de
reculs. ABI
ne voulait pas négocier, ne voulait pas d'un arbitrage
neutre et
comptait imposer en misant sur l'épuisement de 14
mois de
lockout. La réponse des membres est claire :
ça ne
passe pas. Ils ne veulent pas rentrer à genoux. Alcoa
méprise le Code du travail en négociant de mauvaise
foi,
méprise les Québécois en leur faisant payer
pour
son lockout et méprise les travailleurs en fermant la
porte
à la négociation et à l'arbitrage. Le
gouvernement
du Québec doit intervenir. Le déséquilibre
des
forces est inacceptable tout comme le comportement de cette
multinationale. »
Les travailleurs de l'aluminerie d'ABI,
le 1er
mars 2019, devant le bureau du premier
ministre Legault
La section locale 9700 du Syndicat des
Métallos a organisé un vote sur la dernière
offre
de la compagnie pour faire en sorte que chaque membre ait son mot
à dire et puisse voter sur celle-ci après 14
mois de
lockout. Les Métallos ont fait remarquer que l'offre et le
protocole de retour au travail qui l'accompagnait sont pires que
ce qui avait été négocié avant le
déclenchement du lockout en janvier 2018, alors que
deux
points seulement demeuraient non résolus.
Les travailleurs ont souligné que l'offre
actuelle, un diktat en fait,
était très inférieure à ce qui avait
été négocié en ce qui concerne
l'organisation du travail, les horaires de travail, le
régime de
retraite, le respect de l'ancienneté, le recours à
la
sous-traitance et les abolitions de postes. Le soi-disant
protocole de
retour au travail, qui n'avait fait
l'objet d'aucune discussion avec le syndicat, démontrait
un
manque de respect total envers les travailleurs et leurs droits.
Il
prévoyait que le retour au travail s'échelonnerait
sur
une période minimale de 10 mois, pouvant être
rallongée en fonction de différents
prétextes.
Pendant cette période, les cadres et des sous-traitants
pourraient occuper
les postes des employés syndiqués.
« C'est du jamais vu une aussi longue
période de retour, a dit le président de la
section locale 9700, Clément Masse. Le principe
d'un protocole de retour au travail, c'est de négocier
l'armistice, la fin d'un conflit. Ce protocole fait tout le
contraire,
il allume des feux. En guise de comparaison, en 2004, au
bout
de 6 semaines, tout le monde était de retour dans
l'usine
. »
Les travailleurs ont déclaré
clairement
pendant l'assemblée et par leur vote qu'ils ne veulent pas
rentrer au travail dans ces conditions, même
après 14
mois difficiles de lockout et l'incertitude dans la
période qui
vient.
Forum ouvrier éprouve un grand
respect
pour la décision des travailleurs d'ABI de rejeter le
diktat de
la compagnie. Leur courage et leur détermination de
défendre leurs droits face à cette puissante force
internationale et un gouvernement sans colonne qui refuse de
faire son
devoir et de protéger son propre monde, inspire des
millions
de travailleurs au Québec et au Canada qui en ont assez de
l'état des choses à sens unique qui marque les
relations
entre les employeurs et les employés.
Forum ouvrier félicite tous ceux au
Québec et au Canada qui ont appuyé les travailleurs
d'ABI
en lockout de multiples façons. Le cartel Alcoa/Rio Tinto
n'est
pas invincible mais la lutte requiert l'intensification de
l'appui de
la part de tous les travailleurs et de leurs alliés au
pays. La
détermination de la classe ouvrière
organisée peut
mener à la victoire de cette lutte pour ses droits, pour
le
respect et pour des conditions de travail que ceux qui font le
travail
et produisent la richesse sociale considèrent
acceptables.
- Pierre Chénier -
Il faut trouver une alternative à la
situation
où les cartels mondiaux exercent un diktat sur les
travailleurs
et la société. La négation des
droits sur une grande échelle sous cette dictature des
puissants
cartels supranationaux est
inacceptable dans une société moderne. Les
êtres
humains ont des droits parce qu'ils sont des êtres humains.
Les
compagnies,
peu importe à quel point elles sont devenues dominantes
dans
leur secteur, ne doivent pas être autorisées
à
violer les droits des employés ou d'autres personnes dans
la
société. Les gouvernements ont le devoir et la
responsabilité sociale de prendre position en faveur des
citoyens et les défendre.
Le lockout d'Alcoa/Rio
Tinto
et son diktat sur les conditions d'emploi sont une attaque non
seulement contre les travailleurs d'ABI mais contre tous les
membres
d'une société civilisée. Les employés
doivent être traités avec le respect qui leur
revient en
tant que producteurs de la richesse sociale que convoitent les
compagnies et dont le peuple, l'économie et la
société ont besoin pour exister. Le respect et les
droits
signifient que les travailleurs doivent avoir voix au chapitre de
manière organisée et un contrôle
organisé
sur les conditions de leur emploi, ce qui comprend les salaires
et les
avantages sociaux qui leur sont payés en échange de
leur
capacité de travailler et les conditions de travail. Les
conditions de leur emploi ne peuvent pas être
établies de
façon pragmatique selon les seuls besoins et désirs
de la
compagnie dans sa concurrence sur les marchés mondiaux.
Une
convention collective digne du nom doit être
négociée d'une manière organisée et
respectueuse avec les représentants des travailleurs. Elle
doit
obtenir le consentement des travailleurs et leur être
bénéfique plutôt que de seulement procurer
à
la compagnie ce dont elle dit avoir besoin.
Les travailleurs modernes refusent d'être
humiliés et de se faire nier leurs droits. Il semble que
le
cartel Alcoa/Rio Tinto soit ivre du pouvoir mondial que lui
procurent
ses
opérations et pense qu'il peut faire ce qu'il veut sans
rendre
de comptes à personne. On le voit dans son rejet des
négociations et son imposition d'un lockout alors que
les différends dans le
contrat proposé en 2018 étaient mineurs. Le
cartel a autre chose en tête et c'est la destruction du
syndicat
local et des avantages, de la sécurité et de la
stabilité que les travailleurs et leur communauté
ont
gagnés lors des conventions précédentes.
L'arrogance du cartel se voit aussi à la
façon dont il a déclaré le lockout qu'il a
planifié un cas de « force majeure » hors
de
son contrôle. C'est avec cet argument qu'il refuse de payer
pour le bloc d'énergie qu'Hydro-Québec produit et
réserve au cartel à des taux
préférentiels.
On le voit aussi à la facilité apparente avec
laquelle il
s'est
gagné l'appui du gouvernement du Québec pour le
lockout
et la fraude de la « force majeure ».
Le gouvernement du Québec refuse de faire
son
devoir envers les citoyens et de tenir le cartel responsable
même
si les travailleurs du Québec et l'énergie
hydroélectrique du Québec sont la ressource humaine
et
naturelle dont le cartel a besoin pour produire l'aluminium non
seulement à Bécancour mais ailleurs au
Québec et
dans l'ouest
canadien.
Il n'est pas difficile de concevoir une
alternative au
diktat de l'oligarchie financière mondiale mais il est
difficile
de la mettre en oeuvre à cause du pouvoir, de la richesse
sociale et des alliés politiques que les cartels ont
amassés. L'alternative doit venir de la force et de la
détermination organisées de la classe
ouvrière
dont les travailleurs
d'ABI font une puissante démonstration. On peut remporter
cette
lutte mais tous doivent s'y engager et se faire entendre et
intensifier
leur participation active et consciente à la
résistance
des travailleurs d'ABI contre la négation de leurs droits.
Le
gouvernement du Québec doit être
dénoncé
comme un vil vendeur à rabais du peuple et de la nation
du Québec. Quelle sorte de gouvernement est-ce qui
refuse de rendre un cartel mondial redevable de ses actions et
lui
permet d'abuser de ses employés, du peuple
québécois et de son infrastructure
hydroélectrique ?
Intensifions tous notre appui et notre
participation
active à la lutte des travailleurs d'ABI pour leurs droits
et
contre le diktat des oligarques mondiaux. Une alternative
à ce
diktat doit être trouvée ! Cette bataille peut
être gagnée !
Lettre
à la rédaction
- Un travailleur de la
métallurgie
de la Montérégie -
J'ai lu avec intérêt l'article du
numéro du 7 mars de Forum ouvrier
intitulé
« Les travailleurs demandent que le gouvernement Legault
force Alcoa/Rio Tinto à respecter ses engagements dans son
contrat d'énergie ». Je suis attentivement
le
déroulement du lockout à ABI et je pense aussi que
c'est
frauduleux de
considérer ce lockout comme une force majeure «
imprévisible, irrésistible et échappant au
contrôle d'une Partie », soit Alcoa dans ce
cas-ci.
Comme le dit l'article, le lockout est une opération
planifiée d'avance pour attaquer les conditions de travail
et le
syndicat des travailleurs d'ABI.
Je crois qu'un des moments cruciaux qui ont
bien
démontré que
le lockout est planifié est ce qui s'est
passé le 8 mars dernier. Après avoir
liquidé
en quelques minutes ce qui devait être une séance de
négociation entre les deux parties en présence du
médiateur, la direction d'ABI a émis un
communiqué
qui disait ceci :
« Les représentants de la direction
de
l'Aluminerie de Bécancour (ABI) ont rencontré
aujourd'hui
la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, les
informant que l'usine a besoin de changements fondamentaux pour
réussir à long terme. La rencontre s'est
déroulée en présence de M. Jean Nolin, le
conciliateur nommé au dossier par le
ministère du Travail.
« Les objectifs constants de la direction
d'ABI
au cours des longues négociations de l'année
dernière, étaient d'assurer la
pérennité de
l'usine et de parvenir à une entente
négociée.
Cependant, les moyens de pression du syndicat durant ces
négociations ont causé une
détérioration
importante des conditions d'opération dans l'usine,
créant des
dangers pour les employés, mettant les biens en
péril,
menaçant l'approvisionnement des clients et affectant
négativement le rendement financier.
« Le rejet par le syndicat d'une offre
équitable et concurrentielle n'a laissé d'autre
choix
à la direction d'ABI que de prendre des mesures pour
protéger ses employés et les actifs de l'usine. En
conséquence, l'offre rejetée ne peut plus servir de
base
pour un règlement futur.
« ABI n'est pas aussi compétitive
qu'elle
devrait l'être et cette situation doit être
améliorée pour réussir à long
terme.
« Par conséquent, la structure
opérationnelle d'ABI doit être
réévaluée en visant l'amélioration
significative de la productivité et de l'organisation de
la
main-d'oeuvre afin d'assurer une constance pour ses
clients. »
Si on n'est pas en face d'une opération
planifiée alors qu'est-ce c'est ?
Dans ce communiqué, la direction d'ABI
essaie de
faire d'une pierre deux coups. Elle déclare la fin de son
offre
précédente, qui aurait pu mener à un
règlement par des négociations, et que son objectif
est
en fait une restructuration complète de l'entreprise. En
même temps, elle prétend, après le coup, que
son
lockout était justifié parce que les
travailleurs avaient saboté la production et la machinerie
et
mis en danger l'usine et la vie des employés alors qu'ils
étaient au travail des mois avant le lockout ! Et
cela,
sans jamais avoir soulevé la question au moment où
ses
employés étaient au travail. Dans ce
communiqué,
elle essaie donc de présenter le lockout comme un geste
défensif
de sa part contre une force majeure inventée qui est le
soi-disant sabotage par les travailleurs et elle en conclut que
son
offre n'est plus valable et qu'elle doit procéder à
une
restructuration complète au détriment des
conditions de
travail et du syndicat ! C'est illogique et on peut dire que
la
rationalité n'est pas le point fort de la direction
d'ABI mais on ne peut pas dire que le lockout n'a pas
été
planifié. Depuis le début, Alcoa a un ordre du jour
caché qui n'a fait que se révéler
depuis.
Le gouvernement du Québec ne devrait pas
essayer
de concurrencer la direction d'ABI sur qui est le plus frauduleux
des
deux. Le cartel Alcoa/Rio Tinto doit payer pour son bloc
d'hydroélectricité parce qu'il a planifié le
lockout. Ce lockout n'est pas une force majeure. Si le
gouvernement se
tient debout, au nom des Québécois qu'il dit
représenter, cela fera pression sur le cartel Alcoa/Rio
Tinto
pour que finalement il négocie et que le lockout puisse se
terminer d'une façon acceptable aux
travailleurs.
La tragédie ferroviaire en
Colombie-Britannique et d'autres déraillements
Déraillement de train à Calgary le 1er
mars 2019
Le 8 mars, le Canadien Pacifique a
annoncé
qu'il ira en appel de l'arrêté ministériel de
Transports Canada exigeant l'application de freins à main
pour
sécuriser un train arrêté en pente dans une
montagne. Selon le CP, l'Association des chemins de fer du Canada
et le
CN ont également interjeté appel de
l'arrêté
ministériel publié
le 8 février à la suite de la tragédie
survenue 4 jours plus tôt.
La catastrophe en question a coûté
la vie
au chef de train Dylan Paradis, à l'ingénieur
Andrew
Dockrell et au stagiaire Daniel Waldenberger-Bulmer. Leur train
céréalier du CP, composé de 112 wagons, a
dérapé rapidement sur une voie dans les montagnes
Rocheuses. Le train avait été arrêté
en
pente pendant deux heures pour résoudre des
problèmes mécaniques, notamment des
problèmes de
contrôle de la vitesse du train. Pendant l'arrêt, des
freins d'urgence ont été appliqués. Le train
a
commencé à se déplacer et a
accéléré à une vitesse
supérieure
à la vitesse maximale de la voie et a
déraillé.
L'enquête du Bureau de la
sécurité
des transports a révélé qu'aucun frein
à
main n'avait été appliqué.
L'arrêté
ministériel du 8 février de Transports Canada
exige
que les exploitants de trains arrêtés lors d'un
arrêt d'urgence en pente de montagne appliquent un nombre
suffisant de freins à main pour empêcher le train de
se
mettre en
branle.
Les travailleurs ferroviaires demandent depuis
longtemps que davantage soit fait pour sécuriser les
trains et
protéger leurs vies et celles du public. Ils appuient
l'arrêté ministériel concernant l'application
des
freins à main. Ils voient dans cette démarche une
partie
de leur lutte pour aller au coeur du problème des
accidents
récurrents. Cela
comprend une enquête publique sur le
phénomène de
l'accélération incontrôlée de la
vitesse des
trains. Ils appellent à la mise en place d'une
autorité
publique chargée de la sécurité ferroviaire,
dans
laquelle les travailleurs qui ont une connaissance et une
expérience directes du secteur ont leur mot à dire
et sur
laquelle ils exercent un contrôle.
Le CP, de manière grossière et
arrogante,
a annoncé qu'il ira en appel de l'arrêté
ministériel sous prétexte que l'application des
freins
à main introduirait des « risques
supplémentaires » et des «
conséquences
imprévues ». Le CP préconise des «
options plus sûres » tout en restant silencieux
sur
ces options ou sur les risques
supplémentaires et les conséquences
imprévues que
pourrait entraîner l'utilisation de freins à
main.
Les travailleurs ferroviaires supposent que le CP
se
réfère probablement aux risques potentiels que
courent
les conducteurs qui se déplacent le long du train pour
serrer
les freins à main dans un environnement
défavorable. Ils
disent que de tels dangers, bien que réels, ne peuvent
être comparés à ceux d'un train hors de
contrôle qui file à toute
allure après avoir commencé à rouler tout
seul.
Dans un article paru le 1er mars, le
Globe and
Mail rapportait que Transports Canada avait tenu une
réunion
avec l'industrie et les syndicats à la fin du mois de
février, au cours de laquelle le CP avait parlé de
la
nécessité de mesures de sécurité
assurant
que les opérations ne seront pas entravées par le
ralentissement du
mouvement des trains. Selon l'article du Globe and Mail,
le CP
ne voudrait pas de mesures qui mettent du temps à
être
effectuées comme le serrage des freins à main. Il
veut
que les trains soient le plus possible en mouvement, avec les
interruptions les plus courtes possibles.
Cela a toujours été le but et
l'objectif
pragmatiques des entreprises ferroviaires d'obtenir un profit
privé plus grand quelles que soient les
conséquences pour
les travailleurs et les communautés le long des lignes de
chemin
de fer. Avec le profit privé comme objectif et moteur de
l'industrie, les compagnies ferroviaires font depuis longtemps la
promotion de l'autoréglementation de concert avec les
gouvernements dociles et obéissants. Il a
été
démontré dans la pratique que ce pragmatisme pour
le
profit privé a été un désastre pour
la
sécurité des travailleurs et du public. Les
déraillements de train continuent de se produire et se
multiplient à travers le Canada. Les travailleurs
ferroviaires
et
leurs alliés à travers le Canada sont fermement
opposés à la direction antisociale inacceptable de
l'autoréglementation de l'industrie et exigent une
alternative
qui favorise les travailleurs et le public. L'application de
freins
à main sur les pentes est une mesure qui va dans ce
sens.
Un déraillement à Carlos, au Minnesota, le 1er mars
2019
- Peggy Askin -
Les travailleurs du rail continuent de se faire
entendre à la défense de leurs droits et de leur
sécurité et pour exiger des solutions qui traitent
des
risques sérieux qu'ils courent sur une base quotidienne.
Quatre
importants déraillements de trains de CP ont eu lieu
récemment. Ces déraillements ont eu lieu seulement
un
mois après la mort de
trois travailleurs du rail lorsqu'un train a
déraillé
à proximité des Spiral Tunnels près de
Field, en
Colombie-Britannique, et a plongé dans la rivière
Kicking
Horse.
La plus récente série de quatre
déraillements a commencé
le 28
février lorsqu'un train de marchandises transportant des
céréales et des transporteurs d'automobiles vides a
quitté les rails à l'ouest de la ville de Banff, en
Alberta. Le lendemain, plus d'une douzaine de wagons d'un train
de CP
transportant des céréales et de la potasse a
déraillé au sud de Carlos, au Minnesota. Le 2
mars,
plusieurs wagons contenant du diesel et des
céréales ont
quitté les rails alors que le train traversait un pont
enjambant
la rivière Kicking Horse, presqu'au même endroit
où les trois travailleurs ont été
tués en
janvier. Le 9 mars, un autre train a déraillé
près d'Ogden Yards à Calgary
et plusieurs wagons ont quitté les rails.
Christopher Monette, le porte-parole de la
Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), a dit
au Calgary
Herald
que les travailleurs sont très inquiets de
l'impact
potentiellement dangereux de la récente vague de froid
intense.
« Les travailleurs nous disent que les trains deviennent
plus
difficiles à contrôler par froid
intense », a dit Monette, particulièrement les
locomotives qui fonctionnent dans des conditions
particulièrement frigides et sur des sites difficiles dans
les
cols de montagnes.
Monette a aussi dit qu'une autre catastrophe
potentielle a été évitée de justesse
sur la
même étendue de rails de Spiral Tunnels où a
eu
lieu le déraillement qui a tué trois travailleurs
le mois
dernier. L'ingénieur de locomotive d'un train de 109
wagons
de céréales a dû avoir recours aux freins
d'urgence
pour arrêter une locomotive qui
dérapait en direction ouest.
La sécurité sur les chemins de fer
est
une question de vie ou de mort, souligne le syndicat, mais CP n'a
apporté aucun changement à sa politique depuis le
déraillement de Field. CP refuse même de prendre des
précautions pendant que l'enquête sur l'accident
mortel
suit son cours.
Quelque temps après le désastre
tragique
de Field, le ministre Marc Garneau de Transports Canada a
émis
un arrêté ministériel, qui dit : «
Tout
train qui utilise ses freins à air comprimé
d'urgence sur
une pente de 1,8 % ou plus doit aussi utiliser un
nombre
suffisant de freins à main pour s'assurer qu'il reste
immobile
conformément à l'Appendice A
ci-joint. »
L'enquêteur principal du Bureau de la
sécurité des transports, James Carmichael, a
confirmé que l'équipage n'est pas du tout
responsable de
l'accident mortel et que le train a commencé à
avancer
par lui-même. « Nous allons tenter de
déterminer
pourquoi les freins ne sont pas restés en
place »,
a-t-il dit.
La CFTC a offert son plein appui à
l'arrêté ministériel. « Nous ne pouvons
courir aucun risque en attendant que les causes exactes du
déraillement tragique aient été
trouvées.
La sécurité ferroviaire n'a pas de prix —-
c'est une
question de vie ou de mort », a dit Don Ashley, le
directeur
national des affaires juridiques de la CFTC.
Mais pour CP, la vie des travailleurs et la
sécurité publique a un prix, c'est là le
problème. Le CP porte la cause au Tribunal d'appel,
prétendant que le recours aux freins à mains
«
introduit des risques supplémentaires et aura des
conséquences
imprévues » mais ne clarifie pas quelles pourraient
être ces conséquences ni ce qui devrait être
fait en attendant. L'Association des chemins de fer du Canada qui
représente les entreprises oeuvrant dans ce secteur et le
CN
vont aussi en appeler de l'arrêté
ministériel.
Les travailleurs ferroviaires ont une
expérience
directe des conditions de fonctionnement et, de surcroît,
ils
peuvent obtenir un point de vue scientifique par le biais de leur
syndicat. Ce sont eux les mieux placés pour évaluer
si
une mesure améliorera la sécurité ou pas. Le
CP a
rejeté les conclusions éclairées des
travailleurs
sur cette précaution
spécifique du recours aux freins à main sans mettre
de
l'avant la moindre preuve pour montrer pourquoi cette mesure ne
doit
pas être prise. Les Canadiens doivent élever la voix
en
solidarité avec les travailleurs du rail qui continuent de
défendre leur sécurité et celle du public
dans
l'industrie ferroviaire.
- Conférence ferroviaire de
Teamsters Canada -
La Conférence ferroviaire de Teamsters
Canada (CFTC) a publié ce qui suit sur son site Web
le 9
mars 2019.
***
« Consoeurs et confrères,
En mars 2018, l'arbitre Clarke s'est
prononcé sur les violations systématiques des
clauses des
heures hors service, qui sont au coeur de la question des heures
de
repos et de la conciliation travail/vie personnelle des
employés
du rail.
En conséquence, l'arbitre déclare
que CP
a violé la convention collective.
La CFTC a également convaincu l'arbitre de
rendre une ordonnance de cesser et de s'abstenir compte tenu du
nombre
élevé d'exemples, même à partir des
chiffres
et explications fournis par le CP, lorsque le droit des
employés
de ne pas être en service durant la période
de 10
heures n'est pas respecté. Cette ordonnance de cesser et
de
s'abstenir s'applique également aux employés qui
ont le
droit d'être en service et au repos durant une
période de
12 heures.
Nous avons besoin de votre aide !
Malheureusement, mais sans surprise, la compagnie
a
commencé à ne pas respecter votre droit de ne pas
être en service durant une période de 10
à 12 heures. La CFTC ne va pas laisser cela passer.
Nous
avons donc besoin de votre aide pour documenter les violations.
Veuillez remplir ce formulaire chaque fois que vous êtes
forcé
de faire plus que vos heures. »
Note : les règles relatives au repos
des
travailleurs du rail exigent que les employés
affectés
aux opérations qui quittent le travail après avoir
été en service pendant plus de 10 heures
seront au
repos :
a) au point d'attache - pendant au moins 8
heures,
ce qui « exclut » le temps lorsqu'ils sont sur
appel,
le cas échéant, à l'exception des
employés
affectés aux gares de triage qui retournent à leur
quart
régulier de travail, qui auront au moins 8 heures
continues
de
temps de repos, ce qui « inclut » le temps
lorsqu'ils
sont
sur appel, le cas échéant ; et
b) ailleurs qu'au point d'attache - doivent
prendre au
moins six heures consécutives de repos, ce qui «
exclut » le temps lorsqu'ils sont sur appel, le cas
échéant.
5.2.2 Au point d'attache, les heures de repos
obligatoires commencent au moment où l'employé-e en
fonction quitte le travail, et ailleurs qu'au point d'attache,
les
heures de repos obligatoires commencent à l'arrivée
aux
installations fournies par la société
ferroviaire.
5.2.3 Lorsque le temps de repos entre tout quart
de
travail ou période d'affectation est inférieur
à trois heures et que le temps de service combiné
au
quart de travail ou période d'affectation
dépasse 10
heures, les dispositions de la sous-section 5.2.1
s'appliquent au
moment où les employés prennent leur
dernière
période de
repos. Le temps de repos entre ces quarts de travail ou
périodes
d'affectation ne doit pas être inclus dans le calcul du
temps de
service.
Le nombre d'accidents ferroviaires au Canada a
augmenté de 1 091 à 1 170
en 2017, un nombre plus élevé que la moyenne
de 1035 sur cinq ans, selon le Bureau de la
sécurité
des transports. Les accidents dans le transport de produits
dangereux
ont augmenté de 9 %, de 115
à 125, et six d'entre eux ont eu comme
conséquence
le versement de matières dangereuses.[1]
C'est une grande préoccupation pour les travailleurs
ferroviaires et qui touche aussi à la
sécurité
publique. Pour l'oligarchie financière, par contre, c'est
une
tout autre histoire. En réponse à un rapport
préliminaire du Bureau de la sécurité des
transports, un analyste de RBC Capital Markets déclare
dans un
rapport de recherche : « En somme, nous trouvons les
statistiques très encourageantes dans plusieurs domaines
importants car elles démontrent que les chemins de fer
fonctionnent à un haut niveau de
sécurité. »
Le CP prétend prendre les mesures
nécessaires pour assurer la sécurité par
froids
extrêmes, mais ses propres statistiques montrent que ces
prétentions sont fausses.
Dans le livre blanc de CP sur les voyages en
chemin de
fer dans les conditions hivernales canadiennes[2],
il
est
dit
que
le
temps
froid
augmente le taux de fuite d'air du
système de freins à air et que la vitesse devrait
être réduite quand les températures sont
extrêmement froides —- d'au moins 16
km/h lorsqu'il fait -25 degrés Celsius et d'au
moins 32
km/h lorsqu'il fait -35 degrés Celsius. Selon le rapport,
la
longueur des convois et leur vitesse ont augmenté en
flèche en seulement quatre ans de 2013
à 2017.
La longueur des trains était plus élevée en
janvier et février 2017 que la moyenne annuelle au
cours
des
années 2013 à 2016. Les vitesses moyennes
en
janvier et février 2016 et 2017 étaient
plus
élevées que les autres moyennes au cours des
années 2013 à 2015. Le CP prétend
qu'une
telle augmentation de la longueur et de la vitesse des trains au
cours
de la période allant de 2013 à 2017 est
le
résultat d'« importants investissements de capitaux,
d'une
planification hivernale supérieure et d'autres changements
opérationnels ». Le nombre croissant
d'accidents et
le nombre inquiétant de déraillements en si peu de
temps
racontent une tout autre histoire.
Notes
1.
Tableau 1 :
Vitesse de train
moyenne (en mph), 2013 à 2017
Tableau 2 :
Longueur de train
moyenne de CP (en pieds), 2013
à 2017
2. Livre
blanc :
Les
voyages
ferroviaires
dans
les
hivers
canadiens
Des réclamations
légitimes
des travailleurs sont criminalisées
au Nouveau-Brunswick
- Entrevue avec Simon Ouellette,
directeur des communications, bureau des Maritimes du SCFP -
Réunion des membres du SCFP le 9 mars 2019 pour
discuter de ce qu'il faut faire maintenant que leur droit de
grève a été nié
Les travailleurs et travailleuses des foyers de
soins
du Nouveau-Brunswick, membres du Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP), ont pris un vote de grève
à 94 % pour appuyer leurs revendications de
salaires
et de conditions de travail qu'ils jugent acceptables.
Plutôt que
de répondre d'une manière positive et
respectueuse, le gouvernement a demandé et obtenu une
ordonnance
de la Cour du Banc de la reine pour attaquer le droit des
travailleurs
de faire la grève à la défense de leurs
revendications. La veille du déclenchement de la
grève
par les 4 100 travailleurs qui devait avoir lieu
le 10
mars, la cour a émis une ordonnance qui prive
les travailleurs de leur droit de grève pendant 10
jours.
Quel que soit le parti cartellisé qui ait
été au pouvoir, le gouvernement du
Nouveau-Brunswick a
constamment refusé de financer les foyers de soins comme
un
programme social nécessaire pour combler les besoins et
assurer
le bien-être des personnes ayant besoin de soins et du
personnel
qui fournit les soins. Les gouvernements n'ont cessé de
dire que l'Association des foyers de soins doit négocier
à l'intérieur des paramètres fixés
par le
gouvernement. Selon ces gouvernements, ceux qui tiennent les
cordons de
la bourse et décident de comment la valeur des foyers de
soins
est réalisée n'ont rien à voir avec la
négociation sauf de bafouer les droits des
travailleurs.
Le 11 mars, les travailleurs des foyers de
soins
et leurs alliés ont organisé des manifestations
à
Saint John, Shippagan, Edmundston et dans d'autres villes pour
protester contre l'ordonnance de la cour et l'entrave à
leur
droit de faire la grève pour défendre leur
réclamation à la valeur qu'ils produisent pour la
société et pour avoir leur mot à
dire sur leurs conditions de travail.
Forum ouvrier a interviewé Simon
Ouellette, le directeur des communications au bureau des
Maritimes du
SCFP.
***
Piquetage le 11 mars devant le bureau du vice-premier
ministre
Robert Gauvin à Shippagan
Forum ouvrier : Combien
de
travailleurs et de travailleuses sont engagés dans la
lutte
actuelle ?
Simon Ouellette : Ce sont
environ 4100 employés, surtout des femmes, qui
travaillent
dans 46 foyers de soins du Nouveau-Brunswick,
répartis dans
toute la province. On peut dire qu'ils forment le personnel de
soutien
du système des foyers de soins : les infirmières
auxiliaires, les cuisiniers, les gens de
l'entretien, préposés aux soins, etc. Ces centres
sont
opérés de manière privée mais ils
sont
financés par le gouvernement.
Forum ouvrier : Quelles
sont
les principales demandes des travailleurs et des
travailleuses ?
SO : On peut
caractériser les revendications de la façon
suivante : des salaires décents pour régler la
crise
au niveau du recrutement et de la rétention du personnel.
Ces
questions sont liées entre elles. Le Nouveau-Brunswick a
une
population qui est très vieillissante. Les gens qui vivent
dans
les foyers de soins ne
peuvent plus conduire, ils ont une mobilité
réduite, le
besoin de services augmente, mais le niveau de personnel n'a pas
augmenté et les salaires non plus. Les salaires stagnent
depuis
plus de dix ans, c'est un phénomène qui se produit
dans
tout le Nouveau-Brunswick, malgré la reprise
économique ; on peut parler d'une reprise sans
augmentations de salaire. En fait, les travailleurs du
Nouveau-Brunswick
ont vu leur pouvoir d'achat diminuer. Les foyers de soins sont un
peu
la
pointe de l'iceberg, de toute une série de personnes de
différents secteurs dont les salaires ont stagné et
dont
le pouvoir d'achat a diminué.
Le coeur du
problème
est le recrutement et la rétention du personnel. Sans
salaires
décents, les personnes ayant le plus d'expérience
quittent la profession, les nouvelles recrues travaillent
quelques mois
et réalisent que les conditions n'ont pas de sens et
quittent le
secteur. Les incitatifs sont faibles parce que les gens peuvent
se
trouver un
emploi ailleurs. Et même là ce n'est pas vrai
partout
parce que dans les régions rurales, les foyers de soins
sont
souvent un des plus grands employeurs. Il y a plus de 350
postes
vacants en ce moment dans les foyers de soins dans la
province.
FO : On a beaucoup
parlé de la question des services essentiels dans cette
lutte
des travailleurs Qu'en est-il ?
SO : Il y a une loi qui a
été adoptée en 2009 sur les services
essentiels dans les foyers de soins au Nouveau-Brunswick. Une loi
du
gouvernement provincial qui désignait presque tous les
employés dans les foyers de soins comme étant
essentiels.
À toutes fins pratiques, ils perdaient leur droit de
grève. Puis, la Cour
suprême du Canada a statué en 2015,
relativement
à une loi du gouvernement de la Saskatchewan, que le droit
de
libre négociation collective inclut le droit de
grève en
vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. En
2018,
le tribunal des relations de travail du Nouveau-Brunswick a
invalidé une bonne partie de la Loi sur les
services essentiels dans les foyers de soins comme
étant
une
contravention à la charte.
L'employeur s'est retrouvé dans une
situation
où il n'y a pas de désignation de soins essentiels.
Il a
demandé que le gouvernement intervienne pour
réévaluer la désignation des services
essentiels.
Cela se produit alors que nous sommes en pleine
négociation, et
que les employeurs se trouvent dans une situation où les
travailleurs ont retrouvé
leur droit de grève qui avait été
nié. Cela
fait près de dix ans que la crise de rétention
s'amplifie
et il n'y a pas eu un seul gouvernement qui a voulu s'attaquer
à
ce problème. Les employeurs demandent une révision
de la
décision du tribunal des relations de travail, et cela
pourrait
prendre des années. Plutôt que d'être pris
devant le
tribunal durant
des années, on a des gens qui ont besoin
d'améliorer
leurs salaires et leurs conditions et ont autre chose à
penser
que d'aller devant les tribunaux. L'employeur espère
remettre
tout cela dans le système juridique au lieu d'en arriver
à une entente acceptable avec les travailleurs.
FO : Peux-tu nous en
dire
plus sur l'ordonnance de la cour qui a été
émise
samedi le 9 mars ?
SO : Le gouvernement du
Nouveau-Brunswick a obtenu une ordonnance de la Cour du Banc de
la
Reine en catimini samedi le 9 mars. On l'a appris dans les
médias. Ils sont allés chercher une ordonnance ex
parte,
ce qui veut dire en notre absence. Nous n'avons même pas eu
l'occasion de présenter nos arguments.
L'ordonnance dit que c'est illégal de faire la
grève et
de faire tout moyen de pression pour les dix prochains jours. Les
pénalités sont très sévères
contre
quiconque enfreint l'ordonnance de la cour.
Nous avons trouvé très
irresponsable de
la part du gouvernement d'intervenir dans le processus de
négociation avec le gros bâton de la loi en faveur
de
l'employeur au lieu d'amener les ressources à la table
pour
améliorer la situation. Cela fait 28 mois qu'on
essaie de
négocier un contrat acceptable.
L'employeur a fait traîner les choses et
cela
l'arrange que le gouvernement fasse ces procédures
juridiques
car cela permet de faire traîner le processus et de ne pas
fournir un meilleur salaire et de meilleures conditions aux
travailleurs et aux travailleuses.
Il est possible que le gouvernement demande une
prolongation de l'ordonnance de la cour afin de pouvoir
réviser
toute la question de la désignation des services
essentiels dans
les foyers de soins. Après cela, le syndicat ira
probablement en
appel s'il n'est pas satisfait et cela ne finira jamais. Cela
pourrait
durer des années et cela nierait en
pratique aux employés un droit fondamental.
Nous demandons que le gouvernement règle
la
situation et fasse en sorte qu'il y ait une négociation
juste et
équitable pour une convention collective qui est
acceptable aux
travailleurs. On ne veut pas que la question importante des
salaires et
du recrutement et de la rétention du personnel soit
noyée
dans le système juridique.
Piquetage des travailleurs des foyers de soins devant le bureau
de
circonscription d'un député le 11
mars 2019
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