Numéro 73 - 16 novembre 2020
Les résultats des élections aux États-Unis
Une élection contestée qui accroît le
mécontentement envers l'ensemble
du système
- Kathleen Chandler -
Rassemblement devant la Maison-Blanche, le 8
novembre 2020. (CPD Action)
• Le
dysfonctionnement des institutions existantes
est clair
• La
certification du vote et plus de conflits
potentiels
• Les
efforts futiles pour amener les factions
dominantes à
s'unir et à coopérer
- Voice of Revolution -
• L'écran
magique de CNN et des autres
La Bolivie
• Le
nouveau président et le nouveau vice-président
entrent en fonction
• Evo
Morales de retour en Bolivie, accueilli par
des millions de personnes
• Le
nouveau président et le nouveau vice-président
s'adressent au peuple bolivien
Les résultats des élections aux
États-Unis
- Kathleen Chandler -
Les élections présidentielles américaines sont
censées contribuer à « faire baisser la
température », comme le dit Joe Biden, des
conflits qui opposent les factions de l'élite
dirigeante. Elles sont également censées donner à
la présidence et aux institutions leur vernis
démocratique, à savoir l'apparence que quiconque
est élu avec « le consentement des
gouvernés ». Sans ce vernis démocratique, il
est impossible de cacher le fait que le peuple est
exclu du gouvernement.
Toutefois, les
résultats des élections actuelles ne rétablissent
en rien la crédibilité du système démocratique
américain. Le conflit qui perdure, en particulier
la possibilité d'une intervention de la Cour
suprême et d'un éventuel recours aux forces armées
contre le peuple, n'a fait qu'exacerber la colère
populaire.
Les poursuites judiciaires de Donald Trump en
Pennsylvanie pourraient aller jusque devant la
Cour suprême, tout comme les autres entamées pour
bloquer la certification du vote au Michigan et en
Pennsylvanie. Une intervention de la Cour suprême
pourrait avoir des répercussions dans d'autres
États et éventuellement remettre en question
suffisamment de votes du Collège électoral de Joe
Biden pour envoyer le conflit à la Chambre des
représentants.
Chacun de ces résultats se heurterait à la
résistance du peuple. C'est sans doute en
prévision de cette possibilité que Donald Trump a
limogé son secrétaire à la Défense, Mark Esper, et
l'a remplacé par Christopher Miller. Mark Esper
était parmi ceux qui ont contesté les menaces de
Donald Trump d'utiliser les forces armées contre
les manifestants. On s'attend à ce que Christopher
Miller, un autre homme des forces armées,
soutienne et exécute une telle mesure. Toutefois,
étant donné le conflit, il n'est pas possible de
prévoir la réaction des officiers supérieurs des
forces armées, des soldats en service actif et de
la Garde nationale.
La force de la résistance est telle que les
syndicats représentant 600 000 membres
appellent à la grève générale si Donald Trump
conteste ou discrédite les résultats des élections
et refuse de concéder sa défaite. Ce
sont 70 000 travailleurs à Rochester,
dans l'État de New York, 60 000 dans l'ouest
du Massachusetts, des centaines de milliers dans
le Midwest, le conseil du travail de Seattle, qui
compte 200 000 membres, et l'Association
des agents de bord qui en compte 50 000.
Manifestation à Philadelphie, Pennsylvanie, le 7
novembre 2020.
De plus, 100 membres du clergé
afro-américain, qui représentent des dizaines de
milliers de personnes, ont signé une pétition en
ligne qui appelle à une grève générale si Donald
Trump « tente un coup d'État ou refuse de
respecter le résultat légitime de
l'élection ». Ils ont déclaré : « Nous
aurons besoin de nombreuses tactiques
différentes – manifestations, occupations de
capitales d'État, grèves – mais
fondamentalement, tout cela exigera l'unité, du
courage, de la préparation et de la
discipline. »
Alors que dans tout le pays, tous sont prêts à
faire entendre leur voix, d'autres actions sont
également prévues pour le 1er décembre, date
à laquelle la plupart des États devraient avoir
certifié leur vote. Les luttes pour l'égalité, la
justice et la responsabilité, en cours depuis le
mois de mai, se poursuivent également.
Cette position
n'est pas dirigée seulement contre Donald Trump et
ses efforts pour contester et discréditer
l'élection. C'est le reflet de la revendication
croissante du peuple d'avoir son mot à dire
au-delà du vote. Les travailleurs, en particulier,
affirment qu'ils ont un rôle à jouer dans la vie
politique du pays et dans la définition d'une
démocratie qui sert leurs intérêts et non ceux des
riches. Le dysfonctionnement du système actuel est
largement débattu. Tout aussi important est la
revendication que c'est le peuple qui a besoin
d'être en contrôle, qui est apte à gouverner et à
prendre les décisions et non les riches.
Il ne fait aucun doute que beaucoup ont voté pour
Joe Biden, bien que les 80 millions
d'électeurs admissibles qui n'ont pas voté, selon
les estimations, dépassent encore ses 75 millions,
ce qui ne représente qu'environ 25 % des
votes admissibles. Il est également largement
reconnu que les choix donnés pour le président ne
représentaient que les riches et les servaient. De
fait, l'absence de représentation à quelque niveau
que ce soit des, par et pour les travailleurs fait
partie des débats en ce moment, un débat qu'une
grève générale ne ferait que renforcer.
Pour Donald Trump comme pour Joe Biden, le fait
que l'élection soit contestée est un problème
important, notamment avec la possibilité d'une
intervention de la Cour suprême, d'une
intervention des forces armées ou d'une décision
du Congrès. Le manque de crédibilité et de
légitimité de la démocratie force un recours
toujours plus important aux pouvoirs de police de
l'exécutif, ce qui ne fait qu'aggraver les
contradictions entre les dirigeants et le peuple
sur la question de qui décide. La lutte du peuple
pour une démocratie moderne du peuple qui sert le
peuple est à l'ordre du jour.
Les manifestations se poursuivent à Détroit,
Michigan, le 8 novembre 2020.
Les élections américaines ont révélé au monde
entier à quel point les institutions dites
démocratiques aux États-Unis ne peuvent régler les
conflits au sein de la classe dirigeante ou donner
l'apparence d'une élection légitime qui confère le
consentement des gouvernés.
Le conflit électoral entre les gouvernants
continue de se dérouler sur plusieurs fronts.
Donald Trump persiste à dire qu'il a gagné et que
des votes illégaux sont comptés. Joe Biden procède
comme président élu. Certains soutiennent les
nombreuses poursuites judiciaires intentées par
Donald Trump dans plusieurs États, tout en
l'invitant à concéder sa défaite. Le Wall
Street Journal est
représentatif de cette position : « Si Joe
Biden dispose de 270 voix du Collège
électoral à la fin du dépouillement et des
poursuites, le président Trump aura une décision à
prendre. Nous espérons que dans ce cas, il
concédera gracieusement sa défaite. »
Le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell, a
déclaré que Donald Trump a le droit, comme
d'autres, d'utiliser les poursuites judiciaires
pour contester les résultats. En même temps, les
responsables électoraux républicains locaux, en
Géorgie par exemple, ont défendu leur travail et
ont déclaré que le décompte des voix était
valable. Des positions similaires sont prises par
les responsables locaux et des États dans tous les
États où il y a actuellement des recours
judiciaires. Il s'agit notamment de la Géorgie, de
la Pennsylvanie, du Michigan, de l'Arizona et du
Nevada. D'autres républicains ont demandé à Donald
Trump de cesser les poursuites et ont déclaré
qu'il est peu probable qu'elles changent le
résultat. Les poursuivre mine « les fondations des
institutions » du pays, disent-ils. C'est une
préoccupation majeure pour la classe dirigeante
dans son ensemble, car cela sape son autorité à
gouverner et à utiliser la force contre le
peuple, qui est déjà largement remise en
question.
Manifestations à Philadelphie, Pennsylvanie, le 7
novembre 2020.
Douze poursuites ont été rejetées au niveau local
ou des États. D'autres sont en cours, comme en
Pennsylvanie et au Michigan, dans lesquelles il
est demandé aux tribunaux de bloquer la
certification du vote en raison d'irrégularités
contraires à la loi électorale de l'État. D'autres
poursuites sont encore en préparation. Les avocats
s'inquiètent du fait que ces affaires visent à
discréditer le vote, plutôt qu'à garantir un
décompte précis des voix. La possibilité d'une
intervention de la Cour suprême reste toujours
présente, ce qui ne ferait que discréditer
davantage l'élection.
Ce qui est évident pour tous, c'est que les
querelles entre les factions des riches qui
luttent pour le pouvoir de la présidence n'ont pas
été résolues et il y a peu d'espoir qu'elles le
seront. Bien que Joe Biden ait été déclaré
vainqueur par les médias monopolisés, il est clair
qu'il ne bénéficie pas d'un large soutien. Selon
plusieurs rapports, environ la moitié des votes
pour lui n'était pas des votes pour Joe Biden,
mais des votes contre Donald Trump. C'est la
défaite de Donald Trump que beaucoup célèbrent.
Dans certains des États où les résultats sont
contestés actuellement, environ 40 000
personnes qui ont voté ont choisi de ne pas voter
pour le président. En Géorgie, Joe Biden est en
tête avec 10 502 voix; en Arizona
avec 16 985 voix, au Nevada
avec 34 283 voix. On estime également
à 80 millions le nombre d'électeurs qui n'ont
pas voté. Ce nombre atteindrait les 100 millions
si l'on tient compte des personnes qui ont été
empêchées de voter, comme les prisonniers et les
immigrants. Il y a également la suppression du
vote faite en utilisant les diverses exigences
pour s'inscrire, la fermeture des bureaux de vote,
des heures insuffisantes, etc. Tout cela tend à
prouver que le vote pour Joe Biden ne représente
qu'une petite partie de l'électorat,
environ 25 %. De plus, sur ce nombre,
seulement 12 % environ ont véritablement
voté pour lui et non contre Donald Trump.
Ainsi, l'accent mis
sur le fait que Joe Biden obtienne le plus grand
nombre de voix cache la fraude des élections de la
prétendue « nation indispensable » du monde.
Selon Joe Biden, « le peuple de cette nation a
parlé. Ils nous ont offert une victoire
claire ». Cela sert également à dissimuler le
fait que les votes pour des candidats que le
peuple n'a pas choisis et qui ne le représentent
pas ne reflètent en rien ses préoccupations et ses
intérêts. Il est clair que les votes exprimés ne
confèrent pas un « mandat » pour continuer la
politique d'économie de guerre et le gouvernement
de guerre des États-Unis que la classe dirigeante
exige de chaque président.
La nouvelle direction que le peuple des
États-Unis exige pour son pays est d'avoir une
économie de paix et un gouvernement antiguerre.
Les résultats des élections révèlent en fait que
le processus électoral et le choix de Joe Biden
par la classe dirigeante n'ont en rien détourné le
large mouvement du peuple pour la justice,
l'égalité et l'affirmation des droits de tous et
de toutes.
La lutte pour les droits se poursuit à Washington,
le 8 novembre 2020.
Les poursuites judiciaires que la campagne de
Trump a lancées vont probablement se poursuivre au
moins jusqu'au 14 décembre, date à laquelle
les électeurs de tous les États se réuniront et
transmettront ensuite leur décision au
Congrès. Le nouveau Congrès, qui entre en
fonction le 3 janvier 2021, procédera
alors à la certification finale. Si le vote n'est
pas certifié au niveau de l'État, ce qui est
possible compte tenu des querelles actuelles, il
est possible qu'aucun candidat n'obtienne ses
votes électoraux, ou alors l'État pourrait envoyer
deux équipes d'électeurs au Congrès, une en faveur
de Donald Trump et une en faveur de Joe Biden.
Dans les deux cas, la Chambre des représentants
devrait décider du résultat des élections.
Une des poursuites judiciaires de Donald Trump en
Pennsylvanie pourrait se rendre à la Cour suprême.
Au moins un juge, le juge Alito a indiqué qu'il
pensait qu'il était inconstitutionnel de la part
de la Pennsylvanie de prolonger la date de
réception des votes postaux. Son argument probable
est que cela n'a pas été fait par l'Assemblée
législative de l'État, mais par le secrétaire
d'État de la Pennsylvanie. Si la Cour suprême
intervient et émet un jugement en faveur de Trump,
cela peut remettre en question le comptage des
votes dans les autres États qui ont agi d'une
façon semblable, comme le Wisconsin et le
Michigan, ce qui remettrait en question ces votes
du Collège électoral.
Un tel résultat dépendrait de à qui sont allés
les votes reçus après le jour du scrutin dans les
États concernés : les votes en faveur de
Donald Trump sont-ils suffisants pour qu'il
remporte ces États ? Les tentatives de
carrément bloquer la certification visent en
partie à surmonter un tel calcul. Il n'est pas
clair non plus si la Cour suprême accepte même
d'entendre un ou plusieurs de ces cas et quelles
exigences en termes de comptage ou de rejet des
votes elle pourrait imposer. Tout cela ne fait
qu'illustrer que les institutions existantes ne
sont plus capables de régler les conflits ou de
donner l'apparence d'une élection légitime.
Le processus de certification varie d'un État à
l'autre, et les échéances sont différents dans
chacun. En ce qui concerne les États où les
résultats sont contestés, les échéances sont les
suivantes : Nevada, 16
novembre; Géorgie, 20
novembre; Michigan et Pennsylvanie, 23
novembre; Arizona, 30
novembre; Wisconsin, 1er décembre.
D'autres États ont des échéances en novembre et
sept ont des échéances en décembre. Le dernier, en
Californie, est le 11 décembre.
Les États ont mis en place des lois électorales
pour le processus de certification avant le début
des élections. Ce ne sont pas les assemblées
législatives des États qui certifient le vote,
mais des conseils électoraux. Ceux-ci sont
habituellement composés d'un nombre égal de
démocrates et de républicains, souvent nommés par
le gouverneur, et tous les autres partis en sont
exclus. Les conseils électoraux des États prennent
leur information des conseils de comté, qu'ils
examinent. Ensuite ils certifient le vote. Une
fois le vote certifié, la liste des électeurs du
candidat qui reçoit une majorité de votes est
transmise à la réunion des électeurs qui se tient
le 14 décembre.
Par exemple, le Michigan a un Conseil de
solliciteurs de l'État, formé de 4 membres,
qui doit obtenir un vote de 3-1 pour faire la
certification. Si le vote est 2-2, le cas est
renvoyé aux tribunaux de l'État, qui vont
vraisemblablement, mais pas nécessairement,
ordonner au Conseil de certifier le vote. Si le
tribunal n'ordonne pas au Conseil de certifier le
vote, il est possible que l'Assemblée législative
de l'État intervienne, ou que deux listes
d'électeurs soient transmises. Ainsi, dans le cas
du Michigan, ce sont les tribunaux et un petit
groupe de personnes, et non l'électorat, qui
pourraient décider du résultat des élections.
Il faut noter que dans tout ce tapage sur le
comptage des votes, la vaste majorité des États –
qui constituent la majorité de la population et
ont des millions de votes qui sont écartés ou
supprimés – ne sont même pas pris en compte ou
inclus dans la discussion. Les élections aux
États-Unis ne sont pas conçues pour unir le peuple
et le mobiliser dans le débat sur la façon de
faire avancer la société. Au contraire, elles font
en sorte que les préoccupations et les intérêts du
peuple et les solutions des problèmes auxquels il
fait face, comme la santé, l'éducation, la guerre
et la paix, et les élections, sont entièrement
exclus.
Marche à Louisville, au Kentucky, en hommage à
Breonna Taylor, et déplacement de son monument
commémoratif à un lieu plus permanent, le 7
novembre 2020
- Voice of Revolution -
Pancartes ajoutées sur la clôture entourant la
Maison-Blanche, le 13 novembre 2020.
Dans son discours de victoire du 7 novembre
et pendant sa campagne, Joe Biden a dit qu'il est
temps que les factions dominantes s'unissent et
coopèrent. Il a déclaré que cela est nécessaire
pour préserver l'Union.
Plus les querelles entre les factions qui
composent la classe dominante aux États-Unis sont
acrimonieuses, plus le discours sur l'unité sonne
creux. L'élection contestée et les nombreux
conflits qui existent au sein et entre la
présidence, les forces armées, le gouvernements
fédéral et les gouvernements des États sont tous
le reflet des conflits intenses qui font rage
parmi les oligarques dominants. Les craintes que
ces conflits n'éclatent en une guerre civile
violente sont de plus en plus fortes.
Le refus de Donald
Trump de concéder sa défaite dans l'élection vient
renforcer la possibilité que la contradiction
dégénère en violence ouverte. De plus, il est en
train d'apporter des changements à son cabinet qui
indiquent qu'il est prêt à recourir à des moyens
violents pour réprimer l'opposition. Cette
violence serait d'abord vraisemblablement dirigée
contre le peuple. Les syndicats qui représentent
plus de 600 000 travailleurs du pays,
dont des enseignants, des travailleurs de la
santé, des agents de bord, des travailleurs de
l'automobile et de plusieurs autres secteurs ont
appelé à la grève générale. Les cercles dirigeants
ont une peur mortelle de voir les travailleurs
s'unir et rejeter ensemble le rôle qui leur a été
assigné dans lequel ils ne sont pas considérés
comme des citoyens qui décident de la direction de
l'économie et de la politique, mais comme des «
consommateurs », des « producteurs »,
des « clients », des « gens qui
votent », des noirs », des «
blancs », des « délinquants » pour
empêcher qu'ils s'imposent comme une force sociale
dans la vie politique du pays. Face à la lutte du
peuple pour s'investir du pouvoir, Joe Biden
demande aux factions de s'unir et d'isoler Donald
Trump à tel point qu'il sera forcé de concéder.
Une forme que prend cette lutte est le refus de
Donald Trump de laisser le processus de transition
habituel se dérouler. La transition requiert que
l'Administration des services généraux (GSA) «
détermine » que l'élection a produit un clair
vainqueur. La GSA est censée être un organisme «
non partisan » au sein du Bureau de
l'exécutif mais, jusqu'à présent, elle refuse de
déterminer que Joe Biden a été élu, et,
conséquemment, de mettre à sa disposition les
ressources dont le président élu a besoin pour
procéder à la transition et « partir à plein
régime » au moment de l'investiture. Des
millions de dollars sont retenus, lesquelles
comprennent non seulement de l'argent pour payer
le personnel et la location des bureaux, mais
également l'accès aux briefings du renseignement,
les appels sécurisés aux dirigeants étrangers, les
vérifications de sécurité pour les hauts
fonctionnaires. Les forces liées à Joe Biden
insistent pour que la GSA coopère et Donald Trump,
jusqu'à maintenant, a réussi à empêcher que cela
se produise. Une poursuite judiciaire de Joe Biden
est envisagée.
L'effort principal comprend celui de Joe Biden
pour accaparer les rênes du pouvoir que
fournit la présidence. C'est fait sur un ton de
menace, comme si un manque de préparation de Joe
Biden est une menace à la sécurité nationale. « La
sécurité nationale des États-Unis et leurs
intérêts économiques requièrent que le
gouvernement fédéral indique clairement et
rapidement que le gouvernement des États-Unis
respectera la volonté du peuple des États-Unis et
s'engagera dans un transfert de pouvoir harmonieux
et pacifique », a dit l'équipe de Joe Biden.
Comme ce fut le cas tout au long du processus
électoral, la préoccupation au sujet d'une «
transition pacifique » reflète l'intensité
des conflits et le fait que les cercles dirigeants
reconnaissent le potentiel de violence qui existe
dans leurs rangs et contre le peuple qui menace
l'Union et le maintien de leur pouvoir.
Des républicains, dont des fidèles de Donald
Trump comme Lindsey Graham, le sénateur de longue
date de la Caroline du Sud qui est le président de
la Commission judiciaire du Sénat
depuis 2019, déclarent maintenant que Joe
Biden devrait recevoir les briefings du
renseignement et qu'on doit procéder à la
transition pendant que les poursuites judiciaires
de contestation des résultats des élections sont
traitées. « Je crois qu'il devrait avoir accès à
l'information [...] Je pense que cela fait partie
de la transition. Et s'il gagne en fin de cause,
je pense qu'ils doivent être capables de se mettre
à pied d'oeuvre immédiatement », a dit le
sénateur républicain du Texas, John Cornyn, un
membre du Comité du Sénat sur le renseignement.
D'autres sénateurs républicains ont fait des
commentaires similaires, comme Chuck Grassley de
l'Iowa, Mike Rounds du Dakota du Sud, James
Lankford de l'Oklahoma, Ron Johnson du Wisconsin
et les deux sénateurs du Missouri, Roy Blunt et
Josh Howley.
Joe Biden appelle à l'unité dans son discours de
victoire
Dans son discours de victoire, Joe Biden a répété
ses appels à l'unité, qui est dirigé contre les
factions rivales parmi les cercles dirigeants.
Faisant écho à l'ancien président Barack Obama, il
a dit : « Je promets d'être un président qui
ne cherche pas à diviser mais à unifier, qui ne
voit pas d'États rouges et d'États bleus, mais ne
voit que les États-Unis. » La référence aux
États rouges ou bleus est une référence à la
division entre les démocrates et les républicains.
La référence n'est pas au peuple mais aux
factions. La préoccupation est envers l'Union, les
États-Unis, qui pourrait se fracturer.
Le thème fondamental revient. « Le refus des
démocrates et des républicains de coopérer les uns
avec les autres n'est pas une force mystérieuse
hors de notre contrôle, mais une décision, un
choix que nous faisons. Si nous pouvons décider de
ne pas coopérer, nous pouvons aussi décider de
coopérer. » Il a ajouté : « Il est temps
de laisser de côté les rhétoriques abrasives, de
faire baisser la température, de se voir les uns
les autres de nouveau, de s'écouter les uns les
autres. Pour aller de l'avant, nous devons arrêter
de traiter nos adversaires comme nos ennemis. Ils
ne sont pas nos ennemis. Ils sont des
Américains. »
Joe Biden suggère
qu'il a un mandat du peuple lorsqu'il dit qu'« ils
veulent que nous coopérions dans son intérêt, et
c'est ce choix que je vais faire. Je vais demander
au Congrès, aux démocrates comme aux républicains,
de faire ce choix avec moi. » Il
ajoute : « Nous sommes les États-Unis
d'Amérique. Il n'y a jamais rien eu, jamais rien
eu, que nous n'avons pas été capables d'accomplir
quand nous l'avons fait ensemble. »
L'accent est mis sur le fait que pour maintenir
leur position en tant que superpuissance et «
nation indispensable », les États-Unis
doivent demeurer unis.
Ce ne sont pas les gens de ce pays qui se
décrivent comme des ennemis et qui refusent de
coopérer. Au contraire, la prise de position dans
le pays de tout faire pour s'aider les uns les
autres face à la COVID-19 et de fournir les soins
malgré le manque de protection, les plus de 20
millions de personnes qui ensemble revendiquent
l'égalité et la justice et la fin des morts aux
mains de la police sur une base raciste et les
millions d'autres qui les appuient, les millions
qui se sont dressés contre la séparation des
enfants de leurs parents à la frontière, tout cela
montre la lutte unie du peuple pour une direction
différente du pays. Tandis que plusieurs se
réjouissent de la défaite de Donald Trump, la
plupart, comme les infirmières et les enseignants,
sont aussi engagés dans la poursuite de la lutte
pour les droits. Leurs efforts unis visent à
donner une nouvelle direction à la politique et à
l'économie, une direction qui favorise les
intérêts du peuple en plaçant leurs droits au
coeur de tout.
Voice of Revolution est une publication de
l'Organisation marxiste-léniniste des
États-Unis.
La contradiction entre les forces productives
modernes et les relations de production désuètes
et comment elle se reflète politiquement était
manifeste le soir des élections
Les principaux réseaux de télévision aux
États-Unis ont tout mis en oeuvre le soir des
élections pour enlever toute vie aux Américains et
réduire leur cerveau en purée. Dans l'ensemble,
les animateurs des réseaux ont parlé à des écrans
et les « écrans magiques » ont répondu avec
une régularité asphyxiante.
John King de CNN a parlé inlassablement et avec
passion à son « écran magique », lui disant
doucement par moments : « Comme c'est
amusant. »
Bill Hemmer de Fox News avait ce qu'il appelait,
sourire en coin, son « tableau d'affichage ».
Lorsque quelqu'un a demandé à Bill s'il avait la
moindre idée de ce que représentaient les petits
carrés rouges et bleus sur son « tableau
d'affichage » et ce qu'ils signifiaient, il a
répondu en toute candeur : « Non, je les
consulte à partir du télésouffleur qui est
là. »
Steve Kornacki de MSNBC avait un écran presque
identique, mais avec un nom plus terre à
terre : « carte tactile interactive ».
Steve a tenté de susciter de l'enthousiasme en
gazouillant au préalable : « En chemin pour
le studio et je ne repars pas sans qu'il y ait un
résultat. Notre suivi en direct commence à 18
h — en espérant que vous serez des
nôtres ! »
Chuck Todd de NBC News avait ce qu'il a
simplement appelé la Carte de NBC News. Il y a eu
un moment plutôt mémorable lorsque Todd a
interprété la « Carte ». Pointant vers un
carré, il a dit : « Si Biden tire de
l'arrière, c'est ici qu'il va trouver les votes
qu'il aurait dû recevoir pour l'emporter. »
Malheureusement, personne de son entourage n'a pu
interpréter l'interprétation de Todd sur ce que
disait la « Carte ».
Pour Anthony Salvanto de CBS News, l'écran était
un « tableau magique ». Un commentateur de
l'émission Variety,
au sujet de Salvanto, a observé « son intense
concentration pendant ses présences au tableau
magique,
analysant dans les moindres détails les tendances
démographiques et de participation en passant
chaque État
au peigne fin. D'une main, Salvanto empoigne des
notes enroulées
tandis que de l'autre il navigue sur le tableau
magique et ses nombreux
écrans tactiles. Peu après 21 h, heure
normale de
l'Est, il souligne la tendance évidente et claire
que, dans
l'État clé de la Caroline du Nord, les électeurs
qui sont allés voter mardi étaient favorables à
Trump par 69 contre 30, comparativement
à une tendance
de 53 contre 46 en faveur de Joe Biden
parmi ceux qui ont
voté avant le jour du scrutin. 'Cet écart définit
cette course autant que la géographie peut le
faire', a dit
Salvanto à ses auditeurs ». Sans doute
Salvanto
a-t-il pu faire cette profonde observation grâce à
son
doctorat en sciences politiques obtenu à
l'Université de
la Californie à Irvine.
C'est Tom Llamas qui manipulait l'« écran »
à ABC News. Aux nouvelles, on a louangé Llamas
pour son approche modérée de l'« écran ».
Avant de commenter chaque segment de l'«
écran », il lançait un avertissement avant
d'annoncer des résultats dans telle partie du
pays, « Nous voulons nous assurer d'avoir un bon
échantillonnage ».
Le commentateur canadien John Doyle, dans un
article du Globe and Mail, écrit à quel
point il n'a pas été impressionné. Dans son
article, « La nuit des abrutis qui
déblatèrent : l'échec des nouvelles
télévisées américaines le soir des
élections », il se lamente : « Autant
parler aux murs...Avec tous leurs menus détails de
gars intellos sur les tendances des votes dans des
comtés obscurs, aucun n'a pu expliquer ce qui se
passait vraiment. Après 10 heures, vous
n'avez le goût que de souhaiter que la pire des
malédictions s'abatte sur leurs maisons et leurs
écrans. »
Lorsque la vague bleu démocrate telle que
prévue par les sondages n'a pas été au rendez-vous
et, aux petites heures du matin, lorsque la course
était encore
trop serrée pour faire des prédictions, Doyle
écrit : « Un climat de perplexité et de
désespoir a envahi les émissions électorales.
Lorsqu'ils ont constaté, de façon inattendue, que
les
résultats étaient serrés, les animateurs et les
commentateurs se sont sentis dépassés par les
évènements. Ils l'étaient. Par conséquent,
suivre les résultats des élections présidentielles
américaines à la télé, c'était comme
se faire administrer un anesthésique local — aucun
'high',
seulement l'engourdissement. »
Doyle et les autres devraient prendre du recul et
réfléchir sur ce à quoi ils viennent d'assister.
L'« écran magique » et l'intelligence
artificielle (IA) et les autres forces productives
modernes ont fait progresser le monde au point où
les peuples et leurs collectifs peuvent, dans les
faits, exercer un contrôle sur leur vie. Nous
pouvons nous nourrir, nous vêtir, nous instruire
et nous loger sans l'interférence de despotes.
Nous pouvons organiser le travail pour avoir le
temps de participer à la politique, à l'éducation,
à la culture, aux loisirs et de généralement nous
élever en tant qu'êtres humains et société et
exercer un contrôle sur nos vies, notre économie
et la politique.
Le problème n'est pas l'écran magique, ni les
abrutis qui déblatèrent, mais les formes
économiques et politiques qui nous retiennent dans
une époque depuis longtemps révolue, lorsqu'il n'y
avait ni intelligence artificielle ni écrans
magiques. Les conditions concrètes des forces
productives sont devant nos yeux et offrent au
peuple un grand potentiel pour l'avenir, mais les
relations de production désuètes doivent être
changées pour qu'elles soient au diapason de ces
forces avancées.
Que nous dit présentement l'ensemble des
relations humaines, surtout sur le pouvoir
politique ? Que disent les relations humaines
sur comment nous devrions organiser et harmoniser
nos relations les uns avec les autres, nos
collectifs, notre travail et les forces
productives modernes et la nature ?
Le peuple doit continuer de se battre pour ce qui
lui
revient de droit. Il doit saisir l'occasion et
s'organiser
lui-même en un puissant contingent d'individus et
de collectifs
pour concevoir ce que sera le Nouveau. Les êtres
humains ont
toujours su comment engendrer les formes sociales
et politiques
correspondant aux conditions des forces
productives et à ce que
révèle l'ensemble de toutes les relations entre
les
humains et entre les humains et la nature.
À ce moment de l'histoire, le peuple a l'occasion
de le faire consciemment, de créer l'histoire avec
un plan et une prévoyance capable de mettre nos
relations de production au diapason des
incroyables forces productives que nous avons
développées, pour harmoniser nos relations
sociales les uns avec les autres et avec nos
collectifs et avec la nature.
La couverture électorale américaine a clairement
montré que les points de référence et d'ancrage du
passé s'agitent dans toutes les directions et sont
sans repères. Ce n'est pas joli à voir.
La Bolivie
Le président Luis Arce et le vice-président David
Choquehuanca sont assermentés pour un mandat de
cinq ans, le 8 novembre 2020.
Le dimanche 8 novembre, le président Luis Arce
et le vice-président David Choquehuanca ont été
officiellement assermentés pour un mandat de cinq
ans,
complétant ainsi la passation du pouvoir du «
gouvernement
transitionnel » imposé à la Bolivie par le
coup d'État militaire appuyé par les États-Unis
l'an dernier. Le président Arce et son colistier
du Mouvement
pour le socialisme – Instrument politique pour la
souveraineté des peuples (MAS-IPSP) ont été
élus le 18 octobre par une majorité écrasante
de plus de 55 %. Les députés et les
sénateurs qui forment les deux chambres de
l'Assemblée
législative plurinationale, où le MAS-IPSP a la
majorité des sièges, ont été
assermentés plus tôt. Près de 52 % des
membres de la nouvelle législature sont des
femmes, un des
pourcentages les plus élevés au monde.
Deux jours avant leur assermentation officielle,
le vendredi 6 novembre à l'aube, Luis Arce et
David Choquehuanca ont participé à une cérémonie
autochtone sur le site des ruines de la ville
précolombienne de Tiwanaku, le plus important site
archéologique et cérémonial de la Bolivie. À cet
endroit, ils ont symboliquement assumé la
gouvernance de la Bolivie en acceptant le bâton de
commandement du pouvoir d'Amautas (les Sages
autochtones) et se sont engagés à gouverner pour
la paix, l'unité et la prospérité, promettant de
ne jamais trahir la confiance du peuple. Un rituel
semblable a été célébré avec eux à La Paz, le
matin de leur assermentation, dirigé par le
Conseil national des Amautas, qui ont demandé à Pachamama (la
Terre Mère) la permission de montrer le bon chemin
à suivre pour ce mandat présidentiel.
Une cérémonie autochtone pendant laquelle le
nouveau président et vice-président assument
symboliquement la gouvernance de la Bolivie, le 6
novembre 2020
Assermentation des sénateurs du
MAS
|
La journée précédant l'inauguration officielle,
des membres des syndicats et des nombreux
mouvements sociaux organisés qui constituent la
base du MAS, y compris des groupes de jeunes, ont
monté la garde autour du Square Murillo où sont
situés les édifices gouvernementaux, y passant la
nuit. Les forces populaires n'avaient aucunement
l'intention de confier la protection du pouvoir
pour lequel elles ont lutté, ni la sécurité de
leur nouveau gouvernement, à quiconque qu'à
elles-mêmes, surtout avant que la passation du
pouvoir ne soit officiellement terminée. Le
souvenir est encore très présent de la trahison du
pays par la police et l'armée, qui ont joué un
rôle clé dans la victoire du coup de l'année
dernière et dans les massacres perpétrés contre le
peuple. Il était important que le peuple défende
sa victoire électorale, d'autant plus qu'à peine
quelques jours plus tôt, des éléments
récalcitrants des forces réactionnaires du coup,
refusant d'accepter leur défaite électorale
humiliante, ont réussi à perpétrer une attaque
terroriste à la dynamite devant le quartier
général du MAS alors que Luis Arce était en
réunion à l'intérieur avec d'autres personnes.
Outre cet incident, il y a eu aussi le meurtre le
mois dernier d'un jeune dirigeant militant et
populaire des mineurs, Orlando Gutierrez, qui a
succombé à ses blessures à la tête à l'hôpital à
la suite d'une attaque organisée présumément par
un gang de ces éléments réactionnaires.
Grâce à la vigilance du peuple
organisé, les évènements officiels et les
célébrations de dimanche se sont bien
déroulés, avec la participation de dizaines de
milliers
de personnes venues des quatre coins du pays pour
célébrer avec fierté la victoire
réalisée en s'unissant dans l'action pour se
débarrasser du gouvernement du coup tant détesté
de cette oligarchie raciste. Cette oligarchie
cherchait à
détruire les acquis des dernières 14 années, y
compris le système de santé public du pays, avec
des
conséquences désastreuses. Dans les
célébrations de leur capacité à restaurer
le pouvoir démocratique en un si court laps de
temps, et de leur
réponse tranchée aux forces impérialistes qui ont
tramé le coup, les Boliviens patriotiques ont été
salués par plusieurs à l'échelle internationale, y
compris au Canada et au Québec. Les peuples du
monde leur
transmettent leurs meilleurs souhaits alors qu'ils
relèvent le
défi de défendre ce qu'ils ont accompli.
Evo Morales et l'ancien vice-président
Álvaro García Linera sont accueillis dans la ville
frontalière de Villazón, alors qu'ils traversent
la
Bolivie à partir de l'Argentine,
le 9 novembre 2020.
Nous retournerons et nous
serons des millions !
-Déclaration du
légendaire combattant pour l'indépendance
Amayra,
Tupac Katari, avant d'être tué par ses bourreaux
espagnols en 1781
Le matin du lundi 9 novembre, une foule
s'est rassemblée dans la ville frontalière de
Villazon dans le sud de la Bolivie pour souhaiter
la bienvenue à Evo Morales et à l'ancien
vice-président, Alvaro Garcia Linera, lorsqu'ils
sont arrivés en Bolivie à partir de l'Argentine où
les deux étaient réfugiés pendant presque un an.
De nombreuses personnes ont voyagé 16 heures la
nuit, après avoir assisté, la veille, à
l'investiture du président Luis Arce et du
vice-président David Choquehuanca à La Paz, pour
venir célébrer le retour tant attendu d'Evo en
Bolivie.
Le président Alberto Fernández
fait ses adieux à Evo Morales à La Quiaca en
Argentine,
avant de franchir la frontière bolivienne avec
lui, le 9
novembre 2020.
Avant
de traverser la frontière, Evo a été honoré
lors d'un grand événement d'adieu dans la ville
voisine
de La Quiaca, dans la province de Jujuy, en
Argentine. À cet
événement, le président argentin Alberto Fernandez
lui a fait ses adieux en disant: « J'ai été
honoré de vous avoir accueilli parmi nous ».
Les deux
hommes se sont embrassés et ont marché ensemble
sur le
pont international de Villazon pour traverser en
Bolivie.
Là, après avoir reçu les bénédictions autochtones
traditionnelles, Evo et Alvares ont été accueillis
par une foule en liesse qui a rempli la place
publique et les rues adjacentes de plusieurs
quartiers. On pouvait reconnaître les délégations
de mineurs par leurs casques de protection. Des
membres de différentes nations autochtones
jouaient des instruments de musique traditionnels
et dansaient dans la rue – contribuant à
l'ambiance festive. Le rassemblement à Villazon a
été le point de départ d'une caravane de véhicules
qui mènerait Evo, Alvaro et des centaines de
partisans dans trois départements, d'abord dans le
sud de la Bolivie, pour arriver deux jours plus
tard dans le tropique de Cochabamba, au coeur du
pays.
Dans son discours à Villazon, Evo a dit que
c'était grâce aux actions du peuple bolivien pour
sauver
sa démocratie et son pays qu'aujourd'hui le MAS
était de
retour au gouvernement et lui-même de retour en
Bolivie. C'est un
message qu'il répétera à maintes reprises devant
les dizaines de milliers de personnes venues
participer aux
rassemblements dans les villages et les villes au
passage de la
caravane lors de son voyage de 1100
kilomètres à
travers les départements de Potosi et d'Oruro,
avant d'arriver
dans le tropique de Cochabamba, la dernière étape
de la
caravane. Là, à Chimoré, la ville où Evo
prévoit vivre et travailler dans la période à
venir, comme il l'avait fait avant de devenir
président, un
million de personnes sont venues célébrer son
arrivée.
Evo et Alvaro ont été fêtés par des célébrations
politico-culturelles dans des petits et grands
centres
de population le long de leur trajet où les gens
ont
affirmé les riches traditions ancestrales de leurs
régions ainsi que leurs droits aujourd'hui. Ces
fêtes ont
eu lieu dans les villes minières d'Atocha, d'Uyuni
et d'Oruro,
dans la région des cultivateurs de quinoa de
l'altiplano
bolivien et dans celle des basses-terres
tropicales de Cochabamba.
Entre chaque arrêt, Evo et Alvaro sont descendus
de leur voiture
à de nombreuses reprises, car les villageois
rassemblés
le long de l'autoroute, agitant leurs wiphalas et
autres drapeaux,
demandaient à exprimer personnellement leur appui
et leur joie
au retour de l'ancien président, à prendre des
selfies
avec lui et à lui offrir en cadeau des mets et des
produits
agricoles cultivés dans leurs champs et dans leurs
jardins.
Evo Morales et Alvaro García Linera sont
accueillis par les mineurs à Antocha,
le 9 novembre 2020.
Dans un discours à un rassemblement à minuit
à Uyuni, où se trouve le plus grand dépôt salin au
monde et des mines de lithium, Evo a dit que le
coup de l'an dernier n'était pas que l'acte des
forces de la droite bolivienne, mais qu'il avait
été appuyé, dirigé et financé par les États-Unis
pour empêcher le processus de changement de
l'économie bolivienne. « Ils ne veulent pas nous
laisser bénéficier de la valeur ajoutée de nos
ressources ni qu'on puisse obtenir la technologie
requise pour les transformer », a-t-il dit.
L'industrie bolivienne de lithium a été
pratiquement paralysée par le gouvernement du coup
lorsque ses tentatives de la vendre à des intérêts
étrangers privés n'ont pas fonctionné. Luis Arce a
toujours déclaré qu'un gouvernement du MAS
réactivera cette industrie et élaborera de
nouveaux plans visant à transformer plus que
jamais ce minerai stratégique en un projet
national. Evo l'a réitéré et a déclaré que « la
nationalisation est le programme du
peuple; la privatisation est le programme des
pillards qui veulent continuer de piller nos
ressources naturelles ». Il a dit que cette
lutte n'était pas que celle de la Bolivie, mais de
toute l'humanité et qu'au coeur de cette lutte
était la question à savoir qui contrôlera les
ressources de la terre, disant à la fin de son
intervention : « Longue vie à une Bolivie
digne et souveraine ! »
Des paysans rassemblés le long de la route de la
caravane d'Evo Morales,
le 10 novembre 2020.
Evo Morales visite la maison de son enfance à
Orinoca, Oruro (à gauche) : Morales reçoit des
cadeaux, le 10 novembre 2020.
Un rassemblement d'un million de personnes pour
accueillir Evo dans le tropique de Cochabamba
Evo Morales et Alvaro García
Linera au rassemblement de Chimoré, le 11 novembre
2020.
Lorsque la caravane est arrivée à destination à
Chimoré, il y avait une mer de monde à perte de
vue remplissant le tarmac de l'aéroport de la
ville, l'endroit même où, l'année précédente, Evo
et Alvaro s'étaient envolés vers le Mexique après
avoir accepté l'offre de ce gouvernement de s'y
réfugier.
L'événement a été
organisé par les Six Fédérations du tropique de
Cochabamba, le Syndicat des cultivateurs de coca
dont Evo est toujours le président. Étaient
présents des Boliviens de tous les horizons ainsi
que des ministres et des élus de la nouvelle
Assemblée législative plurinationale, d'autres
représentants de tous les niveaux de gouvernement,
des dirigeants autochtones et des membres du Pacte
de l'Unité des syndicats et des mouvements sociaux
qui ont travaillé à l'élection de Luis Arce et
David Choquehuanca et plusieurs autres qui sont
venus des quatre coins de la Bolivie, mais aussi
des pays voisins dont l'Équateur, le Pérou,
l'Argentine et d'autres, pour faire partie de ce
qui s'annonçait un événement historique, ce qu'il
fut.
Dans son discours, Evo a expliqué les
circonstances qui l'avaient poussé, lui et Alvaro,
à décider de quitter le pays – en particulier le
fait que la haute direction de la police et de
l'armée avait été soudoyée et était responsable de
la mutinerie à laquelle ces forces ont participé.
Il a remercié les milliers de travailleurs du
Tropico qui avaient encerclé l'aéroport pour que
l'avion les transportant au Mexique puisse
s'envoler dans la situation tendue qui régnait et
a dit qu'il ne s'était jamais senti abandonné
durant son exil à l'extérieur de la Bolivie.
Il a dit que si le coup avait été vaincu en
seulement un an, c'était grâce à la force, l'unité
et les convictions du peuple bolivien, et que
c'était aussi grâce à lui que les forces de la
droite n'avaient pu empêcher Luis Arce d'entrer en
fonction, bien qu'elles aient essayé de le faire
jusqu'à la veille de l'investiture. Il a rappelé
que la lutte devait se poursuivre.
« Aujourd'hui », a-t-il dit comme mot de la
fin, « ce n'est pas une question d'être
progressiste, populiste ou solidaire...si vous
n'êtes pas anti-impérialistes, vous n'êtes pas
révolutionnaires... C'est tout ! »
Le rassemblement a pris fin avec le discours
galvanisant d'Alvaro Garcia Linera qui a rendu
hommage à Evo et à ce qu'il représentait pour le
peuple bolivien, en particulier pour les peuples
autochtones, les campesinos, les travailleurs et
toutes les autres gens du peuple qui,
après 500 ans d'asservissement, se sont tenus
debout pour ne jamais plus courber l'échine. Il a
dit qu'Evo et lui continueraient de lutter pour la
cause tout au long de leur vie peu importe les
efforts des usurpateurs racistes, qui avaient
brûlé le wiphala, pour tenter de reprendre ce
qu'ils avaient perdu aux mains du peuple bolivien.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) envoie ses félicitations et
ses meilleurs voeux à Evo Morales, en cette
heureuse occasion de son retour en Bolivie afin de
poursuivre son travail dans ses nouvelles
fonctions pour le processus de changement commencé
il y a 14 ans visant à transformer la
Bolivie. Des félicitations particulières au peuple
bolivien, dont le courage, les convictions et la
détermination face à une situation extrêmement
difficile ont créé les conditions pour le retour
du dirigeant historique et fondateur du MAS-IPSP
en Bolivie. Grâce à ses efforts, le peuple a
riposté de façon cinglante aux forces criminelles
du coup, dont plusieurs s'empressent maintenant de
fuir la Bolivie, et à leurs alliés internationaux
– dont l'ingérence du gouvernement canadien fait
partie.
Voir les clips vidéo du retour d'Evo Morales
en Bolivie :
- Rassemblement
de minuit avec les mineurs à Uyuni, Potosí
- Les
campesinos autochtones saluent le retour d'Evo
lors du passage de la caravane à Potosí
- Vue
aérienne de la foule lors du rassemblement de
Chimoré dans le tropique de Cochabamba
Discours d'investiture du président Luis Arce, le
8 novembre 2020
LML
publie à titre d'information pour ses lecteurs des
traductions non officielles du discours inaugural
du président Luis Arce et du discours du
vice-président David Choquehuanca livrés à
l'Assemblée législative plurinationale le 8
novembre 2020. Des liens vers la vidéo des
discours en espagnol sont aussi disponibles à la
fin du texte.
Discours d'investiture
du président de l'État plurinational de
Bolivie
Luis Arce
Honneur
et gloire à nos ancêtres qui nous ont toujours
accompagnés !
Honneur et gloire à tous nos martyrs de la
libération !
Honneur et gloire à ceux qui ont donné leur vie à
Senkata, Sacaba, El Pedregal !
Honneur et gloire aux héros du peuple qui ont
rétabli la démocratie !
Salutations au peuple bolivien, au frère
vice-président de l'État plurinational de Bolivie
et au président de l'Assemblée législative
plurinationale, frère, jilata David
Choquehuanca.
Aux frères, le roi Felipe VI d'Espagne, Felipe de
Borbon et Grecia; le président de la
République d'Argentine, Alberto Fernández; le
président de la République du Paraguay, Mario Abdo
Benítez; le président de la République de
Colombie, Ivan Duque Marquez; le président du
Conseil des ministres du Pérou, Walter Roger
Martos Ruiz; le deuxième vice-président de
l'Espagne, M. Pablo Iglesias.
Aux ministres des Affaires étrangères de la
République islamique d'Iran, de la République
orientale de l'Uruguay, de la République
bolivarienne du Venezuela et de la République du
Chili, Almuhamed Al Jasmi, délégué de Son Altesse,
le cheikh Khalifa bin Zayed bin Sultan Al Nahayan,
le président des Émirats arabes unis.
Aux parlementaires des pays frères, aux délégués
officiels d'autres pays qui sont parmi nous
aujourd'hui, aux secrétaires généraux de la CAN,
Parlasur; au secrétaire général ibéro-américain;
ALBA, à la Banque interaméricaine de
développement; aux représentants d'organisations
internationales, au corps diplomatique accrédité
en Bolivie; aux observateurs électoraux; au
président du Sénat; au président de la Chambre des
députés; à tous les sénateurs et députés.
Autorités nationales et infranationales de l'État
plurinational de Bolivie; autorités des
organes de l'État; haut commandement militaire et
policier; anciens présidents
démocratiques; autorités religieuses et
spirituelles.
Dirigeants d'organisations sociales, paysannes,
autochtones et ouvrières; représentants des partis
politiques, des dirigeants et des membres du
Mouvement vers le socialisme –
Instrument politique pour la souveraineté des
peuples.
Salutations à la famille de notre frère, jilata
David Choquehuanca, et salutations très spéciales
à ma famille – à ma
mère Olga, mon épouse, Lourdes, mes enfants :
Marcelo, Rafael, Camila.
Mes petits-enfants et toute ma famille, que je
remercie aujourd'hui de cette tribune pour toute
leur patience et leur soutien.
Pendant les années où j'ai été ministre de
l'Économie et des Finances publiques, j'ai
sacrifié de nombreuses années avec vous, pour me
consacrer au service de notre pays et,
aujourd'hui, je vous demande encore cinq ans de
patience et de tolérance.
Le gouvernement de facto
Je salue avec beaucoup d'affection toutes les
femmes et tous les hommes boliviens qui nous
accompagnent en ce jour historique pour le peuple
bolivien.
Au 10 novembre 2019, après 21
jours où la volonté populaire exprimée dans les
urnes a été cachée et où ils ont trouvé un
gagnant, la Bolivie était le théâtre d'une guerre
interne et systématique contre le peuple, en
particulier contre les plus humbles.
Les deux tâches que s'est donné le gouvernement
de facto : la pacification du pays et le
déclenchement immédiat des élections n'ont pas été
accomplies, bien au contraire. La mort, la peur et
la discrimination ont été semées, le racisme s'est
intensifié et la pandémie a été utilisée pour
étendre un gouvernement illégal et illégitime.
La persécution et la criminalisation déclenchées
par le régime contre les dirigeants du MAS-IPSP et
des mouvements sociaux, contre les humbles femmes
et hommes du peuple, ont entraîné des morts, des
sévices, des emprisonnements, des persécutions,
l'asile et l'exil.
Sacaba, Senkata et El Pedregal sont une preuve
irréfutable de la brutalité du régime, mais ils
sont aussi un symbole de dignité et de résistance
aux côtés d'hommes comme Carlos Orlando Gutierrez
Luna, un grand dirigeant minier qui a bravement
combattu pour le rétablissement de la démocratie
et qui vivra toujours dans le coeur du peuple.
Mais, comme dirait Marcelo Quiroga Santa Cruz, ce
dirigeant socialiste assassiné lors d'un autre
coup d'État en 1980, ce n'est pas la haine
qui anime nos actions, mais une passion pour la
justice.
Une nouvelle étape
Ce 8 novembre 2020, nous entamons une
nouvelle étape de notre histoire, et nous voulons
le faire avec un gouvernement qui est de tous et
pour tous, sans discrimination d'aucune sorte.
Notre gouvernement cherchera à tout moment à
reconstruire notre patrie dans l'unité pour vivre
en paix.
Sur cette voie, la démocratie est une valeur
fondamentale des peuples et c'est celle qui
exprime sans équivoque la volonté de la population
et est aussi un axe organisateur de notre
institutionnalité et de notre société.
La démocratie n'est pas seulement le vote pour
élire les autorités à tous les niveaux, mais aussi
des élections ouvertes et équitables. C'est la
participation de tous et de toutes, sans
l'exclusion de personne, encore plus des majorités
culturelles sociales et nationales. C'est la
protection des droits civils et politiques tels
que la liberté d'expression et la liberté
d'organisation. C'est le pluralisme politique.
Toutes ces exigences pour qualifier un système de
démocratique ont été mutilées en un an de
gouvernement de facto. Pendant des mois, leurs
bouches ont été remplies de démocratie pour
certains, tout en essayant d'illégaliser non
seulement le MAS, mais le peuple dans son
ensemble.
Depuis le rétablissement de la démocratie en
Bolivie en 1982, qui était le produit de la
lutte du peuple bolivien, jamais jusqu'à présent
il n'y a eu la preuve d'une démocratie mutilée de
son contenu central. Une immense majorité
multinationale fait face au danger de la
proscription, de la criminalisation et de la
persécution.
Les mouvements sociaux, les paysans, les peuples
autochtones et les travailleurs ont été
stigmatisés. Nous étions appelés sauvages,
séditieux, terroristes. Les femmes de polleras
ont été humiliées, notre wiphala brûlé, ce qui est
comme se brûler, comme brûler nos racines. De
secteurs minoritaires de la population, comme cela
a été évident lors des élections d'octobre
dernier, ils ne voulaient une démocratie que pour
quelques-uns.
En fait, ces secteurs minoritaires ne lèvent le
drapeau de la démocratie que lorsque cela leur
convient, et quand ce n'est pas le cas, ils
recourent à la déstabilisation, à la violence et
aux coups d'État pour s'emparer du pouvoir.
Malheureusement, certains groupes veulent revenir
à une démocratie d'exclusion, qui mutile notre
plurinationalité, à laquelle ne participent pas
les majorités qui, avec l'effort de leur travail,
rendent possible la Bolivie de tous les jours.
Cependant, malgré ces conditions défavorables,
malgré le fait que la participation du peuple ait
été menacée par la violence du gouvernement de
facto et des groupes paramilitaires lors des
élections du 18 octobre, nous avons obtenu
une victoire historique aux urnes avec plus de
55 %.
« Nous sommes la majorité »
Nous sommes la majorité. Cela signifie que la
population bolivienne a voté pour la paix et la
stabilité, pour l'espoir et la dignité, pour la
réunion de toutes les femmes et de tous les hommes
boliviens.
Ce vote de 55,10 % n'appartient ni à
Luis Arce ni à David Choquehuanca. Ce vote est le
produit de la conscience et de l'organisation d'un
peuple qui ne veut pas de liberté pour
quelques-uns, mais pour tous.
C'est le vote d'un peuple qui ne veut pas du
bien-être pour quelques-uns, mais pour
tous; qui ne veut pas du bonheur pour
quelques-uns, mais pour tous.
Nous assumons ce mandat que la population nous
donne – le peuple – de travailler sans relâche et
humblement pour la reconstruction de notre patrie,
et nous nous engageons à rectifier ce qui n'allait
pas et à renforcer ce qui était juste.
En octobre 2020, la démocratie
interculturelle a triomphé, la démocratie qui
permet la délibération et l'organisation d'en bas
a triomphé, et la démocratie qui traduit cette
volonté, cette force créatrice par le vote, a
triomphé. Mais la démocratie est aussi la
matérialisation des droits contenus dans notre
Constitution politique de l'État.
Il est inutile d'élire les autorités en votant
si, en même temps, les personnes à qui la
démocratie est due sont privées de droits
fondamentaux, tels que l'accès à la santé, à
l'éducation, au travail, aux revenus et au
logement.
La démocratie, c'est avoir le droit de jouir de
la richesse qui est pour tout le monde et non pour
quelques-uns, comme nous l'avons soutenu
pendant 14 ans et que nous allons approfondir
dans notre gouvernement : la redistribution
des revenus. Les obligations iront toujours de
pair avec notre politique économique.
Nous allons travailler ensemble pour retrouver
les niveaux de croissance que le gouvernement de
facto a brisés, et nous le ferons en réduisant la
pauvreté, ainsi que les inégalités économiques et
sociales. Ce sont les principes qui guident notre
modèle socio-économique de communauté productive
sur lequel nous reviendrons.
La « triple crise »
Aujourd'hui, notre pays fait face à une triple
crise qui a débuté en novembre 2019 avec le coup
d'État et s'est aggravée avec la pandémie.
La crise politique engendrée par un gouvernement
qui n'est pas sorti des urnes ou qui n'a pas
respecté les règlements de l'Assemblée législative
plurinationale, encore moins son adhésion à la
Constitution politique de l'État.
La crise sanitaire résultant de l'émergence de la
pandémie mondiale de la COVID-19 en Bolivie et à
laquelle le gouvernement de facto n'a pas été en
mesure d'apporter une réponse globale adéquate.
La crise économique découle de l'incapacité du
gouvernement à générer la stabilité et la
croissance avec la justice sociale. En un an, tous
les gains du peuple bolivien ont reculé.
Il y a ceux qui ont fait valoir que la situation
actuelle est uniquement et exclusivement le
produit de l'action de cet ennemi silencieux
appelé COVID-19, mais vouloir blâmer la pandémie
pour cette situation n'est pas juste. La crise se
profile à l'horizon depuis le coup d'État, après
le brusque changement de politique économique, et
est exacerbée par les effets de la crise
sanitaire.
Aujourd'hui notre économie nationale est plongée
dans une profonde récession. Le PIB a récemment
chuté de 11,1 %.
Selon les données publiées par l'Institut
national de statistique, au deuxième trimestre de
cette année, notre pays, qui a été au premier rang
de la croissance économique en Amérique du Sud
pendant six ans dans la période entre 2006 et
novembre 2019, est passé au dernier rang sur
le plan économique, son pire rendement
depuis 40 ans. De la même façon, le déficit
fiscal prévu en 2020 atteint 12,1 %
et devient le déficit le plus élevé depuis la
période de l'UDP [Union populaire démocratique].
Le déficit du secteur public financier en date de
septembre atteint déjà 5,6 %.
Quant à la Trésorerie générale, son budget
prévoit un déficit de 8,7 %, qui
s'explique en partie par l'augmentation des
dépenses courantes depuis le déficit courant du
Trésor de l'administration actuelle qui est
à 8,1 %. Ces chiffres montrent que
seulement en un an de gestion économique par le
gouvernement de facto, nous sommes passés d'une
économie qui encourageait l'investissement public
et la redistribution de revenu à la nécessité de
contracter une dette publique pour payer les
salaires du secteur public. Il y a eu une
augmentation dramatique de la dette publique.
Entre novembre 2019 et octobre 2020, le
gouvernement de transition a endetté le pays de
plus de 4,2 milliards de dollars, compte tenu
de la dette interne et externe. Notamment, il a
contracté une dette envers la Banque centrale de
la Bolivie d'un montant de près de 1,9 milliard et
de 800 millions par des enchères publiques
d'obligations du Trésor général. Pour ce qui est
de la dette étrangère, les crédits étrangers
encourus ont été de l'ordre de plus de 1,5
milliard. À la fin de l'année, ils ont prévu une
dette additionnelle de 4,4 milliards de
bolivars sur le marché domestique.
Les réserves internationales nettes ont chuté
de 881 millions entre novembre 2019 et
octobre 2020, une chute de près 13 % en
date de novembre 2019.
Les réserves internationales
totalisaient 6,459 milliards, et en date
d'octobre de cette année, elles sont seulement
de 5,578 milliards. Seulement pour le mois
d'octobre, les réserves ont baissé de 777
millions.
Le gouvernement de facto laisse l'économie avec
des chiffres qu'on ne voyait pas même pendant une
des pires crises que la Bolivie a connues, sous le
gouvernement UDP durant la décennie des
années 1980 au siècle dernier. Le chômage, la
pauvreté et les inégalités ont augmenté. Nous
devons relever l'important défi de rebâtir notre
économie, d'engendrer la stabilité et la
croissance par la redistribution du revenu, de
réduire les inégalités économiques et sociales, et
nous sommes convaincus qu'en travaillant ensemble,
avec le peuple, nous réussirons une fois de plus à
surmonter l'adversité.
Un message d'espoir
Aujourd'hui, nous sommes ici pour livrer un
message d'espoir à toutes les nations qui
composent la Bolivie, à toutes ces femmes et
hommes braves qui sortent tous les jours pour
surmonter cette situation difficile. Ils sont un
exemple pour la classe politique qui doit tourner
cette triste page de son histoire, examiner le
présent avec responsabilité et engagement et
envisager l'avenir avec optimisme, tout en se
concentrant sur un seul objectif : le
bien-être de chaque Bolivien.
C'est pourquoi nous allons continuer de bâtir une
économie plurielle et diversifiée qui reprend,
consolide et encourage tout le potentiel que nous
avons, les initiatives et les capacités de la
Bolivie provenant de la communauté des peuples
autochtones et des paysans, de l'État, du secteur
privé, des coopératives et de la grande diversité
culturelle.
Depuis des mois, nous préparons une série
d'actions pour activer notre économie et stimuler
l'économie interne. Nous avons de grands projets
que nous allons lancer progressivement dans les
mois qui viennent, respectant ainsi notre
engagement électoral envers le peuple, parce que
chaque jour qui passe sans que nous ne passions à
l'action fait en sorte que la situation en Bolivie
devient plus complexe.
Plus que jamais, notre pays aujourd'hui a besoin
d'un effort et d'une mobilisation coordonnée entre
la société civile et tous les organes de l'État,
entre le secteur public et le secteur privé ainsi
qu'entre les divers groupes politiques.
En dépit des différends, nous avons l'obligation
d'être là pour le peuple, qui exige l'unité, la
paix et la stabilité.
Il faut l'unité et la complémentarité entre l'est
et l'ouest, entre la ville et la campagne. Nous
sommes tous la Bolivie, nous devons mettre fin à
la peur en Bolivie.
Je crois en la justice, et non dans l'entretien
d'un environnement de hargne et de vengeance, qui
ne respecte pas la diversité des opinions, où
l'appartenance à un autre parti ou à une autre
couleur politique fait de vous un objet de haine.
Cela doit cesser. Je crois en la consolidation et
j'appuie la consolidation du cadre institutionnel
de l'État, la création d'un environnement
sécuritaire et stable, où les seuls qui devraient
avoir peur sont les contrevenants, les criminels,
les gens violents et ceux qui commettent des actes
de corruption.
Notre gouvernement travaillera en étant axé sur
le présent et l'avenir, au service du peuple
bolivien, des intérêts collectifs et non des
intérêts privés mesquins.
« Nous sommes une nation souveraine »
De cette tribune où la volonté démocratique de
notre peuple est concentrée, je tiens aussi à
m'adresser à la communauté internationale, aux
soeurs et aux frères d'autres pays qui nous
visitent aujourd'hui. Nous sommes une nation
souveraine, avec un gouvernement né dans la boîte
de scrutin et nous voulons oeuvrer à un monde
multipolaire, dans lequel il n'y a pas la
suprématie d'une puissance quelle qu'elle soit et
dans lequel tous les États et tous les êtres
humains vivent sans peur, sans guerres, sans
haine, sans pillage de nos ressources naturelles,
sans exploitation, sans racisme ni discrimination,
sans menaces et sans aucune sorte de pression.
Aujourd'hui, nous embrassons plus que jamais les
principes d'autodétermination des peuples, de
non-ingérence, de non-alignement et d'entière
égalité juridique et politique de tous les États
sans aucune forme de subordination.
Nous nous engageons à oeuvrer à une intégration
émancipatoire et sans subordination qui comprend
toutes les sphères de la vie, que ce soit la
santé, l'éducation ou les entreprises
commerciales.
Nous exigeons l'intégration sud-sud dans un monde
globalisé qui ne se laisse pas imposer des
ambitions venant du nord.
Nous défendons l'unité politique de la diversité
de l'Amérique latine et des Caraïbes. La CÉLAC est
la meilleure façon d'atteindre une cause aussi
noble et historique.
Nous adhérons une fois de plus à la résolution
de 2014 de la CÉLAC, où nous avons déclaré
l'Amérique latine et les Caraïbes une zone de
paix.
Nous hissons la bannière de la diplomatie du
peuple pour une vie et un monde sans murs. Nous
devons mettre fin à tout ce qui nous empêche de
nous reconnaître en tant qu'égaux, en tant que
soeurs et frères.
Dans notre sous-région, nous proposons le
rétablissement d'Unasur en tant qu'espace pour
l'intégration et mécanisme de dialogue politique
où nous participons tous, peu importe
l'orientation politique de nos gouvernements.
« J'assume la présidence avec humilité »
Cher peuple bolivien, je suis devant vous tous
aujourd'hui, rempli d'une grande émotion et d'un
énorme sens des responsabilités qui vient de
l'amour que j'ai pour mon pays, pour nos racines
et pour le peuple, mais qui vient aussi des
engagements pris avant cette campagne politique.
C'est pourquoi je veux réaffirmer du haut de cette
tribune mon engagement à honorer chacun de ces
engagements.
J'assume la présidence de l'État plurinational de
l'État de Bolivie avec grande humilité, avec un
grand honneur et une profonde gratitude pour la
confiance que vous nous avez accordée.
Nous gouvernerons avec responsabilité et
inclusion, vous représentant tous, apportant les
changements nécessaires pour que la Bolivie
reprenne le chemin de la stabilité le plus tôt
possible.
Aujourd'hui, nous relevons l'énorme défi d'écrire
ensemble les mots qui définiront les cinq
prochaines années de notre histoire, en espérant
qu'on se souvienne de nous comme d'un gouvernement
sous lequel le peuple bolivien s'est dressé pour
retrouver la démocratie, la dignité, la paix, la
croissance et la justice sociale.
Nous travaillerons inlassablement pour servir le
peuple bolivarien. Nous vaincrons la pandémie,
nous vaincrons la crise comme nous l'avons fait
dans le passé, parce que nous sommes un peuple
combatif, persévérant et courageux qui regarde de
l'avant sans crainte, avec optimisme et avec la
conviction d'être capable d'accomplir ces choses.
Lors de mes voyages partout en Bolivie, avec mon
frère jilata David, j'ai ressenti la
souffrance, mais aussi l'espoir de millions de
Boliviens.
Je n'oublierai jamais les larmes, les étreintes,
les sourires, les paroles de force qu'ils m'ont
données en tout temps, ni les histoires
personnelles qu'ils ont partagées avec moi à
chaque endroit que j'ai visité.
Nous n'oublierons jamais les espoirs de ceux qui
ont été tellement affectés dans cette année
marquée par ce coup porté à la démocratie et par
cette cruelle pandémie.
Leurs visages, leurs voix, leur amour et leur
espoir seront toujours avec moi aujourd'hui et
m'accompagneront en tout temps au cours des cinq
prochaines années.
En vertu de votre mandat, chers soeurs et frères,
j'assume avec grande humilité et responsabilité la
présidence de l'État plurinational.
Je regarde le passé, tout ce que nous avons vécu
et tout ce que nous avons surmonté. Je lève les
yeux et je vois qu'une Bolivie meilleure est
possible, grâce à la participation et au travail
de tous les Boliviens.
Marchons en paix, ensemble, pour réaliser nos
objectifs. Allons de l'avant !
Vive l'État plurinational de Bolivie !
Honneur et gloire au peuple bolivien !
Merci beaucoup.
Discours d'investiture du
vice-président de l'État plurinational de
Bolivie David Choquehuanca
Avec la
permission de nos dieux, de nos frères aînés et de
notre Pachamama, de nos ancêtres, de nos achachilas,
avec la permission de notre Patuju, de
notre arc-en-ciel, notre feuille de coca sacrée.
Avec la permission de nos peuples, avec la
permission de tous ceux qui sont présents et
absents dans cet hémicycle.
Aujourd'hui, permettez-moi de prendre quelques
minutes afin de partager notre vision avec vous.
La communication, le dialogue est une obligation,
c'est un principe du vivre bien.
Les peuples des cultures millénaires, ceux de la
culture de la vie, avons conservé nos origines
depuis la nuit des temps.
Nous, les enfants, avons hérité d'une ancienne
culture qui comprend que tout est lié, sans
division ni exclusion.
C'est la raison pour laquelle on nous a dit de
nous unir, d'aller ensemble, sans laisser tomber
personne, pour que tout le monde ait tout et que
personne ne manque de rien.
Le bien-être collectif est le bien-être
individuel, aider nous aide à grandir et à être
heureux, renoncer à quelque chose au profit de son
prochain nous renforce. S'unir et se reconnaître
dans le 'tout' est la voie du passé, du présent,
de demain et de toujours, cette voie de laquelle
nous ne nous sommes jamais éloignés.
L'ayni, la minka, la tumpa,
notre colka et autres codes des cultures
millénaires sont l'essence de nos vies, de notre
ayllu.
Ayllu n'est pas uniquement l'organisation
sociétale des êtres humains, ayllu est un
système d'organisation de la vie, de tous les
êtres vivants, de tout ce qui existe, de tout ce
qui s'écoule, en équilibre avec notre planète ou
notre mère, la terre.
Des siècles durant, les modèles de civilisation
de Abya Yala ont été déstructurés et beaucoup
d'entre eux exterminés, la pensée originelle a
systématiquement été soumise à celle des colons.
Malgré tout cela, ils n'ont pas réussi à nous
faire disparaître, nous sommes en vie, nous venons
de Tiwanacu, nous sommes forts comme la pierre,
nous sommes kalawawa , nous sommes cholke,
sinchi, Rumy, nous sommes Jenecheru, le feu
qui ne s'éteint jamais, nous venons de Samaipata,
nous sommes le jaguar, nous sommes Katari, nous
sommes les peuples Aïnous, Maoris, Comanches,
Mayas, nous sommes Guaranis, Mapuches, Mojos, nous
sommes Aymaras, Quechuas, Jokis et nous sommes
tous les peuples faisant partie de la culture de
la vie, qui avons réveillé notre larama,
le même larama qu'autrefois, un rebelle
empli de sagesse.
Une transition à tous les 2 000 ans
Aujourd'hui, la Bolivie et le monde vivent une
transition qui se répète chaque 2 000
ans, le cycle des temps, nous passons de
l'intemporel au temporel, amorçant une ère
nouvelle, un autre Pachakuti dans notre
histoire.
Un soleil nouveau et une nouvelle expression dans
le langage de la vie, où l'empathie pour l'autre
ou le bien collectif remplace l'individualisme
égoïste, avec des Boliviens qui se considèrent
tous égaux et conscients qu'ensemble nous sommes
plus forts. Le temps est venu de retourner au Jiwasa,
il ne s'agit pas du 'soi' mais du 'nous'.
Jiwasa représente la fin de
l'égocentrisme, Jiwasa est la mort de
l'anthropocentrisme et la fin de l'eurocentrisme.
Il est temps de redevenir Jisambae, ce
code qui a protégé nos frères et soeurs Guaranis
et également Jambae, un être qui n'a pas
de maître, personne dans ce monde doit se sentir
maître ou propriétaire de quiconque ou quoi que ce
soit.
Depuis l'année 2006, nous avons entamé en
Bolivie un travail exigeant dans le but de
connecter nos racines individuelles et collectives
pour redevenir nous-mêmes, nous recentrer, revenir
à notre taypi, à la pacha, à
l'équilibre qui laisse émerger la sagesse des
civilisations les plus importantes de notre monde.
Nous sommes en plein processus de récupération de
nos connaissances, des codes de la culture de la
vie, des schémas de civilisation d'une société qui
vivait en intime connexion avec le cosmos, la
terre, la nature, la vie individuelle et
collective, de construction de notre sumak
kamaña, de notre sumajakalle,
garantissant ainsi le bien-être individuel et
commun.
Chachawarmi
Nous sommes en période de récupération de notre
identité, notre racine culturelle, notre sapi,
nous avons cela, nous avons une philosophie, une
histoire, nous avons de tout, nous sommes des
êtres humains et nous avons des droits.
Une des références inébranlables de notre
civilisation est la sagesse héritée des
connaissances liées à la terre, garantir
l'équilibre en tout temps et espace. C'est savoir
comment gérer toutes les énergies complémentaires,
celle cosmique venant du ciel avec celle qui
émerge du centre de la terre.
Ces deux forces telluriques interagissent en
créant ce qu'on appelle la vie, un 'tout' composé
de ce qui est visible, Pachamama et
spirituel, Pachakama.
En appréhendant la vie du point de vue des
énergies, nous avons la possibilité de modifier
notre histoire, la matière et la vie, telle la
convergence de la force chachawarmi,
lorsque l'on se réfère à la complémentarité des
opposés.
Les temps nouveaux que nous commençons seront
soutenus par l'énergie de l'ayllu, la
communauté, les consensus, l'horizontalité, les
équilibres complémentaires et le bien commun.
Historiquement, on entend la révolution comme un
acte politique pour changer la structure sociale
pour ainsi transformer la vie de l'individu.
Aucune des révolutions a réussi à modifier la
conservation du pouvoir pour maintenir le contrôle
sur les personnes.
« Notre révolution est une révolution des
idées »
Il n'a pas été possible de changer la nature du
pouvoir, cependant le pouvoir lui a réussi à
déformer l'esprit des politiciens, il a pu les
corrompre. Il est très difficile de modifier
l'influence du pouvoir et de ses institutions,
mais c'est un défi que nous relèverons avec la
sagesse de nos peuples. Notre révolution est une
révolution des idées, elle est une révolution des
équilibres, car nous sommes convaincus que pour
transformer la société, le gouvernement, la
bureaucratie, les lois et le système politique,
nous devons nous transformer en tant qu'individus.
Nous allons promouvoir les conjonctions avec
l'opposition afin de chercher des solutions entre
la gauche et la droite, la jeunesse rebelle et la
sagesse des anciens, entre les limites de la
science et la nature sans faille, les minorités
créatives et les majorités traditionnelles, entre
les malades et ceux qui ne le sont pas, les
gouvernants et les gouvernés, entre leadership et
don de soi pour servir les autres.
Notre vérité est très simple, le condor prend son
envol à la seule condition que son aile droite
soit en parfait équilibre avec son aile gauche. La
tâche de nous former pour devenir des êtres
équilibrés a été brutalement interrompue il y a
des siècles de cela, nous n'avons pu la mener à
bien, mais à présent l'heure de l'ère de l'ayllu,
la communauté, est arrivée et est avec nous.
Cela implique que nous soyons des individus
libres et équilibrés pour construire des relations
harmonieuses avec les autres et notre entourage.
Il est urgent que nous soyons des êtres aptes à
maintenir les équilibres pour soi et la
communauté.
Nous sommes à l'époque des frères de la apanaka
pachakuti, nous ne luttions pas seulement
pour nous, mais aussi pour eux et surtout pas
contre eux, nous luttions pour obtenir un mandat,
nous ne cherchions pas l'affrontement, au
contraire, nous cherchions la paix. Nous
n'appartenons pas à la culture de la guerre, ni de
la domination, notre lutte vise toute tentative de
soumission et combat la pensée unique coloniale,
patriarcale, qu'elle vienne d'où elle vienne.
L'idée de la rencontre entre l'esprit et la
matière, le ciel et la terre, Pachamama et
Pachakama, nous permet de penser qu'une
femme et un homme nouveau puissent guérir
l'humanité, la planète et la sublime vie qui la
compose, pour rendre la beauté à notre Terre Mère.
Nous défendrons les trésors sacrés de notre
culture face à toute ingérence, nous défendrons
nos peuples, nos ressources naturelles, nos
libertés et nos droits.
« Nous retournerons à notre Kapak Ñan »
Nous retournerons à notre Kapak Ñan, le
noble chemin vers l'unité, la voie du respect
envers nos autorités, pour nos soeurs, le chemin
du respect pour le feu, la pluie, le respect de
nos montagnes, nos rivières, notre mère la terre,
le chemin vers le respect de la souveraineté de
nos peuples.
Frères et soeurs, pour conclure, les Boliviens
doivent surmonter la division, la haine, le
racisme, la discrimination entre compatriotes,
finissons-en avec la persécution de la liberté
d'expression et la judiciarisation de la
politique.
Finissons-en avec l'abus de pouvoir, celui-ci
doit être employé pour aider, le pouvoir doit
circuler, comme l'économie, il doit être
redistribué, il doit circuler, s'écouler, comme le
sang s'écoule dans notre organisme. Plus
d'impunité mais justice, frères et soeurs.
Mais la justice doit véritablement être
indépendante, mettons un terme à l'intolérance, à
l'humiliation et la violation des droits humains
et de la Terre-Mère.
Le temps nouveau signifie être à l'écoute du
message de nos peuples qui a été émis du fond de
leurs coeurs, cela signifie guérir des blessures,
nous regarder avec respect, récupérer la patrie,
rêver ensemble, construire la fraternité,
l'harmonie, l'intégration et l'espoir afin de
garantir la paix et le bonheur des générations à
venir.
C'est uniquement de cette manière que nous
atteindrons le vivre bien et la gouvernance par
nous-mêmes.
Vive la Bolivie ! Jallalla !
Pour la vidéo complète en espagnol du discours
inaugural du président Luis Arce cliquer
ici et celui du vice-président et
président de l'Assemblée législative
plurinationale, David Choquehuanca cliquer
ici.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
PDF
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web : www.pccml.ca Courriel :
redaction@cpcml.ca
|