Les résultats des élections aux
États-Unis
Une élection contestée qui accroît le mécontentement envers l'ensemble du système
- Kathleen Chandler -
Les élections présidentielles américaines sont
censées contribuer à « faire baisser la
température », comme le dit Joe Biden, des
conflits
qui opposent les factions de l'élite dirigeante.
Elles sont
également censées donner à la présidence et
aux institutions leur vernis démocratique, à
savoir
l'apparence que quiconque est élu avec « le
consentement des gouvernés ». Sans ce vernis
démocratique, il est impossible de cacher le fait
que le peuple
est exclu du gouvernement.
Toutefois,
les résultats des élections actuelles ne
rétablissent en rien la crédibilité du
système démocratique américain. Le conflit qui
perdure, en particulier la possibilité d'une
intervention de la
Cour suprême et d'un éventuel recours aux forces
armées contre le peuple, n'a fait qu'exacerber la
colère
populaire.
Les poursuites judiciaires de Donald Trump en
Pennsylvanie
pourraient aller jusque devant la Cour suprême,
tout comme les
autres entamées pour bloquer la certification du
vote au
Michigan et en Pennsylvanie. Une intervention de
la Cour suprême
pourrait avoir des répercussions dans d'autres
États et
éventuellement remettre en question
suffisamment de votes du Collège électoral de Joe
Biden
pour envoyer le conflit à la Chambre des
représentants.
Chacun de ces résultats se heurterait à la
résistance du peuple. C'est sans doute en
prévision de
cette possibilité que Donald Trump a limogé son
secrétaire à la Défense, Mark Esper, et l'a
remplacé par Christopher Miller. Mark Esper était
parmi
ceux qui ont contesté les menaces de Donald Trump
d'utiliser les
forces armées contre les
manifestants. On s'attend à ce que Christopher
Miller, un autre
homme des forces armées, soutienne et exécute une
telle
mesure. Toutefois, étant donné le conflit, il
n'est pas
possible de prévoir la réaction des officiers
supérieurs des forces armées, des soldats en
service
actif et de la Garde nationale.
La force de la résistance est telle que les
syndicats
représentant 600 000 membres appellent à
la
grève générale si Donald Trump conteste ou
discrédite les résultats des élections et refuse
de concéder sa défaite. Ce sont 70 000
travailleurs à Rochester, dans l'État de New
York, 60 000 dans l'ouest du
Massachusetts, des centaines de milliers dans le
Midwest, le conseil du
travail de Seattle, qui compte 200 000
membres, et
l'Association des agents de bord qui en
compte 50 000.
Manifestation à Philadelphie, Pennsylvanie, le 7 novembre 2020.
De plus, 100 membres du clergé
afro-américain,
qui représentent des dizaines de milliers de
personnes, ont
signé une pétition en ligne qui appelle à une
grève générale si Donald Trump « tente un
coup d'État ou refuse de respecter le résultat
légitime de l'élection ». Ils ont
déclaré : « Nous aurons besoin de nombreuses
tactiques différentes – manifestations,
occupations de
capitales d'État, grèves – mais fondamentalement,
tout
cela exigera l'unité, du courage, de la
préparation et de
la discipline. »
Alors que dans tout le pays, tous sont prêts à
faire
entendre leur voix, d'autres actions sont
également
prévues pour le 1er décembre, date à laquelle
la plupart des États devraient avoir certifié leur
vote.
Les luttes pour l'égalité, la justice et la
responsabilité, en cours depuis le mois de mai, se
poursuivent
également.
Cette
position n'est pas dirigée seulement contre Donald
Trump et ses
efforts pour contester et discréditer l'élection.
C'est
le reflet de la revendication croissante du peuple
d'avoir son mot
à dire au-delà du vote. Les travailleurs, en
particulier,
affirment qu'ils ont un rôle à jouer dans la vie
politique
du pays et dans la définition d'une démocratie
qui sert leurs intérêts et non ceux des riches. Le
dysfonctionnement du système actuel est largement
débattu. Tout aussi important est la revendication
que c'est le
peuple qui a besoin d'être en contrôle, qui est
apte
à gouverner et à prendre les décisions et non les
riches.
Il ne fait aucun doute que beaucoup ont voté pour
Joe Biden,
bien que les 80 millions d'électeurs
admissibles qui n'ont
pas voté, selon les estimations, dépassent encore
ses 75
millions, ce qui ne représente
qu'environ 25 % des
votes admissibles. Il est également largement
reconnu que les
choix donnés pour le président ne
représentaient que les riches et les servaient. De
fait,
l'absence de représentation à quelque niveau que
ce soit
des, par et pour les travailleurs fait partie des
débats en ce
moment, un débat qu'une grève générale ne
ferait que renforcer.
Pour Donald Trump comme pour Joe Biden, le fait
que
l'élection soit contestée est un problème
important, notamment avec la possibilité d'une
intervention de
la Cour suprême, d'une intervention des forces
armées ou
d'une décision du Congrès. Le manque de
crédibilité et de légitimité de la
démocratie force un recours toujours plus
important
aux pouvoirs de police de l'exécutif, ce qui ne
fait qu'aggraver
les contradictions entre les dirigeants et le
peuple sur la question de
qui décide. La lutte du peuple pour une démocratie
moderne du peuple qui sert le peuple est à l'ordre
du jour.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 73 - 16 novembre 2020
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États-Unis: Une élection contestée qui accroît le mécontentement envers l'ensemble du système - Kathleen Chandler
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