Les résultats des élections aux États-Unis

Une élection contestée qui accroît le mécontentement envers l'ensemble du système

Les élections présidentielles américaines sont censées contribuer à « faire baisser la température », comme le dit Joe Biden, des conflits qui opposent les factions de l'élite dirigeante. Elles sont également censées donner à la présidence et aux institutions leur vernis démocratique, à savoir l'apparence que quiconque est élu avec « le consentement des gouvernés ». Sans ce vernis démocratique, il est impossible de cacher le fait que le peuple est exclu du gouvernement.

Toutefois, les résultats des élections actuelles ne rétablissent en rien la crédibilité du système démocratique américain. Le conflit qui perdure, en particulier la possibilité d'une intervention de la Cour suprême et d'un éventuel recours aux forces armées contre le peuple, n'a fait qu'exacerber la colère populaire.

Les poursuites judiciaires de Donald Trump en Pennsylvanie pourraient aller jusque devant la Cour suprême, tout comme les autres entamées pour bloquer la certification du vote au Michigan et en Pennsylvanie. Une intervention de la Cour suprême pourrait avoir des répercussions dans d'autres États et éventuellement remettre en question suffisamment de votes du Collège électoral de Joe Biden pour envoyer le conflit à la Chambre des représentants.

Chacun de ces résultats se heurterait à la résistance du peuple. C'est sans doute en prévision de cette possibilité que Donald Trump a limogé son secrétaire à la Défense, Mark Esper, et l'a remplacé par Christopher Miller. Mark Esper était parmi ceux qui ont contesté les menaces de Donald Trump d'utiliser les forces armées contre les manifestants. On s'attend à ce que Christopher Miller, un autre homme des forces armées, soutienne et exécute une telle mesure. Toutefois, étant donné le conflit, il n'est pas possible de prévoir la réaction des officiers supérieurs des forces armées, des soldats en service actif et de la Garde nationale.

La force de la résistance est telle que les syndicats représentant 600 000 membres appellent à la grève générale si Donald Trump conteste ou discrédite les résultats des élections et refuse de concéder sa défaite. Ce sont 70 000 travailleurs à Rochester, dans l'État de New York, 60 000 dans l'ouest du Massachusetts, des centaines de milliers dans le Midwest, le conseil du travail de Seattle, qui compte 200 000 membres, et l'Association des agents de bord qui en compte 50 000.


Manifestation à Philadelphie, Pennsylvanie, le 7 novembre 2020.

De plus, 100 membres du clergé afro-américain, qui représentent des dizaines de milliers de personnes, ont signé une pétition en ligne qui appelle à une grève générale si Donald Trump « tente un coup d'État ou refuse de respecter le résultat légitime de l'élection ». Ils ont déclaré : « Nous aurons besoin de nombreuses tactiques différentes – manifestations, occupations de capitales d'État, grèves – mais fondamentalement, tout cela exigera l'unité, du courage, de la préparation et de la discipline. »

Alors que dans tout le pays, tous sont prêts à faire entendre leur voix, d'autres actions sont également prévues pour le 1er décembre, date à laquelle la plupart des États devraient avoir certifié leur vote. Les luttes pour l'égalité, la justice et la responsabilité, en cours depuis le mois de mai, se poursuivent également.

Cette position n'est pas dirigée seulement contre Donald Trump et ses efforts pour contester et discréditer l'élection. C'est le reflet de la revendication croissante du peuple d'avoir son mot à dire au-delà du vote. Les travailleurs, en particulier, affirment qu'ils ont un rôle à jouer dans la vie politique du pays et dans la définition d'une démocratie qui sert leurs intérêts et non ceux des riches. Le dysfonctionnement du système actuel est largement débattu. Tout aussi important est la revendication que c'est le peuple qui a besoin d'être en contrôle, qui est apte à gouverner et à prendre les décisions et non les riches.

Il ne fait aucun doute que beaucoup ont voté pour Joe Biden, bien que les 80 millions d'électeurs admissibles qui n'ont pas voté, selon les estimations, dépassent encore ses 75 millions, ce qui ne représente qu'environ 25 % des votes admissibles. Il est également largement reconnu que les choix donnés pour le président ne représentaient que les riches et les servaient. De fait, l'absence de représentation à quelque niveau que ce soit des, par et pour les travailleurs fait partie des débats en ce moment, un débat qu'une grève générale ne ferait que renforcer.

Pour Donald Trump comme pour Joe Biden, le fait que l'élection soit contestée est un problème important, notamment avec la possibilité d'une intervention de la Cour suprême, d'une intervention des forces armées ou d'une décision du Congrès. Le manque de crédibilité et de légitimité de la démocratie force un recours toujours plus important aux pouvoirs de police de l'exécutif, ce qui ne fait qu'aggraver les contradictions entre les dirigeants et le peuple sur la question de qui décide. La lutte du peuple pour une démocratie moderne du peuple qui sert le peuple est à l'ordre du jour.

(Photos : VOR, Philly We Rise.)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 73 - 16 novembre 2020

Lien de l'article:
Les résultats des élections aux États-Unis: Une élection contestée qui accroît le mécontentement envers l'ensemble du système - Kathleen Chandler


    

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