Numéro 63 - 10 octobre 2020
Des sujets de préoccupation pour le corps
politique
Les élections en Colombie-Britannique
soulignent l'impasse politique
• Des
élections pendant la crise de la pandémie et la
crise économique
- K.C. Adams -
• Les
résidents de Strathcona intensifient leurs
revendications
pour des logements sécuritaires
- Roland Verrier -
Les décrets ne vont pas contrôler la contagion de
la COVID-19
• Il
faut mobiliser le peuple et non la police pour
résoudre
le problème de la contagion de la COVID-19
- Normand Chouinard -
Lettre à la rédaction
• Objet: Le décret du
gouvernement du Québec
Les démarches pour détruire le système
universitaire albertain
• La
lutte pour l'avenir des universités, collèges et
institutions techniques en Alberta
- Dougal MacDonald -
Un statut de résident permanent pour tous les
travailleurs
migrants et les réfugiés, maintenant!
• Opposons-nous
au rôle du Canada dans l'exploitation et
le mauvais traitement des travailleurs migrants!
- Diane Johnston -
Actions pour que justice soit faite aux femmes et
filles autochtones
• Des
milliers se mobilisent devant la mort de Joyce
Echaquan
- Christine Dandenault -
Les droits autochtones aux Philippines
• Appuyons
les peuples Igorot de la Cordillère
- Steve Rutchinski -
Le droit à l'autodétermination du Venezuela
• Victoire
juridique importante pour la restitution de l'or
saisi par le gouvernement britannique
- Margaret Villamizar -
SUPPLÉMENT
50e anniversaire de la Loi sur les mesures de
guerre de 1970
• La
signification de la proclamation des mesures de
guerre
- Pauline Easton -
Des sujets de préoccupation pour
le corps politique
Les Britanno-Colombiens discutent de comment
voter à l'élection générale pour obtenir un
résultat qui leur soit favorable. Le processus
électoral est une farce car quel que soit le parti
politique qui formera le prochain gouvernement, il
suivra un programme pour payer les riches en
fonction des exigences de l'oligarchie financière
internationale. D'autre part, les élections ne
jouent plus le rôle qu'elles avaient dans la
résolution des conflits entre factions dans les
rangs de la classe dominante. Ces conflits
deviennent de plus en plus intenses dans les
conditions où différents intérêts privés étroits
rivalisent pour assumer directement le pouvoir de
décision.
Le chef du
gouvernement néodémocrate au pouvoir a déclenché
l'élection pour essayer d'obtenir une majorité
afin de pouvoir gouverner par décret dans les
circonstances exceptionnelles de la pandémie de la
COVID. Or, cette élection ne surmontera pas la
cause de l'impasse politique qui vient du fait
qu'aucun des partis en lice ne propose une
alternative viable pour l'économie de la
Colombie-Britannique.
La répartition des sièges des partis cartellisés
à la dissolution de l'Assemblée législative
était : 41 au NPD; 41 au Parti libéral;
deux au Parti vert; deux députés indépendants et
un siège vacant. Le NPD a formé le gouvernement
grâce à un accord de soutien et de confiance avec
le Parti vert qui devait durer jusqu'en
octobre 2021. Or, sentant une chance de
gagner plus de sièges, le NPD a rompu
unilatéralement l'accord et a déclenché des
élections pour le 24 octobre.
Le Parti libéral de la Colombie-Britannique a du
mal à se définir une personnalité distincte, car
son programme est le même programme néolibéral que
le NPD : les politiques néolibérales du
financement déficitaire, de l'emprunt massif aux
prêteurs privés et des dépenses énormes pour payer
les riches, soutenir l'entreprise privée et donner
un peu d'argent aux consommateurs pour faire
rouler l'économie, c'est-à-dire l'argent que les
gens doivent dépenser aussitôt qu'ils le
reçoivent.
Les sondages dans les médias favorisent le NPD
qui remporterait une majorité de sièges. Cela
soulève des inquiétudes parce que les
gouvernements majoritaires formés par les partis
cartellisés ont tendance à être beaucoup plus
agressifs dans leurs attaques contre les peuples
autochtones et la classe ouvrière et contre leurs
droits et revendications.
Désireux d'empêcher le NPD ou les libéraux de
remporter une majorité de sièges, beaucoup de
Britanno-Colombiens songent à voter pour le Parti
vert dans les circonscriptions où il a des chances
de l'emporter. À Chilliwack-Kent, les gens
pourraient voter pour le candidat indépendant
Jason Lum.
Si les verts sont éliminés sur l'île de
Vancouver, ce serait au profit d'un gouvernement
majoritaire néodémocrate. Les résidents de l'île
en sont conscients.
Les verts à eux seuls ne peuvent pas gagner
suffisamment de sièges pour empêcher une majorité
néodémocrate si le Parti libéral tombe à
seulement 35 sièges, comme le prévoient les
sondages. S'il y a une chance d'empêcher
l'élection d'un gouvernement majoritaire
néodémocrate, les gens qui vivent dans des
circonscriptions où la course est serrée entre le
NPD et les libéraux devront ou bien s'abstenir, ou
bien voter pour un petit parti ou un candidat
indépendant. Il ne s’agit pas de proposer de voter
pour les libéraux, mais simplement de ne pas voter
ou de voter pour un petit parti dans les
circonscriptions où le vote entre le NPD et les
libéraux devrait être serré.
- K.C. Adams -
De jeunes autochtones et leurs sympathisants se
rassemblent sur les marches de l'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique en
février 2020 pour tenir des discussions et
d'autres activités pour déterminer comment faire
entendre leur voix et faire reconnaître leurs
droits.
Le premier ministre de la Colombie-Britannique,
John Horgan, a annoncé des élections provinciales
pour le 24 octobre. En déclenchant des
élections, le gouvernement minoritaire du Nouveau
Parti démocratique a rompu unilatéralement une
entente avec le Parti vert selon laquelle il
devait gouverner jusqu'à l'année prochaine.
L'élection surprise déclenchée par le NPD a été
qualifiée d'attaque de choc et stupeur visant à
obtenir le contrôle absolu de l'Assemblée
législative.
Cette
farce électorale vise à faire obstacle au
mouvement du peuple pour s'investir du pouvoir.
Prétendre que l'élection d'un parti cartel en
particulier résoudra les problèmes auxquels font
face le peuple et l'économie est une vaste
déstabilisation et une vaste fraude. Le peuple
doit rester fidèle à ses efforts pour organiser
des actions avec analyse à la défense de ses
réclamations et des droits de tous et ne pas
succomber à cette fraude électorale au service des
riches. L'élite dirigeante a recours à la fraude
électorale pour convaincre les travailleurs de
chercher des solutions aux problèmes économiques
et sociaux en votant pour un parti cartellisé
plutôt qu'en s'investissant eux-mêmes du pouvoir
et en développant leurs organisations
indépendantes consacrées à la construction du
Nouveau.
Ces élections en temps de crise de la pandémie et
de crise économique révèlent de manière dramatique
les défaillances du processus électoral actuel.
L'élection telle qu'elle se déroule montre à quel
point la démocratie est absente pour les larges
masses du peuple et comment le peuple est écarté
de toute possibilité de participer d'une manière
significative au choix des candidats participant
aux élections et, ultérieurement, des membres du
gouvernement.
Le premier ministre Horgan a déclenché les
élections le 21 septembre. Quiconque voulait
être candidat devait s'enregistrer auprès
d'Élections Colombie-Britannique avant le 2
octobre. Aucun autre parti n'a été informé à
l'avance que les élections allaient être
déclenchées. Cela veut dire que le corps politique
et ses collectifs n'ont eu que onze jours pour
choisir et enregistrer leurs candidats. Ce fait
démontre à lui seul à quel point la procédure pour
choisir des candidats est désuète et rétrograde et
qu'elle exclut la vaste majorité du peuple et de
ses collectifs du processus dominé par les partis
politiques financés par l'État. Dans une
démocratie moderne, la sélection des candidats
doit être une des étapes les plus importantes d'un
processus auquel participent le peuple et ses
collectifs. Sinon, élire un gouvernement
représentatif ne veut rien dire.
Les partis politiques financés par l'État et les
médias de masse contrôlés par les monopoles
dominent un processus électoral corrompu par
lequel ce sont les partis cartels de l'élite
dominante qui sont portés au pouvoir, et non des
dirigeants choisis par le peuple et leurs
collectifs. La corruption est bien illustrée par
le fait que seuls deux partis financés par l'État,
le NPD et les libéraux, avaient suffisamment
d'argent et d'employés pour inscrire une liste
complète de 87 candidats. Même le Parti vert
n'a réussi qu'à en inscrire soixante-quatorze.
D'autres partis ont abandonné ou présenté un
nombre moindre de candidats.
Dix partis présenteront au moins un candidat, et
il y aura 24 candidats indépendants, pour un
total global de 332 candidats inscrits.
Ainsi, 10 partis participent aux élections,
alors qu'à l'élection provinciale de 2017,
leur nombre était de dix-huit. Dans cette
élection, 332 candidats sont inscrits,
comparativement à 371 à l'élection
précédente.
En conférence de presse, Sonia Furstenau, la
nouvelle dirigeante du Parti vert, a exprimé sa
consternation de voir que son parti présentait
moins de candidats qu'en 2017. Elle a accusé
le premier ministre Hogan de tirer avantage de la
position du NPD en tant que parti au pouvoir et de
l'appui que lui ont donné les médias dans leurs
reportages sur la pandémie.
« Nous avons été pris au dépourvu par ce
déclenchement d'une élection non nécessaire et
nous n'avions nommé aucun candidat puisque nous
croyions que l'Accord de soutien et de confiance
de même que la loi qui devait garantir que les
élections auraient lieu à une date fixe en
octobre 2021 tiendraient et que le
gouvernement néodémocrate respecterait son entente
ainsi que la loi. Il ne l'a pas fait », a dit
Sonia Furstenau.
Les partis politiques financés par l'État, les
entreprises de relations publiques et de
marketing, les groupes de réflexion néolibéraux et
les plus grands monopoles et cartels qui sont
actifs dans la province contrôlent le choix des
candidats et décident des questions qui doivent
dominer dans l'élection et les médias de masse.
Dans le processus électoral lui-même et les médias
de masse, le corps politique et ses collectifs ne
jouent aucun rôle dans la décision des enjeux
officiels et de ce qu'un gouvernement élu doit
faire pour assumer ses responsabilités sociales
envers le peuple et la société, et rendre des
comptes s'il ne le fait pas.
En raison des restrictions de santé provinciales
dues à la pandémie, le véritable caractère non
démocratique du processus électoral est révélé aux
yeux de tous. Aucun débat de tous les candidats
n'est prévu dans les circonscriptions. Très peu de
travail de masse peut être entrepris. Des
nouvelles à propos de l'élection apparaissent dans
des clips sonores et des publicités minutieusement
contrôlés dans les médias de masse impérialistes.
Les seules discussions qui sont tenues le sont
dans de petits collectifs n'ayant souvent aucun
lien avec le processus électoral.
Presque immédiatement après le déclenchement des
élections, le NPD s'est mis à diffuser des
publicités électorales à la télévision et ailleurs
pour attaquer le Parti libéral et dire au peuple
quels sont les enjeux dans ces élections.
Aussitôt, une série de publicités du Parti libéral
sont apparues pour attaquer le NPD et présenter sa
version des enjeux. Les publicités et la
couverture médiatique du NPD et du Parti libéral,
leurs attaques réciproques et leurs promesses et
objectifs politiques à long terme visent à
désinvestir le peuple du pouvoir et à le
dépolitiser pour le transformer en masse votante
et nier ses propres efforts d'organisation et sa
propre lutte pour ses droits et ses réclamations.
Les membres
du corps politique sont réduits à des
consommateurs d'un spectacle dont le but est de
les convaincre de voter pour l'un ou l'autre des
partis cartels. Les institutions démocratiques
libérales désuètes sont incapables de mobiliser le
peuple pour une discussion sur les conditions
concrètes, pour tenter de déterminer ce qu'on peut
faire pour résoudre les problèmes, et en arriver à
une entente et un consensus sur une nouvelle
direction et un nouvel objectif pour l'économie en
crise afin de subvenir aux besoins du peuple et de
la société, et humaniser l'environnement social et
naturel.
Dans un rapport publié la veille du déclenchement
de l'élection, le gouvernement de la
Colombie-Britannique a décrié les conditions
économiques et l'insécurité du peuple :
« Au Canada, l'activité économique a chuté à un
taux annualisé de 38,7 % au deuxième
trimestre de 2020 – une chute record dans un
si court laps de temps. En Colombie-Britannique,
le taux de chômage a augmenté à 13,4 %
en mai alors qu'il était de 5,0 % en février.
Le secteur des services publics a été durement
frappé avec des baisses d'emplois surtout dans les
secteurs du commerce au détail, de l'information,
de la culture et des loisirs, ainsi que de
l'hébergement et de l'alimentation. Les femmes et
les jeunes ont été particulièrement affectés [...]
Une situation a été créée où ce sont les gens les
plus vulnérables sur le marché du travail qui ont
souffert le plus du ralentissement. [...] Les
ventes au détail en Colombie-Britannique ont subi
leur plus forte baisse de tous les temps en avril.
[...] [La Colombie-Britannique] avait un manque à
gagner de 149 000 emplois en août
comparativement à février[1]. »
La fraude électorale démocratique libérale ne
peut résoudre les problèmes très concrets auxquels
sont confrontés l'économie et le peuple. Les
mesures prises par le gouvernement et ses
promesses ainsi que celles de l'opposition ne
tiennent pas compte de la direction en faillite de
l'économie et ne mobilisent pas le peuple dans une
discussion et une mobilisation pour vaincre la
pandémie et trouver et mettre en oeuvre une
nouvelle direction pour arrêter de payer les
riches, augmenter les investissements dans les
programmes sociaux et défendre les droits de tous
et toutes.
Le peuple est déterminé à ne pas permettre que
cette fraude électorale le détourne de s'organiser
pour réclamer ce qui lui appartient de droit. En
s'unissant et en participant dans des actions avec
analyse pour résoudre les problèmes d'une économie
et d'institutions démocratiques libérales en
faillite, le peuple est déterminé à s'investir du
pouvoir afin de bâtir le nouveau.
Note
1.Voir « Le
plan de relance de l'économie de la
Colombie-Britannique : La restructuration
des arrangements étatiques pour renforcer
l'économie provinciale qui paie les riches »,
LML, 3 octobre 2020
- Roland Verrier -
Faisant suite à la manifestation militante tôt le
matin du 29 septembre, où des résidents du
quartier Strathcona de Vancouver, qui comprend un
campement de sans-abri dans le parc Strathcona, se
sont rassemblés le long des trottoirs et ont
marché, pancartes à la main dans les passages à
piéton : la communauté continue de plaider en
faveur d'une solution à la crise du logement. Il y
a actuellement plus de 300 personnes qui
campent dans le parc.
Un organisateur de
la manifestation, s'adressant à CTV News, a
clairement indiqué son objectif : « Les
propriétaires et locataires et les membres logés
de cette communauté croient et veulent lutter pour
les droits des personnes qui sont sans logement
dans notre communauté ...Le campement a grossi,
mais les services de soutien ne l'ont pas
accompagné et les politiciens ont continué à
l'ignorer. Les membres qui restent dans ce parc ne
sont pas nos ennemis. Les personnes qui gèrent ce
camp ne sont pas nos ennemis. Ils ne sont pas
l'ennemi. L'ennemi ici, ce sont les politiciens
qui ne font rien et semblent penser que tout cela
va simplement disparaître. »
La crise du logement à Vancouver s'aggrave depuis
des années et la pandémie l'a empirée.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et
municipaux
continuent d'« étudier » la situation et
à s'accuser et se blâmer mutuellement, sans
qu'aucune
mesure décisive ne soit prise pour résoudre le
problème qui empirera à l'approche de l'hiver.
Outre les actions
du Mouvement du quartier Strathcona qui a organisé
la manifestation du 29 septembre, d'autres
organisations communautaires sont actives et
revendiquent un logement pour tous. Sur son site
Web, l'Association des résidents de Strathcona
(SRA) fait remarquer que le gouvernement
provincial est essentiellement paralysé en raison
des élections et que les fonds de l'Initiative
pour la création rapide de logements du
gouvernement fédéral n'arriveront que dans
plusieurs mois dans le meilleur des cas, de sorte
que « la balle est actuellement dans le camp de la
Ville ». En réponse à un rapport des
fonctionnaires de la ville publié le 2 octobre, le
maire Kennedy Stewart a présenté une motion visant
à allouer 30 millions de dollars à l'achat
d'immeubles à logement, d'hôtels et de maisons de
chambres vacants ce qui selon la SRA,
prendra des mois et ne fait rien pour atténuer la
situation de crise dans l'immédiat. La SRA a
appelé ceux qui visitent son site Web à présenter
une demande de pouvoir prendre la parole en ligne
à la réunion du conseil municipal du 8 octobre
et/ou à envoyer un courriel au conseil municipal à
l'appui d'une proposition de deux conseillers
municipaux visant à convertir, à titre de mesure
immédiate, les centres de refuge d'hiver existants
de la ville en centres de secours/orientation afin
de fournir un logement sécuritaire avant l'hiver.
Les résidents sont invités à maintenir la
pression sur les représentants municipaux,
provinciaux et fédéraux et les propriétaires à se
joindre à la campagne de résistance à l'impôt
foncier de la ville de Vancouver, en retenant le
paiement des taxes foncières « par voie de report,
d'appel d'évaluation ou de tout autre moyen
légal ».
Les décrets ne vont pas contrôler
la contagion de la COVID-19
- Normand Chouinard -
Les jeunes du Québec assument la responsabilité de
l'avenir de leur société, comme
ici lors de la marche pour le climat le 17 mai
2020. Ils exigent des solutions sociales et
politiques aux problèmes de la société, y compris pour la
pandémie, en opposition à la criminalisation de leur comportement.
Le 1er octobre, le gouvernement du Québec a
émis un décret qui impose de nouvelles mesures de
confinement en réponse aux nombreuses éclosions de
COVID-19 qui se produisent au Québec. Les
éclosions confirment que la deuxième vague de la
pandémie est commencée et plusieurs régions ont
été déclarées « zones rouges ».
Ces mesures sont accompagnées de nouveaux
pouvoirs de police qui ont été annoncés par le
premier ministre François Legault et la ministre
de la Sécurité Geneviève Guilbault. Les
interventions policières sont principalement de
trois ordres.
- S'ils ont des motifs de soupçonner que des
rassemblements qui dépassent les normes de
confinement ont lieu dans les maisons, les
policiers interviendront dans les maisons
concernées pour faire cesser le rassemblement,
munis de constats d'infraction pour imposer une
amende de 1000 $. Des contraventions de
1000 $ seront aussi données lors de rassemblements
dans les parcs, qui sont dorénavant interdits.
- Si les personnes refusent que la police entre
dans leur logement, les policiers pourront obtenir
un télémandat dans un très bref délai auprès d'un
juge afin de pénétrer dans le logement et de
remettre le constat.
- Toute personne qui participe à une
manifestation doit dorénavant porter un masque.
Les policiers seront aussi munis de constats
portatifs pour donner rapidement des
contraventions de 1000 $. La même mesure
s'applique aux rassemblements dans les parcs.
Alors que nous marquons le 50e anniversaire
de l'invocation de la Loi sur les mesures de
guerre le 16 octobre 1970, le
caractère offensant de ces mesures est
particulièrement déplorable. Les jeunes n'ont pas
manqué de pointer du doigt l'ironie d'avoir
recours à des mesures de criminalisation pour
s'attaquer à des problèmes sociaux. Dans le passé,
ils ont été criminalisés parce qu'ils portaient
des masques pendant les manifestations alors
qu'aujourd'hui ne pas porter un masque est une
infraction criminelle. Ils soulignent
qu'aujourd'hui, comme par le passé, ils réclament
des solutions politiques et sociales aux
problèmes. Ils s'opposent à la criminalisation de
la vie par laquelle le peuple est blâmé des
problèmes tandis que l'État et ses gouvernements
et agences s'en tirent à bon compte.
Les mesures
actuelles annoncées par le premier ministre
Legault sont semblables à celles qui sont adoptées
dans les autres provinces. Elles illustrent le
fait que les institutions démocratiques libérales
sont devenues incapables de créer une opinion
publique afin de persuader la population que
quelque chose est nécessaire.
Dans ce cas-ci, les gens ne sont pas opposés à
des mesures de sécurité comme le port du masque,
mais ils ne voient pas la nécessité d'en faire une
question policière. Ils déplorent le refus du
gouvernement de garantir que des conditions
sécuritaires existent dans les écoles, les
hôpitaux et les résidences pour personnes âgées où
la pression exercée sur le personnel est très
grande. La raison en est que l'objectif premier
des gouvernements au Canada n'est pas de protéger
les gens, mais de payer les riches puis de blâmer
le peuple quand la situation ne s'accorde pas avec
leurs stratagèmes. L'incapacité de l'État et du
gouvernement à mobiliser le peuple dans la lutte
contre la pandémie ne sera pas réglée en donnant
plus de pouvoirs à la police. En fait, cela va
seulement exacerber le problème et ne résoudra pas
la crise des institutions.
Pendant ce temps, les médias font la promotion de
ce qu'ils appellent les « adeptes de la théorie du
complot » qui disent que l'obligation de porter le
masque, de rester à la maison et de ne pas se
rassembler est une violation du droit de
conscience et des droits qui sont inscrits dans la
Charte des droits et libertés de la personne.
On prétend que ces personnes représentent
un danger pour la sécurité de la population et
méritent d'être criminalisées. Il est douteux
qu'une poursuite en vertu de la Charte aurait du
succès parce
que les limitations imposées pendant la COVID-19
seraient
probablement considérées comme étant «
raisonnables ». Cette propagande a
cependant pour effet
de créer la confusion sur comment se pose la
question des
droits, sur le rôle de l'État et des gouvernements
et sur
l'utilisation des pouvoirs de police pour dicter
la direction que doit
prendre la société, sans parler du fait que le
peuple est
privé d'accès au pouvoir décisionnel.
Comment peut-on juxtaposer le droit de conscience
et des actes qui mettent en danger la vie des
autres ? Si on accepte ce point de vue, alors
le fait que l'État demande au peuple d'appuyer les
« limites raisonnables » cause un problème
parce que le peuple ne joue aucun rôle dans la
décision de ce qui est raisonnable.
Un problème sérieux auquel les gouvernements font
face est qu'une majorité de gens ne sont pas
satisfaits du système politique. Ils n'ont aucune
confiance dans les institutions. Ce désabusement
face au système politique et ce manque de
confiance dans les institutions n'ont fait que
s'intensifier depuis des décennies. Au lieu de
résoudre les problèmes en affirmant le rôle du
peuple dans la prise de décisions, les élites
dirigeantes ont recours à des diversions pour
justifier l'activation des pouvoirs de police.
Il y a en ce moment des dizaines de milliers
d'enseignants qui se battent tous les jours pour
garantir leur sécurité et celle de leurs élèves,
mais le gouvernement les empêche de pouvoir
décider de la marche à suivre. Il refuse même
d'entendre les revendications pour un financement
d'une quantité suffisante de personnel, ou de
mesures de sécurité ou de ventilation bien que les
problèmes comme la COVID-19 vont vraisemblablement
devenir de plus en plus fréquents dans l'avenir.
Les travailleurs de la santé manifestent devant
l'Assemblée nationale à Québec, le 19 mai 2020.
Ils exigent que les arrêtés ministériels ne soient
pas utilisés pour restreindre leurs droits
et les empêcher de prendre des mesures pour
protéger leur sécurité et celle de leurs patients
pendant la pandémie.
Il y a dans le système de santé des dizaines de
milliers de travailleurs qui mettent leur vie en
jeu pour soigner la population et trouver des
solutions à la crise. Le gouvernement répond par
des arrêtés ministériels afin de traiter les
travailleurs comme des pions sur l'échiquier et il
croit pouvoir garder le contrôle de la situation
de cette façon.
Il y a en ce moment des centaines de milliers de
travailleurs industriels qui luttent pour
conserver les mesures qu'ils ont mises en place
pour se protéger, mais la direction des
entreprises s'est vu donner le pouvoir d'exploiter
les entreprises sans égard aux besoins de la force
de travail. Ils bloquent carrément la marche des
travailleurs et rejettent leurs initiatives bien
que le coronavirus n'obéisse pas à leurs
commandements.
La grande masse des jeunes ne demande pas mieux
que d'être responsable vis-à-vis la société, mais
elle non plus n'est pas respectée.
En ce moment
où la mondialisation néolibérale pave la voie à
encore plus de pandémies et de contagions, les
institutions démocratiques libérales sont en
crise. Il est absurde de croire que des problèmes
réels peuvent être résolus sans l'entière
mobilisation politique et idéologique du facteur
humain/conscience sociale. Transformer les
problèmes sociaux et politiques en problèmes de
loi et d'ordre est non seulement absurde, mais
irresponsable. Quand des vies sont en jeu, agir
ainsi est simplement criminel. C'est de la
diversion et les travailleurs doivent répondre en
demandant que des mesures adéquates soient mises
en oeuvre afin de garantir la sécurité de la
population dans tous les aspects de la vie.
Le fait que les gouvernements accusent les
individus de ne pas être socialement responsables
alors que le peuple n'a pas de mécanismes pour les
rendre redevables montre que le principal problème
auquel le peuple fait face est de s'organiser
socialement et politiquement pour renouveler le
processus démocratique. Un processus politique
digne d'être appelé démocratique ne placerait pas
au pouvoir des gouvernements qui paient les riches
et utilisent le processus de prise de décision
pour servir leurs intérêts.
Les problèmes sociaux et politiques requièrent
des solutions sociales et politiques, pas la
criminalisation du peuple. Non au gouvernement par
décret ! Les pouvoirs de police concentrent
la prise de décision dans un nombre de mains
toujours plus petit. De nouvelles formes sociales
et politiques doivent être créées qui investissent
le peuple du pouvoir.
(Photos : LML, Climat jeunes,
M-H. Nadeau, FIQ)
Lettre à la
rédaction
Le nouveau décret que le gouvernement du Québec
prétend imposer pour arrêter la propagation de la
COVID-19 prévoit des mesures policières pour
garantir sa mise en application. Pendant ce temps,
le gouvernement continue de ne pas vouloir
reconnaître le rôle des travailleurs et des jeunes
dans la solution des problèmes.
La situation devient grave et les gens veulent
des directives claires et veulent savoir que tous
les efforts contribuent à maîtriser la pandémie.
C'est la responsabilité des autorités
gouvernementales d'y voir et c'est précisément ce
qu'elles hésitent toujours à faire. Au lieu de
cela, le gouvernement choisit un décret et des
amendes pour non-conformité. L'accent mis sur les
mesures policières marginalise les travailleurs de
la santé et d'autres secteurs qui demandent des
solutions conformes aux conditions depuis le début
de la pandémie. Les jeunes sont eux aussi
considérés comme un problème plutôt qu'une partie
importante de la solution.
Pendant des semaines depuis la réouverture des
écoles, des bars et d'autres lieux où les gens se
rassemblent socialement, la ligne officielle a été
« attendons voir ». Maintenant que la
pandémie est de nouveau hors de contrôle, des
décrets, des arrêtés ministériels et d'autres
pouvoirs spéciaux sont utilisés pour attaquer les
conditions de travail des travailleurs de la santé
de première ligne, des enseignants et autres. Les
autorités doivent fournir toute l'information
nécessaire, surtout aux personnes qui sont aux
premières lignes, afin qu'elles deviennent des
participants conscients à la lutte pour contrôler
la pandémie.
Dans un même ordre d'idées, beaucoup découvrent
maintenant à leurs dépens qu'avec les attentes
dans les hôpitaux et les cliniques, on leur offre
un « choix » : ou bien attendre que la
situation se résorbe, ou bien payer une agence
privée pour avoir immédiatement accès à un
médecin, ce que tous les gouvernements récents ont
pourtant juré de ne jamais faire. Et cela se fait
de façon très malhonnête.
Quand vous appelez à la clinique, on vous dirige
vers un site Web qui a toutes les apparences d'une
arnaque. Vous devez d'abord donner vos
informations personnelles, puis à la page suivante
vous apprenez que cela coûte 18,95 $. Si vous
acceptez de continuer, vous apprenez à la page
suivante qu'il faut être membre et que l'adhésion
coûte 5,95 $/mois pour une personne
et 12,95 $/mois pour une famille. Et
ainsi de suite.
Santé-Québec (Info-Santé 811) dit que cette
méthode est « l'une des solutions », car dans
cette crise « tous les moyens disponibles doivent
être utilisés ».
Si le gouvernement du Québec avait vraiment fait
du bien-être des Québécois sa priorité dans cette
pandémie, il aurait interdit ces pratiques il y a
longtemps. Les « services externes » ne
devraient être autorisés que s'ils répondent aux
besoins de santé de la population sans paiement de
frais. Et surtout, si la santé et les services
sociaux étaient financés comme il se doit, ces
services privés n'auraient pas leur raison d'être.
Pourquoi les gouvernements ne sont-ils pas
condamnés à une amende lorsqu'ils paient les
riches pour gérer ces services ?
[signé]
Un lecteur de Sainte-Rose, Québec
Les démarches pour détruire le
système universitaire albertain
- Dougal MacDonald -
Rassemblement contre les compressions au
financement de l'éducation par le gouvernement
Kenney à l'Université de l'Alberta à Calgary, le
21 novembre 2019
Dans le contexte de graves compressions
budgétaires de l'éducation supérieure par le Parti
conservateur uni (PCU), plusieurs universités
albertaines ont recours à des mesures étendues de
restructuration. Bien que les mesures puissent
varier d'une institution à l'autre, les
propositions et les politiques consistent à
augmenter les frais de scolarité, fusionner des
facultés, éliminer des programmes, abolir des
cours, congédier du personnel, agrandir la taille
des classes, augmenter le nombre de cours en
ligne, fermer les bibliothèques, démolir des
résidences, etc.
Ces changements antisociaux auront un impact
négatif sur l'éducation des futures générations
d'Albertains, menaceront le gagne-pain de
nombreuses personnes employées par le secteur de
l'éducation postsecondaire (ÉPS) et les secteurs
connexes, et mineront la recherche universitaire
dont dépend l'avenir économique, social et
culturel de la province. En fait, le nouveau
président de l'Université de l'Alberta a de façon
éhontée félicité un chercheur en virologie de
l'Université de l'Alberta à qui le prix Nobel de
médecine a été attribué conjointement juste après
avoir annoncé des plans de mises à pied massives à
l'université même.
De façon plus
précise, le gouvernement Kenney a annoncé qu'il
comptait couper le financement à l'ÉPS pour
l'exercice en cours de 5 %, avec
d'autres compressions en vue de 5 % pour
chacune des trois années suivantes. Ces
compressions, compte tenu de l'inflation, feront
en sorte que 21 institutions postsecondaires
albertaines perdront entre un quart ou un tiers de
leur financement public pour les quatre prochaines
années, un montant sans précédent.
Curieusement, pas une seule institution
postsecondaire en Alberta n'a entrepris de mener
une lutte contre ces compressions très
dommageables. En guise de réponse, les
administrations ont essentiellement dit « Oui,
maître Kenney, nous allons devoir faire plus avec
moins », comme si les compressions étaient
prédestinées et non le résultat des décisions
politiques antisociales et anti-éducation
conscientes du PCU. Entre temps, le gouvernement
du PCU, qui est dans « l'obligation » de
couper dans l'éducation postsecondaire, verse
simultanément des milliards de dollars pour la
soi-disant création d'emploi par le biais de
subventions et de réductions fiscales aux
compagnies énergétiques comme Shell et Suncor qui,
en revanche, mettent fin à leurs projets et
congédient des milliers de travailleurs.
Si les compressions à l'ÉPS et la tiédeur de la
résistance des institutions sont très nocives en
soi, il y a aussi la très importante question de
comment très exactement ces institutions dociles
comptent procéder dans leur démarche de «
restructuration ». Un grand nombre de membres
du personnel, d'étudiants et de travailleurs de
soutien s'est plaint publiquement de l'arrogance
des administrations à l'échelon supérieur, qui les
éloignent, eux et leurs organisations collectives,
de toute véritable participation démocratique à
ces prises de décision. Les décisions sont
simplement prises arbitrairement par des comités
triés sur le volet qui agissent en huis clos, pour
ensuite être imposées aux masses. Il n'y a pas de
réelle participation publique. Il y a, cependant,
des consultations bidon où des ordres du jour
prédéterminés sont imposés de force. Seuls ceux
qui se retrouvent au haut de l'échelle ont un mot
à dire dans ces décisions. Le rôle de tous les
autres est purement symbolique.
Il est clair pour plusieurs que ce qui se passe
en
enseignement supérieur est totalement frauduleux.
Au cours des
dernières décennies, les Albertains ont eu leur
part
d'expérience dans le domaine des fausses
consultations
basées dès le départ sur le mensonge. Le modus
operandi est toujours le même. Les décisions sont
prises
à l'avance, des comités sont formés,
composés de personnes qu'on a choisies parce qu'il
est à
peu près certain qu'elles approuveront les
décisions. Une poignée de « réunions
communautaires » sont organisées, avec leur
ordre du
jour prédéterminé et une procédure de prise
de parole restrictive, servant de parure. Toutes
suggestions venant
à l'encontre des décisions
prédéterminées sont ignorées. Et la fameuse
consultation se termine par une annonce en grande
pompe faite par des
personnes au pouvoir, à savoir, 1) il y a eu
consultation
et 2) tout le monde en Alberta s'est dit
d'accord avec leurs
conclusions prédéterminées. Fin de
l'histoire !
Sans oublier, bien sûr, que ces démarches bidon
dans le secteur de l'ÉPS sont facilitées par le
fait que le 19 août 2019, le
gouvernement du PCU a remplacé onze personnes qui
siègent au Conseil des gouverneurs ainsi
que 32 autres membres de bureaux
d'institutions postsecondaires par leur propres
représentants triés sur le volet. Plusieurs
membres qui siègent au Conseil n'ont pas terminé
leur mandat. Plusieurs directeurs qui y siègent
sont des PDG du secteur énergétique. Par exemple,
Nancy Laird, une directrice de Trinidad Drilling
et ancienne directrice d'Encana et de Petroleum
PanCanadien, est la nouvelle présidente du conseil
de l'Université d'Athabasca. Contrairement à ce
que prétend sans grande conviction le ministre de
l'Éducation supérieure, que les nominations sont
non partisanes, les nominations du PCU sont très
partisanes et représentent en outre une attaque
directe contre le principe de base de l'autonomie
universitaire.
Le manque de réelle consultation concernant les
présentes compressions dans le financement est la
suite d'une longue histoire de détérioration de la
soi-disant gouvernance collégiale dans les
secteurs de l'ÉPS. Dans les universités
canadiennes, les principaux lieux de consultation
politique sont les réunions du Conseil général de
la Faculté (CGF) et le Conseil des gouverneurs
(CG). Le CGF, qu'on appelle parfois Sénat, est
sensé avoir le dernier mot sur les questions
d'ordre académique et le CG le dernier mot sur les
questions d'ordre financier et administratif. La
définition de politiques comme telle appartient au
CG, une instance restreinte, composée
habituellement d'une majorité de personnes
représentant des entreprises de l'extérieur
(appelés par euphémisme « membres du
public ») et du président, plus une minorité
supplémentaire d'universitaires, de représentants
du personnel et d'étudiants, pour la forme.
Cette approche bicamérale CGF-CG à la gouvernance
collégiale est un modèle hautement critiqué. De
plus en plus, c'est le CG, dominé par des
personnes nommées sur une base politique et
provenant du secteur des entreprises, qui prend
toutes les décisions importantes. Divers
stratagèmes servent, par exemple affirmer que des
décisions qui sont de toute évidence d'ordre
universitaire seraient en fait financières. Un
autre subterfuge est de contrôler les réunions du
CGF et du CG en utilisant des procédures
bureaucratiques, par exemple ne pas inclure
certains points à l'ordre du jour, adopter par la
force un « ordre du jour consensuel » et
déclarer des personnes hors d'ordre lorsque leur
intervention va à l'encontre de l'ordre du jour du
CG. Cette façon de faire est rendue encore plus
fluide par le fait que le président de
l'université préside les réunions et prend les
décisions finales sur toutes questions de cet
ordre. Enfin, il y a aussi en arrière-plan la
présence de certains donateurs privés richissimes
qui peuvent se servir de leurs puissants moyens
financiers et de leurs connexions pour exercer une
influence en coulisse sur les décisions de
l'université.
Il y a aussi d'autres modèles de gouvernance. À
l'Université de Cambridge, en Grande-Bretagne, par
exemple, l'instance officielle de gouvernance, le
Regent House, est composée de personnel
professoral et de personnel du milieu
universitaire des collèges et des départements de
l'université, au nombre de 3 000. C'est
un modèle semblable à l'Université d'Oxford, où la
Congrégation, comme on l'appelle, est composée
de 5 500 membres du personnel
professoral et administratif. On dit qu'elle est
l'instance souveraine de l'université. Le 6
mars 2018, des chargés de cours en grève pour
défendre leur droit à des régimes de retraite se
sont vu refuser la possibilité de voter au sein de
la réunion de la Congrégation et ont donc voté à
l'extérieur.
La consultation est généralement définie comme
étant un « échange d'opinions ». Cependant,
un simple échange d'opinions ne suffit pas. Si, en
fin de compte, les décisions qui s'ensuivent sont
fondées sur les opinions d'une seule partie, alors
la consultation est frauduleuse. Une véritable
consultation doit d'abord envisager la
participation de tout le monde pour établir
l'ordre du jour. Établir l'ordre du jour est
crucial. La discussion sur un ordre du jour décidé
par les personnes au pouvoir n'est pas une
consultation puisqu'elle met tout en oeuvre pour
que le sujet de discussion ne soit d'intérêt que
pour ceux qui ont décidé de l'ordre du jour. Les
autres opinions divergentes sont exclues dès le
départ.
Les premières
véritables consultations dans les institutions
postsecondaires de l'Alberta auraient dû se
concentrer sur les réactions de celles-ci aux
compressions du PCU. Tel que mentionné, il n'y a
eu aucune discussion publique à ce sujet. Les
cadres supérieurs des institutions postsecondaires
ont essayé de se surpasser les uns les autres pour
être les tout premiers à faire preuve de loyauté
envers le programme d'austérité du PCU. On peut se
demander pourquoi. Peut-être que c'est en raison
du fait que les CG des institutions
postsecondaires sont contrôlés par le secteur des
entreprises. Ou peut-être certains ont-ils cru que
les premiers à faire preuve de servilité
s'attireraient davantage les faveurs du PCU. Peu
importe. Sans consultation, toutes les
institutions postsecondaires ont pris la décision
arbitraire d'accepter les compressions sans le
moindre rechignement, pour ensuite se concentrer
sur comment et qui éliminer des institutions pour
les accommoder.
La situation dans les institutions
post-secondaires n'est pas simple mais il est
encore temps de bâtir une résistance. Nous devons
mettre fin aux consultations bidon, aux réunions
secrètes, aux décisions arbitraires, aux comités
triés sur le volet, aux suggestions en ligne qui
ne servent à rien, et à l'exclusion des syndicats
et des associations. Nous devons exposer les
messages trompeurs faits dans un but de diversion
sur la soi-disant participation, l'inclusion et
l'écoute, ainsi que les cris d'alerte sur la
nécessité d' « agir rapidement ». Par le biais
d'une véritable participation publique, toute
personne concernée peut avoir un mot à dire pour
veiller à ce que les décisions reflètent les
intérêts larges de toutes les personnes
universitaires concernées, ainsi que les intérêts
de la société dans son ensemble.
Il est encore temps de lutter pour nos
institutions postsecondaires. Si nous travaillons
ensemble, il est encore temps pour les
professeurs, le personnel, les étudiants et leurs
organisations de commencer à bâtir un puissant
mouvement d'échanges démocratiques soutenus par
des idées et des mesures de suivi. Par l'action
collective avec analyse, nous pouvons contrecarrer
les graves compressions du PCU et ouvrir la voie à
un avenir positif pour les institutions
postsecondaires, leur permettant ainsi de
progresser.
(Photos : LML, AUPE)
Un statut de résident permanent
pour tous les travailleurs migrants
et les réfugiés, maintenant!
- Diane Johnston -
Le Canada crée de nombreux programmes de
migration irrégulière pour satisfaire d'abord et
avant tout les besoins des plus gros exploiteurs
de main-d'oeuvre ainsi que de quelques petits
producteurs. Ces programmes sont le terrain de jeu
des trafiquants d'êtres humains de toutes sortes,
y compris des agences qui exploitent et
maltraitent sans pitié les travailleurs qui
n'acceptent pas de se soumettre à des conditions
de vie et de travail inacceptables.
Des actions sont en cours dans tout le pays pour
la régularisation du statut de tous les migrants
précaires et pour garantir qu'aucun migrant sans
papiers ne soit déporté. Dans ce contexte, une
action a été organisée à Montréal le 23
septembre devant les bureaux du gouvernement
fédéral au Complexe Guy-Favreau à Montréal.
L'action a été organisée par Solidarité sans
frontières et le Centre des travailleurs migrants
pour la défense de toutes les personnes
sans-papiers, et les participants ont été informés
que Mamadou Konaté, 37 ans, originaire de
Côte d'Ivoire, avait été appréhendé par l'Agence
des services frontaliers du Canada (ASFC)
le 16 septembre et est détenu au Centre de
surveillance et de détention des immigrants de
Laval en attendant son expulsion vers son pays
d'origine.
Mamadou Konaté
Accompagné de son avocat Stewart Istvanffy,
Mamadou, un travailleur sans-papiers, s'était
volontairement présenté le même jour auprès des
autorités fédérales d'immigration dans le but de
faire suspendre sa mesure de renvoi jusqu'à ce que
sa demande de résidence permanente pour motifs
humanitaires soit réexaminée. Son avocat souhaite
présenter de nouvelles preuves relatives à son
travail dans trois différents centres
d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD)
pendant la pandémie de la COVID-19.
La réponse des agents de l'immigration a été de
l'appréhender immédiatement et de le faire
incarcérer au centre de détention des immigrants
de Laval.
Au plus fort de la pandémie, Mamadou a été
embauché par une agence de placement pour
travailler dans les « zones chaudes »
infectées par la COVID-19 dans les CHSLD où il
nettoyait les chambres et les couloirs contaminés
par la pandémie. Fin avril, il a lui-même
contracté le coronavirus. Une fois rétabli, il est
retourné travailler dans les CHSLD avant d'être
conduit au centre de détention des immigrants.
Dans un courriel adressé au Huffington Post,
le porte-parole de l'ASFC, Louis-Carl Brissette
Lesage, a écrit que « la détention ne doit
être envisagée que dans des circonstances
exceptionnelles et lorsqu’aucune solution de
rechange à la détention raisonnable ne peut être
mise en œuvre». Cependant, l'avocat de Mamadou
insiste sur le fait qu « aucune circonstance
exceptionnelle n'a été mentionnée » lors de la
demande de révision de détention et qu'il est
surtout détenu parce qu'il est considéré comme
pouvant présenter un risque de fuite.
« Il semblait que l'agent de l'ASFC ne voulait
rien entendre au sujet de la COVID-19 ou du fait
qu'il a travaillé [dans les CHSLD] pendant la
pandémie », a rapporté son avocat aux médias.
« C'est vraiment navrant de voir des humains
traités avec si peu de considération »,
a-t-il déclaré.
Le 23 septembre, lors d'une audience de
révision de son cas devant la Commission de
l'immigration et du statut de réfugié du Canada
(CISR), la détention de Mamadou a été confirmée. À
l'audience, un représentant de l'ASFC a confirmé
que les expulsions avaient repris, une décision
qui n'a pas été rendue publique mais qui est,
apparemment, la raison du maintien en détention de
Mamadou. Sa prochaine comparution devant un juge
de la CISR est prévue le 19 octobre.
En réponse à une demande de Radio-Canada
International pour savoir si le renvoi des
demandeurs d'asile avait recommencé après avoir
été mis en attente en raison de la pandémie,
l'ASFC a répondu qu'avant la mise en place de
mesures frontalières renforcées en mars, elle
avait tenté de renvoyer des personnes dès que
possible conformément à la Loi sur
l'immigration et la protection des réfugiés (LIPR).
La pandémie avait entraîné des changements à
divers paliers, mais d'autres mesures, comme les
renvois, étaient toujours en vigueur en fonction
des besoins, a déclaré l'ASFC.
Depuis le 15 mars, souligne Radio-Canada
International, l'ASFC a continué d'effectuer un
certain nombre et type de renvois. Le réseau été
informé par le porte-parole de l'ASFC, Louis Carl
Brissette Lesage, que : « Le retrait des cas
graves d'interdiction de territoire (criminalité,
sécurité, violations des droits internationaux ou
des droits de la personne et crime organisé) se
poursuit au cas par cas, après évaluation,
également comme le renvoi de ceux qui souhaitent
quitter le Canada volontairement malgré la
pandémie mondiale actuelle. Les renvois effectués
aux points d'entrée et par les voies
administratives normales en vertu du
paragraphe 240 (3) du RIPR [Règlement sur
l'immigration et la protection des réfugiés] sont
également en cours. »
L'ASFC a également souligné que le renvoi d'une
personne du Canada « a lieu à la suite d'une série
complexe de processus et de mécanismes d'appel qui
accordent aux ressortissants étrangers le droit à
une procédure régulière » et que ce n'est
qu'après que toutes ces procédures ont été
épuisées que l'ASFC expulse une personne du
Canada.
Le programme
spécial temporaire des gouvernements fédéral et
québécois qui confère un statut à certains
travailleurs migrants est limité à ceux qui ont
prodigué des soins directs aux patients dans les
établissements de soins de longue durée. Ceux qui
travaillent dans des résidences pour personnes
âgées infectées par la COVID-19, qui préparent la
nourriture ou font le nettoyage et qui travaillent
souvent par l'intermédiaire d'agences de placement
temporaire pour un salaire inférieur au salaire
minimum, comme dans le cas de Mamadou, sont
maintenant confrontés à la menace très réelle
d'être expulsés. Les tentatives de justifier un
tel traitement illustrent le rôle sans principe
que joue le gouvernement du Canada en permettant
le mauvais traitement des travailleurs
vulnérables.
L'histoire de Mamadou
Mamadou est arrivé pour la première fois au
Québec en février 2016 après avoir fui la
Côte d'Ivoire, où il avait été emprisonné lors
d'un conflit militaire qui a suivi un coup d'État
manqué de 2002. Selon des documents
judiciaires, il a été « battu, soumis à de mauvais
traitements, voire torturé, lors de sa
détention » aux mains de Forces nouvelles, un
groupe rebelle, entre 2004 et 2005. Il avait
été associé au groupe en 2002-2003. Il
affirme qu'après avoir fait défection, il a été
emprisonné par eux et que maintenant beaucoup de
responsables de la rébellion occupent des
positions d'influence dans l'actuel gouvernement
Ouattara et Mamadou craint des représailles.
Sa demande d'asile a été rejetée en raison de son
engagement avec le groupe. L'article 34 (b.1) de
la LIPR, adoptée sous le gouvernement libéral
Chrétien en 2001, stipule qu'un ressortissant
étranger est interdit de territoire pour des
raisons de sécurité s'il s'est livré « à la
subversion contre toute institution démocratique,
au sens où cette expression s'entend au
Canada ».
Dans une demande de révision judiciaire de la
décision en 2018, son avocat a fait valoir
qu'il avait été recruté de force par les rebelles,
ce qui ne ferait pas de lui un « membre » aux
yeux de la loi. Cependant, cette demande a été
rejetée.
Deux jours avant son renvoi prévu le 9
juillet 2018, sa demande de sursis a été
entendue. Un médecin qui l'avait soigné a témoigné
qu'il souffrait de troubles de stress
post-traumatique, d'anxiété, de dépression et
d'insomnie, ainsi que d'autres maux, et qu'il
craignait d'être « torturé et tué par
l'armée ». La suspension a été accordée.
Depuis la fin septembre, les députés de Québec
Solidaire de l'Assemblée nationale du Québec ainsi
que Alexandre Boulerice, député néodémocrate de
Rosemont–La
Petite-Patrie, pressent la ministre de
l'Immigration du Québec
Nadine Girault et le ministre fédéral de
l'Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté Marco Mendicino
d'intervenir dans le dossier, mais sans succès
jusqu'à
présent.
« Les processus de demande d'asile et de renvoi
sont des compétences exclusives du gouvernement
fédéral, a déclaré la ministre québécoise Girault.
L'émission d'un CSQ [certificat de sélection
du Québec], en plus d'aller à l'encontre de
[l'Accord Canada-Québec sur l'immigration],
n'aurait aucun effet sur la procédure de renvoi
actuelle », a-t-elle déclaré. Son attachée de
presse Flore Bouchon a ajouté que le gouvernement
du Québec « apprécie tous les travailleurs
essentiels qui ont contribué à l'effort collectif
de lutte contre le virus ». Quant au ministre
de l'Immigration Mendicino, aucune réponse n'a été
donnée jusqu'ici.
Au matin du 8 octobre, plus
de 37 500 personnes avaient signé une
pétition en ligne qui demande au premier ministre
Justin Trudeau et à son gouvernement d'annuler
l'arrêté d'expulsion de Mamadou, de régulariser
son statut en lui offrant la résidence permanente
et de mettre en place un plan complet pour la
régularisation de toutes les personnes
sans-papiers.
Leur demande au premier ministre Legault et à son
gouvernement est que tous ceux qui travaillent
actuellement dans les CHSLD soient inclus dans le
programme spécial de régularisation, pas seulement
ceux qui travaillent comme préposés aux
bénéficiaires.
Il est de notre responsabilité sociale de
protéger ces travailleurs, qui sont utilisés par
les
gouvernements comme une source de main-d'oeuvre
bon marché, sans
aucune considération pour leur vie. Ici au Canada,
nombreux sont
ceux, comme Mamadou, dont la vie est devenue un
véritable enfer.
Ils travaillent pour qu'eux-mêmes et leurs
familles puissent
survivre, confrontés au déni de droits et à la
menace de renvoi.
Ça ne doit pas passer ! Personne n'est
illégal ! Le statut de résident permanent
pour tous et toutes, maintenant ! C'est une
question de dignité humaine pour tous et totues !
Pour signer la pétition, cliquer ici.
Une collecte de fonds pour Mamadou a été
organisée par Solidarité avec Mamadou Konaté sur
le site Web Go Fund Me. Jusqu'à
maintenant, 11 000 dollars ont été
amassés. Pour contribuer, cliquer ici.
Actions pour que justice soit
faite aux femmes et filles autochtones
- Christine Dandenault -
Montréal, 3 octobre 2020
Dans un élan d'immense solidarité et d'amour
social, plus de 5 000 Québécois de tous
âges et de tous les milieux se sont rassemblés à
Montréal le samedi 3 octobre au parc
Émilie-Gamelin pour rendre hommage à Joyce
Echaquan et apporter leur soutien à son époux, à
ses enfants et à la communauté atikamekw.
Le 28 septembre, Joyce Echaquan, une jeune
femme atikamekw de Manawan, mère de 8 enfants
dont la plus jeune était âgée d'à peine 7
mois, a perdu la vie dans des circonstances
inhumaines au Centre intégré de santé et de
services sociaux de Joliette.
Au parc Émilie-Gamelin, tour à tour, les
intervenants ont d'une seule voix demandé justice
pour Joyce: Marie-Ève Bordeleau, commissaire aux
Affaires autochtones de Montréal, Viviane Michel,
présidente de Femmes autochtones du Québec,
Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières
Nations du Québec et du Labrador, Sipi Flamand,
vice-chef des Atikamekw de Manawan, Jennifer
Brazeau, directrice du Centre d'amitié autochtone
de Lanaudière et Manon Massé de Québec Solidaire
accompagnée par Jennifer Maccarone, députée du
Parti libéral du Québec de Westmount-Saint-Louis.
L'émotion était palpable et les manifestants
réagissaient en demandant justice pour Joyce. Une
minute de silence a été observée pour honorer
Joyce. Les intervenants ont exigé également que
justice soit faite aux femmes et filles
autochtones disparues et assassinées, de mettre
fin aux indignités et aux injustices commises
contre les Premières Nations, la mise en oeuvre
par les gouvernements des 142 recommandations
de la Commission Viens et de celles du Rapport
final de l'Enquête nationale sur les femmes et les
filles autochtones disparues et assassinées, leur
demandant des comptes et exigeant des actions
immédiates pour qu'elles deviennent réalité. Ils
ont également fait un rappel du rapport de l'ONU
de 2019 qui dénonce les conditions de vie
abominables des autochtones du Canada. Puis, les
manifestants ont entrepris une marche vers le
centre-ville de Montréal, salués par les passants
et encouragés par les klaxons des voitures.
Des vigiles, des marches de guérison et des
rassemblements ont également eu lieu les 3
et 4 octobre à Victoriaville, à Québec,
Roberval, Rimouski, Sept-Îles, Val-d'Or, Odakan et
Shawinigan, ainsi qu'à Toronto, Vancouver et
ailleurs au pays. À cela s'ajoutent les prises de
position publiques de syndicats de la santé, de
communautés autochtones, d'organisations de
défense de droits, d'associations étudiantes en
plus des milliers de témoignages d'appui
individuels et collectifs sur les réseaux sociaux.
De nombreux artistes québécois, poètes,
auteurs-compositeurs et groupes de musique, ont
également lancé un appel à la solidarité sur
Facebook. Des messages, poèmes, dessins, chansons
et prestations en direct ont été diffusés afin
d'appuyer la famille de Joyce Echaquan, la
communauté atikamekw de Manawan, les Premières
Nations, les Inuits et les Métis. Exprimant la
demande de justice pour les femmes et les peuples
autochtones, Ariane Moffatt, auteure-compositeure
bien connue au Québec a écrit : « En tant
qu'alliée allochtone, je marche à vos côtés et
continuerai de le faire le temps que ça prendra
pour qu'enfin cessent toutes les formes
d'injustices que vous subissez depuis tellement
trop longtemps. »
Le dimanche 4 octobre, au lendemain de ces
actions, la 15e Vigile commémorative annuelle
des Soeurs par l'esprit a été organisée de façon
virtuelle pour rendre hommage aux plus de 4000
femmes autochtones disparues et assassinées et
réclamer justice pour elles et pour Joyce, dont
une organisée à Montréal par Missing
Justice-Justice pour les femmes autochtones
disparues. Les centaines de participantes ont
réitéré leur détermination à combattre toutes les
formes de discrimination et de violence dont elles
et leurs consoeurs autochtones sont victimes.
Plein appui à la famille Echaquan ! Soutien
à la communauté atikamekw ! Tous ensemble
pour mettre fin au racisme et aux indignités
envers les Premières Nations !
Dernier hommage à Joyce Echaquan par la
communauté atikamekw de Manawan,
Québec, le 4 octobre 2020
Québec
Montréal
Musée des Premières Nations, Wendake;
Centre Shakihikan, La Tuque
Shawinigan; Senneterre
Toronto
Vancouver
Victoria
Les droits autochtones aux
Philippines
- Steve Rutchinski -
Manifestations contre les projets d'énergie et
d'exploitation minière à grande échelle dans la
Cordillère, dirigées par les femmes autochtones de
Baguio City à l'occasion du mois international des
femmes travailleuses, le 9 mars 2020.
L'Alliance des peuples de la Cordillère (APC) a
lancé une campagne internationale pour développer
l'appui aux peuples autochtones Igorot dans leur
lutte de presque 50 ans pour affirmer leurs
droits autochtones et ancestraux. Les compagnies
minières canadiennes sont parmi celles qui sont
accusées d'abus répandus sur une grande échelle,
causant la dégradation environnementale et
commettant des meurtres dans la poursuite de leur
exploitation et du vol des richesses minérales des
Philippines qui appartiennent aux peuples
autochtones et à la classe ouvrière.
Les
Philippines sont le cinquième pays le plus riche
au monde en
matière des ressources minérales, avec des
réserves évaluées à plus de 1 billion
de dollars US en or, en argent, en cuivre et en
zinc. En vertu de la Loi des Philippines sur
les mines de 1995, les monopoles
miniers étrangers bénéficient d'«
incitatifs » tels que verser des redevances
de moins de 5 %, ne payer aucun impôt et
avoir des droits de propriété foncière de plus
de 25 ans avec la possibilité de les
prolonger. Les forces armées philippines appuient
leur vol et leur pillage.
Les monopoles miniers canadiens représentent près
de 20 % de toutes les opérations
minières dans les Philippines. Ils ont une
histoire de déplacer par la force les peuples
Igorot de la Cordillère de l'île de Luçon, les
Lumad de Mindanao dans le sud et d'autres peuples,
de leurs terres ancestrales.
Barrick Gold, OceanaGold, TV1 Pacific inc. et
d'autres sont parmi les monopoles miniers
canadiens qui peuvent agir en toute impunité
contre les peuples autochtones des Philippines.
Depuis l'avènement au pouvoir du gouvernement de
Rodrigo Duterte en juin 2016, le régime
philippin a lancé un plan agressif d'exploitation
des ressources minérales. Les États-Unis et
d'autres intérêts financiers privés, de pair avec
la Banque mondiale et la Banque asiatique de
développement, sont les principaux promoteurs du «
développement du secteur minier » dans les
Philippines. Les intérêts miniers privés
canadiens, chinois, américains et japonais ont
exproprié des profits faramineux sous le régime
Duterte. Aussi depuis qu'il est au pouvoir, le
gouvernement Duterte est responsable, entre
autres, de la mort de près de 200 défenseurs
de la terre autochtones et non autochtones.
Le gouvernement du
Canada s'assure de légitimer les activités des
monopoles miniers canadiens en prétendant agir
dans le respect des lois philippines. Ignorant ce
que sont ces lois et qui elles servent, le
gouvernement de Trudeau a demandé au bureau de
l'Ombudsman canadien de la responsabilité des
entreprises (OCRE) d'examiner « les plaintes
concernant des allégations de violations des
droits de la personne causées par les activités
d'une entreprise canadienne à l'étranger dans les
secteurs du vêtement, des mines et du pétrole et
du gaz ». Cependant, l'OCRE n'est pas
habilité à forcer un monopole canadien de coopérer
et n'a pas entrepris une seule enquête depuis sa
création en 2019.
L'Alliance des peuples de la Cordillère est une
alliance politique de plus de 120
organisations. Les peuples autochtones Igorot
vivent sur l'île de Luçon dans le nord des
Philippines. Ils résistent aux empiètements, à
l'occupation et au pillage des ressources
minérales de leurs terres par les monopoles
miniers mondiaux.
LML appuie les peuples autochtones Igorot
et défend le Pacte mondial adopté pour les
défendre, eux et les ressources qui leur
appartiennent dans la Cordillère.
L'appel de l'APC est disponible ici.
Le droit à l'autodétermination du
Venezuela
- Margaret Villamizar -
Manifestation à Londres, le 16 août 2020
pour exiger la restitution de l'or vénézuélien par
le gouvernement britannique
Le 5 octobre, une cour d'appel de Londres a
accordé au gouvernement vénézuélien d'en apeller
d'une décision rendue enjuillet par la Haute Cour
britannique qui « reconnaissait sans équivoque le
chef de l'opposition Juan Guaido comme président
du Venezuela ». La décision qui a été annulée
empêchait dans les faits le gouvernement de la
République bolivarienne du Venezuela d'accéder
aux 31 tonnes de réserves d'or du pays,
entreposées dans les coffres de la Banque
d'Angleterre. L'intention du gouvernement
vénézuélien est d'utiliser une partie des réserves
actuellement évaluées à environ 1,8
milliard $US, à des fins humanitaires, en
échangeant de l'or contre des fonds qui seront
acheminés par le biais du Programme des Nations
unies pour le développement afin d'importer de la
nourriture, des médicaments et d'autres
fournitures que le gouvernement ne peut pas
obtenir directement à cause du blocus criminel des
États-Unis.
La requête en appel
a été initiée par la Banque centrale du Venezuela
(BCV) contre ce qu'elle a appelé la décision «
absurde » et « inhabituelle » de la
Haute Cour britannique de rejeter son droit de
rapatrier l'or du pays et de refuser au peuple
vénézuélien l'accès aux moyens dont il a un besoin
urgent pour lutter contre la pandémie de la
COVID-19.
La perversité de l'opération juridico-politique
du tribunal du gouvernement britannique est
révélée dans les mémoires récemment publiés de
l'ancien conseiller à la sécurité nationale de
Trump, John Bolton, qui a déclaré qu'en 2019,
le ministre britannique des Affaires étrangères,
Jeremy Hunt, avait exprimé son enthousiasme à
l'idée de participer à la guerre économique
américaine contre le Venezuela, offrant son aide «
par exemple en gelant les dépôts d'or vénézuéliens
entreposés à la Banque d'Angleterre. »
En 2018 et à nouveau en 2019, le
gouvernement vénézuélien a demandé à la Banque
d'Angleterre l'accès à son or à des fins
humanitaires et a essuyé un refus les deux fois.
La deuxième demande, faite après que les
États-Unis, appuyés par le Canada et d'autres
membres de leur groupe de Lima, ont poussé Juan
Guaido à s'autoproclamer président, a été refusée
pour le motif que la Grande-Bretagne reconnaissait
l'imposteur et non Nicolas Maduro comme le chef
légitime du pays. C'est en réponse à cette action
fallacieuse et illégale des Britanniques que la
BCV a lancé sa bataille juridique le 14 mai.
Dans sa décision du 5 octobre, la Cour d'appel
demande au gouvernement de Boris Johnson de
clarifier qui exerce les pouvoirs de facto de chef
d'État et de chef du gouvernement au Venezuela
avant qu'une décision ne soit prise sur qui a le
droit d'accéder aux réserves d'or du pays. Le
tribunal a ordonné au tribunal de commerce
britannique d'établir cela avant qu'une décision
sur comment disposer des réserves ne soit prise.
La Banque centrale du Venezuela (BCV) a applaudi
la décision de la cour d'appel, affirmant dans un
communiqué du 5 octobre qu'elle faisait
confiance à l'enquête de la cour qui confirmera
son argument selon lequel si la Grande-Bretagne a
peut-être reconnu Guaido comme chef de l'État
en 2019, elle reconnaît en fait toujours
Nicolas Maduro en tant que personne qui exerce ce
rôle. La preuve en est que le gouvernement
britannique n'a pas rompu les relations
diplomatiques avec le gouvernement Maduro; les
deux gouvernements continuent d'entretenir des
relations consulaires régulières avec les
ambassadeurs dans la capitale de l'autre. Selon
l'équipe juridique vénézuélienne, la décision
initiale ignorait « la réalité de la situation sur
le terrain » dans laquelle le gouvernement
Maduro est « en contrôle total du Venezuela et de
ses institutions administratives ».
La BCV a déclaré
qu'elle continuerait à prendre toutes les mesures
nécessaires pour sauvegarder ses « réserves
internationales souveraines et le patrimoine sacré
de la République, qui appartiennent au peuple du
Venezuela ».
S'il est prématuré de déclarer victoire dans ce
combat, gagner l'appel est une étape importante
dans le démantèlement de la fraude impérialiste
selon laquelle la marionnette américaine Guaido
est reconnue comme le président « légitime »
du Venezuela par les États-Unis et une poignée
d'autres, dont la Grande-Bretagne et le Canada
dans le rôle qui lui a été attribué en tant que
chef de gang du cartel connu sous le nom de Groupe
de Lima.
La semaine dernière, un autre coup a été porté à
l'opération de changement de régime lorsque le
nouvel ambassadeur au Venezuela de la
Confédération suisse, Jurg Sprecher, a présenté
ses lettres de créance au président Nicolas Maduro
lors d'une cérémonie télévisée tenue au palais de
Miraflores. La Suisse avait été un des
premiers pays à avoir reconnu le député Juan
Guaido après qu'il se soit proclamé président le
23 janvier 2019.
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