Des élections pendant la crise de la pandémie et la crise économique


De jeunes autochtones et leurs sympathisants se rassemblent sur les marches de l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique en février 2020 pour tenir des discussions et d'autres activités pour déterminer comment faire entendre leur voix et faire reconnaître leurs droits.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, a annoncé des élections provinciales pour le 24 octobre. En déclenchant des élections, le gouvernement minoritaire du Nouveau Parti démocratique a rompu unilatéralement une entente avec le Parti vert selon laquelle il devait gouverner jusqu'à l'année prochaine. L'élection surprise déclenchée par le NPD a été qualifiée d'attaque de choc et stupeur visant à obtenir le contrôle absolu de l'Assemblée législative.

Cette farce électorale vise à faire obstacle au mouvement du peuple pour s'investir du pouvoir. Prétendre que l'élection d'un parti cartel en particulier résoudra les problèmes auxquels font face le peuple et l'économie est une vaste déstabilisation et une vaste fraude. Le peuple doit rester fidèle à ses efforts pour organiser des actions avec analyse à la défense de ses réclamations et des droits de tous et ne pas succomber à cette fraude électorale au service des riches. L'élite dirigeante a recours à la fraude électorale pour convaincre les travailleurs de chercher des solutions aux problèmes économiques et sociaux en votant pour un parti cartellisé plutôt qu'en s'investissant eux-mêmes du pouvoir et en développant leurs organisations indépendantes consacrées à la construction du Nouveau.

Ces élections en temps de crise de la pandémie et de crise économique révèlent de manière dramatique les défaillances du processus électoral actuel. L'élection telle qu'elle se déroule montre à quel point la démocratie est absente pour les larges masses du peuple et comment le peuple est écarté de toute possibilité de participer d'une manière significative au choix des candidats participant aux élections et, ultérieurement, des membres du gouvernement.

Le premier ministre Horgan a déclenché les élections le 21 septembre. Quiconque voulait être candidat devait s'enregistrer auprès d'Élections Colombie-Britannique avant le 2 octobre. Aucun autre parti n'a été informé à l'avance que les élections allaient être déclenchées. Cela veut dire que le corps politique et ses collectifs n'ont eu que onze jours pour choisir et enregistrer leurs candidats. Ce fait démontre à lui seul à quel point la procédure pour choisir des candidats est désuète et rétrograde et qu'elle exclut la vaste majorité du peuple et de ses collectifs du processus dominé par les partis politiques financés par l'État. Dans une démocratie moderne, la sélection des candidats doit être une des étapes les plus importantes d'un processus auquel participent le peuple et ses collectifs. Sinon, élire un gouvernement représentatif ne veut rien dire.

Les partis politiques financés par l'État et les médias de masse contrôlés par les monopoles dominent un processus électoral corrompu par lequel ce sont les partis cartels de l'élite dominante qui sont portés au pouvoir, et non des dirigeants choisis par le peuple et leurs collectifs. La corruption est bien illustrée par le fait que seuls deux partis financés par l'État, le NPD et les libéraux, avaient suffisamment d'argent et d'employés pour inscrire une liste complète de 87 candidats. Même le Parti vert n'a réussi qu'à en inscrire soixante-quatorze. D'autres partis ont abandonné ou présenté un nombre moindre de candidats.

Dix partis présenteront au moins un candidat, et il y aura 24 candidats indépendants, pour un total global de 332 candidats inscrits. Ainsi, 10 partis participent aux élections, alors qu'à l'élection provinciale de 2017, leur nombre était de dix-huit. Dans cette élection, 332 candidats sont inscrits, comparativement à 371 à l'élection précédente.

En conférence de presse, Sonia Furstenau, la nouvelle dirigeante du Parti vert, a exprimé sa consternation de voir que son parti présentait moins de candidats qu'en 2017. Elle a accusé le premier ministre Hogan de tirer avantage de la position du NPD en tant que parti au pouvoir et de l'appui que lui ont donné les médias dans leurs reportages sur la pandémie.

« Nous avons été pris au dépourvu par ce déclenchement d'une élection non nécessaire et nous n'avions nommé aucun candidat puisque nous croyions que l'Accord de soutien et de confiance de même que la loi qui devait garantir que les élections auraient lieu à une date fixe en octobre 2021 tiendraient et que le gouvernement néodémocrate respecterait son entente ainsi que la loi. Il ne l'a pas fait », a dit Sonia Furstenau.

Les partis politiques financés par l'État, les entreprises de relations publiques et de marketing, les groupes de réflexion néolibéraux et les plus grands monopoles et cartels qui sont actifs dans la province contrôlent le choix des candidats et décident des questions qui doivent dominer dans l'élection et les médias de masse. Dans le processus électoral lui-même et les médias de masse, le corps politique et ses collectifs ne jouent aucun rôle dans la décision des enjeux officiels et de ce qu'un gouvernement élu doit faire pour assumer ses responsabilités sociales envers le peuple et la société, et rendre des comptes s'il ne le fait pas.

En raison des restrictions de santé provinciales dues à la pandémie, le véritable caractère non démocratique du processus électoral est révélé aux yeux de tous. Aucun débat de tous les candidats n'est prévu dans les circonscriptions. Très peu de travail de masse peut être entrepris. Des nouvelles à propos de l'élection apparaissent dans des clips sonores et des publicités minutieusement contrôlés dans les médias de masse impérialistes. Les seules discussions qui sont tenues le sont dans de petits collectifs n'ayant souvent aucun lien avec le processus électoral.

Presque immédiatement après le déclenchement des élections, le NPD s'est mis à diffuser des publicités électorales à la télévision et ailleurs pour attaquer le Parti libéral et dire au peuple quels sont les enjeux dans ces élections. Aussitôt, une série de publicités du Parti libéral sont apparues pour attaquer le NPD et présenter sa version des enjeux. Les publicités et la couverture médiatique du NPD et du Parti libéral, leurs attaques réciproques et leurs promesses et objectifs politiques à long terme visent à désinvestir le peuple du pouvoir et à le dépolitiser pour le transformer en masse votante et nier ses propres efforts d'organisation et sa propre lutte pour ses droits et ses réclamations.

Les membres du corps politique sont réduits à des consommateurs d'un spectacle dont le but est de les convaincre de voter pour l'un ou l'autre des partis cartels. Les institutions démocratiques libérales désuètes sont incapables de mobiliser le peuple pour une discussion sur les conditions concrètes, pour tenter de déterminer ce qu'on peut faire pour résoudre les problèmes, et en arriver à une entente et un consensus sur une nouvelle direction et un nouvel objectif pour l'économie en crise afin de subvenir aux besoins du peuple et de la société, et humaniser l'environnement social et naturel.

Dans un rapport publié la veille du déclenchement de l'élection, le gouvernement de la Colombie-Britannique a décrié les conditions économiques et l'insécurité du peuple :

« Au Canada, l'activité économique a chuté à un taux annualisé de 38,7 % au deuxième trimestre de 2020 – une chute record dans un si court laps de temps. En Colombie-Britannique, le taux de chômage a augmenté à 13,4 % en mai alors qu'il était de 5,0 % en février. Le secteur des services publics a été durement frappé avec des baisses d'emplois surtout dans les secteurs du commerce au détail, de l'information, de la culture et des loisirs, ainsi que de l'hébergement et de l'alimentation. Les femmes et les jeunes ont été particulièrement affectés [...] Une situation a été créée où ce sont les gens les plus vulnérables sur le marché du travail qui ont souffert le plus du ralentissement. [...] Les ventes au détail en Colombie-Britannique ont subi leur plus forte baisse de tous les temps en avril. [...] [La Colombie-Britannique] avait un manque à gagner de 149 000 emplois en août comparativement à février[1]. »

La fraude électorale démocratique libérale ne peut résoudre les problèmes très concrets auxquels sont confrontés l'économie et le peuple. Les mesures prises par le gouvernement et ses promesses ainsi que celles de l'opposition ne tiennent pas compte de la direction en faillite de l'économie et ne mobilisent pas le peuple dans une discussion et une mobilisation pour vaincre la pandémie et trouver et mettre en oeuvre une nouvelle direction pour arrêter de payer les riches, augmenter les investissements dans les programmes sociaux et défendre les droits de tous et toutes.

Le peuple est déterminé à ne pas permettre que cette fraude électorale le détourne de s'organiser pour réclamer ce qui lui appartient de droit. En s'unissant et en participant dans des actions avec analyse pour résoudre les problèmes d'une économie et d'institutions démocratiques libérales en faillite, le peuple est déterminé à s'investir du pouvoir afin de bâtir le nouveau.

Note

1.Voir « Le plan de relance de l'économie de la Colombie-Britannique : La restructuration des arrangements étatiques pour renforcer l'économie provinciale qui paie les riches », LML, 3 octobre 2020

(Photos: TML, R. Gillezeau)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 63 - 10 octobre 2020

Lien de l'article:
Des élections pendant la crise de la pandémie et la crise économique - K.C. Adams


    

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