Numéro 46 - 18 juillet 2020
Des sujets de préoccupation pour le corps
politique
Inquiétudes grandissantes concernant la
direction de l'économie
Grèves dans les résidences
privées pour personnes
âgées du groupe Chartwell au Québec
• Les
choses ne doivent pas «continuer comme avant»
dans les soins aux aînés! Les établissements
privés doivent rendre des comptes!
- Louis Lang -
Les États-Unis des oligopoles d'Amérique du Nord
• Le
président Obrador va à Washington
- Pablo Moctezuma Barragan
-
Le discours de Donald Trump au mont Rushmore le 3
juillet
• Une
définition obsolète de qui est un citoyen
- Kathleen Chandler -
• Le
peuple compte sur ses propres forces,
non sur l'État, pour changer la situation
- Voice of Revolution -
• La
vraie histoire du mont Rushmore
Les manifestations se poursuivent aux États-Unis
• Grève
nationale pour la vie des Noirs le 20
juillet
• Reportage
photo
Ne touchez pas au Venezuela!
• Le
Venezuela dénonce les provocations inexcusables
du Southern Command des États-Unis dans la zone
contiguë
- Le ministère des
Affaires étrangères du Pouvoir populaire de la
République bolivarienne du Venezuela -
• L'absurde
discours politique anti-Maduro
- Pino Arlacch -
• L'encerclement
maritime est au coeur de la stratégie
des États-Unis contre le Venezuela
- Ernesto Cazal -
• L'impact
de la guerre économique contre le Venezuela
- Pasqualina Curcio -
SUPPLÉMENT
Discussion sur le «portait budgétaire» du
gouvernement fédéral
• Comment
se pose le problème des recettes publiques
- K.C. Adams
Des sujets de préoccupations pour
le corps politique
La crise économique qui a éclaté cette année en
un chômage massif, des fermetures et des faillites
est la source de grandes inquiétudes parmi le
peuple. La crise actuelle fait suite à la crise
financière de 2008-2009 et à la chute des
prix du pétrole de 2014 ainsi qu'aux
bouleversements subséquents de l'économie en
Alberta et ailleurs qui ont aggravé la crise
actuelle. Le peuple est inquiet parce qu'il n'a
aucune confiance dans la capacité ou la volonté de
l'élite dirigeante au pouvoir de s'attaquer à la
source du problème. Une nouvelle direction
prosociale et un nouveau but prosocial pour
l'économie sont nécessaires pour résoudre ces
problèmes.
Depuis la
grande crise économique des années 1930 et à
chaque crise subséquente, ceux qui sont en
position de contrôle reviennent toujours aux mêmes
panacées qui se sont avérées incapables de
résoudre les problèmes et d'empêcher les crises
récurrentes. Pour les riches oligarques, les
crises économiques sont des « occasions »
d'accroître leurs cartels et leur contrôle de
l'économie, d'éliminer les petits concurrents et
de mettre les travailleurs sur la défensive, les
obligeant à se battre pour défendre leur emploi,
leurs conditions de travail et leur niveau de vie.
À chaque nouvelle crise, les oligopoles étendent
leur contrôle de ce qu'on appelle le bien public,
l'intérêt public ou l'entreprise publique. Sous
leur égide, il n'y a plus de projet d'édification
nationale qui tienne.
La conscience d'un contrôle absolu par les
propriétaires de l'économie est passée de l'image
de la ville de compagnie où tout le monde est payé
par la compagnie, paie son loyer à la compagnie,
achète au magasin de la compagnie et s'endette
envers la compagnie, à l'image d'un pays dont tous
les principaux secteurs de l'économie sont
possédés et contrôlés par des cartels mondiaux et
dont il est complètement à la merci.
Merle Travis, le fils d'un mineur de charbon du
Kentucky, a bien capté l'idée de la ville de
compagnie dans sa chanson de 1946 Sixteen
Tons :
You load sixteen tons, what do you
get ?
Another day older and deeper in debt
Saint Peter don't you call me 'cause I can't
go
I owe my soul to the company store
[Vous chargez seize tonnes et vous avez
quoi ?
Encore plus de dettes et un jour de moins à
vivre !
Saint-Pierre ne m'appelle pas parce que je ne
peux pas venir
Je dois mon âme au magasin de la compagnie.]
Après avoir lu le « portrait économique et
budgétaire » du gouvernement fédéral et avec
tout ce qui s'est passé depuis 1946, beaucoup
de Canadiens pourraient chanter :
Nous chargeons seize tonnes et
qu'avons-nous ?
Encore plus de dettes et un jour de moins à
vivre !
Saint-Pierre ne nous appelle pas parce que
nous ne pouvons pas venir
Nous devons notre âme aux oligarques qui
contrôlent le pays.
Les riches ont étendu leur contrôle : du
magasin de compagnie, ils contrôlent maintenant
l'économie mondiale. Les travailleurs ont beau
produire des tonnes de produit social, ils n'en
sont pas moins de plus en plus endettés auprès des
intérêts privés mondiaux et vivent de plus en plus
dans l'incertitude et l'insécurité quant à leurs
emplois, leurs conditions de vie et leur avenir.
La motivation
de ceux qui contrôlaient l'économie de la ville
minière du Kentucky était d'exploiter la mine et
de voler les mineurs, pas de résoudre les
problèmes d'une ville minière et certainement pas
les problèmes de ceux qui sortaient le charbon des
entrailles de la terre, ni de répondre à leur
aspiration à une vie meilleure et à la stabilité
pour eux et leur famille. Lorsque la crise
éclatait, les mineurs perdaient leur travail, mais
restaient aux prises avec leurs dettes envers le
magasin de la compagnie. Aujourd'hui, la classe
ouvrière paie pour la crise avec la perte de
millions d'emplois, des tragédies personnelles et
d'énormes dettes collectives envers les
oligarques.
Aujourd'hui, c'est l'ensemble de l'économie qui
est organisée pour payer les riches et mettre
toutes les ressources de l'État au service
d'intérêts privés, à commencer par l'usurpation de
l'État et de ses institutions par ces intérêts
privés. Les gouvernements sont devenus les
serviteurs d'intérêts privés. Ils empruntent aux
riches ; ils utilisent l'argent qu'ils
empruntent pour payer les riches ; ils
achètent aux riches et les paient pour construire
différentes choses ; ils utilisent la valeur
que les travailleurs produisent pour rembourser
leur dette envers les riches. Bref, les riches
continuent de s'enrichir à un rythme sans
précédent aux dépens de tout le monde et de la
société.
L'inquiétude parmi les travailleurs est palpable.
Où tout cela nous mènera-t-il ? Nous ne
voulons pas d'un « retour à la normale » des
compressions, des politiques d'« austérité »,
des fraudes de protection de faillite pour les
entreprises, du vol de nos pensions, de la
réincarnation des mêmes entreprises qui embauchent
les mêmes personnes, mais à la moitié du salaire,
etc. L'économie tourne en rond pendant que ceux
qui sont en position d'autorité imposent
ouvertement leurs propres intérêts. Ils ne
prétendent même pas résoudre les problèmes de
l'économie.
Les travailleurs, par l'application de leur temps
de travail aux moyens de production, produisent
toute la valeur de l'économie, mais au bout du
compte ils sont individuellement et collectivement
endettés envers les riches pour avoir créé la
valeur que les riches contrôlent. Et maintenant,
l'élite dirigeante avertit le peuple de se
préparer à la privatisation à outrance de tous les
domaines d'activité comme si c'était la solution
aux problèmes. Les Canadiens paieront la facture
des stratagèmes pour payer les riches par une
hausse des taxes et impôts, la privatisation des
programmes sociaux, un abaissement du niveau de
vie et l'insécurité à la retraite.
Déjà les taxes à la consommation et les impôts
personnels augmentent. Ces taxes et impôts
représentent une baisse des salaires, une perte de
pouvoir d'achat, une baisse du niveau de vie. La
dette collective envers les intérêts privés
mondiaux est considérée comme une panacée. C'est
irrévocable parce que c'est la loi de
l'enrichissement des riches et de
l'appauvrissement des pauvres et les partis
cartellisés et les gouvernements n'ont que faire
si tout s'écroule puisqu'ils ont des postes
confortables et grassement payés qui les attendent
auprès des intérêts privés qu'ils servent si bien.
Où mène
toute cette concentration de la richesse et du
pouvoir sinon à la guerre ? L'économie du
Canada a été intégrée à celle des États-Unis des
intérêts oligopolistiques d'Amérique du Nord. Les
contradictions dans les rangs des intérêts
oligopolistiques sont telles qu'ils se préparent
très possiblement à attaquer le Venezuela,
espérant anéantir Cuba du même coup. Ce n'est pas
un scénario improbable à la lumière de leurs
prétentions ridicules que le président et le
gouvernement du Venezuela sont des trafiquants de
drogue ou qu'ils interfèrent avec la liberté des
mers. Ils ont entrepris de menacer tout navire à
destination du Venezuela.
Pourraient-ils unir la bureaucratie militaire
dans une agression contre le Venezuela ? Cela
est peu probable, mais ça ne veut pas dire qu'ils
ne s'y engageront pas dans leur désespoir à
vouloir détourner l'attention des contradictions
dans leurs rangs à l'intérieur du pays, entraînant
le Canada et son groupe de Lima avec sa prétention
de multilatéralisme dans une autre absurde «
coalition des volontaires ».
Une nouvelle direction pour l'économie
Les intérêts privés étroits qui contrôlent
l'économie contrôlent le pouvoir de décision et
cela doit changer. Les Canadiens doivent s'élever
contre les stratagèmes pour payer les riches dans
lesquels le gouvernement les entraîne.
La nouvelle direction de l'économie qui ouvrira
la voie au progrès veut que la valeur produite par
les travailleurs reste entre leurs mains pour
pouvoir organiser l'économie et la vie de manière
sensée et sans crise. Exiger une telle direction
pour l'économie serait un très grand pas en avant.
L'étape
immédiate et nécessaire est d'intensifier
l'opposition à l'offensive antisociale qui
comprend l'usurpation de l'État, y compris des
gouvernements, par des intérêts privés étroits. Ce
pas en avant comprend nécessairement l'opposition
aux pouvoirs de police spéciaux que les
gouvernements à tous les niveaux se sont donnés
pour dicter les salaires et les conditions de
travail, pour détruire les syndicats et
criminaliser les luttes de résistance des
travailleurs, pour entraîner le Canada dans une
guerre de l'OTAN et des coalitions impérialistes
qui prétendent défendre la démocratie et les
droits humains pour renverser des gouvernements ou
les prendre en charge. Cela signifie lutter pour
les droits de tous et toutes sur tous les fronts,
que ce soit contre les attaques racistes
organisées par l'État, la traite des êtres
humains, la violence et l'impunité policières, la
criminalisation du travail et de tous ceux qui
résistent aux attaques contre leurs droits, le
recrutement de jeunes pour se « porter
volontaires » dans des aventures
impérialistes au pays et à l'étranger et pour la
guerre, et tous les autres programmes rétrogrades
que les gouvernements financent avec des ONG
manoeuvrées par des intérêts suspects. Toutes les
organisations imposées par ces intérêts privés ont
pour mission de s'assurer que les peuples n'aient
pas leurs propres organisations et qu'en temps de
crise, ils soient laissés sans défense, à la merci
de ceux qui ne leur souhaitent aucun bien.
Les organisations qui défendent les droits et les
revendications des peuples dans le contexte du
contrôle impérialiste et du purgatoire de la dette
sont nécessaires pour mobiliser et dynamiser notre
force collective.
Exigeons un moratoire sur le service de la dette
publique et que les emprunts d'État auprès
d'intérêts privés soient considérés comme
illégaux !
Organisons-nous pour le renouveau politique en
établissant la ligne de marche du peuple contre
l'offensive antisociale et en développant une
direction prosociale.
Les jeunes et les travailleurs sont tout à fait
capables d'organiser et de développer consciemment
une marche politique vers un nouvel objectif et
une nouvelle direction prosociale de l'économie
sur la base d'un renouveau politique vers un
avenir radieux pour tous.
Cela peut se faire !
Cela doit se faire !
SUPPLÉMENT
Discussion sur le
«portrait budgétaire» du
gouvernement fédéral
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Grèves dans les résidences privées
pour personnes
âgées du groupe Chartwell au Québec
- Louis Lang -
Le 10 juillet, les travailleurs et travailleuses
de sept résidences privées pour aînés ont
déclenché une grève illimitée contre leur
employeur. Les travailleurs sont membres du
Syndicat québécois des employées et employés de
service (SQEES-FTQ) et comprennent les infirmières
et les préposés aux bénéficiaires, les employés
des cuisines, de l'entretien ménager et d'autres
services qui peuvent varier selon les résidences.
Les résidences en grève sont au
Saguenay-Lac-Saint-Jean et dans la région de la
capitale nationale.
Le site Web de Chartwell illustre bien le « tout
continue comme avant » de l'entreprise.
Chartwell s'y décrit comme « une fiducie
d'investissement immobilier axée sur la génération
de remises en espèces durables, stables et
croissantes découlant de la propriété et de
l'exploitation d'un éventail complet de résidences
pour retraités. La Société est le plus important
exploitant du secteur de l'hébergement pour
retraités au Canada. » En date du 25
juin 2018, la capitalisation boursière de
Chartwell est de 3,23 milliards $ CAD,
avec plus de 3,01 milliards $ CAD d'actifs.
En 2018, la valeur de l'entreprise s'élève à
environ 5 milliards $ CAD[1].
Une quinzaine de conventions collectives font
présentement l'objet de négociations et certaines
sont terminées depuis décembre 2018. Le refus
de l'entreprise de négocier de bonne foi est à la
fois honteux et cruel compte tenu de la pandémie
et du traumatisme que ces travailleurs ont subi
alors que 87 % des décès aux mains de la
COVID-19 se sont produits dans des résidences pour
aînés en manque d'effectifs, plusieurs d'entre
elles privées.
Pour le comble, le président du conseil
d'administration de Chartwell est nul autre que
Mike Harris qui, comme premier ministre de
l'Ontario, a lancé l'offensive antisociale au
Canada entre 1995 et 2002. Au nom de
l'ouverture de l'Ontario aux affaires, il a
introduit la politique de payer les riches pour la
dette et le déficit, sapé la réglementation et les
inspections sous prétexte d'éliminer la «
paperasse » et attaqué les syndicats, les
déclarant « cupides » et une entrave non
nécessaire à l'efficacité économique. Il a ouvert
les portes à la privatisation de l'éducation et de
la santé, y compris les soins de longue durée. Il
a imposé au peuple le concept thatchérien qu'il
n'existe rien de tel que la « société » et la
responsabilité sociale. Tous les individus doivent
se débrouiller seuls.
La grève a été déclenchée après que Chartwell a
systématiquement refusé de considérer les
revendications de ses employés et même de
présenter des contrepropositions.
Ligne de piquetage devant une résidence pour
personnes âgées de Chartwell, le 11 juillet
2020
En ce qui concerne les salaires, les travailleurs
demandent un salaire d'au moins 15 $ à
l'embauche pour tous et une augmentation
de 1 $ l'heure par année pendant trois
ans. Un grand nombre de ces travailleurs gagnent
moins de 15 $ l'heure en ce moment, et
plusieurs atteignent le salaire minimum
de 13,10 $ uniquement parce qu'ils
touchent certaines primes. La situation des
salaires est déplorable et ne permet ni de vivre
décemment ni de retenir et d'attirer le personnel
dans le secteur des résidences privées pour
personnes âgées. Cette situation est devenue
particulièrement intolérable dans les conditions
de la pandémie de la COVID-19. Les employés se
dévouent corps et âme à la protection des
résidents, souvent au péril de leur santé, mais
leur importante contribution n'est absolument pas
reconnue, ni par les propriétaires privés, ni par
les gouvernements qui permettent une telle
situation.
« Les derniers mois nous ont fait constater à
quel point les travailleuses et les travailleurs
auprès des personnes aînées sont des intervenants
essentiels, a dit Sylvie Nelson, présidente du
SQEES-FTQ. C'est vrai pour les infirmières,
infirmières auxiliaires, préposées aux
bénéficiaires, mais aussi pour tous les services
auxiliaires comme les personnes travaillant aux
cuisines, au service aux tables, à l'entretien
ménager, à la réception... Pourtant, le plus gros
employeur au Québec et au Canada dans les
résidences privées pour personnes aînées, les
résidences Chartwell, refuse de considérer ses
travailleuses et ses travailleurs. »
Une porte-parole de Chartwell a déclaré
honteusement que les revendications salariales des
grévistes sont « démesurées ». « Aucune
entreprise ne peut assumer des hausses de plus de
25 % sur trois ans, comme on nous le
demande. » Démontrant le caractère intéressé
de ce « modèle d'affaires » des soins aux
aînés, elle a dit que ces revendications
réduiraient les profits des investisseurs et des
propriétaires privés. Toute augmentation des
salaires sera refilée aux résidents et à leurs
familles. « Et on doit tenir compte de l'impact
des augmentations sur les frais pour nos
résidents », a-t-elle dit. Les frais pour les
résidents sont les « loyers » exorbitants que
Chartwell impose.
Si une revendication salariale aussi modeste que
celle présentée par les travailleurs représente
une augmentation de 25 % de l'ensemble
des salaires, cela en dit long sur l'exploitation
éhontée que vivent les travailleurs.
Le refus arrogant de Chartwell de reconnaître les
besoins des travailleurs et de négocier les
salaires et les conditions de travail n'a laissé
d'autre choix au syndicat que de mettre en
application son mandat de grève. Le SQEES-FTQ a
aussi un mandat de grève illimitée pour l'automne
si aucun progrès n'est fait pour traiter des
besoins des travailleurs.
Les revendications des travailleurs s'attaquent
aux problèmes sérieux du manque d'effectifs et de
l'imposition de salaires minimaux à des
travailleurs qui accomplissent des tâches
essentielles pour prendre soin des personnes âgées
et qui constituent la seule ligne de défense de
leur bien-être. L'absence de respect pour les
travailleurs et leurs conditions de travail
provient directement de la cupidité des
propriétaires privés et de leur objectif d'amasser
le profit le plus élevé possible. Les
gouvernements fédéral et provinciaux doivent
intervenir immédiatement pour établir des normes
pour les soins aux aînés. Ils ont aussi le devoir
de créer un nombre suffisant d'établissements pour
les aînés, ayant les normes les plus élevées que
la société a atteintes, pour que personne ne soit
forcé d'aller vers les soins privés, leurs frais
exorbitants et une situation où ils subissent la
maltraitance et la négligence de la part des
propriétaires.
Ligne de piquetage devant une résidence pour
personnes âgées de Chartwell, le 10 juillet
2020
Bien avant la pandémie, les infirmières, les
travailleurs et leurs organisations n'ont cessé de
sonner l'alarme au sujet du traitement
inacceptable des travailleurs de la santé et des
conditions de vie horribles que subissent les
aînés dont ils s'occupent. Le gouvernement et les
entreprises fonctionnant sur la base du profit ont
fait la sourde oreille. Lorsque la COVID-19 a
frappé les résidences de soins de longue durée,
une grande partie de ces résidences n'ont tout
simplement pas appliqué les protocoles nécessaires
en cas de situation de pandémie, bien que ces
protocoles soient obligatoires en ce qui concerne
les résidences pour aînés qui sont souvent
frappées par la grippe et des contagions de toutes
sortes.
Le refus de Chartwell de reconnaître les
revendications des travailleurs démontre que
l'intention de l'élite dirigeante est que « les
choses doivent continuer comme avant » comme
si c'était une option. Ignorer les leçons apprises
pendant la pandémie n'est pas une option. Chartwell
affirme qu'il ne peut pas rafler le niveau de
profits qu'il désire s'il paie les salaires que
revendiquent les travailleurs et il refuse de
négocier. Cela ne doit pas passer !
Chartwell doit être forcé de négocier et de
fournir des conditions de travail où il y a
suffisamment de de travailleurs, lesquels sont à
temps plein et touchent un salaire qui leur permet
de vivre décemment.
Le syndicat a pris une position prosociale contre
ce « modèle d'affaires » des soins aux aînés.
« Nous devons toutes et tous nous mobiliser
contre ce modèle d'affaires qui — on l'a vu
pendant la crise de la COVID — ne reflète en rien
les valeurs de partage et d'équité qui animent le
Québec, écrit Sylvie Nelson. Ce modèle consiste
à : acheter des terrains, construire des
bâtisses, les remplir à ras bord, réduire les
coûts jusqu'à la moindre cenne et faire un maximum
de profit pour leurs actionnaires de la bourse de
Toronto. Tout ça aux dépens de celles —
soit 80 % de femmes — qui s'assurent
jour après jour, souvent au détriment de leur vie
familiale, du bien-être de nos personnes aînées.
C'est aussi aux dépens des personnes résidentes de
Chartwell qui doivent contester des hausses de
loyer indécentes. Ce n'est pas ce que nous
souhaitons pour nos personnes aînées. Chartwell a
un effort à faire pour devenir un citoyen
corporatif responsable. »
Les infirmières et les travailleurs de Chartwell
méritent l'entier appui des Canadiens. Leur lutte
est la nôtre. Ils luttent pour des conditions de
travail qu'ils jugent acceptables. En défendant
leurs droits, ils luttent pour les conditions de
vie et défendent les droits des personnes âgées.
Il ne faut pas permettre à ces institutions qui
sont basées sur des intérêts privés étroits de
retourner au « continuons comme avant » et
les gouvernements qui permettent cela
doivent rendre des comptes. Cela montre à
quel point les gouvernements abandonnent
totalement leur devoir de défendre les intérêts du
peuple. Cela montre leur hypocrisie totale quand
ils se disent préoccupés de ce qui s'est produit
dans les centres de soin de longue durée pendant
la première phase de la pandémie et ils ne doivent
pas pouvoir s'en tirer à bon compte.
Il faut considérer comme un geste criminel que
les gouvernements permettent à des intérêts privés
de maintenir des conditions inhumaines dans leurs
établissements pour les résidents, les
travailleurs et les professionnels, et il en est
de même des actions des propriétaires de ces
établissements.
Les revendications que les travailleurs mettent
de l'avant montrent la nécessité d'affirmer leur
droit de décider de leurs conditions de travail,
pour qu'ils puissent accomplir leur devoir et
traiter les personnes avec la dignité qui leur
revient.
Non à la « continuation comme avant » dans
les soins aux aînés ! Les institutions
privées de soins aux aînés doivent rendre des
comptes !
Note
1. Selon Wikipedia,
Résidences pour retraités Chartwell « est une
société de placement immobilier canadienne fondée
en 2003. Elle opère des résidences pour
personnes âgées au Québec, en Ontario, en Alberta
et en Colombie-Britannique. [...] »
Les États-Unis des oligopoles
d'Amérique du Nord
- Pablo Moctezuma Barragan -
Le président du
Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO), a
pris la parole aux côtés du président américain
Donald Trump le mercredi 8 juillet à la
Maison-Blanche. Ce fut la première visite
internationale du chef d'État mexicain, et il l'a
faite dans le contexte de l'approbation du nouveau
traité commercial nord-américain, entre le Canada,
les États-Unis et le Mexique, connu sous le nom de
T-MEC au Mexique (ACÉUM au Canada).
Dans les jours qui ont précédé cette rencontre, le
premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait
indiqué son intention de ne pas y participer. Il
ne voulait sans doute pas parler des projets
canadiens d'énergies renouvelables qui ont été
annulés par le Mexique, ni des plaintes
d'organisations de défense des droits humains au
Canada qui dénoncent les conditions de travail et
de logement déplorables dans lesquelles se
trouvent les travailleurs agricoles temporaires
mexicains et le manque flagrant d'attention du
gouvernement canadien à leur endroit. Jusqu'à
maintenant, plus de mille travailleurs agricoles
ont été infectés de la Covid-19 et trois en sont
morts.
Le président mexicain a déclaré qu'il venait
célébrer l'entrée en vigueur de l'accord qui,
selon lui, est une grande réalisation qui
bénéficiera aux trois nations et à leur peuple.
Étonnamment, AMLO a commencé son discours en
parlant en tant que membre d'une région et non en
tant que représentant d'un pays. Il a dit : «
L'Amérique du Nord est l'une des régions
économiques les plus importantes de la planète.
Cependant, notre région est inexplicablement
déficitaire sur le plan commercial ; nous
exportons vers le reste du monde 3 579 milliards
de dollars, mais nous importons 4 190 milliards de
dollars, c'est-à-dire que nous avons un déficit
commercial de 611 milliards de dollars, ce qui se
traduit par une fuite des capitaux, une réduction
des occasions pour les entreprises et la perte de
sources d'emplois. »
Il a déclaré que le nouvel accord « cherche
précisément à inverser ce déséquilibre en
poursuivant l'intégration de nos économies et en
améliorant le fonctionnement des chaînes
d'approvisionnement afin de rétablir la présence
économique perdue en Amérique du Nord au cours des
cinq dernières décennies. Il suffit de noter qu'en
1970, la région représentait 40,4 % de la
production mondiale et que, maintenant, cette part
dans l'économie mondiale est tombée à 27,8 %. » Il
a ajouté que « l'accord est une excellente option
pour la production, créer des emplois et
encourager le commerce sans avoir à aller aussi
loin de nos foyers, villes, États et nations. » Il
a ainsi parié de l'intégration à un bloc régional
dominé par les entreprises américaines.
Poursuivant sa présentation, Lopez Obrador a
déclaré : « En d'autres termes, les volumes
d'importation de nos pays provenant du reste du
monde peuvent être produits en Amérique du Nord, à
moindre coût de transport, avec des fournisseurs
fiables pour les entreprises et avec l'utilisation
de la main-d'oeuvre de la région. [...] Exploiter
tous les avantages que nous offre le voisinage
ainsi que la mise en oeuvre d'une bonne politique
de coopération au développement [...] va attirer
des investissements d'autres endroits de
l'hémisphère. » (Il faut rappeler que la
définition du mot hémisphère est la moitié du
globe et Obrador n'a pas précisé à quel hémisphère
il fait référence. Nord-Sud? Est-Ouest?)
« Cet accord permet d'attirer des investissements
provenant d'autres parties de l'hémisphère vers
nos pays, a-t-il poursuivi, à condition que soient
respectés les principes de production de
marchandises à forte teneur régionale, ainsi que
de fournir des conditions de travail et de
rémunération équitables pour les travailleurs des
pays exportateurs ou importateurs de biens de
consommation. » De ce fait, le Mexique entre dans
la guerre commerciale des États-Unis contre la
Chine, aux côtés du Canada.
Il convient de
rappeler que le Mexique s'identifiait depuis des
siècles comme un pays latino-américain. C'est à
partir du premier accord, en 1994, l'ALÉNA, que
les gouvernements néolibéraux, en commençant par
Salinas, ont étiqueté le Mexique comme faisant
partie de l'Amérique du Nord. Ce premier accord a
provoqué la destruction de l'économie mexicaine,
l'abandon des régions agricoles, la perte de la
souveraineté énergétique et le début de
l'exploitation minière rapace au Mexique, celle-là
même qui pollue et vole l'eau des communautés, et
pille nos richesses sans payer de redevances. Le
premier accord a marqué le début de la criminalité
mondiale, la migration et le trafic de drogue ont
augmenté et la souveraineté économique a été
détruite. Il s'agissait d'un marché entre un
requin et une sardine. Les États-Unis ont un
produit intérieur brut 20 fois supérieur à celui
du Mexique et 10 fois supérieur à celui du Canada.
Et le nouveau traité est encore pire que le
premier.
AMLO a déclaré que les trois pays finissent par se
compléter et que le Mexique apporte sa force de
travail, de bons ouvriers avec une éthique du
travail. Il n'a jamais parlé de la façon dont ces
travailleurs sont traités aux États-Unis et au
Canada, où ils souffrent vraiment d'esclavage
moderne. Au contraire, AMLO a appelé à mettre de
côté les différends ou à les résoudre par le
dialogue et le respect mutuel. Cependant, ce
dialogue n'a pas eu lieu car les mots « migrant »
ou « mur » n'ont jamais été prononcés. Et on n'a
pas vu de respect non plus, car le 6 juillet, un
jour avant l'arrivée d'AMLO et à la surprise des
uns comme des autres, Trump affichait fièrement
sur Twitter quatre photos de lui-même au mur de
l'Arizona, symbole de la ségrégation des
Mexicains.
On disait également qu'il allait continuer à
tenter de détruire la DACA (Politique
d'immigration d'action différée pour les arrivées
dès l'enfance) qui protège 800 000 migrants qui
sont arrivés aux États-Unis quand ils étaient
enfants et y poursuivent leurs études. Pour
couronner le tout, il a profité de l'occasion pour
attaquer les villes sanctuaires que sont Chicago
et New York, affirmant qu'elles protègent des «
criminels », pour ainsi justifier des descentes
contre les migrants. Comme si ça ne suffisait pas,
on a annoncé que le nombre de lits dans les
refuges et les centres de détention de migrants
sera réduit de 60 %. Il est évident que la phobie
de Trump contre les migrants - la plupart
mexicains - ne s'est pas arrêtée avant la visite
du président mexicain ; au contraire, il a
ouvertement réaffirmé ses politiques
anti-migrants.
Se référant à l'histoire des nombreuses agressions
américaines contre le Mexique qui ont conduit au
vol de plus de la moitié de son territoire et
maintenant à la construction d'un mur à la
frontière (pas très différent de ce qu'Israël fait
aux Palestiniens), le président mexicain a
commenté : « Certes, dans l'histoire de nos
relations, nous avons eu des désaccords et il y a
des griefs qui ne sont pas encore oubliés, mais
nous avons aussi pu établir des accords tacites ou
explicites de coopération et de coexistence. » Il
a cité comme exemple le fait que pendant la
Deuxième Guerre mondiale, le Mexique a aidé à
répondre aux besoins des États-Unis en matières
premières et les a soutenus avec la main-d'oeuvre
des travailleurs migrants, connus sous le nom de braceros
(journaliers). « Depuis lors et jusqu'à ce jour,
nous avons consolidé nos relations économiques et
commerciales, ainsi que notre coexistence
particulière, tantôt comme voisins éloignés,
tantôt comme amis proches. » Il n'a pas mentionné
qu'il s'agissait également d'une relation
d'imposition, de maltraitance, d'exploitation et
de violence.
Sur un autre
point concernant la migration qui a explosé avec
les impositions du Fonds monétaire international à
partir de 1977 et avec la signature de l'ALÉNA en
1992 qui a présidé à l'exode de 12 millions de
Mexicains à cause de la dévastation économique
résultant de ce traité, AMLO l'attribue à «
l'histoire, la géopolitique, le voisinage et les
circonstances économiques [sic] qui ont encouragé
la migration. »
« Il s'est formé ici une communauté d'environ 38
millions de personnes, y compris les enfants de
parents mexicains. Il s'agit d'une communauté de
gens cordiaux et travaillants qui sont venus pour
gagner honnêtement leur vie et qui ont beaucoup
contribué au développement de cette grande nation.
» Lopez Obrador a oublié de mentionner comment
cette communauté de gens cordiaux et travaillants
est maltraitée et que nous ne sommes pas que 38
millions de Mexicains aux États-Unis, il y en a 15
millions de plus qui sont « invisibles » parce
qu'ils sont considérés comme « illégaux » et
qu'aucun droit humain ne leur est reconnu pour le
seul crime de chercher là-bas le travail qu'ils ne
trouvent pas au Mexique. Ils sont expulsés après
avoir vécu des années aux États-Unis, ils sont
enfermés dans des cages, leurs familles sont
séparées et leurs enfants arrachés à leur foyer.
AMLO rappelle que plus d'Américains (un million et
demi) vivent au Mexique et font partie de notre
société que dans toute autre partie du monde, et
conclut : « Nous sommes donc unis, plus que par la
proximité géographique, par divers liens
économiques, commerciaux, sociaux, culturels et
d'amitié. » Il ne dit pas comment les Mexicains
sont traités aux États-Unis ou comment les
Étatsuniens sont traités au Mexique.
Et puis, louant le président Trump, il a dit : «
Comme dans les meilleurs moments de nos relations
politiques, pendant mon mandat comme président du
Mexique, au lieu d'insultes à mon égard ou, ce que
j'estime le plus important, à l'égard de mon pays,
nous avons reçu de vous compréhension et respect.
»
Fermant les yeux, il affirme : « Je pense qu'il
n'y aura ni raison ni nécessité de rompre nos
bonnes relations politiques et l'amitié entre nos
gouvernements. » Il a parlé ainsi à Washington,
endroit d'où sont ourdies les attaques, les
interventions et les agressions contre Cuba et le
Venezuela, la Bolivie, la Syrie, la Libye, le
Yémen, la Palestine, l'Iran, la Chine. AMLO a
parlé comme s'il avait devant lui un voisin
respectueux, bon et prévenant, oubliant que Trump
venait de menacer d'intervenir au Mexique contre
les « bad boys », oubliant l'histoire centenaire
de l'empire yankee.
Après avoir rappelé que Franklin Roosevelt n'est
pas intervenu ouvertement contre l'expropriation
pétrolière de 1938, AMLO a remercié Trump , oui...
l'a remercié d'être « de plus en plus respectueux
envers nos compatriotes mexicains », l'a remercié
de sa compréhension et de son aide en matière de
commerce et de pétrole et pour l'acquisition
d'équipements médicaux pour traiter les malades de
la COVID-19.
Puis, pour le comble, il a exprimé son
appréciation de Trump qui, et je cite, « n'a
jamais cherché à nous imposer quoi que ce soit qui
viole ou affaiblisse notre souveraineté ». Il a
dit que ce dernier a abandonné la doctrine Monroe.
Il a déclaré que Trump, le magnat, n'a jamais
traité le Mexique comme une colonie et a plutôt «
respecté notre statut de nation indépendante [...]
et s'est comporté envers nous avec gentillesse et
respect ». AMLO a oublié encore une fois que Trump
a menacé d'imposer des droits de douane sur les
marchandises mexicaines si le Mexique, avec sa
garde nationale, ne surveillait pas sa frontière
sud pour empêcher l'entrée des migrants d'Amérique
centrale et que, dans la pratique, le Mexique est
devenu un « pays tiers » chargé de retenir les
migrants sur son territoire afin qu'ils n'entrent
pas aux États-Unis, qu'aujourd'hui, au sud du
Mexique, il existe un autre mur virtuel contre les
migrants.
Enfin, il
semble que Trump et Lopez Obrador ont un ennemi
commun : les démocrates et l'ancien président
mexicain Felipe Calderon, et qu'ils sont d'accord
pour dévoiler l'opération criminelle « Fast and
Furious », dans laquelle le gouvernement d'Obama a
envoyé au Mexique, en accord avec Calderon, 2 000
armes puissantes à livrer aux cartels criminels de
la drogue. Si ce scandale éclate, ce sera dans
l'intérêt des deux dirigeants. On ne sait pas si
c'était là le véritable intérêt d'AMLO et de Trump
pour cette rencontre, en plein au moment où la
pandémie de la COVID-19 crée de nouvelles
difficultés.
Lors de ce voyage à Washington, le gouvernement
actuel montre qu'il suit en fait la même ligne que
les précédents gouvernements du PRI et du PAN, la
construction d'États-Unis intégrés des oligopoles
d'Amérique du Nord. Ce seront les peuples des
États-Unis, du Canada et du Mexique qui assumeront
leur souveraineté, en défendant les intérêts des
peuples et des travailleurs des trois pays contre
les intérêts privés étroits des oligopoles et de
leurs gouvernements, poursuivant leur
développement indépendant et libre, dans la
justice, la paix et la démocratie sous le mot
d'ordre : « Intégration NON, Souveraineté, OUI ! »
Le discours de Donald Trump au
mont Rushmore le 3 juillet
- Kathleen Chandler -
Des défenseurs des terres autochtones bloquent une
route qui traverse les Black Hills jusqu'au mont
Rushmore, le 3 juillet 2020.
Le discours du président Donald Trump, prononcé
le 3 juillet au mont Rushmore, dans la région
des Black Hills du Dakota du Sud, a été révélateur
de bien des choses, notamment de sa vision
raciste, antiouvrière et anticommuniste. Ce que
Trump a dit se résume à répéter que les États-Unis
sont la principale force de l'égalité dans le
monde, la plus grande nation sur terre et la
nation indispensable - à l'heure où des millions
de personnes aux États-Unis et dans le monde
entier démontrent à quel point ces affirmations
sont illégitimes. En plus de dire que le 4 juillet
est « le jour le plus important de l'histoire des
nations », le discours est empreint du
dénigrement des peuples du monde et de leurs
contributions. Au sujet des présidents dont les
visages sont sculptés sur la face du Mont Rushmore
(George Washington, Thomas Jefferson, Abraham
Lincoln et Théodore Roosevelt), Trump a
déclaré :
« Ils ont consacré une vérité divine qui a changé
le monde à jamais quand ils ont déclaré :
'Tous les hommes sont créés égaux'. [...]
« Avant que ces personnalités ne soient
immortalisées dans la pierre, c'étaient des géants
américains en chair et en os, des hommes courageux
dont les actes intrépides ont déclenché le plus
grand bond en avant que le monde ait jamais connu.
[...]
« Nous dirons la vérité dans son intégralité,
sans excuses : nous déclarons que les
États-Unis d'Amérique sont la nation la plus juste
et la plus exceptionnelle qui ait jamais existé
sur Terre. »
En plus de constater le chauvinisme extrême et
l'esprit raciste du discours, il y a au coeur de
cette affaire une préoccupation importante pour le
peuple américain : qui définit la citoyenneté
aux États-Unis ?
Selon le président Trump, c'est à lui de définir
qui est et qui n'est pas un citoyen dans « son
Amérique ». Malgré sa définition
particulièrement étroite et raciste qui est
rejetée par tous sauf par une poignée de
fanatiques de son espèce, le vrai problème est la
pratique aux États-Unis où c'est l'État qui
définit le citoyen et non les citoyens qui
définissent l'État. Par le fait même, ce n'est pas
le peuple qui définit ses droits et devoirs du
fait de son existence.
L'existence, les qualités et les convictions des
citoyens doivent-elles être déterminées par ceux
qui ont usurpé le monopole de l'usage de la force
et de la coercition en s'appuyant sur une
Constitution et des lois obsolètes qui cherchent à
donner cette légitimité ? Non, cela ne
devrait pas être le cas. C'est le peuple qui doit
définir la citoyenneté et lui donner un contenu
conforme à ses besoins et aux exigences de
l'époque d'une manière qui le favorise.
Le lieu du discours du 3 juillet et le
discours lui-même ont été utilisés pour attaquer
le mouvement de masse qui se poursuit aux
États-Unis. Il est clair que Trump utilise la
déclaration souvent répétée qu'il est un président
de la loi et de l'ordre pour s'opposer à la lutte
du peuple pour affirmer ses droits. Mais le choc
entre les exploiteurs et les opprimés sur la
direction que prend le pays, la colère contre les
échecs du gouvernement concernant la pandémie de
la COVID-19 et le rejet catégorique de la violence
et de l'impunité policières retentissent de plus
en plus fort. La revendication d'égalité et de
responsabilité l'emporte sur les menaces de
répression par la violence de Trump.
Malgré les dissensions dans les rangs de l'élite
dominante pour et contre Trump, la classe
dirigeante dans son ensemble se préoccupe surtout
de bloquer l'émergence d'une conception moderne
des droits et de la citoyenneté à laquelle donne
naissance la lutte du peuple pour affirmer ses
droits. Les divergences portent sur la manière de
donner l'impression de gouverner au nom de la
nation alors que les riches s'enrichissent et les
pauvres s'appauvrissent. Elles portent également
sur qui doit être nommé à la présidence, qui
pourra donner le mieux une apparence de légitimité
à son monopole sur l'utilisation de la force. Si
Trump ne peut pas le faire et ne parvient pas à
réprimer la révolte dans les rangs de l'élite et
la révolte du peuple contre l'élite, alors la
classe dirigeante cherchera quelqu'un qui peut le
faire. C'est la recherche d'une telle personne que
nous voyons dans la préparation des conventions
des démocrates et des républicains, prévues pour
les 17-20 août et 24-27 août
respectivement, et dans la campagne électorale en
cours. La Constitution obsolète ne peut pas les
aider dans ce choix parce que les conditions qui
ont donné naissance à cette constitution
n'existent plus.
Une conception moderne des droits déclare que
tous ceux qui constituent le corps politique sont
des membres égaux qui ont les mêmes droits de
décider de la qualité et de la forme de ce corps
politique. Un corps politique ne peut plus tolérer
une hiérarchie de privilèges accordés par ceux qui
ont les bonnes relations. Il ne peut plus tolérer
d'être divisé entre ceux qui gouvernent et ceux
qui sont gouvernés, ceux qui gouvernent et ont le
monopole du recours à la force et ceux qui sont
gouvernés et n'ont rien.
Plusieurs fois dans son discours du mont
Rushmore, Donald Trump a souligné que pour être
considéré comme Américain, il faut croire en ce
que l'État décide. Cela signifie qu'il faut
soutenir l'armée et ses guerres, ce qui a été
démontré en partie par le survol de la Garde
nationale aérienne et des Blue Angels de la marine
américaine pendant l'événement. En même temps
qu'il proclamait que le 4 juillet est « le jour le
plus important de l'histoire des nations »,
Donald Trump a dit que « le coeur de tout
Américain doit être rempli de fierté, chaque
famille américaine doit se réjouir ». La
menace implicite est que s'ils ne le font pas, ils
subiront rapidement le sort qu'ils méritent.
« Notre nation assiste à une campagne impitoyable
pour effacer notre histoire, diffamer nos héros,
effacer nos valeurs et endoctriner nos enfants, a
déclaré Donald Trump. Des foules en colère
essaient de démolir les statues de nos fondateurs,
de défigurer nos monuments les plus sacrés et de
déclencher une vague de crimes violents dans nos
villes. Beaucoup de ces gens ne savent pas
pourquoi ils font cela, mais certains savent
exactement ce qu'ils font. Ils pensent que le
peuple américain est faible, doux et
soumis. »
Ceux qui se dressent aujourd'hui contre les
agressions racistes organisées par l'État, contre
la puissance esclavagiste et sa Confédération qui
défendait le système esclavagiste, qui se dressent
contre la violence et l'impunité de la police et
de l'armée sont les « ils ». Ce « ils »
est exclu du « peuple américain », dit Trump.
Partant de cette affirmation, ce « ils » peut
légitimement être ciblé comme « l'ennemi ».
Et ce n'est ni une erreur de formulation de sa
part, ni une exagération sur la manière dont sont
catégorisés ceux qui cherchent à donner naissance
à une définition moderne des droits. Le thème est
répété tout au long du discours.
« Ceux qui cherchent à effacer notre héritage
veulent que les Américains oublient notre fierté
et notre grande dignité, afin que nous ne
puissions plus nous comprendre nous-mêmes ni
comprendre la destinée de l'Amérique », a
déclaré Donald Trump. « Nous allons démasquer ce
mouvement dangereux, protéger les enfants de notre
nation, mettre fin à cette attaque extrémiste et
préserver notre mode de vie américain
bien-aimé. »
Le « mode de vie américain » et la «
destinée » que les dirigeants s'efforcent de
protéger sont précisément ce qui est remis en
cause par ce mouvement de masse d'une ampleur,
d'une portée, d'une vigueur et d'une détermination
sans précédent. Ni Trump ni aucun des experts qui
ont commenté le discours n'ont l'intention de
s'arrêter sur le fait que ce « mode de vie »
est responsable de centaines d'années d'esclavage
et de génocide des Africains et des peuples
autochtones (et que Washington, Jefferson et
Lincoln ont tous imposé) et que cela continue à ce
jour.
C'est un camouflage de l'utilisation de la force
armée contre le Mexique et une déclaration que les
vastes territoires que se sont appropriés les
États-Unis n'ont pas été volés au Mexique. C'est
pour détourner l'attention de la discrimination
continue et qui s'intensifie contre les Américains
mexicains, de la colonisation de Porto Rico qui
continue à ce jour et de la discrimination contre
les personnes d'origine latino-américaine,
caribéenne et asiatique, et la « destinée »
des États-Unis comme puissance impérialiste
mondiale responsable d'innombrables guerres,
occupations, massacres et génocides à l'échelle
mondiale, dont Théodore Roosevelt était l'un des
principaux architectes.
Alors que le peuple
exige que les institutions de gouvernance
libérales obsolètes soient remplacées par des
institutions modernes qui répondent aux besoins de
l'époque, Trump a une fois de plus ciblé les
gouverneurs et les maires qui ne feront pas ce
qu'il ordonne. Cela reflète les profondes
divisions entre les dirigeants et leur
bureaucratie militaire et leurs agences de police
quant à la manière dont les États-Unis peuvent
maintenir leur monopole sur l'usage de la force
pour défendre leur domination sur le territoire
national et à l'étranger.
« Le chaos violent que nous avons vu dans les
rues des villes dirigées par des démocrates
libéraux, dans tous les cas, est le résultat
prévisible d'années d'endoctrinement extrême et de
préjugés dans l'éducation, le journalisme et
d'autres institutions culturelles. Mes
compatriotes américains, il est temps de parler
haut et fort et puissamment et de défendre
l'intégrité de notre pays », a déclaré Donald
Trump.
Qui sont les « compatriotes américains »
que Trump tente de rallier ? Le nombre des
personnes présentes dans les manifestations
actuelles se chiffre à entre 15 et 20 millions.
Leur « Amérique » n'est pas celle que décrit
Trump. Ce que veulent les Américains est inscrit
sur leurs pancartes, leurs peintures murales et
leurs peintures de rue et exprimé dans leurs
slogans. Les pancartes que portent les
manifestants, en particulier celles qui concernent
l'immigration et la séparation des familles et
celles contre l'impunité de la police, montrent
clairement que l'Amérique de Trump n'est pas «
l'Amérique » du peuple. Si la conception du «
peuple » de Donald Trump est conforme à ce que
contient la Constitution américaine, ce n'est pas
la conception des millions de personnes qui
descendent dans les rues pour parler en leur
propre nom et se représenter elles-mêmes. Elles
n'acceptent pas un corps politique dans lequel
ceux qui gouvernent représentent des intérêts
privés étroits et sont au-dessus des gouvernés.
Les dirigeants redoutent la prise de conscience
du fait que le « mode de vie » louangé par
les élites, dont celui de Trump n'est qu'une
variante, et les arrangements de gouvernement qui
le protègent ne représentent pas le peuple, ne
servent pas les intérêts des peuples du monde ni
des États-Unis. Les dirigeants n'ont aucune
intention d'apporter une nouvelle direction qui
ouvre une voie vers l'avant parce qu'ils sont tous
au service d'intérêts privés étroits. Pour les
élites, les institutions démocratiques libérales
sont la fin de l'histoire, l'apogée de ce à quoi
la civilisation humaine a donné naissance. C'est
pourquoi de nombreux membres de la classe
dirigeante qui s'opposent à Trump disent qu'il
s'écarte de la Constitution et que les
institutions démocratiques libérales doivent
triompher. Ils cachent le fait que ces
institutions sont obsolètes et que la Constitution
est obsolète. Celles-ci ne peuvent plus résoudre
les contradictions dans les rangs des dirigeants
ou entre les dirigeants et le peuple qui exige des
arrangements qui correspondent à l'époque et
répondent à ses besoins.
Le peuple des États-Unis lutte pour sortir la
démocratie des limites imposées durant la période
de la révolution américaine et de la guerre civile
et par les développements ultérieurs. Il cherche à
mettre en place une démocratie qui lui est propre
et qui lui donne le pouvoir de gouverner et de
prendre les décisions qui touchent sa vie.
Les défenseurs de la terre sioux et leurs
sympathisants ont bloqué la route du mont
Rushmore quelques heures avant le discours de
Trump le 3 juillet 2020. Ils ont déclaré
que Donald Trump n'était pas le bienvenu et que le
monument du mont Rushmore a été construit sur des
terres volées.
- Voice of Revolution -
Grande manifestation à l'appel des débardeurs
d'Oakland, en Californie, pour marquer le
Juneteenth. Des actions semblables ont été
organisées par les travailleurs dans plusieurs
villes portuaires des États-Unis.
Des millions de personnes dans tout le pays
exigent que les institutions brisées de
gouvernance libérales soient remplacées par des
institutions modernes qui répondent aux besoins de
l'époque. Pour surmonter cette résistance
croissante, un aspect de la campagne de
désinformation des dirigeants aux États-Unis est
de prétendre que le seul rôle du « peuple »
est en tout temps de faire appel à l'État et à ses
gouvernements en place pour faire les changements
que le corps politique exige. Le peuple devrait
limiter ses combats à faire pression sur ceux qui
sont au pouvoir pour qu'ils fassent ce qui est
juste et équitable. Cependant, la culture de
résistance aux États-Unis, que ce soit
actuellement ou dans le passé, révèle en fait le
contraire : ce sont les esclaves eux-mêmes
qui ont été au coeur de leur libération au moment
de la guerre civile américaine, en combattant aux
côtés de la classe ouvrière du Sud et du Nord,
pour détruire le pouvoir esclavagiste et pour
gagner leur droit de participer à la vie politique
du pays.
Le mouvement d'aujourd'hui dans lequel les
travailleurs et les jeunes afro-américains et les
travailleurs de tous les horizons jouent un rôle
principal, ne se satisfait pas non plus de
réformer l'ordre ancien. Il exige des changements
fondamentaux et commence à définir ce qu'ils sont.
De nombreuses mesures sont prises dans les
communautés à travers les États-Unis pour informer
et mobiliser les gens pour qu'ils expriment les
changements que le peuple veut. Le peuple compte
sur ses propres forces organisées pour apporter
les changements qui lui sont favorables.
De même, les
peuples autochtones continuent de défendre leurs
terres et de lutter pour la reconnaissance de
leurs droits. Donald Trump a choisi de faire un
discours au mont Rushmore, qui se trouve sur les
terres non cédées des Sioux. Wounded Knee, le lieu
d'un massacre par les États-Unis de centaines
d'enfants, de femmes et d'hommes en 1890,
n'est qu'à environ 120 km de là. C'est
également le lieu de raids répétés du FBI contre
les Amérindiens qui exigeaient dans les
années 1970 le respect de leurs droits, au
cours desquels des dizaines de personnes ont été
tuées. L'organisateur Leonard Peltier a été accusé
à tort de meurtre lors d'un raid en 1975. Il
reste aujourd'hui l'un des plus anciens
prisonniers politiques détenus dans des prisons
américaines. Malgré les preuves qu'il était
victime d'un coup monté, Leonard Peltier a été
expulsé du Canada parce que la demande
d'extradition américaine était conforme au traité
d'extradition entre le Canada et les États-Unis.
L'État fédéral américain refuse de libérer Leonard
Peltier parce qu'il n'a pas renoncé à lutter pour
les droits des peuples autochtones et continue de
participer aux efforts d'organisation[1].
La lutte plus récente des protecteurs de l'eau à
Standing Rock, à laquelle se sont joints des gens
de partout au pays et même du monde, est encore un
exemple de la détermination de la résistance des
peuples autochtones aux États-Unis et de la
revendication de reconnaissance de leurs droits
tels que définis par eux-mêmes et non par l'État
génocidaire américain.
Pour de nouvelles relations et une démocratie
moderne
Les conceptions promues par les dirigeants que
l'État détermine la société, que la constitution
détermine la démocratie et les institutions
démocratiques et qu'elles sont les meilleures au
monde et éternelles sont mises de l'avant pour
cacher l'ensemble des rapports sociaux entre les
humains et entre les humains et la nature. Elles
cachent ce que ces rapports révèlent, c'est-à-dire
la nécessité pour le peuple de s'investir du
pouvoir afin d'ouvrir la voie au progrès de la
société.
C'est la société,
avec son ensemble de relations humaines entre les
humains et entre les humains et la nature qui
constitue la base de l'État, et non l'inverse. On
prétend que l'État est séparé et indépendant de ce
qui se passe dans nos vies. En fait, les
dirigeants ont établi un État qui se place
au-dessus de la vie de chacun et s'immisce dans
tous les aspects de la vie, comme cela est très
évident aujourd'hui. Néanmoins, sur la base de
cette conception intéressée d'un État neutre,
indépendant, parfaitement conçu, les relations
humaines existant dans la société sont ignorées.
Le peuple est plutôt censé considérer l'État, ses
gouvernements, ses institutions et la Constitution
comme la source du changement.
Ce qu'il faut examiner, c'est le rapport direct
dans lequel entrent les gens dans la production de
leur mode de vie, leurs rapports avec la nature et
avec tous les humains. Ces rapports révèlent que
les relations de pouvoir existantes qui écartent
le peuple du processus décisionnel doivent
changer.
L'issue des batailles en cours dépendra de la
mesure dans laquelle le peuple reconnaîtra et
saisira cette nécessité de changement, la
nécessité des transformations profondes exigées
par l'histoire. Donald Trump, les élections, la
désinformation selon laquelle l'État détermine qui
est citoyen et les droits de citoyenneté, sont
conçus pour même bloquer l'examen de cette
nécessité du pouvoir politique et de lutter pour
un processus décisionnel ici et maintenant. Il
appartient au peuple de déterminer ce qui est
nécessaire, tant sur le contenu que sur la forme,
pour assurer une égalité de membres au sein du
corps politique. L'appartenance au corps politique
du fait que l'on est membre de ce corps politique
suffit pour être citoyen, pour être cette personne
qui jouit des mêmes droits et devoirs au sein de
ce corps politique.
La nécessité de changement signifie que le peuple
doit s'armer de sa propre façon de voir le monde
et toutes ses relations humaines, de sa propre
conception, de sa propre politique et de ses
propres institutions. Ce n'est que de cette
manière qu'il peut voir et faire naître un avenir
brillant pour lui-même en tant que partie
intégrante de l'ensemble de l'humanité.
Voice of Revolution est une publication de
l'Organisation marxiste-léniniste des
États-Unis.
Note
1. Le nom de Leonard
Peltier est invoqué dans les manifestations
actuelles, comme d'autres prisonniers politiques,
notamment Mumia Abu-Jamal, dont la présence dans
le mouvement qui balaie actuellement les
États-Unis se fait sentir de multiples façons.
Abu-Jamal est un journaliste et militant politique
condamné à tort en 1982 pour le meurtre d'un
policier à Philadelphie. Il a été reconnu coupable
de meurtre, condamné à mort et après une lutte
concertée, condamné à la prison à vie. De
nombreuses personnes, en particulier des femmes,
dans les camps de détention de Trump ont également
exprimé leur soutien et mis de l'avant leurs
revendications lors de grèves de la faim et par
d'autres moyens.
Ce n'est pas pour rien que Trump a prononcé un
discours au mont Rushmore, au Dakota du Sud,
célèbre pour les visages sculptés de quatre
présidents à même la montagne : George
Washington, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et
Thérodore Roosevelt. On dit de ces quatre
présidents qu'ils ont tracé la destinée du pays et
de son peuple. Mais les faits sont têtus et
racontent une autre histoire.
La montagne des Six Grands-Pères
en 1905
(National Park Service)
|
La montagne choisie pour l'emplacement du
monument est connue sous le nom de « Six
Grands-Pères » (Tȟuŋká ila
ákpe) nommé par le peuple Lakota, d'après
la Terre, le Ciel et les quatre directions.
C'est un lieu sacré et la terre qui l'entoure est
un territoire autochtone non cédé. Les sept tribus
de la Grande Nation des Siouxde n'ont jamais
consenti à céder leurs droits sur cette
terre ; le traité de Fort Laramie
en 1868, que les tribus ont signé, leur
garantissait « une utilisation et une occupation
paisibles » des terres des Six Grands-Pères,
où se trouve le mont Rushmore.
Neuf ans plus tard, le gouvernement des
États-Unis a rompu le traité et saisi violemment
les Black Hills (Pahá Sápa en Lakota) afin
d'extraire de l'or et d'autres ressources. De
nombreuses tentatives pour obliger le gouvernement
américain à rendre des comptes ont été tentées,
dont une manifestation en 1970 au cours de
laquelle 23 activistes autochtones ont grimpé
au sommet du monument.
En 1980, la Cour suprême des États-Unis a
finalement convenu avec la Grande Nation Sioux que
les terres avaient été illégalement prises et elle
a accordé à la nation 102 millions de dollars
en fiducie.
La fiducie a atteint plus d'un milliard de
dollars, mais l'argent n'a pas été encaissé. Les
tribus refusent l'argent car cela équivaudrait à
une transaction de vente, à laquelle elles n'ont
jamais consenti.
Le président des Sioux d'Oglala Lakota, Julian
Bear Runner, a demandé le 30 juin le retrait
du monument. Le président de la tribu des Sioux de
Cheyenne River, Harold Fraizer, a fait de même
le 25 juin[1].
Ce n'est pas une coïncidence que Trump ait tenu
le 3 juillet un discours au Mount Rushmore.
Les sculptures des quatre présidents sont l'oeuvre
d'un dénommé Gutzon Borglum, qui « s'inquiétait
qu'une 'horde de chiens errants' ne submerge la
pureté 'nordique' de l'Ouest, ce qu'a répété Trump
le 3 juillet. Borghum avait dit : 'Je ne
ferais pas confiance, je dirais, à 9 Indiens
sur 10. En revanche, je ne ferais pas
confiance à 1 homme blanc
sur 10.' » Borghum a côtoyé le Ku Klux
Klan, « une organisation qui a revu le jour lors
d'une cérémonie illuminée aux torches au sommet de
Stone Mountain en Géorgie en 1915 »[2].
Borglum a aussi été embauché pour construire une
statue confédérée sur Stone Mountain en hommage au
général confédéré Stonewall Jackson qui jusqu'à ce
jour est un symbole du KKK, des défenseurs de la
confédération et de la main-d'oeuvre esclavagiste
et d'autres forces racistes organisées par l'État.
On ne peut prouver que Borglum a officiellement
adhéré au Klan, qui a contribué financièrement au
projet du mont Rushmore, écrit John Talaiferro,
qui a écrit l'histoire du mont Rushmore, mais «
néanmoins, il est devenu profondément engagé dans
la politique du Klan »[3].
Des manifestations pour rejeter les efforts
visant à diviser et à détourner le peuple et pour
défendre les droits de tous ont été organisées à
Stone Mountain et au mont Rushmore. Des efforts
sont faits pour renommer Stone Mountain et
supprimer la sculpture célébrant la Confédération.
Des manifestations militantes ont eu lieu
le 3 juillet contre Trump, les attaques
racistes organisées par l'État et la dépossession
des peuples autochtones au mont Rushmore.
Manifestation contre la dépossession des peuples
autochtones sur la route du mont
Rushmore, le 3 juillet 2020
Notes
1. Information tirée d'un
article de Unicorn Riot, le 3
juillet 2020.
2. smithsonian.com
3. John Taliaferro, « Great
White Fathers », 2002
Les manifestations se poursuivent
aux États-Unis
« Aujourd'hui, en ce moment national de
reddition de comptes, la classe ouvrière exige
des changements fondamentaux au système brisé
des États-Unis. Les gens convergent dans la
Grève pour la vie des Noirs pour déclarer que
tant que les Noirs ne s'épanouissent pas, aucune
communauté ne peut s'épanouir. » -
Mary Kay Henry, présidente du Syndicat
international des employés de service (SEIU)
Les travailleurs de
la restauration rapide, des résidences pour aînés,
du covoiturage, des travaux agricoles, des
aéroports et plusieurs autres participeront
le 20 juin à la Grève pour la vie des Noirs
et des milliers d'autres vont débrayer pour 8
minutes, 46 secondes, pour commémorer George
Floyd, Breonna Taylor, Elijah McClain et d'autres
personnes noires tuées par la police, informe le
SEIU. Partout au pays, les jeunes et les
activistes pour le climat participeront aux
actions, informe le syndicat. Les actions «
affronteront la triple menace de la suprématie
blanche, de l'urgence de la santé publique et de
l'économie brisée », dit le syndicat.
D'importantes organisations syndicales
nationales, y compris le SEIU, la Fraternité
internationale des Teamsters, la Fédération des
enseignants et enseignantes des États-Unis, les
Travailleurs agricoles unis, l'Alliance nationale
des travailleurs domestiques et la Lutte pour 15
dollars et un syndicat se joindront aux
principales organisations pour la justice raciale
et sociale telles que le mouvement Black Lives
Matter, la Campagne en appui aux pauvres, l'Appel
national à la renaissance morale, March On, la
Coalition de l'avenir, la Coalition des jeunes des
États-Unis pour la grève pour le climat, le Centre
pour la démocratie populaire, Emplois et Justice
et un salaire équitable.
Voici des extraits du communiqué de presse du
syndicat :
« Des entreprises comme McDonald's ne peuvent
pas, d'une part, gazouiller que 'la vie des Noirs
compte' et, de l'autre, nous verser des salaires
de misère, nous refuser des congés de maladie et
de l'EPI », dit Angely Rodriguez Lambert, une
travailleuse de McDonald's à Oakland et dirigeante
de Lutte pour 15 dollars et un syndicat. «
Nous allons en grève parce que McDonald's et
d'autres compagnies de la restauration rapide ne
nous ont pas protégés durant une pandémie qui a
ravagé les communautés noires et brunes partout au
pays. Nous allons continuer de nous rassembler et
de parler tout haut jusqu'à ce que McDonald's et
d'autres compagnies répondent à nos actions d'une
façon qui montre que nos vies ont de la valeur
pour elles.
Au Missouri, des
travailleurs en grève vont se rassembler devant le
MacDonald's à Ferguson, suivi par une marche
jusqu'au monument dédié à Michael Brown, qui a été
tué par la police en 2014. Le représentant
Rasheen Aldridge, un ancien dirigeant de Lutte
pour 15 dollars et un syndicat, fera partie
des grévistes. À Détroit, des travailleurs du
McDonald's et d'autres travailleurs de la
restauration rapide se joindront aux travailleurs
des résidences pour aînés de toute la ville qui
débrayeront pour dénoncer l'incapacité de
l'industrie à protéger sa main-d'oeuvre
principalement noire pendant la pandémie de la
COVID-19 et à respecter les travailleurs pour le
travail essentiel qu'ils ont accompli. Dans les
villes jumelles, où Floyd a été tué, des
travailleurs de résidences pour aînés en grève
participeront à une caravane qui s'arrêtera, entre
autres, à l'aéroport, où viendront les retrouver
pour manifester les travailleurs d'aéroport y
compris les préposés aux fauteuils roulants et à
l'entretien des cabines qui revendiquent 15
dollars de l'heure et des mesures justes et
sécuritaires qui permettront d'accueillir les gens
dans les espaces publics et de voyage. À Los
Angeles, les travailleurs de la restauration
rapide et des résidences pour aînés participeront
avec les chauffeurs et les livreurs d'Uber et de
Lyft, les travailleurs d'entretien et de la
sécurité et d'autres dans une caravane
d'automobiles dont le point de départ sera un
McDonald's. La caravane s'arrêtera en chemin
devant le conseil scolaire des écoles unifiées de
Los Angeles et l'Université de la Californie du
Sud, où ils revendiqueront que le deuxième plus
important conseil scolaire du pays et l'université
cessent d'avoir recours au Service de police de
Los Angeles sur les campus.
Des grèves auront aussi lieu à Boston, Chicago,
Denver, Durham, Harrisburg, Hartford, Houston, Los
Angeles, Memphis, Miami, Milwaukee, New
Martinville, Oakland, Orlando, Philadelphie,
Pittsburg, Providence, Sacramento, Scranton,
Seattle, St.Paul, Toledo, Yakima, et plusieurs
autres.
« Ici à Détroit, nous, travailleuses de
résidences pour aînés, sommes au coeur de la crise
de la COVID-19. Nous mettons notre vie en danger à
chaque jour sans EPI adéquat, sans congés de
maladie ni personnel adéquat, » a dit Trece
Andrews, une travailleuse de résidence pour aînés
de Détroit, au Michigan. « Des milliers de
travailleurs et de résidents ont perdu leur vie de
façon insensée. J'ai vu de mes propres yeux
l'effet dévastateur de ce virus sur la communauté
noire, révélant le racisme systémique qui a
toujours été présent. Voilà pourquoi je participe
à la Grève pour la vie des Noirs : pour
exiger de plus grandes protections pour mes
collègues de travail, pour nos résidents et pour
les travailleurs partout au pays. »
Démanteler les politiques racistes
Les travailleurs revendiquent des gouvernements
et des entreprises des solutions qui ciblent les
communautés de couleur et démantèlent les
politiques racistes pour veiller à ce que chaque
famille soit en santé, en sécurité, peu importe
l'origine, le statut d'immigration, l'emploi ou le
lieu de domicile. Plus précisément, les
travailleurs en grève revendiquent :
La justice pour les communautés noires,
accompagnée d'une déclaration que la vie des Noirs
compte, une première étape essentielle pour
obtenir justice pour tous les travailleurs.
Que les élus
officiels et les candidats à tous les niveaux
fassent valoir leur autorité exécutive,
législative et règlementaire afin de commencer à
réécrire les règles et réimaginer notre économie
et notre démocratie pour que les communautés de
toutes origines puissent s'épanouir.
Que les entreprises agissent immédiatement pour
démanteler le racisme, la suprématie blanche et
l'exploitation économique partout où elle existe,
y compris dans nos endroits de travail. Ce qui
veut dire que celles-ci doivent augmenter les
salaires, permettre aux travailleurs de
s'organiser en syndicats, offrir des soins de
santé, des congés de maladie et une
assurance-santé élargie aux gens qui n'en ont pas
ou qui les ont perdues en même temps que leur
emploi en raison de la pandémie de la COVID-19,
des services de garderie, et plus, pour mettre fin
au cycle multigénérationnel de pauvreté engendré
par leurs attaques anti-ouvrières.
Que chaque travailleur puisse former un syndicat,
peu importe son endroit de travail.
« Nous ne pouvons réaliser la justice économique
sans la justice raciale », a dit Mary Kay
Henry, présidente du SEIU. « Depuis la fondation
même de notre nation, la suprématie blanche et
l'exploitation économique sont intrinsèquement
liées. Aujourd'hui, en cet instant national de
reddition de comptes, la classe ouvrière exige des
changements fondamentaux au système américain
brisé. Ils convergent dans la Grève pour la vie
des Noirs pour affirmer qu'aucune de nos
communautés ne pourra s'épanouir tant et autant
que la communauté noire de s'épanouit pas. »
Pourquoi nous faisons la grève pour la vie des
Noirs
En cet instant de reddition de comptes nationale,
la classe ouvrière de tout le pays et ses alliés
dans les luttes interreliées pour la justice sont
solidaires dans La grève pour la vie des Noirs.
Le révérend et
docteur William Barber II, président des
Réparateurs de la brèche et co-président de la
Campagne en appui aux pauvres : un appel
national à la renaissance morale : «
Nous devons montrer à la nation que si vous
écorchez au passage un menteur, vous trouverez un
voleur. Si vous écorchez au passage un raciste,
vous trouverez un voleur qui cherche à voler les
soins de santé, les salaires décents pour les
remettre aux intérêts des entreprises, traitant
les entreprises comme des personnes et traitant
les personnes comme des choses. Nous ne pouvons
parler de justice raciale en ce moment sans parler
d'inégalité des revenus. Nous devons exiger une
augmentation pour tous – les personnes noires,
blanches, brunes, autochtones et asiatiques
pauvres et à faible revenu. En d'autres
mots : tout le monde est inclus, personne
n'est exclus. »
Sandra Ellington, préposée à l'entretien en
Ohio : « En dépit de toute cette
souffrance, j'ai espoir parce que cette fois,
c'est différent. Cette fois, il s'agit d'un
mouvement ! Les gens ne veulent pas le dire,
mais moi, je ne suis pas gênée de le dire :
c'est une révolution ! En tant que mère, à
chaque fois que j'entends dans ma tête les
dernières paroles de George Floyd qui demandait
pour sa mère, à chaque fois que j'y pense, mon
coeur tremble. Je pense à mon propre fils, je le
veux sain et sauf, et considéré pour ce qu'il
est : un être humain. »
Ash-Lee Woodard Henderson, codirectrice
générale du Centre d'éducation et de recherche
Highlander et membre du Mouvement pour des
tables politiques et stratégiques pour la vie
des Noirs : « Les entreprises géantes
comme Walmart et McDonald's profitent de
l'injustice raciale et de l'inégalité. Elles
prétendent appuyer Black Lives Matter, mais leur
modèle d'affaires fonctionne sur la base de
l'exploitation du travail des Noirs – faisant
passer quelques dollars pour des 'salaires
décents' et prétendant être étonnés lorsque la
COVID-19 rend les personnes noires qui constituent
leurs travailleurs essentiels malades. Elles le
font sans conséquence. Notre économie, celle du
passé et celle d'aujourd'hui, dépend de la
servitude des Noirs, et pourtant on nous vole nos
salaires, nos soins de santé, nos congés de
maladie payés, et plus encore. Le pouvoir des
entreprises constitue une menace pour la justice
raciale, et la seule façon de mettre en place une
nouvelle économie est en s'attaquant aux forces
qui ne sont pas entièrement dévouées au
démantèlement du racisme. »
James P. Hoffa, président général de la
Fraternité internationale des Teamsters :
« Nous exigeons des actions des entreprises et du
gouvernement pour démanteler la suprématie blanche
et pour assurer la santé, la sécurité et le
bien-être économique de chaque travailleur. C'est
un moment décisif, une chance de décider qui nous
sommes en tant que nation. Nous ne pouvons plus
fermer les yeux sur les effets mortels du racisme
structurel au sein de l'économie et de la
démocratie américaines. »
Adam Neville, coordonnateur national, XR Youth
US : « Les jeunes l'ont dit
clairement : nous ne resterons pas passifs
alors que notre avenir est détruit devant nos
yeux. Nous sommes déterminés à souligner ce moment
comme celui du tournant pour la justice. Retourner
à la normale ne serait qu'être complice du meurtre
de la liberté et de l'avenir des personnes noires,
et notre libération collective requiert que tous
les mouvements luttent pour la protection de la
vie des Noirs. Le mouvement pour le climat dirigé
par les jeunes est solidaire de la Grève pour la
vie des Noirs et sera présent en grand nombre
le 20 juillet parce que réimaginer notre
avenir est notre seul choix. »
Sonja Ogburn, responsable des services aux
immeubles pour les écoles publiques du comté
Montgomery à Bethesda, au Maryland : «
Tout le monde devrait se sentir en sécurité et
avoir le droit de vivre en ce monde. Lorsque nous
parlons de justice et d'égalité, ce n'est pas que
pour les riches et les Blancs, mais pour tout le
monde. Et ce ne sont pas que les personnes noires
qui se battent, mais les gens de toute origine,
croyance et couleur. »
Randi Weingarten, présidente de la Fédération
américaine des enseignants et enseignantes (AFT) :
« Nous vivons présentement trois grandes crises –
une crise sanitaire, une récession économique et
un racisme systémique, et le tout est exacerbé par
un président qui jette l'huile sur le feu et
cherche à diviser, et non guérir. La pandémie
mondiale de la santé, le racisme et la récession
exposent et exacerbent les inégalités de longue
date et qui persistent. L'AFT appuie nos soeurs et
frères qui font la Grève pour la vie des Noirs.
Nous ne pouvons feindre ne pas voir l'impact
négatif du racisme structurel, et nous serons
solidaires avec nos alliés qui exigent justice et
qui veulent bâtir un avenir plus égalitaire pour
tous. »
- Du 4 au 17 juillet -
Boston, Massachusetts
Baltimore, Maryland
Une statue de Christophe Colomb est renversée le
4 juillet 2020
New York, New York
Pittsburgh, Pennsylvanie
Columbus, Ohio
Washington, District de Columbia
Saint-Paul, Minnesota
La marche nationale des mères contre la violence
policière, le 12 juillet 2020, a permis de
rassembler les familles d'environ 180 personnes
tuées aux mains de la police provenant de
différentes régions des États-Unis.
Minneapolis, Minnesota
Détroit, Michigan
Rassemblement et marche du 11 juillet 2020 en
réponse à la mort ce jour-là d'un
Afro-américain de 19 ans, Hakim Littleton, aux
mains de la police
Grosse Point, Michigan
Rally and march July 15, 2020 demands justice for
Priscilla Slater, who died in police custody
a month earlier.
Lansing, Michigan
Chicago, Illinois
Richmond, Virginie
Indianapolis, Indiana
Louisville, Kentucky
Une manifestation a lieu sur la pelouse du
procureur général du Kentucky pour exiger que
des accusations soient portées contre les trois
policiers qui ont tué Breonna Taylor. La police
a arrêté 87 personnes pour un crime de catégorie D
pour avoir « intimidé » un participant durant une
procédure judiciaire.
Une murale récemment inaugurée qui rend hommage à
Breonna et à d'autres
qui ont été tués par la police.
Charleston, Caroline du Sud
Nashville, Tennessee
Atlanta, Géorgie
Dallas, Texas
Houston, Texas
Austin, Texas
Dakota du Sud
Des membres de différents peuples autochtones et
des activistes bloquent l'accès au monument
national du mont Rushmore avant le discours de
Donald Trump, le 3 juillet 2020.
Phoenix, Arizona
Carson City, Nevada
Aurora, Colorado
Oakland, Californie
Ventura, Californie
Portland, Oregon
Seattle, Washington
Ne touchez pas au Venezuela!
- Le ministère des Affaires
étrangères du Pouvoir populaire de la République
bolivarienne du Venezuela -
Hamilton, 20 février 2020
Dans un communiqué de presse du 15
juillet, le Southern Command des États-Unis a
déclaré que l'un de ses navires de guerre
prétendument engagé dans des « opérations
accrues de lutte contre les stupéfiants »
dans les Caraïbes avait « contesté la
revendication maritime excessive du Venezuela
dans les eaux internationales » dans ce
qu'il a appelé une opération de liberté de
navigation. En réponse, le gouvernement
vénézuélien a publié le communiqué suivant.
La République bolivarienne du Venezuela s'adresse
à la communauté nationale et internationale à
l'occasion de sa dénonciation des déclarations
infâmes publiées par le Southern Command des
États-Unis par le biais de ses comptes de médias
sociaux officiels, dans lesquelles ils soulignent
que le Venezuela exerce un « contrôle
excessif » sur les eaux sous sa juridiction
tandis que le navire de guerre USS PINCKNEY
(DDG-91) naviguait dans notre zone contiguë à une
distance de seize virgule un (16,1) milles
nautiques de la côte vénézuélienne.
L'entrée illégale du navire américain dans les
eaux juridictionnelles vénézuéliennes est une
violation claire du droit maritime international
et ne peut être décrite que comme un acte de
provocation inexcusable - erratique et enfantin -
qui est le résultat de la récente visite de Donald
Trump au commandement militaire susmentionné en
Floride, dans le cadre de sa campagne désespérée
pour attirer le vote latino-américain dans cet
État en échange d'une agression permanente et
illégale contre le Venezuela.
Les institutions de la République bolivarienne du
Venezuela, en particulier ses Forces armées
nationales bolivariennes, veilleront à tout prix
au respect de la souveraineté sacrée et de
l'intégrité territoriale du Venezuela conformément
au droit international, en envisageant toutes les
actions jugées nécessaires, sans tomber dans des
provocations absurdes destinées à perturber la
paix et la tranquillité des Vénézuéliens ainsi que
des peuples d'Amérique latine et des Caraïbes.
Caracas, 16 juillet 2020
- Pino Arlacch -
Pino Arlacch est un ancien secrétaire
adjoint à l'ONU. Il est présentement membre du
parlement européen pour le sud de l'Italie.
La nouvelle de l'accusation contre le président
Maduro et les membres de son gouvernement de
trafic de drogue m'a laissé pantois. J'ai vu
beaucoup de choses mais pour ce qui est de la
persécution contre le Venezuela, honnêtement, je
ne pensais pas que l'association criminelle au
pouvoir aux États-Unis irait aussi loin.
Après avoir volé 5 milliards de dollars des
ressources financières du Venezuela déposées dans
des banques dans 15 pays, après avoir
instauré un blocus sur l'ensemble de l'économie du
pays par des sanctions atroces, dans le but de
frapper la population civile pour la pousser à se
rebeller (sans succès) contre son gouvernement, et
après quelques tentatives de coup d'État ratées,
voici la dernière salve, la calomnie la plus
infâme.
Le coup est tellement disproportionné que je ne
pense pas qu'il ait de conséquences importantes.
Ni les Nations unies, ni l'Union européenne, ni la
majorité des États de la planète qui ont voté en
faveur de l'actuel exécutif du Venezuela et de son
président lors de l'Assemblée générale des Nations
unies en septembre dernier n'accorderont la
moindre crédibilité à cet épisode de guerre
asymétrique.
Rien ne se passera car il n'y a pas la moindre
preuve pour soutenir la calomnie selon laquelle le
Venezuela a inondé ces dernières années les
États-Unis de cocaïne.
Je suis également perplexe parce que je traite
depuis 40 ans de la lutte contre les drogues
et le Venezuela n'a jamais croisé ma route. Avant,
pendant et après mon poste de directeur exécutif
de l'ONUDC (de 1997 à 2002), le
programme anti-drogue de l'ONU, je n'ai jamais eu
l'occasion de visiter ce pays car le Venezuela a
toujours été en dehors des principaux circuits du
trafic de cocaïne : entre la Colombie, le
principal pays producteur, et les États-Unis, le
principal pays consommateur.
Sauf dans les fantasmes fiévreux de Trump et de
ses associés, il n'y a pas de commerce illégal de
stupéfiants entre le Venezuela et les États-Unis.
Il suffit de consulter les deux sources les plus
importantes sur le sujet, le dernier rapport de
l'ONUDC sur les drogues [1] et le dernier
document de la Drug Enforcement Administration
(DEA), la police antidrogue des États-Unis de
décembre 2019 [2].
Selon cette dernière agence, 90 % de la
cocaïne introduite aux États-Unis provient de la
Colombie, 6 % du Pérou et le reste
d'origines inconnues. Vous pouvez être certains
que si la moindre odeur émanait du Venezuela dans
les 4 % restants, elle ne serait pas
passée inaperçue.
Mais c'est le rapport de l'ONU qui fournit
l'image la plus détaillée, mentionnant le Mexique,
le Guatemala et l'Équateur comme lieux de transit
des drogues vers les États-Unis. Et l'évaluation
de la DEA cite les célèbres narcotrafiquants
mexicains comme les principaux fournisseurs du
marché américain.
Il n'y a aucune référence au Venezuela dans
aucune des pages des deux documents. Et dans aucun
autre document des agences américaines luttant
contre le crime au cours des 15 dernières
années (je connais très bien le sujet), il n'y a
aucune mention de faits qui pourraient
indirectement donner lieu à des accusations contre
le président légitime du Venezuela ni contre son
gouvernement.
Par conséquent, il s'agit exclusivement de
sottises politiques, qui, je l'espère, seront
traitées comme telles en dehors du réseau des
médias politiques américains.
Notes
1. World
Drug
Report
2019
2. National
Drug
Threat Assessment 2019
- Ernesto Cazal -
Le scénario
d'étranglement économique, financier et commercial
imposé par le gouvernement des États-Unis à la
République bolivarienne du Venezuela est une
nouvelle pièce du casse-tête dans la stratégie de
guerre à outrance menée contre le pays du bassin
caribéen.
Plus particulièrement, il a des répercussions sur
la route de navigation des navires provenant du
Venezuela ou qui ont des relations commerciales ou
autres avec ses entreprises publiques ou privées.
Pour mettre en oeuvre un tel plan d'étranglement,
la Marine américaine entreprend de nombreux
déploiements partout dans le monde, agissant en
tant que polices militaires et unités mobiles
postées prêtes à exécuter des opérations navales
et des exercices militaires de toutes sortes.
« Par mer, nous pouvons atteindre un site plus
rapidement, y rester plus longtemps, apporter avec
nous tout ce dont nous avons besoin, sans avoir à
demander l'autorisation de qui que ce soit »,
peut-on lire dans la Stratégie de coopération des
forces navales du XXIe siècle de la Marine.
La doctrine globale du Pentagone envisage des
activités de corsaires pour lui-même et ses alliés
les plus sûrs, et une restriction militaire pour
tout ce qui navigue sous les drapeaux sanctionnés
par le département du Trésor ou qui menace
d'entraver ses plans, ainsi que ceux de la
Maison-Blanche elle-même.
Ces dernières années, le Venezuela a été victime
de cette stratégie qui, de pair avec l'embargo
imposé par Washington avec toutes ses conséquences
et d'autres opérations en appui au « changement de
régime », ont mené à un siège sur les hautes
mers et le long des côtes des Caraïbes.
La cible principale : l'industrie
pétrolière
Récemment, Reuters annonçait que les pétroliers
ayant des cargaisons de pétrole prêts au commerce
« sont pris au piège » depuis près de deux
mois en haute mer en raison du fait que « les
raffineries du monde boudent le pétrole de ce pays
de l'Amérique latine pour éviter de subir les
conséquences des sanctions américaines, selon des
sources industrielles, des documents de Petroleos
de Venezuela SA (PDVSA) et de certaines données de
transport maritime. »
Les exportations de pétrole de PDVSA sont ce que
Washington a dans sa mire.
En même temps que le département du Trésor met
sur la liste noire des navires et des négociants
engagés dans le commerce et le transport de
pétrole vénézuélien, il menace de rajouter encore
plus de candidats sur sa liste d'entités « sous
sanction ».
Reuters cite des données de Refinitiv
Eikon :
« Au moins 16 pétroliers
transportant 18,1 millions de barils de
pétrole vénézuélien sont pris dans des eaux
partout dans le monde, alors que les acheteurs les
évitent afin d'éviter les sanctions. Il s'agit de
près de deux mois de production aux taux
vénézuéliens actuels. »
L'agence dit que certains des navires « sont en
mer depuis plus de six mois et ont navigué vers
divers ports mais n'ont pas pu décharger. Les
pétroliers sont rarement chargés d'une cargaison
sans qu'il y ait un acheteur. Ceux qui sont en mer
sans acheteur finissent habituellement par vendre
à rabais. »
Le fardeau financier sur chaque pétrolier mène à
d'immenses pertes à chaque délai quotidien de
déchargement de pétrole. Le coût d'un navire
transportant du pétrole vénézuélien est au moins
de 30 000 dollars par jour.
Les compagnies pétrolières qui ont comme client
PDVSA n'ont pas réussi à trouver acheteur en
raison des mesures coercitives unilatérales. «
Même les clients de longue date de PDVSA font des
pieds et des mains pour conclure des transactions
autorisées en vertu des sanctions, soit pour le
remboursement de dettes et l'échange
alimentaire », a dit un directeur à Reuters,
sous couvert de l'anonymat.
C'est une situation critique pour les
exportations vénézuéliennes, alors que la plupart
des pays producteurs de pétrole continuent
d'éprouver des difficultés à écouler leurs stocks
élevés dans un marché à surcapacité.
Tout cela aide les États-Unis à réduire l'appétit
d'un grand nombre d'acheteurs de pétrole
vénézuélien.
Fondamentalement, ce que le gouvernement de
Donald Trump a réussi à faire c'est de monter un
encerclement maritime autour du commerce de
pétrole brut vénézuélien, empêchant l'État dirigé
par Nicolas Maduro de s'approvisionner lui-même en
devises étrangères pour des biens et services
essentiels à la République bolivarienne et à sa
population, tout en sapant l'industrie pétrolière
gérée par PDVSA.
Cet objectif est clair depuis que Trump a décidé
d'imposer un décret l'année dernière qui a élargi
l'ensemble des « sanctions » économiques,
financières et commerciales contre le Venezuela.
Les récents événements confirment cette thèse.
Un dur coup pour la coopération commerciale
et technologique du Venezuela
Il y a un mois, lorsque les premiers navires en
provenance de l'Iran ont commencé à traverser
l'Atlantique vers la côte des Caraïbes pour
approvisionner l'industrie pétrolière du Venezuela
en essence et en technologie, les porte-paroles
américains ont menacé de les empêcher de décharger
en envoyant la Marine harceler les cargos
iraniens.
Mais c'est une chose que d'intimider un pays et
une autre que de s'en prendre à deux pays, en
particulier si l'un d'eux contrôle le détroit de
Hormuz, la principale artère commerciale de
pétrole dans le monde, où un baril sur cinq dans
le monde transite chaque jour. C'est pourquoi les
cargos arrivent à destination sans problèmes en
dépit de quelques opérations psychologiques mal
exécutées.
Dans ce cas, en raison de la nouvelle dynamique
qui fait en sorte qu'il y a une contestation
grandissante de l'hégémonie anglo-impérialiste, la
stratégie des sanctions en faveur des intérêts de
Washington s'est avérée moins efficace.
Mais ce qui se passe avec les autres pays et
compagnies à l'échelle mondiale est une tout autre
situation. Prenons, par exemple, les cargos de
pétrole brut vénézuélien qui ont navigué vers la
Malaisie, Singapour, l'Indonésie ou le Togo, des
pays où la présence américaine est très forte et
qui n'ont pas pu acheter le pétrole produit par
PDVSA en raison des mesures coercitives
unilatérales de la Maison-Blanche et de la
surveillance navale menée dans ces latitudes.
C'est dans de telles situations que la
coordination entre la Marine et le département du
Trésor des États-Unis est nécessaire,
quoiqu'informelle.
Grâce à cette stratégie, jusqu'en
février 2020, le Venezuela évalue à 116
milliards de dollars les pertes dues à l'embargo.
Provocations
À la lumière des récents développements, nous
pouvons conclure que l'embargo maritime tant vanté
contre le Venezuela et parrainé par
l'administration Trump s'est fait de façon
informelle. Ce n'est plus l'approche frontale des
années passées, comme celle de 1902, lorsque
les navires allemands, britanniques et italiens
ont encerclé le pays présidé par Cipriano Castro,
ou encore en 1960 contre Cuba, alors que les
États-Unis ont décidé que la souveraineté de l'île
n'était pas possible dans son «
arrière-cour ».
Tôt en avril, il y a eu une nouvelle escalade de
l'embargo maritime avec les « opérations
antidrogue » de la Marine américaine dans
l'hémisphère occidentale, ouvrant la porte à des
opérations psychologiques de grande envergure dans
les Caraïbes et à la coordination des forces du
Commandement du Sud et de renseignements des pays
partenaires du Pentagone, en particulier la
Colombie et le Brésil.
C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la
présence d'un destroyer de la Marine américaine
près de la côte vénézuélienne le mardi 23 juin,
que le général Vladimir Padrino Lopez, le ministre
de la Défense du Venezuela, a qualifié d'« acte de
provocation ».
Padrino Lopez a mis les États-Unis en garde,
disant que si les opérations de leurs navires
avaient lieu en eaux vénézuéliennes, il y aurait
une « forte » riposte de la part des Forces
armées nationales bolivariennes. « Prenez garde
d'envoyer vos navires de guerre à des fins
militaires dans les eaux sous notre
juridiction », a ajouté le général.
Même si les provocations sont une tactique
habituelle de la marine américaine contre ses
adversaires, traversant ainsi des frontières
maritimes non seulement dans les Caraïbes mais
dans d'autres parties du globe (telles que dans la
mer de Chine méridionale ou le Golfe persique
lui-même), les généraux gringos autorisent
généralement ce type d'opération pour recueillir
des renseignements et pour créer des tensions.
Quels sont leurs objectifs ? Militaires,
commerciaux ou les deux à la fois ?
Sans aucun doute, la pression du Commandement du
Sud et de ses destroyers qui maraudent dans les
Caraïbes, de concert avec la stratégie du
département du Trésor, ont donné lieu à un
encerclement de grande envergure le long des
côtes, qui met la République bolivarienne en état
d'alerte et qui fait mal économiquement à la
majorité d'entre nous qui vivons au Venezuela.
- Pasqualina Curcio -
Il serait impossible d'énumérer toutes les façons
dont la guerre déclarée par l'impérialisme contre
le Venezuela a nui au pays. Les agressions que
nous, les Vénézuéliens, avons connues
depuis 1999 ne sont pas seulement
économiques ; elles ont également été
psychologiques. Il n'y a aucun moyen de mesurer
les conséquences de la haine semée par
l'opposition antidémocratique, avec sa propagande
antisocialiste ; elle s'est répandue au point
que des personnes ont été brûlées vivantes parce
qu'elles étaient Chavistas. L'indignation
ressentie par le peuple vénézuélien envers ceux
qui ont vendu leur terre natale en se disant
vénézuéliens est également incommensurable.
Cela dit, si nous nous concentrons sur les effets
économiques, nous avons mis à jour les calculs que
nous avions faits en mars 2019. Jusque-là, la
guerre économique avait causé des pertes
atteignant 125 000 000 000 de
dollars (125 milliards de dollars). Nous avons
calculé les dommages-intérêts correspondants pour
l'année 2019
à 68 000 000 000 de dollars
(68 milliards de dollars). Ainsi, les pertes
économiques totales entre 2016 et 2019
se sont élevées
à 194 000 000 000 de dollars.
Pour les Vénézuéliens, ces 194 milliards de
dollars équivalent à environ 16 mois de
production nationale. Avec cet argent, nous
aurions pu rembourser l'ensemble de notre dette
extérieure, qui est de 110 milliards de
dollars, selon la Banque centrale du Venezuela. Ou
nous aurions pu avoir suffisamment de ressources
pour importer de la nourriture et des médicaments
pendant 45 ans.
La répartition de ces pertes est la
suivante : 25 milliards de dollars
correspondent à l'argent et aux actifs qui nous
ont été pillés, tandis que 169 milliards de
dollars représentent ce que nous n'avons pas été
en mesure de produire de 2016 à 2019, à
la suite de l'attaque contre Petroleos de
Venezuela SA (64 milliards de dollars) et
l'attaque contre le bolivar vénézuélien (105
milliards de dollars). John Bolton a avoué en
janvier 2019 : « Nous avons gelé tous
les actifs sur le territoire américain de
l'entreprise d'État Petroleos de Venezuela SA
(Citgo). La mesure d'aujourd'hui totalise 7
milliards de dollars d'actifs bloqués en ce
moment, sans compter les plus de 11 milliards
de dollars de pertes de recettes prévues en
exportations au cours de la prochaine
année. »
Selon le ministère des Relations étrangères, les
États-Unis et leurs alliés nous ont pillé 25
milliards de dollars. Ils déguisent cela en «
sanctions » tandis que d'autres les appellent
de manière élégante des mesures coercitives
unilatérales, mais ce n'est rien de plus qu'un vol
éhonté et un acte de piraterie. Environ 5,4
milliards de dollars sont détenus dans 50
banques, dont les 31 tonnes d'or que la
Banque d'Angleterre a conservées. Les actifs et
dividendes de Citgo, d'un montant de 18
milliards de dollars, sont également inclus.
Ils nous ont non seulement volés mais, en outre,
en janvier 2019, le département d'État
américain a annoncé qu'il avait remis les actifs,
les biens et les marchandises des comptes
bancaires appartenant au gouvernement vénézuélien
à Guaido, ce qui signifie qu'il était responsable
de l'administration de ces ressources. Nous
aimerions savoir combien de ces dollars ont été
dépensés pour protéger le peuple du Venezuela en
ces temps de quarantaine ? Ce qui est très
clair pour nous, c'est que 200 millions de
ces dollars ont été alloués à un contrat avec
SilverCorp dans le but de payer des mercenaires
pour tuer des Vénézuéliens.
En ce qui concerne l'or détenu par la Banque
d'Angleterre, nous devons dire que la banque est
tenue de le restituer immédiatement à son
propriétaire qui en fait la demande. Maintenant,
il semble, selon les Anglais, que le propriétaire
soit Guaido, qui, selon eux, est le « président
par intérim » du Venezuela. C'est un vol si
flagrant que seuls les crédules peuvent croire
quelque chose d''aussi absurde. Le monde entier
sait que ce n'est pas Guaido qui siège à
l'Assemblée générale des Nations unies, ni au
Conseil des droits de l'homme des Nations unies,
ni au Conseil de sécurité des Nations unies, ni
aux réunions de l'OPEP. De toute évidence, il
n'est pas non plus assis au palais présidentiel de
Miraflores, ni ne donne-t-il des ordres aux Forces
armées nationales bolivariennes du Venezuela.
Est-ce Guaido qui affronte la COVID-19 au
Venezuela et coordonne l'aide médicale et les
protocoles avec l'Organisation mondiale de la
santé ?
William Brownfield, l'ex-ambassadeur des
États-Unis au Venezuela, a avoué : « Si nous
comptons sanctionner Petroleos De Venezuela SA
(PDVSA), ces sanctions auront un impact sur le
peuple tout entier, sur le citoyen ordinaire. Le
contre-argument est que puisque le peuple souffre
tellement d'un manque de nourriture, de sécurité,
de médicaments, de santé publique, que la solution
la plus propice en ce moment serait d'accélérer
l'effondrement, même s'il en résulte une période
de souffrances de plusieurs mois, voire de
plusieurs années. »
L'attaque contre Petroleos de Venezuela ne se
fait pas par hasard ; c'est une action
préméditée et ciblée de façon précise. Tout ce qui
affecte l'industrie pétrolière aura des
répercussions non seulement sur l'industrie
elle-même, mais avant tout sur l'économie
nationale et donc sur le peuple vénézuélien.
L'industrie pétrolière génère 95 % des
devises fortes qui entrent au Venezuela en raison
des exportations. La diminution de ces
exportations, que ce soit en raison d'une baisse
des niveaux de production pétrolière ou d'une
baisse des prix du pétrole, affecte l'afflux de
devises fortes, et donc les importations de
fournitures, de pièces de rechange, de machines
pour la production nationale. Petroleos de
Venezuela est le catalyseur de notre production
nationale.
Pour la première fois de l'histoire, le prix du
pétrole a chuté pendant quatre années
consécutives, entraînant une baisse
de 65 %. En outre, le blocus commercial
et financier contre Petroleos de Venezuela, la
difficulté ou l'impossibilité d'obtenir des
fournitures et des pièces de rechange, et les
obstacles financiers, entre autres, ont eu des
répercussions sur la production pétrolière, qui a
diminué de 64 % - passant de 2,8
millions de barils par jour en 2013 à un million
de barils par jour en 2019. Cela a entraîné
une baisse de 78 % des exportations de
pétrole, qui sont passées de 85 milliards de
dollars par an en 2013 à 19 milliards de
dollars en 2019.
Le sénateur républicain de l'État de Virginie,
Richard Black, a admis, faisant référence au
Venezuela, « Nous avons démonétisé leur devise et,
par le biais du système bancaire international,
nous avons rendu la devise vénézuélienne sans
valeur, puis nous avons dit : 'Regardez à
quel point ce gouvernement est mauvais, sa devise
est sans valeur.' Eh bien, ce n'est pas eux, c'est
nous qui avons rendu leur monnaie inutile. »
(Spoutnik 12-09-2019).
L'attaque contre le bolivar, la devise
vénézuélienne, arme principale de la guerre
économique, a non seulement provoqué une
hyperinflation et, avec cela, la perte du pouvoir
d'achat de la classe ouvrière, elle a également
réduit la production nationale. Comme les salariés
voient leur pouvoir d'achat diminuer en raison
d'une hausse rapide et disproportionnée des prix,
cela diminue également la demande de biens et
provoque une baisse de la production des vendeurs.
Depuis 2013, l'impérialisme a provoqué une
dépréciation criminelle du bolivar vénézuélien de
241 657 millions %, ce qui a entraîné
une augmentation des prix de 11 500
millions % à partir de cette année.
Chacun peut tirer ses propres conclusions sur ce
que ces pertes économiques de 194 milliards
de dollars signifient en termes d'angoisse,
d'indignation, de qualité de vie et de la vie des
Vénézuéliens. Tirez également vos propres
conclusions sur le niveau de conscience
incommensurable et donc de résistance du peuple
vénézuélien qui a affronté les ennemis de son pays
avec un moral d'acier et la meilleure des
stratégies : l'union civilo-militaire.
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