La vraie histoire du mont Rushmore
Ce n'est pas pour rien que Trump a prononcé un
discours au mont Rushmore, au Dakota du Sud,
célèbre pour les visages sculptés de quatre
présidents à même la montagne : George
Washington, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et
Thérodore Roosevelt. On dit de ces quatre
présidents qu'ils ont tracé la destinée du pays et
de son peuple. Mais les faits sont têtus et
racontent une autre histoire.
La montagne des Six Grands-Pères
en 1905
(National Park Service)
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La montagne choisie pour l'emplacement du
monument est connue sous le nom de « Six
Grands-Pères » (Tȟuŋká ila
ákpe) nommé par le peuple Lakota,
d'après la Terre, le Ciel et les quatre
directions.
C'est un lieu sacré et la terre qui l'entoure est
un territoire autochtone non cédé. Les sept tribus
de la Grande Nation des Siouxde n'ont jamais
consenti à céder leurs droits sur cette
terre ; le traité de Fort Laramie
en 1868, que les tribus ont signé, leur
garantissait « une utilisation et une occupation
paisibles » des terres des Six Grands-Pères,
où se trouve le mont Rushmore.
Neuf ans plus tard, le gouvernement des
États-Unis a rompu le traité et saisi violemment
les Black Hills (Pahá Sápa en Lakota) afin
d'extraire de l'or et d'autres ressources. De
nombreuses tentatives pour obliger le gouvernement
américain à rendre des comptes ont été tentées,
dont une manifestation en 1970 au cours de
laquelle 23 activistes autochtones ont grimpé
au sommet du monument.
En 1980, la Cour suprême des États-Unis a
finalement convenu avec la Grande Nation Sioux que
les terres avaient été illégalement prises et elle
a accordé à la nation 102 millions de dollars
en fiducie.
La fiducie a atteint plus d'un milliard de
dollars, mais l'argent n'a pas été encaissé. Les
tribus refusent l'argent car cela équivaudrait à
une transaction de vente, à laquelle elles n'ont
jamais consenti.
Le président des Sioux d'Oglala Lakota, Julian
Bear Runner, a demandé le 30 juin le retrait
du monument. Le président de la tribu des Sioux de
Cheyenne River, Harold Fraizer, a fait de même
le 25 juin[1].
Ce n'est pas une coïncidence que Trump ait tenu
le 3 juillet un discours au Mount Rushmore.
Les sculptures des quatre présidents sont l'oeuvre
d'un dénommé Gutzon Borglum, qui « s'inquiétait
qu'une 'horde de chiens errants' ne submerge la
pureté 'nordique' de l'Ouest, ce qu'a répété Trump
le 3 juillet. Borghum avait dit : 'Je ne
ferais pas confiance, je dirais, à 9 Indiens
sur 10. En revanche, je ne ferais pas
confiance à 1 homme blanc
sur 10.' » Borghum a côtoyé le Ku Klux
Klan, « une organisation qui a revu le jour lors
d'une cérémonie illuminée aux torches au sommet de
Stone Mountain en Géorgie en 1915 »[2].
Borglum a aussi été embauché pour construire une
statue confédérée sur Stone Mountain en hommage au
général confédéré Stonewall Jackson qui jusqu'à ce
jour est un symbole du KKK, des défenseurs de la
confédération et de la main-d'oeuvre esclavagiste
et d'autres forces racistes organisées par l'État.
On ne peut prouver que Borglum a officiellement
adhéré au Klan, qui a contribué financièrement au
projet du mont Rushmore, écrit John Talaiferro,
qui a écrit l'histoire du mont Rushmore, mais «
néanmoins, il est devenu profondément engagé dans
la politique du Klan »[3].
Des manifestations pour rejeter les efforts
visant à diviser et à détourner le peuple et pour
défendre les droits de tous ont été organisées à
Stone Mountain et au mont Rushmore. Des efforts
sont faits pour renommer Stone Mountain et
supprimer la sculpture célébrant la Confédération.
Des manifestations militantes ont eu lieu
le 3 juillet contre Trump, les attaques
racistes organisées par l'État et la dépossession
des peuples autochtones au mont Rushmore.
Manifestation contre la dépossession des peuples
autochtones sur la route du mont
Rushmore, le 3 juillet 2020
Notes
1. Information tirée d'un
article de Unicorn Riot, le 3
juillet 2020.
2. smithsonian.com
3. John Taliaferro, « Great
White Fathers », 2002
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 46 - 18 juillet 2020
Lien de l'article:
La vraie histoire du mont Rushmore
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