Des sujets de préoccupations pour
le corps politique
Inquiétudes grandissantes concernant la direction de l'économie
La crise économique qui a éclaté cette année en
un chômage massif, des fermetures et des faillites
est la source de grandes inquiétudes parmi le
peuple. La crise actuelle fait suite à la crise
financière de 2008-2009 et à la chute des
prix du pétrole de 2014 ainsi qu'aux
bouleversements subséquents de l'économie en
Alberta et ailleurs qui ont aggravé la crise
actuelle. Le peuple est inquiet parce qu'il n'a
aucune confiance dans la capacité ou la volonté de
l'élite dirigeante au pouvoir de s'attaquer à la
source du problème. Une nouvelle direction
prosociale et un nouveau but prosocial pour
l'économie sont nécessaires pour résoudre ces
problèmes.
Depuis la
grande crise économique des années 1930 et à
chaque crise subséquente, ceux qui sont en
position de contrôle reviennent toujours aux mêmes
panacées qui se sont avérées incapables de
résoudre les problèmes et d'empêcher les crises
récurrentes. Pour les riches oligarques, les
crises économiques sont des « occasions »
d'accroître leurs cartels et leur contrôle de
l'économie, d'éliminer les petits concurrents et
de mettre les travailleurs sur la défensive, les
obligeant à se battre pour défendre leur emploi,
leurs conditions de travail et leur niveau de vie.
À chaque nouvelle crise, les oligopoles étendent
leur contrôle de ce qu'on appelle le bien public,
l'intérêt public ou l'entreprise publique. Sous
leur égide, il n'y a plus de projet d'édification
nationale qui tienne.
La conscience d'un contrôle absolu par les
propriétaires de l'économie est passée de l'image
de la ville de compagnie où tout le monde est payé
par la compagnie, paie son loyer à la compagnie,
achète au magasin de la compagnie et s'endette
envers la compagnie, à l'image d'un pays dont tous
les principaux secteurs de l'économie sont
possédés et contrôlés par des cartels mondiaux et
dont il est complètement à la merci.
Merle Travis, le fils d'un mineur de charbon du
Kentucky, a bien capté l'idée de la ville de
compagnie dans sa chanson de 1946 Sixteen
Tons :
You load sixteen tons, what do you
get ?
Another day older and deeper in debt
Saint Peter don't you call me 'cause I can't
go
I owe my soul to the company store
[Vous chargez seize tonnes et vous avez
quoi ?
Encore plus de dettes et un jour de moins à
vivre !
Saint-Pierre ne m'appelle pas parce que je ne
peux pas venir
Je dois mon âme au magasin de la compagnie.]
Après avoir lu le « portrait économique et
budgétaire » du gouvernement fédéral et avec
tout ce qui s'est passé depuis 1946, beaucoup
de Canadiens pourraient chanter :
Nous chargeons seize tonnes et
qu'avons-nous ?
Encore plus de dettes et un jour de moins à
vivre !
Saint-Pierre ne nous appelle pas parce que
nous ne pouvons pas venir
Nous devons notre âme aux oligarques qui
contrôlent le pays.
Les riches ont étendu leur contrôle : du
magasin de compagnie, ils contrôlent maintenant
l'économie mondiale. Les travailleurs ont beau
produire des tonnes de produit social, ils n'en
sont pas moins de plus en plus endettés auprès des
intérêts privés mondiaux et vivent de plus en plus
dans l'incertitude et l'insécurité quant à leurs
emplois, leurs conditions de vie et leur avenir.
La motivation
de ceux qui contrôlaient l'économie de la ville
minière du Kentucky était d'exploiter la mine et
de voler les mineurs, pas de résoudre les
problèmes d'une ville minière et certainement pas
les problèmes de ceux qui sortaient le charbon des
entrailles de la terre, ni de répondre à leur
aspiration à une vie meilleure et à la stabilité
pour eux et leur famille. Lorsque la crise
éclatait, les mineurs perdaient leur travail, mais
restaient aux prises avec leurs dettes envers le
magasin de la compagnie. Aujourd'hui, la classe
ouvrière paie pour la crise avec la perte de
millions d'emplois, des tragédies personnelles et
d'énormes dettes collectives envers les
oligarques.
Aujourd'hui, c'est l'ensemble de l'économie qui
est organisée pour payer les riches et mettre
toutes les ressources de l'État au service
d'intérêts privés, à commencer par l'usurpation de
l'État et de ses institutions par ces intérêts
privés. Les gouvernements sont devenus les
serviteurs d'intérêts privés. Ils empruntent aux
riches ; ils utilisent l'argent qu'ils
empruntent pour payer les riches ; ils
achètent aux riches et les paient pour construire
différentes choses ; ils utilisent la valeur
que les travailleurs produisent pour rembourser
leur dette envers les riches. Bref, les riches
continuent de s'enrichir à un rythme sans
précédent aux dépens de tout le monde et de la
société.
L'inquiétude parmi les travailleurs est palpable.
Où tout cela nous mènera-t-il ? Nous ne
voulons pas d'un « retour à la normale » des
compressions, des politiques d'« austérité »,
des fraudes de protection de faillite pour les
entreprises, du vol de nos pensions, de la
réincarnation des mêmes entreprises qui embauchent
les mêmes personnes, mais à la moitié du salaire,
etc. L'économie tourne en rond pendant que ceux
qui sont en position d'autorité imposent
ouvertement leurs propres intérêts. Ils ne
prétendent même pas résoudre les problèmes de
l'économie.
Les travailleurs, par l'application de leur temps
de travail aux moyens de production, produisent
toute la valeur de l'économie, mais au bout du
compte ils sont individuellement et collectivement
endettés envers les riches pour avoir créé la
valeur que les riches contrôlent. Et maintenant,
l'élite dirigeante avertit le peuple de se
préparer à la privatisation à outrance de tous les
domaines d'activité comme si c'était la solution
aux problèmes. Les Canadiens paieront la facture
des stratagèmes pour payer les riches par une
hausse des taxes et impôts, la privatisation des
programmes sociaux, un abaissement du niveau de
vie et l'insécurité à la retraite.
Déjà les taxes à la consommation et les impôts
personnels augmentent. Ces taxes et impôts
représentent une baisse des salaires, une perte de
pouvoir d'achat, une baisse du niveau de vie. La
dette collective envers les intérêts privés
mondiaux est considérée comme une panacée. C'est
irrévocable parce que c'est la loi de
l'enrichissement des riches et de
l'appauvrissement des pauvres et les partis
cartellisés et les gouvernements n'ont que faire
si tout s'écroule puisqu'ils ont des postes
confortables et grassement payés qui les attendent
auprès des intérêts privés qu'ils servent si bien.
Où mène
toute cette concentration de la richesse et du
pouvoir sinon à la guerre ? L'économie du
Canada a été intégrée à celle des États-Unis des
intérêts oligopolistiques d'Amérique du Nord. Les
contradictions dans les rangs des intérêts
oligopolistiques sont telles qu'ils se préparent
très possiblement à attaquer le Venezuela,
espérant anéantir Cuba du même coup. Ce n'est pas
un scénario improbable à la lumière de leurs
prétentions ridicules que le président et le
gouvernement du Venezuela sont des trafiquants de
drogue ou qu'ils interfèrent avec la liberté des
mers. Ils ont entrepris de menacer tout navire à
destination du Venezuela.
Pourraient-ils unir la bureaucratie militaire
dans une agression contre le Venezuela ? Cela
est peu probable, mais ça ne veut pas dire qu'ils
ne s'y engageront pas dans leur désespoir à
vouloir détourner l'attention des contradictions
dans leurs rangs à l'intérieur du pays, entraînant
le Canada et son groupe de Lima avec sa prétention
de multilatéralisme dans une autre absurde «
coalition des volontaires ».
Une nouvelle direction pour l'économie
Les intérêts privés étroits qui contrôlent
l'économie contrôlent le pouvoir de décision et
cela doit changer. Les Canadiens doivent s'élever
contre les stratagèmes pour payer les riches dans
lesquels le gouvernement les entraîne.
La nouvelle direction de l'économie qui ouvrira
la voie au progrès veut que la valeur produite par
les travailleurs reste entre leurs mains pour
pouvoir organiser l'économie et la vie de manière
sensée et sans crise. Exiger une telle direction
pour l'économie serait un très grand pas en avant.
L'étape
immédiate et nécessaire est d'intensifier
l'opposition à l'offensive antisociale qui
comprend l'usurpation de l'État, y compris des
gouvernements, par des intérêts privés étroits. Ce
pas en avant comprend nécessairement l'opposition
aux pouvoirs de police spéciaux que les
gouvernements à tous les niveaux se sont donnés
pour dicter les salaires et les conditions de
travail, pour détruire les syndicats et
criminaliser les luttes de résistance des
travailleurs, pour entraîner le Canada dans une
guerre de l'OTAN et des coalitions impérialistes
qui prétendent défendre la démocratie et les
droits humains pour renverser des gouvernements ou
les prendre en charge. Cela signifie lutter pour
les droits de tous et toutes sur tous les fronts,
que ce soit contre les attaques racistes
organisées par l'État, la traite des êtres
humains, la violence et l'impunité policières, la
criminalisation du travail et de tous ceux qui
résistent aux attaques contre leurs droits, le
recrutement de jeunes pour se « porter
volontaires » dans des aventures
impérialistes au pays et à l'étranger et pour la
guerre, et tous les autres programmes rétrogrades
que les gouvernements financent avec des ONG
manoeuvrées par des intérêts suspects. Toutes les
organisations imposées par ces intérêts privés ont
pour mission de s'assurer que les peuples n'aient
pas leurs propres organisations et qu'en temps de
crise, ils soient laissés sans défense, à la merci
de ceux qui ne leur souhaitent aucun bien.
Les organisations qui défendent les droits et les
revendications des peuples dans le contexte du
contrôle impérialiste et du purgatoire de la dette
sont nécessaires pour mobiliser et dynamiser notre
force collective.
Exigeons un moratoire sur le service de la dette
publique et que les emprunts d'État auprès
d'intérêts privés soient considérés comme
illégaux !
Organisons-nous pour le renouveau politique en
établissant la ligne de marche du peuple contre
l'offensive antisociale et en développant une
direction prosociale.
Les jeunes et les travailleurs sont tout à fait
capables d'organiser et de développer consciemment
une marche politique vers un nouvel objectif et
une nouvelle direction prosociale de l'économie
sur la base d'un renouveau politique vers un
avenir radieux pour tous.
Cela peut se faire !
Cela doit se faire !
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