Numéro 25 - 18 avril 2020
Décès de personnes âgées pendant la
pandémie
Le besoin d'investir le peuple du pouvoir
de décider en matière de santé
et de gouvernance
- Peggy Askin -
• Des
arrangements dépassés et inacceptables sont à
l'origine de la situation tragique des aînés
dans les résidences du Québec
- Pierre Soublière -
• Décès
dans les établissements pour aînés et de soins
de longue durée
- Peggy Morton -
• Les
travailleurs des soins aux aînés disent leur
pensée
• Les
revendications du Syndicat canadien de la
fonction publique
Des sujets de préoccupations devant le déroulement
de la pandémie de COVID-19
• Le
discours de la reine
- Eva Dance -
• «La
descente est beaucoup plus lente que la montée»
À titre d'information
• Mise
à jour sur la pandémie mondiale, pour la semaine
se terminant le 18 avril
Décès de personnes âgées pendant
la pandémie
- Peggy Askin -
Une des caractéristiques de la lutte pour
contenir la pandémie de COVID-19 est à quel point
les travailleurs doivent jouer un rôle de premier
plan pour apporter des solutions aux graves
problèmes auxquels la société est confrontée.
Le 13 avril, l'administratrice en chef de la
santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a
signalé que près de la moitié des 760 décès
liés au coronavirus au Canada ont eu lieu dans des
foyers de soins de longue durée. Elle a dit qu'il
faut s'attendre à ce que le nombre de décès dans
les centres de soins de longue durée continue
d'augmenter même si le taux de croissance de la
pandémie ralentit. Pendant ce temps, les résidents
des foyers pour personnes âgées sont abandonnés à
leur sort et les familles sont laissées dans
l'ignorance. Les premières éclosions ont eu lieu
en Colombie-Britannique, mais elles se sont vite
propagées à travers le Canada et le Québec. Les
travailleurs de la santé dans les résidences pour
personnes âgées sont infectés dans une mesure
disproportionnée, avec plus de 600 cas ne
serait-ce qu'en Ontario.
Les travailleurs de
la santé et le personnel des résidences pour
personnes âgées, publiques et privées, se battent
depuis des années pour renouveler le système de
soins aux aînés, y compris par l'apport d'un
personnel adéquat, la fin des soins à but lucratif
et des salaires et conditions de travail
correspondant au travail qu'ils font. Ceux qui ont
travaillé si dur pour essayer de rapiécer et
maintenir en place un système brisé sont
maintenant sous pression pour faire de même dans
les conditions de la pandémie, avec des résultats
désastreux.
Cette crise a maintenant révélé les crimes commis
par les gouvernements à tous les niveaux avec leur
prétention que les coupures dans les programmes
sociaux et la privatisation sont bonnes pour
l'économie. Une enquête de CBC News a révélé que
seules neuf résidences de soins de longue durée en
Ontario ont été sujettes à une inspection de la
qualité des services aux résidents en 2019.
Le gouvernement ontarien dit avoir
effectué 2 800 inspections en 2019,
mais que la plupart étaient liées à des plaintes
ou à des incidents critiques, rapporte CBC News.
Ces inspections de la qualité des services sont
censées être plus proactives et plus complètes,
effectuées une fois par année sans être annoncées,
que les inspections réactives survenant à la suite
de plaintes ou d'incidents.
Le gouvernement de l'Ontario affirme sur son site
Web que chaque résidence de soins fait l'objet
d'une inspection annuelle qui comprend des
entrevues avec les résidents, les familles et le
personnel « ainsi que des observations directes
sur la dispensation des soins ». Ce n'est
tout simplement pas vrai.
Et c'est
précisément le problème partout au Canada :
les paroles et les actes ne font jamais un. Sur
papier, tout est conforme aux lois et règlements,
mais en pratique c'est autre chose. Et c'est là
que les gouvernements montrent qu'ils sont inaptes
à gouverner. Ils s'assurent que personne n'est
tenu de rendre des comptes et surtout pas
eux-mêmes. Pourtant, ce sont eux qui ont créé les
conditions à l'origine de tous ces problèmes, car
avec leur offensive antisociale, ils servent des
intérêts privés étroits. C'est vraiment criminel
et c'est pourquoi aucun gouvernement, à quelque
niveau que ce soit, ne parle de tenir un
gouvernement responsable des décès et des
souffrances dont nous sommes témoins aujourd'hui.
Loin de là, on prétend que tout est fait pour
régler rapidement le problème, même s'il faut
envoyer les Rangers et l'armée faire le travail.
Les médias abondent d'articles sur les conditions
effroyables et inhumaines dans les résidences pour
personnes âgées et combien la pandémie « jette une
lumière » sur cette réalité. Tout cela
s'inscrit dans une campagne de désinformation pour
détourner l'attention du fait que, face au nombre
croissant de décès chez les personnes âgées en
résidence, les solutions proposées par les
travailleurs de la santé sont néanmoins balayées
du revers de la main.
Le problème n'est pas que ces gouvernements
n'étaient pas au fait de la situation ou qu'ils
ont fermé les yeux, mais que le peuple n'a pas le
pouvoir de les tenir responsables. Ils ont créé
cette situation et prétendent maintenant que des
injections d'argent ou le déploiement de l'armée
vont régler le problème. Quoi de plus simple que
de remplir les résidences pour personnes âgées,
privées ou publiques, d'un personnel suffisant,
infirmières et soignants avec tout ce dont ils ont
besoin, y compris des équipements de protection et
des logements alternatifs pendant la
pandémie ? Si l'objectif était de veiller au
bien-être des résidents, ces derniers se verraient
tout de suite garantir une alimentation saine et
des soins appropriés ainsi que le soutien médical
et émotionnel dont ils ont besoin. Les expressions
d'indignation et les lamentations sur les
conditions pour ensuite dire que maintenant tout
sera réglé, dans l'espoir que cette réalité
finisse par disparaître et que l'envoi de l'armée
va régler le problème, sont maintenant devenues le
problème.
Le problème est le fait des gouvernements, parce
qu'ils servent des intérêts privés étroits. C'est
pourquoi ils n'écoutent pas les travailleurs et
refusent de répondre aux besoins qu'ils signalent.
Les tentatives de détourner l'attention de ce qui
doit être fait ne passent pas non plus. Les
gouvernements ont, année après année, revendiqué
l'autorité d'affamer le système de santé au nom de
la prospérité, alors qu'en fait ils retirent de
plus en plus d'argent des programmes sociaux pour
privatiser la santé et les soins aux personnes
âgées et s'assurer que les intérêts privés étroits
obtiennent l'argent qu'ils réclament des fonds
publics. Ils permettent la privatisation des soins
aux personnes âgées en sachant très bien quel
traitement leur est réservé. Ce n'est pas un
problème nouveau, il est tout simplement accentué
par la COVID-19.
Les gouvernements utilisent leurs positions de
pouvoir et de privilège et le système mafieux de
partis cartellisés pour s'assurer que personne ne
soit tenu responsable. Voilà le fond du
problème : sans que les
travailleurs deviennent eux-mêmes des
politiciens ouvriers et rédigent des lois qui
les favorisent, cette destruction continuera.
On rapporte
que la belle-mère du premier ministre de
l'Ontario, Doug Ford, est résidente du West Park
Long-Term Care Centre à Toronto, propriété du
monopole Extendicare, où cinq résidents sont
décédés de la COVID-19 alors que dix autres
résidents et 14 membres du personnel sont
infectés. Une résidente a raconté aux médias
qu'elle a dû crier à l'aide pendant une heure et
demie pendant la nuit, mais personne n'est venu.
Elle dit que la nuit une infirmière doit s'occuper
à elle seule d'apporter leurs médicaments
à 120 résidents sur deux étages. Le jour, un
préposé aux services de soutien s'occupe
de 20 résidents et une infirmière s'occupe
de 40 résidents. C'est le tiers du personnel
habituel et même le niveau habituel est amplement
insuffisant.
Le gouvernement dit qu'il a fait « absolument
tout ce que nous pouvons », notamment en
étendant enfin les critères de dépistage aux
patients en soins de longue durée et aux
travailleurs de première ligne. Ford a déclaré en
conférence de presse : « Nous pourrions
regarder en arrière et signaler chaque petit
détail. Je suis sûr qu'à bien des endroits
certains pourraient dire 'nous aurions donc
dû' faire ceci ou cela. »
C'est d'une insouciance criminelle que de parler
de cette façon moqueuse d'une responsabilité aussi
importante.
Les travailleurs de la santé ont toujours été la
première ligne de défense pour la santé et la
sécurité des personnes âgées dans les
établissements de soins continus. Ce sont eux qui
ont dû faire avec les résultats de décennies de
coupures, de fermetures et de privatisations et
qui ont dû suppléer au facteur
antihumain/anti-conscience des gouvernements à
tous les niveaux. Partout au pays, ils ont
protesté et réclamé des conditions de travail
convenables, leurs conditions de travail étant les
conditions de vie des aînés. Ils ont développé des
tactiques pour s'assurer de bloquer ces pratiques
dangereuses. Mais sans le pouvoir de décision, et
c'est en quoi consiste le pouvoir politique, tout
progrès est bloqué et toutes les réalisations sont
supprimées par les gouvernements qui utilisent
tous les moyens nécessaires.
À la résidence privée Herron à Dorval, en
banlieue de Montréal, 31 résidents sont
décédés depuis le 13 mars. Cette situation ne
fait pas exception. Le Bureau du coroner du
Québec, la police de Montréal et le ministère de
la Santé du Québec ont lancé des enquêtes après
que des infirmières envoyées à la résidence par le
Centre intégré universitaire de santé et de
services sociaux (CIUSSS) le 29 mars ont été
confrontées à des conditions horribles : des
résidents déshydratés et mal nourris, un résident
décédé, des résidents qui avaient été laissés avec
des culottes d'incontinence souillées pendant de
longues périodes, voire des jours, et des sacs
d'urine laissés sur le plancher.
Ni le propriétaire ni le gouvernement n'assume la
responsabilité de cette négligence indicible. Le
premier ministre du Québec, François Legault,
blâme le propriétaire privé, parce qu'il y a eu
négligence grave, tandis que le propriétaire blâme
l'autorité locale, parce que la direction a
demandé à plusieurs reprises des équipements de
protection et des suppléants pour le personnel mis
en quarantaine après la confirmation du premier
cas. Il affirme que tous les décès sauf un sont
survenus depuis que le CIUSSS a pris le contrôle
de l'établissement le 29 mars.
Si aucun gouvernement au Canada ne veut ou ne
peut demander des comptes aux responsables, alors
le système est brisé. Tout indique que ce système
et cette bureaucratie permettent ces pratiques
sans reddition de comptes et qu'à ce titre ils
doivent faire place au nouveau.
Les gouvernements
seront condamnés pour avoir causé des morts et des
souffrances dans les établissements pour personnes
âgées. Pourquoi les infirmières et les autres
intervenants devraient-ils être obligés d'insister
sur l'obtention d'équipement de protection
individuelle (ÉPI) conformément aux normes
établies à la suite de la pandémie du SRAS ?
Les demi-mesures ne suffisent pas. Pourquoi les
ÉPI n'ont-ils pas été stockés après la pandémie du
SRAS ? Pourquoi les hôpitaux manquent-ils de
personnel et pourquoi permet-on la privatisation
des services de nettoyage, de blanchisserie et de
restauration quand la surexploitation des
travailleurs contractuels signifie qu'ils sont
sous-payés et non équipés pour faire le travail
comme les conditions l'exigent et que le taux de
roulement du personnel est très élevé ? Les
maladies infectieuses continuent de se propager !
Les plans et mesures d'urgence qui sotn adoptés
sont toujours de simples mesures palliatives. Où
est la décision de faire des services de santé un
droit, de sorte que chaque établissement dispose
des installations nécessaires et de travailleurs
payés suffisamment pour répondre à leurs besoins,
suivant un standard canadien de niveau de
vie ? De sorte que chaque personne
nécessitant ces services ait ce qu'il faut ?
Les travailleurs de la santé ont montré le rôle
qu'ils jouent et sont capables de jouer en tant
qu'organisateurs, dirigeants et décideurs pour ce
qui est des conditions nécessaires pour eux-mêmes
et pour les personnes dont ils ont soin. Ils
savent ce qui est nécessaire. Ils savent quels
ratios personnel/patient sont nécessaires pour
fournir à temps des soins humains de la plus haute
qualité. Ils savent que les congés de maladie, les
salaires et les avantages sociaux payés doivent
être proportionnels au travail qu'ils font et que
ces services requièrent des emplois à temps plein
dans chaque institution. Des conseils de
résidence, où les résidents, les familles et les
travailleurs peuvent se réunir pour établir les
conditions modernes et humaines requises dans les
centres pour personnes âgées, sont également
nécessaires pour affranchir les familles.
Il est nécessaire de développer davantage le rôle
de premier plan des travailleurs dans les
conditions de la pandémie pour le bien-être des
travailleurs et celui des personnes dont ils ont
soin, ainsi que pour le bien-être de la société
elle-même. La pandémie a montré que, pour que cela
se réalise, les travailleurs doivent devenir des
politiciens ouvriers de plein droit avec comme
plateforme le programme d'arrêter de payer les
riches, augmenter les investissements dans les
programmes sociaux et investir le peuple des
moyens de prendre les décisions importantes dans
tous les domaines de la vie.
Ces changements sont nécessaires maintenant et
ils doivent être revendiqués en tant que droit -
le droit d'être.
Les problèmes actuels ne sont pas causés par la
pandémie. La pandémie fait tout simplement
ressortir la réalité des conditions atroces qui
existent quand le pouvoir décisionnel est entre
les mains du facteur inhumain/anticonscience de
ceux qui se placent au service d'intérêts privés.
Ces mesures sont nécessaires parce que le statu
quo n'est pas dans l'intérêt du corps politique.
- Pierre Soublière -
Le nombre d'infections et de décès de la
COVID-19 tels qu'annoncés au Québec est
ahurissant. Bien que le groupe de personnes
ayant 60 ans et plus
représente 29 % des personnes infectées,
il compte néanmoins pour 99 % de tous
les décès au Québec. On apprend que la moitié de
ces décès ont été dans des CHSLD, mais on peut
soupçonner que ce nombre est plus élevé. Lors de
l'une de leurs conférences de presse quotidiennes,
le premier ministre Legault et le directeur de la
Santé publique, Horacio Arruda, sur la question du
taux élevé de mortalités dans ces établissements
au cours des derniers jours — 75,
dont 33 ont eu lieu au CHSLD de Dorval — ont
dit que « le nombre de décès est important, mais
on s'y attendait. C'est en ligne avec les
prévisions qui ont été déposées ». Ils ont
dit que le taux de mortalité était élevé pour les
aînés dans d'autres endroits tels que l'Ontario et
New York et partout où il y a une « concentration
élevée de personnes âgées » et qu'une bonne
part des « problèmes » était due à
l'absentéisme du personnel, sans expliquer
pourquoi il en était ainsi.
Plusieurs facteurs ne sont pas mentionnés dans
cette évaluation de la situation : les
conditions de travail du personnel de ces
résidences qui se sont aggravées avec la pandémie,
la situation précaire des résidents de ces
établissements qui a été exacerbée par la
pandémie, la situation précaire des aînés en
général et plus spécifiquement le problème de
pouvoir obtenir une place dans une résidence où
ils peuvent vivre dans la dignité et être bien
soignés.
Les établissements de soins de longue durée au
Québec :
une vue d'ensemble
La Fédération de l'âge
d'or du Québec (FADOQ) est une fédération
québécoise d'aînées ayant 350 000
membres dont l'objectif est de conserver et
améliorer leur qualité de vie, promouvoir la
défense de leurs droits et valoriser leur
contribution à la société. Dans l'Outaouais,
lorsque la directive pour les aînés a été donnée
de rester à la maison, la FADOQ a téléphoné à
chaque membre pour prendre de ses nouvelles. Dans
un rapport de cette organisation publié
en 2015-2016, portant le titre « État des
lieux pour résidences pour aînés au Québec »,
la FADOQ fait valoir que tous les établissements
offrant des services aux aînés sont caractérisés «
par une présence prépondérante d'acteurs privés à
tous les niveaux de la prise en charge de la perte
d'autonomie » et que le secteur public ne
représente plus que 17 %
des 155 742 unités d'hébergement pour
aînés. Voici d'autres observations soulevées dans
le rapport :
- Il existe 1917 installations pour aînés au
Québec (selon les informations données lors de la
conférence de presse du 14 avril du premier
ministre et du directeur de la Santé publique, il
y en a maintenant 2600).
- Les résidences à but lucratif dominent en
nombre de résidences pour personnes âgées et en
nombre d'unités : 88 % des
Résidences privées pour aînés (RPA)
et 91 % des unités.
- Il y a une baisse de l'offre de logements
abordables en RPA : les organismes à but non
lucratif, habitations à loyer modique,
coopératives et communautés religieuses offrent
moins de 9 % des unités en RPA.
- Pour une partie importante des aînés, les frais
en résidence représentent la majeure partie de
leurs revenus. Une femme seule en résidence avec
un revenu de 18 000 $ alloue
88 % de son budget à son logement et à ses
services.
- Les coûts de l'hébergement et des services pour
les aînés en RPA croissent d'année en année tandis
que l'offre abordable, elle, diminue.
- La vaste majorité des aînés au Québec
continuent de vivre dans leur maison aussi
longtemps qu'ils le peuvent.
Tel que soulevé dans le récent article du LML
sur la crise dans les soins de santé pour
aînés en Colombie-Britannique, « Un milliard de
raisons de s'en faire », dans un rapport du
Bureau pour la protection des aînés, il est
confirmé, sur la base d'analyses des revenus et
des dépenses dans ces résidences, qu'« une grande
part du financement public accordé aux
établissements privés à but lucratif pour répondre
spécifiquement aux besoins en soins se retrouve
plutôt dans les coffres des propriétaires en tant
que profit. » Compte tenu du nombre élevé de
propriétaires privés de résidences pour aînés au
Québec, un bon point de départ serait sans doute
d'examiner cette situation de près.
Les conditions des travailleurs et des aînés
exacerbées par la crise
Ces dernières années, il y a eu de nombreuses
tragédies au Québec dans les résidences pour
aînés. En 2014, un incendie a ravagé une
résidence à L'Isle-Verte où 32 aînés ont
perdu la vie. Dans plusieurs résidences il y a eu
des mortalités qui ont été jugées «
évitables », et de nombreux rapports de
coroners ont souligné le problème du manque de
personnel et ont aussi recommandé des critères
plus rigoureux lorsque le gouvernement octroie des
permis à ces résidences.
Avec la pandémie, les
conditions de travail des travailleurs de la santé
se sont rapidement détériorées. En date de la
semaine dernière, des centaines de travailleurs de
la santé au Québec ont été infectés par le
coronavirus. Une infirmière travaillant au CHSLD
de Ste-Dorothée, à Laval, où 13 personnes ont
perdu la vie et 115 ont été infectées,
explique comment elle a dû par moments s'occuper
de 45 patients dont 20 souffraient de la
COVID-19. D'autres employés ont dû travailler même
s'ils avaient des symptômes de grippe. Les
travailleurs demandant des masques N95 se sont
fait dire qu'il n'y avait pas de ces masques dans
des CHSLD et que s'ils en voulaient, ils n'avaient
qu'à s'en acheter. D'autres ont fait valoir leur
droit de refuser de travailler dans des conditions
non sécuritaires, mais on leur a dit qu'ils
feraient l'objet de mesures disciplinaires. Aussi,
les établissements de soins de longue durée sont
aux prises avec de plus en plus de cas de COVID-19
sans l'équipement ni la protection qu'on
trouverait dans un hôpital.
Il y a quelque chose de profondément troublant
dans les tentatives du gouvernement de vouloir
sauver la face plutôt que de regarder la réalité
en face ou, tout au moins, reconnaître les
problèmes soulevés et les solutions mises de
l'avant par les travailleurs de première ligne et
leurs organisations qui cherchent à se protéger
eux-mêmes et à protéger la population dans la
lutte contre la pandémie.
Cette crise met en lumière à quel point cette
façon démodée d'envisager les problèmes n'est plus
acceptable.
- Peggy Morton -
L'administratrice en chef de l'Agence de la
santé publique, la docteure Theresa Tam, a affirmé
que près de la moitié des décès au Canada dus à la
COVID-19 était dans des résidences pour personnes
âgées ou de soins de longue durée. Plus
de 150 000 personnes vivent dans des
centres de soins attitrés partout au Canada, selon
l'Association canadienne des soins de longue
durée.
Une étude menée par
la London School of Economics en Grande-Bretagne a
fait valoir que près de la moitié des décès dus à
la COVID-19 semblent s'être produits dans les
établissements de soins dans certains pays
européens.
Selon The Guardian, des données sommaires
provenant de diverses sources officielles
permettent de constater qu'en Italie, en Espagne,
en France, en Irlande et en Belgique, entre
42 % et 57 % des décès dus au
coronavirus ont eu lieu dans des établissements
pour aînés.
Le gouvernement des États-Unis n'a pas publié de
statistiques sur les décès dus à la COVID-19 dans
les établissements pour aînés. Selon le décompte
de l'Associated Press, il y a eu 3 621
décès dans les établissements pour aînés, et le New
York Times a identifié plus de 2500
résidences pour aînés où l'épidémie s'est
déclarée.
Dans plusieurs cas, les décès ne sont tout
simplement pas annoncés. En Grande-Bretagne, le
gouvernement ne parle pas des décès dans les
résidences pour aînés, seulement de ceux ayant
lieu dans les hôpitaux. En Italie, les syndicats,
les travailleurs de la santé et les membres de
famille en Lombardie, la région la plus frappée en
Italie, affirment qu'un grand nombre de patients
qui n'ont jamais été testés pour le coronavirus
sont décédés dans des résidences pour aînés de la
région.
De façon générale, les patients sont décédés dans
des conditions de négligence abjecte, privés de
leur dignité humaine, sans leur famille, et dans
plusieurs cas sans eau et sans nourriture. Ce
serait la règle plutôt que l'exception. Dans un
climat d'impuissance et d'effondrement d'un
système brisé, ces décès sont le produit funeste
de nombreuses années d'austérité néolibérale, de
dérèglementation et de privatisation, d'un refus
impitoyable de défendre les droits des aînés et
des travailleurs qui les soignent.
À la pénurie de personnel s'ajoutent les salaires
de crève-faim, le travail à temps partiel et
occasionnel, qui fait en sorte que les
travailleurs se rendent dans plusieurs
établissements, le manque de congés de maladie, le
manque de prévention des infections, la propriété
privée, y compris la sous-traitance et la présence
de plusieurs employeurs différents dans un
établissement qui semblerait être un autre facteur
important. Aussi, un grand nombre d'aînés vivent
dans des conditions déplorables dans des
hébergements « de base » où jusqu'à quatre
personnes peuvent partager la même chambre, une
situation favorable à la propagation rapide de
maladies infectieuses.
Voici les informations recueillies par LML sur
les décès en Alberta, en Colombie-Britannique, au
Québec et en Ontario.
Au Québec
Près de 60 % des 435 décès au
Québec ont eu lieu dans des résidences pour aînés
et des établissements de soins de longue durée en
date du 14 avril, selon les données
provinciales. Soixante-et-onze de ces décès ont eu
lieu dans seulement six établissements, selon les
données du 6 avril.
Le résultat des tests de dépistage pour la
COVID-19 pour les résidents de 106
établissements pour aînés a été positif. Il en est
ainsi dans 67 centres hospitaliers de soins
de longue durée (CHSLD) et 39 résidences
privées pour aînés (RPA). Quarante-et-un centres
ont été identifiés comme devant être surveillés
et 5 ont été mis sous surveillance suite aux
inspections des 11 et 12 avril. Les
inspections ont été menées à la suite de la
divulgation de la situation tragique à la
résidence Herron, où nous apprenions que 33
personnes étaient décédées depuis le 13 mars.
Vingt-cinq établissements de soins de longue
durée et de résidences pour aînés autonomes et
semi-autonomes ont été jugés dans un état
critique. Le nombre de décès dans ces centres et
autres établissements n'a pas été rendu public.
Selon les médias, dans au moins trois centres de
soins de longue durée, il y a eu au moins 26
décès. La plupart des établissements où la
situation est critique sont sur l'Île de Montréal
et à Laval, et il y en a un à Trois-Rivières, à
Shawinigan et à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Selon le journal intime d'une travailleuse du
centre LaSalle à Montréal publié dans le Globe
and Mail, la grave négligence à la résidence
Herron est loin d'être une exception. Elle décrit
l'effondrement d'un système déjà brisé : un
personnel totalement dépassé et dans
l'impossibilité de fournir les soins aux
résidents, un échec total de la part de
l'établissement de mettre en oeuvre des procédures
de contrôle de la propagation de l'infection et un
manque d'équipement de protection individuelle. Le
premier ministre François Legault a annoncé que le
réseau des CHSLD avait un manque
de 2 000 infirmières et préposés aux
bénéficiaires, y compris 1 380 dans les
centres publics.
Dans le CHSLD de Ste-Dorothée, à Laval, 120
résidents - 62 % des résidents - ont eu
un résultat positif pour la COVID-19. À Montréal,
au Centre d'hébergement Yvon-Brunet, il y a 105
cas de COVID-10, soit 64 % des
résidents. Neuf résidences ont entre 50
et 100 cas et 30 ont plus de dix cas.
Des décès ont été annoncés dans les établissements
suivants, mais des mises à jour n'ont pas été
publiées, ce qui fait que le nombre de décès est
sans doute plus élevé.
La Résidence Herron, Laval – 33 décès
Le centre de soins de longue durée Laflèche à
Shawinigan – 27 décès
Le centre Sainte-Dorothée à Laval – 16 décès
Notre-Dame-de-la-Merci à Montréal – 13 décès
La Pinière à Laval – 10 décès
Le centre LaSalle à Montréal – 7 décès
Le Pavillon Alfred-Desrochers à Montréal – 5
décès
En Ontario
L'Ontario a 626 résidences de soins de
longue durée qui sont licenciées et approuvées. La
majorité d'entre elles sont de propriété privée
(58 %), alors que 24 % fonctionnent
sur une base volontaire (non gouvernementale, à
but non lucratif), et 16 % relèvent de
la municipalité. Près de 40 % des
résidences de soins de longue durée sont petites,
avec 96 lits ou moins, et près de la moitié
de ces petites résidences sont situées dans des
communautés rurales. Il y a 77 257 lits
de long séjour dans ces établissements et
environ 1 000 lits pour la convalescence et
le repos.
Selon l'Association
ontarienne des soins de longue durée, près de la
moitié des résidences sont vieilles et ont besoin
de rénovation. Elles ont en général quatre types
d'hébergement : privé, semi-privé (2
personnes) et de base (jusqu'à quatre aînés dans
une chambre). La liste d'attente en
février 2019 était de 34 834
personnes et le temps d'attente moyen est
de 161 jours.
L'épidémie s'est déclarée dans un total
de 114 résidences de soins de longue durée de
la province selon le premier ministre Doug Ford
(14 avril). Il y a épidémie s'il y a un cas ou
plus de COVID-19. Il y a aussi eu des épidémies
dans les résidences de retraite où les aînés
vivent séparément dans leur appartement. Le
ministère de la Santé de l'Ontario affirme que 857
travailleurs de la santé ont eu un résultat
positif pour la COVID-19 en Ontario.
Le Globe and Mail affirme que le 13 avril,
il a contacté toutes les unités publiques en
Ontario et a appris qu'il y avait eu au
moins 182 décès de résidents dans les
résidences pour aînés dus à la COVID-19. Au
moins 197 établissements d'aînés ont eu un ou
plusieurs cas de COVID-19 parmi les résidents ou
le personnel. Les 34 unités de santé publique
de la province n'ont pas toutes répondu aux
questions du Globe and Mail.
Le médecin en chef de la Santé à Toronto affirme
qu'à Toronto, l'épidémie s'est manifestée
dans 38 résidences de soins de longue durée
et dans 14 résidences de retraités.
Soixante-huit décès dus à la COVID-19 ont été
confirmés dans des résidences de soins de longue
durée à Toronto et un dans une maison de retraite.
Selon les médias, plusieurs résidences ont été
identifiées comme ayant eu un nombre élevé de
décès. Cent cinquante-cinq personnes sont décédées
dans les résidences nommées. Cinq des six
résidences ayant eu dix décès ou plus reçoivent
des fonds publics ou sont de propriété privée ou
de gestion privée, deux par le même gestionnaire.
Pinecrest Nursing Home, Bobcaygeon – 29
décès
Eatonville Care Centre, Toronto – 27 décès
Seven Oaks, Scarborough – 22 décès
Anson Place, Hagersville –19 décès.
Soixante-treize résidents et 31 membres du
personnel ont eu des résultats positifs pour la
COVID-19. Seize des décès ont eu lieu dans des
soins de longue durée et trois dans des résidences
de retraités.
Almonte Country Haven, Mississippi Mills – 18
décès. Trente-six résidents ont eu un résultat
positif et au moins un membre du personnel.
Lundy Manor Retirement Residence, Niagara Falls
– 10 décès
Markhaven Home for Seniors à Markham – 9
décès
Village of Humber Heights, à Toronto – 8
décès
Hillsdale Terraces, à Oshawa – 7 décès
Résidence communautaire de soins de longue durée
St Clair O'Connor, Toronto – 7 décès. Douze
résidents et 10 membres du personnel ont eu
un résultat positif.
La Maison de soins pour aînés Heritage Green,
Stoney Creek – 3 décès
Résidence de retraités Cardinal, Hamilton – 3
décès
Des aînés vivant indépendamment dans leur propre
chambre ont aussi perdu la vie.
En Alberta
Il y a eu 48 décès dus à la COVID-19 en
Alberta, dont 60 % dans des résidences
pour aînés et de soins de longue durée. Il y a
eu 214 cas de COVID-19 dans des centres de
soins de longue durée en Alberta dont 30
décès.
Vingt-et-un résidents sont décédés au McKenzie
Towne Continuing Care Centre de Calgary. Le centre
est la propriété de Revera Ltd qui est en partie
la propriété du Service de placement du régime de
retraite de la fonction publique et sous la
direction, à but non lucratif, du Conseil du
trésor fédéral. Il y a eu quatre décès au Manoir
du Lac à McLennan dans le nord de l'Alberta,
propriété de Integrated Life Care Inc., qui est
propriétaire et gestionnaire d'établissements de
vie indépendants pour aînés. Le gouvernement
albertain a maintenant pris le contrôle de
l'établissement. Deux décès ont eu lieu au
Shepherd's Care Foundation Kensington Villagem,
géré par le Shepherd's Care Foundation. Deux aînés
sont décédés à Carewest à Calgary, un à Sarcee et
un à Glenmore Park. Carewest est un établissement
de soins de longue durée avec 14 résidences à
Calgary et est géré par les Services de santé de
l'Alberta.
Des épidémies se sont déclarées dans trois autres
établissements, sans qu'il y ait eu de décès.
En Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique a eu un total de 69
décès dus à la COVID-19, dont la majorité ont eu
lieu dans des établissements de soins de longue
durée. Il y a des éclosions dans 20
établissements de soins de longue durée,
avec 289 cas - 165 résidents et 124
membres du personnel. La situation est déclarée
rétablie dans quatre établissements.
Dans cinq établissements, il y a eu 38 décès
d'aînés dus à la COVID-19, ou 55 % de
tous les décès de la COVID-19 en
Colombie-Britannique. La première éclosion a eu
lieu dans le Lynn Valley Care Centre dans
Vancouver Nord, où 20 résidents sont décédés.
En date du 14 avril, Lynn Valley a eu 63
cas – 42 résidents et 21 membres du
personnel, dont 30 s'en seraient remis.
Il y a eu 10 décès au centre Haro Park à
Vancouver, cinq décès au centre Berkley Care à
Vancouver Nord, deux décès à la maison de
retraités Amica Edgemont Village aussi dans
Vancouver Nord, deux décès au Dufferin Care Centre
à Coquelitlam et un décès au centre Shaughnessy
Care à Port Coquitlam. Aucun autre décès dans des
soins de longue durée n'a été annoncé.
Les aînés sont décédés dans les résidences de
soins de longue durée et d'aînés gérées par les
autorités de la santé, les organisations
volontaires à but non lucratif, et les
propriétaires et gestionnaires des établissements
à but lucratif. Plus de la moitié des décès ont eu
lieu dans un établissement privé, Lynn Valley, où
les services ont été fournis par trois
sous-traitants privés différents. La plupart des
travailleurs ont perdu leur convention collective
dans des conditions de changement subi alors que
les propriétaires privés ont eu davantage recours
à la sous-traitance pour passer outre les
conventions collectives et que plusieurs personnes
ont travaillé dans de multiples établissements.
Un travailleur de 47 ans d'un foyer de
groupe à Richmond est décédé chez lui alors qu'il
était en isolement. Son employeur, la Richmond
Society for Community Living, a dit qu'il s'était
rendu compte qu'il l'avait contracté alors qu'il
était à l'emploi de la résidence en tant que
travailleur résidentiel venant en aide aux
personnes ayant des déficiences intellectuelles ou
physiques.
Les travailleurs des soins de longue durée et
des résidences pour personnes âgées disent leur
pensée sur les luttes qu'ils mènent pour défendre
leurs droits et les droits des aînés dont ils ont
soin. Ils dénoncent le mépris flagrant qui existe
pour la sécurité des résidents et du personnel.
LML a appris que les travailleurs d'un
centre privé de soins de longue durée exploité par
un des plus gros monopoles de la santé au Canada
ont résisté à la pression de la direction pour
qu'ils viennent travailler même s'ils sont
malades. Une personne-cadre de l'entreprise s'est
vantée d'avoir travaillé bien qu'elle était malade
et a dit que les travailleurs devraient faire
comme elle.
Lorsque le centre de soins prolongés Shepherd's
Care d'Edmonton a connu son premier cas de
COVID-19 à son établissement du Village
Kensington, il a mis en place des mesures de
sécurité, mais seulement pour ce site. Voyant
l'importance de ne pas attendre une éclosion de la
maladie dans leur établissement, les travailleurs
du Shepherd's Care Mill Woods ont exigé que des
mesures de sécurité y soient mises en place, comme
la limitation des visiteurs aux cas de fin de vie,
la vérification de la température de tout le
personnel et des équipements de protection
individuelle adéquats. Ils ont réussi à obtenir de
meilleures mesures de sécurité et cela fait des
semaines qu'ils insistent pour qu'aucun employé ne
soit obligé de se déplacer d'un établissement à
l'autre, sans perte de salaire.
Les travailleuses de la maison de
retraite Chartwell utilisent des sacs à
ordures pour se protéger à cause de la
rareté des ÉPI.
|
Plusieurs travailleurs de la santé se sont
exprimés publiquement, même s'ils pensaient que
leur emploi était menacé, et ont parlé des mesures
qui doivent être mises en place.
« Nous livrons une véritable guerre et tous
doivent être protégés, quel que soit le travail
qu'ils font. Tous doivent avoir des ÉPI
(équipements de protection individuelle) afin
d'être protégés, a dit Abiola Tijani, qui est
préposée aux services de soutien à Ottawa et
présidente de la section locale 4592 du
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP),
qui représente des préposés aux services de
soutien, des infirmières praticiennes autorisées,
des préposés à l'entretien, des
aide-diététiciennes et d'autres membres du
personnel de ce secteur à Ottawa. Le 3 avril,
Tijani a dit qu'on n'a pas fourni de masques N95
aux travailleurs qui oeuvrent auprès de patients
de la COVID-19, qui craignent de devenir malades
et d'infecter les résidents vulnérables. Les
médias ont rapporté que la livraison d'équipements
de protection individuelle a finalement débuté
dans les centres de soins de longue durée en
Ontario vers le 11 avril.
Une préposée aux services de soutien à Anson
Place, à Hagersville, en Ontario, un établissement
de soins de longue durée où 15 résidents sont
morts de la COVID-19, a parlé aux médias des
conditions qui règnent dans le centre. Les
patients y partagent toujours des chambres,
parfois à quatre personnes par chambre, a-t-elle
dit. « Les lits sont à deux pieds l'un de l'autre.
Ce n'est pas surprenant qu'il y ait de la
propagation, a dit Rebecca Shaw-Piironen à CTV
News. Je ne vois pas comment la situation pourrait
être plus urgente qu'elle ne l'est présentement.
Il y a des personnes qui meurent chaque jour.
Je ne sais pas ce qu'aujourd'hui ou la nuit nous
réservent. Pourquoi ne prenons-nous pas soin de
notre monde ? »
Cinquante-cinq résidents ont été déclarés
positifs pour le coronavirus à Anson Place, qui
est situé à Hagersville, en Ontario, en plus
de 30 membres du personnel. Cela a beaucoup
affaibli la capacité du centre de s'occuper des
résidents, et ceux qui ont dû se retirer sont
épuisés et accablés de chagrin, a dit Rebecca
Shaw-Piironen.
« Nous avons besoin d'aide. La situation est
terrible, a-t-elle dit de chez elle où elle
attendait le résultat de ses tests. Tant de gens
que nous avons perdus, et tant à la fois. Et
l'ampleur de tout cela... ça me fait beaucoup de
peine. Moi et mes collègues sommes très tristes en
ce moment. »
Elle a expliqué qu'elle s'exprimait au risque de
perdre son emploi : « J'aimerais mieux vivre
dans une boîte de carton et sentir que j'ai rendu
service aux résidents plutôt que de me taire. Ils
ont besoin de soins. Ils sont désespérés. Et je ne
sais pas ce que nous allons devoir faire pour
obtenir cette aide. »
Le 3 avril, le président de la section de
l'Alberta du Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP), Rory Gill, a fait parvenir une
lettre au ministre de la Santé de l'Alberta, Tyler
Shandro, dans laquelle il indique les mesures
nécessaires que le gouvernement doit prendre
immédiatement dans les centres de soins de longue
durée.
Le SCFP met de l'avant cinq principes à
suivre :
Choix : Dans la mesure du possible,
les travailleurs doivent pouvoir décider dans quel
établissement ils vont demeurer s'ils doivent se
limiter à un. En Colombie-Britannique, on a
accompli cela en leur permettant de classer leurs
préférences sur un site Web.
Protection de l'emploi : Lorsqu'un
travailleur doit choisir un seul endroit ou un
seul employeur, sa position à l'endroit de travail
secondaire doit être protégée. Une fois que
l'urgence est terminée, il doit pouvoir retourner
aux multiples endroits de travail s'il le désire,
plutôt que de se retrouver avec une demi-position.
Stabilité financière : Il faut
maintenir le revenu de travail en faisant en sorte
que les travailleurs ne perdent pas le total de
leurs heures travaillées lorsqu'ils sont affectés
à un seul endroit (ou qu'ils soient indemnisés
pour la perte d'heures). Il est important de tenir
compte du fait que les employeurs ont des échelles
de salaire différentes, ce qui peut produire un
revenu plus bas pour les travailleurs qui
finissent par faire plus d'heures chez l'employeur
qui offre les salaires les plus bas.
Protection des droits : Les
travailleurs de différents établissements ont des
contrats différents, ce qui se traduit par des
conditions différentes en ce qui a trait aux
avantages sociaux, aux pensions et à l'ancienneté.
Il faut trouver une méthode claire pour résoudre
ces questions alors que les travailleurs qui ont
présentement deux emplois ou plus avec des
employeurs différents doivent en choisir un.
Le SCFP a aussi demandé au gouvernement de mettre
en place des mesures à plus long terme pour au
moins un an. « Les politiques qui ont de bonnes
chances de réussir à créer des incitatifs positifs
pour les travailleurs et des soins de qualité pour
les aînés comprennent :
- Fournir un supplément de salaire aux
travailleurs de la santé dans les établissements
qui adoptent une politique d'effectifs à site
unique. Cela ressemble à ce qui se fait en
Colombie-Britannique où les salaires d'un secteur
sont uniformisés. Cela va atténuer les problèmes
potentiels de l'organisation des effectifs et
contribuer à la stabilité financière des
travailleurs pendant la période d'urgence.
- Développer un cadre qui permet de déployer les
travailleurs et comprend la négociation des
avantages sociaux et des pensions. Les employeurs
ont besoin de guides clairs qui établissent qui
est responsable du financement de ces droits.
- Interdire aux employeurs de congédier les
travailleurs qui choisissent un autre employeur à
la suite de restrictions sur les mouvements
d'effectifs entre les établissements. Des mesures
importantes ont été prises à ce sujet le 2
avril, mais on a besoin d'une règle plus générale.
- Donner l'instruction aux employeurs de laisser
les travailleurs déployés chez d'autres employeurs
continuer à accumuler de l'ancienneté.
- Offrir une protection contre la perte d'heures
qui résulte des restrictions provinciales du
mouvement entre les établissements.
Des sujets de préoccupations
devant le déroulement
de la pandémie de COVID-19
- Eva Dance -
Pour la cinquième fois seulement en 68 ans
en tant que « Reine du Royaume-Uni et de l'Irlande
du Nord » et « Chef d'État de l'ensemble des
nations du Commonwealth britannique »,
Elizabeth II a prononcé, le dimanche 5
avril 2020, un discours spécial « à la nation
et à ses sujets ».
Les médias et les commentateurs l'ont salué en
disant que, même s'il n'a duré que moins de cinq
minutes, son discours « Nous sommes tous
ensemble » était très sincère et émouvant et
leur a fait venir les larmes aux yeux.
Comme ses homologues des gouvernements qui
composent le monde anglo-américain et la
communauté des nations sous leur emprise, elle a
présenté la lutte contre le coronavirus COVID-19
comme une guerre. Dans son cas, elle l'a
habilement fait en évoquant la chanson britannique
de 1939 We Shall Meet Again (Nous
nous retrouverons) chantée par la très populaire
Vera Lynn. Vera Lynn, qui est toujours en vie à
l'âge de 103 ans, était très connue comme « la
chérie des forces armées » et symbolisait l'esprit
de résistance dans la lutte contre le fascisme.
Voici les paroles de la chanson que Vera Lynn a
rendue célèbre :
On se retrouvera
Je ne sais pas où
Je ne sais pas quand
Mais je sais qu'on se retrouvera un jour
ensoleillé
Continue de sourire
Comme tu le fais toujours
Jusqu'à ce que le ciel bleu chasse les nuages
sombres au loin
Alors s'il te plait pourras-tu dire «
Bonjour »
Aux gens que je connais
Dis-leur que je ne serai pas longtemps
Ils seront heureux de savoir
Que lorsque tu m'as vue
Je chantais cette chanson
On se retrouvera
Je ne sais pas où
Je ne sais pas quand
Mais je sais qu'on se retrouvera un jour
ensoleillé
La reine affirme dans son discours : « Nous
réussirons - et ce succès appartiendra à chacun
d'entre nous. Nous devrions nous consoler en
pensant que, même s'il nous reste encore beaucoup
à endurer, des jours meilleurs reviendront. »
Le contexte est celui de la pandémie mondiale et
des circonstances extraordinaires qui l'entourent,
avec des sociétés entières en quarantaine, des
personnes et des nations isolées les unes des
autres, tandis que les travailleurs assurent des
services essentiels au risque de leur vie. À
l'approche de la diffusion de dimanche soir, il
était fait grand cas du discours à venir. Le
correspondant royal de la BBC, Nicholas Witchell,
apparaissait sans cesse dans des mini-annonces
pour révéler ce que Sa Majesté allait dire dans un
discours d'une importance capitale. Des parallèles
ont été établis entre ce discours et la période du
Blitz de Londres en 1940-1941 au début de la
Deuxième Guerre mondiale. La référence à Vera Lynn
résume bien l'état d'esprit de la nation au moment
du Blitz et après pour endurer les épreuves
nécessaires pour vaincre le fascisme, tout en
élevant le moral de tous ceux qui se battent dans
le monde.
Que ce soit par accident ou à dessein, peu
importe, le moment du discours a coïncidé avec
l'annonce que le premier ministre britannique,
Boris Johnson, déjà infecté par le coronavirus,
avait été admis aux soins intensifs dans un
hôpital de Londres. Le discours a donc également
servi à rallier les troupes, pour ainsi dire, au
cas où quelqu'un s'inquiéterait d'une vacance du
pouvoir à la tête de la nation en temps de crise.
Depuis la suspension du parlement et la
déclaration des mesures d'urgence, il est devenu
évident pour tous que toute l'autorité et tout le
pouvoir de décision sont concentrés dans les mains
du premier ministre et du gouvernement. Boris
Johnson a été déclaré positif au coronavirus
le 27 mars, ce qui a plongé le gouvernement
et les chaînes de commandement dans une nouvelle
crise. Les médias, l'opposition politique et les
experts étaient dans tous leurs états. La
perspective que le premier ministre lui-même soit
gravement malade a subitement créé la peur au
sujet de qui gouvernerait à sa place. Cela est
devenu la principale préoccupation des cercles
dirigeants. En plus des spéculations sur quel
ministre avait le droit de le remplacer, d'autres
se sont livrés à des lamentations et ont déclaré
que si seulement la Grande-Bretagne avait une
constitution écrite, tout serait clair, ou que la
suspension du parlement était une bonne chose,
mais que les représentants élus devaient quand
même avoir leur mot à dire.
L'intervention de la reine pour apaiser la nation
est en fait une mesure plutôt désespérée pour
donner l'impression que le gouvernement a le
consentement du peuple pour réaliser l'ordre du
jour qu'il juge approprié pendant cette pandémie.
On nous dit que c'est la manière de faire
britannique. Il faut faire comme pendant la
Deuxième Guerre mondiale et c'est tout.
Faites-nous confiance.
Ce n'est pas pour rien qu'aux États-Unis et au
Canada, la lutte actuelle contre le coronavirus
est également présentée comme une guerre dans
laquelle, cette fois, nous sommes tous du même
côté. L'administrateur fédéral des services de
santé publique des États-Unis a déclaré qu'il
s'agissait d'un moment comme « notre Pearl Harbor,
notre 11 septembre ». Le premier ministre
canadien, Justin Trudeau, n'a cessé d'utiliser
cette métaphore de guerre pour faire passer le
message : « C'est en travaillant ensemble
qu'on va s'en sortir », « Nous nous occupons
les uns des autres, c'est la manière canadienne de
faire. »
Tout cela soulève une question très
pertinente : qui est le « Nous » que la
reine représente et auquel d'autres se
réfèrent ? Les peuples d'Angleterre,
d'Écosse, du Pays de Galles et du nord de
l'Irlande ? Certainement pas, et encore moins
les peuples des « nations du Commonwealth »
dont elle s'est déclarée le chef après son
couronnement il y a plus de soixante ans.
Dès la première phrase de son discours, c'est
comme si cette pandémie créait une anomalie dans
la voie par ailleurs solide et constante suivie
par le gouvernement de Sa Majesté. On nous a dit
que c'est une période « de plus en plus difficile,
une période de bouleversement dans la vie de notre
pays » qui a causé « du chagrin à
certains » et entraîné « des difficultés
financières pour beaucoup ». Mais nous
vaincrons.
Ce message sous-entend : « Nous sommes tous
ensemble », la conception d'une nation unique où
tous se rassemblent et mettent de côté leurs
aspirations et leurs besoins individuels pour que
le travail soit fait et vaincre l'ennemi. Dans ce
cas, bien que la reine n'y fasse pas directement
allusion, il s'agit de la pandémie de coronavirus.
En effet, elle déclare à un moment donné : «
Ensemble, nous nous attaquons à cette maladie, et
je tiens à vous assurer que si nous restons unis
et résolus, nous la vaincrons. »
Tout cela pour dire que les difficultés
auxquelles les gens font face ne sont pas le fait
des gouvernements successifs qui ont payé
grassement les riches à même le trésor public
alors que le peuple est obligé de se débrouiller
seul. Dans le monde des riches, il est attendu des
travailleurs essentiels qu'ils se mettent en
danger pour le bien commun. Nous pleurerons leur
disparition et continuerons... C'est notre devoir.
Ce que les gens voient est autre chose.
Contrairement à l'esprit du blitz, lorsque les
conditions et l'autorité à l'époque de la guerre
antifasciste dans les années 1940 étaient en
harmonie, aujourd'hui les conditions et l'autorité
se heurtent. Nous ne sommes pas tous ensemble
parce que les autorités en place ont imposé à la
société pendant trente ans un programme antisocial
brutal qui a pratiquement détruit le système de
santé publique, l'éducation, les transports
publics et l'objectif de la société fondé sur la
devise « Un pour tous et tous pour un ». La
devise des classes dominantes est aujourd'hui «
Tous pour un ». C'est tout. Que chacun se
débrouille seul et pourvu que nous nous
enrichissions, au diable les conséquences.
À cet égard, l'essence du discours de la reine
est un appel aux travailleurs et aux habitants des
« îles britanniques » et du «
Commonwealth » à confier leur sort à ceux qui
ont détruit le système de santé national, enrichi
les riches et appauvri les pauvres. Il y a un
message subliminal qui dit que si quelqu'un tombe
malade, c'est sa faute parce qu'il n'a pas
respecté correctement la distanciation sociale ou
pour toute autre raison. Le manque de soins pour
le personnel soignant, les travailleurs
essentiels, les personnes âgées et les autres
personnes n'est pas mentionné. Au contraire, une
fausse impression est donnée que le gouvernement
s'occupe de tout le monde.
Nous avons un contexte où les gens sont
nécessairement isolés physiquement les uns des
autres, mais il n'y a aucun mécanisme en place
pour trouver des solutions collectives aux
problèmes à un moment où le gouvernement ne
s'occupe que de lui-même.
Les conditions engendrées par la pandémie de
coronavirus montrent clairement que les gens n'ont
pas le droit de participer aux décisions qui
touchent leur vie. Il est très important que dans
cette situation, les syndicats et les travailleurs
prennent position et exigent le type d'équipement
de protection et les conditions de travail dont
ils ont besoin pour prendre soin des gens, tout en
jouant un rôle important pour juguler ce virus.
Il y a beaucoup de diversions qui associent les
pouvoirs de police d'urgence que Boris Johnson a
concentrés dans ses mains et la signification de
la fermeture du parlement. Le parlement serait le
seul mécanisme dont dispose le peuple pour
exprimer sa volonté par l'intermédiaire de ses
représentants. Mais une fois de plus, la reine
intervient pour rallier les troupes pour qu'elles
montent en première ligne et acceptent que
beaucoup ne reviendront jamais, mais elles peuvent
au moins s'accrocher à l'espoir qu'elles vont s'en
sortir et, en attendant, leur contribution à ceux
qui leur sont chers est de faire leur devoir et
d'espérer que tout ira pour le mieux.
Certains diront que la sincérité de la reine
serait un peu plus crédible si elle ouvrait ses
châteaux pour loger les pauvres et les sans-abri
et ses entrepôts, cuisines et domaines pour
nourrir les travailleurs pauvres que le système à
la tête duquel elle se trouve a produits et
abandonnés. Mais cela aussi nous détourne du fait
pertinent que la pandémie ne constitue pas
seulement un danger physique pour tous les membres
de la société sans exception, mais aussi une
métaphore de la paralysie du pouvoir et de la
prise de décision qui a englouti toute la société
en Grande-Bretagne, et de nombreuses sociétés à
travers le monde. De tous les points de vue, nous
sommes dans une impasse, dont la sortie nécessite
la reconnaissance du fait que la situation exige
que le peuple s'investisse du pouvoir parce que
les dirigeants sont inaptes à gouverner.
Être entre les mains de personnes comme Boris
Johnson, qu'il soit malade ou en parfaite santé,
est un désastre pour les peuples d'Angleterre,
d'Écosse, du Pays de Galles et du nord de
l'Irlande. Les intérêts de la classe dominante que
lui et les gouvernements successifs avant lui
représentent, quelle que soit leur allégeance
politique, ont fait des ravages au cours des
trente dernières années, détruit le système de
santé, obligé tout le monde à se débrouiller seul,
augmenté le nombre de pauvres et l'ampleur de leur
pauvreté, tout en rejetant la responsabilité de
tous les problèmes sur le peuple, et cela inclut
cette pandémie de coronavirus.
Et le fait est que la reine a présidé à tout cela
pour cacher au peuple où réside le pouvoir
décisionnel. Elle est la remplaçante de la
personne fictive de l'État qui représente le
pouvoir des grands et des puissants contre le
pouvoir de la prétendue « populace ». Le «
Nous » royal n'est pas vous et moi, ce n'est
pas le peuple, ses prétendus sujets, ceux qui sont
gouvernés.
En parlant en notre propre nom, nous pouvons
découvrir qui nous sommes, ce dont nous avons
besoin et comment nous pensons pouvoir l'obtenir.
La seule voie vers l'avant est celle qui tient
compte de l'ensemble des relations humaines et de
ce qu'elles révèlent, qui est que le peuple ne
peut pas se permettre de confier son destin à une
classe dominante qui ne sert que ses intérêts.
Publié dans Workers' Weekly, journal
du Parti communiste révolutionnaire de
Grande-Bretagne (marxiste-léniniste), 11
avril 2020. Traduit de l'anglais par LML.
Le directeur général de l'Organisation mondiale de
la santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus
Alors que la pandémie de COVID-19 continue de
faire des ravages dans le monde entier, au Canada
et dans divers pays européens ainsi qu'aux
États-Unis, l'assouplissement des restrictions
pour relancer l'économie commence à dominer les
reportages des médias. Parallèlement à cela, nous
assistons à la montée d'une désinformation qui
détourne l'attention de ce que les gouvernements
font ou ne font pas et de la nécessité de
travailler ensemble pour maîtriser cette pandémie.
Tel est le cas de l'annonce faite par le
président américain Donald Trump de suspendre la
contribution financière des États-Unis à
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et
d'intenter un procès à la Chine, cela de la part
d'un pays qui est vraisemblablement lui-même
coupable de négligence criminelle dans sa gestion
de la pandémie.
Il en va de même des attaques contre l'OMS par
plusieurs députés liés au Parti conservateur du
Canada ainsi que par le libéral Irwin Cotler et le
premier ministre albertain Jason Kenney, qui ont
également cru bon de diffamer l'administratrice de
la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam,
dans ce qui ne peut être qu'une tentative
pathétique et peut-être raciste de semer le doute
sur son intégrité dans le but de détourner
l'attention de ce qu'ils font eux-mêmes dans les
coulisses.
Pour aider les Canadiens à se retrouver dans
cette situation, nous publions les remarques
liminaires du directeur général de l'OMS, le Dr
Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors de sa conférence
de presse du 13 avril, suivies de celles
du 15 avril, après que les États-Unis ont
annoncé la suspension de leur financement à l'OMS.
Remarques du directeur général de l'OMS
le 13 avril
Bonjour, bon après-midi ou bonsoir,
Certains pays et certaines communautés sont
soumis à des restrictions économiques et sociales
depuis plusieurs semaines.
Certains pays réfléchissent au moment où ils
pourront lever ces restrictions tandis que
d'autres envisagent de les instaurer et
réfléchissent au moment opportun pour le faire.
Dans un cas comme dans l'autre, ces décisions
doivent viser avant tout à protéger la santé des
populations et se fonder sur ce que nous savons du
virus et de son comportement.
Depuis le début, l'OMS s'intéresse vivement à
cette question.
Comme nous l'avons déjà souvent dit, il s'agit
d'un nouveau virus et de la première pandémie due
à un coronavirus.
Nous apprenons tous en permanence et nous
ajustons notre stratégie en fonction des dernières
données disponibles.
Nous pouvons dire seulement ce que nous savons et
nous pouvons agir seulement d'après nos
connaissances.
Les données de plusieurs pays nous apportent des
informations plus claires sur ce virus, son
comportement et la manière d'enrayer sa
propagation et de traiter la maladie qu'il
provoque.
Nous savons que la COVID-19 se propage rapidement
et entraîne de nombreux décès — 10 fois plus
que la grippe pandémique de 2009.
Nous savons que le virus peut se propager plus
facilement dans les lieux collectifs comme les
maisons de retraite.
Nous savons que pour enrayer la transmission, il
est essentiel de rechercher précocement les cas,
d'isoler et de prendre en charge chaque cas et de
rechercher chaque contact.
Nous savons que, dans certains pays, le nombre de
cas double tous les trois à quatre jours.
Or, si la propagation de la COVID-19 s'accélère
en très peu de temps, elle met beaucoup plus de
temps à ralentir.
En d'autres termes, la descente est beaucoup plus
lente que la montée.
Les restrictions doivent donc être levées très
progressivement et de façon maîtrisée, pas d'un
seul coup.
Les restrictions ne peuvent être levées que si
les mesures de santé publique voulues sont en
place, notamment d'importants moyens de recherche
des contacts.
Mais si certains pays réfléchissent aux modalités
d'assouplissement de ces restrictions, d'autres —
en particulier de nombreux pays d'Afrique,
d'Amérique latine et d'Asie à revenu faible ou
intermédiaire — se demandent s'il faut les
instaurer.
Dans les pays où les populations pauvres sont
nombreuses, le confinement à domicile et les
autres restrictions appliquées dans les pays à
revenu élevé ne sont pas toujours envisageables.
De nombreux pauvres, migrants et réfugiés vivent
dans des conditions de promiscuité et disposent de
peu de ressources et d'un accès limité aux soins
de santé.
Comment survivre à un confinement quand on dépend
de son travail quotidien pour se nourrir ?
Des articles de presse du monde entier rapportent
que beaucoup de gens risquent de ne plus avoir
accès aux denrées alimentaires.
Parallèlement, on estime que 1,4 milliard
d'enfants ne vont plus à l'école car celle-ci a
fermé. Ainsi, leur parcours scolaire est
interrompu, certains enfants sont exposés à un
risque accru de maltraitance et de nombreux
enfants sont privés de leur principale source de
nourriture.
Comme je l'ai souvent dit, la distanciation
physique n'est qu'un élément de l'équation et
beaucoup d'autres mesures de santé publique
fondamentales doivent être mises en place.
Nous appelons aussi tous les pays qui appliquent
des mesures de confinement à domicile à ne pas le
faire aux dépens des droits humains.
Chaque gouvernement doit évaluer sa propre
situation tout en protégeant ses citoyens, en
particulier les plus vulnérables.
Pour aider les pays à prendre ces décisions,
l'OMS publiera demain ses conseils stratégiques
actualisés.
Cette nouvelle stratégie fait la synthèse de ce
que nous avons appris et montre la voie à suivre.
Elle propose six critères aux pays qui envisagent
de lever les restrictions :
Premièrement, la transmission doit être
maîtrisée.
Deuxièmement, le système de santé doit disposer
de moyens pour détecter, tester, isoler et traiter
chaque cas et pour rechercher chaque contact.
Troisièmement, les risques de flambée doivent
être réduits autant que possible dans certains
lieux particuliers, comme les établissements de
santé et les maisons de retraite.
Quatrièmement, des mesures de prévention doivent
être appliquées sur les lieux de travail, dans les
établissements scolaires et dans les autres lieux
essentiels pour la population.
Cinquièmement, les risques d'importation doivent
être gérés.
Sixièmement, les populations doivent être
formées, impliquées et dotées des moyens
nécessaires pour s'adapter à la « nouvelle
norme ».
Chaque pays doit mettre en oeuvre une série
complète de mesures pour ralentir la transmission
et sauver des vies afin que la transmission soit
durablement faible voire nulle.
Les pays doivent trouver un équilibre entre les
mesures de lutte contre les décès dus à la
COVID-19 et contre ceux dus aux autres maladies en
raison de la surcharge des systèmes de santé et
des conséquences socioéconomiques.
Au fur et à mesure de sa propagation, la pandémie
a eu de graves conséquences socioéconomiques et
sur la santé publique et a touché de façon
disproportionnée les personnes vulnérables. De
nombreuses populations n'ont déjà plus accès aux
services de santé essentiels.
Notre monde étant interconnecté, le risque de
réintroduction et de résurgence de la maladie va
persister.
En fin de compte, seules la mise au point et la
mise à disposition d'un vaccin sûr et efficace
permettront d'interrompre totalement la
transmission.
Enfin, je tiens à remercier le Royaume-Uni de sa
généreuse contribution de £200 millions pour la
riposte mondiale à la COVID 19.
Nous apprécions énormément ce geste de solidarité
mondiale.
Dans un éditorial publié la semaine dernière, les
ministres du développement du Royaume-Uni, du
Danemark, de l'Islande, de la Finlande, de
l'Allemagne, de la Norvège et de la Suède
appellent tous les pays à participer à cet effort
commun.
Ils affirment que la seule possibilité est de
s'unir pour combattre cette maladie.
Je suis tout à fait d'accord. La solution passe
par la solidarité, au niveau national et au niveau
mondial.
Remarques du directeur général de l'OMS
le 15 avril
[...]
Nous regrettons la décision prise par le
président des États-Unis d'ordonner la suspension
du financement à l'Organisation mondiale de la
santé.
Soutenue par la population et le gouvernement des
États-Unis, l'OMS s'attèle à améliorer la santé de
nombreuses personnes qui comptent parmi les plus
démunies et les plus vulnérables de la planète.
L'OMS ne se contente pas de combattre la
COVID-19. Nous travaillons également à des
solutions pour la poliomyélite, la rougeole, le
paludisme, Ebola, le VIH, la tuberculose, la
malnutrition, le cancer, le diabète, la santé
mentale et bien d'autres maladies et affections.
Nous oeuvrons aussi, aux côtés des pays, au
renforcement des systèmes de santé et à
l'amélioration de l'accès aux services de santé
essentiels.
Nous examinons en ce moment l'incidence qu'un
retrait du financement des États-Unis aurait sur
notre action et nous chercherons, avec l'aide de
nos partenaires, à combler les éventuels déficits
financiers auxquels nous serions confrontés afin
de veiller à ce que notre travail se poursuive
sans interruption.
Nous maintenons un engagement total à promouvoir
la santé et la science et à servir tous les
habitants de cette planète sans crainte ni
favoritisme.
Nous avons pour mission et pour mandat de
travailler avec toutes les nations sur un pied
d'égalité, peu importe la taille de leur
population ou de leur économie.
La COVID-19 ne fait pas de distinction entre
nations riches et pauvres, grandes et petites. Peu
lui importent la nationalité, l'appartenance
ethnique ou l'idéologie.
Il en va de même pour nous. Pour nous tous,
l'heure est aujourd'hui à l'union dans un combat
commun contre une menace commune, un dangereux
ennemi.
Lorsque nous sommes divisés, le virus tire parti
des failles qui nous séparent.
Nous sommes résolus à servir la population du
monde entier et à rendre compte des moyens qui
nous ont été confiés.
L'heure venue, les États membres de l'OMS et les
organes indépendants établis pour en garantir la
transparence et la responsabilité examineront la
façon dont l'organisation a géré cette pandémie,
comme le prévoient les procédures mises en place
par ces mêmes États membres.
Il ne fait aucun doute que cet examen fera
ressortir des domaines à améliorer et des
enseignements à tirer pour chacun d'entre nous.
Mais pour le moment, notre priorité — ma priorité
— est d'arrêter ce virus et de sauver des vies.
L'OMS adresse sa reconnaissance aux nations,
organisations et personnes qui, nombreuses, lui
ont exprimé leur soutien et leur engagement ces
derniers jours, notamment par une contribution
financière.
Nous saluons cet élan de solidarité, car c'est
bien elle qui dicte les règles du jeu pour vaincre
la COVID-19.
L'OMS fait son travail.
Chaque jour, chaque minute qui passent, nous
continuons d'étudier ce virus, de nombreux pays
nous font part de ce qui fonctionne et nous
partageons ces informations avec le monde entier.
Plus de 1,5 million de personnes sont
inscrites aux formations en ligne de l'OMS sur
OpenWHO.org, une plateforme que nous continuons de
développer pour en former des millions d'autres et
nous permettre de lutter effectivement contre la
COVID.
Ainsi, nous avons lancé aujourd'hui une nouvelle
formation destinée aux agents de santé sur la
façon de mettre et de retirer les équipements de
protection individuelle.
Chaque jour, nous rassemblons des milliers de
cliniciens, d'épidémiologistes, de formateurs, de
chercheurs, de techniciens de laboratoire, de
spécialistes de la prévention des infections et
d'autres personnes pour leur permettre de mettre
en commun leurs connaissances sur la COVID-19.
Nos orientations techniques compilent les données
probantes les plus à jour à l'usage des ministres
de la santé, des agents de santé et des
particuliers.
Hier, j'ai eu l'honneur de m'adresser aux chefs
d'État et de gouvernement des 13 pays de
l'ASEAN Plus Trois.
Entendre leurs expériences et leur engagement à
oeuvrer ensemble à un avenir commun était
particulièrement stimulant.
S'appuyant sur leur expérience du SRAS et de la
grippe aviaire, ces pays ont mis en place des
mesures et des systèmes qui les aident désormais à
détecter la COVID-19 et à y riposter.
Nous poursuivons également notre travail avec des
partenaires du monde entier pour accélérer la
recherche et le développement.
C'est ainsi que plus de 90 pays ont rejoint
l'essai Solidarity ou ont exprimé leur souhait de
le faire et que plus de 900 patients y
participent désormais afin d'évaluer l'innocuité
et l'efficacité de quatre médicaments ou
associations médicamenteuses.
Trois vaccins en sont d'ores et déjà au stade des
essais cliniques et plus de 70 autres sont en
développement. Du reste, nous collaborons avec les
partenaires pour accélérer le développement, la
production et la distribution de vaccins.
Outre l'essai Solidarity, je suis heureux
d'annoncer que l'OMS a convoqué des groupes de
cliniciens afin d'examiner l'action des
corticostéroïdes et d'autres anti-inflammatoires
sur l'issue du traitement.
Nous nous intéressons de façon spécifique à
l'administration d'oxygène et aux stratégies de
ventilation des patients. Toute intervention qui
diminue le besoin de ventilation et améliore
l'issue pour les patients dans un état critique
est importante pour sauver des vies, en
particulier là où les moyens sont limités.
La semaine dernière, j'ai annoncé la mise sur
pied de l'équipe spéciale des Nations unies pour
la chaîne d'approvisionnement, chargée de
renforcer la capacité de distribution de matériel
médical essentiel.
Hier, le premier vol de solidarité des Nations
unies a décollé pour amener des équipements de
protection individuelle, des ventilateurs et des
fournitures de laboratoire à de nombreux pays
d'Afrique.
Ce vol s'inscrit dans le cadre d'un vaste effort
visant à expédier des fournitures médicales
vitales vers 95 pays du monde entier, en
association avec le Programme alimentaire mondiale
et d'autres institutions, dont l'UNICEF, le Fonds
mondial, Gavi, le département de l'appui
opérationnel des Nations unies, UNITAID et
d'autres.
Que ce soit par voie terrestre, maritime ou
aérienne, le personnel de l'OMS travaille 24
heures sur 24 pour que, partout, les agents
de santé et les communautés reçoivent leurs
livraisons.
Je voudrais remercier l'Union africaine, les
gouvernements des Émirats arabes unis et de
l'Éthiopie, la Fondation Jack Ma et l'ensemble de
nos partenaires pour la solidarité dont ils font
preuve à l'égard des pays africains en cette
période critique de notre histoire. Je voudrais
également remercier pour leur leadership le
président Ramaphosa et le président de la
Commission de l'Union africaine, Moussa Faki.
Jusqu'à présent, 240 000 personnes et
organisations ont versé près de 150 millions
de dollars US au Fonds de riposte à la COVID-19.
Ce samedi, certains des plus grands noms de la
scène musicale participeront au concert One
World : Together at Home dont les
bénéfices iront au Fonds de riposte.
Cependant, il ne s'agit pas seulement de
recueillir des fonds, mais aussi de rassembler le
monde, car nous ne formons qu'un seul monde, une
seule humanité aux prises avec un ennemi commun.
Je remercie Lady Gaga, Global Citizen et toutes
les personnes qui collaborent pour que ce concert
ait lieu.
Nous continuerons de travailler avec chaque pays
et chaque partenaire pour servir les habitants de
cette planète en mettant sans cesse la science, la
recherche de solutions et la solidarité au coeur
de nos efforts.
Depuis le début, l'OMS s'investit corps et âme
dans le combat livré contre cette pandémie. Nous
continuerons jusqu'au bout. Tel est l'engagement
que nous prenons envers le monde entier.
À titre d'information
Nombre de cas dans le monde
En date du 18 avril, les statistiques
mondiales sur la pandémie de la COVID-19 selon
Worldometer étaient :
- Nombre total de cas
signalés : 2 287 323.
C'est 526 739 de plus que le total
déclaré le 11 avril
de 1 760 584.
- Total des cas
actifs : 1 544 017.
C'est 286 462 de plus que le nombre
signalé le 11 avril de 1 257 555.
- Dossiers clos : 743 306.
C'est 233 509 de plus que le nombre
signalé le 11 avril de 509 797.
- Décès : 157 468.
C'est 55 983 de plus qu'au 11
avril, alors que le bilan était de 101 485.
- Rétablissements : 585 838.
C'est 190 434 de plus qu'au 11
avril, alors que le nombre était
de 395 404.
Il y a eu 86 496 nouveaux cas
du 16 au 17 avril, ce qui est comparable
à l'augmentation de cas en une journée du 9
au 10 avril de 94 625.
La maladie était présente dans 210 pays et
territoires, de même que la semaine précédente. De
ces cas, 79 pays ont eu moins de 100
cas, comparativement au 11 avril, alors
que 83 pays avaient moins de 100 cas.
Les cinq pays ayant le nombre le plus élevé de
cas le 18 avril sont mentionnés plus bas,
ainsi que le nombre de cas et de décès par million
de population, ce qui permet une comparaison plus
directe entre pays, ainsi qu'entre les données de
la semaine précédente en date du 11
avril :
États-Unis : 715 105
(613 375 actifs ; 63 841
rétablis ; 37 889 décès)
- 2 160 cas par million ; 114
décès par million
- 11 avril : 521 714
(473 070 actifs ; 28 580
rétablis ; 20 064 décès)
et 1 519 cas par million
d'habitants ; 57 décès par million
d'habitants
Espagne : 191 726
(96 886 actifs ; 74 797
rétablis ; 20 043 décès)
- 4 101 cas par million ; 429
décès par million
- 11 avril : 158 273
(86 524 actifs ; 55 668
rétablis ; 16 801 décès)
et 3 385 cas par million ; 344
décès par million
Italie : 175 925 (107 771
actifs ; 44 927
rétablis ; 23 227 décès)
- 2 910 cas par million ; 384
cas par million
- 11 avril : 147 577
(98 273 actifs ; 30 455
rétablis ; 18 849 décès)
et 3 605 cas par million ; 302
décès par million
France : 147 969
(94 868 actifs ; 34 420
rétablis ; 18 681 décès)
- 2 267 cas par million ; 286
décès par million
- 11 avril : 124 869
(86 740 actifs ; 24 932
rétablis ; 13 197 décès)
et 1 913 cas par million ; 202
décès par million
Allemagne : 142 569
(52 764 actifs ; 85 400
rétablis ; 4 405 décès)
- 1 702 cas par million ; 53
décès par million
- 11 avril : 122 171
(65 522 actifs ; 53 913
rétablis ; 2 736 décès)
et 1 458 cas par million ; 33 décès
par million
Les États-Unis sont de loin le pays avec le
nombre le plus élevé de cas, ayant atteint ce
triste sommet il y a environ un mois. L'Europe,
dans l'ensemble, a environ la moitié des cas
signalés mondialement avec
environ 1 029 214 et demeure, dans
l'ensemble, la région la plus atteinte.
Les cinq pays avec le plus grand nombre de cas
recensés par région
En Europe en date du 18 avril, le cinquième
pays avec le taux le plus élevé de cas signalés
après les quatre précédents était le
Royaume-Uni :
Royaume-Uni : 114 217
(98 409 actifs ; ND
rétablis ; 15 464 décès)
- 1 682 cas par million ; 228
décès par million
- 11 avril : 73 758
(64 465 actifs ; 344
rétablis ; 8 958 décès)
- 1 086 cas par million ; 132
décès par million
Au-delà des pays ayant le taux le plus élevé de
cas signalés, d'autres statistiques montrant le
taux d'infection et de décès relativement à la
population indiquent que la Belgique, un pays
de 11,46 millions d'habitants, comptait en
date du 11 avril 3208 cas par million
et 475 décès par million. La Suisse,
avec 8,65 millions d'habitants, est aussi
l'un des pays européens ayant le taux d'infection
et de décès le plus élevé.
Cette semaine, l'Autriche est devenue un des
premiers pays européens à relâcher ses mesures de
prévention. Selon les agences de nouvelles, avec
la stabilisation du nombre de nouvelles
infections, des milliers de boutiques au pays ont
ouvert leurs portes le 14 avril après un mois
de confinement. De petites entreprises ainsi que
des quincailleries et des magasins de jardinage
sont autorisés à ouvrir leurs portes « mais les
clients doivent porter des masques et maintenir
une distance sociale ». Les centres
commerciaux, les magasins à grande surface et les
coiffeurs doivent ouvrir le 1er mai, tandis
que les restaurants et hôtels pourraient reprendre
progressivement à partir de la mi-mai, a signalé
le chancelier Sebastian Kurz. Le confinement
modifié de l'Autriche est en place depuis la fin
d'avril. Le nombre de cas actifs en Autriche en
atteint un sommet le 3 avril
avec 9 334 cas et en date du 11
avril 14 595 cas.
En Espagne, où le nombre de cas actifs aurait
presque plafonné, le premier ministre Pedro
Sanchez, a autorisé le 13 avril certains
travailleurs à retourner au travail, tandis que la
police et la Croix rouge distribuaient des masques
aux usagers des métros. Seulement quelques
passagers sont présents dans le transport en
commun habituellement bondé de Madrid, selon les
agences de nouvelles. « Certains ouvriers d'usine
et de l'industrie de la construction ont été
autorisés à retourner au travail alors que le
gouvernement espagnol tente de redémarrer
l'industrie manufacturière », dit-on. Les
commerces et les services sont toujours tenus de
rester fermés et les cols blancs doivent toujours
travailler à partir de la maison. « Les experts
ont fait une mise en garde sur les nombreuses
compagnies qui n'ont pas accès à suffisamment
d'équipement pour protéger les employés »,
rapporte-t-on. Les boutiques, les brasseries et
les espaces publics doivent rester fermés au moins
jusqu'au 26 avril.
En Italie, le gouvernement aurait décidé
d'adoucir les restrictions — tout en exigeant la
même distanciation sociale et les mêmes mesures
d'hygiène — après avoir constaté une réduction du
nombre d'infections au jour le jour, qui a
atteint 6 557 cas le 21 mars et qui
maintenant n'atteint pas tout à fait
le 3 000. Le pays est officiellement en
confinement national jusqu'au 4 mai, mais les
agences de nouvelles rapportent que les
librairies, les magasins d'articles de bureau et
les boutiques de vêtements de poupons ont été
autorisés à rouvrir à titre d'essai le 14 avril.
Certains dirigeants régionaux ont toutefois décidé
de maintenir la fermeture des librairies et des
magasins d'articles de bureau, y compris dans les
régions au nord telles la Lombardie et le Piedmont
qui ont été durement touchées.
En France, où le taux d'infections quotidiennes
n'a pas encore atteint son sommet, le président
Emmanuel Macron a signalé le 13 avril que le
confinement du pays pourrait être prolongé
jusqu'au 11 mai, disant : « Il y a de
l'espoir, mais rien n'est gagné pour l'instant
[...] l'épidémie n'est pas sous contrôle ».
En date du 11 mai, les garderies, les écoles,
collèges et lycées seront « ouverts
progressivement » en tant que priorité,
a-t-il dit. Cependant, les restaurants, cafés,
hôtels, musées et sites culturels doivent rester
fermés et les grands festivals et évènements
seront autorisés après la mi-juillet.
En Scandinavie, le Danemark a rouvert ses
garderies et les écoles de la première à la
cinquième année le 15 avril. Le nombre de cas
actifs au Danemark a atteint un sommet le 10
avril à 3 799. Le taux de nouveaux cas
quotidiens est inférieur à 200 depuis
le 10 avril, en baisse comparativement
à 390 en date du 7 avril.
En revanche, le 16 avril la Grande-Bretagne
a prolongé sa période de confinement de trois
semaines, soit jusqu'au 7 mai. Les gens
doivent rester à la maison sauf pour magasiner
pour des nécessités essentielles ou médicales. Ils
ont le droit de s'exercer en public une fois par
jour, et peuvent aller travailler s'ils ne peuvent
le faire de la maison.
La Commission européenne a appelé les pays de
l'UE à coordonner les plans de sortie du
coronavirus afin d'éviter une réactivation du
virus. Le ministre des Affaires étrangères de
l'Allemagne Heiko Maas propose qu'une application
de cellulaire soit utilisée partout en Union
européenne pour aider les pays membres à
coordonner quand et comment lever les directives
de confinement et de veiller à des mesures
sécuritaires partout.
« Il est important que nous ne nous retrouvions
avec un méli-mélo de 27 applications pour le
coronavirus et 27 systèmes de protection des
données, mais coordonnez du mieux que vous le
pouvez », a dit Maas en entrevue le 14
avril avec le groupe médiatique Funke. Il a dit
qu'une telle application contribuerait à lever les
interdictions de voyage et les fermetures de
frontières partout en UE tout en protégeant la vie
privée.
En Eurasie le 17 avril :
Turquie : 78 546 (68 146
actifs ; 8 631
rétabliss ; 1 769 décès)
- 931 cas par million ; 21 décès
par million
- 10 avril : 42 282
(39 232 actifs ; 2 142
rétablis ; 908 décès) et 501 cas
par million ; 11 décès par million
Russie : 32 008
(29 145 actifs ; 2 590
rétablis ; 273 décès)
- 219 cas par million ; 2 décès par
million
- 10 avril : 11 917
(11 028 actifs ; 795
rétablis ; 94 décès) et 82 cas par
million ; 0,6 décès par million
Kazakhstan : 1 546
(1 182 actifs ; 258
rétablis ; 5 décès)
- 82 cas par million ; 0,9 décès
par million
- 10 avril : 764 (697
actifs ; 60 rétablis ; 7
décès) et 43 cas par million ; 0,5
décès par million
Azerbajan : 1 340
(1 064 actifs ; 174
rétablis ; 66 décès)
- 132 cas par million ; 1 décès par
million
- 10 avril : 991 (822
actifs ; 159 rétablis ; 10
décès) et 98 cas par million ; 1
décès par million
Arménie : 1 201 (780
actifs ; 402 rétablis ; 19
décès)
- 405 cas par million ; 6 décès par
million
- 10 avril : 937 (776
actifs ; 149 rétablis ; 12
décès) et 316 cas par million ; 4
décès par million
Le nombre de cas en Turquie a considérablement
augmenté au cours de la dernière semaine et le
nombre total de cas signalés se rapproche
maintenant de celui de l'Iran et de la Chine, deux
pays parmi ceux où les cas sont les plus nombreux.
Le 16 avril, la Turquie a signalé 4801
cas au cours des dernières 24 heures, le
deuxième plus élevé au monde, dépassé uniquement
par les États-Unis avec 5603 au cours de la
même période.
Sinan Adiyaman, chef de l'Association médicale
turque (TBB), a averti que, contrairement aux
affirmations du ministère turc de la Santé selon
lesquelles le taux d'infection se stabilisait,
l'ampleur de l'épidémie restait floue, car les
tests de diagnostic n'avaient qu'une précision de
55 à 60 % et que de nombreux patients
décédés des symptômes de la COVID-19 avaient été
exclus du nombre de décès.
« Nous recevons des informations basées sur les
observations de nos membres à travers le pays
selon lesquelles les chiffres des cas et des décès
sont beaucoup plus élevés », a déclaré
Adiyaman.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a
déclaré le 14 avril que les éclosions se
multipliaient en Grande-Bretagne et en Turquie.
« En fait, les prévisions de l'OMS sont plus
précises pour la Turquie. Parce qu'il est trop tôt
pour dire que nous avons pris le contrôle, même si
les professionnels de la santé travaillent avec
grand dévouement », a déclaré Adiyaman.
En Asie de l'Ouest le 17 avril :
Iran : 79 494 (20 472
actifs ; 54 064
rétablis ; 4 958 décès)
- 946 cas par million ; 59 décès
par million
- 10 avril : 68 192
(28 495 actifs ; 35 465
rétablis ; 4 232 décès) et 812
cas par million ; 50 décès par million
Israël : 12 982
(9 705 actifs ; 3 126
rétablis ; 151 décès)
- 1 500 cas par million ; 17
décès par million
- 10 avril : 9 968 (8 871
actifs ; 1 011
rétablis ; 86 décès) et 1 166
cas par million ; 11 décès par million
Arabie saoudite : 7 142
(6 006 actifs ; 1 049
rétablis ; 87 décès)
- 205 cas par million ; 2 décès par
million
- 10 avril : 3 287 (1 663
actifs ; 351 rétablis ; 25
décès) et 105 cas par million ; 1
décès par million
Émirats arabes unis : 5 825
(4 695 actifs ; 1 095
rétablis ; 35 décès)
- 589 cas par million ; 4 décès par
million
- 10 avril : 2 659 (2 408
actifs ; 239 rétablis ; 12
décès) et 302 cas par million ; 1
décès par million
Qatar : 4 663 cas
(4 192 actifs ; 464
rétablis ; 7 décès)
- 1 619 cas par million ; 2
décès par million
- 10 avril : 2 376 (2 164
actifs ; 206 rétablis ; 6
décès) et 872 cas par million ; 2
décès par million
En Asie du Sud le 17 avril :
Inde : 13 385 (11 606
actifs ; 1 777
rétablis ; 452 décès)
- 10 cas par million ; 0,3 décès
par million
- 10 avril : 6 725 (5 879
actifs ; 620 rétablis ; 226
décès) et 5 cas par million ; 0,2
cas par million
Pakistan : 7 025
(5 125 actifs ; 1 765
rétablis ; 135 décès)
- 32 cas par million ; 0,6 décès
par million
- 10 avril : 6 495 (5 702
actifs ; 727 rétablis ; 66
décès) et 29 cas par million ; 0,3
décès par million
Bangladesh : 1 838
(1 705 actifs ; 58
rétablis ; 75 décès)
- 11 cas par million ; 0,5 décès
par million
- 10 avril : 424 (364
actifs ; 33 rétablis ; 27
décès) et 3 cas par million ; 0,2
décès par million
Afghanistan : 906 (777
actifs ; 99 rétablis ; 30
décès)
- 23 cas par million ; 0,8 décès
par million
- 10 avril : 521
(474 actifs ; 32
rétablis ; 15 décès) et 13 cas par
million ; 0,4 décès par million
Sri Lanka : 244 (160
actifs ; 77 ; 7 décès)
- 11 cas par million ; 0,3 décès
par million
- 10 avril : 190 (129
actifs ; 54 rétablis ; 7
décès) et 9 cas par million ; 0,1
décès par million
En Asie du Sud-Est le 17 avril :
Indonésie : 5 923
(4 796 actifs ; 607
rétablis ; 520 décès)
- 22 cas par million ; 2 décès par
million
- 10 avril : 3 293 (2 761
actifs ; 252 rétablis ; 280
décès) et 13 cas par million ; 1
décès par million
Philippines : 5 878
(5 004 actifs ; 487
rétablis ; 387 décès)
- 54 cas par million ; 4 décès par
million
- 17 avril : 4 076 (3 749
actifs ; 124 rétablis ; 203
décès) et 38 cas par million ; 2
décès par million
Malaisie : 5 251
(2 198 actifs ; 2 967
rétablis ; 86 décès)
- 162 cas par million ; 3 décès par
million
- 10 avril : 4 346 (2 446
actifs ; 1 830
rétablis ; 70 décès) et 134 cas par
million ; 2 décès par million
Singapour : 5 050
(4 331 actifs ; 708
rétablis ; 11 décès)
- 863 cas par million ; 2 décès par
million
- 10 avril : 2 108 (1 444
actifs ; 492 rétablis ; 7
décès) et 360 cas par million ; 1
décès par million
Thaïlande : 2 700 (964
actifs ; 1 689
rétablis ; 47 décès)
- 39 cas par million ; 0,7 décès
par million
- 17 avril : 2 473 (1 427
actifs ; 1 013
rétablis ; 33 décès) et 35 cas par
million ; 0,5 décès par million
L'Indonésie a connu une augmentation relativement
forte des infections à la COVID-19, dépassant les
Philippines et la Malaisie au cours de la semaine
dernière pour avoir maintenant le plus de cas dans
la région. Reuters a rapporté que le 17 avril
« un responsable indonésien a déclaré que le
nombre de cas pourrait atteindre 106 000
d'ici juillet et fait suite aux critiques selon
lesquelles un faible taux de dépistage a masqué
l'étendue de la propagation du virus.
« L'Indonésie a accéléré les tests et Achmad
Yurianto, un responsable du ministère de la Santé,
a déclaré le [17 avril] que 42 000 tests
avaient été effectués, soit environ trois fois
plus en deux semaines.
« ‘La transmission est toujours en cours. C'est
devenu un désastre national', a déclaré Yurianto
lors d'une émission télévisée [...] »
NPR rapporte que « l'Indonésie, qui est le
quatrième pays le plus peuplé du monde, n'a
confirmé ses premiers cas que le 2 mars.
Depuis lors, les cas ont connu une croissance
exponentielle et quotidienne, s'étendant à
l'ensemble des 34 provinces d'un archipel de
quelque 17 000 îles. Pourtant, les
premières ordonnances de confinement n'ont été
émises que plus d'un mois plus tard, et les
restrictions ne s'appliquaient qu'à la région de
la capitale de Jakarta et à sa population
d'environ 30 millions d'habitants.
« Cette semaine, le président Joko Widodo a
étendu les restrictions à d'autres parties du
pays. Il a également conseillé au public de rester
à la maison pendant le mois sacré musulman du
Ramadan, qui commence plus tard en avril.
[...] 19,5 millions de personnes environ ont
voyagé pour les fêtes de l'Aïd al-Fitr marquant la
fin du Ramadan l'année dernière, selon Bloomberg
News. »
Singapour, qui au début de la pandémie était
considérée comme un pays modèle pour endiguer
l'épidémie, a vu une augmentation rapide des cas
depuis le 10 avril. Elle a enregistré un
nombre record de nouveaux cas le 16 avril
avec 728, alors que le taux quotidien de
nouveaux cas était inférieur à 100
jusqu'au 4 avril. La grande majorité des
nouveaux cas concernent des travailleurs étrangers
qui vivent dans des conditions de vie exiguës et
insalubres. Selon les données publiées par le
ministère singapourien de la Main-d'oeuvre en
2019, le pays comptait 1 399 600
travailleurs étrangers, soit près
de 25 % sur une population totale
de 5,7 millions d'habitants.
Le 22 mars, le groupe Transient Workers
Count Too a averti que les pratiques des
employeurs rendaient les travailleurs étrangers
vulnérables à l'infection. Le groupe a
déclaré :
« Avec la COVID-19 qui devrait maintenant être un
danger pendant encore plusieurs mois, la
préparation à divers scénarios est essentielle.
Une possibilité est qu'une éclosion du virus
éclate dans un dortoir de travailleurs étrangers.
[...]
« Actuellement, les travailleurs étrangers sont
hébergés de 12 à 20 hommes par pièce
dans des lits à deux étages. Ils sont transportés
pour travailler à l'arrière de camions assis côte
à côte. Aucune de ces conditions n'est conforme à
l'éloignement social.
« Le risque d'une nouvelle propagation au sein de
ce groupe reste indéniable. »
Le groupe a également indiqué que certains
employeurs infligent de lourdes amendes si les
travailleurs ne se présentent pas au travail,
tandis que d'autres refusent d'accorder des congés
de plus d'un ou deux jours pour des raisons
médicales.
The Guardian a rapporté le 17 avril
que « Neuf dortoirs, dont le plus grand contient
24 000 hommes, ont été déclarés unités
d'isolement par les autorités, tandis que tous les
autres bâtiments abritant les 300 000
travailleurs [de la construction] de la ville-État
ont été placés sous confinement effectif. Les
restrictions, une tentative de réduire la
transmission, ont laissé les dortoirs encore plus
encombrés que d'habitude, car seuls les
travailleurs essentiels sont autorisés à partir.
»
Concernant les conditions de vie, The
Guardian rapporte que « Pendant que les
migrants recevaient de la nourriture pour ne pas
utiliser de cuisines partagées, la qualité des
repas était médiocre et manquait de nutrition.
Dans certains cas, 100 hommes partageaient
cinq toilettes et cinq douches ».
Mohan Dutta, professeur à l'Université Massey en
Nouvelle-Zélande, qui a interviewé 45
travailleurs migrants à Singapour depuis le début
de l'épidémie, a déclaré que beaucoup craignaient
qu'une épidémie soit inévitable en raison des
conditions. « Les participants m'ont dit que même
jusqu'à lundi [13 avril], ils n'avaient pas accès
au savon et aux produits de nettoyage
adéquats », a-t-il dit.
En Asie de l'Est le 17 avril :
Chine : 82 692 (116
actifs ; 77 944
rétablis ; 4 632 décès)
- 57 cas par million ; 3 décès par
million
- 10 avril : 81 907
(1 160 actifs ; 77 370
rétablis ; 3 335 décès) et 57
cas par million ; 2 décès par million
Corée du Sud : 10 635
(2 576 actifs ; 7 829
rétablis ; 230 décès)
- 207 cas par million ; 4 décès par
million
- 10 avril : 10 450
(3 125 actifs ; 7 117
rétablis ; 208 décès) et 204 cas
par million ; 4 décès par million
Japon : 9 231 (8 106
actifs ; 935 rétablis ; 190
décès)
- 73 cas par million ; 2 décès par
million
- 10 avril : 5 530 (4 746
actifs ; 685 rétablis ; 99
décès) et 44 cas par million ; 0,8
décès par million
Taïwan : 395 (223
actifs ; 166 rétablis ; 6
décès)
- 17 cas par million ; 0,3 décès
par million
- 10 avril : 382 (285
actifs ; 91 rétablis ; 6
décès) et 16 cas par million ; 0,3
décès par million
Le 17 avril, la province chinoise du Hubei a
publié un « Avis sur la correction du nombre de
nouveaux cas de pneumonie coronarienne
diagnostiqués et du nombre de décès diagnostiqués
à Wuhan » dans lequel elle a
signalé 1 290 décès supplémentaires qui
n'avaient pas été précédemment comptés et
signalés, ce qui porte le nombre total de décès à
Wuhan de 2 579 à 3 869, soit une
augmentation de 50 %, à la suite d'une
révision par le Wuhan New Coronary Pneumonia
Epidemic Prevention and Control. Dans le cadre de
cette révision, 325 cas supplémentaires à
Wuhan ont également été ajoutés. Par ailleurs, la
Commission nationale chinoise de la santé (NHC) a
signalé 26 nouveaux cas (et aucun décès) dans
son rapport quotidien.
Le Japon fait exception à la tendance générale
d'un nombre très limité de nouveaux cas en Asie de
l'Est. Le nombre de cas au Japon a presque doublé
au cours de la semaine dernière, tandis que le
premier ministre Shinzo Abe a déclaré l'état
d'urgence dans tout le pays du 16 avril au
moins jusqu'au 6 mai, prolongé par rapport
au 8 avril, date à laquelle l'état d'urgence
a été déclaré dans six des 47 préfectures.
Yasutoshi Nishimura, le ministre chargé des
mesures d'urgence au Japon, a déclaré que le
prolongement de l'état d'urgence à l'ensemble du
pays était « nécessaire » avant les vacances
de la Golden Week, qui commencent fin avril. Il
s'agit de quatre jours fériés nationaux qui
tombent en l'espace de sept jours, dont le dernier
est le 6 mai.
Le 17 avril, le gouvernement a annoncé qu'il
offrirait un paiement en espèces
de 100 000 yens (930 $ US) à chaque
résident. Le ministre des Finances Taro Aso a
déclaré que le gouvernement espérait commencer les
paiements en mai.
Deutsche Welle a rapporté le 15 avril que «
neuf des 47 préfectures du Japon sont sur le
point de remplir tous les lits d'hôpitaux
d'urgence réservés aux cas de coronavirus, selon
la chaîne de télévision nationale NHK, dont celles
de Tokyo, Osaka, Hyogo et Fukuoka [...].
« Le gouvernement de la ville d'Osaka a lancé
[le 14 avril] un appel aux résidents pour
qu'ils donnent des manteaux imperméables aux
hôpitaux alors que les travailleurs de la santé
manquent de vêtements de protection, une
indication que le coronavirus se propage plus
rapidement que prévu et suscite de nouvelles
critiques à l'encontre du gouvernement central
[...] Le maire d'Osaka, Ichiro Matsui, a déclaré
que les médecins et les infirmières d'un certain
nombre d'hôpitaux sont obligés de porter des sacs
poubelles lorsqu'ils traitent les patients. La
ville a demandé des dons d'imperméables non
utilisés et a demandé aux fabricants locaux de
vêtements similaires d'augmenter la production. et
vendre du matériel à la ville à des prix
équitables. »
En Amérique du Nord le 18 avril :
États-Unis : 715 105
(613 375 actifs ; 63 841
rétablis ; 37 889 décès)
- 2 160 cas par million ; 114
décès par million
- 11 avril : 521 714
(473 070 actifs ; 28 580
rétablis ; 20 064 décès)
et 1 519 cas par million
d'habitants ; 57 décès par million
d'habitants
Canada : 32 412
(20 523 actifs ; 10 543
rétablis ; 1 346 décès)
- 859 cas par million ; 36 décès
par million
- 11 avril : 22 148
(15 566 actifs ; 6 013
rétablis ; 569 décès) et 587 cas
par million ; 15 décès par million
Mexique : 6 875 (4 204
actifs ; 2 125
rétablis ; 546 décès)
- 53 cas par million ; 4 décès par
million
- 11 avril : 3 441 (2 614
actifs ; 633 rétablis ; 194
décès) et 27 cas par million ; 2
décès par million
Malgré les niveaux terribles d'infection et de
décès aux États-Unis, des licenciements massifs
ont lieu dans le système médical, en raison de la
recherche du profit privé sur lequel le système
est basé. Le New York Times a rapporté le 3
avril : « Alors que les hôpitaux à travers le
pays se préparent à un assaut de patients atteints
du coronavirus, les médecins, les infirmières et
autres travailleurs de la santé - même dans les
points chauds émergents - sont mis en congé,
réaffectés ou informés qu'ils doivent accepter une
réduction de salaire.
« Les suppressions d'emplois, qui s'étendent du
Massachusetts au Nevada, sont un problème nouveau
et peut-être urgent pour un système de santé axé
sur les entreprises dont les hôpitaux doivent
générer des revenus même en cas de crise
nationale. Les hôpitaux, grands et petits, ont
annulé de nombreux services facultatifs - souvent
sous les ordres du gouvernement de l'État - alors
qu'ils se préparent au virus, les revenus chutent.
« Cela a eu comme conséquence d'écarter les
travailleurs de la santé formés, même dans les
régions de Détroit et de Washington, où les taux
d'infection grimpent, et même lorsque les hôpitaux
durement touchés demandent de l'aide.
[...]
« [L]e ministère des Anciens Combattants se
démène pour embaucher des travailleurs de la santé
pour ses hôpitaux gérés par le gouvernement, en
particulier à la Nouvelle-Orléans et à Détroit, où
de nombreux membres du personnel sont tombés
malades. Le ministère a demandé une dérogation
fédérale pour embaucher des travailleurs médicaux
à la retraite pour renforcer les effectifs.
« Mais même si certains hôpitaux s'efforcent de
gérer l'afflux de patients atteints de
coronavirus, les lits d'hôpitaux vides ailleurs
apportent leur propre fardeau.
[...]
« Dans des dizaines d'États, les gouverneurs ont
émis des décrets ou des directives contraignant
les hôpitaux à interrompre les procédures et les
chirurgies non urgentes à divers degrés. Le mois
dernier, le chirurgien général des États-Unis, le
Dr Jerome M. Adams, a également imploré les
hôpitaux d'arrêter les interventions non urgentes.
« Cela a fait que de nombreux réseaux de la
santé ont du mal à survivre. »
USA Today a rapporté le 2 avril que «
d'ici juin, environ 60 000 pratiques
familiales fermeront ou diminueront
considérablement, et 800 000 de leurs
employés seront licenciés, mis en congé ou verront
leurs heures réduites, car ils constatent une
baisse d'activité pendant la pandémie du
coronavirus, selon un rapport publié par Health
Landscape et l'Académie américaine des médecins de
famille [2 avril].
« Cela représente 43 % du
quelque 1,9 million de personnes employées
dans les cabinets de médecine familiale, notamment
les réceptionnistes, les assistants médicaux, les
infirmières, les médecins, le personnel de
facturation et les concierges.
« Le chiffre n'inclut pas les réductions dans les
hôpitaux et les cliniques spécialisées qui
ressentent également le contrecoup. »
Le Washington Post a rapporté le 9
avril que « les travailleurs de première ligne
restants sont confrontés à des heures de travail
plus longues, et certains ont vu leur salaire et
leurs avantages sociaux diminuer.
« Pour les hôpitaux déjà en mauvaise santé
financière avant l'épidémie, la perte de revenus a
soulevé des doutes quant à leur capacité à
continuer à traiter les patients.
[...]
« Ces expériences reflètent les pertes subies par
l'ensemble du réseau de soins de santé en raison
de l'annulation des procédures non essentielles,
selon les analystes. Un réseau hospitalier typique
avec 1 000 lits et la capacité
d'effectuer des chirurgies ambulatoires devrait
perdre environ 140 millions de dollars - la
moitié de ses revenus d'exploitation. - sur une
période de trois mois, rapporte le Conseil
consultatif, un cabinet de consultants, cette
semaine.
« 'Ce qui a exacerbé les problèmes est la
nécessité de financer l'achat d'équipements
supplémentaires pour protéger le personnel et se
préparer aux patients atteints du coronavirus.
« Les établissements ont dépensé des sommes
importantes pour créer des chambres à pression
d'air négative, de sorte que les patients infectés
peuvent être efficacement isolés de ceux qui n'ont
pas contracté le virus. Beaucoup ont également mis
en place des cliniques de service au volant et des
installations de tentes, épuisant encore plus
leurs coffres, a dit [l'inspecteur général du
ministère de la Santé et des Services sociaux dans
un rapport en date du 3 avril].
[...]
« Dans le cadre du plan de relance promulgué le
mois dernier, le gouvernement fédéral a
alloué 100 milliards de dollars aux hôpitaux
et à d'autres prestataires de soins de santé pour
aider à compenser la perte de revenus, payer la
construction d'installations temporaires et de
rénovations et acheter du matériel et des
fournitures.
« Mais les dirigeants et les analystes des soins
de santé doutent que cela suffise. Ce montant
de 100 milliards de dollars équivaut à peu
près aux revenus totaux de l'industrie
hospitalière par mois, selon le Conseil
consultatif. Les hôpitaux prévoient traiter les
patients de la COVID-19 pendant plusieurs mois à
venir. »
En Amérique centrale et dans les Caraïbes,
au 17 avril :
Panama : 4 016 (3 809
actifs, 98 rétablis, 109 décès)
- 931 cas par million : 25 décès
par million
- 10 avril : 2 752
( 2 670 actifs, 16
rétablis, 66 décès) et 638 cas par
million ; 15 décès par million
République dominicaine : 3 755
(3 344 actifs, 215 rétablis, 196
décès)
- 346 cas par million : 18 décès
par million
- 10 avril : 2 620 (2 396
actifs, 98 rétablis, 126 décès)
et 242 cas par million ; 12 décès
par million
Cuba : 862 (664
actifs, 171 rétablis, 27 décès)
- 76 cas par million : 2 décès par
million
- 10 avril : 565 (498
actifs, 51 rétablis, 15 décès)
et 50 cas par million ; 1 décès par
million
Costa Rica : 642 (564
actifs, 74 rétablis, 4 décès)
- 126 cas par million : 0,8 décès
par million
- 10 avril : 539 (506
actifs, 30 rétablis, 3 décès)
et 106 cas par million ; 0,6 décès
par million
Honduras : 442 (391
actifs, 10 rétablis, 41 décès)
- 45 cas par million : 4 décès par
million
- 10 avril : 382 (352
actifs, 7 rétablis, 23 décès) et 39
cas par million ; 2 décès par million
Cuba compte désormais 21 brigades médicales,
composées de quelque 1 200 personnes,
qui contribuent aux efforts de lutte contre la
pandémie dans 20 pays d'Europe, d'Afrique, du
Moyen-Orient, d'Amérique latine et des Caraïbes.
En même temps, le blocus américain continue de
nuire à la capacité de Cuba de veiller au
bien-être de son peuple. Le directeur général pour
l'Amérique latine et les Caraïbes du ministre
cubain des Relations extérieures, Eugenio Martínez
Enríquez, a indiqué sur son compte Twitter
officiel que l'entreprise étasunienne Vyaire
Medical Inc a acheté IMT Medical and Acutronic, le
fournisseur de ventilateurs à Cuba, et a annoncé
la suspension de ses liens avec Cuba, parce que «
le guide d'affaires que nous avons aujourd'hui
demande la suspension de toutes les relations
commerciales avec Medicuba ».
Le vice-président de Medicuba, Luis Silva, a dit
que Cuba a essayé de se procurer des médicaments
et des fournitures auprès de 60 firmes des
États-Unis, dont deux seulement ont répondu,
notamment Bayer, avec lequel une entente signée
n'a pas pu être mise en oeuvre à cause de
l'interdiction émise par le département du Trésor
américain, sous prétexte que , supposément, le
permis d'exécution de l'entente avait expiré.
Le 1er avril, l'ambassadeur de Cuba en
Chine, Carlos Miguel Pereira, a dénoncé le fait
que le blocus a empêché l'entreprise chinoise
Alibaba de faire parvenir de l'aide humanitaire à
Cuba pour lutter contre la COVID-19. Le 22
mars, Jack Ma, le fondateur d'Alibaba et de la
fondation qui porte son nom, a annoncé que deux
millions de masques, 400 000 trousses de
diagnostics rapides et 104 respirateurs,
allaient être envoyés, en plus d'équipement comme
des gants et des combinaisons protectrices
dans 24 pays de l'Amérique latine, dont Cuba.
Cependant, comme l'a mentionné l'ambassadeur
Pereira, la compagnie américaine de transport
américaine a refusé d'honorer le contrat à la
dernière minute, donnant comme raison que la
réglementation qui fait partie du blocus
économique, commercial et financier impose au pays
destinataire, lui interdisait de le faire.
Les Cubains n'ont pas oublié qu'en 1981, une
épidémie de dengue hémorragique a frappé Cuba, que
celle-ci a été attribuée à la guerre biologique
menée par les États-Unis et qui a tué 158
personnes, dont 101 enfants. L'impossibilité
d'acquérir de l'équipement de fumigation des
États-Unis dans le temps requis a retardé le
moment où la maladie a été contrôlée, ce qui a
augmenté de beaucoup le nombre de cas et de décès.
Le fait que le blocus continue de mettre en péril
des vies cubaines, surtout en pleine pandémie
mondiale, illustre le caractère criminel et
génocidaire du blocus des États-Unis et l'urgence
d'y mettre fin immédiatement.
À cet égard, les pays de la Communauté des
Caraïbes (CARICOM) ont été convoqués par la
Barbade à une conférence vidéo le 15 avril
pendant laquelle ils ont demandé que les sanctions
des États-Unis contre le Venezuela et Cuba soient
levées, disant que « tous les pays doivent faire
partie de l'effort mondial pour combattre la
COVID-19 ». CARICOM a aussi condamné la
décision des États-Unis de suspendre leur
financement de l'OMS. « Il est malheureux que les
ressources de l'OMS soient menacées, en ces
moments qui requièrent que nous soyons unis pour
mener la lutte contre la pandémie. »
La rencontre a aussi abordé la question de la
situation de la santé, de la sécurité alimentaire
et de la protection des personnes âgées face à la
maladie dans la région. En général, « la région a
très bien répondu à la pandémie », a déclaré
à la rencontre le directeur général de l'Agence de
santé publique des Caraïbes, le docteur Joy St.
John. Selon le docteur St. John, l'application
rapide de mesures dans la région a aidé à contenir
le coronavirus. Mais une approche plus coordonnée
est nécessaire pour aborder la prochaine phase de
la pandémie.
CARICOM va examiner un protocole qui a été
proposé pour la réouverture des frontières. Une
fois que la décision est prise, tous les États
membres vont adhérer en même temps à cette
proposition. Les pays se sont aussi entendus pour
que le transport interrégional de personnes et de
biens par air et par mer soit examiné, en
particulier les opérations des transporteurs
aériens régionaux.
En Amérique du Sud, au 17 avril :
Brésil : 30 891
(14 913 actifs ; 14 026
rétablis ; 1 954 décès)
- 145 cas par million ; 9 décès par
million
- 10 avril : 18 397
(17 250 actifs ; 173
rétablis ; 974 décès) et 87 cas par
million ; 5 décès par million
Pérou : 12 491 (6 097
actifs ; 6 120 rétablis ; 274
décès)
- 379 cas par million ; 8 décès par
million
- 10 avril : 5 897 (4 159
actifs ; 1 569 rétablis ; 169
décès) et 179 cas par million ; 5
décès par million
Chili : 8 807 (5 403
actifs ; 3 299
rétablis ; 105 décès)
- 461 cas par million ; 5 décès par
million
- 10 avril : 6 501 (4 865
actifs ; 1 571
rétablis ; 65 décès) et 340 cas par
million ; 3 décès par million
Équateur : 8 225
(6 984 actifs ; 838 rétablis
; 403 décès)
- 466 cas par million ; 23 décès
par million
- 10 avril : 7 161 (4 354
actifs ; 339 rétablis ; 272
décès) et 406 cas par million ; 17
décès par million
Colombie : 3 233
(2 539 actifs ; 550
rétablis ; 144 décès)
- 64 cas par million ; 3 décès par
million
- 10 avril : 2 223 (1 980
actifs ; 174 rétablis ; 69
décès) et 44 cas par million ; 1
décès par million
Il y a eu une forte augmentation du nombre de
cas au Pérou au cours de la semaine dernière, ce
qui en fait le deuxième plus grand nombre de cas
dans la région, supplantant l'Équateur, où malgré
une augmentation relativement faible du nombre de
cas la semaine dernière, le nombre de cas actifs
et de décès continue d'augmenter. L'Équateur a de
loin le taux de décès par million le plus élevé de
la région, soit 23. Ce nombre reflète les
rapports officiels qui, pendant des semaines, ont
été largement considérés comme une sous-estimation
flagrante, étant donné l'effondrement des hôpitaux
et des services funéraires dans les régions
durement frappées comme la ville portuaire de
Guayaquil, dans la province de Guayas, où des
corps sont restés pendant des jours dans les
maisons où des personnes sont décédées.
On rapportait cette semaine que dans la province
de Guayas, plus de 5 000 décès
pourraient être liés à la COVID-19. Au cours des
deux premières semaines d'avril, les chiffres du
gouvernement indiquaient que 6 700
personnes étaient décédées dans la province.
En réfutant les chiffres officiels qui continuent
d'être rapportés, la mairesse de Guayaquil,
Cynthia Viteri, a dit que les patients continuent
de mourir sans jamais avoir été testés, et qu'il
n'y a pas d'espace, de temps ou de ressources pour
pouvoir faire d'autres tests et déterminer s'ils
sont morts ou non du coronavirus. Elle a également
indiqué qu'en mars, il y avait 1500 décès de
plus dans la ville que pendant la même période
en 2019.
Un autre fait alarmant est que 70 médecins
auraient succombé au virus en Équateur.
Sous le gouvernement de Lénine Moreno, le système
de santé de l'Équateur a été soumis à des coupes
budgétaires et à des privatisations draconiennes,
le budget de la santé pour 2019 ayant été
réduit de 36 % par rapport à 2018.
En outre, le programme qui a reçu le plus grand «
investissement » était un secteur dédié à une
restructuration des services de santé en se
débarrassant des employés du système public. Cette
initiative de privatisation a dépassé les
investissements dans les infrastructures et
l'entretien des équipements dont le système avait
grandement besoin, contribuant à la catastrophe
dont nous sommes témoins aujourd'hui.
Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement
Moreno a jugé bon de verser 324 millions de
dollars américains sur la dette extérieure du pays
au milieu de la pandémie plutôt que d'investir
dans son système de santé affaibli et ainsi sauver
des vies.
La sous-déclaration des cas et des décès n'est
pas unique à l'Équateur, elle est caractéristique
d'autres pays de la région dominés par des
gouvernements néolibéraux, dont beaucoup ont été
amenés au pouvoir par des coups d'État d'un type
ou un autre soutenus par l'étranger pour
démanteler les services publics existants, comme
dans le cas du Brésil et de la Bolivie. D'autres
sont maintenus au pouvoir avec un soutien étranger
pour consolider les systèmes privatisés
traditionnels de soins de santé, d'éducation et
autres par la corruption et la force, comme au
Chili et en Colombie.
Dans beaucoup de ces pays, les médecins et les
infirmières ont organisé des manifestations
publiques contre le manque d'ÉPI, même de base, et
d'autres ressources qui font gravement défaut pour
pouvoir traiter leurs patients. Dans une lettre
ouverte, la Fédération médicale colombienne,
l'Association colombienne des sociétés
scientifiques, le Collège médical colombien et la
Fédération des syndicats de la santé déclarent
qu'ils ne travailleront plus avec le ministre de
la Santé, Fernando Ruiz, à qui ils reprochent une
mauvaise gestion de la crise, et exhortent les
gouverneurs des États à ne pas appliquer la
directive du président Ivan Duque de lever
prématurément la quarantaine. Ils déclarent
également qu'ils n'obéiront pas au décret
gouvernemental sur le travail obligeant les
médecins et les infirmières à travailler sans
aucune mesure de protection, affirmant qu'ils
respecteraient le serment qu'ils avaient prêté
lors de leur diplôme, mais que personne ne pouvait
les forcer à se suicider.
Outre les problèmes de la région, l'Organisation
panaméricaine de la santé signale qu'il y a eu
plus d'un million de cas de dengue, une maladie
transmise par les moustiques qui est parfois
mortelle, dans les Amériques. La plupart des cas
se trouvent au Brésil et au Paraguay, dépassant de
loin le nombre signalé pour la même période
l'année dernière. Les autres pays touchés sont la
Bolivie et la Colombie.
Au Venezuela, le président Nicolas Maduro a dit
le 15 avril que son administration entend
effectuer 10 millions de tests de la
COVID-19, « avec l'aide de l'Organisation mondiale
de la santé, de l'Organisation panaméricaine de la
santé, de la Chine, de la Russie, de l'Iran et de
Cuba ». Il a ajouté que le Venezuela a
effectué 250 123 tests jusqu'à
maintenant et vise un objectif intérimaire d'un
million de tests.
Le 14 avril, le ministre des Communications
Jorge Rodriguez a dit que le Venezuela est le pays
de l'Amérique latine qui a effectué le plus de
dépistage de la COVID-19, ce que l'Université John
Hopkins a confirmé.
Au 17 avril, le Venezuela avait 204 cas
(84 actifs ; 111 rétablis ; 9
décès), avec un taux de 7 cas par million et
de 0,3 décès par million.
En Afrique, au 17 avril :
Égypte : 2 673 (1 881
actifs ; 596 rétablis ; 196
décès)
- 26 cas par million ; 2 décès par
million
- 10 avril : 1 699 (1 233
actifs ; 348 rétablis ; 118
décès) et 17 cas par million ; 1
décès par million
Afrique du Sud : 2605 (1654
actifs ; 903 rétablis ; 48
décès)
- 44 cas par million ; 0,8 décès
par million
- 10 avril : 2 003 (1 569
actifs ; 410 rétablis ; 24
décès) et 34 cas par million ; 0,4
décès par million
Maroc : 2 528 (2 122
actifs ; 273 rétablis ; 133
décès)
- 68 cas par million ; 4 décès par
million
- 10 avril : 1 448 (1 168
actifs ; 109 rétablis ; 97
décès) et 39 cas par million ; 3
décès par million
Algérie : 2 268 (1 137
actifs ; 783 rétablis ; 133
décès)
- 52 cas par million ; 8 décès par
million
- l0 avril l0 : 1 761 (1 100
actifs ; 405 rétablis ; 256
décès) et 40 cas par million ; 6
décès par million
Cameroun : 996 (810
actifs ; 164 rétablis ; 22
décès)
- 38 cas par million ; 0,8 décès
par million
- 10 avril : 820 (710
actifs ; 54 rétablis ; 12
décès) et 31 cas par million ; 2
décès par million
Au 17 avril, il y avait 19 398 cas
en Afrique, environ le double du nombre de cas de
la semaine dernière. L'Égypte a dépassé l'Afrique
du Sud pour le plus grand nombre de cas la semaine
dernière.
Le 13 avril, l'Union africaine a annoncé que
« dans le cadre des efforts pour renforcer la
réponse et le niveau de préparation de l'Afrique
pour la lutte contre la pandémie de la COVID-19,
la Commission de l'Union africaine, de concert
avec les centres de l'Afrique pour le contrôle des
maladies et la prévention (Afrique du CDC), et le
Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD), ont conçu en commun un programme pour
appuyer les efforts en cours en Afrique.
« Le programme commun vise à coordonner la
réponse à la COVID-19 en vue d'efforts de reprise
avec les États membres, les communautés
économiques régionales et les Mécanismes régionaux
(CER/MR), les organisations de la société civile
(OSC), et les organisations confessionnelles (OC)
pour garantir une coopération et une communication
et pour adopter une approche holistique. Les
quatre secteurs d'intervention commune sont :
- La Coordination régionale et la construction de
synergies ;
- Les aspects socio-économiques, la santé, la
gouvernance et les évaluations de l'impact
politique ;
- La construction de la capacité et le partage de
la connaissance ;
- Les stratégies de la communication du risque et
les campagnes de sensibilisation.
« Ces secteurs correspondent au mandat de
l'Afrique du CDC et à la stratégie continentale
sur la préparation et la réponse à la COVID-19 de
même qu'à l'approche régionale du PNUD en réponse
à la reprise.
« La concentration spécifique sur la
surveillance ; le laboratoire ; les
guides pour les contre-mesures ; la
préparation des soins de santé ; les
communications du risque et l'engagement social,
et la gestion de la chaîne d'approvisionnement
continuent d'être menés par l'Afrique du
CDC. »
Le 14 avril, l'Afrique du CDC a indiqué que
« le premier 'vol de solidarité' des Nations unies
a quitté Addis-Abeba en Éthiopie aujourd'hui, pour
aller livrer une cargaison médicale vitale à tous
les pays d'Afrique, où il y a un besoin désespéré
de fournitures pour contenir la propagation de la
COVID-19.
« La cargaison de l'OMS comprend aussi une grande
quantité de matériel médical donné par le premier
ministre éthiopien Abiy Ahmed et l'Initiative de
la Fondation Jack Ma pour renverser la COVID-19 en
Afrique. L'Union africaine, par le biais des
centres de l'Afrique pour le contrôle des maladies
et la prévention (Afrique du CDC), fournit le
support technique et la coordination de la
distribution du matériel. »
Le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros, a
noté que « le vol de solidarité fait partie d'un
effort plus vaste pour expédier des fournitures
médicales vitales dans 95 pays. »
La cargaison de l'OMS comprend un million de
masques faciaux, ainsi que des équipements de
protection individuelle, qui seront suffisants
pour protéger les travailleurs de la santé tout en
traitant plus de 30 000 patients à
travers le continent.
La région de l'OMS de l'Afrique signale que
l'expérience des pays en matière de lutte contre
l'Ebola et la grippe est en train d'être mise à
profit pour la pandémie de la COVID-19. Il donne
l'exemple de la Tanzanie et déclare : « la
Tanzanie utilise les compétences du personnel de
santé déjà équipé dans la lutte contre les
maladies infectieuses, la mise en place du système
de surveillance sentinelle de la grippe et la
réaffectation des infrastructures pour lutter
contre le nouveau virus.
« Lorsque la dixième épidémie d'Ebola a éclaté en
République démocratique du Congo en 2018, la
Tanzanie avait formé 2 400
professionnels de santé. Les sessions de formation
initialement prévues pour Ebola ont été revues
pour inclure le COVID-19. Plus de 300 d'entre
eux ont été à présent recyclés pour rejoindre la
lutte contre le COVID-19 dans le pays.
« Dans les régions qui avaient été identifiées
comme étant à haut risque d'Ebola, des équipes
d'intervention rapide ont été constituées et
formées, et les autorités ont identifié des zones
d'isolement dans des structures de santé
spécifiques dans chaque district et des
professionnels de santé ont été formés pour gérer
ces unités et gérer les cas suspects. Le personnel
de santé et les ressources se révèlent maintenant
essentiels dans la réponse au COVID-19.
« En outre, des structures telles que des unités
d'isolement dans les établissements de santé de
district, mises en place pour la préparation à
Ebola, sont maintenant transformées en unités de
COVID-19. Toutes les 26 régions du pays ont
été chargées de désigner des zones d'isolement
pour d'éventuelles infections au COVID-19, et la
formation des agents de santé au triage des
patients pour la préparation à Ebola compte
désormais parmi les atouts pour freiner la
propagation du nouveau coronavirus.
[...]
« L'OMS Tanzanie travaille avec les ministères de
la Santé de la Tanzanie continentale et de
Zanzibar pour renforcer les capacités du personnel
de la santé en matière de soins cliniques,
d'amélioration de la prévention des infections, de
tests de laboratoire et d'autres mesures de
prévention. Au total, 182 structures ont été
identifiées pour isoler et traiter le COVID-19
dans tous les districts. Le gouvernement a
également identifié 26 centres de référence
régionaux habilités à fournir des soins intensifs.
La plupart des structures de référence disposent
déjà d'un personnel formé aux soins avancés pour
Ebola, y compris les soins intensifs.
[...]
« Le gouvernement a également intensifié
l'éducation à la santé publique, en travaillant
avec l'OMS, l'UNICEF, les chefs religieux et les
sociétés de télécommunications pour présenter les
faits et réfuter les rumeurs sur le
COVID-19. »
En Océanie le 17 avril :
Australie : 6 523
(2 639 actifs ; 3 819
rétablis ; 65 décès)
- 256 cas par million ; 3 décès par
million
- 10 avril : 6 328 (3 043
actifs ; 3 141
rétablis ; 54 décès) et 245 cas par
million ; 2 décès par million
Nouvelle-Zélande : 1 409
(582 actifs ; 816
rétablis ; 11 décès)- 292 cas par
million ; 2 décès par million
- 10 avril : 1 239 (921
actifs ; 317 rétablis ; 1
décès) et 266 cas par million ; 0,4
décès par million
Guam : 135 (5 décès)
- 10 avril : 128 (4 décès)
Polynésie française : 55
- 196 par million
- 10 avril : 51 et 182 par
million
Nouvelle-Calédonie : 18 (4
actifs ; 14 rétablis)
- 10 avril : 18 (17
actifs ; 1 rétabli)
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