Les travailleurs des soins aux aînés disent leur pensée

Les travailleurs des soins de longue durée et des résidences pour personnes âgées disent leur pensée sur les luttes qu'ils mènent pour défendre leurs droits et les droits des aînés dont ils ont soin. Ils dénoncent le mépris flagrant qui existe pour la sécurité des résidents et du personnel.

LML a appris que les travailleurs d'un centre privé de soins de longue durée exploité par un des plus gros monopoles de la santé au Canada ont résisté à la pression de la direction pour qu'ils viennent travailler même s'ils sont malades. Une personne-cadre de l'entreprise s'est vantée d'avoir travaillé bien qu'elle était malade et a dit que les travailleurs devraient faire comme elle.

Lorsque le centre de soins prolongés Shepherd's Care d'Edmonton a connu son premier cas de COVID-19 à son établissement du Village Kensington, il a mis en place des mesures de sécurité, mais seulement pour ce site. Voyant l'importance de ne pas attendre une éclosion de la maladie dans leur établissement, les travailleurs du Shepherd's Care Mill Woods ont exigé que des mesures de sécurité y soient mises en place, comme la limitation des visiteurs aux cas de fin de vie, la vérification de la température de tout le personnel et des équipements de protection individuelle adéquats. Ils ont réussi à obtenir de meilleures mesures de sécurité et cela fait des semaines qu'ils insistent pour qu'aucun employé ne soit obligé de se déplacer d'un établissement à l'autre, sans perte de salaire.

Les travailleuses de la maison de retraite Chartwell utilisent des sacs à ordures pour se protéger à cause de la rareté des ÉPI.

Plusieurs travailleurs de la santé se sont exprimés publiquement, même s'ils pensaient que leur emploi était menacé, et ont parlé des mesures qui doivent être mises en place.

« Nous livrons une véritable guerre et tous doivent être protégés, quel que soit le travail qu'ils font. Tous doivent avoir des ÉPI (équipements de protection individuelle) afin d'être protégés, a dit Abiola Tijani, qui est préposée aux services de soutien à Ottawa et présidente de la section locale 4592 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente des préposés aux services de soutien, des infirmières praticiennes autorisées, des préposés à l'entretien, des aide-diététiciennes et d'autres membres du personnel de ce secteur à Ottawa. Le 3 avril, Tijani a dit qu'on n'a pas fourni de masques N95 aux travailleurs qui oeuvrent auprès de patients de la COVID-19, qui craignent de devenir malades et d'infecter les résidents vulnérables. Les médias ont rapporté que la livraison d'équipements de protection individuelle a finalement débuté dans les centres de soins de longue durée en Ontario vers le 11 avril.

Une préposée aux services de soutien à Anson Place, à Hagersville, en Ontario, un établissement de soins de longue durée où 15 résidents sont morts de la COVID-19, a parlé aux médias des conditions qui règnent dans le centre. Les patients y partagent toujours des chambres, parfois à quatre personnes par chambre, a-t-elle dit. « Les lits sont à deux pieds l'un de l'autre. Ce n'est pas surprenant qu'il y ait de la propagation, a dit Rebecca Shaw-Piironen à CTV News. Je ne vois pas comment la situation pourrait être plus urgente qu'elle ne l'est présentement. Il y a des personnes qui meurent chaque jour. Je ne sais pas ce qu'aujourd'hui ou la nuit nous réservent. Pourquoi ne prenons-nous pas soin de notre monde ? »

Cinquante-cinq résidents ont été déclarés positifs pour le coronavirus à Anson Place, qui est situé à Hagersville, en Ontario, en plus de 30 membres du personnel. Cela a beaucoup affaibli la capacité du centre de s'occuper des résidents, et ceux qui ont dû se retirer sont épuisés et accablés de chagrin, a dit Rebecca Shaw-Piironen.

« Nous avons besoin d'aide. La situation est terrible, a-t-elle dit de chez elle où elle attendait le résultat de ses tests. Tant de gens que nous avons perdus, et tant à la fois. Et l'ampleur de tout cela... ça me fait beaucoup de peine. Moi et mes collègues sommes très tristes en ce moment. »

Elle a expliqué qu'elle s'exprimait au risque de perdre son emploi : « J'aimerais mieux vivre dans une boîte de carton et sentir que j'ai rendu service aux résidents plutôt que de me taire. Ils ont besoin de soins. Ils sont désespérés. Et je ne sais pas ce que nous allons devoir faire pour obtenir cette aide. »

(Sources : Ottawa Citizen et CTV News)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 25 - 18 avril 2020

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