Numéro 22 - 8 juin 2019
Des sujets de
préoccupation pour le corps politique
Dépôt
du rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées
Cérémonie de clôture de
l'Enquête nationale
sur les femmes autochtones
disparues et assassinées, au Musée canadien de l'histoire
à
Gatineau, le 3
juin 2019 (P. Palmater)
• Un urgent
appel à l'action
- Pauline Easton -
• À
propos de l'Enquête nationale et son rapport final
- Barbara Biley -
• Nous
demandons au Canada d'agir immédiatement
- Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique -
• Un rapport
complémentaire sur le Québec
Défense
des
droits
de
traité
en
Colombie-Britannique
• Les
premières nations de Blueberry River intentent une poursuite
historique sur les impacts cumulatifs
Les Britanniques rejettent le
néolibéralisme et l'impérialisme
• De grandes
manifestations expriment le mépris pour le
président américain
Le recours aux «moyens
diplomatiques» pour
forcer un changement de régime
• D'autres
mesures désespérées du Groupe de Lima
- Margaret Villamizar
-
• Le Canada
ferme son ambassade au Venezuela
• Rencontre
des ministre cubain et canadien des Affaires
étrangères à Toronto
• Cuba n'est
pas intimidée par les mesures de durcissement du blocus
- Le
Gouvernement révolutionnaire de Cuba -
• Appel
de
la
Conférence
hémisphérique
de
solidarité
anti-impérialiste
pour
la
démocratie
et
contre
le
néolibéralisme
-
Institut cubain d'amitié avec les peuples -
Argentine
• La
réponse du mouvement ouvrier à l'exacerbation
de la crise néolibérale
- Miranda Jolie -
Forum public à Toronto le 15
juin
• Pour la
paix, la
sécurité et la dénucléarisation
sur la
péninsule coréenne
Supplément
•
75e anniversaire du jour J
Dépôt du rapport de
l'Enquête nationale sur
les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées
- Pauline Easton -
Rassemblement à Vancouver le 14 février 2019,
avant la marche
commémorative pour les femmes et filles autochtones disparues et
assassinées cette année
L'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones
disparues et assassinées affirme dans son rapport que les
éléments de
preuve recueillis l'ont amenée à conclure que les femmes
et les filles
autochtones disparues et assassinées sont les victimes d'un
génocide
canadien.
Dans l'introduction du rapport on lit ceci: « Ces
massacres sont les fruits des affirmations coloniales de
souveraineté sur les territoires et les peuples autochtones,
comme en témoignent la Loi
sur les Indiens, la rafle des années 1960, les
pensionnats indiens, les atteintes aux droits de la personne et aux
droits des Autochtones, de même que les politiques actuelles, qui
marginalisent ces derniers et entraînent une augmentation directe
de l’incidence de la violence, des décès et du suicide
chez leurs populations. » Dans les conclusions il est
écrit: « Les femmes, les filles et les personnes
2ELGBTQQIA autochtones continuent d’être marginalisées et
exclues sur le plan social et économique, une situation qui
découle directement du colonialisme ainsi que des politiques
gouvernementales racistes et sexistes. Cette marginalisation et cette
exclusion sont les objectifs des politiques coloniales de l’État
canadien, qui portent atteinte aux droits sociaux, économiques
et politiques des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA
autochtones, en plus de menacer leurs droits à la
sécurité humaine et, par conséquent, leur
sûreté. Il s’agit d’outils génocidaires. »
L'enquête cite des études contemporaines
sur le génocide pour étayer
ses conclusions. Elle publie sur son site Web un rapport
complémentaire
sur la définition juridique du génocide et son
application au Canada.
Il y a des
éditorialistes, commentateurs, experts et politiciens qui
contestent cette
conclusion. Leur réponse est troublante à plusieurs
niveaux, mais rien
de plus troublant que l'angoisse qu'elle suscite en détournant
le
discours dans le bourbier du racisme, qui consiste à
blâmer le peuple
pour tous les problèmes et à l'accuser de racisme. Une
certaine couverture médiatique de la
publication du
rapport final de l'Enquête nationale met en lumière
l'échec du gouvernement libéral à s'attaquer aux
crimes historiques commis par l'État canadien contre les peuples
autochtones. D'autre part, la réponse du gouvernement Trudeau
s'appuie également sur les relations coloniales qui demeurent
à ce jour et sur les tentatives continuelles d'imposer un
processus décisionnel aux peuples autochtones. Le Canada refuse
de renoncer aux pouvoirs de
prérogative usurpés par la Couronne et
d'établir des relations de nation à nation. Il refuse
également d'offir des réparations pour les torts et les
crimes commis et de mettre en
place les conditions requises pour que les peuples autochtones puissent
exercer leur droit d'être.
Ainsi, le gouvernement Trudeau continue de recourir
à la rhétorique
et de prendre des mesures symboliques qui peuvent ou non
atténuer les
problèmes, tout en maintenant les relations et les structures
coloniales qui sont les instruments du génocide. La raison en
est que
les intérêts multinationaux privés et
étroits qu'il sert exigent la
suppression
finale des droits des peuples autochtones sur l'utilisation des terres
et des ressources.
Pour ce qui est des conservateurs, le bilan du
gouvernement Harper et son approche « ouverte aux
affaires »
adoptée en Alberta, en Ontario, au Québec et ailleurs
montrent que tout
ce qui a trait aux droits est considéré comme «
mauvais pour les
affaires » et doit être éliminé par la
conclusion d'accords dans le dos
des personnes concernées. Bernard Valcourt, ministre des
Affaires
autochtones de 2013 jusqu'à la défaite du
gouvernement Harper à
l'automne 2015, refuse même d'admettre que les actions du
Canada contre
les peuples autochtones constituent un génocide. Il a
répondu à la conclusion de génocide de
l'Enquête nationale en
la qualifiant de « propagandiste ».
En ce qui concerne les autres partis qui forment le
système de
cartel de partis, l'expérience montre qu'il n'y a aucun moyen de
les
obliger à rendre des comptes eux non plus en ce qui concerne
leur
prétention de gouverner au nom du peuple. L'établissement
de relations
de nation à nation avec les peuples autochtones et la
réparation des
torts
qui leur ont été infligés est une affaire
d'humanisation de
l'environnement naturel et social en tant qu'expression de
l'affirmation du pouvoir du peuple. C'est la nécessité
historique à
laquelle sont confrontés les Canadiens et l'ensemble de
l'humanité
aujourd'hui.
L'objectif de la couverture médiatique courrante
est de détourner l'attention de cette nécessité
historique. Mais pendant que les s'affairent
à détourner l'attention avec un faux débat sur la
définition du « génocide » et si elle est
appropriée dans les circonstances, l'insistance des peuples
autochtones à exiger que le gouvernement
remédie à la situation immédiatement et respecte
leurs droits ancestraux et issus de traité montre que les
enquêtes et les rapports passés et les promesses d'action
antérieures n'ont pas mené à l'élimination
des structures coloniales qui sont la source du problème. Ces
faits importants sont clairement mis en évidence dans le rapport
de l'enquête.
Ce rapport est le résultat de la persistance des
peuples autochtones à affirmer leur droit d'être, en opposition
aux tentatives pluriséculaires de les manipuler et de les
détourner et de finalement éliminer leurs droits une fois
pour toutes, en plus de l'opposition à la négation
directe, ouverte. C'est aussi le produit du soutien de l'ensemble des
Canadiens et pour ces derniers c'est une occasion de discuter de ces
questions, de faire le point sur la situation aujourd'hui et de trouver
une voie vers l'avant. Les peuples autochtones ont non seulement fait
preuve de résilience et de « patience » tout au long
de l'histoire récente de leur affirmation, ils ont aussi acquis
une aversion pour les mots creux, et cela est très inspirant et
c'est au cœur de la situation actuelle.
À cet égard, un aspect positif du rapport
de l'Enquête nationale est
qu'il a permis dans une certaine mesure de faire entendre la voix des
victimes du système de « justice » coloniale,
raciste et misogyne du
Canada. Sont également remarquables à cet égard
les « appels à la
justice » qui servent de recommandations et sont
appelés «
impératifs juridiques ». Ce sont les voix du peuple
qui doivent
prévaloir pour définir 1) ce qui constitue la
justice et 2) ce qu'il
faut entendre par « impératif juridique ».
C'est là que doivent
prévaloir les définitions modernes du peuple, et non
celles imposées
par l'héritage colonial, celles utilisées par ce qu'on
appelle les
institutions démocratiques libérales pour priver le
peuple de ce qui
lui appartient de plein droit.
Comment intervenir dans les prochaines élections
fédérales d'une
manière qui favorise l'avancement des droits des peuples
autochtones et les intérêts des travailleurs canadiens est
devenu un important sujet de
préoccupation pour le corps politique. C'est un
problème difficile et
troublant pour les Canadiens précisément parce que les
institutions dites démocratiques ne les représentent pas,
elles représentent la Couronne et les relations coloniales
qu'elle maintient à ce jour. Prenez l'exemple de la question de
savoir si l'un ou l'autre des
partis cartellisés constitue un meilleur choix lorsqu'il s'agit
de
redresser les torts
historiques causés aux Autochtones. Les gens sont
confrontés à des
choix qui divisent le corps politique d'une manière à
empêcher la résolution de
tout problème en leur faveur. Il y a d'un côté ceux
qui défendent ou
cherchent à perfectionner les défuntes institutions
démocratiques
libérales pour lesquelles les conditions n'existent plus, puis
il y a ceux, comme
Trump et ses semblables au Canada et dans le monde, dont
les actions laissent peu de doute sur leur déterminer à
carrément détruire ces institutions pour
complètement éliminer le peuple de l'équation. Ni
l'une ni l'autre de ces positions n'est une option
véritable. Nous devons continuer de faire valoir nos
réclamations à la société, comme les
peuples autochtones l'ont fait si
vaillamment dans la mesure du possible durant cette Enquête
nationale.
Ce faisant, la voie vers l'avant pour bâtir le genre
d'institutions démocratiques que l'époque réclame,
si absentes aujourd'hui, continue de se dessiner.
La parole et les autres formes d'action pour faire
leurs
réclamations à la société sont des moyens
sur lesquels les peuples
autochtones et l'ensemble des Canadiens peuvent et doivent compter. Ils
peuvent compter sur eux-mêmes et c'est cela la voie vers l'avant
aujourd'hui.
Avec
un
profond
respect
(Photos: LML, M.
Horel, J. Stayshyn,
Leveller, I. Wurmann)
- Barbara Biley -
Des filles et des garçons des 13 provinces et territoires
remettent le
rapport aux représentants des provinces et des territoires
durant la
cérémonie.
L'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues
et assassinées a été annoncée en
décembre 2015 et a officiellement
commencé ses travaux en septembre 2016. Deux ans et demi
plus tard,
malgré la démission de plusieurs commissaires et membres
du personnel
et le manque de coopération du gouvernement
fédéral, elle a publié son rapport final
de 1183 pages le 3 juin dans
la Grande Galerie du Musée canadien de l'histoire de Gatineau.
Les
commissaires avaient pour mandat « d'examiner et de faire rapport
sur
les causes systémiques de toutes les formes de violence faite
aux
femmes, aux filles et aux personnes 2ELGBTQQIA
autochtones au Canada en regardant les tendances et les facteurs
sous-jacents ».
Dans son rapport final intitulé Réclamer
notre
pouvoir
et
notre
place,
l'Enquête nationale conclut que le meurtre et la disparition de
femmes
et filles autochtones s'inscrivent dans un génocide global
contre les
peuples autochtones du Canada. Le rapport est divisé en 11
chapitres
d'examen, suivis de 231 recommandations, ou
« appels à la justice ». L'Enquête
nationale présente également deux
rapports supplémentaires : un rapport de 180 pages
axé sur les
expériences vécues au Québec, avec 21
recommandations, et un rapport
de 49 pages axé sur l'analyse du génocide.
La ténacité des amis et des familles des
victimes, qui ont refusé de
permettre que leurs soeurs, leurs filles, leurs mères et leurs
tantes
soient oubliées, a été le facteur
déterminant dans l'ouverture de
l'enquête et la publication de son rapport final. Les efforts de
tous
ceux et celles qui se battent pour qu'il n'y ait plus de victimes et
qu'on en
finisse avec la conception coloniale de l'État canadien et son
refus
d'établir des relations de nation à nation et d'assumer
toutes ses
responsabilités envers les peuples autochtones ont
également été
décisifs. Au total, 2380 personnes, dont 468
survivants et leurs
familles, ont participé à l'Enquête nationale qui a
coûté 90 millions
de dollars. Il y a eu plus de 1 000 heures de
témoignages de
survivants, de témoins et de familles. De nombreuses autres
personnes
n'ont pas pu participer pour diverses raisons, notamment le refus du
gouvernement libéral d'accéder à la demande des
commissaires d'une
augmentation du financement et d'une prolongation de deux ans
afin que davantage de personnes puissent être entendues.
Pendant même que l'enquête se
déroulait, plus de 130 femmes et
filles autochtones auraient été victimes d'homicide, ou
auraient perdu
la vie dans des conditions suspectes ou seraient
décédées alors
qu'elles étaient hospitalisées, selon deux bases de
données, pour une
moyenne de trois morts par mois. Les commissaires disent ne pas
pouvoir déterminer le nombre exact de femmes autochtones
assassinées ou
disparues au Canada au cours des dernières décennies mais
estiment
toutefois que les chiffres publiés par la GRC en 2014, qui
font état
de 1 181 femmes et filles autochtones disparues ou
assassinées
entre 1980 et 2012, sont susceptibles d'être
une sous-estimation. L'Association des femmes autochtones du Canada
estime ce chiffre à près de 3 000. «
Malgré tous les efforts déployés
pour consigner ces vérités, lit-on dans le rapport final,
nous
concluons qu'il est impossible pour quiconque de déterminer le
nombre
exact de femmes et de filles autochtones disparues et
assassinées au Canada. Des milliers de meurtres et de
disparitions de
femmes n'ont vraisemblablement pas été
enregistrés, et ce, des
décennies durant, et de nombreuses familles ont sans doute
été
incapables de trouver la force ou le courage de s'inscrire à
l'Enquête
nationale avant la fin de la période allouée. »
Quoi qu'il en soit, les chiffres montrent à la
fois l'indifférence
des autorités de l'État à l'égard des
femmes et filles autochtones
assassinées ou disparues ainsi que la nécessité
d'une action urgente et
immédiate pour remédier à cette situation qui
perdure. Le rapport
souligne que le génocide dont ces morts et disparitions font
partie est
facilité «
par des structures coloniales » comme la Loi sur les
Indiens,
« la rafle des années 1960, les pensionnats indiens,
les
atteintes aux
droits de la personne et aux droits des Autochtones, de même que
les
politiques actuelles, qui marginalisent ces derniers et
entraînent une
augmentation directe de l'incidence de la
violence, des décès et du suicide chez leurs
populations ».
Les quatre commissaires nationaux chargés de
l'enquête, la
commissaire en chef Marion Buller et les commissaires Brian Eyolfson,
Qajaq Robinson et Michèle Audette, ont présenté
leur rapport lors d'une
cérémonie sacrée réunissant
quelque 500 personnes. Le premier ministre
Justin Trudeau, les dirigeants d'organisations autochtones
nationales et régionales et de nombreux politiciens, dont les
chefs du
NPD, du Parti conservateur et du Parti Vert, étaient au nombre
des
participants.
À la cérémonie, la commissaire en
chef, Marion Buller, a déclaré que
les vérités rendues publiques dans le rapport final
« ne seront pas
effacées » et que les 231 appels à la
justice contenus dans le rapport
final ne sont pas de simples recommandations, mais des «
impératifs
juridiques » qui doivent être mis en oeuvre. Elle a
déclaré : « Bien que notre mandat comporte la
formulation de
recommandations, ci-après nommées 'appels à la
justice', il faut
comprendre que ces recommandations constituent en fait des
impératifs
juridiques. Elles ne sont pas optionnelles. Les appels à la
justice
découlent des lois nationales et internationales
régissant les droits
de la
personne et les droits des Autochtones, y compris les droits
énoncés
par la Charte, la Constitution et l'Honneur de la Couronne. Ainsi, le
Canada a l'obligation légale de mettre pleinement en application
ces
appels à la justice et de veiller à ce que les femmes,
les filles et
les personnes 2ELGBTQQIA autochtones vivent dans la
dignité. »
En conférence de presse plus tard, la commissaire
en chef a souligné
que l'État canadien et ses politiques sont à l'origine de
la violence
persistante contre les femmes et les filles autochtones, notant que
«
l'État canadien a appliqué et continue d'appliquer des
politiques qui
perpétuent la violation des droits humains et des droits
autochtones.
C'est de la colonisation. C'est de la discrimination. C'est un
génocide. Il doit y avoir un changement transformationnel dans
la façon
dont nous construisons et maintenons des relations entre les peuples
autochtones et non autochtones. »
Les 231 appels à la justice de
l'enquête comprennent 46 appels
spécifiques aux Inuits, 29 appels spécifiques aux
Métis et 32 appels
spécifiques aux personnes 2SLGBTQQIA. Les autres appels
sont divisés
par domaine – culture, santé et au bien-être,
sécurité humaine, justice
– et par industrie et institution.
Ceux qui appartiennent à cette dernière catégorie
s'adressent aux
médias, aux influenceurs sociaux, aux avocats et associations de
juristes, aux éducateurs et aux prestataires de services de
santé et de
bien-être, aux travailleurs sociaux, aux services de police et de
transport, à l'industrie hôtelière et aux
industries d'extraction et de
mise en valeur des
ressources. Tous les Canadiens sont également invités
à lire le rapport
final, à s'informer sur la violence historique à
l'égard des femmes et
des filles autochtones et à défendre les droits des
peuples autochtones
pour que tous les gouvernements rendent des comptes et s'assurent que
les recommandations formulées dans le rapport final soient
appliquées.
Lisez les 231
Appels
à
la
justice de l'Enquête nationale.
Pour le rapport complet, voir Rapport
final
volume 1a et Rapport
final
volume 1b.
Voir le Rapport
supplémentaire
-
génocide.
- Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique -
Marche commémorative des femmes à Vancouver le 14
février 2019
La violence contre les femmes, les filles et les
personnes bispirituelles autochtones continue de dévaster les
familles et les communautés de l'île de la Tortue.
Aujourd'hui, avec la publication du rapport final de l'Enquête
nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et
assassinées, la Coalition pour les femmes, filles et personnes
bispirituelles autochtones disparues ou assassinées (MMIWG2S) de
la Colombie-Britannique appelle les gouvernements fédéral
et provincial à prendre des mesures immédiates pour
mettre en oeuvre les recommandations de ce rapport.
« Nous avons toujours su qu'il s'agissait d'un
génocide ; d'un féminicide autochtone. La violence
à
laquelle nous sommes confrontés se produit dans tous les aspects
de notre vie - à tous les niveaux, dans toutes les institutions,
dans toutes les interactions. Le Canada doit répondre
immédiatement à tous les appels à la justice du
rapport de l'Enquête nationale et mettre fin au génocide
contre les femmes et filles autochtones », a
déclaré Sophie
Merasty, soeur de Rose Merasty et membre du Centre des femmes du
centre-est de Vancouver.
Kukpi7 Judy Wilson,
secrétaire-trésorière de l'Union des chefs indiens
de la Colombie-Britannique, a dit : « Nous avons
attendu trop longtemps que des mesures soient prises dans ce dossier et
le présent rapport couvre en grande partie ce que nous savons
déjà. Nous avons besoin de logements, de transports et de
services
sûrs et accessibles pour les femmes, les filles et les personnes
autochtones bispirituelles. Nous devons nous attaquer au
'génocide
canadien' - c'est la pire forme de discrimination qui
existe depuis des centaines d'années et se poursuit aujourd'hui
avec le sexisme flagrant et le racisme qui sévissent dans ce
pays. Nous avons besoin d'un système de
protection de l'enfance qui vise à réunir les familles et
non pas à les séparer pour préserver
l'héritage laissé par les pensionnats. Nous avons besoin
de ce changement aujourd'hui, nous ne pouvons plus
attendre. »
Le grand chef Stewart Philip, président de
l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, a
déclaré : « Les libéraux
fédéraux se lancent dans une expansion
controversée du pipeline, dont les camps d'hommes mettront
davantage en danger les femmes, les filles et les personnes
bispirituelles autochtones. Et pourtant, ils
disent être un gouvernement féministe. Avec la publication
de ce rapport, nous savons que nous devons voir un budget et un plan
d'action spécifiques pour la mise en oeuvre de ces
recommandations avant les élections fédérales de
cet automne. »
Janice Abbott, PDG d'Atira Women's Resource
Society, a déclaré : « Nous soutenons le
langage fort et nécessaire utilisé dans le rapport et
appelons tous les Canadiens à mettre de côté leurs
stéréotypes et leurs craintes et à souscrire aux
recommandations en faveur d'un Canada plus généreux, plus
fort et plus inclusif, qui a à
coeur non seulement les femmes disparues et leurs familles et leurs
proches, mais également toutes les femmes des Premières
Nations, métisses et inuites de partout - celles qui luttent
pour leur survie en ce moment dans un climat de profond racisme et
misogynie anti-autochtones, dont les enfants qui continuent
d'être
enlevés par l'État et qui
continuent d'être exposées à la violence, aux abus
et à l'exploitation. Ceci n'est pas notre passé. C'est
notre présent. Le changement est déjà trop tard.
Il n'y a pas de temps à perdre. »
Laurel McBride, de Rape Relief and Women's
Shelter de Vancouver, a dit : « Nous sommes heureuses de
voir l'appel lancé à l'État de prendre toutes les
mesures nécessaires pour prévenir et responsabiliser les
responsables de la violence à l'égard des femmes
autochtones, bispirituelles, gaies et transgenres ; la mise en
place d'un revenu de subsistance annuel garanti et de programmes et de
services visant à promouvoir la sécurité des
personnes travaillant dans l'industrie du sexe. Nous appelons tous les
niveaux de gouvernement à prendre au sérieux les
conclusions de Réclamer notre pouvoir et notre place et
à faire de ces appels à la justice une priorité
immédiate. »
Le chef régional de l'Assemblée des
Premières Nations de la Colombie-Britannique, Terry Teegee,
a
dit :
«
Les
recommandations
énoncées
dans
le
présent
rapport
doivent
être
rapidement
et
intégralement
appliquées
afin
de
mettre
rapidement
un
terme
au
génocide
de
notre
peuple.
Bien que nombre de
problèmes sociaux soient
connus depuis des décennies, nous avons continué de faire
face à de l'apathie et parfois à une hostilité
totale, alors que nous travaillions à la collaboration et au
progrès au sein des systèmes de justice et de services
sociaux canadiens. Cela doit cesser maintenant. »
Jenny Kwan, députée de
Vancouver-Est, a dit : « Le gouvernement
fédéral doit s'engager à mettre en oeuvre toutes
les recommandations avec des ressources spécifiques et un
échéancier qui est redevable devant le public. Tout ce
qui serait moins que cela serait un manque de respect pour tous celles
et ceux qui ont partagé leur
histoire et plaidé pour la justice. »
Des représentants du chef et du conseil de la
bande indienne de Neskonlith ont dit d'une seule voix que «
des milliers de survivantes et de familles des femmes et des filles
autochtones disparues et assassinées de toutes les nations ont
partagé leur histoire et c'est maintenant le temps
d'agir ! »
Dans le cadre de son rapport final, l'Enquête
nationale sur les
filles et femmes autochtones disparues et assassinées publie un
rapport
supplémentaire distinct sur le Québec. Ce rapport est le
produit de la
Commission d'enquête provinciale sur les femmes autochtones
disparues
et assassinées au Québec. Le gouvernement du
Québec du premier
ministre de l'époque, Philippe Couillard, a annoncé la
création de la
commission le 9 août 2016, six jours après le
lancement de l'Enquête
nationale. L'Enquête nationale a décidé de publier
le rapport de la
commission du Québec « afin d'accorder une attention
particulière au
phénomène de la violence faite aux femmes et aux filles
des
Premières Nations au Québec. Ce rapport se veut
complémentaire au
rapport de l'Enquête nationale, qui inclus une analyse plus
détaillée
par rapport aux réalités des Inuits au Canada ainsi qu'au
Québec ».
L'introduction explique également un certain
nombre de différences
entre les expériences vécues au Québec et dans le
reste du Canada,
notamment les barrières linguistiques et culturelles, le
contexte
politique et socio-historique, la Convention de la Baie James et du
Nord québécois en 1975, l'expérience unique
des institutions
religieuses,
la gestion des services sanitaires, sociaux et éducatifs, ainsi
que le
traitement des orphelins, des jeunes contrevenants et des enfants
considérés comme « illégitimes »
et leur placement dans des
institutions à caractère religieux. Une autre
différence citée est que les
corps policiers autochtones vers lesquels les victimes de violence se
tournent
d'abord pour obtenir de l'aide sont plus nombreux au Québec.
Par exemple, l'introduction au Rapport
complémentaire sur le Québec souligne :
« Le contexte
socio-historique et politique du Québec est différent
du contexte canadien. La Convention de la Baie James et du Nord
québécois (CBJNQ) en 1975 et celle de la Convention
du Nord-Est
québécois en 1978. Ces deux traités
représentent des traités dits
'modernes', mais il existe d'autres traités conclus entre la
Couronne et les Premières Nations qui sont applicables sur le
territoire que l'on appelle aujourd'hui le Québec, par exemple
le
Traité Huron-Britannique de 1760 et le traité
d'Oswegatchie. »
« Les conséquences de la colonisation et de
la sédentarisation ont
débuté rapidement après l'arrivée des
Européens, mais les autres
politiques génocidaires se produisent parfois à
différentes époques de
l'histoire du Québec, même s'ils représentent
plusieurs des mêmes
conséquences pour les communautés autochtones à
travers le Canada. Par
exemple, le premier pensionnat 'indien' a été ouvert
en 1931 à Fort
George ; ainsi, au moins deux générations des
Premières Nations du
Québec ayant vécu des périodes importantes de leur
vie dans les
pensionnats autochtones se côtoient encore à ce jour.
« Une autre différence marquante est le
fait qu'une proportion
importante des Premières Nations au Québec, en
particulier celles qui
ne sont pas signataires de la Convention de la Baie-James et du Nord
québécois, emploient le français comme
première ou seconde langue
d'usage. Cette situation a des répercussions significatives sur
les
solidarités entre peuples autochtones. La barrière
linguistique rend
plus difficile la communication entre les femmes autochtones du
Québec
et, entre celles-ci et leurs soeurs du reste du Canada. Ceci peut
notamment empêcher la mise en commun de ressources et de
stratégies
culturellement adaptées pour la prévention de la violence
et le
mieux-être
dans les communautés.
« Le contexte institutionnel du Québec
possède également ses
particularités. Jusqu'à une époque récente,
les congrégations
religieuses géraient les services de santé et les
services sociaux,
ainsi que les services éducatifs. Elles ont joué un
rôle prépondérant
dans l'éducation, l'offre de soins aux malades et la protection
de
l'enfance jusqu'aux
années 1960. C'est à cette époque que
l'État prend progressivement le
contrôle des établissements qui assurent ces services. Par
exemple,
en 1960 les congrégations religieuses possèdent
toujours 104
établissements, soit 35 % des hôpitaux du
Québec, et sont responsables
de la régie interne de 23 hôpitaux laïques.
« De la même manière, les enfants
dits 'illégitimes', les orphelins
et les jeunes contrevenants sont, jusqu'aux années 1960,
pris en charge
par les congrégations religieuses, qui privilégient le
placement en
institution. Ailleurs au Canada, la protection de l'enfance est depuis
longtemps sous la responsabilité d'agences laïques
mandatées par
l'État, qui privilégient le placement des enfants dans
des familles
d'accueil ou leur adoption. Ce contexte socio-historique particulier
fait en sorte que les impacts de la colonisation ont pu être
vécus
différemment au Québec.
« Sur le plan de la sécurité
publique, il importe aussi de
mentionner que le Québec est la province qui compte le plus de
corps
policiers autochtones autonomes. Ainsi, lorsque des femmes autochtones
subissent de la violence au Québec, les services de police
autochtones
sont souvent ceux qui sont appelés à agir comme
intervenants de
première
ligne. »
Le rapport supplémentaire décrit
l'expérience coloniale de la
situation particulière des femmes et des filles autochtones au
Québec
en présentant le contexte historique et social dans lequel sont
commis
des crimes contre elles. Il informe également de l'ampleur du
problème
des FFADA et des solutions potentielles. Les cas de différentes
victimes
sont également relatés. Il se termine par 21 Appels
à la justice
adressés au gouvernement du Québec.
Pour lire le Rapport complémentaire sur le
Québec, cliquer ici.
Défense
des
droits
de
traité
en
Colombie-Britannique
Ce qui suit est un
compte-rendu du Conseil et du Chef
de la Première
Nation de Blueberry River sur leur décision de saisir à
nouveau la Cour
suprême de la Colombie-Britannique d'une poursuite historique sur
les
impacts cumulatifs – tel que publié sur leur site web
le 24.
Le procès des impacts cumulatifs du
Traité 8, Première Nation de Blueberry River c. la
Province de
Colombie-Britannique, a débuté le 27 mai à la
Cour suprême de
Colombie-Britannique.
Le Chef et le Conseil ont dit :
« La Première Nation de Blueberry River a
été obligée de retourner
devant les tribunaux pour faire respecter ses droits de traité
contre
la Province de la Colombie-Britannique. [...] Nous avons recours au
tribunal parce que nous voulons protéger nos droits de
traité et nos
futures générations contre les impacts d'un
développement accru sur
notre
territoire.
« Notre nation était prête à
négocier et à travailler en
collaboration avec le gouvernement pour en arriver à une
résolution de
la crise des impacts cumulatifs sur notre territoire, cependant le
gouvernement provincial a adopté une position unilatérale
sur la
question du développement du pétrole et du gaz sur notre
territoire et
nous avons dû à
nouveau porter l'affaire devant les tribunaux.
« Plutôt que de continuer sur la voie de la
réconciliation et de
négocier une solution, nous sommes forcés de demander une
injonction
pour protéger nos droits de traité et interdire tout
empiètement des
terres sur notre territoire jusqu'à ce que nos droits de
traité soient
respectés.
« En vertu du Traité 8, le
gouvernement a le droit de saisir des
terres à des fins de colonisation, mais a aussi la
responsabilité de
protéger notre mode de vie. C'était là
l'engagement fondamental du
Traité 8.
« Nous avons poursuivi notre mode de vie Dane-Zaa
axé sur la chasse,
la trappe et la pêche depuis plusieurs générations,
même si pendant ce
temps notre territoire était colonisé et
développé.
« Mais l'équilibre a disparu.
« Maintenant, plus de 73 % de notre
territoire est à 250 mètres
d'une coupe à blanc, d'un puits de pétrole et de gaz,
d'une usine de
transformation, d'une route, d'un barrage ou d'une infrastructure
industrielle quelconque. Les rivières, les ruisseaux et le
muskeg
s'assèchent, les pierres à lécher sont en voie de
disparition. La
faune sur laquelle nous comptons est en voie de disparition. Il ne nous
reste presque plus d'espace pour la chasse, la trappe et la pêche
et
pour vivre en paix dans les endroits que nous avons toujours connus
comme appartenant au peuple Dane-Zaa.
« Ce n'est pas ce que nos ancêtres ont
accepté en signant le Traité 8.
« C'est une cause historique qui nous permet
d'établir qu'il y a
des limites au droit du gouvernement de saisir des terres sur notre
territoire en vertu du Traité 8, et que la limite a
été atteinte. Nous
allons demander que la Cour fasse respecter la restriction des droits
de la Couronne sur notre territoire en vertu du
Traité 8. »
Historique du procès de la Première
Nation de Blueberry River sur les impacts cumulatifs c. la province de
Colombie-Britannique
Carte des projets de gaz naturel dans le nord de la
Colombie-Britannique. Les territoires
de la première nation
Blueberry
sont dans le haut de la carte à droite. Cliquer sur
l'image pour l'agrandir.
Historique : le coin
abandonné de la Colombie-Britannique et les nations
abandonnées
Il y a un peu plus de cent ans que le gouvernement
canadien a
cherché le consentement des ancêtres de la Première
Nation de Blueberry
River (PNBR) et d'autres nations de Traité 8 à la
colonisation de notre
territoire qui avait été occupé par notre peuple
depuis de nombreuses
générations. Nos ancêtres ne voulaient pas donner
leur
consentement sauf si le gouvernement s'engageait à ce que notre
mode de
vie, axé sur la chasse, la pêche et la trappe partout sur
notre
territoire, soit préservé, même s'il y avait
colonisation. La Couronne
nous avait fait une promesse solennelle. Cette promesse était la
fondation même du Traité 8.
Aujourd'hui, cependant, la Première Nation de
Blueberry River
déclare que cette promesse a été rompue. En raison
d'une colonisation
et d'un développement rapides, nous avons perdu des
régions
primordiales telles que Peace River, Charlie Lake et Montney. Nous
avons été de plus en plus déplacés, alors
que notre peuple tente
d'exercer ses
droits de traité promis, entouré d'une des plus grandes
densités de
perturbation industrielle de la Colombie-Britannique. Notre territoire
est en train de devenir méconnaissable.
La Première Nation de Blueberry River est l'une
des nations du
Traité 8 à prendre position contre cet assaut
incontrôlé de
perturbation de notre environnement.
En 2015, nous avons entrepris une action civile
contre le
gouvernement de la Colombie-Britannique déclarant que l'ampleur
du
développement industriel autorisé par le gouvernement de
la
Colombie-Britannique avait dépassé les limites, et que
leurs membres ne
pouvaient plus poursuivre leurs activités traditionnelles telles
qu'assurées par
le traité - « aussi longtemps que le soleil luit et que la
rivière
coule ».
Nous avons recours aux tribunaux afin de faire respecter
le Traité 8
et empêcher l'empiètement accru de nos terres
jusqu'à ce que nos droits
de traité soient respectés.
Un aperçu de la perturbation
Selon l'Atlas des perturbations cumulatives de
l'environnement sur le territoire traditionnel des PNBR de 2016,
il y a déjà :
- 110 300 km.de formations linéaires (y
compris des routes, des
lignes de transmission, des lignes sismiques et des oléoducs)
existant
sur 38 327 km2 du territoire – ou 2,88 km de
perturbation linéaire par
kilomètre carré.
- des régions où la perturbation
linéaire est beaucoup plus élevée
(variant entre 6,1 et 12 km par km2 tandis que dans certaines
régions
elle peut atteindre 24 km par km2)
-19 974 puits de pétrole et de gaz
dont 36 % sont actifs. Plusieurs
de ces puits sont maintenant « abandonnés », et
personne n'est chargé
du nettoyage ou de l'enlèvement puisque les compagnies viennent,
font
de l'argent ou font faillite, et quittent.
- En tout, 73 % de la région sur le
territoire traditionnel de la
PNBR est à une distance de 250 mètres d'une perturbation
industrielle,
et approximativement 84 % du territoire est à une
distance de 500
mètres d'une perturbation industrielle.
- Ajoutons que des régions qui jadis
constituaient les principaux
territoires de la nation sont maintenant des terres agricoles
– 28 % du
territoire de la PNBR est zoné ou converti en Réserve de
terres
agricoles (RTA).
- Aussi, deux barrages hydroélectriques, le
W.A.C. Bennett et le
Peace Canyon, sont sur le territoire traditionnel de la PNBR, et la
construction d'un troisième barrage, le Site C, a
commencé.
Comme dans la plus grande partie de la
Colombie-Britannique, il
existe une industrie forestière dans le nord-est. Mais
contrairement à
d'autres régions de la Colombie-Britannique, les pratiques
forestières
n'ont pas beaucoup évolué dans cette région depuis
les années 1980.
Ici, les mesures visant à protéger la faune et la
forêt ancienne
n'ont pas été adoptées, et les mesures de base en
foresterie telles que
le reverdissement ne sont pas obligatoires. Le code territorial de
Blueberry est une zone de foresterie à forte intensité.
Pire encore,
moins de 1 % du territoire de la PNBR est
protégé – il n'y a donc pas
de régions essentielles qu'on peut déclarer hors
d'atteinte du
développement, ou qui peut servir d'habitat essentiel pour les
espèces
et les écosystèmes qui permettent à la PNBR de
jouir de ses droits de
traité de façon significative.
Il y a beaucoup d'autres indications que tout ne va pas
pour le mieux en ce qui concerne la terre et l'eau ici :
Les ours grizzly et le caribou boréal sont
extirpés de leur zone
traditionnelle dans ce coin sud du territoire boréal de la
Colombie-Britannique. Ce qui reste de caribou sur le territoire des
Blueberry disparaît à toute vitesse, et sans action
immédiate il
disparaîtra sans doute à tout jamais. Les politiques
gouvernementales
et le développement ont
provoqué une baisse du nombre d'orignaux, et ceux que nous
trouvons
sont souvent malades ou impropres à la consommation. Les membres
de la
Première Nation refusent de boire l'eau en raison de la senteur
provenant des hydrocarbures versés dans l'air et de l'usage
intensif de
l'eau pour la fracturation dans l'extraction du gaz. On hésite
à
consommer des animaux qui sont peut-être passés par des
régions
contaminées. Et la séismicité induite – le terme
scientifique pour la
création de séismes par les humains – est à la
hausse. La page spéciale
du site web de l'Office du pétrole et du gaz de la
Colombie-Britannique
révèle qu'au cours des 14 mois de surveillance
(en 2013-2014)) il y a eu 231 événements
séismiques 'induits' sur le
territoire principal des Blueberry.
Pour quelle raison le territoire traditionnel de la PNBR
est-il si gravement touché ?
Sous la forêt boréale et le muskeg existent
des gisements de gaz de
schiste parmi les plus grands au monde, et depuis 15 ans il y a un
développement intense pour déterminer qui peut mettre la
main sur ce
marché. Plus de 80 % du territoire principal de la
PNBR est déjà
occupé, alors que des droits sont accordés aux
compagnies pour l'extraction du gaz. De récentes annonces sur le
développement du gaz naturel liquéfié sur la
côte de la
Colombie-Britannique sont d'importants incitatifs pour le
développement
de ce combustible émetteur à forte intensité de
gaz à effet de serre,
et indiquent que le rythme et l'intensité du
développement du gaz vont
se poursuivre
au cours des prochaines décennies. Malgré cela, il n'y a
toujours pas
de régions protégées ni de régions
hors-limites au développement. Des
mesures de réparation urgentes sont requises – il faut s'occuper
de
l'immense empreinte écologique qui est déjà
présente, et plus
rapidement qu'une empreinte nouvelle ne se forme, si on veut permettre
à la
terre de se réparer plus vite qu'elle ne se
détériore. Ce travail ne
peut être remis à plus tard.
De récents rapports gouvernementaux
confirment le problème
Le forestier en chef de la Colombie-Britannique a
reconnu que
l'essentiel du territoire des Blueberry a été
coupé à blanc de façon
disproportionnelle au cours des dernières années
(87 % de la récolte
régionale provient du coeur du territoire des Blueberry.) Selon
les
dossiers de l'Office national de l'énergie, des milliers de
nouveaux
puits
et une vaste infrastructure liée au gaz et au pétrole
font partie de
projets devant se développer à même le territoire
principal des
Blueberry, dont le sous-sol est le bassin de gaz North Montney. Ce
développement s'ajoute au développement intensif qui a
déjà eu lieu
(voir le résumé des données de l'Atlas plus haut.)
Le vérificateur
général de la
Colombie-Britannique a récemment confirmé l'ampleur du
désastre
environnemental et écologique sur le territoire des Blueberry et
dans
le nord-est de la province, alors que des dizaines de milliers de puits
ont été abandonnés et d'autres laissés sans
entretien. Le projet du
gouvernement d'électrifier les champs gaziers ne pourra
qu'engendrer un
développement et une infrastructure accrus dans la région.
Historique des négociations et du
procès
Bien que nous soyons déterminés et
prêts à nous battre sur le
plan juridique pour protéger nos droits de traité et ceux
des
générations futures, nous espérions pouvoir
l'éviter.
Les Blueberry ont tout fait cette année pour
collaborer avec la
province de la Colombie-Britannique pour commencer à traiter des
impacts cumulatifs du développement pétrolier, gazier,
forestier et
autre sur notre territoire. Comme nous en avons rendu compte à
nos
familles, nous avions fait des pas dans la bonne direction et sur
plusieurs
questions. Notre nation avait espoir que des efforts fondés sur
la
bonne volonté des deux parties allaient nous éviter
d'avoir recours aux
tribunaux pour qu'ils imposent des mesures pour faire respecter nos
droits de traité.
Cependant, à la suite des pressions de
l'industrie
pétrolière et gazière, le gouvernement nous a
imposé une position à prendre ou à laisser,
défaisant des mois d'efforts pour développer une solution
collaborative et une meilleure gestion du développement à
venir. Le gouvernement est revenu à son approche d'agir «
comme d'habitude », par l'approbation expéditive d'un plus
grand développement pétrolier et gazier sur notre
territoire.
En dépit de la reconnaissance par le
gouvernement, les
scientifiques, les Premières Nations et le public que les
bassins
hydrographiques où le peuple de Blueberry vit depuis
d'innombrables
générations ont été gravement
touchés par le développement, en
particulier au cours des vingt dernières années, la
province force
notre nation à en faire la
preuve devant ce tribunal pendant plusieurs mois.
La Couronne avait pris un engagement fondamental envers
nos
grands-parents en adhérant au Traité 8 : que
nos futures générations
pourraient toujours exercer nos droits de traité sur un
territoire
capable de nous soutenir et de soutenir la faune et les cours d'eau
dont nous dépendons. Plutôt que de reconnaître cet
engagement
fondamental, la Couronne nie que le traité nous fournit quelque
protection que ce soit contre les impacts cumulatifs du
développement.
Le territoire sur lequel nous vivons, et sur lequel
nous, nos
parents et nos grands-parents ont toujours compté est
aujourd'hui
développé au point qu'il nous devient
méconnaissable. Il ne nous reste
presque rien à transmettre à nos futures
générations.
Les terres, les cours d'eau et la faune que nous luttons
pour
préserver et restaurer sont essentiels à la santé
de nos générations
présentes et à venir.
Nous ne voyons pas en quoi le fait de nous forcer
à entreprendre
cette démarche est conforme à l'engagement du
gouvernement provincial
envers l'adoption et la mise en oeuvre de la Déclaration des
Nations
unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), et envers les
Appels à l'action de la Commission de vérité et
réconciliation.
Nous rappelons une fois de plus à quel point nous
sommes déçus
d'être obligés de dépenser du temps et de l'argent
précieux dans une
démarche juridique alors que nous préférerions
continuer le vrai
travail, celui de résoudre cette crise.
Les Britanniques rejettent le
néoligéralisme et l'impérialisme
La visite d'État du président des
États-Unis Donald Trump en Grande-Bretagne, du 3 au 5
juin, a suscité une opposition du début à la fin.
Non seulement le président des États-Unis
n'a-t-il pas été invité à s'adresser aux
Chambres du Parlement, ce qui est significatif, mais les Britanniques
de tous les coins du pays ont déclaré que la visite
d'État n'est pas en leur nom. En juillet l'an
dernier, 250 000 personnes avaient manifesté dans le
centre de Londres pour déclarer
que Trump n'était pas le bienvenu au pays. C'est le même
esprit qui s'est exprimé en 2019. Que ce soit lors du
carnaval de résistance de masse qui a eu lieu au Trafalgar
Square et qui a attiré 75 000 personnes qui ont
ensuite rempli Whitehall, ou les manifestations qui ont
été organisées dans plusieurs villes grandes et
petites, ou
la prise de position des résidents de Portsmouth lorsque Trump
s'est joint aux représentants de l'État britannique pour
les commémorations du Jour J, il est clair que le peuple a
parlé en son nom, et non pour démontrer à quelque
commentateur marginal que Donald Trump est dénoncé et
méprisé.
La manifestation du 4 juin à Trafalgar
Square a été un moment de grande importance,
organisé par Tous contre Trump, qui est un front uni de la
Coalition pour arrêter Trump et de Tous debout contre Trump. Elle
a réuni toute une gamme de groupes de campagne et de syndicats
telle la Campagne pour le désarmement nucléaire et la
Coalition pour arrêter la guerre, les syndicats Unite et Unison.
Confiantes, des dizaines de milliers de personnes ont marché sur
la rue Whitehall jusqu'à la scène érigée
aussi près de Downing Street que les autorités l'ont
permis. Si dense était la foule qu'il était presque
impossible de bouger et d'autres personnes n'ont cessé de se
joindre dans le
cours du rassemblement.
Aucune foule ne s'est rassemblée pour
voir passer le cortège d'automobiles de Trump
|
Les sujets des conversations entre Trump et le
gouvernement britannique, et d'autres encore, étaient
représentés sur les slogans et les nombreuses pancartes
affichées par les manifestants, et par les contingents
présents au Trafalgar Square, qui affirmaient les
différents droits du peuple, démontrant ainsi que le
peuple est bien capable d'établir son
propre ordre du jour.
L'urgent appel à l'établissement d'un
gouvernement antiguerre, mis de l'avant par les militants du contingent
du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne
(marxiste-léniniste) et d'autres activistes antiguerre,
exprimait
la
signification d'être ensemble contre Trump, une tâche du
présent qui sauvegarde l'avenir et qui représente les
aspirations du peuple qui s'oppose à Trump. On peut dire que
le gouvernement britannique et l'administration Trump sont tous deux
des gouvernements proguerre. Non seulement est-ce le cas, mais le
thème du Jour J, du 6 juin, représente
l'héroïsme et la lutte des peuples pour la paix contre la
pire réaction pour qui la guerre et l'agression priment sur
tout. Il est clair que les peuples doivent bâtir leurs
propres institutions nationales et internationales pour atteindre leur
but.
Une des demandes centrales était que Trump et les
multinationales américaines enlèvent leurs pattes du
Service national de santé (NHS). Lors de sa conférence de
presse avec la première ministre Theresa May, Trump a dit que
dans tout accord de commerce
entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, le NHS va faire
partie de l'enchère comme tout le reste, avant
de se rétracter plus tard. Le chat était tout de
même sorti du sac. Même avant le point de presse, le
Congrès des syndicats britanniques (TUC) avait
déclaré que « Notre NHS n'est pas à
vendre ! »
Dans son discours au rassemblement à Whitehall,
la secrétaire générale du TUC, Frances O'Grady, a
déclaré avec grande fermeté : « Les
grandes entreprises pharmaceutiques ont tellement hâte de mettre
la main sur notre NHS. Et Trump va appuyer ces vautours corporatifs de
toutes ses forces. Nous ne devons jamais accepter un système
de santé à l'américaine dans lequel les gens
ordinaires perdent leur système de santé pour que des
dirigeants super riches raflent des milliards. Transmettons donc un
message clair au président Trump et à quiconque se
retrouvera à Downing Street dans quelques semaines. Notre NHS
n'est pas à vendre. »
Elle a ajouté : « Nous ne devrions pas
dérouler le tapis rouge pour un homme qui répand
délibérément la peur et les
préjugés, qui prend le parti des suprémacistes
blancs, des néofascistes et de ceux qui haïssent les
femmes,
et qui sépare les familles et met les enfants dans des
cages. »
Plusieurs autres personnes ont pris la parole, dont des
jeunes qui ont parlé de leur avenir et de la
nécessité de s'opposer à l'irresponsabilité
des Trump et May de ce monde en ce qui concerne les changements
climatiques. Mark Serwotka, du Syndicat des services publics et
commerciaux, a défendu avec passion le NHS et le personnel qui
provient de tant de pays du monde et à qui le NHS doit tant. Les
orateurs ont exprimé la passion et l'engagement de plusieurs
sections du peuple à s'opposer à ce que Trump
représente.
Un fait saillant du rassemblement a été le
discours du dirigeant du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, qui a bien
exprimé le sentiment des participants. Il a dit qu'il ne faut
pas se limiter à exposer les caractéristiques
outrageusement négatives et arriérées de Donald
Trump - son racisme, sa misogynie, son bellicisme, etc. - bien qu'il
n'ait pas
mâché ses mots au sujet de l'ordre du jour que suit le
régime Trump.
« Parce que le racisme divise, que l'exploitation
des minorités divise, crée la haine, l'aversion, le
dédain et une place horrible où vivent les
individus », a dit Jeremy Corbin. « Parce que lorsque
vous avez créé cette haine, que vous avez détruit
l'estime de soi des personnes avec cette forme de racisme, que vous
n'avez pas créé un seul
logis, formé une seule infirmière ou défendu
l'environnement naturel, vous avez créé un sentiment de
haine plus prononcé qui accompagne ces choses. »
Mais ce qui a été le plus applaudi par
cette portion de l'humanité qui était là pour
s'opposer à cet ordre du jour, ce fut l'appel à ce que le
peuple lui-même affirme ses droits, travaille ensemble à
un monde meilleur. « Pensez-y s'il-vous-plaît, pensez
à un monde qui se donne comme objectif la paix et le
désarmement, qui défait le racisme et la
misogynie », a-t-il dit, avant de terminer son discours en
exhortant tout un chacun à se joindre au travail pour
créer ce monde.
Les manifestants étaient déterminés
à accomplir leur plan de marcher vers Parliament Square, en
dépit du fait que les autorités bloquaient la route
menant de Downing Street au Square, et ils ont entrepris de marcher
vers le Parlement en passant par les quais. Un autre rassemblement
militant y a eu lieu, malgré les fréquentes
ondées, et l'espace
plus ouvert offrait l'occasion de discuter, notamment avec de jeunes
Américains qui insistaient pour dire que Trump ne les
représente pas. Il est clair que cette manifestation de
personnes de tous milieux, avec un grand nombre de bannières et
de pancartes créatives, a exprimé que Trump
n'était pas le bienvenu, et que le peuple doit établir
son
propre ordre du jour et bâtir le mouvement pour s'investir du
pouvoir. Plusieurs centaines de copies de la déclaration du
Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne
(marxiste-léniniste) ont été distribuées,
bien reçues
et lues sérieusement.
Un mur à Portsmouth qui empêchait les gens de s'opposer
à la participation de Trump aux commémorations du Jour J
Le jour suivant, le 5 juin, un rassemblement
important a eu lieu à Portsmouth pour dénoncer Trump et
sa présence aux commémorations du Jour J. Les
autorités avaient même construit un mur pour
empêcher les personnes ordinaires de participer aux
activités du 75e anniversaire. En plus de protester contre
Trump et d'affirmer la
nécessité d'un gouvernement antiguerre, de nombreuses
personnes ont rendu hommage aux vétérans du Jour J au
cénotaphe et gardé une minute de silence en leur honneur.
Londres, 4 juin 2019
Newcastle, 3 juin 2019
Portsmouth, 5 juin 2019
(Photos: Workers'
Weekly, Stop Trump, O. Jones, B.
Birchall, L. Abravenal, A. Womack, I.
Infantis, M. Roberts, M. Saleem)
Le recours aux «moyens
diplomatiques» pour forcer un changement de régime
- Margaret Villamizar -
Piquetage contre la rencontre du Groupe de Lima à Ottawa,
le 4 février 2019
Les pays du Groupe de Lima[1],
créé pour aider les États-Unis à atteindre
leur objectif de changement
de régime au Venezuela, se sont réunis le 6 juin au
Guatemala. La déclaration émise à l'issue de la
rencontre peut être considérée
comme une nouvelle tentative désespérée de
dissimuler la litanie
d'échecs des États-Unis, qui agissent par le biais de
leur marionnette Juan Guaido et du
gouvernement
parallèle qu'on dit dirigé par lui. Elle regorge de
diatribes faisant
écho aux mensonges émanant des États-Unis qui
tentent de lier le
gouvernement vénézuélien et le président
Nicolás Maduro à la «
corruption, au trafic de drogue et à la criminalité
transnationale
organisée » et à la protection sur le
territoire vénézuélien d'«
organisations terroristes et de groupes armés
illégaux ».
La déclaration rejette la proposition faite par
le président Maduro
le 20 mai de la tenue d'élections législatives
anticipées en vue de
dissiper la crise politique au Venezuela et de trouver une « voie
politique, constitutionnelle et démocratique ». Au
lieu de cela, le Groupe de Lima demande la tenue de nouvelles
élections présidentielles pour remplacer le
président Maduro, comme s'il avait le droit de dicter aux
Vénézuéliens qui ils peuvent et ne peuvent pas
élire. Des
élections à
l'Assemblée nationale devaient se tenir en 2020, mais
depuis trois ans cette instance est déclarée coupable
d'outrage à la Cour
suprême et que toutes ses
décisions sont « nulles et non avenues »,
après qu'elle a défié une
ordonnance judiciaire visant à renvoyer trois
députés accusés de fraude
électorale lors des élections de
décembre 2015, entre autres. De plus, plusieurs de ses
membres sont présentement détenus, ont fui le pays ou
sont passés à la clandestinité, accusés de
participation active au coup d'État échoué du 30
avril.
La déclaration appelle ensuite avec arrogance
quatre pays, dont Cuba, « qui
soutiennent toujours le régime illégitime de
Maduro », à faire partie
des intrigues du groupe de Lima qu'elle présente comme la
solution à la
crise que le groupe alimente lui-même.
Dans ce qui a
été considéré comme un enregistrement
secret, fuité par le Washington
Post et rendu public le 5 juin, le
secrétaire d'État américain Mike Pompeo,
s'adressant à un groupe de
personnes à New York à huis clos, exprime sa frustration
face à ses
efforts pour travailler avec l'opposition
vénézuélienne divisée. Pompeo
a dit que la stratégie américaine visant à se
débarrasser du président
Maduro était désormais centrée sur Cuba et sur la
recherche d'un moyen
de « couper ses liens » avec le Venezuela. «
Nous
travaillons
d'arrache-pied pour réaliser cela », a-t-il
déclaré.
Juste avant que les propos de Pompeo ne soient
révélés, les
États-Unis avaient renforcé leur blocus punitif contre
Cuba en
annonçant de nouvelles restrictions drastiques sur les voyages
à Cuba à
partir des États-Unis, interdisant l'accostage des navires de
croisière
dans les ports cubains et interdisant l'accès aux voyages
éducatifs et
culturels de
peuple-à-peuple, qui sont les formes de voyage les plus
populaires à
Cuba pour les citoyens américains et ceux qui s'y rendent
à partir des
États-Unis.
C'est dans ce contexte que la ministre des Affaires
étrangères du
Canada, Chrystia Freeland, s'est investie du rôle de la bonne
policière
pour tenter de convaincre Cuba que ses intérêts seraient
mieux servis
en « coupant les liens » avec le Venezuela. Il n'est
pas
inconcevable que la suspension par le Canada des services de traitement
des visas à La Havane, obligeant les Cubains à se rendre
dans un pays
tiers à cette fin, serve de levier dans ce projet.
Le 7 juin, le lendemain de la rencontre, la ministre
Freeland a rencontré à Toronto le ministre cubain des
Relations extérieures Bruno Rodriguez Parrilla. A l'issue de
cette réunion, Freeland a
évoqué en conférence de
presse ce qu'elle a appelé « une convergence
internationale autour de
la nécessité d'une transition pacifique au Venezuela
débouchant sur des
élections libres et équitables et le retour à la
démocratie », et a
déclaré que « Cuba aura un rôle à
jouer dans cela ». Ses
paroles étaient censées donner l'impression qu'elle avait
réussi à
amener Cuba à renoncer à sa position de principe
consistant à défendre
le droit souverain du peuple vénézuélien de
décider de ses propres
affaires sans ingérence étrangère et à se
joindre à une clique de
gouvernements qui font les quatre volontés des
États-Unis. Tout cela
dans le but
de tenter de renverser le président constitutionnellement
élu du
Venezuela, Nicolás Maduro, ce que le gouvernement libéral
qualifie de «
transition pacifique vers la démocratie ». Elle a agi
ainsi en dépit du
fait que le ministère cubain des Relations extérieures
avait clairement
indiqué, dans une déclaration publiée quelques
jours auparavant,
que son soutien de principe au président Maduro et à la
révolution
bolivarienne n'était « pas négociable ».
Peu importe l'intensité avec laquelle les forces
qui fomentent le
changement de régime disent qu'elles s'opposent à
l'intervention
militaire et oeuvrent à une « transition pacifique vers la
démocratie », elles sont déjà
engagées dans un violent assaut contre le
peuple vénézuélien sous la forme d'un blocus
économique, financier et
commerciale implacable qui cause la mort de personnes faute de
traitement médical. Elles prônent également une
explosion sociale qui
servira à justifier que le Venezuela soit qualifié
d'État défaillant
qui nécessite une « intervention humanitaire ».
Cela ne doit pas passer.
Notes
1. Le Groupe de Lima réunit
une minorité de pays de l'Organisation des États
américains et a été créé dans le
seul but d'imposer un changement de régime au Venezuela. Il
comprend l'Argentine, le
Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le
Guatemala,
le Honduras, le Panama, le Paraguay, le Pérou et un
représentant de la
marionnette américaine Juan Guaido qui prétend
représenter le Venezuela.
Concert à Ottawa
Tambours pour la paix au Venezuela
Samedi 22 juin - 19 h
Quaker Meeting House, 91A Fourth Ave.
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Le 2 juin, la ministre des Affaires
étrangères, Chrystia Freeland, a annoncé que le
Canada fermerait temporairement son ambassade au Venezuela. Dans sa
déclaration,
Freeland a dit : «
Malheureusement, à la fin de ce mois-ci, les diplomates
canadiens au Venezuela ne seront plus en mesure d'obtenir une
accréditation diplomatique sous le régime de Maduro, et
leurs visas vont arriver à échéance. Pour cette
raison, nous n'avons d'autre choix que de temporairement suspendre
notre opération à l'ambassade du Canada au
Venezuela. » Elle a aussi affirmé que le Canada
« évaluerait aussi le statut » de diplomates
vénézuéliens au Canada nommés par le
président Maduro.
Cette action agressive du gouvernement canadien est la
continuation de sa participation aux tentatives dirigées par les
États-Unis d'imposer un changement de
régime au Venezuela. Durant la réunion du Groupe de Lima
à Ottawa le 4 février, le Canada a présenté
une proposition d'utiliser les moyens diplomatiques pour forcer un
changement de régime et renverser le gouvernement
démocratiquement
élu du président Maduro. Prétendre qu'il s'agit de
défendre la démocratie au Venezuela est le comble du
ridicule.
Prétendre
que le Canada n'a pas d'autre choix est tout à fait
malhonnête. Selon les informations obtenues de l'ambassade du
Venezuela au Canada, Affaires mondiales a commencé à
refuser des visas en janvier de cette année en ne renouvelant
pas le visa du consul du Venezuela à Vancouver. Cela fait
partie d'un plan systématique d'ingérence dans les
activités légitimes de diplomates
vénézuéliens au Canada en forçant la
fermeture des consulats de Vancouver, de Toronto et de Montréal.
Sans aucun doute, cette nouvelle crise des relations
diplomatiques entre le Canada et le Venezuela fait partie de l'assaut
dirigé par les États-Unis et mené contre le
Venezuela, et est un prélude au recours à la force.
Prétendre que c'est le « régime Maduro qui a pris
les mesures pour limiter la capacité des ambassades en fonction
au
Venezuela » est d'une hypocrisie sans bornes.
Le ministre des Relations extérieures de Cuba,
Bruno Rodriguez
Parrilla, a été accueilli vendredi dernier [7 juin] par
l'honorable Chrystia
Freeland, la ministre des Affaires étrangères du Canada,
au cours d'une
visite de travail du ministre cubain au Canada. Cette réunion
est la
suite d'une réunion précédente qui a eu lieu entre
les deux ministres
des
Affaires étrangères à la Havane le 16 mai
dernier.
Le ministre des Relations extérieures de Cuba a
réitéré auprès de
son homologue canadienne la préoccupation des autorités
cubaines au
sujet de la suspension de l'octroi de visas aux citoyens cubains au
consulat canadien à la Havane. Il a expliqué que cette
décision a déjà
des répercussions sur les échanges dans plusieurs
domaines des
relations
bilatérales, en particulier sur les familles cubaines, les
familles
canadiennes et les familles mixtes, qui doivent entamer une lourde
procédure pour obtenir un visa, par exemple la
nécessité de voyager
dans un tiers pays, ce qui comporte des risques plus
élevés pour leur
sécurité et des coûts plus élevés. Il
a aussi réitéré qu'il n'y a pas
la moindre
preuve de risque qui pourrait mettre en danger la
sécurité des
diplomates du Canada ou de tous autres pays basés à la
Havane. Il a
aussi ajouté qu'il n'existe aucune raison qui puisse justifier
le
retrait ou la réduction du personnel de la mission diplomatique
canadienne à la Havane.
À la réunion, au cours de laquelle
d'autres aspects liés aux
relations bilatérales ont aussi été
discutées, Rodriguez Parrilla a
encore une fois fait part de sa reconnaissance pour la position
adoptée
par le gouvernement canadien contre l'application de la Loi
Helms-Burton ainsi que pour l'appui traditionnel du Canada à
la Résolution contre
le blocus adoptée à chaque année par
l'Assemblée générale des Nations unies.
Lors de la réunion, les deux ministres ont
échangé au sujet de la
situation régionale et internationale. Le ministre cubain des
Relations
extérieures a réitéré la solidarité
ferme et indéfectible de Cuba
envers le président Nicolas Maduro Moros, la République
bolivarienne du
Venezuela et l'union civique et militaire de son peuple et a
appelé la
ministre canadienne à appuyer l'initiative d'un dialogue
respectueux
avec le gouvernement vénézuélien fondé sur
les principes du droit
international et les énoncés de la Proclamation de
l'Amérique latine et
des Caraïbes en tant que zone de paix, en particulier le rejet du
recours à la force ou la menace du recours à la force,
l'égalité dans
la
souveraineté et la non-ingérence dans les affaires
internes des États
et la mise en oeuvre de mesures coercitives unilatérales qui
occasionnent des dommages humanitaires.
Le ministre cubain des Relations extérieures
était accompagné de
Josefina Vidal Ferreiro, l'ambassadrice cubaine au Canada, et d'autres
représentants du ministère des Relations
extérieures de Cuba.
Était aussi présent à la
réunion Michael Douglas Grant, le sous-ministre des Affaires
étrangères du Canada.
- Le Gouvernement
révolutionnaire de Cuba -
Le Gouvernement révolutionnaire de la
République de Cuba rejette avec la plus grande fermeté
les mesures annoncées par le Gouvernement des États-Unis
le 4 juin 2019, visant à renforcer le blocus
économique qui nous est imposé depuis plus de 60
ans, et qui jusqu'en 2018 a provoqué des préjudices
à l'économie
cubaine calculés à plus 134 milliards de dollars
à prix courant, soit 933 milliards de dollars compte tenu de la
dévaluation du dollar face à la valeur de l'or sur le
marché international.
D'après ce que l'on a pu savoir, cette
nouvelle escalade amorcée le 5 juin est venue renforcer les
restrictions déjà sévères imposées
aux citoyens des États-Unis pour se rendre à Cuba,
à quoi s'ajoutent des interdictions absolues pour les navires de
toutes sortes
en provenance des États-Unis et interdit de manière
immédiate aux navires de
croisière de visiter notre pays.
L'intention reste la même : arracher des
concessions politiques à la nation cubaine, en étouffant
l'économie et en causant des dommages au niveau de la
population. Dans ce cas particulier, les mesures visent
également à empêcher le peuple des
États-Unis de connaître la réalité cubaine
et, par conséquent, de contrecarrer l'effet de la
propagande diffamatoire déversée chaque jour contre notre
pays.
Ces actions font fi de l'opinion majoritaire des
citoyens des États-Unis, dont l'intérêt à
connaître Cuba et à exercer leur droit de voyager a
été confirmé par les voyages de 650 000
personnes qui nous ont rendu visite en 2018, dont un demi-million
de Cubains vivant aux États-Unis.
Le 17 avril, le Conseiller à la
sécurité nationale John Bolton, à l'occasion d'une
mise en scène anticubaine qui incluait la présence de
mercenaires vaincus à Playa Giron et de parents des sbires de la
tyrannie de Fulgencio Batista, avait averti que son gouvernement
restreindrait les déplacements non familiaux vers Cuba. Comme
chacun
sait, cet individu a réussi à prendre en otage la
politique étrangère des États-Unis pour
l'hémisphère occidental, ce qui constitue la principale
menace à la paix et à la stabilité dans toute la
région.
Les États-Unis prônent sans aucun scrupule
la doctrine Monroe, à travers laquelle ils entendent nier
l'égalité souveraine et le droit à
l'autodétermination de chaque nation du continent.
Les récentes attaques contre Cuba se fondent sur
de prétextes. Le plus connu d'entre eux est l'accusation
calomnieuse selon laquelle Cuba intervient militairement au Venezuela,
un mensonge qui a été rejeté publiquement et de
manière soutenue par le gouvernement cubain.
Ils vont jusqu'à proposer sans vergogne à
Cuba de trahir ses convictions et les principes qui ont
présidé à la politique étrangère de
la Révolution cubaine, en échange de promesses de
négociation ou d'allégement des mesures draconiennes et
criminelles découlant du blocus économique.
La solidarité de Cuba avec le président
constitutionnel Nicolas Maduro Moros, la Révolution bolivarienne
et chaviste, et l'union civique et militaire de son peuple n'est pas
négociable. Les plus de 20 000 coopérants
cubains qui fournissent volontairement et généreusement
des services sociaux dans ce pays, la plupart dans le secteur
de la santé, y resteront tant qu'ils seront accueillis par le
peuple vénézuélien, dans le cadre de notre
coopération avec cette nation soeur.
Pour nous, les Cubains, la trahison n'est pas une
option. Nous ne sommes pas naïfs, ce sont
déjà 150 ans d'une lutte ardue pour notre
indépendance, et nous avons dû affronter dès le
premier jour les ambitions hégémoniques de
l'impérialisme étasunien.
Cuba ne se laissera pas intimider, ni détourner
des tâches essentielles et urgentes du développement de
notre économie et de la construction du socialisme.
Étroitement unis, nous parviendrons à faire face aux
adversités les plus rudes. Ils ne pourront ni nous
étouffer, ni nous arrêter.
(5 juin 2019)
- Institut cubain pour l'amitié
avec les peuples -
Conférence de solidarité internationale, 2
mai 2019, La Havane
À la Conférence de solidarité
internationale pour la paix mondiale et contre la guerre qui a eu lieu
le 2 mai à La Havane, les peuples du monde ont
convergé pour exprimer d'une seule voix leur revendication de
paix mondiale. Ils ont condamné la Loi Helms-Burton et
ont exigé que cesse le blocus économique, commercial et
financier imposé à Cuba depuis soixante ans par le
gouvernement des États-Unis, ainsi que le retour du territoire
occupé illégalement par la base navale américaine
à Guantanamo.
C'est dans ce contexte que Fernando Gonzalez Llort, le
président
de l'Institut cubain de l'amitié avec les peuples (ICAP) a
invité tous les participants et le
mouvement de solidarité avec Cuba dans son ensemble à
participer à une conférence hémisphérique
de solidarité anti-impérialiste pour la démocratie
et contre le néolibéralisme à La Havane du 1
au 3 novembre 2019. « Peu importe l'obscurité
qui couvre notre chemin, la réponse du peuple cubain sera de
résister et nous
obtiendrons toujours la victoire », a dit Gonzalez. Dans
l'appel à l'événement, il est dit : «
Sans négliger ou s'éloigner des ordres du jour
spécifiques des nombreuses luttes que mènent nos
organisations et nos mouvements, nous sommes conscients qu'il ne sera
pas possible de confronter les ennemis de nos peuples de façon
isolée,
dispersée. »
Ainsi, on invite « les réseaux et les
organisations du continent, les mouvements populaires et les forces
politiques de gauche, le mouvement de solidarité, les mouvements
de campesinos, de femmes, de féministes, de syndicalistes et de
travailleurs marginalisés, les environnementalistes, les
mouvements étudiants et de la jeunesse, religieux,
autochtones, ethniques, régionaux et LGBT... tous les secteurs
engagés dans la lutte pour arrêter l'avance de la droite
néolibérale, pour bâtir et défendre un
projet émancipateur commun. » Le deuxième
appel à la Conférence hémisphérique est
publié intégralement plus bas.
LML lance l'appel les Canadiens à
s'organiser
pour participer à cette conférence qui servira de lieu
important de convergence pour tous ceux qui luttent pour le changement
social chez eux et en appui à ceux qui partagent une lutte
commune à l'étranger.
Texte de l'appel
Lorsque
la
Journée
continentale
pour
la
démocratie
et
contre
le
néo-libéralisme
a
été
initiée
en
2015,
les
mouvements
sociaux
et
populaires
et
les
réseaux
d’organisations régionales ont promu le développement de
liens fondés sur l’œcuménisme et le pluralisme ayant
comme principaux objectifs le consensus, la défense de la
démocratie, la souveraineté et l’intégration des
peuples, ainsi que la lutte contre la libre-échange et
l’expansion des transnationales dans la région.
Ces
dernières
années,
nous
avons
pu
observer
une
résurgence
du
néolibéralisme
conservateur
sur
le
continent,
caractérisée
par
le
pillage
de
la
propriété
commune,
l’exploitation
et la
précarisation du travail, l’endettement massif, la
dépendance sur le système financier international, les
crises migratoires, environnementales et alimentaires, le
fondamentalisme religieux, l’effritement et même la destruction
de la démocratie formelle, la criminalisation et la
judiciarisation de la politique, l’assassinat de dirigeants sociaux, la
guerre médiatique, les attaques contre les organisations
progressistes et populaires, les discours et les actes haineux, le
racisme, la xénophobie, la discrimination, le manque total de
respect envers les droits humains et l’impunité absolue qui
sous-tend tous ces abus.
Sans
négliger
ni
s’éloigner
des
ordres
du
jour
spécifiques
des
nombreuses
luttes
dans
lesquelles
nos
organisations
et
nos
mouvements
sont
engagés,
nous
sommes
conscients
qu’il ne sera pas possible de confronter les ennemis de nos
peuples dans l’isolement, dans la dispersion de façon
isolée, dispersée.
Les
formes
organisationnelles
que
nous
cultivons
aujourd’hui
par
ce
processus
rassembleur
et
d’unification
ne
suffisent
pas
pour
contribuer
à
cet
effort
pour
renouer
les liens. C’est pourquoi nous avons
convoqué des réseaux et des organisations du continent,
les mouvements populaires et les forces politiques de gauche, le
mouvement de solidarité, les mouvements de campesinos, de
femmes, de féministes, de syndicalistes et de travailleurs
marginalisés, les environnementalistes, les mouvements
étudiants et de la jeunesse, religieux, autochtones, ethniques,
régionaux et LGBT… tous les secteurs engagés dans la
lutte
pour arrêter l’avance de la droite néolibérale,
pour bâtir et défendre un projet émancipateur
commun.
Nous
avons
convoqué
la
Conférence
hémisphérique
de
solidarité
anti-impérialiste
pour
la
démocratie
et
contre
le
néo-libéralisme
qui
aura
lieu
à
la
Havane,
à
Cuba,
du 1 au 3 novembre 2019.
Le
deuxième
appel
à
la
Conférence
anti-impérialiste
pour
la
démocratie
et
contre
le
néo-libéralisme,
que
nous
avons
convoquée
en
janvier
dernier,
est
aussi
lancé
au Mouvement de
solidarité avec Cuba de notre hémisphère pour
appuyer les justes causes auquel il est engagé et pour
consolider l’unité de lutte et de résistance contre
l’escalade agressive et fasciste de la politique impérialiste
dirigée par le gouvernement des États-Unis,
entraînant dans leur sillage les oligarques et les gouvernements
dociles à leurs intérêts. Plusieurs activistes du
mouvement de solidarité sont aussi engagés dans des
luttes sociales. Aussi un grand nombre d’organisations participent
à nos plateformes, comme la Journée continentale pour la
démocratie et contre le néolibéralisme en soi,
tout en étant très actives dans le mouvement de
solidarité avec Cuba, ce qui nous consolide de part et d’autre.
Nous
vous
invitons
à
participer
à
cet
événement
et
de
vous
en
servir
pour
témoigner
de
notre
volonté
de
nous
battre,
de
notre
solidarité et de notre victoire, et pour
consolider et élargir nos liens au maximum avec le plus grand
nombre et la plus grande diversité d’organisations, de
mouvements et d’expressions sociales qui trouvent leurs racines dans
nos pays, à la base de nos organisations.
Nous
voulons
nous
réunir
à
la
Havane
pour
promouvoir
un
ordre
du
jour
stratégique
commun
et
un
plan
d’action
pour
toute
l’hémisphère
à
la défense de la
démocratie et de la justice sociale pour nos peuples, où
la solidarité avec toutes les causes justes est une arme
essentielle.
Il
est
nécessaire
de
développer
des
stratégies
de
communication
afin
de
participer
de
manière
efficace
à
la
bataille
des
idées,
élargir
et
consolider
la convergence
des médias de nos organisations et de nos méthodes de
combat, surmonter les différences et nous engager à
l’unité dans l’action fondée sur le dialogue sur les
traditions, les différentes expériences accumulées
et les alternatives émergentes.
Les
organisations
sociales,
politiques
et
de
masse
cubaines
et
l’Institut
cubain
d’amitié
avec
les
peuples
offrent
à
nouveau
un
territoire
symbolisant
la
rébellion,
la résistance et les
alternatives, un espace de confiance, de solidarité et
d’engagement pour développer la lutte.
Journée continentale
pour la démocratie et
contre le néolibéralisme
Chapitre cubain des Mouvements sociaux
Institut cubain d'amitié avec les peuples
Pour confirmer votre participation à la
rencontre, veuillez envoyer un message aux adresses
électroniques suivantes : enc.jornada2019@gmail.com /
icap@icap.cu
(Traduction: LML.
Photo: Prensa Latina)
Argentine
- Miranda Jolie -
Les rues de Buenos Aires sont vides pendant la grève
générale du 29
mai 2019 contre l'offensive néolibérale antisociale
du gouvernement
Macri.
Mercredi le 29 mai, les travailleurs de
l'Argentine ont organisé
leur cinquième grève générale contre
l'administration néolibérale du
président Mauricio Macri depuis qu'il a pris le pouvoir
en 2015. La
grève, qui a duré 24 heures, a été
organisée par la Confédération
générale du travail (CGT), la principale organisation
syndicale du pays.
Les transports publics ont été
paralysés toute la journée et aucun
vol domestique ou international n'a quitté ou atterri aux
aéroports
principaux du pays. Les classes de l'élémentaire, du
secondaire et du
niveau universitaire ont été interrompues, et il en a
été de même des
services bancaires et des services public de santé car tous les
travailleurs de
ces secteurs se sont joints à la grève. Les membres des
mouvements
sociaux et d'autres personnes se sont joints aux travailleurs membres
des 70 syndicats qui ont manifesté dans les rues. Des
activistes ont
fourni de la nourriture gratuitement dans de grosses marmites pour
illustrer à quel point les Argentins ont faim à cause des
sévères
mesures d'austérité qui ont été
imposées par le gouvernement et le Fond
monétaire international (FMI).
Dans un pays comme l'Argentine, qui a une fière
tradition de
syndicalisme, les grèves générales sont
perçues comme des messages
clairs aux présidents sortants, bien que l'importante
réduction des
travailleurs syndiqués ces dernières années ait eu
comme effet que
l'impact de ces grèves n'est pas ce qu'il a déjà
été. De plus, en dépit
de ces
grèves générales, le mouvement ouvrier est loin
d'être uni. Il existe
plusieurs lignes de division et des factions au sein du leadership avec
leurs propres objectifs et ordres du jour différents.
Néanmoins, la
situation est si grave que les syndicats ont trouvé le moyen
d'agir de
concert et de s'unir pour contester massivement
l'austérité imposée par
le
gouvernement Macri et le FMI. Maintenant, le gouvernement cherche
à
négocier avec divers dirigeants de la CGT et de la Centrale des
travailleurs d'Argentine, la deuxième plus grande organisation
syndicale du pays, afin d'éviter le déclenchement d'une
autre grève
générale avant la fin de l'année.
Un scénario inquiétant
Manifestation d'enseignants et d'étudiants le 16 mai 2019 contre
les coupures à l'éducation
L'Argentine vit présentement une situation
économique consternante
(l'activité économique a chuté de 6,8 %
de mars 2018 à mars 2019) et il
n'y a aucun signe de reprise et d'amélioration à
l'horizon. Selon
l'Observatoire de la dette étrangère de
l'Université métropolitaine
pour l'éducation et le travail, la dette publique
de l'Argentine atteint approximativement 332 milliards de dollars
US et
représente 86,2 % du PIB. La dette extérieure
en représente la plus
grande partie, et le gouvernement Macri a ajouté 187
milliards à la
dette extérieure du pays depuis qu'il a pris le pouvoir
en 2015. Selon
les résolutions du ministère des
Finances, le gouvernement a honteusement renoncé à la
souveraineté du
pays sur ses ressources naturelles en les utilisant comme garanties
pour assurer leur tribut aux détenteurs de la dette
extérieure d'une
manière ou d'une autre.
D'autre part, les élections
générales auront lieu en octobre et les
observateurs étrangers et locaux ont les yeux rivés sur
l'Argentine et
sa dette. Il y a deux résultats possibles à ces
élections en ce moment,
selon les différents sondages. L'un serait la
réélection de
l'administration actuelle et la continuation du désastreux
modèle
économique que
Macri et les oligarques qui sont derrière lui ont imposé
au pays. Le
deuxième serait l'élection de l'opposition,
dirigée par le mouvement
péroniste, avec Alberto Fernandez comme président et
l'ancienne
présidente Cristina Fernandez de Kirchner comme
vice-présidente, qui
tentera de changer ce modèle contre un modèle plus
axé sur la
revitalisation
du marché domestique et de l'activité industrielle.[1]
La préoccupation de l'oligarchie
financière est que l'Argentine ne
remboursera pas ses dettes, bien que les candidats potentiels assurent
qu'elle le fera. Afin d'obtenir une mesure de sauvetage de 56
milliards
de dollars U.S. du FMI, le gouvernement Macri s'est engagé
à réaliser
un budget équilibré en 2019 et un surplus
en 2020 en imposant de sévères mesures d'ajustement
structurel. En
dépit de ce scénario faussement optimiste décrit
par le gouvernement
afin de vendre son ordre du jour antisocial et antinational, les
experts économiques s'entendent pour dire que les mesures
d'austérité
du FMI sont là pour rester au moins pour dix autres
années. Cela
présume évidemment que les travailleurs ne vont pas
réussir à s'organiser pour réaliser leurs propres
revendications basées sur leur position qu'assez c'est
assez et s'organiser pour mettre fin à cette situation par
laquelle
toutes les ressources du pays sont appropriées par les riches.
La réponse sociale
Les rues de Buenos Aires durant la grève générale
de 24 heures le 6
avril 2017 contre les politiques néolibérales du
gouvernement Macri,
qui coïncidait avec l'ouverture du Forum économique mondial
sur
l'Amérique latine dans cette ville
Depuis la formation de Cambiemos (Changeons), l'alliance
électorale
entre le Parti Proposition républicaine de Macri et l'Union
civique
radicale, en préparation de l'élection de 2015, la
situation sociale se
détériore de plus en plus, selon différents
indicateurs. Par exemple,
au cours de la dernière année, la pauvreté s'est
accrue
de 32 % et l'emploi a baissé de 2,2 %
Un autre indicateur de la dégradation de la
situation sont les
actions et manifestations successives. La plus récente est la
grève
générale du 29 mai. Les arrêts de travail et
les manifestations vont
sans doute se poursuivre dans les différents secteurs de
l'économie.
Ces dernières années, le peuple, les
travailleurs et les syndicats
argentins sont descendus dans la rue pour non seulement s'opposer au
modèle économique axé sur
l'austérité de Macri et de son gouvernement,
mais aussi pour exiger la restauration de la négociation
collective et
la réduction des impôts des travailleurs qui ont perdu une
grande
partie de leur pouvoir d'achat en raison d'un taux d'inflation
de 54 %,
des augmentations continuelles des tarifs des services publics et d'une
importante dévaluation monétaire. Pour bien saisir
l'ampleur du
problème, il suffit de mentionner les manifestations qui ont
aussi lieu
dans la communauté scientifique, qui a subi un redressement
brutal, alors que les programmes de prêts et bourses dans le
domaine de
la recherche ont chuté dramatiquement depuis 2015.
« La tactique de la grève
générale a été suivie parce qu'il n'y a
pas eu de réponse, aucune réaction du gouvernement
à nos
revendications », a dit Hugo Moyano, le dirigeant d'une des
branches de
la Confédération générale du travail.
« Il y a une grande
insatisfaction vis-à-vis le gouvernement. Plusieurs travailleurs
ont
voté pour ce
gouvernement parce qu'il devait se débarrasser des impôts
sur le
revenu. Ils lui ont fait confiance, mais cette fois ils ne feront pas
la même erreur », a dit Moyano en pensant aux
prochaines élections
du 27 octobre.
D'autres dirigeants syndicaux se sont aussi
exprimés à ce sujet,
tels Hugo Yasky, le secrétaire général de la
Centrale des travailleurs
d'Argentine, qui a dit que « la grève du 29 mai
laisse espérer qu'en
octobre nous allons voter et défaire ce gouvernement qui
confirme
l'échec lamentable de la droite argentine ».
Il a dit que l'alliance Changement de Macri s'est
d'abord promue
comme une « expression du modernisme, mais nous a en fait
ramenés au
même désastre et à la même destruction du
néolibéralisme dans les
années 90 ».
Note
1. Le péronisme fait référence au
mouvement politique argentin basé sur l'idéologie de
l'ancien président Juan Domingo Peron, qui remonte à
1946, date à laquelle Peron a été élu pour
ce premier des trois mandats. Les « trois drapeaux » du
péronisme seraient la justice sociale, l'indépendance
économique et la souveraineté politique.
(Sources: TeleSUR,
Trading Economics, AFP)
Forum public à Toronto le 15 juin
Toronto
Samedi 15
juin 2019
-
de 14
h
à 18
h
Centre
communautaire
TNG, 349,
rue
Ontario
Organisé par la
Commission de vérité sur la Corée (section
canadienne)
et la Fédération coréenne au Canada
Pour plus d'information
appeler au 416-768-1107 ou écrire à corfedca@yahoo.ca
Conférencier
principal : professeur Kiyul Chung, rattaché au 21st
Century Institute, à Washington, et professeur associé
auprès de l'Université Kim Il Sung, à Pyongyang,
en RPDC
Tout le monde est chaleureusement invité à
un forum
public sur la lutte pour la paix, la sécurité et la
dénucléarisation de la péninsule
coréenne à l'occasion du 19e anniversaire de
l'historique Déclaration conjointe Nord-Sud du 15
juin 2000 signée par la République populaire
démocratique de Corée (RPDC) et la République de
Corée (RdC).
Ce forum a lieu dans le contexte des récents
développements, notamment la Déclaration de Panmunjom
entre la RPDC et la RdC en avril 2018 et les sommets
RPDC-États-Unis qui ont suivi, soit celui de Singapour en
juin 2018 et de Hanoï en février 2019. Ces
développements ont ouvert la voie à une nouvelle
ère de paix
dans la péninsule coréenne et à la normalisation
des relations entre la RPDC et les États-Unis en
établissant un processus de mesures réciproques pour
mettre fin à l'histoire passée d'hostilité et de
confrontation. Cependant, les progrès vers une solution
basée sur l'intérêt mutuel ont été
bloqués par l'insistance de la partie américaine sur les
demandes
unilatérales de démantèlement de la
capacité de défense légitime de la RPDC.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)
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