Un rapport complémentaire sur le Québec
Dans le cadre de son rapport final, l'Enquête
nationale sur les
filles et femmes autochtones disparues et assassinées publie un
rapport
supplémentaire distinct sur le Québec. Ce rapport est le
produit de la
Commission d'enquête provinciale sur les femmes autochtones
disparues
et assassinées au Québec. Le gouvernement du
Québec du premier
ministre de l'époque, Philippe Couillard, a annoncé la
création de la
commission le 9 août 2016, six jours après le
lancement de l'Enquête
nationale. L'Enquête nationale a décidé de publier
le rapport de la
commission du Québec « afin d'accorder une attention
particulière au
phénomène de la violence faite aux femmes et aux filles
des
Premières Nations au Québec. Ce rapport se veut
complémentaire au
rapport de l'Enquête nationale, qui inclus une analyse plus
détaillée
par rapport aux réalités des Inuits au Canada ainsi qu'au
Québec ».
L'introduction explique également un certain
nombre de différences
entre les expériences vécues au Québec et dans le
reste du Canada,
notamment les barrières linguistiques et culturelles, le
contexte
politique et socio-historique, la Convention de la Baie James et du
Nord québécois en 1975, l'expérience unique
des institutions
religieuses,
la gestion des services sanitaires, sociaux et éducatifs, ainsi
que le
traitement des orphelins, des jeunes contrevenants et des enfants
considérés comme « illégitimes »
et leur placement dans des
institutions à caractère religieux. Une autre
différence citée est que les
corps policiers autochtones vers lesquels les victimes de violence se
tournent
d'abord pour obtenir de l'aide sont plus nombreux au Québec.
Par exemple, l'introduction au Rapport
complémentaire sur le Québec souligne :
« Le contexte
socio-historique et politique du Québec est différent
du contexte canadien. La Convention de la Baie James et du Nord
québécois (CBJNQ) en 1975 et celle de la Convention
du Nord-Est
québécois en 1978. Ces deux traités
représentent des traités dits
'modernes', mais il existe d'autres traités conclus entre la
Couronne et les Premières Nations qui sont applicables sur le
territoire que l'on appelle aujourd'hui le Québec, par exemple
le
Traité Huron-Britannique de 1760 et le traité
d'Oswegatchie. »
« Les conséquences de la colonisation et de
la sédentarisation ont
débuté rapidement après l'arrivée des
Européens, mais les autres
politiques génocidaires se produisent parfois à
différentes époques de
l'histoire du Québec, même s'ils représentent
plusieurs des mêmes
conséquences pour les communautés autochtones à
travers le Canada. Par
exemple, le premier pensionnat 'indien' a été ouvert
en 1931 à Fort
George ; ainsi, au moins deux générations des
Premières Nations du
Québec ayant vécu des périodes importantes de leur
vie dans les
pensionnats autochtones se côtoient encore à ce jour.
« Une autre différence marquante est le
fait qu'une proportion
importante des Premières Nations au Québec, en
particulier celles qui
ne sont pas signataires de la Convention de la Baie-James et du Nord
québécois, emploient le français comme
première ou seconde langue
d'usage. Cette situation a des répercussions significatives sur
les
solidarités entre peuples autochtones. La barrière
linguistique rend
plus difficile la communication entre les femmes autochtones du
Québec
et, entre celles-ci et leurs soeurs du reste du Canada. Ceci peut
notamment empêcher la mise en commun de ressources et de
stratégies
culturellement adaptées pour la prévention de la violence
et le
mieux-être
dans les communautés.
« Le contexte institutionnel du Québec
possède également ses
particularités. Jusqu'à une époque récente,
les congrégations
religieuses géraient les services de santé et les
services sociaux,
ainsi que les services éducatifs. Elles ont joué un
rôle prépondérant
dans l'éducation, l'offre de soins aux malades et la protection
de
l'enfance jusqu'aux
années 1960. C'est à cette époque que
l'État prend progressivement le
contrôle des établissements qui assurent ces services. Par
exemple,
en 1960 les congrégations religieuses possèdent
toujours 104
établissements, soit 35 % des hôpitaux du
Québec, et sont responsables
de la régie interne de 23 hôpitaux laïques.
« De la même manière, les enfants
dits 'illégitimes', les orphelins
et les jeunes contrevenants sont, jusqu'aux années 1960,
pris en charge
par les congrégations religieuses, qui privilégient le
placement en
institution. Ailleurs au Canada, la protection de l'enfance est depuis
longtemps sous la responsabilité d'agences laïques
mandatées par
l'État, qui privilégient le placement des enfants dans
des familles
d'accueil ou leur adoption. Ce contexte socio-historique particulier
fait en sorte que les impacts de la colonisation ont pu être
vécus
différemment au Québec.
« Sur le plan de la sécurité
publique, il importe aussi de
mentionner que le Québec est la province qui compte le plus de
corps
policiers autochtones autonomes. Ainsi, lorsque des femmes autochtones
subissent de la violence au Québec, les services de police
autochtones
sont souvent ceux qui sont appelés à agir comme
intervenants de
première
ligne. »
Le rapport supplémentaire décrit
l'expérience coloniale de la
situation particulière des femmes et des filles autochtones au
Québec
en présentant le contexte historique et social dans lequel sont
commis
des crimes contre elles. Il informe également de l'ampleur du
problème
des FFADA et des solutions potentielles. Les cas de différentes
victimes
sont également relatés. Il se termine par 21 Appels
à la justice
adressés au gouvernement du Québec.
Pour lire le Rapport complémentaire sur le
Québec, cliquer ici.
Cet article est paru dans
Volume 49
Numéro 22 - 8 juin 2019
Lien de l'article:
Rapport
complémentaire sur le Québec
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|