Le recours aux «moyens
diplomatiques» pour forcer un changement de régime
D'autres mesures désespérées du Groupe de Lima
- Margaret Villamizar -
Piquetage contre la rencontre du Groupe de Lima à Ottawa,
le 4 février 2019
Les pays du Groupe de Lima[1],
créé pour aider les États-Unis à atteindre
leur objectif de changement
de régime au Venezuela, se sont réunis le 6 juin au
Guatemala. La déclaration émise à l'issue de la
rencontre peut être considérée
comme une nouvelle tentative désespérée de
dissimuler la litanie
d'échecs des États-Unis, qui agissent par le biais de
leur marionnette Juan Guaido et du
gouvernement
parallèle qu'on dit dirigé par lui. Elle regorge de
diatribes faisant
écho aux mensonges émanant des États-Unis qui
tentent de lier le
gouvernement vénézuélien et le président
Nicolás Maduro à la «
corruption, au trafic de drogue et à la criminalité
transnationale
organisée » et à la protection sur le
territoire vénézuélien d'«
organisations terroristes et de groupes armés
illégaux ».
La déclaration rejette la proposition faite par
le président Maduro
le 20 mai de la tenue d'élections législatives
anticipées en vue de
dissiper la crise politique au Venezuela et de trouver une « voie
politique, constitutionnelle et démocratique ». Au
lieu de cela, le Groupe de Lima demande la tenue de nouvelles
élections présidentielles pour remplacer le
président Maduro, comme s'il avait le droit de dicter aux
Vénézuéliens qui ils peuvent et ne peuvent pas
élire. Des
élections à
l'Assemblée nationale devaient se tenir en 2020, mais
depuis trois ans cette instance est déclarée coupable
d'outrage à la Cour
suprême et que toutes ses
décisions sont « nulles et non avenues »,
après qu'elle a défié une
ordonnance judiciaire visant à renvoyer trois
députés accusés de fraude
électorale lors des élections de
décembre 2015, entre autres. De plus, plusieurs de ses
membres sont présentement détenus, ont fui le pays ou
sont passés à la clandestinité, accusés de
participation active au coup d'État échoué du 30
avril.
La déclaration appelle ensuite avec arrogance
quatre pays, dont Cuba, « qui
soutiennent toujours le régime illégitime de
Maduro », à faire partie
des intrigues du groupe de Lima qu'elle présente comme la
solution à la
crise que le groupe alimente lui-même.
Dans ce qui a
été considéré comme un enregistrement
secret, fuité par le Washington
Post et rendu public le 5 juin, le
secrétaire d'État américain Mike Pompeo,
s'adressant à un groupe de
personnes à New York à huis clos, exprime sa frustration
face à ses
efforts pour travailler avec l'opposition
vénézuélienne divisée. Pompeo
a dit que la stratégie américaine visant à se
débarrasser du président
Maduro était désormais centrée sur Cuba et sur la
recherche d'un moyen
de « couper ses liens » avec le Venezuela. «
Nous
travaillons
d'arrache-pied pour réaliser cela », a-t-il
déclaré.
Juste avant que les propos de Pompeo ne soient
révélés, les
États-Unis avaient renforcé leur blocus punitif contre
Cuba en
annonçant de nouvelles restrictions drastiques sur les voyages
à Cuba à
partir des États-Unis, interdisant l'accostage des navires de
croisière
dans les ports cubains et interdisant l'accès aux voyages
éducatifs et
culturels de
peuple-à-peuple, qui sont les formes de voyage les plus
populaires à
Cuba pour les citoyens américains et ceux qui s'y rendent
à partir des
États-Unis.
C'est dans ce contexte que la ministre des Affaires
étrangères du
Canada, Chrystia Freeland, s'est investie du rôle de la bonne
policière
pour tenter de convaincre Cuba que ses intérêts seraient
mieux servis
en « coupant les liens » avec le Venezuela. Il n'est
pas
inconcevable que la suspension par le Canada des services de traitement
des visas à La Havane, obligeant les Cubains à se rendre
dans un pays
tiers à cette fin, serve de levier dans ce projet.
Le 7 juin, le lendemain de la rencontre, la ministre
Freeland a rencontré à Toronto le ministre cubain des
Relations extérieures Bruno Rodriguez Parrilla. A l'issue de
cette réunion, Freeland a
évoqué en conférence de
presse ce qu'elle a appelé « une convergence
internationale autour de
la nécessité d'une transition pacifique au Venezuela
débouchant sur des
élections libres et équitables et le retour à la
démocratie », et a
déclaré que « Cuba aura un rôle à
jouer dans cela ». Ses
paroles étaient censées donner l'impression qu'elle avait
réussi à
amener Cuba à renoncer à sa position de principe
consistant à défendre
le droit souverain du peuple vénézuélien de
décider de ses propres
affaires sans ingérence étrangère et à se
joindre à une clique de
gouvernements qui font les quatre volontés des
États-Unis. Tout cela
dans le but
de tenter de renverser le président constitutionnellement
élu du
Venezuela, Nicolás Maduro, ce que le gouvernement libéral
qualifie de «
transition pacifique vers la démocratie ». Elle a agi
ainsi en dépit du
fait que le ministère cubain des Relations extérieures
avait clairement
indiqué, dans une déclaration publiée quelques
jours auparavant,
que son soutien de principe au président Maduro et à la
révolution
bolivarienne n'était « pas négociable ».
Peu importe l'intensité avec laquelle les forces
qui fomentent le
changement de régime disent qu'elles s'opposent à
l'intervention
militaire et oeuvrent à une « transition pacifique vers la
démocratie », elles sont déjà
engagées dans un violent assaut contre le
peuple vénézuélien sous la forme d'un blocus
économique, financier et
commerciale implacable qui cause la mort de personnes faute de
traitement médical. Elles prônent également une
explosion sociale qui
servira à justifier que le Venezuela soit qualifié
d'État défaillant
qui nécessite une « intervention humanitaire ».
Cela ne doit pas passer.
Notes
1. Le Groupe de Lima réunit
une minorité de pays de l'Organisation des États
américains et a été créé dans le
seul but d'imposer un changement de régime au Venezuela. Il
comprend l'Argentine, le
Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le
Guatemala,
le Honduras, le Panama, le Paraguay, le Pérou et un
représentant de la
marionnette américaine Juan Guaido qui prétend
représenter le Venezuela.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 22 - 8 juin 2019
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Le recours aux «moyens
diplomatiques» pour forcer un changement de régime: D'autres mesures désespérées du Groupe de Lima - Margaret Villamizar
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