Les Britanniques rejettent le néoligéralisme et l'impérialisme

De grandes manifestations expriment le mépris
pour le président américain

La visite d'État du président des États-Unis Donald Trump en Grande-Bretagne, du 3 au 5 juin, a suscité une opposition du début à la fin.

Non seulement le président des États-Unis n'a-t-il pas été invité à s'adresser aux Chambres du Parlement, ce qui est significatif, mais les Britanniques de tous les coins du pays ont déclaré que la visite d'État n'est pas en leur nom. En juillet l'an dernier, 250 000 personnes avaient manifesté dans le centre de Londres pour déclarer que Trump n'était pas le bienvenu au pays. C'est le même esprit qui s'est exprimé en 2019. Que ce soit lors du carnaval de résistance de masse qui a eu lieu au Trafalgar Square et qui a attiré 75 000 personnes qui ont ensuite rempli Whitehall, ou les manifestations qui ont été organisées dans plusieurs villes grandes et petites, ou la prise de position des résidents de Portsmouth lorsque Trump s'est joint aux représentants de l'État britannique pour les commémorations du Jour J, il est clair que le peuple a parlé en son nom, et non pour démontrer à quelque commentateur marginal que Donald Trump est dénoncé et méprisé.

La manifestation du 4 juin à Trafalgar Square a été un moment de grande importance, organisé par Tous contre Trump, qui est un front uni de la Coalition pour arrêter Trump et de Tous debout contre Trump. Elle a réuni toute une gamme de groupes de campagne et de syndicats telle la Campagne pour le désarmement nucléaire et la Coalition pour arrêter la guerre, les syndicats Unite et Unison. Confiantes, des dizaines de milliers de personnes ont marché sur la rue Whitehall jusqu'à la scène érigée aussi près de Downing Street que les autorités l'ont permis. Si dense était la foule qu'il était presque impossible de bouger et d'autres personnes n'ont cessé de se joindre dans le cours du rassemblement.

Aucune foule ne s'est rassemblée pour voir passer le cortège d'automobiles de Trump

Les sujets des conversations entre Trump et le gouvernement britannique, et d'autres encore, étaient représentés sur les slogans et les nombreuses pancartes affichées par les manifestants, et par les contingents présents au Trafalgar Square, qui affirmaient les différents droits du peuple, démontrant ainsi que le peuple est bien capable d'établir son propre ordre du jour.

L'urgent appel à l'établissement d'un gouvernement antiguerre, mis de l'avant par les militants du contingent du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste) et d'autres activistes antiguerre, exprimait la signification d'être ensemble contre Trump, une tâche du présent qui sauvegarde l'avenir et qui représente les aspirations du peuple qui s'oppose à Trump. On peut dire que le gouvernement britannique et l'administration Trump sont tous deux des gouvernements proguerre. Non seulement est-ce le cas, mais le thème du Jour J, du 6 juin, représente l'héroïsme et la lutte des peuples pour la paix contre la pire réaction pour qui la guerre et l'agression priment sur tout. Il est clair que les peuples doivent bâtir leurs propres institutions nationales et internationales pour atteindre leur but.

Une des demandes centrales était que Trump et les multinationales américaines enlèvent leurs pattes du Service national de santé (NHS). Lors de sa conférence de presse avec la première ministre Theresa May, Trump a dit que dans tout accord de commerce entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, le NHS va faire partie de l'enchère comme tout le reste, avant de se rétracter plus tard. Le chat était tout de même sorti du sac. Même avant le point de presse, le Congrès des syndicats britanniques (TUC) avait déclaré que « Notre NHS n'est pas à vendre ! »

Dans son discours au rassemblement à Whitehall, la secrétaire générale du TUC, Frances O'Grady, a déclaré avec grande fermeté : « Les grandes entreprises pharmaceutiques ont tellement hâte de mettre la main sur notre NHS. Et Trump va appuyer ces vautours corporatifs de toutes ses forces. Nous ne devons jamais accepter un système de santé à l'américaine dans lequel les gens ordinaires perdent leur système de santé pour que des dirigeants super riches raflent des milliards. Transmettons donc un message clair au président Trump et à quiconque se retrouvera à Downing Street dans quelques semaines. Notre NHS n'est pas à vendre. »

Elle a ajouté : « Nous ne devrions pas dérouler le tapis rouge pour un homme qui répand délibérément la peur et les préjugés, qui prend le parti des suprémacistes blancs, des néofascistes et de ceux qui haïssent les femmes, et qui sépare les familles et met les enfants dans des cages. »

Plusieurs autres personnes ont pris la parole, dont des jeunes qui ont parlé de leur avenir et de la nécessité de s'opposer à l'irresponsabilité des Trump et May de ce monde en ce qui concerne les changements climatiques. Mark Serwotka, du Syndicat des services publics et commerciaux, a défendu avec passion le NHS et le personnel qui provient de tant de pays du monde et à qui le NHS doit tant. Les orateurs ont exprimé la passion et l'engagement de plusieurs sections du peuple à s'opposer à ce que Trump représente.

Un fait saillant du rassemblement a été le discours du dirigeant du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, qui a bien exprimé le sentiment des participants. Il a dit qu'il ne faut pas se limiter à exposer les caractéristiques outrageusement négatives et arriérées de Donald Trump - son racisme, sa misogynie, son bellicisme, etc. - bien qu'il n'ait pas mâché ses mots au sujet de l'ordre du jour que suit le régime Trump.

« Parce que le racisme divise, que l'exploitation des minorités divise, crée la haine, l'aversion, le dédain et une place horrible où vivent les individus », a dit Jeremy Corbin. « Parce que lorsque vous avez créé cette haine, que vous avez détruit l'estime de soi des personnes avec cette forme de racisme, que vous n'avez pas créé un seul logis, formé une seule infirmière ou défendu l'environnement naturel, vous avez créé un sentiment de haine plus prononcé qui accompagne ces choses. »

Mais ce qui a été le plus applaudi par cette portion de l'humanité qui était là pour s'opposer à cet ordre du jour, ce fut l'appel à ce que le peuple lui-même affirme ses droits, travaille ensemble à un monde meilleur. « Pensez-y s'il-vous-plaît, pensez à un monde qui se donne comme objectif la paix et le désarmement, qui défait le racisme et la misogynie », a-t-il dit, avant de terminer son discours en exhortant tout un chacun à se joindre au travail pour créer ce monde.

Les manifestants étaient déterminés à accomplir leur plan de marcher vers Parliament Square, en dépit du fait que les autorités bloquaient la route menant de Downing Street au Square, et ils ont entrepris de marcher vers le Parlement en passant par les quais. Un autre rassemblement militant y a eu lieu, malgré les fréquentes ondées, et l'espace plus ouvert offrait l'occasion de discuter, notamment avec de jeunes Américains qui insistaient pour dire que Trump ne les représente pas. Il est clair que cette manifestation de personnes de tous milieux, avec un grand nombre de bannières et de pancartes créatives, a exprimé que Trump n'était pas le bienvenu, et que le peuple doit établir son propre ordre du jour et bâtir le mouvement pour s'investir du pouvoir. Plusieurs centaines de copies de la déclaration du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste) ont été distribuées, bien reçues et lues sérieusement.


Un mur à Portsmouth qui empêchait les gens de s'opposer à la participation de Trump aux commémorations du Jour J

Le jour suivant, le 5 juin, un rassemblement important a eu lieu à Portsmouth pour dénoncer Trump et sa présence aux commémorations du Jour J. Les autorités avaient même construit un mur pour empêcher les personnes ordinaires de participer aux activités du 75e anniversaire. En plus de protester contre Trump et d'affirmer la nécessité d'un gouvernement antiguerre, de nombreuses personnes ont rendu hommage aux vétérans du Jour J au cénotaphe et gardé une minute de silence en leur honneur.

Londres, 4 juin 2019








Newcastle, 3 juin 2019


Portsmouth, 5 juin 2019

(Photos: Workers' Weekly, Stop Trump, O. Jones, B. Birchall, L. Abravenal, A. Womack, I. Infantis, M. Roberts, M. Saleem)