Numéro 87 - 21 décembre 2020
La motion de la Chambre des communes contre
la Chine
Le retour de l'hystérie du «péril jaune»
- Pauline Easton -
À
titre d'information
• La
motion contre la Chine
Qui décide ce qui constitue une menace à la
sécurité nationale
• C'est
aux Canadiens et non à la police à décider ce
qui constitue une menace à la «sécurité
nationale»
- Anna Di Carlo -
• Des
«évaluations des menaces» d'inspiration
étrangère
contre le Canada
- Pauline Easton -
• Des
évaluations de menaces fondées sur des intérêts
commerciaux
- Nick Lin -
• Les
propos alarmistes au sujet de la chaîne
d'approvisionnement du Canada
• Grande
opération de désinformation de l'Inde
• Un
deuxième juge bloque la tentative de Trump
d'interdire une application chinoise des médiaux
sociaux
La motion de la Chambre des
communes contre la Chine
- Pauline Easton -
La Chambre des communes examine une motion qui
incite à l'hostilité envers la République
populaire de Chine. Les partis cartellisés
s'engagent sur la voie imprudente de faire la
guerre aux prétendues tentatives chinoises de
miner les « institutions démocratiques » du
Canada. Sous prétexte d'« éliminer l'ingérence
étrangère du processus politique du Canada »,
la résolution criminalise les Canadiens et les
résidents permanents d'origine chinoise et, de
manière générale, attise un climat hystérique
raciste antichinois. C'est une reprise de
l'approche raciste et colonialiste qui, au début
du XXe siècle, accusait les personnes originaires
d'Asie de constituer un « péril jaune ». Une
définition du terme « péril jaune » dans le
dictionnaire est : « le pouvoir ou le
prétendu pouvoir des peuples asiatiques de menacer
ou de détruire la suprématie de la civilisation
blanche ou occidentale[1] ».
Selon Wikipédia anglais, c'est « une métaphore
colorée qui présente les peuples d'Asie orientale
comme un danger existentiel pour le monde
occidental[2] ».
La motion mérite également l'attention des
Canadiens pour son mode opératoire insidieux. Le
droit des citoyens et des résidents d'exprimer
leurs opinions sur les affaires internationales
est en train d'être transformé en une question de
personnes « dupées par une puissance
étrangère ». La pratique internationale,
voire le droit, des pays de promouvoir leurs
intérêts économiques, comme le fait le Canada
partout dans le monde, est considérée comme
acceptable pour le Canada et les États-Unis, mais
pas pour la Chine. Au nom de la sécurité
nationale, le Canada, les États-Unis et les autres
pays de l'alliance des services de renseignement
du « Groupe des cinq » peuvent autoriser des
entreprises comme Google, Twitter, Facebook et
d'autres à surveiller leurs citoyens parce que
cela est considéré comme démocratique, mais si la
Chine le fait, c'est considéré comme dictatorial.
De même, la domination de la gouvernance du Canada
par des partis cartellisés, qui servent tous
l'oligarchie financière internationale, est
considérée comme démocratique, tandis que la
domination du Parti communiste de Chine sur la
gouvernance en Chine est considérée comme une
dictature.
Le pouvoir des intérêts privés domine ce discours
qui définit ce qui est dans l'intérêt national du
Canada. Ces intérêts privés se sont emparés de
l'État des États-Unis, auquel ils ont également
subordonné l'État canadien. Ils utilisent leur
appareil de désinformation et leurs budgets pour
mettre tout le poids de l'État à contribution dans
leur effort pour éliminer les concurrents. Les
peuples des pays qui composent le système
impérialiste d'États sont censés prendre parti.
Selon David Vigneault, directeur du Service
canadien du renseignement de sécurité (SCRS), « le
monde devient plus petit et plus concurrentiel, et
les États cherchent naturellement à tirer profit
du moindre avantage pour se positionner en chefs
de file dans une économie mondiale lucrative.
Cette soif de concurrence pousse des acteurs
étatiques hostiles à mobiliser tous les éléments
du pouvoir de l'État pour faire progresser leurs
intérêts nationaux. Cette menace représente le
plus grand danger pour la sécurité nationale du
Canada et peut avoir de terribles répercussions
sur la croissance économique, la capacité
d'innover, la souveraineté et les intérêts
nationaux du pays. C'est la raison pour laquelle
le SCRS échange régulièrement maintenant avec
divers intervenants de l'ensemble du gouvernement
du Canada, du secteur privé et du secteur de la
recherche pour en apprendre davantage et pour les
conseiller sur la nature des menaces éventuelles
afin qu'ils puissent mieux se préparer et protéger
leurs importants travaux[3]. »
Cet aveu que les « intérêts nationaux » du
Canada sont servis par les services de sécurité
qui défendent les intérêts des oligarques
financiers et économiques dans leurs rivalités
pour dominer les marchés et les sphères
d'influence montre dans quelle mesure ils trouvent
eux-mêmes des justifications pour « mobiliser tous
les éléments du pouvoir de l'État » dans le
sens de leur propre positionnement dans cette «
économie mondiale lucrative », poussés par
leur « soif de concurrence ». Cela confirme
la grave menace qui pèse sur les peuples. Dans le
modus operandi établi, cette rivalité ne peut que
conduire à l'agression, à la guerre et à
l'ingérence à l'étranger, et à la répression des
mouvements des peuples au pays et à l'étranger.
Les peuples se battent pour un monde nouveau où
les économies sont organisées de manière à
répondre aux besoins de la population et où les
relations internationales, y compris le commerce,
sont fondées sur l'avantage mutuel et où les
conflits d'intérêts sont résolus de manière
pacifique.
Vigneault félicite le gouvernement d'avoir adopté
la loi de 2017 sur la sécurité nationale, qui
a reçu la sanction royale en juin 2019. Cette
loi a été largement contestée par les Canadiens
lorsqu'elle a été présentée par le gouvernement
Harper, puis adoptée par le gouvernement Trudeau
avec des amendements d'apparence pour faire croire
que les droits étaient protégés. Selon le
directeur du SCRS, les modifications « ont réglé
certains problèmes et conféré au SCRS quelques
nouveaux pouvoirs, mais il reste encore du travail
à faire ». Il appelle plus explicitement à un
renforcement des pouvoirs de police quand il écrit
qu'« il faudra pousser la réflexion plus loin
encore pour faire en sorte que le SCRS dispose des
outils dont un service de renseignement moderne a
besoin dans le contexte de la menace
d'aujourd'hui, et celui de demain ».
Un des exemples de « contexte de la menace
d'aujourd'hui » autour duquel la communauté
de la sécurité crée l'hystérie actuellement est la
prétendue ingérence étrangère dans la distribution
des vaccins de la COVID[4].
Il est important de souligner le rôle
prépondérant, et occulte par définition, des
services de renseignement des « Groupe des cinq »
dans le processus décisionnel. Ces services
agissent comme ils l'entendent sans que les
citoyens ne sachent jamais ce qu'ils font et
comment ils le font. Les décideurs au sein du
gouvernement agissent également comme ils
l'entendent.
En imposant des conceptions de la sécurité, de la
paix et de la démocratie tirées de la période de
la guerre froide, ils montrent que leurs
agissements sont intéressés. Les intérêts que ces
conceptions servent et ceux qui les servent ne
reconnaissent pas, et représentent encore moins,
les membres du corps politique dont les voix ne
sont pas entendues, voire dont les voix sont
totalement absentes de ce qui passe pour débat.
Tous les partis à la Chambre des communes
soutiennent cette motion. Ils se chamaillent sur
des détails, comme à savoir si elle doit être
adoptée ou non avant d'être examinée par le Comité
spécial sur les relations sino-canadiennes, qui
est lui-même un instrument de propagande contre la
Chine et dont le but est de cacher le désespoir de
ceux qui veulent éliminer la Chine comme
concurrent[5].
Notes
1.
Dictionnaire Collins
2. Le
terme « péril jaune » a été inventé en
Europe après la défaite militaire de la Chine
par le Japon en 1895 et a été
initialement appliqué au Japon pour créer une
peur d'invasion face à la montée en force des
puissances d'Asie orientale.
La peur de l'invasion s'est
poursuivie au XXe siècle et a été renforcée
par diverses représentations racistes
d'Orientaux aux allures sinistres dans des
livres et des films. Parmi celles-ci, on peut
citer la création de l'écrivain anglais Sax
Rohmer, le génie insidieux et diabolique du Dr
Fu Manchu.
Au début de la Première Guerre
mondiale, en l'absence d'invasion réelle
le discours sur le péril jaune a commencé à
s'estomper, mais la création de la peur au
sujet de la Chine et des immigrants d'Asie de
l'Est s'est poursuivie avec d'autres
expressions dénigrantes, en appui aux
politiques racistes d'immigration au pays et à
l'agression impérialistes à l'étranger.
3. Rapport
public du SCRS 2019 : Des
renseignements et des conseils fiables pour
un Canada sûr et prospère, mai 2020
4. « CSIS
warns of threats to vaccine distribution
chain », Catharine Tunney, CBC
News, 17 décembre 2020
5. Le site web du Comité dit que « le
Comité a été nommé par la Chambre pour tenir des
audiences servant à examiner tous les aspects
des relations sino-canadiennes, y compris ceux
qui ont trait aux relations consulaires,
économiques et diplomatiques, au droit et à la
sécurité. »
Il dit également :
« Les liens entre le Canada et
Hong Kong sont anciens et bien connus,
notamment en raison de la participation de
soldats canadiens, dont nombreux sont morts, à
l'effort de guerre pour repousser l'invasion
japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Aujourd'hui, on estime à 300 000 le
nombre de Canadiens vivant à Hong Kong.
« Les libertés et le haut degré
d'autonomie de Hong Kong ont été consacrés par
la déclaration conjointe sino-britannique
de 1984, un traité enregistré auprès des
Nations unies. Comme on l'a dit au comité
spécial, la communauté internationale a été
invitée à soutenir le cadre « un pays, deux
systèmes » et à coopérer à la réussite de
sa mise en oeuvre. Le Comité spécial note que,
bien que le cadre doive durer
jusqu'en 2047, de sérieuses questions ont
été soulevées par la Loi de sécurité
nationale promulguée le 30
juin 2020. En outre, le Comité spécial
réaffirme que les libertés consacrées par la
Déclaration conjointe et la Loi fondamentale
de Hong Kong, notamment la liberté
d'expression et de réunion, sont garanties par
le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques, qui s'applique à Hong
Kong. »
Parmi les personnes et les
représentants d'organisme qui ont témoigné
devant le Comité cette année il y a :
Réunion 8, le
mardi 8 décembre 2020 :
Ministère des Affaires étrangères, du Commerce
et du Développement
- Shawn Steil, directeur général, Politique et
coordination de la Chine élargie
Ambassade du Canada en
République populaire de Chine
- Dominic Barton, ambassadeur extraordinaire
et plénipotentiaire du Canada en République
populaire de Chine
Réunion 8, le
mardi 24 novembre 2020 :
À titre personnel
- L'hon. John McCallum, ancien ambassadeur du
Canada en République populaire de Chine
- Robert G. Wright, ancien ambassadeur du
Canada en République populaire de Chine
Réunion 7, le
lundi 23 novembre 2020 :
Ministère des Affaires étrangères, du Commerce
et du Développement
- Weldon Epp, directeur général, Direction
générale de l'Asie du nord et Océanie
- Marta Morgan, sous-ministre, Affaires
étrangères
- L'hon. François-Philippe Champagne, ministre
des Affaires étrangères
Réunion 6, le
mardi 17 novembre 2020 :
Ministère des Affaires étrangères, du Commerce
et du Développement
- Shawn Steil, directeur général, Politique et
coordination de la Chine élargie
Réunion 5, le
lundi 16 novembre 2020 :
Ministère de la Citoyenneté et de
l'Immigration
- Mme Nicole Giles, sous-ministre adjointe
associée déléguée, Opérations
- Natasha Kim, sous-ministre adjointe
associée, Politiques stratégiques et de
programmes
- L'hon. Marco Mendicino, ministre de
l'Immigration, des Réfugiés et de la
Citoyenneté
Réunion 4, le
lundi 9 novembre 2020 :
National Democratic Institute
- Adam Nelson, conseiller principal pour
Asie-Pacifique
Vancouver Society in Support of Democratic
Movement
- Mabel Tung, présidente
À titre personnel
- Bill Chu, fondateur, Canadians for
Reconciliation
- Victor Ho, éditeur en chef à la retraite,
Sing Tao Daily, édition Colombie-Britannique
- Steve Tsang, directeur, SOAS China
Institute, University of London
Réunion 3, le
lundi 2 novembre 2020 :
Consulat général du Canada à Hong Kong et
Macao
- Jeff Nankivell, consul général du Canada à
Hong Kong et Macao, Affaires mondiales Canada
Réunion 2, le
lundi 26 octobre 2020 :
À titre personnel :
- Angela Gui
- Nathan Law, militant de Hong Kong, ancien
législateur
À titre
d'information
La motion contre la Chine a été présentée à la
Chambre des communes le 17 novembre 2020
par le député conservateur Michael Chong. La
motion et le débat montrent le refus de résoudre
pacifiquement les problèmes dans les relations
internationales et en font une question de lutte
entre factions, de promotion d'intérêts
commerciaux et de positions anti-chinoises
hystériques. Voici le texte de la
résolution :
« Que, étant donné (i) que la République
populaire de Chine, qui est dirigée par le Parti
communiste chinois, menace les intérêts
nationaux du Canada et les valeurs de la
population canadienne, y compris les Canadiens
d'origine chinoise en territoire canadien, (ii)
qu'il est essentiel que le Canada se dote d'une
politique étrangère rigoureuse et fondée sur des
principes appuyée par des actions de concert
avec ses alliés, la Chambre demande au
gouvernement : a) de prendre une décision
au sujet de l'implication de Huawei dans le
réseau 5G du Canada dans les 30 jours
suivant l'adoption de la présente motion ;
b) d'élaborer un plan robuste, comme l'a fait
l'Australie, pour lutter contre l'ingérence de
plus en plus forte de la Chine au Canada et
l'intimidation sans cesse croissante des
Canadiens vivant au Canada, et de le présenter
dans les 30 jours suivant l'adoption de la
présente motion. »
En présentant la résolution, Michael Chong a dit
que bien que le gouvernement libéral ait « réalisé
certains accomplissements en matière d'affaires
étrangères », comme la renégociation de
l'accord de libre-échange avec les États-Unis,
dans son ensemble, « la politique étrangère
globale du gouvernement nous déçoit ». Il a
déclaré :
« C'est à propos de la Chine que le
gouvernement libéral nous a le plus déçus. La
Chine n'assume pas les responsabilités qui sont
les siennes dans l'ordre mondial international
fondé sur des règles où nous évoluons. Elle fait
fi des conditions de son entrée à l'Organisation
mondiale du commerce. Elle manipule sa monnaie
en utilisant des entreprises d'État pour nuire à
l'économie d'autres pays. Elle enfreint le droit
international de la propriété et fait subir aux
Canadiens Michael Kovrig, Michael Spavor, Gary
Schellenberg et Hussein Jalil un traitement qui
est également contraire au droit international.
Elle ne respecte pas non plus le droit
international lorsqu'il s'agit des Hongkongais
et des minorités religieuses et ethniques, comme
les Tibétains et les Ouïghours. En somme, la
Chine menace nos intérêts et nos valeurs.
Dans ce contexte, il est très important que le
gouvernement du Canada tienne toujours le même
discours clair et cohérent. Ce n'est pas ce qui
se passe, malheureusement.
En janvier de l'année dernière, le premier
ministre a déclaré qu'il ne s'ingérerait pas
dans la procédure judiciaire concernant Meng
Wanzhou, à Vancouver. La même semaine, l'ancien
ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum,
déclarait que le gouvernement devrait intervenir
et échanger Meng Wanzhou contre les Canadiens
Michael Kovrig et Michael Spavor.
Les incohérences ont continué cette année. En
juillet, le ministre des Affaires étrangères a
déclaré à la Chambre qu'il envisageait d'imposer
des sanctions aux dirigeants chinois
responsables de ce qui se passe à Hong Kong. Le
lendemain, le gouvernement a affirmé à Reuters
que cette mesure avait été écartée.
En septembre, le ministre des Affaires
étrangères déclarait au Globe and Mail que
les efforts visant un accord de libre-échange
avec la Chine étaient abandonnés, alors que le
même jour, l'ambassadeur du Canada en Chine
affirmait devant un auditoire à Edmonton, dont
l'ambassadeur de Chine au Canada faisait partie,
que le Canada devrait en faire plus en Chine et
accroître ses échanges commerciaux.
Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Le gouvernement reconnaît implicitement
lui-même que sa politique envers la Chine ne
marche pas. Il l'a reconnu par le changement de
son discours sur la Chine cet automne, et il l'a
reconnu en annonçant qu'il envisageait de
présenter un nouveau cadre pour la Chine d'ici
le 24 décembre. Voilà pourquoi j'ai
présenté cette motion aujourd'hui.
Tout nouveau cadre pour la Chine doit inclure
deux éléments.
D'abord, il doit inclure une décision sur
Huawei. En mai de l'année dernière, le
gouvernement a affirmé qu'il prendrait une
décision à propos de l'implication de Huawei
dans le réseau 5G du Canada avant les
élections de 2019. En juillet de la même
année, le gouvernement a changé d'idée en disant
qu'il prendrait une décision après les élections
de 2019.
Les dernières élections remontent maintenant à
plus d'un an, et la décision se fait toujours
attendre. Le gouvernement réfléchit à cette
question depuis des années. Son attentisme et
ses tergiversations menacent la sécurité
nationale du Canada. À cause des retards du
gouvernement dans ce dossier, Telus, une grande
entreprise de télécommunications canadienne, a
acheté de l'équipement de Huawei pour son
réseau. Elle l'a installé dans la région de la
capitale nationale, où se trouvent la plupart
des bureaux des institutions fédérales du
Canada, comme la GRC, le SCRS, le ministère de
la Défense nationale et d'autres installations
militaires. Pourtant, elle avait conclu une
entente avec le gouvernement fédéral, qui
excluait l'utilisation d'équipement de Huawei
dans la région. On apprend maintenant que le
gouvernement fait des pieds et des mains pour
que Telus retire son équipement, qui a été
installé sur quelque 80 tours et sites dans
la région de la capitale nationale. Selon
l'article 7 de la loi chinoise sur le
renseignement national, Huawei doit offrir son
soutien, son aide et sa coopération à la Chine
dans ses activités de renseignement.
L'inaction du gouvernement relativement à
Huawei révèle autre chose : l'écart abyssal
entre ses belles paroles et la réalité. Il dit
croire au multilatéralisme, mais il ne saisit
pas les occasions qui se présentent. Huawei en
est un parfait exemple. Quatre des partenaires
en matière de renseignement du Groupe des cinq,
l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis
et le Royaume-Uni, ont exclu Huawei de leur
réseau ou ont limité sa participation. Le Canada
est le seul à rester les bras croisés.
Il est grand temps que le gouvernement prenne
une décision concernant Huawei. Aucun cadre
relatif à la Chine ne peut être complet sans une
telle décision. Tout nouveau cadre relatif à la
Chine doit aussi comprendre un plan rigoureux
pour contrer les activités subversives que la
Chine mène au Canada. Par l'entremise de ses
représentants et des activités qu'elle mène sur
notre territoire, la Chine menace les intérêts
et les valeurs du Canada. Elle intimide des
Canadiens, particulièrement des Canadiens
d'origine chinoise. Elle espionne les citoyens
et les entreprises du Canada, ainsi que le
gouvernement fédéral, et elle lance des
cyberattaques contre eux. Elle fait de la
désinformation. Elle pratique l'accaparement des
ressources par les élites en offrant des
avantages financiers et des sinécures à des
fonctionnaires et à des politiciens à la
retraite. Elle soutient financièrement des
instituts de recherche qui appuient les
positions de Pékin, comme l'Institut Confucius.
Elle s'adjoint des médias et des organismes
locaux de langue chinoise sur le terrain pour
promouvoir les intérêts de Pékin. Elle surveille
et mobilise des étudiants chinois qui
fréquentent des universités canadiennes pour
étouffer les débats sur les campus et menacer
d'autres étudiants, comme elle l'a fait à
l'Université de Toronto et à l'Université
McMaster. Elle s'ingère dans la communauté
chinoise en sollicitant un appui politique
contre ceux qui ne soutiennent pas Pékin.
Le Service canadien du renseignement de
sécurité, la GRC, Amnistie internationale et le
Comité spécial sur les relations
sino-canadiennes de la Chambre ont documenté
d'innombrables exemples d'activités d'influence
menées par la Chine au Canada. Tout nouveau
cadre relatif à la Chine doit comprendre un plan
qui en fait davantage pour protéger les
Canadiens contre les activités d'influence de la
Chine au Canada, comme l'ont déjà fait nos
alliés, notamment l'Australie.
Le gouvernement est arrivé au pouvoir en
parlant de conviction responsable. Ce principe a
été abandonné pour celui voulant que le Canada
soit un pays essentiel. Nous parlons maintenant
d'un nouveau cadre pour la Chine. Tout nouveau
cadre doit comprendre une décision au sujet de
Huawei ainsi qu'un plan robuste pour protéger
les citoyens et les intérêts canadiens des
activités d'ingérence subversives de la Chine en
sol canadien.
Mon dernier point porte sur le délai prévu dans
la motion. Cette dernière demande au
gouvernement de prendre ces deux décisions dans
les 30 jours. Le gouvernement dit depuis
des mois qu'il va présenter un nouveau cadre
relativement à la Chine d'ici la fin de
l'automne, donc d'ici le 21 décembre. Par
conséquent, le délai prévu dans cette motion est
très raisonnable. C'est pourquoi j'ai présenté
cette motion. J'espère que les députés vont
l'appuyer. »
Au nom du Bloc Québécois, Luc Desilets
(Rivière-des-Mille-Îles, BQ) a déclaré que son
parti était d'accord et qu'il n'avait que quelques
inquiétudes quant au délai. Il a déclaré :
« Pourquoi n'attendrait-on pas les conclusions
du Comité spécial sur les relations
sino-canadiennes, que les conservateurs
eux-mêmes ont demandé ? »
Au nom du NPD, Gord Hohn (Courtenay-Alberni, NPD)
a remercié Michael Chong pour la motion et a posé
une question :
« J'aimerais savoir si, à son avis, le Canada
devrait adopter une mesure législative visant à
combattre l'ingérence de la Chine et d'autres
États au Canada. »
Michael Chong a dit :
« Oui, nous sommes d'avis que le Canada a
besoin d'un nouveau cadre législatif pour
traiter différents enjeux. À titre d'exemple,
selon nous, les anciens politiciens et anciens
fonctionnaires de haut niveau devraient inscrire
leurs contrats dans un registre lorsqu'ils
travaillent pour un État étranger ou une entité
contrôlée par un État étranger. Par ailleurs,
nous sommes d'avis que les forces de l'ordre
devraient être mieux outillées pour contrer les
activités subversives par lesquelles la Chine
cherche à exercer son influence en sol canadien.
Ce ne sont là que deux des changements qui
nécessiteraient un nouveau cadre législatif et
qui nous permettraient d'être mieux outillés
pour contrer ces activités. »
Au nom du gouvernement libéral, le ministre des
Affaires étrangères, François-Philippe Champagne,
a déclaré :
« Monsieur le Président, j'ai été heureux
d'assister au discours du député ce matin. Il a
oublié de mentionner une chose, et c'est
là-dessus que porte ma question : le
leadership du Canada quand il s'agit de passer à
l'action.
Pourquoi le député omet-il de dire aux
Canadiens qui suivent le débat que le Canada a
été le premier pays à suspendre le traité
d'extradition entre le Canada et Hong
Kong ? Pourquoi ne dit-il pas aux Canadiens
que le Canada a suspendu l'exportation
d'équipement sensible ? Pourquoi le député
ne mentionne-t-il pas que nous avons pris des
mesures en matière d'immigration ?
J'ai présidé la réunion du Groupe des cinq et
j'ai consulté nos homologues britanniques tout
au long du processus. Pourquoi le député omet-il
de dire que nous continuons à collaborer avec
nos partenaires de partout dans le monde pour
exercer notre leadership, passer à l'action et
défendre les valeurs et les intérêts
canadiens ? »
Qui décide ce qui constitue une
menace à la sécurité nationale
- Anna Di Carlo -
Les évaluations des menaces émises par les
services de renseignement canadiens sont remplies
de messages qui ciblent la parole et les
associations jugées menaçantes pour la sécurité
nationale. Le Parti marxiste-léniniste du Canada a
déclaré qu'il s'oppose au recours à la menace
d'une ingérence étrangère dans les élections et/ou
de « nos institutions démocratiques » et/ou
de notre « mode de vie », pour justifier la
violation des droits de parole et d'association
des Canadiens. Selon toute définition moderne qui
mérite d'être qualifiée de démocratique, le peuple
a le droit de s'opposer à l'ingérence de l'État
lorsqu'il est question de son droit de pouvoir
s'exprimer et s'associer librement.
Une motion contre la Chine est actuellement
devant la Chambre des communes et les «
évaluations » actuelles par les agences de
renseignement des « menaces à la sécurité
nationale » montrent que l'approche du
gouvernement libéral et du Parti conservateur, qui
se considère comme le gouvernement en attente, est
d'autoriser les pouvoirs de police à surveiller de
près les discours et les activités politiques pour
y rechercher une « ingérence étrangère ».
Nous sommes censés croire que l'opposition à «
l'ingérence étrangère » résoudra la rivalité
interimpérialiste féroce pour les marchés, les
sources de matières premières et de main-d'oeuvre
bon marché et les zones d'exportation de capitaux
et d'influence en faveur du Canada. Donner à la
machine de guerre des impérialistes américains et
à leur alliance militaire agressive de l'OTAN un
contrôle absolu sur les technologies 5G
et 6G résoudra-t-il les problèmes auxquels
l'humanité est confrontée ou, d'autant, les
problèmes fondamentaux qui affectent notre système
électoral totalement non représentatif ? La
réponse est non !
Selon le
gouvernement libéral et les partis cartellisés à
la Chambre des communes, le seul problème auquel
sont confrontés notre système électoral et nos
institutions démocratiques est l'ingérence d'États
étrangers hostiles et d'acteurs non étatiques
hostiles. Cela est considéré comme une question de
sécurité nationale et, vraisemblablement, d'unité
nationale également. Le problème, identifié à
maintes reprises par les Canadiens, selon lequel
notre système électoral – appelé démocratie
représentative – et nos « institutions
démocratiques » ne représentent pas les
opinions de la majorité de la population, n'est
pas abordé. Il n'en reste pas moins que ce système
électoral est conçu pour priver le peuple du
pouvoir et pour perpétuer une caste dirigeante qui
paie les riches.
Les préoccupations des agences de renseignement
et des forces de sécurité dominent le discours
pour masquer le fait que l'État a été mis au
service de la rivalité impérialiste américaine
avec la Chine et que l'économie de guerre
américaine convoite les grands progrès que la
Chine a réalisés dans la mise en oeuvre de
l'intelligence artificielle (IA) à des fins
pratiques. Cela aggrave la crise dans laquelle les
processus électoraux et politiques s'enlisent et
ne fait rien pour créer la confiance qu'ils
peuvent réaliser un mandat qui est le résultat de
la participation politique des Canadiens.
La surveillance policière du discours politique à
la recherche d'acteurs étrangers malveillants ne
résoudra pas le problème des « fausses
nouvelles » que ces acteurs étrangers sont
censés générer. Impliquer la population civile et
les partis politiques à collaborer à leurs
activités d'espionnage ne mettra pas fin au
discours et à la désinformation qui se font
massivement par le biais des réseaux de
communication qui se sont déjà constitués et ceux
qui se mettent en place aujourd'hui.
Loin de là, pour faire croire que les « États
étrangers hostiles » et les acteurs non étatiques
sont le problème, les agences de renseignement
elles-mêmes diffusent de « fausses nouvelles » et
mènent un grand nombre d'activités perturbatrices
par le biais de leurs réseaux de communication.
L'exemple récent de ce que l'Inde a fait à
l'échelle mondiale, y compris au Canada, en est un
bon exemple. Les activités déjà révélées et celles
non encore dévoilées des services de renseignement
auxquelles le Canada a été intégré, qui font
exactement les mêmes choses, en est un autre.
L'affirmation des agences de sécurité selon
laquelle leur surveillance du discours politique
ne vise pas « la défense d'une cause et la
manifestation d'un désaccord légitimes » est
ridicule.
On nous dit que « la défense d'une cause et la
manifestation d'un désaccord légitimes font partie
intégrante de la démocratie », par opposition
à « l'ingérence étrangère clandestine ou
trompeuse ». Mais les critères pour décider
qui et quoi peut faire l'objet d'une enquête et
être ciblé par les opérations de surveillance et
ce qui sera considéré comme « légitime » sont
tous gardés cachés au nom de la sécurité
nationale ! Les enquêtes et la surveillance
visent à découvrir « des menaces qui peuvent, pour
des motifs raisonnables, être soupçonnées de
constituer une menace pour la sécurité du
Canada », nous dit-on.
En d'autres termes, les opinions et le discours
politiques seront ciblés dans les opérations de
surveillance pour sauvegarder la sécurité
nationale. La prétention est que ce n'est pas en
faisant respecter les droits que nous défendons la
sécurité nationale, mais en les violant.
L'une des menaces à la sécurité nationale que les
agences de renseignement ont citée dans le passé
est de « discréditer les institutions
libérales-démocratiques afin de faire progresser
des modèles de gouvernance alternatifs ».
Qu'y a-t-il de mal à faire progresser des modèles
de gouvernance alternatifs ? Selon quelle
définition peut-on dire que « faire progresser des
modèles de gouvernance alternatifs » est une
menace pour la sécurité du Canada ? Qui
détermine la définition ? Par quel
processus ?
Certes, la
définition même de la démocratie donne au peuple
le droit de décider quels modèles de gouvernance
répondent à ses besoins. Comment ce droit peut-il
être enlevé au peuple au nom de la sécurité
nationale, en prétextant que c'est la police, et
non le peuple, qui est responsable de la
préservation des institutions démocratiques ?
Si les agences de sécurité s'inquiètent de savoir
qui constitue une menace pour nos institutions
démocratiques, nous leur suggérons de tourner les
yeux vers le gouvernement du parti au pouvoir et
les partis cartellisés dont les actions
quotidiennes changent de facto le modèle de
gouvernance démocratique issu de la rébellion
contre le gouvernement par décret. Ce sont leurs
manigances intéressées qui ont jeté le discrédit
sur les institutions démocratiques, les partis
cartellisés, le gouvernement et la Chambre des
communes.
Il est inacceptable, par quelque définition ou
norme que ce soit à l'exception de celles d'un
État policier, que, sur la base de rapports de
renseignement et de discussions avec des «
représentants élus », le SCRS puisse être
autorisé à prendre des « mesures raisonnables et
proportionnées » pour porter atteinte au
droit de s'exprimer et de s'associer. Une telle
activité policière est indéfendable dans un pays
qui se dit démocratique et qui prétend que c'est
le peuple, et non les agences policières de
l'État, qui détermine quelles opinions sont dans
l'intérêt du progrès et de l'avancement du Canada,
et lesquelles ne le sont pas. Accuser d'autres
pays de tyrannie et de régime dictatorial, alors
que ces termes ne sont pas définis d'une manière
qui signifie quelque chose de rationnel dans les
conditions actuelles, ne peut cacher le fait qu'on
blâme les autres de ses propres fautes.
- Pauline Easton -
Le 16 novembre, le Centre canadien pour la
cybersécurité du Centre de la sécurité des
télécommunications (CST) a publié une « Évaluation
des cybermenaces nationales 2020 ». Pour
juger de cette évaluation, il est important de
connaître les critères utilisés. Or, ces critères
ne sont pas expliqués ouvertement et ne sont pas
soumis à la discussion. Au contraire, on doit
discerner les critères soi-même et réfléchir
sérieusement à quels critères serviraient les
peuples lorsqu'il s'agit de discuter de la
sécurité nationale. Sans fixer les points de
référence qui servent les peuples et la société,
les « faits saillants » du Centre pour la
cybersécurité ne sont pas remis en question. En
plus, ces critères sont utilisés par le
gouvernement, par les partis cartellisés ayant des
sièges à la Chambre des communes et les agences de
l'État à tous les niveaux pour adopter des lois,
criminaliser les individus et les collectifs, et
financer la production de guerre.
Le «
résumé » du rapport du Centre pour la
cybersécurité du CST énumère ce qu'il appelle sept
« faits saillants ». On y affirme, entre
autres, que des « auteurs malveillants
continueront à tenter de voler la propriété
intellectuelle portant sur la lutte contre la
COVID-19 pour appuyer leurs programmes de santé
publique nationaux ou tirer profit de la
reproduction illégale de cette propriété par leurs
propres sociétés ».
Comprendre pourquoi la Chine, la Russie et l'Iran
auraient besoin de « voler la propriété
intellectuelle portant sur la lutte contre la
COVID-19 » alors qu'ils ont leurs propres
intellectuels qui sont parmi les meilleurs au
monde demande beaucoup d'imagination. Cela
illustre le haut niveau de paranoïa que les
agences de renseignement essaient de répandre. La
création d'hystérie contre des pays ciblés est la
même méthode qui a été utilisée dans la période
récente lorsque l'hystérie contre les musulmans et
l'islamophobie ont été promues et poussées au
paroxysme pendant que d'autres étaient accusés de
xénophobie. Tous les musulmans étaient considérés
comme des terroristes ou des terroristes
potentiels et des pays entiers ont été envahis et
bombardés, ont été la cible d'assassinats, de
torture, de la guerre des drones et de tous les
crimes imaginables contre des êtres humains. On
peut apprécier comment les cercles dirigeants
créent de l'hystérie pour attaquer la Chine et
organiser l'infiltration de groupes terroristes à
la justification qu'ils donnent que ces actions
défendent les Ouïghours qui sont des musulmans, en
butte à l'hostilité présumée du gouvernement
chinois. Pendant ce temps, les pogroms organisés
par le gouvernement au pouvoir en Inde contre la
population musulmane sont passés sous silence. Des
arguments similaires sont utilisés pour justifier
l'infiltration du Tibet et l'organisation de
l'instabilité contre la Chine dans la région.
Tout cela n'est qu'une reprise de la
désinformation organisée par l'État pour maintenir
le corps politique dérouté, divisé et submergé
afin qu'il n'établisse pas un ordre du jour qui
sert ses intérêts et ceux de l'humanité. Ces
évaluations hystériques de la menace semblent être
conçues pour empêcher le peuple de s'attaquer à ce
que les dirigeants eux-mêmes préparent. Cela
comprend notamment de décider ce qui constitue une
menace cybernétique, un crime et une guerre
cybernétique, lesquels justifient une agression.
Ces évaluations reposent sur une conception qui
vise à diviser les Canadiens selon qu'ils
soutiennent ou s'opposent à tout ce que les
agences de sécurité disent être un danger pour la
société.
Le modus operandi est bien connu. Ce climat
d'hystérie est méprisable en raison de ses
conséquences antisociales néfastes dues au stress,
à l'anxiété et à la criminalisation accrus des
gens qui sont ainsi déshumanisés et catégorisés en
tant que « criminels », ou « traîtres »,
ou « espions », tous des termes qui laissent
entendre que ces personnes méritent tout ce qui
leur arrive.
En outre, plusieurs de ces cercles ont bien saisi
que les rapports qui brandissent le spectre des
menaces et des dangers posés par les acteurs
étrangers servent à faire pression pour obtenir un
financement accru des services de sécurité et de
leur arsenal d'outils et de gadgets. Des dépenses
massives sont consacrées à la cybersécurité qui
est liée à l'industrie de la défense et de la
production de guerre.
Une des méthodes
utilisées, qui est moins bien comprise, est
comment les services de sécurité essaient
d'engager le peuple dans des diversions. Une
méthode est la demande que les entreprises de
médias sociaux ne participent pas à l'espionnage
cybernétique, ce qui est une demande juste.
Cependant, les agences de sécurité manipulent le
mouvement antiguerre pour qu'il mène des campagnes
qui sont alors utilisées pour masquer le fait que
les grandes sociétés de médias sociaux sont
financées par le département de la guerre des
États-Unis dès le moment où elles apparaissent.
Les efforts déployés par l'industrie de guerre
pour contrôler l'intelligence artificielle mettent
dans un état de frénésie les intérêts privés
étroits mobilisés et, par conséquent, des sociétés
entières, qui sont sujettes à leurs évaluations
des menaces, sont-elles aussi déstabilisées. Des
sommes faramineuses sont versées à l'industrie de
guerre alors que les membres du corps politique
sont criminalisés et que l'anxiété engendrée par
des menaces potentielles devient un cri de
ralliement pour l'unité nationale.
Les découvertes scientifiques appartiennent à
l'humanité. Les nouveaux développements des
réseaux 5G et les avancées scientifiques des
scientifiques chinois en matière de cryptage
quantique sont de nouvelles formes de
communication de masse crées par les forces de
production sociales. Ces développements ne sont la
propriété de personne. C'est la plus grande
signification de ces nouveaux développements dans
les expériences de communications ultra-sécurisées
qui sont si importantes pour le fonctionnement de
tout réseau à grande vitesse. Aucune entité, qu'il
s'agisse d'une nation ou d'une société, ne peut la
contrôler ou la monopoliser car elle est basée sur
la loi de la physique qui peut être appliquée
universellement. Cela comprend les fruits de
l'intelligence artificielle qui s'aventure là où
la science n'a jamais même mis les pieds. La
science et les découvertes scientifiques
appartiennent à l'humanité. La revendication des
peuples du monde est d'utiliser les produits de la
révolution scientifique et technique pour le
progrès de l'espèce humaine.
La jeune
génération est née avec cette technologie et
dans un monde où les découvertes scientifiques
révolutionnent toute la compréhension de
l'univers jusqu'à présent. Cette génération
comprend également la majorité de ceux que
l'on appelle les cyberacteurs et les
cybercriminels. Ce genre de discours alarmiste
ne peut justifier les dépenses consacrées à
l'industrie de la guerre et à sa capacité de
destruction. Les jeunes générations
développeront les capacités nécessaires pour
instaure un monde de paix, de justice et de
démocratie, comme elles le font déjà à bien
des égards.
La nouvelle génération appartient à cette
technologie et à un monde dans lequel les
découvertes scientifiques sont en train de
révolutionner toute la compréhension de l'univers
jusqu'à maintenant. Cette génération comprend la
majorité de ceux qu'on appelle les acteurs et les
criminels cybernétiques. Ce genre de campagne de
peur va atteindre sa limite en ce qui concerne la
justification des dépenses pour l'industrie de
guerre et sa capacité de destruction. Les
nouvelles générations vont développer les
capacités qui sont requises pour créer un monde de
paix, de justice et de démocratie, comme ils le
font déjà de tant de manières.
À l'encontre de tout cela, la perspective
unilatérale et intéressée des dirigeants de ce que
révèle l'ensemble des relations sociales est
évidente dans chacun des « faits saillants »
du Centre canadien de la cybersécurité. À aucun
moment les auteurs n'envisagent que la suppression
du système antidémocratique de pouvoir
actuel contribuera à résoudre les problèmes
auxquels la société fait face. La seule
préoccupation de ceux qui ont usurpé le pouvoir
par la force est d'imprégner le monde entier de
leur recherche insatiable de profit, croyant à
tort que cela amènera les peuples à leur céder
leurs richesses sans mot dire.
Tandis que les dirigeants rêvent en couleur, les
peuples du monde continuent de réclamer à la
société ce qui leur revient de droit du fait
qu'ils sont des êtres humains. Ils continuent de
lutter pour une société qui définira les droits
sur cette base.
(Photos : VOR, LML)
- Nick Lin -
Les services secrets de l'État liés à la machine
de guerre impérialiste américaine, qui font partie
du réseau d'espionnage mondial appelé Groupe des
cinq (Five Eyes), ont récemment publié leurs
rapports annuels et « évaluations de
menaces ». Les pays qui font partie du Groupe
des cinq sont les États-Unis, le Canada, le
Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
L'agence privée de sécurité cybernétique, le
Kaspersky Lab, qu'on dit « basée en Russie »,
a aussi récemment publié une évaluation.
Les pays que les impérialistes américains et
leurs alliés appellent « une menace » sont en
réalité des pays contre lesquels ils commettent
l'ingérence et l'agression, y compris par la
guerre cybernétique. Ces calculs sont d'intérêt
pour le mouvement antiguerre et le mouvement pour
défendre les droits de tous, puisqu'ils peuvent en
tirer les conclusions qui s'imposent et trouver
comment s'orienter. Il est donc important de ne
pas se laisser prendre par les scénarios concoctés
par les agences de renseignement pour justifier
leurs plus récentes fabulations de ce qui
constitue une menace étrangère ou domestique.
Ce qui est totalement absent de toutes ces
évaluations de menaces par les agences officielles
des États-Unis et des pays du Groupe des cinq, y
compris par les intérêts privés tels que le
Kaspersky Lab, ce sont les atteintes aux droits
privés et politiques des citoyens de ces pays par
leur propre gouvernement. Depuis la divulgation de
la surveillance illégale massive des citoyens
américains par l'Agence de sécurité nationale
faite par le lanceur d'alerte Edward Snowden
en 2013, les attaques contre les droits
privés et politiques des citoyens américains et
d'autres pays par le Groupe des cinq n'ont pas
diminué, elles ont été institutionnalisées et ont
pris de l'expansion.
Un des principaux changements à la loi américaine
depuis 2013 est que les fournisseurs d'accès
à Internet ont maintenant l'obligation de
divulguer les métadonnées de leurs clients, avec
l'institution de ce qu'on appelle une « porte de
derrière » qui donne accès aux mégadonnées.
De leur côté, les fournisseurs d'accès Internet
avaient fait campagne contre les intrusions
illégales des agences d'État et demandé d'être
protégés contre l'intimidation de ces agences.
Une des raisons d'être du Groupe de cinq est
précisément d'espionner leurs propres citoyens en
contournant les lois de leurs propres pays.
Puisque le Canada, par exemple, ne peut espionner
ses propres citoyens en toute légalité,
l'espionnage se fait par les États-Unis et les
résultats sont ensuite « partagés ».
Entretemps, des mesures sont prises pour changer
les lois dans chaque pays pour permettre
l'espionnage et les récriminations au nom de
nobles idéaux.
Le point commun des évaluations est qu'elles ne
parlent pas des pratiques beaucoup plus
documentées des États-Unis, d'Israël, de la
France, de la Grande-Bretagne et d'autres agences
qui s'ingèrent dans les affaires politiques
d'autres pays au moyen de cyberattaques et de
manipulations technologiques diverses. Il y a deux
poids deux mesures lorsqu'il s'agit d'« ingérence
étrangère ». Par exemple, l'ingérence
flagrante des États-Unis dans les élections
fédérales de 2019 au Canada au moyen de
potins dans les grands médias n'a pas donné lieu à
une enquête sur l'ingérence étrangère.
Les faits saillants du rapport du Centre pour
la cybersécurité
Les « faits saillants » du rapport du Centre
pour la cybersécurité sont :
« - Le nombre d'auteurs de cybermenace est en
hausse et ceux-ci deviennent de plus en plus
sophistiqués. La vente commerciale d'outils liés à
la cybercriminalité, à laquelle s'ajoute un bassin
mondial d'experts en la matière, a entraîné une
hausse du nombre d'auteurs de cybermenace et donné
lieu à des attaques plus sophistiquées. Les
marchés en ligne servant à la vente d'outils et de
services illicites ont également permis aux
cybercriminels de mener des activités plus
complexes et sophistiquées.
« - La cybercriminalité est l'activité de
cybermenace la plus susceptible de toucher les
Canadiens et les entreprises canadiennes. Nous
estimons qu'au cours des deux prochaines années,
les Canadiens et les entreprises canadiennes
devraient continuer d'être visés par la fraude en
ligne et des tentatives de vol de données
personnelles, financières et commerciales.
« - Nous considérons que les activités
malveillantes dirigées contre le Canada
continueront fort probablement à cibler les
grandes entreprises et les fournisseurs
d'infrastructures essentielles. Comme ces derniers
ne peuvent pas se permettre de subir des
perturbations importantes, ils sont prêts à verser
jusqu'à plusieurs millions de dollars pour
rétablir leurs opérations. Il est probable que
beaucoup de victimes canadiennes continueront de
consentir à payer les rançons en raison des coûts
élevés liés aux pertes commerciales et à la
reconstruction de leurs réseaux, ainsi qu'aux
conséquences potentiellement dévastatrices qui
pourraient résulter advenant un refus.
« - Bien que la cybercriminalité représente la
menace la plus importante, les programmes
parrainés par la Chine, la Russie, l'Iran et la
Corée du Nord posent les plus graves menaces
stratégiques pour le Canada.
« - Il est fort probable que des auteurs de
cybermenace parrainés par des États cherchent à
développer des moyens pour perturber les
infrastructures essentielles du Canada, comme
l'approvisionnement en électricité, pour atteindre
leurs buts. Nous croyons toutefois qu'il est fort
improbable que des auteurs de cybermenace tentent
de perturber volontairement les infrastructures
essentielles du Canada et de causer de sérieux
dommages ou des pertes de vie s'il n'y a aucun
climat d'hostilité à l'échelle internationale.
Néanmoins, les auteurs de cybermenace pourraient
cibler des entreprises canadiennes essentielles
dans l'objectif de recueillir des données, de se
prépositionner en vue d'activités ultérieures, ou
de les intimider.
« - Les auteurs de cybermenace continueront
probablement de mener des activités d'espionnage
industriel contre les entreprises, le milieu
universitaire et les gouvernements du Canada afin
de voler la propriété intellectuelle et des
renseignements canadiens de nature exclusive. Nous
estimons que ces auteurs malveillants continueront
à tenter de voler la propriété intellectuelle
portant sur la lutte contre la COVID-19 pour
appuyer leurs programmes de santé publique
nationaux ou tirer profit de la reproduction
illégale de cette propriété par leurs propres
sociétés. La menace de cyberespionnage est
certainement beaucoup plus grande pour les
entreprises canadiennes qui font des affaires à
l'étranger ou qui travaillent directement avec des
sociétés détenues par des États étrangers.
« - Les campagnes d'influence étrangère en ligne
sont pratique courante et ne se limitent pas à des
événements politiques importants, comme des
élections. Elles font maintenant partie de la
nouvelle normalité, et les adversaires tentent non
seulement d'influencer des événements à l'échelle
nationale, mais ils veulent aussi avoir un impact
sur les débats publics qui se tiennent sur la
scène internationale. Nous estimons que,
comparativement à d'autres pays, les Canadiens ne
présentent pas une cible prioritaire en ce qui a
trait à l'influence étrangère en ligne. Il faut
toutefois noter qu'au Canada, l'écosystème des
médias est étroitement lié à celui des États-Unis
et d'autres alliés. Cela signifie que lorsque les
populations de ces derniers sont ciblées, les
Canadiens s'exposent à des dommages collatéraux en
raison de l'influence en ligne. »
Les évaluations du Homeland Security
Le département américain du Homeland Security
(DHS) a publié en octobre une évaluation
de 26 pages des « menaces contre la
patrie ». Les sept catégories de menaces
générales sont identifiées dans la table des
matières. Les citations suivantes tirées du
rapport donnent un aperçu de ce que sont ces
catégories.
Cybernétique : « Nous sommes
préoccupés par les intentions, les capacités et
les actions des États-nations tels que la Chine,
la Russie, l'Iran et la Corée du nord. Le ciblage
par des États-nations de nos biens a pour but de
perturber l'infrastructure qui maintient notre
économie américaine et représente un danger pour
la sécurité nationale. En plus des menaces à
l'infrastructure critique, les cybercriminels
ciblent aussi nos réseaux pour voler de
l'information, prendre des organisations en otage
et endommager des compagnies américaines pour leur
propre gain. »
Activités d'influence étrangère : «
Les menaces contre nos élections sont une autre
question qui évolue rapidement. Les États-nations
comme la Chine, la Russie et l'Iran tenteront de
se servir de leurs capacités cybernétiques ou de
l'influence étrangère pour gêner ou perturber
notre infrastructure liée aux élections
américaines de 2020, exacerber les tensions
sociales et raciales, ébranler la confiance dans
les autorités américaines, et critiquer nos élus.
Sans doute le plus alarmant est que nos
adversaires tentent d'influencer les préférences
et perceptions des électeurs américains par le
biais de tactiques d'influence. »
Sécurité économique : « Le DHS est
spécifiquement préoccupé par la menace directe et
indirecte contre la patrie par la République
populaire de Chine (RPC). La RPC dirigée par le
Parti communiste de Chine (PCC) conteste le rôle
de l'Amérique en tant que leader mondial et
économique. Les menaces venant de la Chine
incluent les dommages possibles à l'économie des
États-Unis par le vol de propriété intellectuelle,
la production et la distribution de produits
contrefaits, et des pratiques commerciales
inéquitables. Le mandat du DHS est de réduire ces
menaces [...] pleinement conscient que la Chine
est un compétiteur stratégique à long terme des
États-Unis. »
Terrorisme : Le DHS prétend que ses
préoccupations face au terrorisme sont à deux
volets, l'un concernant l'extrémisme domestique
violent. Il se dit « agnostique face aux
menaces » tout en prétendant être «
particulièrement préoccupé par les extrémistes
suprémacistes blancs violents qui ont été
exceptionnellement létaux dans leurs attaques
ciblées abominables au cours des dernières
années ».
L'autre volet est de cibler le mouvement de
résistance populaire, qu'on dit une « exploitation
de la prise de parole et de la contestation
légales et protégées » et « de l'extrémisme
antigouvernemental, anti-autorité et anarchiste
violent ».
Organisations criminelles transnationales
(OCT) : Le DHS dit que ces groupes «
continuent de profiter aux dépens des Américains,
des cartels mexicains et d'autres OCT continueront
de passer clandestinement des drogues dures comme
le fentanyl, l'héroïne et les méthamphétamines
dans nos communautés, contribuant au niveau
alarmant de surdoses aux États-Unis. »
Immigration illégale : Le DHS
prétend que « la migration illégale et de masse
aux États-Unis [...] pendant la pandémie [...]
constitue une menace plus spécifique aux migrants,
aux communautés où ils passent, aux communautés
frontalières des États-Unis, et à nos agents et
policiers qui transigent avec les migrants lorsque
ceux-ci entrent aux États-Unis ».
Catastrophes naturelles : Le DHS
mentionne ici la menace que représentent des
événements comme les tempêtes, les feux de forêt
ainsi que la pandémie de la COVID-19.
Les prédictions de menaces de Kaspersky Lab
pour 2021
Kaspersky Lab est une compagnie de sécurité
cybernétique mondiale dont le siège social se
trouve en Russie. Elle a publié ses prédictions de
menaces avancées pour 2021 le 16
novembre. Un communiqué de presse de Kaspersky
identifie les secteurs suivants de « menaces
avancées persistantes » (APT) :
« - Les auteurs de menaces APT achèteront à
d'autres cybercriminels les accès aux réseaux de
leurs cibles. L'une des tendances majeures – et
potentiellement la plus dangereuse – anticipées
par les chercheurs de Kaspersky est un changement
d'approche dans l'exécution des attaques. L'année
dernière, les attaques ciblées par rançongiciels
ont franchi un nouveau palier avec l'utilisation
de logiciels génériques malveillants qui
permettent d'intégrer des réseaux ciblés. En
effet, des connexions entre ces derniers et des
réseaux parallèles clandestins bien établis, tels
que Genesis – au sein desquels la revente de
données personnelles dérobées est monnaie courante
– ont été observées. Les chercheurs de Kaspersky
pensent que les auteurs de menaces APT utiliseront
à l'avenir une méthode similaire pour attaquer
leurs cibles. [...]
« - L'utilisation croissante des actions en
justice par les États dans le cadre de leur
stratégie de cybersécurité. Les précédentes
prédictions formulées par Kaspersky en ce qui a
trait à dénoncer et stigmatiser les attaques APT
se sont confirmées, et il faut s'attendre à voir
de nouvelles organisations adopter cette
stratégie. L'exposition de la gamme d'outils
utilisés par les groupes APT au niveau des
gouvernements encouragera d'autres États à faire
de même, ce qui contribuera à freiner les
activités et le développement de gamme d'outils
des cybercriminels.
« - Davantage d'entreprises de Silicon Valley
prendront des mesures à l'égard des failles « au
jour zéro ». À la suite des récents scandales
ayant dévoilé, dans des applications populaires,
la présence de vulnérabilités de type « au jour
zéro » [des failles non connues du vendeur de
logiciels lors de la date de sortie] utilisées par
des organisations à des fins d'espionnage, un
nombre plus important d'entreprises technologiques
pourraient prendre des mesures contre les failles
« au jour zéro » et les acteurs qui les
exploitent afin de protéger leurs clients et leur
réputation.
« - Un ciblage accru des équipements réseau. Avec
l'augmentation du travail à distance, assurer la
sécurité des réseaux de l'entreprise est plus que
jamais prioritaire. En conséquence, Kaspersky
prévoit une augmentation de l'intérêt des
attaquants à cibler les appareils en réseau et les
passerelles de réseau privé virtuel (VPN), ainsi
que la hausse des pratiques visant à collecter les
identifiants VPN des entreprises par le biais de
faux salariés et de procédés de 'vishing'
(hameçonnage vocal).
« - Exiger de l'argent sous menace. Des gangs
opérant des rançongiciels sont devenus plus précis
dans leurs attaques et ont plus souvent menacé de
divulguer des données volées. Grâce à l'argent
dérobé, ces groupes clandestins vont être en
mesure d'investir d'importantes sommes dans
l'acquisition de nouveaux outils avancés, avec des
budgets comparables à ceux de groupes APT soutenus
par des États. Ces changements de stratégies
pourraient aussi engendrer une plus grande
consolidation de l'écosystème de rançongiciels.
« - Des attaques à l'impact grandissant. Nous
sommes toujours plus dépendants de la technologie
et les périmètres d'attaques ne cessent de
s'agrandir. De ce fait, l'impact des attaques
perpétrées sur nos sociétés et nos infrastructures
– notamment nos infrastructures critiques –
deviendra de plus en plus conséquent.
« L'émergence des vulnérabilités 5G. À
mesure que l'adoption de la technologie 5G
augmentera et que de plus en plus de dispositifs
deviendront dépendants de la connectivité qu'elle
offre, les attaquants seront davantage incités à
rechercher les vulnérabilités qu'ils peuvent
exploiter.
« - Les attaquants continueront à exploiter la
pandémie de la COVID-19. Bien qu'il n'ait pas
entraîné de changements dans les tactiques, les
techniques et les procédures des auteurs de la
menace, le virus est devenu un sujet d'intérêt
constant. Comme la pandémie devrait se poursuivre
jusqu'en 2021, les pirates ne cesseront pas
d'exploiter ce sujet pour prendre pied dans les
systèmes qu'ils ciblent. »
Peu avant que des doses du vaccin contre la
COVID-19 aient été expédiées partout au pays, le
Service canadien du renseignement de sécurité
(SCRS) a organisé une séance d'information pour
les compagnies participant à la chaîne
d'approvisionnement du vaccin. Les divers
reportages indiquent que le SCRS prédit de
soi-disant menaces à la chaîne d'approvisionnement
du Canada, par des « acteurs étrangers
malveillants » qui pourraient exploiter les
vulnérabilités des compagnies qui font partie de
la chaîne d'approvisionnement et de leurs
travailleurs.
« Le SCRS observe des activités de menace
persistantes et sophistiquées parrainées par un
l'État, y compris des dommages à des entreprises
canadiennes individuelles, ainsi que le péage
croissant sur les actifs vitaux du Canada et
l'économie du savoir », a dit un porte-parole
de l'agence.
« Par conséquent, le SCRS travaille en étroite
collaboration avec des partenaires gouvernementaux
pour veiller à ce que le plus grand nombre
d'entreprises canadiennes et de différents paliers
de gouvernement soient conscients de
l'environnement de la menace et qu'ils disposent
de l'information dont ils ont besoin pour mettre
en oeuvre des mesures de sécurité
préventives. »
Lorsqu'on lui a demandé de quels pays il
s'agissait, le porte-parole a mentionné une séance
d'information en juillet à l'intention de la
Chambre de commerce du Canada où on avait
mentionné la Chine et la Russie comme étant des
pays engagés activement dans l'espionnage.
Dans un article du 17 décembre de CBC News,
on cite différentes personnes qui se disent «
analystes du renseignement » qui reprennent
la campagne de peur du SCRS et donnent libre cours
à leurs propres fabulations sur les « menaces à la
sécurité ».
Une de ces
analystes laisse entendre que la chaîne
d'approvisionnement du vaccin serait «
peut-être » une cible parce que les
adversaires du Canada sortiraient gagnants si le
Canada n'avait pas accès aux vaccins ou si sa
population n'était pas entièrement vaccinée, ou
pour miner la confiance dans le système de
distribution. Elle suggère même qu'une faction
terroriste militante opposée au vaccin pourrait
tenter d'en perturber sa distribution. Elle
déclare en terminant que si les agences de
sécurité de l'État et la police se donnent la
peine d'informer les acteurs de la chaîne
d'approvisionnement, c'est que la menace doit être
réelle. Elle tient ces propos même s'il est bien
connu que les tactiques alarmistes, les activités
occultes et terroristes organisées par l'État et
effectuées par la police et les agences de la
sécurité pour miner et criminaliser le mouvement
du peuple et ses organisations sont chose
courante.
L'ancien directeur du SCRS Ward Elcock aurait dit
que le crime organisé lui-même constitue une
menace. « Si vous êtes une organisation
criminelle, vous pouvez gagner de l'argent avec
n'importe quoi. Les gens gagnent de l'argent avec
la cigarette. Ils gagnent de l'argent avec la
drogue. Ce n'est pas différent de tout autre
produit. » Bien sûr, les nouveaux vaccins
sont instables et difficiles à transporter,
car il requiert une infrastructure frigorifique
spécialisée qui n'est pas accessible à tout le
monde. À quoi peut servir le système de sécurité
d'un pays qui sème le doute sur la capacité d'une
société moderne à transporter des vaccins en toute
sécurité, sauf si ce n'est de justifier une
augmentation du financement et du déploiement de
ce système de sécurité ?
Un participant à la séance d'information a
commenté que la chaîne d'approvisionnement est «
riche en données », ce qui en ferait une
cible. Un porte-parole du Centre de la sécurité
des télécommunications Canada (CST) a dit : «
Le CST et le Centre canadien pour la cybersécurité
continuent de travailler avec nos partenaires
nationaux et internationaux pour soutenir la
réponse du gouvernement du Canada à la pandémie du
COVID-19, y compris la recherche et la
distribution de vaccins. Il est toujours important
de noter que nous continuons de surveiller les
cybermenaces dans le cadre de notre mandat de
renseignement étranger. Nous travaillons avec nos
partenaires canadiens en matière de sécurité et de
renseignement, y compris le ministère de la
Défense nationale et les Forces armées
canadiennes, pour contrer les cybermenaces envers
le Canada. »
Le major général Dany Fortin, le commandant
militaire responsable de la distribution des
vaccins à l'Agence canadienne de la Santé
publique, a dit que « je pense que le problème
sous-jacent que vous soulevez ici est que nous
devons nous assurer que certaines informations ne
sont pas divulguées, pour des raisons évidentes.
Donc, en ce qui concerne le routage exact [des
expéditions du vaccin], nous préférons ne pas
divulguer l'acheminement, l'emplacement exact ou
les points de transfert dans la chaîne du froid
pour protéger l'intégrité de la chaîne
d'approvisionnement. »
Tout indique que ceux qui prétendent être
responsables et conscients des « menaces à la
sécurité » du Canada et de sa chaîne
d'approvisionnement du vaccin font font partie de
la conception du monde axée sur la prémisse que
tous les pays doivent se soumettre à la domination
des États-Unis et que ceux qui refusent de le
faire sont des menaces à la sécurité.
Ils visent à exploiter l'anxiété de gens face à la
COVID-19 pour justifier les pouvoirs accrus des
agences de sécurité de l'État au lieu d'encourager
une unité de pensée en des actions à la défense
des droits. Au nom de défendre le Canada contre «
des acteurs étrangers malveillants », les
Canadiens devraient s'appuyer sur des acteurs
étrangers malveillants (par exemple, les
impérialistes américains, l'OTAN, etc.), car les
agences au service de ces acteurs étrangers très
malveillants disent qu'on peut leur faire
confiance. Cela n'a aucun sens.
Un organisme sans but lucratif de l'Union
européenne appelé EU DisinfoLab, dont la mission
est de débusquer les campagnes de désinformation,
a déclaré avoir mis au jour une campagne de
désinformation indienne aux proportions massives
et qui dure depuis 15 ans. DinsinfoLab dit
que la campagne est une opération d'influence qui
« cible les institutions internationales et sert
les intérêts indiens ». Le rapport
DinsinfoLab s'intitule « Indian Chronicles :
deep dive into a 15-year operation targeting the
EU and UN to serve Indian interests »
(Chroniques indiennes : un examen approfondi
d'une opération de 15 ans qui vise l'UE et
l'ONU pour servir les intérêts indiens).
L'avant-propos du rapport dit :
« 'Chroniques
indiennes – le nom que nous avons donné à
cette opération – des médias disparus, des
groupes de réflexion et des ONG disparus
ressuscités, de même que des personnes décédées
ressuscitées. Les acteurs à l'origine de cette
opération ont piraté les noms d'autres personnes,
ont tenté de se faire passer pour des médias et
des agences de presse réguliers telles que EU
Observer, The Economist et Voice of
America, utilisé l'en-tête officiel du Parlement
européen, enregistré des sites Web sous des
avatars avec de faux numéros de téléphone, fourni
de fausses adresses aux Nations unies, créé des
maisons d'édition pour imprimer les livres des
groupes de réflexion qu'ils possédaient. Ils ont
organisé des événements soi-disant multipartites
où, essentiellement, tout le monde qui parlait
était lié aux « Chroniques indiennes ». Ils
se sont appropriés de manière frauduleuse la photo
d'un ancien ministre du gouvernement britannique
et directeur de la BBC sur Facebook, ont
enregistré les noms de personnes décédées pour
qu'elles assistent à des événements cinq ans après
leur mort, inventé des dizaines d'identités de
journalistes. Ils ont utilisé des pages de faux
médias qui se citaient et se republiaient entre
eux. Ils ont utilisé des politiciens qui voulaient
vraiment défendre les droits des femmes ou des
minorités pour servir en fin de compte des
intérêts géopolitiques et ont donné une
plate-forme aux politiciens d'extrême droite
lorsque des objectifs convergents pouvaient être
atteints. »
La publication en ligne The Wire a
rapporté le 10 décembre :
« En 2019, EU DisinfoLab avait publié une
étude qui prétendait avoir découvert un réseau
d'influence indien qui couvre '265 faux sites
d'information locaux dans plus de 65 pays'.
« Cette étude a commencé comme une enquête sur
une possible désinformation russe lorsque des
articles publiés sur Russia Today ont été
republiés sur un site Web, 'EP Today', qui a
conduit les enquêteurs vers le réseau de sites et
d'ONG, largement liés au groupe Srivastava basé à
New Delhi.
« Cette entreprise était apparemment le principal
bailleur de fonds du 'think tank' basé à Delhi,
l'Institut international d'études non alignées
(IINS) qui avait parrainé un groupe de membres de
droite du Parlement européen (MPE) pour visiter le
Cachemire en octobre 2019 – la première
fois que des politiciens (y compris des Indiens)
ont été autorisés à visiter l'ancien État après
qu'il a été placé en confinement à la suite de la
suppression de l'article 370 [de la
Constitution indienne] en août de cette année.
« Dans le prolongement de son étude antérieure,
le groupe dit maintenant avoir trouvé des preuves
d'une opération d'influence menée par le groupe
Srivastava qui a débuté il y a 15 ans de
cela.
« Dans le dernier rapport d'enquête - 'Indian
Chronicles', publié mercredi [9 décembre] - le
DisinfoLab de l'UE affirme avoir identifié plus
de 10 ONG accréditées auprès du Conseil des
droits de l'homme des Nations unies (CDH), qui
sont apparemment gérées par le groupe Srivastava.
La plupart d'entre elles semblent avoir été de
véritables ONG en déclin et dont l'identité a été
‘piratée', selon les auteurs du rapport.
« Par exemple, en mai 1938, le Comité
international permanent de la conserve a été fondé
pour promouvoir la 'consommation de produits en
conserve' et a cessé d'exister en 2007.
Cependant, le nom de domaine de l'organisation a
été enregistré le 10 janvier 2016, 'le
même jour comme l'enregistrement des noms de
domaine d'autres ONG accréditées, et il est
hébergé sur l'adresse IP avec plusieurs autres
sites Web appartenant à Srivastava '.
« Accréditée auprès du CDH, l'organisation a fait
des interventions orales 'pro-indiennes et
anti-pakistanaises'. 'Le thème central de l'ONG
originale – 'conserves' – a été
totalement détourné pour nuire à l'image du
Pakistan au Conseil des droits de l'homme, dit le
rapport.
« Une autre ONG accréditée par l'ONU à avoir une
présence sur les serveurs utilisés par le groupe
de Srivastava, selon le rapport, est la Commission
d'étude de l'organisation de la paix (CSOP).
« Cette organisation était inactive depuis la fin
des années 1970, avant d'être relancée en
2005. 'Chose choquante, nous avons découvert que
l'organisation n'avait pas seulement été relancée.
Son ancien président et 'grand-père du droit
international aux États-Unis »', Louis B.
Sohn, décédé en 2006, a apparemment assisté à
une réunion du Conseil des droits de l'homme des
Nations unies en 2007 et a participé à un
événement organisé par les 'Amis du
Gilgit-Baltistan' à Washington, DC en 2011',
indique le rapport.
« Ces groupes organisaient des événements
parallèles au Parlement européen ou dans les
bureaux de l'ONU, qui ont été utilisés pour faire
venir des députés européens 'en utilisant des
causes telles que les droits des minorités et les
droits des femmes comme point d'entrée'. »
En outre, le rapport affirme que les «
acteurs » derrière les opérations ont
enregistré plus de 550 noms de domaine d'ONG, de
groupes de réflexion, de médias, de groupes
informels du Parlement européen, des organisations
religieuses et imams, de sociétés d'édition
obscures et de huit personnalités publiques.
« EU DisinfoLab prétend avoir trouvé un nouveau
faux média – 'EU Chronicle' – qui est en
grande partie une plate-forme pour que les
eurodéputés signent des articles pro-indiens. 'En
moins de 6 mois d'existence, déjà 11
députés du Parlement européen, la plupart déjà
impliqués avec EP Today, ont écrit ou approuvé
pour EU Chronicle des articles d'opinion à un
rythme remarquablement élevé'.
« Ces articles dans EU Chronicle ont ensuite été
reconditionnés par l'agence de presse ANI. 'À part
Times of Geneva et 4 News, qui
ont arrêté leurs activités à la suite de notre
enquête précédente, ANI reste la seule agence de
presse à couvrir largement les activités des ONG
douteuses à Genève ».
« Cette couverture médiatique, observe le
rapport, visait principalement les ressortissants
indiens' avec une large couverture de ces
‘médias', députés européens et ‘ONG' à peine
connus en Europe '.
« Résumant ses conclusions, EU DisinfoLab a
déclaré que son enquête examine ‘les activités
d'une fausse ONG zombie et celles d'un faux média
spécialisé qui peuvent ensuite être
reconditionnées, déformées et amplifiées par des
acteurs malveillants pour influencer ou
désinformer à l'échelle mondiale, en utilisant des
failles dans les institutions internationales et
les moteurs de recherche en ligne. »
« Les chercheurs ont précisé qu'ils savaient que
les conclusions du rapport seraient utilisées par
des intérêts particuliers, dans une référence aux
autorités pakistanaises. 'Gardons à l'esprit que
ce n'est pas parce qu'une partie utilise des
campagnes d'influence douteuses que l'autre ne le
fait pas – et une simple recherche sur Google
vous amènera à découvrir les comportements non
authentiques qui appuient les intérêts
pakistanais', ajoutent-ils. »
« Ce rapport, ont-ils noté, n'était pas un
jugement sur la situation des droits humains au
Pakistan et ne portait pas atteinte à la
crédibilité des mouvements minoritaires.
« Affirmant qu'il n'existe pas de 'bonne
désinformation', les auteurs ont affirmé que ‘le
rapport met simplement en lumière la manière dont
les parties prenantes indiennes ont utilisé ces
luttes pour servir leurs propres intérêts'.
« Bien que le rapport n'ait pas pointé du doigt
les agences de renseignement indiennes, il a noté
qu'il y avait ' plusieurs éléments suggérant la
possible implication d'autres parties prenantes '
dans les opérations d'influence. Ces éléments ont
été identifiés dans le rapport comme étant la
relation étroite entre l'ANI et le gouvernement
indien, l'implication présumée d'une entreprise du
groupe Srivastava dans l'offre de services de la
guerre de l'information uniquement aux agences
indiennes et les menaces apparentes faites à un
orateur à l'ONU par un membre du groupe
Srivastava, suivies d'un interrogatoire par les
agences de sécurité indiennes. »
Pour le rapport au complet (en anglais), cliquer
ici.
Le 8 décembre, le juge Carl Nichols de la
Cour de district des États-Unis à Washington, DC,
a décidé que le département américain du Commerce
« avait vraisemblablement outrepassé » ses
pouvoirs d'urgence présidentiels « et a agi de
façon arbitraire et non réfléchie en omettant de
considérer des alternatives évidentes » face
aux tentatives du président Donald Trump
d'interdire TikTok, une application des médias
sociaux utilisée pour partager de courtes vidéos
créées par les utilisateurs. La société mère
chinoise de TikTok, ByteDance, a intenté le 18
septembre un procès contre l'interdiction,
plaidant que l'interdiction viole le droit à la
liberté de parole et aux droits reconnus en vertu
de la loi.
ByteDance a proposé que les opérations de TikTok
aux États-Unis soient prises en main par des
compagnies américaines. L'administration Trump
avait provisoirement accepté en septembre que le
géant des logiciels Oracle et Walmart investissent
dans TikTok, et qu'Oracle gérerait les données des
utilisateurs. Cette entente devait être finalisée
le 6 décembre. Le département américain du
Trésor, qui gère l'agence responsable de cet
arrangement, a dit que l'agence « participe avec
ByteDance dans le parachèvement du processus de
désengagement et d'autres étapes nécessaires pour
surmonter les risques à la sécurité nationale liés
à la transaction ».
Précédemment, le 27 septembre, un jugement
du juge Nichols avait temporairement bloqué
l'interdiction présidentielle. Ensuite, la juge de
district des États-Unis, Wendy Beetlestone, du
district est de la Pennsylvanie, s'est prononcée
contre l'interdiction, le 30 octobre, lors
d'un procès intenté par trois utilisateurs de
TikTok s'opposant à l'interdiction présidentielle
sur la base qu'elle nuisait à leur droit de
parole.
Selon ByteDance, TikTok a 100 millions
d'utilisateurs aux États-Unis et 700 millions
à l'échelle mondiale. L'administration Trump
prétend que TikTok est une menace à la sécurité,
disant que le gouvernement chinois pourrait s'en
servir pour espionner les données personnelles des
utilisateurs. Trump a signé un arrêté présidentiel
le 6 août dans le but d'interdire les
transactions de TikTok aux États-Unis avant
le 20 septembre à moins que la société mère
chinoise ByteDance ne vende ses opérations
américaines. Cet arrêté a été suivi d'un autre
le 14 août, accordant à ByteDance 90
jours pour vendre ou céder les opérations
américaines de TikTok.
Les péripéties de TikTok se déroulent dans le
contexte des tentatives des impérialistes
américains d'isoler la Chine en ayant recours à la
rhétorique de la peur et de l'anticommunisme, avec
le danger que l'escalade des sanctions et des
guerres commerciales n'éclatent en agression
militaire ouverte. Il n'y a pas de preuves pour
appuyer les accusations de l'administration Trump
contre TikTok, mais les pratiques d'espionnage
cybernétique ou de guerre cybernétique de longue
date du gouvernement américain contre son propre
peuple et ceux d'autres pays sont notoires.
Dans cette situation, les cercles dirigeants du
Canada ont entraîné le pays dans les intrigues
contre la Chine au service des intérêts
impérialistes américains, ce qui comprend
l'arrestation par la GRC de la directrice de
Huawei, Meng Wanzhou, en vertu d'une demande
d'extradition des États-Unis. Soulignons aussi le
choix méprisable de Halifax comme endroit pour la
tenue de la conférence de sécurité de Halifax, où,
en grande partie, les conférenciers ont attaqué la
Chine, en opposition aux souhaits des Canadiens
que le Canada soit une zone de paix.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
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