Les propos alarmistes au sujet de la chaîne d'approvisionnement du Canada

Peu avant que des doses du vaccin contre la COVID-19 aient été expédiées partout au pays, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a organisé une séance d'information pour les compagnies participant à la chaîne d'approvisionnement du vaccin. Les divers reportages indiquent que le SCRS  prédit de soi-disant menaces à la chaîne d'approvisionnement du Canada, par  des « acteurs étrangers malveillants » qui pourraient exploiter les vulnérabilités des compagnies qui font partie de la chaîne d'approvisionnement et de leurs travailleurs.

« Le SCRS observe des activités de menace persistantes et sophistiquées parrainées par un l'État, y compris des dommages à des entreprises canadiennes individuelles, ainsi que le péage croissant sur les actifs vitaux du Canada et l'économie du savoir », a dit un porte-parole de l'agence.

« Par conséquent, le SCRS travaille en étroite collaboration avec des partenaires gouvernementaux pour veiller à ce que le plus grand nombre d'entreprises canadiennes et de différents paliers de gouvernement soient conscients de l'environnement de la menace et qu'ils disposent de l'information dont ils ont besoin pour mettre en oeuvre des mesures de sécurité préventives. »

Lorsqu'on lui a demandé de quels pays il s'agissait, le porte-parole a mentionné une séance d'information en juillet à l'intention de la Chambre de commerce du Canada où on avait mentionné la Chine et la Russie comme étant des pays engagés activement dans l'espionnage.

Dans un article du 17 décembre de CBC News, on cite différentes personnes qui se disent « analystes du renseignement » qui reprennent la campagne de peur du SCRS et donnent libre cours à leurs propres fabulations sur les « menaces à la sécurité ».


Une de ces analystes laisse entendre que la chaîne d'approvisionnement du vaccin serait « peut-être » une cible parce que les adversaires du Canada sortiraient gagnants si le Canada n'avait pas accès aux vaccins ou si sa population n'était pas entièrement vaccinée, ou pour miner la confiance dans le système de distribution. Elle suggère même qu'une faction terroriste militante opposée au vaccin pourrait tenter d'en perturber sa distribution. Elle déclare en terminant que si les agences de sécurité de l'État et la police se donnent la peine d'informer les acteurs de la chaîne d'approvisionnement, c'est que la menace doit être réelle. Elle tient ces propos même s'il est bien connu que les tactiques alarmistes, les activités occultes et terroristes organisées par l'État et effectuées par la police et les agences de la sécurité pour miner et criminaliser le mouvement du peuple et ses organisations sont chose courante.

L'ancien directeur du SCRS Ward Elcock aurait dit que le crime organisé lui-même constitue une menace. « Si vous êtes une organisation criminelle, vous pouvez gagner de l'argent avec n'importe quoi. Les gens gagnent de l'argent avec la cigarette. Ils gagnent de l'argent avec la drogue. Ce n'est pas différent de tout autre produit. » Bien sûr, les nouveaux vaccins sont  instables et difficiles à transporter, car il requiert une infrastructure frigorifique spécialisée qui n'est pas accessible à tout le monde. À quoi peut servir le système de sécurité d'un pays qui sème le doute sur la capacité d'une société moderne à transporter des vaccins en toute sécurité, sauf si ce n'est  de justifier une augmentation du financement et du déploiement de ce système de sécurité ?

Un participant à la séance d'information a commenté que la chaîne d'approvisionnement est « riche en données », ce qui en ferait une cible. Un porte-parole du Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CST) a dit : « Le CST et le Centre canadien pour la cybersécurité continuent de travailler avec nos partenaires nationaux et internationaux pour soutenir la réponse du gouvernement du Canada à la pandémie du COVID-19, y compris la recherche et la distribution de vaccins. Il est toujours important de noter que nous continuons de surveiller les cybermenaces dans le cadre de notre mandat de renseignement étranger. Nous travaillons avec nos partenaires canadiens en matière de sécurité et de renseignement, y compris le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes, pour contrer les cybermenaces envers le Canada. »

Le major général Dany Fortin, le commandant militaire responsable de la distribution des vaccins à l'Agence canadienne de la Santé publique, a dit que « je pense que le problème sous-jacent que vous soulevez ici est que nous devons nous assurer que certaines informations ne sont pas divulguées, pour des raisons évidentes. Donc, en ce qui concerne le routage exact [des expéditions du vaccin], nous préférons ne pas divulguer l'acheminement, l'emplacement exact ou les points de transfert dans la chaîne du froid pour protéger l'intégrité de la chaîne d'approvisionnement. »

Tout indique que ceux qui prétendent être responsables et conscients des « menaces à la sécurité » du Canada et de sa chaîne d'approvisionnement du vaccin font font partie de la conception du monde axée sur la prémisse que tous les pays doivent se soumettre à la domination des États-Unis et que ceux qui refusent de le faire sont des menaces à la sécurité.

Ils visent à exploiter l'anxiété de gens face à la COVID-19 pour justifier les pouvoirs accrus des agences de sécurité de l'État au lieu d'encourager une unité de pensée en des actions à la défense des droits. Au nom de défendre le Canada contre « des acteurs étrangers malveillants »,  les Canadiens devraient s'appuyer sur des acteurs étrangers malveillants (par exemple, les impérialistes américains, l'OTAN, etc.), car les agences au service de ces acteurs étrangers très malveillants disent qu'on peut leur faire confiance. Cela n'a aucun sens.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 87 - 21 décembre 2020

Lien de l'article:
Les propos alarmistes au sujet de la chaîne d'approvisionnement du Canada


    

Site Web:  www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca