Grande opération de désinformation de l'Inde

Un organisme sans but lucratif de l'Union européenne appelé EU DisinfoLab, dont la mission est de débusquer les campagnes de désinformation, a déclaré avoir mis au jour une campagne de désinformation indienne aux proportions massives et qui dure depuis 15 ans. DinsinfoLab dit que la campagne est une opération d'influence qui « cible les institutions internationales et sert les intérêts indiens ». Le rapport DinsinfoLab s'intitule « Indian Chronicles : deep dive into a 15-year operation targeting the EU and UN to serve Indian interests » (Chroniques indiennes : un examen approfondi d'une opération de 15 ans qui vise l'UE et l'ONU pour servir les intérêts indiens). L'avant-propos du rapport dit :

« 'Chroniques indiennes – le nom que nous avons donné à cette opération – des médias disparus, des groupes de réflexion et des ONG disparus ressuscités, de même que des personnes décédées ressuscitées. Les acteurs à l'origine de cette opération ont piraté les noms d'autres personnes, ont tenté de se faire passer pour des médias et des agences de presse réguliers telles que EU Observer, The Economist et Voice of America, utilisé l'en-tête officiel du Parlement européen, enregistré des sites Web sous des avatars avec de faux numéros de téléphone, fourni de fausses adresses aux Nations unies, créé des maisons d'édition pour imprimer les livres des groupes de réflexion qu'ils possédaient. Ils ont organisé des événements soi-disant multipartites où, essentiellement, tout le monde qui parlait était lié aux « Chroniques indiennes ». Ils se sont appropriés de manière frauduleuse la photo d'un ancien ministre du gouvernement britannique et directeur de la BBC sur Facebook, ont enregistré les noms de personnes décédées pour qu'elles assistent à des événements cinq ans après leur mort, inventé des dizaines d'identités de journalistes. Ils ont utilisé des pages de faux médias qui se citaient et se republiaient entre eux. Ils ont utilisé des politiciens qui voulaient vraiment défendre les droits des femmes ou des minorités pour servir en fin de compte des intérêts géopolitiques et ont donné une plate-forme aux politiciens d'extrême droite lorsque des objectifs convergents pouvaient être atteints. »

La publication en ligne The Wire a rapporté le 10 décembre :

« En 2019, EU DisinfoLab avait publié une étude qui prétendait avoir découvert un réseau d'influence indien qui couvre '265 faux sites d'information locaux dans plus de 65 pays'.

« Cette étude a commencé comme une enquête sur une possible désinformation russe lorsque des articles publiés sur Russia Today ont été republiés sur un site Web, 'EP Today', qui a conduit les enquêteurs vers le réseau de sites et d'ONG, largement liés au groupe Srivastava basé à New Delhi. 

« Cette entreprise était apparemment le principal bailleur de fonds du 'think tank' basé à Delhi, l'Institut international d'études non alignées (IINS) qui avait parrainé un groupe de membres de droite du Parlement européen (MPE) pour visiter le Cachemire en octobre 2019 – la première fois que des politiciens (y compris des Indiens) ont été autorisés à visiter l'ancien État après qu'il a été placé en confinement à la suite de la suppression de l'article 370 [de la Constitution indienne] en août de cette année.

« Dans le prolongement de son étude antérieure, le groupe dit maintenant avoir trouvé des preuves d'une opération d'influence menée par le groupe Srivastava qui a débuté il y a 15 ans de cela.

« Dans le dernier rapport d'enquête - 'Indian Chronicles', publié mercredi [9 décembre] - le DisinfoLab de l'UE affirme avoir identifié plus de 10 ONG accréditées auprès du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (CDH), qui sont apparemment gérées par le groupe Srivastava. La plupart d'entre elles semblent avoir été de véritables ONG en déclin et dont l'identité a été ‘piratée', selon les auteurs du rapport.

« Par exemple, en mai 1938, le Comité international permanent de la conserve a été fondé pour promouvoir la 'consommation de produits en conserve' et a cessé d'exister en 2007. Cependant, le nom de domaine de l'organisation a été enregistré le 10 janvier 2016, 'le même jour comme l'enregistrement des noms de domaine d'autres ONG accréditées, et il est hébergé sur l'adresse IP avec plusieurs autres sites Web appartenant à Srivastava '.

« Accréditée auprès du CDH, l'organisation a fait des interventions orales 'pro-indiennes et anti-pakistanaises'. 'Le thème central de l'ONG originale – 'conserves' – a été totalement détourné pour nuire à l'image du Pakistan au Conseil des droits de l'homme, dit le rapport.

« Une autre ONG accréditée par l'ONU à avoir une présence sur les serveurs utilisés par le groupe de Srivastava, selon le rapport, est la Commission d'étude de l'organisation de la paix (CSOP).

« Cette organisation était inactive depuis la fin des années 1970, avant d'être relancée en 2005. 'Chose choquante, nous avons découvert que l'organisation n'avait pas seulement été relancée. Son ancien président et 'grand-père du droit international aux États-Unis »', Louis B. Sohn, décédé en 2006, a apparemment assisté à une réunion du Conseil des droits de l'homme des Nations unies en 2007 et a participé à un événement organisé par les 'Amis du Gilgit-Baltistan' à Washington, DC en 2011', indique le rapport.

« Ces groupes organisaient des événements parallèles au Parlement européen ou dans les bureaux de l'ONU, qui ont été utilisés pour faire venir des députés européens 'en utilisant des causes telles que les droits des minorités et les droits des femmes comme point d'entrée'. »

En outre, le rapport affirme que les « acteurs » derrière les opérations ont enregistré plus de 550 noms de domaine d'ONG, de groupes de réflexion, de médias, de groupes informels du Parlement européen, des organisations religieuses et imams, de sociétés d'édition obscures et de huit personnalités publiques.

« EU DisinfoLab prétend avoir trouvé un nouveau faux média – 'EU Chronicle' – qui est en grande partie une plate-forme pour que les eurodéputés signent des articles pro-indiens. 'En moins de 6 mois d'existence, déjà 11 députés du Parlement européen, la plupart déjà impliqués avec EP Today, ont écrit ou approuvé pour EU Chronicle des articles d'opinion à un rythme remarquablement élevé'.

« Ces articles dans EU Chronicle ont ensuite été reconditionnés par l'agence de presse ANI. 'À part Times of Geneva et 4 News, qui ont arrêté leurs activités à la suite de notre enquête précédente, ANI reste la seule agence de presse à couvrir largement les activités des ONG douteuses à Genève ».

« Cette couverture médiatique, observe le rapport, visait principalement les ressortissants indiens' avec une large couverture de ces ‘médias', députés européens et ‘ONG' à peine connus en Europe '.

« Résumant ses conclusions, EU DisinfoLab a déclaré que son enquête examine ‘les activités d'une fausse ONG zombie et celles d'un faux média spécialisé qui peuvent ensuite être reconditionnées, déformées et amplifiées par des acteurs malveillants pour influencer ou désinformer à l'échelle mondiale, en utilisant des failles dans les institutions internationales et les moteurs de recherche en ligne. »

« Les chercheurs ont précisé qu'ils savaient que les conclusions du rapport seraient utilisées par des intérêts particuliers, dans une référence aux autorités pakistanaises. 'Gardons à l'esprit que ce n'est pas parce qu'une partie utilise des campagnes d'influence douteuses que l'autre ne le fait pas – et une simple recherche sur Google vous amènera à découvrir les comportements non authentiques qui appuient les intérêts pakistanais', ajoutent-ils. »

« Ce rapport, ont-ils noté, n'était pas un jugement sur la situation des droits humains au Pakistan et ne portait pas atteinte à la crédibilité des mouvements minoritaires.

« Affirmant qu'il n'existe pas de 'bonne désinformation', les auteurs ont affirmé que ‘le rapport met simplement en lumière la manière dont les parties prenantes indiennes ont utilisé ces luttes pour servir leurs propres intérêts'.

« Bien que le rapport n'ait pas pointé du doigt les agences de renseignement indiennes, il a noté qu'il y avait ' plusieurs éléments suggérant la possible implication d'autres parties prenantes ' dans les opérations d'influence. Ces éléments ont été identifiés dans le rapport comme étant la relation étroite entre l'ANI et le gouvernement indien, l'implication présumée d'une entreprise du groupe Srivastava dans l'offre de services de la guerre de l'information uniquement aux agences indiennes et les menaces apparentes faites à un orateur à l'ONU par un membre du groupe Srivastava, suivies d'un interrogatoire par les agences de sécurité indiennes. »

Pour le rapport au complet (en anglais), cliquer ici.

(Traduit de l'anglais par LML)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 87 - 21 décembre 2020

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