Numéro 81 - 7 décembre 2020
La politique étrangère du Canada
Les agissements du Canada
aux Nations unies
- Steve Rutchinski et Philip Fernandez -
• Le
rôle méprisable du Canada dans l'opposition aux
droits
humains des Palestiniens
- Yi Nicholls -
• Une
invocation intéressée et dangereuse des victimes
de l'Holocauste pour camoufler les crimes commis
contre les Palestiniens
- Louis Lang -
Des développements inquiétants aux États-Unis
• Les
pouvoirs présidentiels sont utilisés pour
attaquer et
restructurer la main-d'oeuvre fédérale
- Kathleen Chandler -
• Le
Congrès menace le public de fermer le
gouvernement alors que les cas de COVID-19
atteignent des niveaux records
• L'affrontement
électoral n'est toujours pas résolu
Développements au Guatemala
• Au
milieu d'appels à la démission, le président
sollicite le soutien de l'Organisation des États
américains
- Gerardo Villagran del
Corral -
La politique étrangère du Canada
- Steve Rutchinski et Philip
Fernandez -
Rien de bon ne ressort de l'action du Canada aux
Nations unies où il fait activement la promotion
des définitions impérialistes des droits et cajole
les pays pour qu'ils adoptent ces définitions sous
peine de représailles des institutions
financières, militaires et politiques
impérialistes. Il participe à l'imposition d'une
restructuration des relations internationales pour
servir les intérêts de l'impérialisme américain.
Le but de la nomination de l'apologiste aguerri
de l'État anglo-canadien, Bob Rae, au poste
d'ambassadeur du Canada auprès des Nations unies
est de réaliser ces objectifs néfastes. Aucunement
découragé par son échec à obtenir un siège au
Conseil de sécurité, le Canada a annoncé la
nomination de Rae en faisant les louanges de son
rôle de champion du multilatéralisme, des droits
humains et de la paix. Un communiqué du cabinet du
premier ministre présente Bob Rae comme un
excellent choix pour continuer « de mobiliser nos
partenaires internationaux et de promouvoir les
valeurs canadiennes de paix, de liberté, de
démocratie et de droits de la personne, alors que
nous avançons dans cette période d'incertitude
mondiale ».
Les actes, cependant, éclairent ce que sont « les
valeurs canadiennes de paix, de liberté, de
démocratie et de droits de la personne » que
le Canada représente. La politique étrangère du
Canada est fondée sur la domination du monde par
le système impérialiste d'États occidentaux dirigé
par l'impérialisme anglo-américain, qui s'appuie
sur l'OTAN, son bras armé. Cette politique n'est
pas nouvelle puisqu'elle est basée sur une
réactivation narcissique de la doctrine intéressée
de « moyenne puissance » élaborée dans les
années 1940 et qui a guidé la diplomatie
canadienne au service de l'impérialisme américain
pendant la guerre froide[1].
Bob Rae est un
homme de confiance de l'impérialisme
anglo-américain. Son activité passée sur des
questions qui continuent à être préoccupantes
montrent très bien que le Canada ne vise rien de
progressiste avec cette nomination.
En 2004, Bob Rae a appuyé la participation
du Canada et de la France au coup d'État dirigé
par les États-Unis en Haïti et au renversement du
gouvernement de Jean-Bertrand Aristide élu
démocratiquement par le peuple. Avec une vraie
logique de bandit, Bob Rae a déclaré que c'était «
l'inefficacité et la corruption grossière »
d'Aristide qui ont conduit au coup d'État qui a
renversé son gouvernement et non l'intervention
criminelle des États-Unis, du Canada et de la
France.
Bob Rae est un ardent sioniste et un partisan
inconditionnel des abus de pouvoir d'Israël en
tant que puissance occupante de la Palestine.
Ennemi des droits du peuple palestinien, il a été
membre du comité directeur de la « Coalition
parlementaire canadienne de lutte contre
l'antisémitisme » formée en 2009 avec
pour objectif de saper les droits du peuple
palestinien en criminalisant et en réduisant au
silence ceux qui s'opposent aux crimes d'Israël
contre les Palestiniens en les traitant
d'antisémites.
Soulignons qu'au sujet de Gaza et des territoires
occupés, qui ont été transformés en la plus grande
prison à ciel ouvert du monde, où des crimes
contre la paix et des crimes contre l'humanité
sont commis chaque jour par l'État sioniste
d'Israël, le Canada et son ambassadeur auprès des
Nations unies sont totalement silencieux !
Qui plus est, cette année le Canada s'oppose
activement à l'enquête sur les crimes de guerre et
les crimes contre l'humanité commis par Israël
ouverte par la Cour pénale internationale. Voilà
le programme « droits de la personne » du
Canada en action !
En 2010, Bob Rae s'est rallié au
gouvernement Harper et a prôné le maintien d'une
présence militaire canadienne importante en
Afghanistan. Il s'est opposé au retrait prévu des
forces canadiennes d'Afghanistan et a appelé
Stephen Harper « à aller jusqu'au bout ».
En 2011, Bob Rae était porte-parole du Parti
libéral en matière d'affaires étrangères au
Parlement. Il a exigé un changement de régime en
Libye et a soutenu la participation du Canada aux
bombardements sauvages de l'OTAN qui ont détruit
ce pays et ont déclenché la violence,
l'instabilité et l'insécurité qui se sont depuis
propagées vers le sud, au Mali et dans tout le
Sahel.
Lorsque le président du Venezuela, Hugo Chavez,
est décédé en mars 2013, Bob Rae a
tweeté : « Nos condoléances et espoirs d'un
avenir démocratique. » Lorsque le président
Nicolas Maduro a été élu par le peuple vénézuélien
en 2013, Bob Rae a demandé à Stephen Harper
d'imposer des sanctions plus sévères au Venezuela.
En janvier 2020, il a déclaré : « Chavez
et Maduro ont terriblement abusé de leur pouvoir,
appauvri leur peuple et créé la plus grande crise
humanitaire et de réfugiés de l'histoire moderne
de l'Amérique latine. L'idéalisation de leur
régime et de leur idéologie est une honte. »
Le Canada utilise la « moyenne puissance »
et une politique étrangère de longue date en
faveur du multilatéralisme pour protéger les
intérêts de l'impérialisme anglo-américain, sous
la direction des États-Unis et avec le soutien de
la « puissance dure » de l'OTAN et en créant
au besoin des « coalitions de volontaires[2] ».
En entrevue à CTV en juillet dernier, Bob Rae a
dit : « Les bases fondamentales de notre
approche de la vie, de notre approche de la
politique, de notre approche des relations
internationales sont solides... Et je ne veux pas
nous voir jeter le bébé avec l'eau du bain. »
Le Forum international sur la sécurité de Halifax
qui s'est tenu dernièrement, que le Canada a
financé en partie et dont il a été l'hôte, a tenu
une session spéciale sur le rôle des « moyennes
puissances » dont le thème était « Go
Canada ! » Le forum a publié le « Guide
pour les démocraties » dont le titre
est : « Chine contre démocratie - Le plus
Grand Jeu ». Le « Guide » déclare :
« Alors que les États-Unis restent le leader
naturel du monde libre, les alliances et les
partenariats entre démocraties seront différents
de ceux du XXe siècle. Le plus urgent actuellement
est de réinventer des alliances démocratiques
dignes du XXIe siècle. »
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, dans
son allocution à la Bibliothèque présidentielle et
au Musée Richard Nixon, l'a formulé ainsi au début
de l'été : « Le défi que pose la Chine exige
des efforts, de l'énergie de la part des
démocraties – celles d'Europe, celles d'Afrique,
celles d'Amérique du Sud, et en particulier celles
de la région indo-pacifique. [...] Nous ne pouvons
donc pas faire face seuls à ce défi. Les
Nations unies, l'OTAN, les pays du G7, le G20, nos
capacités économiques, diplomatiques et militaires
combinées sont sûrement suffisantes pour relever
ce défi si nous les utilisons avec clarté et avec
beaucoup de courage. »
Le Canada est clairement un instrument de cette
politique réactionnaire à l'ONU : «
réinventer des alliances démocratiques dignes du
XXIe siècle » aux dépens de l'ONU elle-même
si nécessaire, conspirer avec des « partenariats
internationaux » qui partagent les mêmes
objectifs pour empêcher les nations de poursuivre
leurs propres projets d'édification nationale et
transformer les forums de l'ONU en champs de
bataille contre ceux qui sont considérés comme des
rivaux, tout cela étant considéré comme normal.
Dans une entrevue accordée au Globe and Mail
le 23 octobre, Bob Rae explique ce que «
réinventer » veut dire pour le Canada :
« La souveraineté n'est pas le seul principe
reconnu dans la Charte [des Nations unies], et au
cours des 70 dernières années, nous avons
créé, non seulement la Déclaration universelle,
mais aussi un certain nombre d'institutions axées
sur les droits de la personne. » Il a accusé
la Russie et la Chine de « faire une
interprétation stricte de la Charte des Nations
unies » pour opposer la « souveraineté »
aux « droits de la personne ». Bob Rae a sans
doute à l'esprit la doctrine impérialiste de la
responsabilité de protéger que le Canada a
élaborée et que les États-Unis et l'OTAN utilisent
pour contourner la Charte des Nations unies.
Ainsi, la responsabilité de protéger a été
utilisée par le Canada pour justifier la
destruction de la Yougoslavie et de la Libye.
Peu avant le Forum d'Halifax sur la sécurité
internationale de cette année, le Canada s'est
joint à un groupe de 39 pays organisés par
les États-Unis qui a accusé la Chine de «
violations des droits de la personne » et de
« génocide » contre la minorité ouïghoure du
Xinjiang. La Grande-Bretagne a présenté une
déclaration commune à cet effet. À titre
d'ambassadeur du Canada auprès des Nations unies,
Bob Rae a déclaré qu'il ne pouvait pas prouver ces
accusations, mais a cependant demandé au Conseil
des droits de l'homme des Nations unies de faire
enquête pour voir si quelque chose pouvait être
trouvé.
L'ONU a déjà
démontré avec preuves à l'appui que le Canada
opprime les nations autochtones. Rae
soutiendrait-il une « révolution de couleur »
pour provoquer un « changement de régime » au
Canada et instiguer des opérations secrètes de
terrorisme au Canada comme cela se fait contre la
Chine ? La discussion sur les principes des
Nations unies qui reconnaît tous les pays comme
égaux, grands ou petits, sur la base de la
souveraineté, n'est tout simplement pas permise.
L'ajout de doctrines comme la responsabilité de
protéger au nom de la protection des droits
humains est une démarche pragmatique et
injustifiable qui détruit la base de principe des
relations internationales pour permettre des
crimes contre la paix.
Quant à la paix et au respect des principes de la
Charte des Nations unies, lors d'une réunion du
Conseil de sécurité le 24 octobre portant sur
la situation en Syrie, Bob Rae a totalement
déformé la vérité et accusé la Russie de prolonger
le conflit en Syrie en utilisant son veto contre
toute nouvelle intervention des États-Unis. La
guerre en Syrie a été déclenchée en violation de
la Charte des Nations unies par l'impérialisme
américain, le Canada et leurs alliés de l'OTAN.
Les bandes terroristes, protégées par l'occupation
américaine et l'OTAN, ont infligé d'énormes
dommages au peuple syrien. Cela inclut les «
casques blancs », des mercenaires militaires
privés que le Canada paie, protège et présente
comme étant une organisation humanitaire. Les
États-Unis se sont même emparés des réserves de
pétrole syriennes, mais le Canada considère que
toute discussion sur des questions de fond est
taboue. Il est passé maître dans l'art de créer
des mécanismes qui garantissent qu'aucune
discussion n'ait lieu.
Pas plus tard que la semaine dernière, le 27
novembre, plus de 70 pays ont demandé aux
Nations unies de mettre immédiatement fin aux
mesures coercitives unilatérales, c'est-à-dire aux
sanctions et aux blocus que des pays,
principalement les États-Unis, ont imposés à
d'autres pays. Ces mesures sont condamnées comme
une violation des droits humains et de la
souveraineté des nations, notamment dans le
contexte de la pandémie de la COVID-19. Le Canada
n'a cependant pas participé à cette rencontre ni
déclaré son opposition aux mesures coercitives
unilatérales.
Voilà seulement
quelques exemples parmi les plus récents de ce que
le Canada fait et prépare aux Nations unies sous
la direction de Bob Rae. Les tentatives de «
réinventer » des alliances dignes de l'ordre
du jour de l'impérialisme américain au XXIe siècle
sont inacceptables. Elles existent dans la tête de
ceux qui ne veulent pas accepter la réalité telle
qu'elle est. Ils croient que les conditions qui
ont depuis longtemps surpassé leurs jeux du XIXe
siècle existent encore. Aujourd'hui, l'Afghanistan
est tout aussi insaisissable qu'il l'était alors
et charger dans la vallée de la Mort comme l'a
fait à l'époque la Brigade légère est une voie
tout aussi désastreuse aujourd'hui. Il est
pitoyable que ni Justin Trudeau, ni Chrystia
Freeland, ni Bob Rae n'ont appris qu'aujourd'hui
le devoir n'est pas envers le Roi et le pays, il
est envers les peuples du monde et envers
l'environnement naturel et social. Il est envers
la réalisation de la cause de paix, de liberté et
de démocratie des peuples au XXIe siècle.
Affronter une force de sept milliards d'humains
est non seulement stupide, c'est aussi totalement
irresponsable.
Notes
1. Moyenne puissance
Giovanni Botero, un maire de Milan au XVe siècle,
a défini une « moyenne puissance » comme un
acteur ayant suffisamment de force et d'autorité
pour se suffire à lui-même sans avoir besoin de
l'aide des autres. Depuis, le concept de moyenne
puissance a été constamment mentionné dans le
domaine des relations internationales. La «
classification » des acteurs étatiques a fait
l'objet de débats diplomatiques pour la première
fois lors du règlement de paix des guerres
napoléoniennes en 1815. C'est alors que la
catégorie de moyennes puissances a été
officiellement reconnue, parmi lesquelles
figuraient les États allemands.
Le concept de moyenne puissance a été
sérieusement examiné dans les dernières années de
la Deuxième Guerre mondiale en ce qui concerne le
Canada et l'Australie. Les deux pays ont essayé de
trouver des moyens de renforcer leur influence en
se basant sur leurs contributions aux alliés. Au
début de la création des Nations unies, le premier
ministre canadien Mackenzie King a insisté pour
que les pays de moyenne puissance coopèrent entre
eux afin d'assurer leur influence dans la société
internationale et proposé le concept de « moyenne
puissance » en 1944. En Australie, le
ministre des Affaires extérieures Herbert Evatt a
discuté du concept de moyenne puissance en vue de
garantir l'intérêt national de son pays dans un
nouvel ordre mondial après la Deuxième Guerre
mondiale. Depuis lors, le concept de moyenne
puissance est devenu une marque de commerce de la
politique étrangère des deux pays.
(« A Critical Review of the Concept of Middle
Power », Dong-min Shin, E-International
Relations, 4 décembre 2015)
2. En 1942, le
diplomate canadien Humpfrey Wrong a souligné que
la société internationale devait respecter le rôle
du Canada comme moyenne puissance selon trois
principes fonctionnels : le degré
d'implication, l'intérêt et la capacité.
Selon la perspective comportementale, un pays est
une moyenne puissance s'il joue certains rôles
considérés comme ceux d'une puissance moyenne ou
s'il s'identifie comme tel. Le professeur Andrew
F. Cooper et ses collègues ont proposé que la
recherche de solutions multilatérales aux
problèmes internationaux, la préférence pour des
positions de compromis dans les différends
internationaux et l'adoption des notions de bonne
citoyenneté internationale constituent le
comportement typique d'une moyenne puissance.
La troisième approche est la perspective
hiérarchique qui classe et catégorise les États
selon des normes relatives à leurs capacités. Elle
tend à utiliser des indices statistiques pour
catégoriser les pays, comme la taille du
territoire, le PIB, le volume des échanges
commerciaux et des réserves de devises étrangères,
la population et le nombre de soldats. Les pays
dotés de capacités moyennes sont regroupés en
moyennes puissances; les grandes puissances et les
puissances faibles peuvent être classées de la
même manière.
(Ibid.)
- Yi Nicholls -
Manifestation à Montréal en appui au peuple
palestinien, contre le soi-disant Accord du siècle
des États-Unis, le 1er février 2020
Le 19 novembre, le Canada a voté
avec 162 pays en faveur d'un projet de
résolution des Nations unies affirmant le droit
des Palestiniens à l'autodétermination. La
résolution affirme « le droit du peuple
palestinien à l'autodétermination, y compris son
droit à un État de la Palestine indépendant »
et « souligne la nécessité impérieuse de mettre un
terme immédiatement à l'occupation israélienne qui
a commencé en 1967 et de parvenir à un accord
de paix juste, durable et global entre les parties
israélienne et palestinienne », reposant sur
une solution à deux États.
La résolution a été
adoptée par 163 voix contre 5
avec 10 abstentions. Outre Israël et les
États-Unis, les îles Marshall, la Micronésie et
Nauru ont également voté contre la résolution.
L'Australie, le Cameroun, le Guatemala, le
Honduras, Kiribati, les Palaos, la
Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Rwanda, le Togo et
les Tonga se sont tous abstenus.
Les années précédentes, le Canada a voté avec
Israël contre le droit du peuple palestinien à
l'autodétermination, mais pour la deuxième année
consécutive, poussé par la décision du secrétaire
d'État américain l'an dernier de renverser la
position de l'avis juridique du Département d'État
qui jugeait les colonies israéliennes illégales,
il a voté en faveur de la résolution. En même
temps, il a voté contre 15 autres résolutions
affirmant les droits des Palestiniens, touchant
toutes à des questions importantes concernant la
mise en oeuvre de la première résolution.
Le Canada joue à des jeux indignes de tout pays
qui prétend défendre les droits. En fait, au cours
des 20 dernières années, les votes du Canada
sur la
question palestinienne ont constamment évolué vers
la
défense des violations par Israël de ses devoirs
en tant
que puissance occupante. Cette tendance a coïncidé
avec la
nomination par le premier ministre de l'époque,
Paul Martin, du
sioniste Irwin Cotler au poste de ministre de la
Justice. Cela a
été suivi par l'adoption de positions sionistes
extrémistes par le gouvernement Harper que les
libéraux
de Justin Trudeau continuent de mettre en oeuvre.
La nomination par
Trudeau du sioniste avoué Bob Rae, comme
ambassadeur du Canada
auprès des Nations unies, est du même calibre et
révèle également la voie que le Canada a choisie
sur la scène internationale, celle de reprendre
toute cause
contrerévolutionnaire réactionnaire que
soutiennent les
États-Unis, cette « nation indispensable », tout
en
se proclamant humanitaire et le plus grand
défenseur de la paix,
de la démocratie et des droits.
La
semaine dernière, le gouvernement Trudeau a nommé
Irwin
Cotler envoyé spécial du Canada pour la
préservation du souvenir de l'Holocauste et la
lutte contre
l'antisémitisme. Irwin Cotler est connu pour avoir
représenté au niveau international l'Alliance
internationale pour la mémoire de l'Holocauste
(AIMH) dont la
définition du « nouvel antisémitisme »
vise à qualifier toute critique d'Israël
d'antisémite. Récompenser les activités
méprisables de Cotler et ses attaques contre les
luttes du
peuple palestinien et de ses sympathisants à
l'échelle
mondiale pour les droits humains fondamentaux par
cette nomination
démontre clairement que la prétention des libéraux
de Justin Trudeau d'être du côté des droits
humains
et de la liberté à la défense du peuple
palestinien sonne faux.
Le vote sur la résolution affirmant le droit des
Palestiniens à l'autodétermination a eu lieu au
sein de la troisième commission des Nations unies
qui, chaque année, examine un ensemble de 16
résolutions sur des questions importantes
auxquelles le peuple palestinien est confronté.
Les résolutions, énumérées ci-dessous, sont
maintenant soumises à l'Assemblée générale des
Nations unies pour débat et vote en session
plénière en décembre cette année. Cliquer sur les
titres abrégés ci-dessous pour avoir accès
à l'information détaillée.
1. Ressources
naturelles : « Souveraineté permanente du
peuple palestinien dans le Territoire palestinien
occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la
population arabe dans le Golan syrien occupé sur
leurs ressources naturelles »
La résolution en bref attire l'attention sur les
droits inaliénables du peuple palestinien et de la
population du Golan syrien occupé sur leurs
ressources naturelles, y compris la terre, l'eau
et les ressources énergétiques. Exige d'Israël de
cesser d'endommager ou d'exploiter ces ressources.
2. Autodétermination
: « Le droit du peuple palestinien à
l'autodétermination »
La résolution en bref réaffirme le droit du
peuple Palestinien à l'autodétermination, incluant
le droit à un État indépendant palestinien.
3. Assistance
aux Palestiniens
La résolution en bref demande à la communauté
internationale d'augmenter son aide humanitaire
aux Palestiniens.
4. Pratiques
israéliennes : « Pratiques israéliennes
affectant les droits de l'homme du peuple
palestinien dans le Territoire palestinien occupé,
y compris Jérusalem-Est »
La résolution en bref demande qu'Israël cesse la
violation du droit international dans les
territoires palestiniens occupés et appelle à la
protection internationale de la population civile
palestinienne.
5. Colonies
: « Les colonies de peuplement israéliennes dans
le territoire palestinien occupé, y compris
Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé »
La résolution en bref réaffirme que les colonies
de peuplement israéliennes sont illégales et un
obstacle à la paix, et demande aux membres de
l'ONU de faire la distinction dans leurs
opérations pertinentes entre Israël et ses
colonies.
6. Applicabilité
de la Convention de Genève : « Applicabilité
de la Convention de Genève relative à la
protection des personnes civiles en temps de
guerre, du 12 août 1949, au Territoire
palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et
aux autres territoires arabes occupés »
La résolution en bref réaffirme que la Convention
de Genève est applicable à l'occupation
israélienne, et demande à Israël de respecter le
droit international.
7. Comité
spécial : « Travaux du Comité spécial chargé
d'enquêter sur les pratiques israéliennes
affectant les droits de l'homme du peuple
palestinien et des autres Arabes des territoires
occupés »
La résolution en bref demande au « Comité
spécial » de l'ONU sur cette question de
continuer à enquêter sur les politiques et
pratiques israéliennes dans les territoires
palestiniens occupés.
8. Biens
des réfugiés : « Biens appartenant à des
réfugiés de Palestine et produit de ces
biens »
La résolution en bref : Réaffirme que les
réfugiés palestiniens ont droit à leurs biens, et
demande à l'ONU de protéger les biens arabes et
les droits de propriété en Israël.
9. Opérations
de l'UNRWA : « Opérations de l'Office de
secours et de travaux des Nations unies pour les
réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient »
La résolution en bref reconnaît le travail de
l'Office de secours et de travaux des Nations
unies pour les réfugiés de Palestine dans le
Proche-Orient (UNRWA), l'agence responsable des
réfugiés palestiniens, et demande à la communauté
internationale de le soutenir.
10. Personnes
déplacées 1967 : « Personnes déplacées
du fait des hostilités de juin 1967 et des
hostilités postérieures »
La résolution en bref réaffirme le droit de
toutes les personnes déplacées du fait des
hostilités de juin 1967 et des hostilités
postérieures de retourner dans leurs foyers ou
anciens lieux de résidence dans les territoires
occupés par Israël depuis 1967.
11. Assistance
à l'UNRWA : « Aide aux réfugiés de
Palestine »
La résolution en bref étend le mandat de l'office
de secours et de travaux des Nations unies pour
les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient
(UNRWA), qui est l'agence responsable des réfugiés
palestiniens.
12. Occupation
de Jérusalem Est : « Jérusalem »
La résolution en bref condamne l'occupation
d'Israël de Jérusalem Est comme étant illégale,
appelle à une solution juste et durable qui tienne
compte des préoccupations légitimes des Israéliens
et des Palestiniens, et demande à toutes les
parties de respecter le statu quo historique en ce
qui concerne les lieux saints.
13. Règlement
pacifique : « Règlement pacifique de la
question de Palestine »
La résolution en bref appelle à une paix globale,
juste et durable au Moyen-Orient, demande à Israël
de se retirer des territoires palestiniens occupés
depuis 1967, incluant Jérusalem Est, et
demande à la communauté internationale de ne
reconnaître aucune modification unilatérale des
frontières d'avant 1967.
14. Programme
d'information spécial : « Programme
d'information spécial sur la question de Palestine
du Département de la communication globale du
Secrétariat »
La résolution en bref étend le mandat du «
programme d'information spécial sur la question de
Palestine » qui est assuré par le département
de la communication globale du Secrétariat de
l'ONU (anciennement département de l'information
publique). Sous ce programme, le département
collecte, archive et distribue de nombreuses
informations sur la Palestine, y compris les
activités connexes des Nations unies.
15. DPR
: « Division des droits des Palestiniens du
Secrétariat »
La résolution en bref renouvelle le mandat de la
Division des droits des Palestiniens du
Secrétariat de l'ONU, qui suit l'évolution de la
situation en Palestine, organise des réunions et
des manifestations et gère le système
d'information des Nations unies sur la question de
la Palestine (UNISPAL).
16. CEIRPP
: « Comité pour l'exercice des droits inaliénables
du peuple palestinien »
La résolution en bref renouvelle le mandat du
Comité pour l'exercice des droits inaliénables du
peuple palestinien. Le comité a été établi
en 1975, et a comme mandat de promouvoir la
réalisation des droits inaliénables du peuple
palestinien. Il organise des réunions et des
évènements et dispose d'une variété de programmes
d'information et de formation.
Pour voir le tableau de bord de l'ONU sur comment
le Canada a voté dans le passé, cliquer ici.
- Louis Lang -
Le 25 novembre, le premier ministre Justin
Trudeau a nommé Irwin Cotler envoyé spécial pour
la préservation de la mémoire de l'Holocauste et
la lutte contre l'antisémitisme. L'annonce de la
nomination par le bureau du premier ministre
mentionne que « M. Cotler a joué un rôle de
leadership dans la lutte contre le racisme,
l'antisémitisme et la haine pendant de nombreuses
années. Il possède aussi une vaste expérience dans
les domaines de la justice et des droits de la
personne, notamment dans les affaires liées aux
atrocités de masse. M. Cotler s'appuiera sur ces
connaissances pour diriger la délégation du
gouvernement du Canada auprès de l'Alliance
internationale pour la mémoire de l'Holocauste
(AIMH). »
Les Canadiens ne peuvent pas accepter la
déclaration du cabinet du premier ministre car
elle est pleine de contradictions et n'est pas
fondée sur des faits. Les affirmations
prétentieuses de « combattre la haine et
l'intolérance » et de défendre les droits
humains sont utilisées par le gouvernement
canadien pour dissimuler le fait que sa principale
priorité a été et continue d'être la défense du
sionisme israélien. En ce qui concerne M. Cotler,
les déclarations au sujet de sa « vaste expérience
dans les domaines de la justice et des droits de
la personne » ne résistent pas non plus à
l'examen.
Loin de lutter
contre le racisme et l'antisémitisme, la
nomination de Cotler par Justin Trudeau sert à
promouvoir davantage ses activités de promotion
internationale de ce « nouveau » mouvement de
« l'antisémitisme » qui cherche à qualifier
la critique d'Israël d'antisémite. En tant que
l'un des principaux soutiens du gouvernement
canadien qui qualifie d'antisémite le mouvement
Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour
les droits humains des Palestiniens, Cotler a
également montré son mépris pour les droits
humains.
En tant que chef de la délégation du Canada
auprès de l'AIMH, Cotler a l'approbation du
gouvernement pour poursuivre la campagne de mise
en oeuvre de la redéfinition de l'antisémitisme de
l'AIMH. L'AIMH a déjà une longue feuille de route
de suppression des voix des défenseurs des droits
humains des Palestiniens dans le monde et elle
veut étendre cette définition pour réduire encore
d'autres voix au silence.
La définition de l'antisémitisme de l'AIMH
s'énonce ainsi :
« L'antisémitisme est une certaine perception des
Juifs qui peut se manifester par une haine à leur
égard. Les manifestations rhétoriques et physiques
de l'antisémitisme visent des individus juifs ou
non et/ou leurs biens, des institutions
communautaires et des lieux de culte. »
Deux des activités que l'AIMH considère comme un
comportement antisémite sont :
« en affirmant par exemple que l'existence de
l'État d'Israël est le fruit d'une entreprise
raciste »
« l'établissement de comparaisons entre la
politique israélienne contemporaine et celle des
Nazis »
Cotler tente de justifier la nécessité de cette
nouvelle définition en affirmant qu'une nouvelle
forme d'antisémitisme existe. Dans un article
de 2010 paru dans le National Post,
Cotler déclarait :
« En un mot, l'antisémitisme classique est la
discrimination, le déni ou les atteintes aux
droits des Juifs de vivre en tant que membres
égaux de la société dans laquelle ils vivent. Le
nouvel antisémitisme implique la discrimination,
le déni ou l'attaque du droit du peuple juif à
vivre en tant que membre à part égale de la
famille des nations, qui ciblent Israël en tant
que collectivité juive parmi les nations[1]. »
Le 25 novembre, Trudeau a déclaré que
Cotler « soutiendra également les efforts de
promotion et de sensibilisation déployés auprès
des Canadiens, de la société civile et du milieu
universitaire en vue de faire progresser
l'adhésion à cette définition à travers le pays et
son adoption à l'échelle internationale. »
Tout cet argument est intéressé et malhonnête
parce que le sionisme, qui est une idéologie
d'État, est attribué au peuple juif dans son
ensemble. C'est doublement malhonnête parce que
ces soi-disant défenseurs du droit à
l'autodétermination n'ont pas un mot à dire sur la
violation continue des droits humains du peuple
palestinien sauf de qualifier leur juste lutte de
terrorisme.
Voix juives indépendantes (VJI) documente des
exemples dans plusieurs pays où la définition de
l'AIMH a été utilisée – ou des tentatives ont été
faites – pour annuler des événements ou faire
taire les mouvements de solidarité palestiniens [2].
En tant que président du Centre Raoul Wallenberg
pour les droits de la personne, Cotler s'est
davantage révélé comme un apologiste des
violations impérialistes de la souveraineté des
nations dans leur quête pour la domination
mondiale. Sous couvert de défense des droits
humains et sous la présidence de Cotler, le Centre
Wallenberg promeut activement la doctrine
impérialiste de la « responsabilité de
protéger » (R2P), qui est utilisée pour
justifier le changement de régime et l'ingérence
étrangère contre tout pays qui ne se soumet pas au
diktat impérialiste.
Dans un article publié le 28
février 2011 dans le New York Times,
intitulé « La Libye et la responsabilité de
protéger », dont Cotler est un des auteurs,
on peut lire :
« La situation en Libye est un cas type pour le
Conseil de sécurité et sa mise en oeuvre de la
doctrine de la responsabilité de protéger. Et
pourtant un fait demeure. Comme l'a dit le
secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon :
'perdre du temps, c'est perdre des vies'. Le
Conseil de sécurité doit en faire plus – et
rapidement. Il relève de notre responsabilité
collective de veiller à ce que la responsabilité
de protéger soit une approche efficace dans la
protection des peuples et des droits
humains.' »
Il est maintenant bien connu que nombre des «
atrocités de masse » attribuées au dirigeant
libyen Mouammar Kadhafi, que Cotler avait si
ardemment condamnées, n'étaient que des
fabrications entretenues pour justifier
l'agression militaire qui a mené à
l'anéantissement de la Libye par les États-Unis et
les pays membres de l'OTAN, dont le Canada.
Maintenant, Cotler continue de jouer son rôle
sinistre, tentant de justifier les ambitions des
impérialistes américains au Venezuela. Le magazine
Foreign Policy a publié un article cosigné
par Irwin Cotler le 6 février 2019
portant le titre « Reconnaître Juan Guaido comme
dirigeant du Venezuela n'est pas un coup, c'est
embrasser la démocratie. » Une fois de plus,
Cotler se présente comme le sauveur du peuple
contre « l'assaut brutal et criminel de Maduro
contre l'ordre démocratique libéral » et
l'impérialisme américain est justifié dans son
recours à tous les moyens nécessaires pour «
accomplir la transition vers une gouvernance
démocratique ».
La nomination de Cotler intervient alors que des
crimes sont commis contre le peuple palestinien
dans les territoires occupés, en particulier à
Gaza, où, depuis 14 ans, le peuple a subi des
bombardements continus et des attaques militaires
contre des civils par l'armée israélienne. Israël
a transformé Gaza en la plus grande prison à ciel
ouvert du monde où plus de 2 millions de
personnes sont attaquées et forcées de vivre dans
des conditions inhumaines.
Ces actes barbares
sont condamnés par les peuples du monde entier et
Israël cherche désespérément à détourner
l'attention de ses responsabilités en tant que
puissance occupante et de sa construction continue
de colonies illégales sur les terres
palestiniennes. Une puissance occupante est tenue
d'assurer la sécurité publique, des normes
d'hygiène et de santé publique suffisantes, ainsi
que l'alimentation et les soins médicaux de la
population sous occupation. Les punitions
collectives, régulièrement appliquées par Israël,
sont interdites.
Avec l'adoption de la « Loi sur
l'État-nation », Israël est devenu un État
officiellement discriminatoire sur la base de la
religion et de la politique israélienne qui
consiste à détruire systématiquement les maisons
palestiniennes à Jérusalem-Est tout en
construisant des colonies illégales dans les
territoires palestiniens occupés, l'une des
méthodes de nettoyage ethnique. Elle a été
utilisée depuis 1948 pour chasser les
Palestiniens de leurs terres. [3] Ces actes et
ces violations criminels du droit international
sont ce qu'Irwin Cotler continuera d'essayer de
dissimuler et il utilisera sa position d'envoyé
spécial du Canada pour la préservation du souvenir
de l'Holocauste pour renverser la vérité et
suggérer que l'État sioniste est la victime
d'antisémitisme.
Cela ne doit pas passer ! Le gouvernement
canadien se couvre de honte en invoquant la
mémoire de l'Holocauste européen pour justifier
que de telles souffrances soient infligées au
peuple palestinien.
En outre, associer le nom de Cotler aux victimes
de l'Holocauste est une insulte aux survivants de
l'Holocauste et à leurs familles dont la
souffrance est utilisée pour promouvoir le même
racisme débridé et la même mentalité obscurantiste
des sionistes qui ont causé tant d'oppression et
de misère dans le passé.
Note
1. Selon le site Web, «
L'AIMH (anciennement groupe de travail sur la
coopération internationale sur l'éducation, le
souvenir et la recherche sur l'Holocauste, ou ITF)
a été lancé en 1998 par l'ancien premier
ministre suédois Goran Persson. Aujourd'hui, les
membres de l'AIMH se composent de 34 pays
membres, dont chacun reconnaît que la coordination
politique internationale est impérative pour
renforcer l'engagement moral des sociétés et
lutter contre la négation croissante de
l'Holocauste et l'antisémitisme.
« Le réseau d'experts de confiance de l'AIMH
partage leurs connaissances sur les signes
avant-coureurs du génocide actuel et l'éducation
sur l'Holocauste. Ces connaissances soutiennent
les décideurs politiques et les multiplicateurs de
l'éducation dans leurs efforts pour développer des
programmes efficaces et informent les responsables
gouvernementaux et les ONG actives dans les
initiatives mondiales de prévention du génocide.
« La Déclaration du Forum International de
Stockholm sur l'Holocauste (ou « Déclaration de
Stockholm ») est le document fondateur de
l'AIMH et continue de servir d'affirmation
permanente de l'engagement de chaque pays membre
de l'AIMH envers des principes partagés.
« Cette déclaration est le résultat du Forum
international organisé à Stockholm du 27 au
29 janvier 2000 par l'ancien premier ministre
suédois Goran Persson. Le Forum a réuni les
représentants de 46 gouvernements,
dont 23 chefs d'État ou premiers ministres et
14 vice-premiers ministres ou ministres.
« Leur vision est restée intacte, inchangée au
cours des années suivantes, démontrant sa valeur
universelle et durable. » [LINK to :
www.holocaustremembrance.com/about-us]
2. Le document VJI peut
être trouvé ici.
3. La loi nationale de
l'État est la principale législation qui fonde les
droits sur la religion. Voici les trois points
principaux de la loi :
i) Le « droit d'exercer l'autodétermination
nationale » en Israël est « propre au peuple
juif ».
ii) L'hébreu est la langue officielle d'Israël.
L'arabe – la langue largement parlée par les
Arabes israéliens – est réduit à un « statut
spécial ».
iii) Elle reconnaît la « colonie juive »
comme une « valeur nationale » et exige que
l'État « s'efforce d'encourager et de promouvoir
son établissement et son développement ».
La plus récente mise en oeuvre de la loi de
l'État-nation d'Israël a eu lieu à Karmiel. Le
quotidien Haaretz publiait l'article
suivant le 1 décembre 2020 :
« En novembre 2020, se servant de la loi
comme justification, les tribunaux de première
instance d'Israël ont décidé que Karmiel est une
‘ville juive' et que les écoles de langue arabe ou
le transport scolaire pour les enfants arabes
étaient susceptibles d'en modifier l'équilibre
démographique et seraient préjudiciables à son
identité, empêchant à toutes fins pratiques
l'accès aux écoles par les enfants arabes dans la
ville du district nord d'Israël, Karmiel. Les
tribunaux ont laissé entendre que toute
facilitation de l'accès pourrait inciter les
citoyens arabes palestiniens d'Israël à
s'installer en ville, nuisant ainsi à l'‘identité
juive'. »
Dans un éditorial de Haaretz au sujet de
cette décision, on affirme : « La loi de
l'État-nation a légalisé le racisme et la
suprématie juive, et autorise l'État à discriminer
contre les citoyens arabes en les empêchant de
vivre dans l'endroit de leur choix dans des
conditions équitables, aggravant ainsi la
ségrégation ethnique en Israël. »
Des développements inquiétants aux
États-Unis
- Kathleen Chandler -
En octobre, le président des États-Unis Donald
Trump a promulgué un décret présidentiel appelant
à ce que possiblement des centaines de milliers de
travailleurs fédéraux soient reclassifiés pour les
transformer à toutes fins pratiques en
travailleurs « de gré à gré ». Cette mesure
permettrait à l'exécutif de congédier des
travailleurs sans raison et sans recours, d'en
embaucher d'autres sans tenir compte des
conventions collectives et des normes existantes
et de leur enlever toute autre forme de
protection. Ces travailleurs se verraient
également nié le droit à la représentation
syndicale. Tous les travailleurs fédéraux
considérés comme occupant des « postes
d'élaboration de politiques, de création de
politiques ou de défense de politiques »
doivent être reclassifiés vers cette nouvelle
autorité d'embauche dite de « service
exempté », portant l'appellation Schedule F.
Le président élu Biden n'a pas encore dit s'il
allait tenter d'abroger ce décret.
Trump a ordonné aux responsables de départements
d'identifier tous ces travailleurs pas plus tard
que le 19 janvier, le jour avant qu'il doive,
à ce stade, quitter ses fonctions. Le 23
novembre, on rapporte que le Bureau de la gestion
et du budget (OMB) entreprendra de
reclassifier 88 % de sa main-d'oeuvre
(425 travailleurs) au sein de la Schedule F. Bien
qu'il soit relativement petit, l'OMB joue un rôle
important dans la proposition et la gestion des
affaires budgétaires. Le changement accroît ainsi
l'autorité du président sur ces questions. Le
département de l'Énergie serait lui aussi en train
de rapidement reclassifier ses travailleurs.
L'objectif du décret présidentiel est clairement
d'enlever tout obstacle actuel empêchant
l'exécutif d'embaucher et de congédier
arbitrairement les travailleurs fédéraux, y
compris les travailleurs ayant le plus
d'ancienneté : « Afin de mener à bien les
nombreuses activités attribuées à la branche
exécutive en vertu de la loi [...] il est
nécessaire que le président ait le pouvoir de
gestion nécessaire sur ces effectifs particuliers
de professionnels [...] Les agences doivent avoir
une plus grande flexibilité dans le choix de ces
employés qu'elles en ont dans le processus
compétitif actuel des services. [...] Les agences
ont besoin de la flexibilité nécessaire pour
retirer rapidement les employés peu performants de
ces postes sans avoir à faire face à des retards
importants ou à des litiges. »
La mesure est une prise en charge directe par des
intérêts privés des arrangements de la société
civile. C'est une attaque contre la main-d'oeuvre
fédérale syndiquée par laquelle on met fin aux
pratiques convenues touchant aux normes régissant
l'embauche, le congédiement et le rendement. C'est
aussi une menace contre tous les travailleurs et
une pression à la baisse sur leurs conditions de
travail. Conformément à la tendance générale, un
contrat n'est plus un contrat et un service ne
relève plus du bien public.
Les travailleurs fédéraux ont contesté le décret
présidentiel et exhorté le Congrès à y faire
entrave. Le président de la Fédération américaine
des employés gouvernementaux (AFGE), le plus grand
syndicat de travailleurs fédéraux,
avec 670 000 membres, a dit : « Il
s'agit de la plus grande attaque contre la
fonction publique de notre vivant. Le président
n'épargne aucun effort pour politiser et corrompre
le service professionnel. Ce décret présidentiel
élimine les droits en vertu des procédures
établies et la protection de centaines de milliers
d'employés fédéraux et autorisera des élus
politiques et d'autres représentants à embaucher
et congédier ces travailleurs à volonté. » Le
Syndicat national des employés du Trésor, qui
comprend les travailleurs de l'OMB, a intenté un
procès contestant la légalité de ce décret qui
remplace la loi existante.
Le processus signifie que de nombreux
responsables de départements gouvernementaux
décideront quels travailleurs feront désormais
partie de la nouvelle catégorie. Leurs
recommandations seront ensuite envoyées au Bureau
de la gestion du personnel (BGP) qui a le dernier
mot. Cependant, il n'y a aucune définition de ce
qui constitue « des postes d'élaboration de
politiques, de création de politique ou de défense
de politiques ». Un mémorandum de directives
du BGP affirme : « Ni le code des États-Unis
ni les précédents judiciaires ne définissent
précisément ces termes dans le contexte de l'usage
statutaire. » Il réitère ensuite les
généralisations fournies par le décret
présidentiel, qui, elles, sont très vastes. Elles
comprennent tout travailleur qui participe à « des
négociations de convention collective », «
qui révise, fait circuler ou oeuvre à des
règlements ou à des délibérations
proposées », « participe de façon importante
au développement ou à l'ébauche de
règlements » ou « à un travail important
relié à la politique au sein d'une agence ».
La participation à une de ces catégories
signifierait que quelqu'un pourrait être
reclassifié. Le BGP pourrait autoriser des
congédiements même avant le 19 janvier, basés
sur les recommandations des responsables de
départements.
Normalement, la vaste bureaucratie civile reste
en place peu importe les changements
d'administration. Celle-ci comprend par exemple la
plupart des 760 000 travailleurs de la
fonction publique au Pentagone et plusieurs
des 240 000 travailleurs au département
de la Sécurité nationale. Le décret ne fait pas
que créer une main-d'oeuvre « de gré à gré ».
Il restructure aussi cette bureaucratie pour
qu'elle soit instable et, conformément aux calculs
intéressés des mandataires de cet ordre exécutif,
une force plus malléable à la disposition de
l'exécutif. Il sert aussi à effacer la mémoire
qu'une main-d'oeuvre de longue date conserve et
qui touche aux normes pour elle-même et pour la
gouvernance dans son ensemble, y compris les
normes régissant la reddition de comptes.
Il y a présentement des propositions au Congrès à
l'effet de ne pas financer le décret présidentiel,
bien qu'en toute vraisemblance elles ne réussiront
pas à empêcher divers responsables de départements
de le mettre en oeuvre ni le début des
congédiements. Des lettres ont aussi été envoyées
au Congrès en opposition au décret. Elles mettent
en lumière l'aspect de restructuration et de
consolidation du pouvoir exécutif. Au sujet des
protections entourant les embauches et les
congédiements, une des lettres fait valoir que les
arrangements actuels « n'existent pas que pour les
fonctionnaires eux-mêmes, mais plutôt pour veiller
à ce que le gouvernement fournisse des services à
l'abri d'une influence politique indue. Ils
assurent une continuité gouvernementale malgré les
changements d'administration, et préservent la
connaissance et l'expertise institutionnelle au
sein du gouvernement. Ils protègent l'État de
droit qui, lui, protège les employés loyaux à la
constitution plutôt qu'à un parti politique. Il
est urgent que le Congrès agisse, en particulier
en raison du fait que nous sommes dans une période
de transition. Toute inaction va créer un
dangereux précédent, indicatif d'une indifférence
de la part du Congrès face à l'expansion du
pouvoir exécutif. Le décret présidentiel met fin à
un cadre législatif de longue date qui assure des
services publics non partisans – un cadre qui
veille à ce que les projets de loi adoptés par le
Congrès soient mis en oeuvre tels que rédigés, et
que les fonds qu'ils contrôlent seront distribués
tels que stipulé. Si le Congrès ne dit rien, c'est
qu'il accepte non seulement ce décret mais toutes
futures mesures administratives visant à
démanteler les paramètres législatifs en place
pour promouvoir une fonction publique non
partisane. »
La mission de Donald Trump en tant que président
était de briser les liens entre les structures
actuelles de
gouvernance et de l'État de droit aux pays et à
l'étranger pour poursuivre la politique
d'expulsions et la
guerre de drone de Barak Obama. Les actions de
Trump à la
frontière, ses camps de détention pour les
enfants, sa
répression des manifestants par le biais de forces
fédérales et, plus récemment, son mépris
pour les protocoles de transition, n'en sont que
quelques exemples. Il
a consolidé un gouvernement de pouvoirs de police
en
éliminant les limitations de ces pouvoirs et en y
ayant recours
plus ouvertement au pays et à l'étranger. Plus
l'exécutif concentre le monopole du recours à la
force
entre ses mains, plus grande est sa capacité
d'agir avec
impunité, ce qui finit par sembler «
normal ».
Le décret présidentiel est un exemple des
tentatives
d'attaquer massivement la main-d'oeuvre fédérale
et de la
restructurer en faveur des pouvoirs de police de
l'exécutif. Ce
qui est détruit, c'est le concept même d'un
service civil
voué au service du bien public – ce qui est encore
plus
évident du fait que nombre de ces travailleurs
jouent un
rôle primordial pour assurer le fonctionnement des
services de
santé et des programmes sociaux pendant la
pandémie de la
COVID-19.
Il en ressort que les travailleurs de tous les
secteurs et de tous les milieux doivent créer de
nouvelles formes d'organisation et de résistance
puisque tout ce que le président fait n'est pas
contraire à la constitution. Il est crucial de ne
pas laisser l'espace du changement aux
archiréactionnaires qui tiennent à tout prix à
soumettre l'ensemble de la main-d'oeuvre à des
intérêts privés étroits qui ne rendent de comptes
à personne.
Pour éviter la fermeture du gouvernement le 11
décembre, le Congrès américain a maintenant moins
d'une semaine pour adopter son projet de loi
budgétaire omnibus géant de 1,4 billion de dollars
ou une résolution provisoire qui évite la
fermeture. Dans des conditions où le nombre
d'infections, d'hospitalisations et de décès liés
à la COVID-19 ont atteint des niveaux records,
l'incapacité du Congrès d'adopter un budget est
une menace atroce pour le public. Des centaines de
milliers de travailleurs fédéraux, dont beaucoup
sont essentiels à la prestation de services de
santé et de bien-être, pourraient être licenciés
et les services en général réduits.
Le projet de loi Loi d'autorisation de la
défense nationale, qui prévoit 740 milliards
de dollars par an pour la guerre, n'a pas non plus
été adopté. Il a facilement été adoptée depuis 59
ans, chaque année avec de grandes majorités – ce
qui indique le soutien commun des dirigeants pour
les guerres d'agression et d'ingérence américaines
à l'étranger.
Il n'y a eu aucun
progrès en ce qui concerne le versement de fonds
d'urgence pour la COVID-19. Les échecs sur tous
les fronts soulignent que les conflits entre les
dirigeants restent non résolus et que le service
de ce qui constitue « le public » de même que la
conception du « bien public » et de ce qui
constitue « l'intérêt public » sont obsolètes.
Le dysfonctionnement illustre que la
concentration du pouvoir arbitraire au sein du
Bureau du président ne résout pas non plus les
problèmes. Les menaces de Trump de mettre son veto
sur les projets de loi sont un facteur principal
de la confrontation actuelle et reflètent ses
efforts pour renforcer les pouvoirs exécutifs sur
les questions budgétaires. Il a menacé de mettre
son veto sur trois projets de loi devant le
Congrès qui traitent de questions budgétaires
s'ils n'incluaient pas ses revendications. Même le
chef du Sénat, Mitch McConnell, un allié clé de
Trump, a tiré cette conclusion – en s'adressant
aux représentants du Congrès, en déclarant : « Je
veux rappeler à tout le monde que pour obtenir des
résultats, il faut avoir la signature d'un
président » En 2018, le refus de Trump de signer
le projet de loi budgétaire a déclenché la plus
longue fermeture du gouvernement à ce jour.
Le président du Comité des crédits
du Sénat, Richard Shelby (Alabama), a indiqué le 2
décembre qu'une résolution « provisoire » de
continuation semble probable pour le budget. Un
projet de loi de
« relance » peut également être inclus dans
une telle mesure. Cependant, la Maison-Blanche a
déclaré
qu'elle ne garantirait pas que Trump signe un tel
projet et
évite une fermeture.
Une nouvelle proposition de 908 milliards de
dollars de financement « de relance » est
actuellement en discussion, bien moins que les 2,2
billions de dollars adoptés dans un projet de loi
de la Chambre, mais non débattus au Sénat. La
nouvelle proposition n'inclut aucun fonds direct
pour les particuliers, 300 $ au lieu de 600 $ par
semaine pour les fonds de chômage prolongé et
aucun des fonds connexes pour l'équipement de
protection et les tests de dépistage. McConnell et
la Maison-Blanche ne demandent que 332,7 milliards
de dollars. Les projets de loi budgétaires avaient
été un moyen de répartir les fonds publics entre
les forces monopolistes rivales pour atténuer les
conflits - un autre mécanisme qui ne fonctionne
plus.
Pour le projet de loi Loi d'autorisation de
la défense nationale, un « rapport
de conférence » de 4 500 pages qui réconcilie les
projets de loi du Sénat et de la Chambre et ne
permet aucun amendement, a été publié. Il devrait
être adopté par les deux chambres la semaine
prochaine. Il reflète des différences, y compris
au sein de la coalition républicaine, sur des
questions telles que le maintien des troupes en
Allemagne et en Afghanistan, le changement de nom
des bases militaires en l'honneur des généraux
confédérés et l'utilisation de forces fédérales
non identifiées contre les manifestants. Trump a
continué à dire qu'il y mettrait son veto.
Un autre problème soulevé par Trump est
l'élimination d'une partie d'une loi fédérale,
connue sous le nom de l'article 230. Elle protège
les entreprises comme Facebook et Twitter de
poursuites face à des publications de leurs
utilisateurs. Le conflit sur la question de savoir
comment et si ces géants de l'Internet devraient
supprimer ou censurer le contenu, ou le marquer
comme « litigieux », s'est intensifié avec le
conflit électoral et les allégations répétées de
fraude de Trump. Le rapport de la conférence
n'élimine pas l'article 230, les républicains
affirmant que « 230 n'a rien à voir avec les
forces armées ». Le sénateur Jim Inhofe
(Oklahoma), président républicain du Comité des
services armés du Sénat, a déclaré que cela ne
faisait pas partie du projet de loi. C'est une
indication que les alliances au sein et entre les
démocrates et les républicains et le Congrès et le
président fonctionnent plus comme des coalitions –
à la fois en rivalité et en fusion – et sont
fluides plutôt que fixes.
Que l'un ou l'autre
de ces projets de loi soit adopté ou non, le
dysfonctionnement du Congrès et les mécanismes
habituels de résolution des conflits – tels que la
répartition du budget et l'élection elle-même –
demeurent. Les secours pour la COVID-19 pour le
public sont urgents. Mais en fait de politique et
de relations politiques de gouvernance – qui
incluent les besoins publics et prévoient des
négociations pour parvenir à des règlements – il
n'y a rien eu depuis la Loi sur l'aide, le
soulagement et la sécurité économique du
coronavirus (Loi CARES) en mars. Même un
accord pour garantir que les 455 milliards de
dollars de fonds restants de la Loi CARES
parviennent au public n'est pas possible. Ajoutez
les efforts de Trump pour saper davantage le
Congrès en tant qu'organe législatif tout en
usurpant plus de pouvoir pour la présidence, il
est évident que la configuration existante ne peut
qu'apporter plus de crises et de
dysfonctionnements. C'est le peuple, exclus de
l'équation dans tous ces conflits, qui est décisif
pour amener les changements nécessaires et créer
de nouvelles institutions gouvernementales qui
placent au centre le peuple et ses droits, au pays
et à l'étranger.
Le président Trump refuse toujours de concéder
sa défaite. Les principaux États clés tels que la
Pennsylvanie, le Michigan, la Géorgie et le Nevada
ont tous certifié le vote. Un nombre suffisant
d'États l'ont fait, accordant à Biden plus que
les 270 votes au Collège électoral requis
pour l'élection. Malgré tout, Trump a publié une
vidéo de 46 minutes sur les réseaux sociaux
dans laquelle il prétend qu'il y a eu fraude.
« Cette élection est sans doute la plus
frauduleuse qu'on n'ait jamais vue », a dit
Trump. Il a ajouté que les résultats devraient
être annulés et que la Cour suprême devrait
intervenir. Il a dit : « Espérons qu'elle
décidera dans l'intérêt de notre pays parce que
notre pays ne peut pas vivre avec ce genre
d'élection. »
Trump a aussi dit qu'il ne participera pas à
l'investiture de Biden lors du Jour d'investiture,
une étape importante de la traditionnelle «
transition pacifique » du pouvoir. Reste à
voir s'il va quitter ses fonctions sans concéder
ou s'il va passer à l'action en déclarant une
urgence nationale et en obstruant la transition.
Malgré
l'obstination de Trump, d'autres membres de son
administration ont
concédé. Le procureur général William Barr
a déclaré que le département de la justice n'avait
trouvé aucune preuve de fraude électorale répandue
qui pourrait changer le résultat de l'élection.
Christopher Krebs, le directeur de l'Agence de la
sécurité de l'infrastructure et de la
cybersécurité du département de la Homeland
Security, a aussi affirmé qu'il avait confiance
dans
l'intégrité de l'élection. Après avoir
été congédié par Trump, il a dit, dans des
rencontres publiques : « Le peuple américain
doit
faire confiance à 100 % à ses
votes », et que les prétentions de Trump
étaient « farfelues » et «
absurdes ».
La majorité des républicains au Congrès n'ont
rien dit, alors qu'ils reconnaissent la validité
des élections au Congrès. Trump a attaqué les
gouverneurs et les secrétaires d'État républicains
comme ceux de la Géorgie et de l'Arizona, pour
avoir certifié leurs élections en faveur de Biden.
Les deux gouverneurs avaient été appuyés par
Trump.
En Géorgie, la situation est particulièrement
complexe, puisqu'un scrutin pour des sénateurs
américains aura lieu le 5 janvier. Les alliés
de Trump dans cet État ont utilisé le mot «
trahison » en parlant du secrétaire d'État et
ont déclaré que les responsables des élections
devraient être abattus ou pendus. Les gens sont
pourtant censés aller voter. Une des poursuites
judiciaires des alliés de Trump empêche les
responsables des élections de préparer les
machines de votes pour les élections du 5
janvier. Le gouverneur et le secrétaire d'État ont
demandé au tribunal de les autoriser à aller de
l'avant, mais il n'y a pas encore eu de décision.
Tout ceci crée une situation irrationnelle pour
les électeurs.
Les nombreuses autorités rivales aux niveaux
fédéral et des États ont créé une situation par
laquelle non seulement les résultats sont
contestés, mais le processus dans son ensemble est
discrédité. Par exemple, la certification a mis en
lumière que c'est une poignée de gens, tant
républicains que démocrates, qui décident de
certifier ou de ne pas certifier. Et la
certification finale sera décidée par le Congrès
le 6 janvier. Trump va évidemment s'entêter
jusqu'à cette date, bien que les équipes
certifiées pour le Collège électoral favorables à
Biden doivent se réunir le 14 décembre. Les
résultats seront ensuite envoyés au Congrès. Reste
à savoir s'il y aura une fermeture du gouvernement
le 11 décembre, ce qui reste toujours fort
possible, et quel sera l'impact sur le vote.
Parler de trahison
c'est utiliser un langage de guerre civile et un
conflit violent est toujours possible. Il
semblerait, cependant, qu'avec des forces comme
celles de Barr qui concèdent et celles du monde
des grandes entreprises qui l'exigent, les
dirigeants réussiront à éviter un affrontement
pour l'instant en forçant Trump à quitter ses
fonctions, qu'il concède sa défaite ou non. Biden,
cependant, n'a toujours pas l'autorité requise.
Pour cette raison et parce que l'autorité
présidentielle a usurpé des pouvoirs que la
constitution accorde aux États, les conflits et
les rivalités continueront, non seulement entre
les autorités fédérales et des États, mais aussi
au sein des bureaucraties présidentielles,
militaires et civiles, et entre elles. Les forces
de tous les côtés parlent toujours de trahison.
Peu importe leurs conflits, les oligarques au
pouvoir
agissent tous dans le but de priver le peuple du
pouvoir et de
maintenir les riches au pouvoir. Les réformes
proposées
vont dans ce sens, tentant de rétablir la
crédibilité du processus électoral tout en
préservant sa fraude fondamentale qui est que,
dans les faits,
ce processus prive le peuple du pouvoir et ne
reflète pas ses
intérêts et sa lutte pour une direction prosociale
et
antiguerre du pays. Les élections ont mis en
lumière encore plus que les rapports de force
existants doivent être changés et que c'est le
peuple lui-même en continuant de
lutter pour les droits et en s'organisant qui
réussira à
apporter ce changement.
Développements au Guatemala
- Gerardo Villagran del Corral -
21 novembre 2020 - Manifestation sur la place de
la Constitution
Des milliers de Guatémaltèques sont toujours dans
les rues pour exiger la démission du président
conservateur Alejandro Giammattei, qu'ils accusent
de ne pas allouer suffisamment de ressources pour
lutter contre la pauvreté et les inégalités,
tandis que ce dernier poursuit sa répression
brutale et invoque la Charte démocratique
interaméricaine.
Approuvée en 2001, cette charte contient une
série de mesures visant à rétablir l'ordre
démocratique dans les nations qui l'invoquent et à
garantir le respect des droits humains
fondamentaux. Alejandro Giammattei a ajouté qu'il
avait communiqué avec le Secrétaire général de
l'Organisation des États américains (OÉA), Luis
Almagro, pour assurer un dialogue, et a exprimé
son ouverture à une négociation inclusive qui
conduirait à une entente entre les secteurs de la
société.
La situation de grande instabilité politique a
éclaté après qu'une énorme manifestation populaire
qui s'est tenue le 21 novembre dans la partie
historique de Guatemala, la capitale, s'est
terminée par de nombreux incidents et l'incendie
d'une partie du bâtiment où se trouve le
Parlement.
21 novembre 2020 - Incendie de l'Assemblée
législative au Guatemala
On soupçonne qu'il s'agissait d'une opération
planifiée par le gouvernement pour saper la
légitimité des manifestations. Ceux qui ont
attaqué le bâtiment législatif étaient vêtus de
noir et portaient des bâtons pour briser les
fenêtres du bâtiment, mais à aucun moment ils
n'ont été arrêtés par la police présente sur les
lieux, selon le journal guatémaltèque Le
Periódico.
Un soupçon
supplémentaire est né du fait que la session de
samedi du Congrès n'était pas clôturée, car le
budget n'a été approuvé que des heures après. Des
personnalités politiques et sociales du pays
disent que le saccage de l'édifice parlementaire
visait à discréditer la légitimité de l'immense
manifestation, qui s'est déroulée dans un climat
général de tranquillité jusqu'à l'attaque violente
de la police.
Selon les chiffres officiels, un enfant sur deux
de moins de cinq ans souffre de malnutrition
chronique dans le pays et près de 60 %
de la population guatémaltèque vit en dessous du
seuil de pauvreté.
Le président a déclaré que les manifestations
sont un moyen que les groupes minoritaires tentent
d'utiliser pour mener un véritable coup d'État.
Dans une déclaration antérieure, l'OÉA a reconnu
le droit de manifestation, mais a condamné le
vandalisme dénoncé par les autorités. Les
porte-paroles des manifestants ont rejeté ces
accusations.
L'Alliance pour les réformes, qui
regroupe 40 organisations sociales, a exigé
la démission du ministre de l'Intérieur, Gendri
Reyes, à la suite de la répression de samedi. Le
vice-président, Guillermo Castillo, qui s'était
distancié de Giammattei, a exigé sa démission et a
demandé au parquet d'enquêter sur l'incendie des
bureaux du Congrès ainsi que sur la répression
policière.
28 novembre 2020
Le budget approuvé laisse une large place à la
corruption – un mal profondément enraciné dans le
pays – car il ne prévoit pas de mécanismes de
contrôle pour garantir une utilisation appropriée
des ressources, accordant plus de ressources aux
ministères qui ont fait l'objet d'énormes
irrégularités au cours des dernières années, comme
ceux des communications, des infrastructures et du
logement.
La manifestation du 21 novembre s'est soldée
par au moins 15 manifestants et 12
policiers blessés et plus de 30 arrestations.
La répression policière s'est étendue à plusieurs
départements du pays.
Le Congrès a approuvé des prêts de plus
de 3,8 milliards de dollars pour lutter
contre la pandémie, mais à peine 15 % de
ces ressources sont parvenues aux Guatémaltèques.
La COVID-19 a contaminé près de 120 000
personnes et plus de 4 000 personnes
sont décédées dans ce pays de 17 millions
d'habitants.
La raison des manifestations
Le Congrès, principalement composé du parti au
pouvoir et des partis apparentés, a approuvé un
budget de près de 12,8 milliards de dollars
pour 2021, soit une augmentation
de 25 % par rapport à cette année. La
plupart des fonds sont affectés aux
infrastructures du secteur privé et ne prévoient
pas d'augmentation pour la santé ou l'éducation,
ni pour la lutte contre la pauvreté et la
malnutrition infantile.
Le Congrès a également affecté
environ 65 000 $ pour les repas des
députés, ce qui a scandalisé la population car à
ce moment-là, la tempête Iota entrait dans le pays
et causait des destructions, laissant les
communautés pauvres isolées et sans nourriture –
communautés déjà touchées par le récent passage
d'un autre puissant ouragan, Eta, qui a
fait 59 morts et près de 100 disparus.
Tout cela se produit dans une situation où les
hôpitaux sont sans médicaments, les médecins sans
salaire et le nombre de personnes touchées par la
pandémie en augmentation. L'économie a souffert,
des dizaines de milliers de personnes ont perdu
leur emploi et les prix des denrées alimentaires
et d'autres biens ont augmenté.
Pour cette raison, des appels ont été lancés pour
manifester sur plusieurs places du pays, notamment
à la « Plaza de la Constitucion »
(anciennement Parc central), pour exiger la
démission du président et des membres du Congrès,
la fin de la corruption et l'annulation du
budget 2021. Des milliers de manifestants
portaient des pancartes exigeant la convocation
d'une assemblée constituante.
21 novembre 2020 - manifestation à Antigua
Les questions se répètent : sommes-nous au
bord d'un autre cycle de manifestations similaire
à celui de 2015, lorsque des manifestations
massives contre la corruption du gouvernement
d'Otto Pérez Molina et de Roxana Baldetti ont eu
lieu ? Atteindra-t-il des niveaux de
confrontation violente ?
Ce qui est clair, c'est qu'il y a un sentiment de
colère et d'indignation contre le gouvernement,
qui s'est exprimé de diverses manières (pacifiques
et violentes), alors qu'il ne peut pas et ne veut
pas répondre aux revendications des citoyens et
tente d'utiliser l'OÉA pour réprimer «
démocratiquement » le peuple.
Gerardo Villagran del Corral est un
anthropologue et économiste mexicain, associé au
Centre latino-américain d'analyse stratégique
(CLAE).
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