Sujets de préoccupation sur
le plan international
• Les
priorités du gouvernement Trudeau en matière de
politique étrangère selon la lettre de mandat
- Margaret Villamizar -
• Les
mesures pour établir un nouvel ordre mondial en
opposition à l'ordre « fondé sur des règles »
des États-Unis
- Pauline Easton -
• La
domination américaine du système financier
mondial
de plus en plus contestée
- K.C. Adams -
• Les
États-Unis poursuivent leur politique
hégémonique après leur défaite humiliante en
Afghanistan
- Steve Rutchinski -
• Les
États-Unis intensifient la rhétorique
anti-chinoise
- Nick Lin et Philip
Fernandez -
Sujets de préoccupation sur le
plan international
- Margaret Villamizar -
Le premier ministre Trudeau a remis ses «
lettres de mandat » aux 38 membres de son Cabinet
le 16 décembre 2021, près d'un mois après
l'ouverture de la 44e législature le 22 novembre
2021.
Selon le Cabinet du premier ministre, ces lettres
de mandat « énoncent les objectifs stratégiques
que tous les ministres chercheront à atteindre,
ainsi que les défis urgents qu'ils devront relever
dans le cadre de leurs fonctions ». Le Cabinet du
premier ministre affirme que les lettres de mandat
accessibles au public « aident les Canadiens à
demander des comptes au gouvernement » en leur
donnant une idée claire quant à la façon dont le
gouvernement compte réaliser son programme.
Toutes les lettres commencent par dire que la fin
de la lutte contre la pandémie reste l'objectif
central du gouvernement et mentionnent d'autres
questions sur lesquelles les libéraux ont fait
campagne lors des élections. Elles commencent par
énoncer ce que l'on dit être les grandes priorités
du gouvernement et les attentes de chaque ministre
pour la session parlementaire, suivies de
directives spécifiques sur les principaux travaux
et priorités de leurs portefeuilles respectifs,
notamment l'obligation de présenter un plan pour
appliquer ces directives. Elles sont révélatrices
de ce que fait le gouvernement, tant par ce
qu'elles disent que par ce qu'elles omettent.
Mélanie Joly est la cinquième ministre des
Affaires étrangères du gouvernement Trudeau depuis
l'élection de 2015 lorsqu'il a remplacé les
conservateurs de Stephen Harper. Les lettres de
mandat remises aux deux premiers ministres des
Affaires étrangères du gouvernement libéral,
Stéphane Dion (2015) et Chrystia Freeland (2017)
ont établi comme première priorité la
reconnaissance des États-Unis comme « l'allié le
plus proche et le partenaire économique et de
sécurité le plus important du Canada »
L'instruction spécifique donnée à Stéphane Dion,
ostensiblement pour réparer les dommages causés à
cette relation si importante par Stephen Harper,
était d'« améliorer les relations avec les
États-Unis » ainsi que de « renforcer la
coopération trilatérale nord-américaine ».
Chrystia Freeland, qui a travaillé comme
journaliste aux États-Unis pendant des années
avant de revenir au Canada pour se présenter pour
les libéraux lors d'une élection partielle en
2013, a remplacé Stéphane Dion lorsque la
renégociation de l'ALÉNA est devenue la question
brûlante après l'élection de Donald Trump comme
président des États-Unis en 2016. Il lui a demandé
de « maintenir des relations constructives avec
les États-Unis » et de « diriger les efforts
visant à approfondir les relations commerciales »
avec ce pays.
Chrystia Freeland a été remplacée après
l'élection de septembre 2019 par François-Philippe
Champagne, dont la nomination a coïncidé avec le
lancement de la campagne du gouvernement Trudeau
pour un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. La
lettre de mandat qu'il a reçue encadre son rôle
comme étant celui de veiller « à l'avancement des
intérêts nationaux du Canada dans un monde plus
imprévisible et dirigerez les efforts déployés par
le Canada pour contribuer à la résolution d'enjeux
mondiaux fondamentaux ». La priorité accordée à
l'avancement de la relation du Canada avec les
États-Unis dans les deux lettres de mandat
précédentes du ministre des Affaires étrangères a,
à toutes fins utiles, disparu, la seule référence
directe à cette relation apparaissant en dernière
position sur la liste, presque comme une réflexion
après coup, indiquant au ministre qu'il devait «
appuyer la vice-première ministre et ministre des
Affaires intergouvernementales dans les travaux
sur les relations canado-américaines ».
La candidature du Canada pour un siège au Conseil
de sécurité a été rejetée en juin 2020, lorsque
les faits concernant les activités du Canada sur
la scène internationale ont révélé une histoire
très différente de ce que laissait entendre la
lettre de mandat de François-Philippe Champagne.
Le voile est maintenant levé dans les directives
sur la marche à suivre données à la cinquième
ministre des Affaires étrangères de Justin
Trudeau, Mélanie Joly.
La lettre de mandat de la ministre des Affaires
étrangères
Les priorités qu'Affaires mondiales Canada doit
défendre sont contenues dans la lettre de mandat
qui demande à la ministre des Affaires étrangères
de se préoccuper de « promouvoir la paix et la
sécurité, de combattre l'autoritarisme et de
contrer l'ingérence étrangère grâce à des réponses
internationales collectives, y compris en
élargissant notre coopération avec des partenaires
qui partagent une vision commune et des
organisations canadiennes, internationales et
multilatérales ». Cela place le Canada presque
exclusivement au service de l'ordre du jour des
États-Unis d'ingérence, d'agression et de guerre
sous prétexte de combattre « l'autoritarisme ».
L'« autoritarisme » serait représenté
principalement par la Chine et la Russie, mais
aussi par les dirigeants d'autres pays, aussi
petits soient-ils, qui menaceraient la démocratie
et les droits humains dans le monde en refusant de
laisser les États-Unis, le Canada et certaines
puissances européennes leur imposer la «
démocratie représentative » libérale.
La lettre de mandat de Mélanie Joly indique
clairement qu'au nom d'idéaux élevés comme la
démocratie et les droits de la personne, le Canada
a accepté de renforcer son rôle de bon flic face
au mauvais flic américain. Il s'est chargé
d'essayer de vendre ces marchandises pourries en
prétendant défendre les intérêts et les valeurs
des Canadiens.
Pas
moins de 18 des 26 priorités sur lesquelles
Mélanie Joly a reçu l'ordre d'agir sont
explicitement ou implicitement associées à des
objectifs et des projets de longue date de la
politique étrangère des États-Unis dans la
poursuite de leur domination mondiale, avec des
entités « multilatérales » comme l'OTAN, le G7 et
une foule de coalitions, d'instituts, de
fondations, d'ONG et autres comme outils pour
cela. Certaines des activités d'ingérence de «
promotion de la démocratie » que le Canada s'est
engagé à diriger et à financer au cours de l'année
à venir ont été décrites dans la présentation du
gouvernement Trudeau au Sommet pour la démocratie
de Joe Biden en décembre 2021.
Il est entendu que, parallèlement aux objectifs
de la politique étrangère des États-Unis, alors
même que leurs cercles dirigeants se rapprochent
de plonger le pays dans une guerre civile, un prix
sera exigé de tous les pays que les États-Unis
considèrent comme représentant une « menace » pour
la réalisation de leurs objectifs. Tout, des
sanctions, de la « guerre juridique » ou la
persécution judiciaire jusqu'aux opérations de
changement de régime, la guerre et la destruction,
fait partie de leur arsenal pour atteindre cet
objectif, et des alliés comme le Canada sont
pressés de participer à l'application des
punitions infligées aux pays et personnes ciblés.
La toute première chose sur la liste des
priorités que Justin Trudeau a donné à Mélanie
Joly pour agir est de « travailler avec moi, et en
étroite collaboration avec d'autres ministres,
pour continuer de renforcer notre partenariat avec
notre allié le plus proche, les États-Unis ».
Suivent des éléments tels que :
- faciliter le passage sécuritaire et la
réinstallation des personnes vulnérables
d'Afghanistan, en mettant l'accent sur les
personnes qui ont aidé le Canada et nos alliés de
l'OTAN au cours des deux dernières décennies,
- élaborer et mettre en oeuvre une nouvelle
stratégie indopacifique exhaustive pour renforcer
les partenariats en matière de diplomatie,
d'économie et de défense, ainsi que l'aide
internationale dans la région,
- collaborer avec les pays du G7, de l'OTAN et
des partenaires qui partagent une vision commune
pour concevoir et prendre des mesures collectives
pour répondre à la détention arbitraire, la
coercition économique, les cybermenaces,
l'ingérence étrangère dans les processus
démocratiques et les violations flagrantes des
droits de la personne, notamment par des
sanctions,
- faire progresser le soutien à la démocratie et
aux droits de la personne en tant que priorité
fondamentale dans l'engagement international du
Canada, notamment par les actions suivantes :
1. Mettre sur pied un centre canadien afin
d'augmenter la disponibilité de l'expertise et
de l'aide du Canada auprès de ceux qui aspirent
à consolider la paix, faire avancer la justice,
promouvoir les droits de la personne,
l'inclusion et la démocratie, et favoriser la
bonne gouvernance.
2. Travailler avec des partenaires
internationaux pour mettre sur pied une cour
internationale de lutte contre la corruption
pour empêcher les dirigeants corrompus et les
gouvernements autoritaires d'entraver le
développement qui bénéficierait à leurs
citoyens.
3. Accroître le soutien rapide et flexible aux
démocraties fragiles et émergentes, en
augmentant la présence diplomatique du Canada
dans les régions revêtant une importance
stratégique.
4. Continuer de soutenir et de mettre en oeuvre
la loi Magnitsky du Canada, la Loi sur la
justice pour les victimes de dirigeants
étrangers corrompus, [une copie conforme
du U.S. Magnitsky Act - Note du LML]
et promouvoir l'adoption de lois et pratiques
semblables dans le monde.
- Travailler pour renforcer l'engagement et la
présence du Canada dans le système de
l'Organisation des Nations unies (ONU) afin que
l'ONU soit plus efficace, efficiente, pertinente
et responsable, et qu'elle soutienne un système
international fondé sur des règles, en particulier
pour pouvoir mieux lutter contre ceux qui
cherchent à saper la démocratie, les droits de la
personne et la primauté du droit.
- Accroître l'engagement du Canada auprès des
alliés, des partenaires et des organisations
internationales dans le but de promouvoir la paix
et la sécurité.
- Travailler avec le ministre de la Défense
nationale, le ministre des Affaires du Nord et les
partenaires pour défendre la souveraineté dans
l'Arctique.
- Travailler avec la ministre de la Défense
nationale et les partenaires de l'OTAN en vue de
l'établissement au Canada d'un Centre d'excellence
de l'OTAN sur le climat et la sécurité, afin de
veiller à ce que le Canada et ses alliés soient en
mesure de réagir aux menaces et urgences liées aux
changements climatiques.
- Travailler avec le ministre du Logement et de
la Diversité et de l'Inclusion pour soutenir
l'envoyé spécial pour la préservation de la
mémoire de l'Holocauste et la lutte contre
l'antisémitisme [l'envoyé spécial est un sioniste
qui fait la promotion de la définition
controversée de l'antisémitisme de l'Alliance
internationale pour la mémoire de l'Holocauste
(IHRA) adoptée par le gouvernement Trudeau. Cette
définition bidon assimile la défense des droits
des Palestiniens et la critique d'Israël à de l'«
antisémitisme » – Note du LML]
pour faire avancer son mandat.
Comme dans le cas de leur tentative ratée
d'obtenir un siège au Conseil de sécurité de
l'ONU, où ce poste aurait été utilisé pour saper
l'autorité de la Charte de l'ONU et la primauté du
droit en poussant à son remplacement par l'« ordre
international fondé sur des règles » des
États-Unis, les libéraux de Trudeau cherchent
maintenant à faire croire aux Canadiens que le
fait de servir de prête-nom aux plans de «
promotion de la démocratie » de type américain
pour s'ingérer dans les affaires de nations et de
peuples souverains a quelque chose à voir avec
leurs valeurs ou avec la contribution aux droits
humains, aux droits des femmes et des filles, ou à
la paix et à la sécurité dans le monde. On ne peut
guère s'attendre à ce qu'un gouvernement qui n'est
pas perçu comme faisant ces choses à l'intérieur
de ses frontières les défende à l'étranger.
Ce qui ressort
clairement de l'examen de la lettre de mandat de
la ministre des Affaires étrangères, c'est que les
Canadiens n'ont pas leur mot à dire dans la
décision du rôle que leur pays doit jouer dans le
monde. Toutes les questions relatives à la
politique étrangère du Canada demeurent du ressort
d'un exécutif qui agit derrière des portes closes
et loin du Parlement, à l'écoute des États-Unis et
d'organismes supranationaux régis par des intérêts
privés étroits. Aucun des sujets abordés dans la
lettre n'a été soulevé par les libéraux, les
autres partis du cartel au Parlement ou les médias
monopolisés pendant la campagne électorale, qui a
été remarquablement dépourvue de toute discussion
sur la politique étrangère, à l'exception de celle
soulevée par le Parti marxiste-léniniste du Canada
et d'autres petits partis.
Comme toutes les questions qui touchent la vie
des gens qui composent le pays appelé Canada,
l'objectif de sa politique étrangère doit être
établi par le peuple pour faire avancer la cause
de la paix, de la liberté et de la démocratie dans
le monde. Le Canada doit contribuer à faire
respecter la primauté du droit à l'échelle
internationale, comme le prévoit la Charte des
Nations unies, cesser de s'ingérer dans les
affaires intérieures de pays souverains au nom
d'un rendu frauduleux des valeurs des Canadiens et
faire du Canada une zone de paix en se retirant de
l'OTAN et de NORAD dans un premier temps.
- Pauline Easton -
Les peuples du monde exigent des actions lors de
la COP-26 à Glasgow, le 5 novembre 2021.
À la fin de l'année 2021, l'incapacité des
Nations unies à exercer une autorité sur les
relations entre les pays, sur la base des
principes consacrés par la Charte des Nations
unies, a été un sujet de grave préoccupation pour
les peuples du monde. Il est beaucoup question de
« relations stratégiques » et de « partenariats
stratégiques » et il y a beaucoup
d'interprétations du type de nouvel ordre mondial
dont le monde a besoin.
Tout le monde propose des formulations
différentes autour des partenariats stratégiques,
des relations et de la stratégie. Selon certains,
l'« ordre international fondé sur des règles » des
États-Unis est la base d'un « paradigme
stratégique » qui structure la « pensée
stratégique ». Une telle pensée est différente de
celle qui consiste à avoir un objectif de
politique. Pour leur part, la Chine et la Russie
dans leurs déclarations sur le partenariat
stratégique et l'Union européenne (UE)dans ses
déclarations sur l'« autonomie stratégique »
parlent de stratégie par rapport à un certain type
d'ordre mondial. Les Chinois et les Russes
affirment qu'il s'agit d'une « nouvelle ère »,
mais la manière dont elle est définie n'est pas
encore claire.
Le partenariat stratégique Chine-Russie
Alors que les États-Unis et des pays comme le
Canada parlent sans cesse de l'établissement d'un
« ordre international fondé sur des règles », dans
lequel les États-Unis fixent les règles et
décident qui les enfreint et qui ne les enfreint
pas, un développement important en 2021 a été
l'annonce par la Chine et la Russie de la
prolongation du traité d'amitié Chine-Russie qui
soutient l'état de droit international tel qu'il
est inscrit dans la Charte des Nations unies[1].
Le traité actuel de cinq ans est la continuation
du traité d'amitié de 20 ans qu'ils ont signé en
2001. Ce traité expose leur notion de «
partenariat stratégique » qui, selon eux, est
fondée sur la Charte des Nations unies et le droit
international. Comme l'indique un reportage, leur
amitié vise à « développer un partenariat
stratégique global de coordination pour une
nouvelle ère, dans le but de porter les liens
bilatéraux à un niveau supérieur et de mieux
servir les peuples des deux pays et du monde
entier »[2].
La Chine et la Russie disent que les deux pays
développent des relations qui ne seront ni un bloc
militaire ni un bloc économique contre quiconque,
mais se concentrent plutôt sur une « stratégie
d'un nouveau type ». Le traité et les accords
n'ont pas pour but de faire d'eux des alliés, au
sens d'alliés militaires ou politiques tels qu'ils
ont été établis précédemment pendant la guerre
froide. Le traité et sa prolongation vont au-delà
de cette ancienne façon d'avoir des relations,
disent-ils. Ces relations sont également très
différentes de celles que les États-Unis
encouragent dans le cadre de leur « ordre
international fondé sur des règles », dans lequel
tout le monde doit se soumettre aux États-Unis en
tant que dirigeant indispensable.
Le président chinois Xi Jinping et le président
russe Vladimir Poutine ont annoncé conjointement
la prolongation du traité de bon voisinage et de
coopération amicale
Chine-Russie, le 28 juin 2021.
L'autonomie stratégique européenne
Pour sa part, l'UE poursuit ce qu'elle appelle «
l'autonomie stratégique européenne ». À l'heure où
la Chine et la Russie s'occupent des
développements en Eurasie, l'UE ne veut pas être
laissée de côté. En même temps, l'autonomie à
laquelle l'UE fait référence n'est pas celle de
l'Allemagne ou de la France, mais celle de l'UE,
ce qui soulève alors le problème de l'existence de
l'OTAN et de ses relations avec de nombreux pays
européens. La conception tente néanmoins de
fournir une rationalisation pour que l'UE dispose
de sa propre force de défense dans le cadre de la
proposition d'établir un « Concert mondial des
puissances », dont certaines forces aux États-Unis
font la promotion. Ce concert mondial des
puissances comprend l'UE, et non l'Allemagne ou la
France, ainsi que la Russie, la Chine, l'Inde et
le Japon[3][4].
Les États-Unis s'inquiètent de la poursuite et du
développement du partenariat entre la Chine et la
Russie d'une manière qui ne correspond pas à leur
propre conception d'un monde tripolaire, un monde
tel que préconisé par l'ancien président des
États-Unis, Donald Trump, dans lequel les
États-Unis doivent jouer la Russie et la Chine
l'une contre l'autre tout en établissant les
règles auxquelles tout le monde doit se soumettre.
Malgré la promotion de l'« ordre international
fondé sur des règles » des États-Unis, il existe
une confusion et une incohérence considérables à
tous les niveaux du gouvernement des États-Unis en
matière de politique étrangère.
Le rôle du secret
Ce que l'on sait, c'est que l'élaboration de leur
politique repose sur le secret. Les affirmations
concernant la cyberguerre et les cyberattaques,
par exemple, et le fait que les États-Unis les
attribuent à la Russie ou à la Chine, ne peuvent
être confirmés par des preuves. Il n'est pas
possible d'attribuer des attaques spécifiques à la
Chine, par exemple, étant donné la facilité avec
laquelle on peut faire croire que les attaques
viennent d'un certain endroit ou qu'elles sont
lancées par telle ou telle force spécifique alors
qu'il n'y a aucune preuve de cela, comme l'ont
montré divers exemples. Les États-Unis ne cessent
de répéter que cela « ressemble » à quelque chose
que Poutine ou les Chinois feraient, qu'il «
semble » que ce soit eux qui le fassent, etc. Il
n'y a aucune preuve à l'appui de ces affirmations.
Les États-Unis tentent d'imposer une norme pour
ce qui est et n'est pas la cyberguerre en donnant
à leurs affirmations une légalité, comme quelque
chose de valable en termes de droit. Cela
ressemble à ce qu'ils ont fait avec les armes
nucléaires en affirmant que les informations
permettant de construire une bombe nucléaire
étaient secrètes et en prétendant ensuite qu'il y
avait de l'espionnage.
Lorsque la Russie et la Chine affirment dans leur
accord de partenariat qu'il s'agit d'une nouvelle
ère, elles disent en partie qu'il faut maintenant
un ordre mondial différent. De leur côté, les
États-Unis sont déterminés à pousser le scénario
d'une guerre majeure maintenant pour éviter de
perdre l'ordre mondial actuel où les États-Unis
dominent.
Notes
1.Traité d'amitié
Chine-Russie, article I :
« Conformément aux principes et normes
universellement reconnus du droit international et
sur la base des cinq principes de respect mutuel
de la souveraineté des États et de l'intégrité
territoriale, de non-agression mutuelle, de
non-ingérence mutuelle dans les affaires
intérieures de l'autre, d'égalité et de bénéfice
mutuel et de coexistence pacifique, les parties
contractantes développeront le partenariat de
coopération stratégique de bon voisinage, d'amitié
et de coopération et d'égalité et de confiance
entre les deux pays dans une perspective à long
terme et de manière globale. »
Pour consulter le texte intégral du traité, cliquez ici.
2. Un
exemple de la façon dont on parle des relations
pour une nouvelle ère : « La Chine et la Russie
conviennent d'élever leurs relations au niveau
d'un partenariat » Xinhua, 6 juin 2019.
3. «
Le sommet en crise d'une alliance en crise »,
Pauline Easton, Le Marxiste—Léniniste Supplément,
11 juin 2021.
4. «
La proposition impérialiste américaine de
ressusciter le 'concert
des puissances' pour servir la quête de
domination des États-Unis », Kathleen
Chandler, Le Marxiste—Léniniste Supplément ,11
juin 2021
.
- K.C. Adams -
Actions de masse en Équateur pour s'opposer aux
réformes imposées par le Fonds monétaire
international, le 14 octobre 2019
La domination des États-Unis sur la finance
mondiale et l'utilisation qu'ils font des
institutions pour piéger les pays qui tombent sous
leur emprise constituent un point de litige dans
le monde actuel. La Russie et la Chine ont
maintenant convenu d'établir un nouveau cadre
financier international commun afin de s'assurer
que les États-Unis ne puissent plus contrôler
leurs relations commerciales ou s'ingérer dans
leurs affaires intérieures en imposant des
sanctions.
Les
États-Unis contrôlent et utilisent la Banque
mondiale et la Banque asiatique de développement,
le Fonds monétaire international, la Banque des
règlements internationaux et le système SWIFT (la
Société pour les télécommunications interbancaires
mondiales), les cartes de crédit et le dollar
américain comme armes pour dominer les autres et
assurer leur hégémonie mondiale[1][2].
Glenn Diesen, professeur à l'Université de
Norvège du Sud-Est et rédacteur en chef de la
revue Russia in Global Affairs, a écrit
récemment un article publié dans RT, dans lequel
il souligne :
« La Chine et la Russie se sont progressivement
dirigées vers un tel arrangement depuis que la
crise financière mondiale de 2008 a révélé les
risques d'une dépendance excessive à l'égard des
États-Unis. Cependant, les sanctions économiques
américaines contre Moscou et Pékin semblent avoir
intensifié la recherche d'alternatives. »
Glenn Diesen décrit l'immense pouvoir de ce qu'il
appelle « l'architecture financière centrée sur
les États-Unis ». Il écrit : « La plupart des
échanges internationaux sont effectués en dollars
américains, le transfert des paiements passe par
le système de transaction SWIFT sur lequel le pays
a une immense emprise, tandis que le financement
provient de banques d'investissement dirigées par
les États-Unis, la dette est cotée par les agences
de notation américaines, et même les principales
cartes de crédit sont américaines. Ces instruments
de pouvoir économique permettent à Washington de
diriger un empire : il peut gérer d'énormes
déficits commerciaux, recueillir des données sur
ses adversaires, accorder un traitement favorable
à ses alliés et écraser ses adversaires par des
sanctions. »
Glenn Diesen soutient que « l'architecture
financière centrée sur les États-Unis n'est plus
viable. La Maison-Blanche a perdu le contrôle de
son déséquilibre commercial déficitaire, la dette
échappe à tout contrôle et l'inflation galopante
détruit la monnaie ».
Dans cette situation, Glenn Diesen écrit que les
fondements du rôle du dollar américain en tant que
monnaie de réserve internationale et pour régler
le commerce et les comptes mondiaux « touchent
rapidement à leur fin ». Il écrit :
« Un partenariat financier entre la Chine et la
Russie, le plus grand importateur d'énergie du
monde et le plus grand exportateur d'énergie du
monde, est un instrument indispensable pour
détrôner le pétrodollar. En 2015, environ 90 % des
échanges entre la Russie et la Chine étaient
réglés en dollars, et d'ici 2020, les échanges
libellés en dollars entre les deux géants
eurasiatiques auront presque diminué de moitié,
avec seulement 46 % des échanges en dollars. La
Russie a également montré la voie en réduisant la
part des dollars américains dans ses réserves en
devises étrangères. Les mécanismes de
dédollarisation des échanges entre la Chine et la
Russie sont également utilisés pour mettre fin à
l'utilisation du billet vert avec des tiers, des
progrès sont observés dans des endroits tels que
l'Amérique latine, la Turquie, l'Iran, l'Inde,
etc. »
Glenn Diesen explique : « Le système SWIFT pour
les transactions financières entre les banques du
monde entier était auparavant le seul système pour
les paiements internationaux. Ce rôle central de
la SWIFT a commencé à s'éroder lorsque les
États-Unis l'ont utilisé comme une arme politique.
Les Américains ont d'abord expulsé l'Iran et la
Corée du nord, et en 2014, Washington a commencé à
menacer d'expulser également la Russie du système.
Au cours des dernières semaines, la menace
d'utiliser SWIFT comme une arme contre la Russie
s'est intensifiée. »
Face à ces attaques et menaces, la Chine, la
Russie et plusieurs pays européens ont créé des
alternatives à la SWIFT. En utilisant ces
institutions financières alternatives, les pays
ont pu dans une certaine mesure, comme le dit
Glenn Diesen, « freiner la juridiction
extraterritoriale de Washington et ainsi continuer
à commercer avec l'Iran ». Une nouvelle
architecture financière sino-russe devrait
intégrer le CIPS (système chinois) et le SPFS
(système russe) et les rendre plus accessibles aux
tiers. Si les États-Unis expulsent la Russie, la
tendance au retrait de la SWIFT s'intensifiera
encore »[3].
Glenn Diesen
explique en détail l'opposition croissante aux
banques de développement et aux autres
institutions de prêt contrôlées par les États-Unis
: « Le FMI, la Banque mondiale et la Banque
asiatique de développement dirigés par les
États-Unis sont des instruments renommés de la
politique économique des États-Unis. Le lancement
de la Banque asiatique d'investissement dans les
infrastructures (BAII) dirigée par la Chine en
2015 est devenu un moment décisif dans
l'architecture financière mondiale, car tous les
principaux alliés des États-Unis (à l'exception du
Japon) ont signé en dépit des avertissements
américains. La Nouvelle Banque de développement,
anciennement appelée Banque de développement des
BRICS, a constitué un pas supplémentaire vers le
retrait des banques de développement dirigées par
les États-Unis. La Banque eurasienne de
développement et la future Banque de développement
de l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai)
sont des clous supplémentaires dans le cercueil
des banques de développement contrôlées par les
États-Unis. »
La contestation s'est étendue à d'autres domaines
financiers alors que la Chine et la Russie
développent leurs propres agences de notation et
remplacent la position dominante de Visa et
Mastercard dans leurs pays respectifs par leurs
propres cartes de crédit, comme celles de la
société chinoise UnionPay, et par des systèmes de
paiement non monétaires, notamment la plateforme
mobile chinoise Alipay, largement utilisée.
« En outre, écrit Glenn Diesen, la Chine et la
Russie cherchent à éviter les corridors de
transport dominés par les États-Unis. La Chine a
investi des billions de dollars dans son
Initiative de la nouvelle route de la soie pour de
nouveaux corridors terrestres et maritimes, tandis
que la Russie a avancé un programme similaire mais
plus modeste qui inclut le développement de
l'Arctique comme route maritime en partenariat
avec la Chine. »
Glenn Diesen conclut : « Les États-Unis peuvent
utiliser davantage de sanctions pour s'opposer au
développement d'une architecture financière
internationale multipolaire, bien que la poursuite
de la coercition économique ne fasse qu'augmenter
la demande de se détacher de l'Amérique. La
première règle des sanctions est que lorsqu'elles
sont durables, les cibles des sanctions apprennent
à vivre sans la puissance belligérante. Ce qui a
commencé comme un effort pour affaiblir et isoler
les adversaires de Washington finit par isoler les
États-Unis. »
Initiative de la nouvelle route de la soie de la
Chine (cliquer pour agrandir)
Notes
1. Voici des extraits de «
How the SWIFT System Works », par Shobhit Seth :
"[...] Derrière la plupart des transferts
internationaux d'argent et de sécurité se trouve
le système de la Société pour les
télécommunications interbancaires mondiales
(SWIFT). SWIFT est un vaste réseau de messagerie
utilisé par les banques et autres institutions
financières pour envoyer et recevoir rapidement,
précisément et en toute sécurité des informations,
telles que des instructions de transfert d'argent.
« Plus de 11 000 institutions membres de la SWIFT
ont envoyé plus de 35 millions de transactions par
jour via le réseau en 2020. L'organisation a
enregistré une moyenne de 42,5 millions de
messages par jour en cumul annuel en mars 2021. Le
trafic a augmenté de 9,8 % par rapport à la même
période de l'année précédente.
[...]
« Ce réseau de paiement permet aux particuliers
et aux entreprises d'effectuer des paiements
électroniques ou par carte, même si le client ou
le vendeur utilise une banque différente de celle
du bénéficiaire.
« SWIFT fonctionne en attribuant à chaque
institution membre un code d'identification unique
qui identifie non seulement le nom de la banque
mais aussi le pays, la ville et la succursale. »
Pour lire l'article au complet (en anglais) cliquez
ici.
2. L'article de Wikipédia
intitulé « Société de télécommunications
interbancaires mondiales (SWIFT) » indique :
"[SWIFT] envoie des ordres de paiement, qui
doivent être réglés par les comptes correspondants
que les institutions ont entre elles. Pour
échanger des transactions bancaires, chaque
institution financière doit avoir une relation
bancaire, soit en étant légalement organisée comme
une banque, soit par son affiliation à au moins
une banque. Si SWIFT transporte des messages
financiers de manière hautement sécurisée, il ne
tient pas de comptes pour ses membres et
n'effectue aucune forme de compensation ou de
règlement.
« En 2018, environ la moitié de tous les
paiements transfrontaliers de grande valeur dans
le monde utilisaient le réseau SWIFT, et en 2015,
SWIFT reliait plus de 11 000 institutions
financières dans plus de 200 pays et territoires,
qui échangeaient en moyenne plus de 32 millions de
messages par jour (contre une moyenne de 2,4
millions de messages quotidiens en 1995).
« Bien que largement utilisé, SWIFT a été
critiqué pour son inefficacité. [...] SWIFT a
également suscité la controverse pour avoir permis
au gouvernement des États-Unis de surveiller, et
dans certains cas s'ingérer dans les transactions
intra-européennes. »
3. Voici des extraits de
l'article « Kremlin reveals new independent
Russian-Chinese financial systems », (Le Kremlin
révèle de nouveaux systèmes financiers
russo-chinois indépendants), par Layla Guest,
publié par RT le 15 décembre 2021 :
« La Russie et la Chine vont développer des
structures financières partagées pour leur
permettre d'approfondir leurs liens économiques
d'une manière que les États étrangers ne pourront
pas influencer, a annoncé le Kremlin à la suite de
discussions entre les dirigeants des pays.
« La démarche semble être une réponse à une série
d'avertissements selon lesquels les nations
occidentales pourraient faire pression pour
retirer la Russie du système financier SWIFT basé
à Bruxelles, comme une forme de sanctions.
« ... Au cours des entretiens..., le président
russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi
Jinping ont appelé à augmenter la part des
monnaies nationales dans les règlements mutuels et
à étendre la coopération pour permettre aux
investisseurs russes et chinois d'accéder aux
marchés boursiers, a déclaré Yuri Ushakov,
conseiller en politique étrangère de Poutine.
« Ushakov a déclaré qu''une attention
particulière a été accordée à la nécessité
d'intensifier les efforts visant à former une
infrastructure financière indépendante pour
servir les opérations commerciales entre la
Russie et la Chine'.
« 'Nous entendons par là la création d'une
infrastructure qui ne puisse pas être influencée
par des pays tiers', a ajouté l'assistant du
Kremlin.
[...]
« On dit que la Russie et la Chine cherchent de
plus en plus à s'éloigner de l'utilisation du
dollar américain comme principale devise du
commerce international, en utilisant plutôt leurs
propres devises pour soutenir le volume en plein
essor des échanges entre Moscou et Pékin.
« Le 7 décembre, lors d'une audience devant la
commission sénatoriale des relations étrangères,
la sous-secrétaire d'État américaine Victoria
Nuland a déclaré que la Maison-Blanche, ainsi
qu'un certain nombre de pays d'Europe occidentale,
envisageaient d'isoler complètement Moscou du
système financier mondial si les troupes russes
osaient envahir l'Ukraine.
« La veille encore, Bloomberg avait suggéré que
Washington pourrait cibler les grandes banques du
pays et même débrancher Moscou du réseau SWIFT.
« Fin novembre, le patron du géant pétrolier
public russe Rosneft, Igor Sechin, a accusé
Washington de manipuler le dollar pour servir ses
propres intérêts et a déclaré que la monnaie
perdait de son attrait en raison de la politique
d'assouplissement quantitatif de la Réserve
fédérale américaine, qui consiste essentiellement
à inonder l'économie mondiale d'une masse
monétaire excessive.
« Plus tôt cette année, le ministre russe des
Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a suggéré que
Pékin et Washington 'doivent s'éloigner de
l'utilisation des systèmes de paiement
internationaux contrôlés par l'Occident'. Le
haut diplomate a également accusé les États-Unis
de chercher à ‘limiter les possibilités de
développement technologique tant de la
Fédération de Russie que de la République
populaire de Chine'. [Les sanctions
contre l'utilisation des produits de la société
chinoise Huawei en sont un exemple. Elles
incluent l'arrestation de sa directrice
financière Meng Wanzhou à Vancouver sur ordre
des autorités américaines, où elle a été
assignée à résidence pendant trois ans. - Note
du LML]
- Steve Rutchinski -
La déroute et l'humiliation des États-Unis en
Afghanistan ont, entre autres, sérieusement miné
la confiance envers les États-Unis en tant que «
partenaire fiable ». Alors que les États-Unis se
démenaient pour se sauver, ils ont abandonné à
leur sort tous leurs « partenaires » de l'OTAN,
ainsi que leurs collaborateurs.
Les États-Unis ont commencé à mettre l'accent sur
leurs plans pour la région indo-pacifique,
notamment en intensifiant leurs efforts pour
intégrer les pays qui s'y trouvent à la machine
militaire et financière des États-Unis. La
vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, a
visité le Singapour et le Vietnam dans la semaine
du 23 août 2021. Il s'agissait de son deuxième
voyage international, ayant précédemment visité le
Guatemala et le Mexique pour tenter de régler des
problèmes liés à l'immigration. Son voyage à ce
moment-là avait été ponctué de nombreuses attaques
contre la Chine, exprimant une stratégie du bord
de l'abîme dangereuse pour toutes les parties
concernées. Les conditions d'humiliation et de
désespoir poussent cette soif de vengeance au bord
de la guerre.
S'arrêtant
d'abord à Singapour, Kamala Harris a rencontré la
présidente de Singapour, Halimah Yacob, et le
premier ministre, Lee Hsien Loong. Elle a tenu à
visiter le navire de guerre USS Tulsa à
la base navale de Changi. Elle n'a pas mâché ses
mots lorsqu'elle s'est adressée aux marins. Niant
ce qui s'est passé lorsque les États-Unis ont
tenté d'imposer le type de démocratie qui, selon
eux, devait exister en Afghanistan, elle a dit : «
Je crois vraiment qu'une grande partie de
l'histoire du XXIe siècle sera écrite dans cette
région même où vous servez en ce moment. Et nous
voulons être ceux qui aident à façonner et à
dicter cette histoire. »
Les États-Unis considèrent le Singapour comme le
point d'ancrage de leur présence navale en Asie du
Sud-Est et leur base principale dans la région
indo-pacifique, avec le Japon et la Corée du sud.
Deux groupes d'attaque américains – l'un centré
sur le porte-avions USS Ronald Reagan et
l'autre sur le navire d'assaut USS
America – se sont rendus en juin en mer
de Chine méridionale, une zone de conflit. Le
groupe aéronaval du porte-avion Carl Vinson et
le USS America sont restés dans la région
du Pacifique occidental. Le 10 août 2021, les
États-Unis ont organisé des exercices de guerre
dans la région de Singapour, avec la participation
des marines de 21 pays, 10 navires et plus de 400
membres d'équipage.
Les menaces militaires font partie de la
stratégie du bord de l'abîme, un moyen de voir
comment la Chine et d'autres pays réagiront. Le
problème, tel que clairement démontré en
Afghanistan, est que les États-Unis sont
incapables de prédire ce qui va se passer. Est-ce
que « l'ennemi » va se soumettre ou est-ce que les
menaces vont intensifier le conflit et même
déclencher une guerre ?
Kamala Harris est allée plus loin. Au sujet de la
position contestée de la Chine dans la mer de
Chine méridionale, elle a dit : « [...] les
actions de Pékin continuent de saper l'ordre fondé
sur des règles et menacent la souveraineté des
nations. »
En même temps, les États-Unis ont fait des
efforts pour intégrer davantage Singapour dans
leurs structures militaires et de sécurité, une
forme moins évidente pour saper la souveraineté.
Sur la question de la cybersécurité, les
départements du Trésor et de la Défense ainsi que
l'Agence de la sécurité cybernétique et de
l'infrastructure ont conclu une entente de
principe avec leurs homologues de Singapour pour
l'expansion du partage de l'information et de la
formation permettant de combattre ce que les
États-Unis appellent les menaces cybernétiques. La
Maison-Blanche a aussi annoncé d'autres ententes
encourageant ce qui selon elle est une
collaboration sur l'exploration de l'espace et des
questions de défense.
Les peuples
japonais, coréen, canadien et plusieurs autres
savent très bien ce que veut dire une telle «
coopération ». Lorsqu'il s'agit de questions
militaires, les États-Unis mettent des forces
étrangères en action et entraînent d'autres pays
dans leurs efforts et leur machine de guerre.
En outre, les États-Unis se sont organisés pour «
créer un partenariat basé sur la stimulation du
commerce par le biais d'une poignée d'industries
clé », en particulier celles en lien avec la
chaîne d'approvisionnement des États-Unis.
Kamala Harris a à nouveau souligné que ces
partenariats sont basés sur les intérêts des
États-Unis et leur volonté de « façonner » la
région et d'y « imposer leur diktat ».
« Notre intention est de consolider nos
partenariats et notre vision commune, pour que les
États-Unis et leurs partenaires puissent ensemble
continuer de façonner cette histoire. Ce faisant,
soyez assurés que nous avons des intérêts à long
terme dans cette région, et nous avons des
engagements à long terme aussi. Ces engagements
comprennent, évidemment, la sécurité. Hier, j'ai
visité la base navale de Changi. Le navire de la
Marine américaine, le USS Tulsa, y est
amarré en ce moment, le symbole d'un partenariat
pour la sécurité profond et durable entre nos
nations. Une déclaration de l'engagement
sécuritaire de l'Amérique dans cette région. »
Les difficultés des États-Unis dans leurs efforts
pour imposer de tels partenariats
transparaissaient aussi dans l'allocution de
Kamala Harris. Ayant menacé la Chine, elle a
ajouté : « Notre engagement en Asie du Sud-Est et
la région indo-pacifique n'est pas envers un seul
et unique pays, ni est-il conçu pour obliger de
choisir un pays plutôt qu'un autre. Notre
engagement consiste plutôt à promouvoir la vision
optimiste que nous entretenons sur notre
participation et nos partenariats dans cette
région. »
Le premier ministre Lee Hsien Loong a
publiquement exprimé des doutes sur les États-Unis
lors de la conférence de presse conjointe au cours
de laquelle il a été question de la défaite des
États-Unis en Afghanistan. « Ce qui compte c'est
comment les États-Unis vont se repositionner en
Asie-Pacifique, comment ils vont s'engager dans la
région entière et continuer de lutter contre le
terrorisme, car cela déterminera la perception
qu'ont les pays des priorités mondiales des
États-Unis et de leurs intentions stratégiques »,
a affirmé Lee Hsien Loong.
En outre, Lee Hsien Loong a mis en garde les
États-Unis de ne pas continuer d'adopter une
approche agressive envers la Chine. Le ministre
des Affaires étrangères de Singapour, Vivian
Balakrishnan, a dit lors d'une récente entrevue
peu avant la visite de Kamala Harris que Singapour
« se rendra utile mais ne permettra pas qu'on se
serve de nous » dans ses relations entre les deux
pays.
Le porte-parole du ministère des Affaires
étrangères de la Chine, Wang Wenbin, a aussi
riposté, disant que les pays de l'Asie du Sud-Est
sont réticents à choisir entre la Chine et les
États-Unis. Il a dit que l'approche des États-Unis
est basée sur « une façon de penser démodée issue
de l'époque de la guerre froide visant à perturber
leurs relations avec la Chine, engendrer la
division et la confrontation, et tenter d'ériger
un mur d'endiguement » autour de la Chine.
Les États-Unis « peuvent calomnier, supprimer,
forcer et intimider les autres pays à volonté afin
de maintenir leur Amérique d'abord, sans qu'il ne
leur en coûte rien », a-t-il dit.
Au sujet du soi-disant ordre américain fondé sur
les règles et la défaite des États-Unis en
Afghanistan, Wang Wenbin a ajouté : « Voilà
l'ordre souhaité par les États-Unis. Ils essaient
toujours de brandir les règles et l'ordre pour
justifier leur propre comportement intéressé,
intimidant et hégémonique, mais qui les croira
maintenant ? »
Lors de son voyage au Vietnam, Kamala Harris a
poursuivi ses provocations contre la Chine tout en
tentant d'impliquer d'autres pays dans les actions
des États-Unis. Dans une réunion avec le président
vietnamien Nguyen Xuan Phuc, elle a dit : « Nous
devons trouver les moyens d'exercer la pression
et, pour parler franchement, augmenter la pression
sur Pékin pour qu'il respecte la Convention des
Nations unies sur le droit de la mer, et il faut
contester ses actes intimidants et ses
réclamations maritimes excessives. »
Le Vietnam ne s'y est pas laissé prendre. Le
premier ministre du Vietnam, Pham Minh Chinh,
venait de rencontrer l'ambassadeur chinois Xiong
Bo au moment de la visite de Kamala Harris. Le
gouvernement vietnamien a dit dans un communiqué :
« Le premier ministre a affirmé que le Vietnam
adhère à une politique étrangère indépendante,
autonome, multilatérale et diversifiée en tant que
membre responsable de la communauté
internationale. »
« Le Vietnam ne s'aligne pas avec un pays contre
un autre », dit-on dans le communiqué, ajoutant
que les conflits territoriaux dans la Mer de Chine
méridionale devraient être réglés en vertu du
droit international et d'« une bonne dose de gros
bon sens ».
Les États-Unis et la Chine disent de cette époque
qu'elle est « nouvelle » et les deux s'efforcent à
créer un ordre mondial et une structure qui leur
conviennent. Kamala Harris l'a exprimé ainsi :
« Je crois que notre monde est entré dans une
nouvelle ère, une ère de nouveaux défis comme la
cybersécurité, et une ère offrant de nouvelles
opportunités, comme l'énergie propre. En fait,
notre monde est plus interrelié et interdépendant,
et pour s'ouvrir sur cette nouvelle ère, les
nations doivent être prêtes à relever les défis
ensemble et à créer des opportunités ensemble.
C'est pourquoi nos partenariats au Singapour, dans
l'Asie du Sud-Est et dans toute la région
indo-pacifique sont de la plus haute importance
pour les États-Unis. »
Malgré leur défaite en Afghanistan, les
États-Unis continuent de proférer des menaces de
violence les plus extrêmes et même de leur donner
suite dans l'espoir de préserver leur rôle en tant
que « nation indispensable ». Les remarques de
Kamala Harris n'ont pas réussi à changer la
perception que le recours des États-Unis à la
violence détermine ce que les États-Unis défendent
comme droits et lois.
Avec leur déroute en Afghanistan, une grande
incertitude et une imprévisibilité continuent
d'exister. L'impunité et l'arbitraire déchaînés
avec la « guerre contre le terrorisme » montrent
que l'anarchie a remplacé l'autorité et il en est
toujours ainsi aujourd'hui.
L'incapacité
de prédire ce qui peut arriver est largement
promue. Diverses factions dirigeantes au sein de
l'establishment politique et des médias prétendent
que l'armée a fait preuve d'incompétence,
incapable de prédire la vitesse à laquelle les
talibans allaient reprendre le pouvoir, etc. La
promotion d'un tel niveau d'incertitude et
d'imprévisibilité vise en partie à laisser
entendre que le monde est insaisissable afin
d'entretenir le faux espoir et la croyance que
cela poussera les peuples des États-Unis et
d'autres pays ainsi que leurs agences militaires
et policières à s'aligner avec les blocs
militaires et économiques des États-Unis.
Au contraire, la revendication grandissante des
peuples du monde est que les peuples ont le droit
de délibérer et de décider sur les questions de
guerre et de paix, que les gouvernements
bellicistes et les économies de guerre doivent
être démantelés et qu'il faut mettre sur pied des
gouvernements antiguerre. Les peuples de la
région, notamment ceux du Vietnam, du Japon, de la
Corée et des Philippines, forts de leur longue
expérience avec les bases militaires, les
occupations et les guerres américaines, ont
affirmé que les États-Unis doivent fermer leurs
bases, retirer leurs troupes et respecter la
position anti-guerre des peuples et leurs
revendications pour des relations fondées sur le
respect et l'avantage réciproques.
- Nick Lin et Philip Fernandez -
Une manifestation à San Francisco, le 22 juillet
2021, pour exiger que la Chine
cesse d'être ciblée.
Les États-Unis intensifient leur rhétorique
anti-chinoise ainsi que leurs efforts militaires
et politiques pour montrer à la Chine et à la
Russie que les États-Unis sont les maîtres
incontestés, la nation indispensable qui, en tout
temps, définit et interprète son soi-disant ordre
international fondé sur des règles en fonction de
ses intérêts et qu'aucune opposition ne sera
tolérée.
Pour faire valoir cette question, la
sous-secrétaire d'État des États-Unis, Wendy
Sherman, s'est rendue en Chine pour des réunions
avec le ministre chinois des Affaires étrangères
Wang Yi et d'autres responsables de l'État dans la
ville portuaire de Tianjin en juillet 2021. Wendy
Sherman était le diplomate américain le plus haut
placé à se rendre en Chine depuis l'arrivée au
pouvoir de l'administration Biden six mois plus
tôt. Elle a déclaré que les États-Unis
maintenaient toujours une politique d'une seule
Chine. Malgré cela, le Sénat américain a adopté
une loi en faveur de l'adhésion de Taïwan à
l'Organisation mondiale de la santé.
Le ministre des Affaires étrangères de la Chine,
Wang Yi, a clairement indiqué que la Chine n'avait
pas l'intention de vivre sous un « ordre
international fondé sur des règles » dans lequel
les États-Unis établissent et appliquent les «
règles » au niveau mondial. Le vice-ministre des
Affaires étrangères de la Chine, Xie Feng, a
déclaré : « le soi-disant ordre international
fondé sur des règles proposé par les États-Unis
vise à camoufler des règles établies par une
poignée de pays occidentaux. Il s'agit de la
version américaine de la ‘loi de la jungle' qui
consiste à abandonner le droit international
largement accepté et à piétiner le système
international, afin de pouvoir profiter des autres
et les intimider. »
Selon la Chine, la raison fondamentale de
l'impasse dans les relations sino-américaines est
que certains aux États-Unis dépeignent la Chine
comme un « ennemi imaginaire ». Le ministre
chinois des Affaires étrangères,Wang Yi, a
clairement déclaré que la Chine ne cherchait pas
l'hégémonie et était disposée à réaliser une
prospérité et un développement communs avec tous
les pays, y compris les États-Unis. Il a déclaré
que la Chine était l'un des fondateurs et l'un des
bénéficiaires de l'ordre international depuis la
Deuxième Guerre mondiale et qu'elle s'efforcerait
de « protéger le système international avec les
Nations unies en son centre, de maintenir l'ordre
international fondé sur le droit international et
défendre les normes fondamentales régissant les
relations internationales sur la base des
objectifs et des principes de la Charte des
Nations unies ».
La Chine a présenté trois exigences spécifiques à
la sous-secrétaire d'État des États-Unis, Wendy
Sherman, pour éviter que les relations
sino-américaines ne se détériorent davantage.
Premièrement, les États-Unis ne doivent pas
défier, dénigrer ou même tenter de subvertir la
voie et le système social que le peuple chinois a
choisis pour lui-même. Ce sont des questions que
les 1,4 milliard de Chinois doivent décider
eux-mêmes. Deuxièmement, les États-Unis doivent
lever toutes les sanctions unilatérales, le blocus
scientifique et technologique, etc. destinés à
bloquer le développement de la Chine et le droit
du peuple chinois à la modernisation.
Troisièmement, les États-Unis doivent cesser de
s'ingérer dans les affaires intérieures de la
Chine, sa souveraineté et son intégrité
territoriale.
Le ministre Wang Yi a exprimé l'engagement de la
Chine à trouver un moyen pour que les deux grands
pays aux systèmes, cultures et stades de
développement différents puissent coexister
pacifiquement sur cette planète par le dialogue.
Il a ajouté que ce serait encore mieux si cela
pouvait être selon l'avantage réciproque.
Pour
sa part, la sous-secrétaire d'État américaine,
Wendy Sherman, a une fois de plus joué la carte
américaine des « droits humains » et des « valeurs
démocratiques libérales occidentales ». Elle a
réitéré la position du président Biden qui tient
Pékin pour responsable des cybermenaces, des
violations présumées des droits humains au
Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong ainsi de ce que
les États-Unis appellent les menaces dans le
détroit de Taïwan et dans les mers de Chine
orientale et méridionale.
Immédiatement après la visite de Wendy Sherman en
Chine, le secrétaire d'État américain, Antony
Blinken, et le chef du Pentagone, Lloyd Austin, se
sont rendus en Inde et dans des pays d'Asie du
Sud-Est. Leur objectif était de renforcer les
arrangements militaires et diplomatiques visant à
contenir la Chine. En même temps, les États-Unis
ont de nouveau envoyé un navire de guerre dans le
détroit de Taïwan, le septième passage provocateur
de ce type au cours des six premiers mois de 2021,
tout en organisant un exercice militaire distinct
dans la mer de Chine méridionale. Au même moment,
le HMS Queen Elizabeth du groupe
d'attaque aéronavale britannique est entré dans la
mer de Chine méridionale en proclamant son
intention de contester les eaux territoriales de
la Chine pour défendre la « liberté de navigation
».
Le 27 juillet 2021, dans ses remarques lors de sa
visite au bureau du directeur du Renseignement
national, le président Joe Biden a utilisé la
question de la cybersécurité pour dire que la
guerre est une possibilité réelle. Sans nommer
directement la Chine, il a déclaré : « Je ne peux
pas le garantir, et vous êtes aussi bien informés
que moi, mais je pense qu'il est plus probable que
nous nous retrouvions – enfin, si nous nous
retrouvons dans une guerre, une véritable guerre
armée avec une grande puissance, ce sera à la
suite d'une violation cybernétique de grande
conséquence. »
La question de l'objectif de Joe Biden en parlant
de cette manière s'est immédiatement posée. La
discussion est généralement considérée comme le
fait de parler ou d'écrire à propos de quelque
chose, afin de résoudre un problème ou de résoudre
une question. Lorsque le président des États-Unis
peut affirmer de manière aussi cavalière qu'il
entrevoit à l'horizon « une véritable guerre armée
avec une grande puissance », et que les plus hauts
diplomates américains ne cessent de répéter que le
monde entier doit être gouverné par « nos valeurs
», il ne s'agit pas d'une discussion. Ce sont les
États-Unis qui s'affirment comme la puissance et
l'arbitre indispensables d'un ordre international
fondé sur leurs propres règles. La Chine, comme
c'est aussi le cas avec la Russie, n'en veut pas.
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