S'amorce la nouvelle année
• Place
au renouveau!
• Anniversaire
de l'assaut du 6 janvier contre le Capitole à
Washington
• L'état
de la démocratie en ce début de 2022
• Encore
plus urgent de faire du Canada une zone de paix
• La
nécessité d'une définition moderne du droit à
la liberté d'expression
• Les
fantasmes libéraux en difficulté
Anniversaire de l'assaut du Capitole
le 6 janvier 2021 à Washington
• Tentatives
ratées de dissimuler la crise de la démocratie
américaine
- Anna Di Carlo -
• L'objectif de l'«Initiative
présidentielle pour le renouveau
démocratique» de Joe Biden
- Voice of Revolution -
• La démocratie américaine
en lambeaux
- Kathleen Chandler -
• La
bataille de la
démocratie
- Pauline Easton -
• La nécessité de
définitions modernes
- Centre d'études
idéologiques -
S'amorce la nouvelle année
Action pour la justice climatique dans les rues
de Montréal le 6 novembre 2021
En ce début d'une troisième année de pandémie de
COVID-19, l'incapacité des démocraties libérales
du monde entier à unir leurs populations derrière
un projet de société est plus qu'évidente. À
l'aube de la nouvelle année, le Parti communiste
du Canada (marxiste-léniniste) a lancé l'appel à faire place au
renouveau. Cette année marque le début de
la quatrième décennie d'une confrontation directe
entre les masses populaires et une élite
dirigeante de plus en plus dégénérée et corrompue
sur la question de la démocratie. Qui occupera
l'espace du changement qui existe objectivement ?
Pour tenter de contrôler la situation
caractérisée par l'anarchie et la violence à
grande échelle, les États-Unis, suivis de pays
comme le Canada, ont lancé une grande offensive
pour faire croire qu'ils défendent la vraie
démocratie contre les dangers du totalitarisme, de
l'autoritarisme et autres. Incapable de contrôler
les factions qui se disputent les pouvoirs de
décision aux États-Unis mêmes, l'administration
Biden concentre les pouvoirs exécutifs entre les
mains de décideurs privés pour pouvoir dire qu'il
représente l'union contre la guerre des factions
et pour faire progresser les États-Unis dans leur
quête de domination mondiale. Les discours sur les
raisons historiques de la démocratie américaine
servent également à détourner les efforts des
peuples pour s'investir de pouvoir tout en
criminalisant leurs luttes de résistance.
Le Canada fait partie intégrante de cette
tentative désespérée de prévenir l'effondrement
des institutions démocratiques en concentrant les
pouvoirs dans le Cabinet du premier ministre. Cela
se voit dans le nombre de mandats émis par décret,
le rôle de canard boiteux assigné au Parlement et
le fait que le Canada marche au pas avec
l'administration Biden en ce moment.
L'année 2021 a été difficile avec l'aggravation
de la crise de la COVID-19 et l'année 2022 a
commencé sous le signe des difficultés sur ce
front. Dans ce contexte, les travailleurs et le
peuple expriment leur solidarité sociale les uns
envers les autres en agissant de manière
responsable pour empêcher la propagation de la
pandémie et en essayant de ne pas être submergés
par la confusion et les difficultés. Une fois de
plus, les travailleurs affirment ce qui a été
révélé à tous en 2021, à savoir qu'ils sont la
force essentielle pour produire les biens et
fournir les services dans les circonstances les
plus périlleuses et pour protéger la santé et la
sécurité de la population, souvent au prix de leur
propre santé et sécurité.
Ce rôle clé pourrait conduire à des réalisations
encore plus grandes s'il était soutenu par l'État
et les gouvernements. Or, les institutions
étatiques et les gouvernements à tous les niveaux
persistent à vouloir étouffer toute initiative des
travailleurs et à les réduire au silence en
gouvernant strictement par décret. Cela permet aux
dirigeants de changer comme bon leur semble les
conditions de vie et de travail des travailleurs,
notamment en poursuivant une offensive antisociale
dans les domaines de la santé, de l'éducation, des
services sociaux et des questions liées à la
chaîne d'approvisionnement alimentaire et autres
produits de première nécessité. Les travailleurs
sont privés de tout contrôle sur leurs conditions
de travail alors qu'ils sont la première ligne de
défense de la population.
La pandémie a également révélé l'incroyable fossé
qui existe entre les pays riches et les pays
pauvres, puisque des millions et des millions
d'êtres humains sont exclus des traitements contre
le coronavirus. Cet exemple particulièrement
odieux de la surexploitation des pays d'Asie,
d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes
aggrave encore la crise, la rendant encore plus
incontrôlable. L'irrationalité d'une autorité qui
prétend pouvoir résoudre la crise en privant les
travailleurs et les peuples de leur pouvoir et en
étouffant leurs voix, tout en creusant l'inégalité
des conditions de vie les plus élémentaires, a
frappé l'imagination des travailleurs et des
masses laborieuses du monde entier qui exigent des
changements fondamentaux sur les plans économique,
politique et autres.
Les
peuples du monde exigent également un changement
de cap radical pour l'humanisation de
l'environnement naturel et social, en particulier
pour la résolution de la crise climatique. L'année
2021 a été témoin de ses effets destructeurs dans
le monde entier, y compris ici même au Canada,
avec une dévastation sans précédent en
Colombie-Britannique, causée d'abord par les feux
de forêt, puis par les inondations et maintenant
par le froid extrême. L'incapacité du gouvernement
à prévenir, à préparer et à protéger la population
restera à jamais gravée dans les esprits.
Les forces productives sans précédent générées
par l'économie socialisée sont détruites par le
contrôle qu'exercent des intérêts privés étroits
et par les pouvoirs décisionnels des gouvernements
à tous les niveaux. Ceux qui jouissent de
privilèges et de pouvoir regardent toute activité
à travers la lentille étroite du profit privé pour
une minuscule minorité riche supranationale.
Lorsque le conflit entre l'autorité et les
conditions s'accentue, l'anarchie et la violence
prennent le dessus et la situation semble hors de
contrôle. On a pu le constater de façon
spectaculaire lors de la COP26 en novembre, à
Glasgow, où les oligopoles et leurs gouvernements
ont mis en avant leurs multiples stratégies
consistant à extraire des surprofits pour payer
les riches sous prétexte d'« écologiser l'économie
».
Une fois encore, comme dans le cas de la pandémie
de la COVID-19, ce qui est exclu, c'est la
mobilisation des ressources humaines et naturelles
de chaque pays d'une manière qui mette les besoins
des populations au premier plan, à commencer par
le besoin des peuples d'être les décideurs sur
toutes les questions qui les concernent. Ce sont
les peuples et la société qui en paieront le prix,
notamment par l'aggravation de la crise
climatique. Des milliers de personnes ont fait
entendre leur voix par des mobilisations de masse
lors de la COP26 et ont exigé une action pour
contrer le changement climatique.
Le travail du PCC(M-L) en 2022
En 2022, le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) concentre ses efforts sur la
mobilisation et l'engagement de tous dans le
renouveau du processus politique en investissant
le peuple du pouvoir de décider de tout ce qui le
concerne. Nos publications continueront d'informer
les gens, d'un océan à l'autre, des conditions de
vie et de travail, des luttes qui se mènent et des
leçons à tirer. Elles continueront de ramener au
premier plan l'importance de définitions modernes,
en particulier lorsqu'il s'agit de la bataille
pour la démocratie et de la bataille de la
démocratie.
Le Centre ouvrier du
Parti continuera de bâtir une agence de presse en
invitant les travailleurs eux-mêmes à donner des
informations sur leurs conditions de travail et
leurs préoccupations et à s'exprimer. Ce travail
continuera de jouer un rôle décisif dans le
renforcement de l'unité d'action sous une forme
organisée dans la lutte pour les droits : justice
pour les peuples autochtones pour le respect de
leurs droits ancestraux et une indemnisation pour
les crimes commis contre eux dans le passé et le
présent et justice pour les travailleurs migrants,
les réfugiés, les immigrants, les travailleurs
accidentés et les femmes, les jeunes et les
étudiants, les sans-abris et les pauvres. Il
portera également attention à la lutte du peuple
pour s'investir du pouvoir de décider en mettant
en place un gouvernement antiguerre et en faisant
du Canada une zone de paix.
De même, une attention de premier ordre
continuera d'être accordée à la participation des
jeunes à la mise sur pied des organisations dont
ils ont besoin pour réussir dans leur travail
d'humanisation de l'environnement naturel et
social afin de se bâtir un brillant avenir.
Le PCC(M-L) vous souhaite à tous succès dans ce
que vous entreprendrez en 2022 et vous secondera
au meilleur de ses capacités.
(Photos
: LML, G. Campbell)
Le 6 janvier était le premier anniversaire de
l'assaut violent du Capitole à Washington par les
partisans de l'ancien président Donald Trump. Ces
derniers affirmaient que Trump avait remporté
l'élection et que celle-ci avait été volée par Joe
Biden. De nombreuses contestations de l'élection
qui a porté Joe Biden au pouvoir ont eu lieu
devant les tribunaux et lors des manifestations
pour contester le choix de Biden comme président,
affirmant qu'il n'avait pas obtenu la majorité des
voix.
Sept personnes, dont des policiers, sont mortes
pendant et après l'incursion sans précédent dans
les chambres du Congrès où des actes de vandalisme
et de violence ont eu lieu. Une enquête du FBI a
conduit à des accusations criminelles contre 725
personnes ayant participé à l'émeute. De nouveaux
rapports citent le procureur général des
États-Unis, Merrick Garland, selon qui plus de 325
de ces émeutiers risquent d'être inculpés pour
crime et qu'il a également promis de tenir tous
les « auteurs » pour responsables. Une enquête
parallèle menée par la Chambre des représentants
examine ce que Donald Trump et ses alliés savaient
avant et le 6 janvier et ce qu'il a fait pendant
l'émeute. À cet égard, M. Garland a laissé
entendre que les organisateurs de l'émeute
pourraient également être tenus pour responsables.
Tout cela révèle à quel point s'accentuent les
conflits entre les dirigeants et les oligopoles
qu'ils servent pour le contrôle des pouvoirs
présidentiels. Chacun appelle le peuple à
rejoindre son camp pour « sauver la démocratie
américaine » et « faire respecter la Constitution
». Le peuple est censé oublier ses propres
conditions et sa réalité et se résigner à l'état
d'anarchie et de violence qui prévaut.
Selon un récent sondage, 40 % des Américains
n'ont aucune confiance dans le système électoral.
Cela confirme que la crise de crédibilité et de
légitimité dans laquelle s'enlise la démocratie
américaine s'approfondit. Beaucoup font remarquer
que les élections sont toujours volées
par les grandes fortunes, car il faut des millions
de dollars pour se présenter. Le système électoral
est défavorable aux simples familles ouvrières,
disent-ils. Les représentants élus des deux partis
sont pour la plupart redevables aux intérêts
financiers et n'ont pas de comptes à rendre aux
électeurs, ajoutent-ils. Beaucoup réclament des
réformes électorales telles que le financement
public du processus électoral, le vote en ligne,
la démocratie directe, etc.
Entretemps, le nombre de décès dus à la COVID-19
aux États-Unis a atteint 840 000 et il y a près de
60 millions de cas de malades confirmés. La
moyenne sur 7 jours des nouveaux cas quotidiens au
cours de la première semaine de janvier est de 586
391, soit une augmentation de 85,7 % par rapport à
la semaine précédente. Les prix des denrées
alimentaires et des produits de première nécessité
augmentent rapidement et il y a de graves
problèmes dans la chaîne d'approvisionnement en
raison de la pénurie de travailleurs due à la
pandémie et alors que la concentration des
richesses dans les mains d'une minuscule minorité
entraîne entre autres l'appauvrissement des
agriculteurs.
Selon les informations, les drs Peter Hotez et
Maria Elena Bottazzi de l'Hôpital pour enfants du
Texas et du Baylor College of Medecine, avec une
équipe de recherche, ont produit un vaccin très
peu coûteux sans recourir à aucun financement
fédéral. Les chercheurs ont dit que s'ils avaient
reçu ce financement, ils auraient développé le
vaccin plus tôt. Ils ont donné la technologie à
plusieurs pays d'Asie et d'Afrique sans aucun
brevet. M. Hotez a également appelé à la
décolonisation de la technologie. Les grandes
entreprises pharmaceutiques l'utilisent pour
maximiser leurs profits, mettant ainsi en danger
la vie de centaines de millions de personnes,
a-t-il déclaré.
Dans le même ordre d'idées, Irene Bosch, une
scientifique du MIT et son équipe auraient mis au
point un test très simple pour la COVID-19 en mars
2020 qui n'a pas été approuvé par la FDA. Elle
souligne que ce test coûterait 50 cents et
pourrait être produit par millions très
rapidement. Les tests que le gouvernement
américain soutient et distribue coûtent 25 dollars
pour deux tests. La situation est intenable et
tout le monde le sait.
(Photo:
T. Jane)
Alors que débute l'année 2022, l'élément le plus
saillant et pertinent est que les cercles
officiels maintenant reconnaissent officiellement
la crise des institutions démocratiques dites
libérales. Les discussions au sein des cercles
dirigeants américains et canadiens font référence
à la « spirale de la mort de la démocratie ». Un
débat fait rage à savoir si la guerre civile a
éclaté le 6 janvier de l'année dernière lors du
coup d'État manqué visant à empêcher une
transition pacifique du pouvoir au nouveau
président, ou si elle éclatera en 2024 lors de la
prochaine élection présidentielle.
Barbara F. Walter, professeur de sciences
politiques à l'Université de Californie à San
Diego, fait partie d'un groupe consultatif de la
CIA, le Political Instability Task Force, qui
surveille tous les pays du monde et prédit
lesquels risquent le plus de sombrer dans la
violence. Dans un livre qui sortira bientôt, elle
écrit : « Personne ne veut croire que sa
démocratie bien-aimée est en déclin ou se dirige
vers la guerre. » Mais, « si vous étiez un
analyste dans un pays étranger et que vous
observiez les événements en Amérique – de
la même manière que vous observez les événements
en Ukraine, en Côte d'Ivoire ou au Venezuela –
vous dresseriez une liste de contrôle et
évalueriez chacune des conditions qui rendent la
guerre civile probable. Et ce que vous trouveriez,
c'est que les États-Unis, une démocratie fondée il
y a plus de deux siècles, sont entrés en
territoire dangereux. »
En effet, les États-Unis ont déjà traversé ce que
la CIA identifie comme les deux premières phases
de l'insurrection – les phases de «
pré-insurrection » et de « conflit naissant » –
« et seul l'avenir dira si la phase finale, «
l'insurrection ouverte », a commencé avec la mise
à sac du Capitole par les partisans de Donald
Trump le 6 janvier ».
La perception des États-Unis comme un pays
démocratique s'est tellement détériorée sous Trump
et depuis, que les États-Unis ne peuvent plus
techniquement être qualifiés de démocratie, nous
disent les experts. Citant l'ensemble de données
de l'indice « Polity » du Center for Systemic
Peace (celui que le groupe de travail de la CIA a
trouvé le plus utile pour prédire l'instabilité et
la violence), Barbara F. Walter écrit que les
États-Unis sont maintenant une « anocratie », ce
qui est décrit comme étant quelque part entre une
démocratie et un État autocratique.
La démocratie américaine, apprend-on, a reçu la
note maximale de 10 de l'indice Polity, ou proche
de celle-ci, pendant une grande partie de son
histoire. « Mais au cours des cinq années de l'ère
Trump, elle a dégringolé dans la zone de
l'anocratie; à la fin de sa présidence, le score
des États-Unis était tombé à 5, faisant de ce pays
une démocratie partielle pour la première fois
depuis 1800. « Nous ne sommes plus la plus
ancienne démocratie ininterrompue du monde »,
écrit Barbara F. Walter.
Pendant ce temps, la marque de commerce de
l'administration Biden est devenue
l'intensification de la concentration des pouvoirs
présidentiels tout en qualifiant cela de
démocratie. Le président semble animé par un sens
du désespoir, d'impuissance et d'humiliation, en
grande partie en raison du fait que le coronavirus
n'obéit pas aux mesures de son administration et à
son utilisation des pouvoirs exécutifs. Le recours
toujours plus fréquents aux pouvoirs présidentiels
vise à contrôler la guerre civile qui fait rage
aux États-Unis et à réaliser l'hégémonie
américaine au niveau international, dans des
conditions où des pays s'insurgent contre la quête
de domination américaine.
Pendant ce temps, les efforts des peuples du
monde entier pour conquérir directement le pouvoir
de décision continuent également de progresser,
comme le montre magnifiquement la lutte
victorieuse des fermiers en Inde pour l'abrogation
de trois lois anti-agricoles, et plus récemment au
Chili par les urnes, ainsi qu'au Honduras et au
Nicaragua, malgré l'ingérence des États-Unis dans
les élections. Au Chili, même du haut de leur
chaire, les prêtres catholiques considéraient que
c'était nécessaire de contrecarrer la propagande
réactionnaire américaine en déclarant clairement
que non, les communistes ne représentent pas un
danger pour le Chili, que les communistes n'ont
jamais tué personne au Chili, et que c'est au
peuple de faire naître les changements dont lui et
le pays ont besoin.
Partout, les événements en cours soulignent le
problème auquel l'humanité est confrontée, à
savoir la nécessité de renouveler la démocratie et
les institutions démocratiques si l'on veut que le
peuple contrôle les décisions qui affectent sa
vie. C'est précisément cet effort du peuple pour
contrôler les décisions qui affectent sa vie qui
est l'élément clé pour ouvrir une voie au progrès
dans cette transition historique bloquée par la
réaction et la rétrogression les plus sombres.
Le LML du
13 janvier portera sur ces développements.
La fin de l'année 2021 a été marquée par la
poursuite d'une tendance qui s'est développée
depuis plusieurs années : le développement inégal
des forces productives qui entraîne des
contradictions à l'intérieur des pays et à
l'échelle internationale. L'économie de la Chine a
éclipsé celle des États-Unis et plusieurs autres
grands pays ont une économie d'une taille qui
approche maintenant celle de l'économie
américaine. Outre la Chine, dont l'économie de 1,4
milliard de personnes passe rapidement de la
petite production à la production industrielle de
masse, l'Inde, le Pakistan, l'Indonésie et
d'autres pays se développent rapidement. En plus,
la Russie semble avoir trouvé ses repères après la
destruction désastreuse de l'Union soviétique et
le pillage de ses entreprises publiques.
Les oligarques mondiaux
qui luttent pour la domination mondiale en
contrôlant la quête des États-Unis pour la
domination, ce qui inclut le Canada, sont alarmés
par la concurrence mondiale croissante pour les
marchés, les matières premières, les travailleurs
à exploiter et les régions à dominer, et par les
tentatives des autres de défier leur autorité.
Alors que Biden a augmenté le budget du Pentagone
au-delà même de ce que le Pentagone avait demandé,
les menaces et les attaques militaires des
États-Unis et de l'OTAN augmentent de façon
exponentielle alors que la Russie tente de faire
entendre raison à l'OTAN pour qu'elle se retire de
l'Asie-Pacifique et de ses frontières en
particulier. Entretemps, la Russie et la Chine ont
entrepris de contester sérieusement la mainmise
des oligarques financiers mondiaux contrôlés par
les intérêts impérialistes américains sur les
institutions et les transactions économiques
internationales. Les impérialistes américains ont
toujours utilisé ces institutions économiques
internationales pour contrecarrer la montée des
concurrents, en les gardant à l'oeil et en les
forçant à se soumettre à leur volonté.
Ce numéro du Marxiste-Léniniste
contient des articles qui abordent ces questions.
La situation rend urgent l'appel du Parti
communiste du Canada (marxiste-léniniste) à faire
place au renouveau et à faire du
Canada une zone de paix. L'objectif de
mettre en place un gouvernement antiguerre et de
dissocier le Canada de l'économie de guerre et des
forces armées américaines requiert une attention
de tous les instants.
Les forces armées canadiennes sont intégrées aux
forces armées des Étast-Unis et suivent leurs
directives sans même l'accord et le consentement
éclairé du parlement canadien, sans parler du
peuple canadien. Dans cette situation, l'élite
dirigeante américaine dicte les affaires
étrangères et les relations internationales du
Canada, ce qui inclut de manière importante le
contrôle et l'utilisation du ministère de la
Défense, des forces du renseignement et des forces
armées du Canada. Elle utilise des lèches-bottes
au sein de l'élite canadienne pour appliquer son
diktat et anéantir toute opinion publique
contraire.
Que certains Canadiens soient d'accord ou non
avec l'orientation des États-Unis dans les
affaires internationales n'est pas la question; la
question est que le Canada doit avoir sa propre
position indépendante décidée par le corps
politique.
La situation telle qu'elle se présente exige que
les Canadiens portent une attention toute
particulière au besoin de s'organiser pour sortir
le Canada de toutes les associations militaires
avec les États-Unis, comme l'OTAN et NORAD, et
pour libérer l'économie canadienne du sombre abîme
de l'économie de guerre américaine.
La résistance au contrôle arbitraire et à
l'hégémonie est constante. La situation est
explosive car l'impérialisme américain ne changera
pas ses habitudes alors que les peuples le défient
par l'organisation de masse, l'opposition
courageuse et la lutte pour construire le Nouveau.
Dans leur quête désespérée de contrôle, les
actions des États-Unis et celles de leur alliance
de guerre agressive de l'OTAN, qui inclut le
Canada, font poser la menace d'autres guerres
locales ou même d'une guerre plus large impliquant
les États-Unis et un ou plusieurs des plus grands
pays.
Ceux qui lancent l'appel à un gouvernement
antiguerre font valoir que le Canada ne doit pas
participer aux préparatifs de guerre impérialiste
des États-Unis et doit aussi défendre sa
souveraineté d'une manière significative.
Cela veut qu'il ne faut pas permettre aux
impérialistes américains d'exercer un commandement
et un contrôle sur l'air, la terre, l'eau et les
actifs gouvernementaux et militaires du Canada.
Nous devons nous retirer de l'OTAN ainsi que de
NORAD et oeuvrer pour une politique étrangère
indépendante.
Cela signifie retirer tous les soldats, navires
et équipements canadiens des territoires et des
eaux étrangères ainsi que des voies navigables
internationales. Plus important encore, cela
signifie que les Canadiens doivent établir un
gouvernement antiguerre.
Dans leur tentative désespérée de se maintenir à
flot, le président américain Joe Biden et l'élite
dirigeante canadienne parlent de la nécessité de
protéger « les médias libres et indépendants ».
Lors du « Sommet pour la démocratie » qu'il a
convoqué à Washington les 9 et 10 décembre 2021,
Joe Biden a dit que les médias libres et
indépendants sont le « fondement de la démocratie
», qui garantit que le public reste informé et «
que les gouvernements sont tenus de rendre des
comptes ». Tout cela ne sert qu'à justifier le
recours de plus en plus fréquent aux pouvoirs de
police, aux pouvoirs exécutifs, pour maintenir en
place les médias qui doivent leur allégeance à la
présidence et réduire au silence ceux qui ne
peuvent pas être contrôlés.
La
reddition de comptes est l'une des plus
importantes préoccupations soulevées par les gens
au Canada, aux États-Unis et partout dans le
monde, les peuples étant de plus en plus
confrontés à la réalité qu'il n'y a aucun moyen
d'exiger des comptes aux gouvernements dits
représentatifs. Aux États-Unis, le président ne
peut pas être accusé de crimes de guerre ou de
crimes contre l'humanité. Même les efforts actuels
pour accuser le gouvernement de génocide doivent
d'abord être acceptés comme légitimes par les
tribunaux dont l'existence a la même source que la
présidence et le système lui-même. De même, au
Canada, le premier ministre peut présenter des
excuses sans fin pour les crimes commis contre les
peuples autochtones dans le passé sans qu'il soit
possible de le tenir responsable de la répétition
de ces crimes dans le présent. Le rôle des hautes
cours de justice est d'interpréter et de défendre
la Constitution qui n'est pas un instrument du
peuple mais de la classe dirigeante.
Pendant ce temps, le peuple est divisé par
l'incitation aux passions basées sur de fausses
croyances idéologiques et des notions de
conscience, de droits et de parole définies dans
le passé qui ne s'appliquent plus aux conditions
actuelles.
Contre la promotion de fausses croyances
idéologiques visant à diviser le peuple et à le
détourner et pour empêcher l'articulation du
mouvement du peuple pour s'investir de pouvoir, le
Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
continuera d'accorder une attention de premier
ordre à la définition moderne de la liberté
d'expression et à mobiliser le peuple dans la
formulation de sa propre opinion politique.
La
parole est une qualité humaine. La liberté
d'expression existe dans la mesure où les gens se
battent pour s'en prévaloir. Elle est toujours
limitée, notamment par les limites imposées aux
droits au nom de la sécurité et de la lutte contre
le discours haineux ou sous la forme de zones de
liberté d'expression lors des manifestations par
exemple. Nous devons examiner ces choses en les
reliant au droit humain à la conscience, qui ne
connaît pas de système social. Aujourd'hui, les
défenseurs des libertés civiles, l'extrême droite
et la gauche libérale parlent beaucoup de la
conscience. Ils ne reconnaissent pas que la
conscience ne connaît pas de système social ni que
les droits sont inviolables du fait que leurs
détenteurs sont des êtres humains, quel que soit
le système social. Nous ne pouvons pas reconnaître
ces droits et répondre à la nécessité de
changement sans la liberté de parole. La
Constitution canadienne contient la notion de
limites raisonnables pour protéger les droits. La
Constitution américaine accorde des droits comme
moyen de créer une opposition populaire à la
machine de coercition du gouvernement. Elle
stipule que le Congrès ne doit faire aucune loi
contre ces droits, contre l'opinion publique.
Cependant, l'idée que les droits peuvent être
accordés, retirés et abandonnés demeure.
Aujourd'hui, une fois de plus, face à des
concurrents à l'échelle mondiale, nous voyons que
le dernier recours pour régler tous les problèmes
auxquels sont confrontées la démocratie et
l'hégémonie des États-Unis dans le monde est la
menace que le président américain a le pouvoir de
lancer des armes nucléaires. Il ne s'agit pas
seulement de l'arme nucléaire comme technique de
guerre, c'est aussi une façon de supprimer la
liberté d'expression, ou du moins de prétendre
qu'on peut le faire. Sur cette base, le secret,
l'espionnage et la trahison sont établis et la
loyauté est exigée envers le commandant en chef au
lieu de la fidélité à l'ensemble des relations
humaines et à ce qu'elles révèlent.
Lorsque nous parlons de liberté d'expression,
nous le faisons en gardant à l'esprit la culture,
non seulement dans sa forme idéologique et
sociale, mais aussi dans sa forme matérielle. Les
conditions révèlent la nécessité de définitions
modernes pour affirmer les droits en étant fidèles
à l'ensemble des relations humaines, les relations
entre les humains et les relations entre les
humains et la nature, qui révèlent la nécessité
d'investir le peuple de pouvoir et nous permettent
de définir la voie qui fait avancer cet objectif
et de nous y engager.
Les articles de ce numéro du Marxiste-Léniniste
abordent aussi ces questions.
(Photos
: LML, S. Leigh)
Il est intéressant de constater que la classe
dirigeante, à travers la promotion d'icônes
culturelles, encourage de fausses notions de ce
qu'il faut pour résoudre les problèmes auxquels
l'humanité est confrontée. À la veille de
l'élection américaine de 2016, les médias et les
dirigeants libéraux célébraient le travail acharné
et la représentation comme les caractéristiques
clés d'un dirigeant et de tous ceux qui sont
importants. L'acquisition de ces qualités
remettrait tout en ordre. Hillary Clinton était
leur symbole pour promouvoir un récit qui
prétendait que la reconnaissance de la diversité
et de la différence est décisive. Cette
reconnaissance permettrait de vaincre le racisme
et le prétendu conformisme et l'étroitesse
d'esprit de l'Amérique rurale et des petites
villes présumées sans éducation. Elle mettrait fin
à la violence contre les femmes. Sans parler de la
véritable Hillary Clinton, qui ne suivait aucune
règle, l'idée véhiculée était qu'il suffisait de
respecter les règles, de travailler fort dans le
merveilleux système au monde mis en place par les
pères fondateurs des États-Unis, et d'être
récompensé par la possibilité de briser les
barrières de la discrimination raciale, du «
plafond de verre » et ainsi de suite. L'ombre
d'Hillary Clinton a dominé ce qu'on a appelé «
l'écosystème politique de gauche ».
Le
« vrai changement » est apporté par ceux qui sont
prêts à y consacrer du temps et à suivre les
règles, ont assuré les experts des médias. La
politique identitaire est devenue l'étendard des
libéraux qui cherchent à imposer leurs croyances à
la société et à faire en sorte que tout le monde
les suive.
De la même manière qu'Obama a été promu, «
Hillary a également été célébrée pour la nature
historique de son identité. Elle a été la première
femme à obtenir l'investiture d'un grand parti
pour la présidence. Elle a été la première femme à
remporter le vote populaire pour la présidence.
Peu importe où se situait sa politique, le fait
même de son existence était radical et
révolutionnaire. Il s'agissait de la force
symbolique de leur version de la politique de
représentation », comme l'écrit un auteur.
Puis Donald Trump a été déclaré nouveau
président. Hillary et son image de travailleuse
acharnée, son engagement à naviguer entre les
contraintes du système et sa politique de
représentation n'ont pas sauvé le système
démocratique américain, n'ont pas éliminé le
racisme, la violence contre les femmes ou toutes
les autres violences d'État contre le peuple. Tout
est alors devenu une question de personnes
imparfaites qui font le travail et ne réussissent
pas toujours. Nous devons reconnaître que les
services publics sont vidés de leur substance pour
de bon, qu'une poignée d'individus richissimes et
leurs sociétés dominent l'économie et que le seul
espoir de chacun est de parvenir à une vie
heureuse dans une famille dysfonctionnelle, d'un
système scolaire, d'un système de santé, d'une
économie et d'un monde dysfonctionnels. La crise
climatique est en train de prendre sa revanche sur
cet espoir limité d'un avenir où, si seulement la
gentillesse, la civilité, l'acceptation et la
compréhension de la différence pouvait l'emporter,
tout ira bien, tout sera à nouveau merveilleux.
De la même manière, Justin Trudeau a été utilisé
par les champions du libéralisme du XIXe siècle
pour promouvoir la notion idiote selon laquelle
l'acceptation de la différence éliminerait le
racisme et les inégalités. Pendant les deux
premiers mandats du ministère Trudeau, cette idée
a été promue et nous l'avons vue s'effondrer peu à
peu face aux réalités de la vie. Depuis un certain
temps, la caricature en carton de Trudeau ne
fonctionne plus pour les gouvernants. Aujourd'hui,
elle n'est plus qu'un morceau de carton en
lambeaux, comme un panneau publicitaire abandonné
et délavé par le soleil, le vent et la pluie.
Le prétendu jeune leader branché devait éliminer
le racisme et la discrimination envers les femmes
et tout remettre en ordre. Sa prétendue
compréhension de la différence et sa capacité
inépuisable à s'excuser pour des crimes
prétendument passés, dont le gouvernement actuel
n'est pas responsable, et à placer les femmes, les
autochtones et les « personnes de couleur » à des
postes d'influence étaient censées être tout ce
dont on avait besoin. Mais aujourd'hui, ce récit
semble avoir été écrasé une fois pour toutes par
la porte tournante des opérateurs clés qui entrent
et sortent des salles de conseil et des postes
ministériels, en se mettant au service de
l'oligarchie financière et des forces armées, du
secrétariat d'État, de la sécurité intérieure et
des départements des États-Unis qui s'occupent de
tous les aspects de l'économie.
Les cercles dirigeants
sont maintenant à la recherche d'un nouveau récit.
Ils pataugent car la force de l'histoire est telle
qu'elle déboulonne la fraude qui est la marque des
élites dirigeantes réactionnaires aujourd'hui. Un
an après le coup d'État raté du 6 janvier 2021 aux
États-Unis, la cote de popularité du président
Biden est en chute libre. Il était censé être le
nouveau champion, capable de tout remettre en
ordre aux États-Unis. Au Canada aussi, l'image de
Trudeau est ternie et déchirée. Le fantasme
libéral collectif de ce que pourraient être nos
dirigeants si seulement nous le souhaitions
suffisamment fort s'est essoufflé. Il y a un vide
qu'ils cherchent désespérément à combler en
faisant la promotion de fausses croyances
idéologiques et de fraudes historiques.
Les articles de ce numéro du LML
traitent également de cette question. Il
appartient aux travailleurs de prendre les choses
en main et de devenir le remplaçant politique en
prenant en charge la prise de décision sur la base
d'un projet d'édification nationale qui leur est
propre.
Anniversaire de l'assaut du
Capitole le 6 janvier 2021 à Washington
- Anna Di Carlo -
Les travailleurs de tous les États-Unis ont fait
grève et sont descendus dans la rue pour réclamer
leurs droits. Ci-dessus, des mineurs de l'Alabama
défilent à New York, le 28 juillet 2021, en
déclarant « Nous sommes un ! ».
Une caractéristique de la situation à la fin de
l'année 2021 est l'échec des tentatives de
dissimuler la crise de la démocratie américaine.
Au Sommet pour la démocratique convoqué à
Washington, les 19 et 20 décembre 2021, et auquel
ont été conviés les représentants d'une centaine
de gouvernements, Joe Biden et la vice-présidente
Kamala Harris ont tous deux évoqué les « défis »
auxquels les États-Unis sont confrontés en matière
de démocratie. Ils se sont principalement
concentrés sur le vote et l'aggravation de la
crise d'un système qui ne parvient pas à garantir
les droits humains réclamés dans le monde entier
et n'ont pas manqué de proférer des menaces contre
tous ceux qui ne se soumettent pas à l'ordre
mondial « fondé sur les règles » des États-Unis.
Joe Biden a débuté le sommet en présentant la
Constitution américaine comme le modèle des «
valeurs démocratiques ». Il a également précisé
que la démocratie est une question d'idéaux et non
de réalité. Il a dit que « la démocratie
américaine est une lutte permanente pour être à la
hauteur de nos idéaux les plus élevés et pour
guérir nos divisions; pour nous engager à nouveau
envers l'idée fondatrice de notre nation », selon
laquelle « toutes les femmes et tous les hommes
sont créés égaux, dotés par leur Créateur de
certains droits inaliénables, parmi lesquels la
vie, la liberté et la recherche du bonheur. » Ce
discours est fait à l'heure où les droits humains
et le droit de vivre et d'être sont sous le feu
d'attaques brutales, les gouvernements à tous les
niveaux refusant de garantir les droits aux soins
de santé, au logement, à l'éducation, à un moyen
de subsistance et à des conditions de vie et de
travail sécuritaires. En outre, ni Biden ni Harris
ne parlent du fait que la Constitution consacre
une structure d'inégalité, notamment en maintenant
le peuple hors du pouvoir et les riches au
pouvoir, évidente depuis l'époque de l'esclavage
jusqu'à aujourd'hui.
Parlant de la crise que traverse la démocratie
libérale, Joe Biden a déclaré que « ce qui est
peut-être le plus important et le plus inquiétant
», c'est « le mécontentement des populations du
monde entier à l'égard des gouvernements
démocratiques qui, selon elles, ne répondent pas à
leurs besoins ». Il a tenté de masquer cette
réalité en disant que les démocraties ne sont pas
parfaites, qu'elles demandent beaucoup de travail,
qu'elles sont fragiles, etc. Comme l'ont fait le
secrétaire d'État Antony Blinken et la
vice-présidente Harris, il a ensuite essayé de
réduire la question de la démocratie à une affaire
de vote. Le désespoir des milieux dirigeants est
tel qu'ils croient que si seulement le droit de
vote était reconnu à l'échelle nationale, la
démocratie américaine redeviendrait la meilleure
du monde.
Joe Biden a déclaré : « Mon administration va
continuer à se battre pour faire adopter deux
textes de loi essentiels qui consolideront le
fondement même de la démocratie américaine : le
droit sacré de chaque personne de faire entendre
sa voix dans le cadre d'élections libres,
équitables et sûres. »
Si les problèmes peuvent être réglés en adoptant
des lois, quel est le problème ? Une fois que les
lois ne suffisent plus, viennent alors les
pouvoirs de police et les menaces de guerre et
surtout d'utilisation d'armes nucléaires.
Le fait est que, malgré les amendements
constitutionnels et les nombreuses lois, comme le
Voting Rights Act de 1965, le simple fait
de pouvoir voter est bloqué et aucune explication
n'est donnée. En 2013, même la Cour suprême a
rejeté plusieurs articles de cette loi.
L'histoire montre que l'adoption d'autres lois ne
va pas éliminer les nombreuses façons dont les
électeurs se voient frustrés de leur vote, que ce
soit par les limites et les exigences de
l'inscription sur les listes électorales,
l'élimination arbitraire des listes électorales
par les responsables des élections, le tracé
truqué des lignes de district (gerrymandering), le
blocage du droit égal d'être élu, pour les tiers
d'inscrire et de présenter des candidats et bien
plus encore. Les élections américaines sont
connues depuis longtemps pour n'être ni libres ni
équitables.
L'accent mis sur le vote a également pour but de
détourner l'attention de ce que Biden admet
lui-même : le vaste mécontentement dans le monde
entier face à l'échec et au dysfonctionnement de
la démocratie libérale et de ses institutions.
Lors du Sommet pour la démocratie, Joe Biden a
reconnu que le monde est à un tournant. Mais sa
réponse est de nier la base matérielle de ce
tournant et ce qu'elle révèle, et d'essayer tant
bien que mal d'unir les factions en conflit
derrière ce qu'il appelle son initiative
présidentielle. Il a déclaré :
« Mes collègues dirigeants, membres de la société
civile, activistes, défenseurs, citoyens : nous
nous trouvons à un point d'inflexion de notre
histoire, à mon avis. »
En mathématiques, le point d'inflexion est un
point d'une courbe où se produit un changement
dans la direction de la courbure. Dans le monde
des affaires, il s'agit d'un moment de changement
significatif dans une situation, d'un tournant.
Dans la vie, il s'agit de points où des événements
et des décisions prennent une direction
différente, modifiant le cours d'au moins un
aspect de la vie.
Joe Biden a déclaré : « Les choix que nous
faisons, à mon avis, dans le prochain moment, dans
ce moment, vont déterminer fondamentalement la
direction que notre monde va prendre dans les
décennies à venir. Allons-nous permettre que le
recul des droits et de la démocratie se poursuive
sans contrôle ? Ou aurons-nous ensemble –
ensemble – une vision et la vision –
pas seulement « une » vision, « la » vision –
et le courage de mener une fois de plus la marche
du progrès humain et de la liberté humaine vers
l'avant ? »
« La vision », comme il le dit, est celle où « la
marche du progrès humain » doit être bloquée en
utilisant son initiative présidentielle pour
institutionnaliser différentes formes pour tenter
de maintenir la domination des oligarques en
général et des impérialistes américains en
particulier.
La vice-présidente Kamala Harris a également
parlé de ce tournant, mais d'une manière
différente. Elle a dit : « Je crois que notre
monde est au début d'une nouvelle ère –
une ère avec de nouveaux défis, une ère avec de
nouvelles opportunités, une ère qui est définie
par l'interconnexion et l'interdépendance. Dans
cette nouvelle ère, je crois que la démocratie est
le meilleur espoir de notre monde, non pas parce
qu'elle est parfaite, mais en raison de ses
principes, parce qu'elle répond aux besoins des
gens. La démocratie protège les droits humains et
promeut la dignité humaine. Elle est un moyen de
créer la paix et la prospérité. »
C'est comme si les États-Unis ne faisaient pas la
guerre, qu'ils avaient résolu le problème de la
pauvreté croissante, de l'itinérance et des
atteintes aux droits humains qui atteignent de
nouvelles proportions de génocide sur plusieurs
fronts. De telles affirmations ne servent qu'à
souligner la crise de crédibilité et de légitimité
dans laquelle la démocratie américaine est
embourbée. Précisant qu'elle se réfère aux
défuntes démocraties libérales, Kamala Harris a
déclaré qu'il était « urgent de s'inquiéter du
fait que la démocratie est actuellement menacée et
que, depuis 15 ans, elle est en déclin ».
De toute évidence, les vastes mouvements de masse
aux États-Unis pour l'égalité et les droits et
contre le gouvernement raciste et les meurtres
commis par la police ne sont pas considérés comme
faisant partie de la démocratie, pas plus que les
revendications des pays qui affirment leur droit
d'être et s'opposent à l'ingérence étrangère dans
leurs affaires intérieures. L'émergence d'une
démocratie populaire doit être évitée à tout prix.
La résistance large et croissante de la classe
ouvrière, des peuples autochtones, des immigrants
et des réfugiés, des agriculteurs et des jeunes ne
doit pas non plus être autorisée car elle est
décrite comme faisant partie du déclin de la
démocratie. La bataille pour la démocratie et la
bataille de la démocratie sont pourtant à l'ordre
du jour, alors que la qualité et la structure de
la démocratie qui font en sorte qu'elle
bénéficiera au peuple apparaissent de plus en plus
clairement.
Les travailleurs ont fermé les ponts de Manhattan
et de Brooklyn, le 5 mars 2021, pour exiger la
reconnaissance de leurs droits et de leur rôle
essentiel dans la sécurité des personnes.
Cette mise à l'écart du peuple est encore plus
évidente dans les remarques finales de Kamala
Harris, où elle fait écho aux nombreuses
déclarations de Biden à l'effet que « la
démocratie est le gouvernement ». Elle dit : «
Alors que nous allons de l'avant, faisons le
travail que la démocratie exige. Mettons-nous au
travail, travaillons ensemble pour le peuple. »
La séparation entre le peuple, les gouvernés et
les gouvernants est évidente. Les gouvernants
constituent le « nous » et le « faisons », comme
dans « mettons-nous au travail ensemble pour le
peuple », fait référence au gouvernement.
La chose qui préoccupe le plus des millions de
personnes dans le monde lorsqu'il est question de
démocratie n'est pas de défendre des personnes
comme Biden ou Trudeau ou leurs rivaux au pouvoir
ou leurs homologues dans d'autres pays. Les gens
sont parfaitement conscients de qui décide de tous
les sujets de préoccupation lorsqu'il s'agit de
questions liées à l'économie et à tout ce que cela
implique, à la guerre et à la paix, à la
politique, à la culture et au sort même de
l'environnement naturel et social. Ce sont les
peuples qui paient le prix de cette régression et
ils entendent l'appel de l'époque à faire
place au renouveau.
Face à l'affrontement entre les conditions
concrètes et l'autorité, les efforts visant à
arrêter la progression de la démocratie sont
vains, ce qui rend la situation actuelle très
dangereuse aux mains d'une classe dirigeante
belliciste. Dans son discours de clôture du Sommet
de la démocratie, Biden a remercié tout le monde
d'avoir « renouvelé notre attachement aux valeurs
communes qui sont à la base de notre force
nationale et internationale ». Ce sont précisément
ces valeurs pro-guerre et antisociales que l'élite
dirigeante a du mal à promouvoir et à justifier
parce qu'elles ne s'accordent pas avec les
conditions et sont rejetées, tout comme les
institutions qui les défendent. Se concentrant à
nouveau sur le vote et les valeurs des riches,
Biden a déclaré :
« Nous affirmons les valeurs démocratiques qui
sont au coeur de notre système international et
qui ont été les éléments fondateurs – depuis des
décennies – de la croissance et de la prospérité
mondiales. »
L'autre chaussure est ensuite tombée lorsqu'il a
affirmé le rôle des États-Unis à décider qui
respecte et qui ne respecte pas ces valeurs. «
Nous sommes déterminés à travailler avec tous ceux
qui partagent ces valeurs pour définir les règles
du jeu qui régiront nos progrès au XXIe siècle »,
a déclaré Biden.
Ces valeurs sont inscrites dans la Constitution
des États-Unis et dans d'autres textes similaires
fondés sur la même théorie du contrat social, qui
crée une personne fictive qui se tient
prétendument au-dessus de la mêlée et qui peut
tout régler si vous suivez le code de la route.
(Photos
: J. Noor, B. Lander)
- Voice of Revolution -
Rassemblement à Washington, dans le cadre des
actions nationales pour les droits des femmes et
la justice en matière d'avortement, 2 octobre
2021.
Le Congrès américain est tellement dysfonctionnel
qu'il ne peut adopter des lois importantes, comme
le budget, qui devait être présenté en octobre
dernier, et qu'il menace constamment de fermer le
gouvernement. Ces menaces affectent des centaines
de milliers de travailleurs fédéraux, de personnes
âgées, de mères, d'enfants et de chômeurs qui ont
besoin de paiements fédéraux comme la sécurité
sociale pour simplement survivre. Elles
discréditent également le Congrès et renforcent
l'opinion croissante de la population selon
laquelle ce n'est plus une institution de
gouvernance viable. La Cour suprême a également
été discréditée car elle est considérée comme une
force politisée au service de l'une ou l'autre des
factions rivales, non seulement en ce qui concerne
le droit à l'avortement mais également dans bien
d'autres domaines.
C'est dans ce contexte de luttes entre les
factions au pouvoir aux États-Unis, d'institutions
discréditées et dysfonctionnelles, et de
revendications croissantes des peuples pour leurs
droits et un plus grand contrôle, que l'Initiative
présidentielle pour le renouveau démocratique de
Joe Biden est présentée. Il s'efforce d'unir ce
qu'il appelle « nous tous », derrière le président
et au-delà des séparations habituelles entre les
pays, les niveaux de gouvernement et les peuples
qui s'organisent pour affirmer les droits humains.
Joe Biden s'efforce de mettre en place des formes
d'organisation qui servent à contourner et à
remplacer les autorités et les normes existantes,
tant au niveau national, comme celles qui existent
entre le gouvernement fédéral et les gouvernements
des États, que celles qui sont inscrites dans la
Charte des Nations unies et dans l'ONU elle-même,
tout en plaçant le pouvoir de décision entre les
mains de la présidence.
L'initiative présidentielle de Joe Biden est un
moyen de faire face à ces nombreux conflits entre
les autorités, au sein et entre le président et
les forces armées, avec le Congrès, les
gouverneurs, les services de renseignement et
autres agences de police, etc. et de même par
rapport aux autres pays, en les contournant et en
créant des relations directes entre la présidence
et les diverses formes d'organisation mises en
place. Il tente d'éliminer les différentes
autorités qui peuvent faire obstacle au diktat
présidentiel. Comme l'indiquaient les invitations
au sommet, c'est Joe Biden qui décidera qui sera
inclus et qui ne le sera pas : « Nous affirmons
les valeurs démocratiques qui sont au coeur de
notre système international » et que « nous sommes
déterminés à travailler avec tous ceux qui
partagent ces valeurs pour définir les règles du
jeu qui régiront nos progrès au XXIe siècle, » a
expliqué Biden.
D'une
certaine manière, l'initiative est aussi un effort
pour contourner les bureaucraties existantes, du
moins les bureaucraties civiles, et mettre en
place une machine différente loyale à la
présidence. Cette direction est en partie le
reflet de la désintégration des partis politiques,
et de leurs mécanismes, et de la mise en place de
mécanismes distincts, un peu comme l'ont fait
Obama pour son élection et Bernie Sanders dans sa
campagne. Le dysfonctionnement total et le manque
de légitimité des institutions existantes,
notamment des partis discrédités, sont tels que
cette initiative contre-révolutionnaire est
nécessaire dans l'espoir d'empêcher ce qui est
maintenant qualifié de la « spirale de la mort »
de la démocratie libérale.
Ce que l'on oublie de dire, c'est que toutes ces
autorités ne sont pas au diapason des conditions
existantes qui exigent d'investir le peuple du
pouvoir de gouverner et de décider. Le peuple
rejette le cadre dans lequel les gouvernements le
dominent et lui sont supérieurs, mais sont
totalement incapables de pourvoir aux besoins
fondamentaux des gens et qui violent les droits
humains.
Voice of Revolution est publié par l'Organisation
marxiste-léniniste des États-Unis (USMLO).
(Photos
: VOR, Nanks H)
- Kathleen Chandler -
Manifestation à Minneapolis pendant la sélection
du jury dans le procès de l'assassin de George
Floyd, le 19 avril 2021, alors que les gens
continuent de lutter pour leurs propres intérêts
et demandent des comptes.
Alors que le président des États-Unis, Joe Biden,
organisait un Sommet pour la démocratie à
Washington, DC, les 9 et 10 décembre 2021, près
d'une centaine d'anciens hauts responsables de la
sécurité nationale des États-Unis ont envoyé une
lettre au Congrès, non pas au président qui est le
commandant en chef ou au Sommet pour la
démocratie, mais au Congrès, pour exprimer leurs
inquiétudes quant à l'état de la démocratie
américaine.
Joe
Biden a organisé le Sommet pour la démocratie pour
réunir « les dirigeants de plus de 100
gouvernements aux côtés d'activistes, de
syndicalistes et d'autres membres de la société
civile, d'experts et de chercheurs de premier
plan, et de représentants du monde des affaires »,
pour « serrer les rangs et réaffirmer notre
engagement commun à rendre nos démocraties
meilleures », comme il l'a dit. Il s'agissait
notamment d'organisations et d'individus que les
États-Unis financent et soutiennent déjà au niveau
international, comme la Communauté des démocraties
et des groupes tels que l'Initiative des jeunes
leaders africains et l'Initiative des jeunes
leaders d'Asie du Sud-Est. Ce que l'on a toujours
appelé les organisations non gouvernementales sont
désormais appelées organisations de la société
civile (OSC). L' Union internationale des employés
des services (SEIU), un important syndicat du
secteur de la santé, et la National Association
for the Advancement of Colored People (NAACP)
étaient également présentes, entre autres
organisations.
Lors du sommet, Joe Biden a présenté son «
Initiative présidentielle pour le renouveau
démocratique », qui consiste à créer diverses
formes d'organisation servant à rassembler toutes
ces forces, tant au niveau national
qu'international. Il s'agit de formes
organisationnelles qui servent essentiellement à
contourner et à remplacer les autorités et les
normes existantes, comme celles qui sont inscrites
dans la Charte des Nations unies et l'ONU
elle-même, tout en mettant le pouvoir de décision
entre les mains de la présidence américaine.
L'initiative elle-même est appelée « un
accroissement significatif et ciblé des actions du
gouvernement des États-Unis visant à défendre,
soutenir et développer la résilience démocratique
avec des partenaires gouvernementaux et non
gouvernementaux partageant les mêmes idées ». Elle
est soutenue par un montant initial de 424,4
millions de dollars et le Département d'État et
son Agence des États-Unis pour le développement
international (USAID) joueront un rôle essentiel.
Parmi les signataires de la lettre envoyée au
Congrès figurent des membres des forces armées,
des services de renseignement et du corps
diplomatique qui ont servi des administrations
démocrates et républicaines et/ou des
administrations des deux partis. Bien que leur
lettre se concentre sur les élections, ils sont
bien plus préoccupés de s'assurer que les élites
privilégiées restent au pouvoir et que le peuple
en soit tenu à l'écart sur la base de transitions
pacifiques du pouvoir. Ils cherchent à s'assurer
que les transitions pacifiques ne sont pas
menacées.
La lettre commence ainsi : « Nous vous écrivons
pour vous faire part de notre inquiétude face aux
efforts actuels pour déstabiliser et renverser nos
élections... Nous pensons que ces efforts nuisent
profondément à notre sécurité nationale. »
Deux des signataires les plus influents, James R.
Clapper et Michael Hayden, tous deux d'anciens
généraux de la Force aérienne des États-Unis, ont
également publié une lettre d'opinion dans le Washington
Post. James R. Clapper et Michael Hayden
expriment le problème de légitimité des
gouvernants et leur obsession de la défaite. Ils
écrivent : « Sondage après sondage, on constate
que la confiance dans nos élections et la croyance
dans le concept de démocratie sont en déclin... et
ces effets ne seront pas limités à nos
frontières... Une société qui s'efforce de séparer
la réalité de la fiction est l'environnement
parfait pour que ces acteurs puissent éroder
davantage la confiance électorale et propulsent la
démocratie dans une spirale fatale. »
Ils poursuivent avec la crainte d'un déclin des
États-Unis sur la scène mondiale : « L'estime
autrefois élevée pour la démocratie américaine est
en chute libre, et avec elle l'influence mondiale
et l'autorité morale de l'Amérique. »
Étant
donné que la majorité des Américains sont armés,
et que beaucoup d'entre eux ont une formation
militaire, les auteurs de la lettre craignent
également que la guerre civile dont ils parlent ne
se transforme en une guerre où c'est le peuple qui
se soulève et lutte pour ses propres intérêts.
Ces forces reconnaissent le lien entre la guerre
civile et la guerre impérialiste. L'une peut
donner lieu à l'autre. Dans le passé, les
États-Unis ont utilisé la tactique du
déclenchement d'une guerre impérialiste pour unir
les factions en conflit et empêcher la guerre
civile. Mais les dernières guerres de ce type
contre l'Irak et l'Afghanistan, ainsi que d'autres
guerres comme celles contre la Libye, le Yémen et
la Syrie, n'ont pas atteint cet objectif. Les
conditions de déséquilibre engendrées par le repli
de la révolution se sont aggravées. Ce
déséquilibre s'est installé lorsque l'ancienne
Union soviétique s'est effondrée et que la
domination du monde par deux superpuissances a
pris fin avec elle. La lutte des intérêts privés
puissants qui ont usurpé les États de divers pays
s'accompagne de leur incapacité à régler leurs
conflits sur une base pacifique. L'anarchie et la
violence ont été élevées au rang d'autorité,
révélant la nécessité d'un renouveau politique
démocratique, mais ce n'est pas à cette nécessité
que Joe Biden et d'autres aux États-Unis
s'adressent.
L'incapacité des institutions actuelles à régler
les conflits est apparue encore plus clairement le
17 décembre 2021 lorsque trois généraux des Forces
armées à la retraite ont pris publiquement
position peu après le Sommet pour la démocratie de
Joe Biden. Ils ont ouvertement parlé de la
probabilité d'une guerre civile violente dans un
article d'opinion du Washington Post
dans lequel ils font référence à la tentative de
coup d'État de Trump du 6 janvier 2021 et se
disent « de plus en plus préoccupés par les
conséquences de l'élection présidentielle de 2024
et par le risque d'un chaos fatal au sein de nos
forces armées, qui ferait courir un risque grave à
tous les Américains ».
« Nous sommes glacés jusqu'aux os à l'idée qu'un
coup d'État réussisse la prochaine fois »,
écrivent les trois généraux des forces armées à la
retraite. Ils décrivent un scénario d'élection
contestée et de loyautés divisées au sein des
forces armées, avec des unités rebelles armées et
passant à l'action et des armes qui « pourraient
ne pas être sécurisées selon qui les supervise.
Dans un tel scénario, il n'est pas exagéré de dire
qu'un effondrement militaire pourrait conduire à
une guerre civile ».
« Le potentiel d'une rupture totale de la chaîne
de commandement selon des lignes partisanes –
du sommet de la chaîne au niveau de la section –
est important si une autre insurrection devait se
produire », écrivent les généraux à la retraite.
Pour résoudre ces problèmes, les généraux
affirment que « le département de la Défense
devrait faire des exercices de guerre pour se
préparer à la prochaine insurrection potentielle
post-électorale ou de coup d'État post-électoral
afin d'identifier les points faibles. Il doit
ensuite procéder à un débriefing de haut en bas de
ses conclusions et commencer à mettre en place des
garanties pour prévenir les ruptures non seulement
dans les forces armées, mais aussi dans toute
agence qui travaille main dans la main avec les
forces armées. » Les généraux déclarent que « les
forces armées ne peuvent attendre que les élus
agissent ».
L'ironie de demander à une armée divisée de mener
et de superviser des jeux de guerre pour éviter
une guerre civile semble échapper à ces généraux
de l'armée. L'appel à « militariser » la situation
est un appel à se préparer à la guerre civile, ce
qui inclut le ciblage et l'élimination de ce que
les généraux appellent les « propagandistes » dans
les rangs des forces armées. Malgré les faits
concernant les loyautés divisées qui existent
déjà, ils proposent également que le Pentagone
renforce « l'unité de commandement » afin que «
chaque membre du département de la Défense sache
parfaitement à qui il doit répondre », et qu'il
procède à une « révision des lois de la guerre et
de la manière d'identifier et de traiter les
ordres illégaux ».
C'est un appel dictatorial à la concentration des
pouvoirs. Étant donné que les États-Unis mènent
des guerres agressives illégales et s'appuient sur
des ordres illégaux, y compris des frappes de
drones illégales, ce que les généraux prévoient de
mettre en oeuvre ici n'est pas clair, logique ou
convaincant.
Bien que ces propositions soient irrationnelles
dans le contexte des loyautés divisées qui
existent dans le cadre des luttes féroces pour le
pouvoir au sein des forces armées et entre les
forces armées et le président, elles sont
significatives dans la mesure où elles reflètent
la menace très réelle de précipiter le peuple dans
une guerre civile violente, et la possibilité très
réelle d'une division des forces militaires et
policières américaines, non seulement au niveau
fédéral, mais entre les États et le gouvernement
fédéral. Cela est évident dans la façon dont la
Garde nationale est utilisée. La Garde nationale
est placée sous l'autorité du gouverneur de chaque
État. Elle fait toutefois partie des forces armées
et peut être mise sous commandement fédéral par le
président, auquel cas elle passe sous contrôle
présidentiel. Les guerres en Irak et en
Afghanistan, par exemple, n'auraient pas pu être
menées sans le recours à la Garde nationale.
Les gouverneurs peuvent néanmoins refuser de se
conformer à cette mise sous commandement fédéral
et peuvent également mobiliser eux-mêmes la Garde
nationale. Par exemple, la Garde nationale du
Texas est utilisée par le gouverneur à la
frontière contre les réfugiés et les immigrants
qui entrent dans le pays. La Floride et le Dakota
du Sud ont envoyé leur Garde au Texas pour prêter
main forte. Des troupes fédérales sont également
stationnées à la frontière. Et il y a aussi les
forces armées de la Patrouille frontalière des
États-Unis et du Service de l'immigration et des
douanes des États-Unis (ICE). On peut se demander
si Joe Biden n'a pas maintenu les forces armées
sur place en partie pour faire face à la Garde
nationale du Texas, ainsi que pour lancer
potentiellement des attaques contre le Mexique. La
frontière, comme les élections, est un autre
déclencheur potentiel de guerre civile et de
guerre impérialiste.
Autre exemple, Joe Biden a exigé que l'ensemble
du personnel des forces armées soit vacciné contre
la COVID. Les gouverneurs de l'Oklahoma, de
l'Alaska, de l'Iowa, du Mississippi, du Nebraska
et du Wyoming contestent cette décision, affirmant
que la Garde nationale de chaque État est sous le
commandement des gouverneurs et non du président
jusqu'à ce qu'elle soit mise sous commandement
fédéral. Le brigadier général Thomas Mancino,
commandant de la Garde nationale de l'Oklahoma, a
refusé l'ordre du président Biden de rendre la
vaccination obligatoire, affirmant que son
commandant est le gouverneur.
Cette défiance ouverte du rôle du président en
tant que commandant en chef est une indication
supplémentaire que les divisions entre les
factions rivales atteignent un point de guerre
civile ouverte et violente. Et tous considèrent
les élections de 2024 comme une échéance probable,
ce qui est maintenant promu par les universitaires
et les médias monopolisés également.
Retraités ou non, les membres des Forces armées
ne sont pas censés défier ouvertement le
commandant en chef ni rendre publiques leurs
préoccupations. Le fait que cela soit devenu la
norme, comme lorsque différents hauts
fonctionnaires se sont publiquement rangés
derrière Clinton ou Trump en 2016, ou les 124
membres des Forces armées qui ont publiquement
soutenu les affirmations de Trump selon lesquelles
l'élection de 2020 n'était pas légitime, est une
indication que la machine d'État américaine n'est
plus une machine unique, mais qu'elle se fragmente
et se divise et ne répond pas à une seule
autorité.
Il est clair que les institutions démocratiques,
avec leurs élections, ne sont plus en mesure de
résoudre les conflits entre les forces rivales. De
plus, étant donné que les intérêts privés qui se
sont emparés des pouvoirs de l'État sont mondiaux,
parler de représentation d'un « intérêt national »
ne correspond plus à la réalité. Les forces
rivales se livrent une lutte acharnée pour
déclarer que leur faction représente l'« intérêt
national » et que leurs rivaux commettent une
trahison. En fait, plus ces divisions et le manque
d'« unité de commandement » s'aggravent, plus il
devient difficile de parler des États-Unis dans
tous les sens du terme.
(Photos
: VOR, T. Webster)
- Pauline Easton -
Les fermiers indiens discutent et décident leur
ligne de marche pour défendre leurs droits lors
de réunions de masse, celle-ci à Muzaffarnagar,
le 5 septembre 2021.
Lors du sommet pour la démocratie de Joe Biden et
depuis lors, on ne cesse de répéter que les
États-Unis sont le bastion de la démocratie. S'il
ne fait aucun doute que plusieurs ont tout de
suite reconnu l'imposture de l'affirmation des
États-Unis, il est possible qu'ils n'aient pas
réalisé la fraude qui existe en ce qui concerne la
démocratie elle-même. Joe Biden a reconnu que les
peuples du monde sont très mécontents des «
gouvernements démocratiques qui, selon eux, ne
répondent pas à leurs besoins ». Les batailles
pour la démocratie font rage aux États-Unis et
dans le monde entier, comme celles pour des soins
de santé pour tous et tout ce qu'il faut pour
combattre la COVID-19, pour la justice et la
responsabilité, la paix et la fin des guerres
agressives et des sanctions, l'affirmation des
droits des femmes, des autochtones, des réfugiés,
des travailleurs, des jeunes, des agriculteurs et
d'autres. Les peuples du monde sont effectivement
mécontents des gouvernements existants, de leurs
échecs et de leurs dysfonctionnements.
Les
luttes des peuples vont au-delà de la défense des
droits dans le cadre des démocraties libérales
existantes. Elles abordent la qualité et le
caractère de la démocratie elle-même, c'est-à-dire
la bataille de la démocratie. Cette
bataille est entrée dans une nouvelle phase, en
raison de la résistance organisée croissante et de
la conscience des peuples qu'ils ont besoin
d'exercer un contrôle direct sur les décisions qui
sont prises en leur nom. Qu'ils pourraient faire
un bien meilleur travail de gouvernance. La
volonté et l'initiative de Joe Biden visent la
mise sur pied de différentes formes et règles pour
bloquer la lutte du peuple pour contrôler les
décisions qui l'affectent.
Un des principaux problèmes auxquels Joe Biden
fait face est qu'en s'efforçant de perpétuer la
vieille démocratie américaine usée et sa
constitution, il tente de frauder l'histoire, de
détourner la marche en avant de l'histoire qui
exige des définitions modernes de la démocratie et
des formes et des structures conformes aux temps
modernes. Il ignore le conflit existant entre les
conditions de vie de la majorité et l'autorité
exercée par et pour les riches. Les conditions
exigent la fin de l'autorité actuelle des
dirigeants et une démocratie qui est la création
du peuple, dans laquelle c'est le peuple qui
décide. La fraude qui est perpétrée n'est pas
uniquement que les États-Unis ou l'Inde, la
Grande-Bretagne, la France, le Canada et d'autres,
n'assurent pas et ne peuvent pas assurer les
droits humains mais qu'ils essaient de préserver
un système dont la raison d'être est de bloquer
l'effort de l'humanité pour créer des autorités de
gouvernance qui sont conformes aux conditions
d'aujourd'hui, à la grande avancée de l'humanité
en fait de forces productives humaines et de sa
capacité à humaniser l'environnement naturel et
social et à créer des sociétés qui sont faites
pour l'être humain.
La bataille de la démocratie est entrée
dans une phase nouvelle, car la démocratie
actuelle des dirigeants est non seulement non
viable mais elle entraîne rapidement le monde dans
une direction rétrograde et sombre de guerres plus
grandes et de destructions plus grandes de
l'environnement humain et naturel.
L'ancien n'a pas d'avenir. Cela terrifie les
dirigeants qui utilisent tout leur pouvoir pour
échapper à l'histoire. La bataille de la
démocratie reconnaît qu'il est temps de
faire place au Nouveau, comme de nouvelles
constitutions qui créent des arrangements et des
sociétés constituées dans l'intérêt du peuple.
Pour faire place au Nouveau, il faut régler ses
comptes avec l'ancien, en particulier avec les
anciennes formes et les anciens concepts de
démocratie inscrits dans les institutions et les
constitutions existantes.
Ce n'est pas un hasard si Joe Biden a choisi
d'appeler son projet « Initiative présidentielle
pour le renouveau démocratique ». Il ne vise pas
seulement les autorités existantes et ne cherche
pas seulement à mettre en place des formes
d'organisation différentes. Il vise également la
pensée et la conception du monde des peuples qui
cherchent à affirmer leur droit d'être; leurs
revendications de plus en plus pressantes pour que
leurs droits soient assurés et que les
gouvernements qui refusent de le faire soient
démis. Il tente de saper le travail effectué par
les forces combattantes qui représentent les
intérêts du peuple des États-Unis de même qu'à
l'étranger et dont les réclamations à ce qui leur
appartient de droit mettent de l'avant des
conceptions modernes de démocratie et d'égalité,
des définitions modernes de droits qui
appartiennent aux humains parce qu'ils sont des
êtres humains et qui humanisent l'environnement
naturel et social et ouvrent la voie au progrès.
Par exemple, les États-Unis font constamment la
promotion de concepts comme « nous le peuple » et
que la démocratie américaine est un gouvernement «
du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Cette formulation est promue à l'échelle mondiale
et est souvent reprise par ceux qui luttent pour
la démocratie. En fait, la pression est telle que
« du peuple, par le peuple et pour le peuple » est
présenté comme l'objectif de la bataille de
la démocratie. Cela présente un problème
parce que cette formulation fournit un point de
référence à la démocratie existante de type
américain. Elle provient d'un discours de Lincoln
pendant la guerre civile, à Gettysburg. En tant
que point de référence, elle sert à renforcer que
c'est cette démocratie de type américain qui ne
doit pas « disparaître de la terre », comme l'a
dit Lincoln. Elle cherche à diviser le peuple en
l'amenant à décider ce qui est et qui est
légitimement démocratique en prenant la démocratie
de type américain comme le modèle et la règle du
jeu.
Une partie du problème est que « le peuple » et «
le gouvernement par le peuple » ne sont pas
définis. L'impression est donnée que « nous, le
peuple », fait référence à la majorité. Mais tant
dans la forme que dans le contenu dans les
démocraties libérales existantes, ce n'est pas le
cas. Joe Biden, par exemple, a déclaré à plusieurs
reprises que « le gouvernement, c'est nous le
peuple ». C'est le gouvernement qui gouverne, et
c'est le peuple qui est gouverné. Lors du sommet,
la vice-présidente Kamala Harris s'est exprimée de
manière similaire. Elle a déclaré : « La
démocratie, c'est le peuple. Et la démocratie est
notre meilleur espoir. Alors, à mesure que nous
avançons, faisons le travail que la démocratie
exige. Mettons-nous au travail, travaillons
ensemble pour le peuple. »
Tous deux indiquent clairement qu'il existe une
séparation entre le peuple, entre les gouvernés et
les gouvernants. Ceux qui gouvernent, le « nous »
et le « travaillons ensemble » dont il est
question, sont le gouvernement : « Travaillons
ensemble pour le peuple ». De cette manière, les
efforts modernes des peuples pour que la
démocratie soit une démocratie du peuple sont
bloqués. Il est clair qu'une démocratie du peuple
doit investir le peuple lui-même du pouvoir de
gouverner et de décider, et non les représentants
des riches.
La notion qui est promue est que cette séparation
entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont
gouvernés ne peut être surmontée. Le gouvernement
est considéré comme une entité qui domine la
grande majorité, et non comme une entité contrôlée
par elle et responsable devant elle.
(Photos
: Kisan Ekta Morcha, X. Campbell)
- Centre d'études idéologiques -
Les définitions modernes de la démocratie,
l'élaboration et la définition de choses telles
que le peuple, l'égalité, l'appartenance à un
corps politique, les mécanismes d'affirmation des
droits et de responsabilité, sont plus que jamais
nécessaires aujourd'hui, car il faut pour bloquer
l'effort des élites dirigeantes aux États-Unis et
dans des pays comme le Canada pour imposer, à
d'autres et à eux-mêmes, de vieux arrangements qui
ne fonctionnent plus ou ne sont plus adaptés aux
conditions actuelles.
Les définitions modernes de la démocratie
précisent qu'il ne s'agit pas d'idéaux, mais de
structures d'égalité et de constitution de la
société de manière à ce que la garantie des droits
de tous soit centrale tant dans le contenu que
dans la forme. Ce n'est pas un hasard si le
président américain Joe Biden a commencé son «
Sommet pour la démocratie » en affirmant que la
démocratie est une question d'idéaux et non de
réalité. Il a déclaré que la démocratie américaine
est « une lutte permanente pour que vivions à la
hauteur de nos idéaux les plus élevés et que nous
surmontions nos divisions; pour que nous nous
engagions de nouveau envers l'idée fondatrice de
notre nation », à savoir que « toutes les femmes
et les hommes naissent égaux; que leur créateur
les a dotés de certains droits inaliénables, parmi
lesquels la vie, la liberté et la recherche du
bonheur ».
Le président américain tient ces propos dans un
contexte où les droits humains et le droit de
vivre et d'être sont sous le feu d'un assaut
violent aux États-Unis et dans le monde, les
gouvernements à tous les niveaux refusant de
garantir les droits humains fondamentaux en
matière de santé, de logement, d'éducation, de
moyens de subsistance et de conditions de vie et
de travail sécuritaires, sans parler de les
affirmer sur une base moderne qui ne soit pas
fondée sur des considérations favorisant la
propriété privée et l'enrichissement d'intérêts
privés étroits.
Cette formulation selon laquelle « tous sont
créés égaux » est promue dans le monde entier.
Comme pour « nous, le peuple », le principal
problème avec cette formule est que la référence
est aux dirigeants, à l'égalité des dirigeants. Il
s'agissait de leur égalité en tant que détenteurs
de propriétés privées et aujourd'hui il s'agit du
droit des oligarques mondiaux de faire primer leur
propriété, leurs profits, leur asservissement des
autres. Pour garantir ce droit, la Constitution
des États-Unis consacre une structure d'inégalité,
notamment en maintenant le peuple hors du pouvoir
et les riches au pouvoir, une réalité qui est
évidente depuis l'époque du système d'esclavage
jusqu'à aujourd'hui.
Pour avoir des définitions modernes aujourd'hui,
il est nécessaire que les concepts d'égalité
émanent du peuple. L'élaboration de concepts
modernes de l'égalité comprend la reconnaissance
et l'établissement des structures de deux types
d'égalité. L'une est l'égalité d'appartenance,
comme l'égalité d'appartenance à l'État, à une
organisation ou à un collectif. L'égalité
comprend l'appartenance à un collectif donné.
Elle n'existe pas séparément de cette
appartenance. De plus, être un membre égal
implique d'assumer la responsabilité des droits
et des devoirs. Par exemple, lorsque nous
disons que le peuple doit parler en son propre
nom, il s'agit d'une composante essentielle de
l'affirmation en tant qu'individus et collectifs
aujourd'hui. Tous les êtres humains ont le droit
de s'exprimer, de participer à des discussions, de
décider des questions qui les concernent, de
participer à la mise en oeuvre des décisions
prises et d'être responsables des résultats. C'est
aussi un devoir si les membres veulent affirmer
leurs droits.
Les droits
ne sont pas une abstraction comme dans les
documents fondateurs des États-Unis. Ils ne sont
pas des aspirations. Les droits existent dans
leur affirmation. Ils existent sous la
forme d'une réclamation à la société de ce qui
nous appartient de droit. Ce sont des réclamations
à la fois individuelles et collectives, faite à la
société dont nous dépendons, aux organisations et
aux collectifs dont nous faisons partie et par
lesquels nous convions les autres à faire de même.
Puis il y a l'égalité sur la voie, la
voie étant la marche en avant de l'histoire. C'est
la voie de la reconnaissance et de la poursuite de
la nécessité du changement. C'est l'égalité dans
la transition, sur la voie, l'égalité de
l'appartenance à la voie, l'égalité de saisir les
ouvertures que crée le choc entre l'Autorité et
les Conditions pour faire naître le Nouveau en
réglant les comptes avec la vieille conscience de
la société. Les définitions modernes offrent une
ouverture pour le Nouveau qui harmonise les
intérêts individuels et collectifs et les intérêts
individuels et collectifs avec l'intérêt général
de la société tel qu'identifié par les forces qui
font naître le Nouveau. Cette ouverture existe ici
et maintenant, aujourd'hui, et c'est une ouverture
que l'histoire appelle les peuples à saisir pour
résoudre les problèmes en leur faveur et conjurer
les catastrophes auxquelles président les riches
et les puissants.
Pour ce qui est de définir le peuple,
la catégorie concerne les êtres humains (individus
et collectifs) qui changent leurs circonstances.
En d'autres termes, le peuple est
l'agent du changement des circonstances. Un peuple
est historiquement constitué et existe dans un
temps et un espace déterminés, dans des conditions
déterminées et avec des relations humaines
déterminées. Les êtres humains ne sont pas des
choses. Ils existent dans des relations, des
relations sociales et, plus largement, dans des
relations humaines. Nous sommes fidèles non pas à
une cause en soi, mais à l'ensemble des relations
humaines et à ce qu'elles révèlent, à savoir la
nécessité que les peuples se donnent les moyens de
renverser la situation en leur faveur. C'est la
voie du progrès aujourd'hui.
En exigeant des définitions modernes aujourd'hui,
les êtres humains donnent les arguments pour
démêler les intérêts individuels, collectifs et
généraux, ceux de la société et de l'humanité. Ils
voient que les intérêts sont le produit de la
société, de l'ensemble des relations humaines, et
que les constitutions qui créent les États-nations
modernes doivent être définies par ces relations.
Ceux qui cherchent à humaniser l'environnement
social et naturel sur une base moderne disent que
la société est la base de l'État, contrairement
aux gouvernants qui prétendent que la société, les
citoyens, la détermination de qui est légitime et
qui ne l'est pas, est définie par l'État et les
constitutions adoptées par ceux qui autrefois ont
constitué la société à leur image.
Une définition moderne reconnaît également que
les individus ne sont pas des personnes
abstraites, avec leur cerveau unique, avec une
conscience individuelle qui se voit comme
altruiste ou égoïste, une personne bonne ou
personne mauvaise, et dans laquelle chacun se
débrouille avec ses propres moyens. Les individus
existent en tant qu'individus et en tant que
collectifs. Chaque personne porte en elle des
intérêts individuels, collectifs et généraux.
L'origine
du mot intérêt est interesse, qui
signifie « être entre, être parmi », êtres
sociaux. L'ensemble des relations humaines est la
base de l'intérêt. L'intérêt individuel est défini
par cet ensemble de relations, tout comme
l'intérêt collectif. Il est d'un ordre supérieur à
la « personne » telle que définie couramment et
qui, pour former un collectif, s'additionne. Et
par cette opération irrationnelle, elle finit par
écarter les rapports dans lesquels les êtres
humains entrent indépendamment de leur volonté.
Une constitution démocratique établit les règles
à suivre. On dit que c'est le pouvoir par le
peuple, mais pour pouvoir juger de cette
constitution il faut d'abord déterminer si elle
convient au peuple et établir les critères qui
permettent d'en décider. Aujourd'hui, des gens
comme Joe Biden, Justin Trudeau et d'autres, tant
à la gauche qu'à la droite officielles, parlent de
la démocratie en rapport à l'autoritarisme, à
l'autocratie, au totalitarisme ou au fascisme,
etc. Ils ne donnent pas d'arguments permettant de
déterminer si les règles, les définitions ou les
constitutions et les institutions démocratiques
libérales qu'ils prétendent défendre conviennent
au peuple.
Une définition moderne reconnaît que, pour
établir une démocratie qui convient au peuple, le
moyen de résoudre les conflits est de mettre les
intérêts individuels et collectifs sur un pied
d'égalité, et non pas les uns au-dessus des
autres. Les mettre sur un pied d'égalité signifie
qu'il y a une équivalence. Les mettre sur un pied
d'égalité permet d'harmoniser les intérêts de tous
les individus et collectifs, et des uns et des
autres, avec les intérêts généraux de la société
et de l'humanité. Ce qu'il faut, c'est établir le
moyen d'harmoniser les intérêts en utilisant
l'ensemble des relations humaines comme point de
référence, comme source de ces intérêts. Aller à
la rencontre des intérêts en jeu, les identifier,
les harmoniser est au coeur de la démarche pour
donner à la démocratie une définition moderne.
Pour les représentants de la classe dirigeante
qui occupent des positions usurpées par le
contrôle du pouvoir et des privilèges, comme Joe
Biden ou Justin Trudeau, la catégorie selon
laquelle ce sont les êtres humains qui
changent les circonstances, le peuple
est la force du changement, est à rejeter.
Les intérêts du peuple sont également rejetés
comme catégorie. C'est pourquoi les différentes
forces en présence parlent de la « spirale de la
mort » de la démocratie américaine et affirment
toutes, d'une manière ou d'une autre, que « la
démocratie est actuellement menacée et, depuis 15
ans, elle est en déclin », comme l'a dit Joe Biden
lors de son Sommet pour la démocratie.
De toute évidence, les vastes mouvements de masse
aux États-Unis en faveur de l'égalité et des
droits et contre le gouvernement raciste et les
morts aux mains de la police ne sont pas
considérés comme faisant partie de l'essor d'une
démocratie populaire. Il en va de même pour les
mouvements d'autres pays et de nations entières
qui luttent pour leur droit d'exister. La
résistance large et croissante des peuples
autochtones, des immigrants et des réfugiés, des
autres travailleurs et des agriculteurs, n'est pas
non plus considérée comme faisant partie de la
bataille de la
démocratie, une bataille menée par les peuples
pour améliorer la qualité et la structure de la
démocratie afin qu'elle soit à leur avantage.
La question que se posent des millions de
personnes dans le monde lorsqu'il s'agit de
démocratie est : « qui décide ? » pour tout ce qui
concerne la paix, la guerre, l'économie, la
politique et la culture. Les tentatives de poser
la question, d'y répondre ou de discuter de ces
sujets sont constamment bloquées. C'est à cela que
les peuples ont affaire dans leur mouvement de
résistance aux mesures antidémocratiques, qui
constitue la lutte pour la démocratie,
laquelle fait aujourd'hui partie intégrante de la
bataille de la démocratie elle-même,
pour répondre à l'appel de l'histoire à aller de
l'avant et à mettre l'autorité en conformité avec
ce que les conditions exigent et suscitent.
La Constitution américaine et la démocratie
qu'elle consacre ne sont en aucun égard un modèle
de démocratie en ces temps modernes. La classe
dirigeante du Canada l'utilise comme point de
référence dans tout ce qu'elle fait, mais cela ne
la sauvera pas de son destin de classe superflue,
pas plus que cela ne sauvera la classe dirigeante
américaine. L'expression « du peuple, par le
peuple et pour le peuple » est utilisée par les
forces impérialistes et réactionnaires américaines
pour bloquer l'avancée de la démocratie, la
création de structures, d'institutions et de
constitutions qui prévoient l'égalité et la
responsabilité et affirment que le peuple est le
décideur et qu'aucune force n'existe au-dessus de
lui.
Le concept « renouveau démocratique » qu'invoque
maintenant Joe Biden ne mène nulle part. Il
s'apparente davantage au renouvellement d'un
abonnement à un magazine, une continuation. Il
s'agit de préserver et d'étendre ce qui existe
déjà. Biden et ses courtisans ont adopté le
langage des forces qui luttent pour investir le
peuple du pouvoir pour saboter la naissance du
Nouveau contre l'Ancien, qui donne lieu à des
définitions modernes, comme l'exigent les
conditions actuelles.
Les définitions modernes de la démocratie
reconnaissent la nécessité de mettre sur un pied
d'égalité les intérêts individuels et collectifs
et de les mettre en relation avec les intérêts
généraux de la société et de l'humanité, de telle
sorte que ces multiples intérêts soient
harmonisés, soient démêlés de manière à ce que
chacun y trouve son profit. C'est ce travail
constant et continu pour des définitions modernes,
qui inclut la discussion sur les besoins de la
démocratie aujourd'hui, qui contribue à faire
avancer la bataille de la démocratie. Les
nombreuses batailles que les peuples mènent pour
le contrôle des décisions qui affectent leur vie,
pour leur droit de faire des réclamations à la
société en plaçant leurs droits au premier plan,
reflètent l'urgente nécessité de cette avancée -
pour façonner une démocratie où le peuple, la
grande majorité de ceux qui ont fait progresser
les forces productives au-delà de tout ce qui
avait été conçu auparavant, a le pouvoir de
gouverner et de décider.
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