Les fantasmes libéraux en difficulté
Il est intéressant de constater que la classe
dirigeante, à travers la promotion d'icônes
culturelles, encourage de fausses notions de ce
qu'il faut pour résoudre les problèmes auxquels
l'humanité est confrontée. À la veille de
l'élection américaine de 2016, les médias et les
dirigeants libéraux célébraient le travail acharné
et la représentation comme les caractéristiques
clés d'un dirigeant et de tous ceux qui sont
importants. L'acquisition de ces qualités
remettrait tout en ordre. Hillary Clinton était
leur symbole pour promouvoir un récit qui
prétendait que la reconnaissance de la diversité
et de la différence est décisive. Cette
reconnaissance permettrait de vaincre le racisme
et le prétendu conformisme et l'étroitesse
d'esprit de l'Amérique rurale et des petites
villes présumées sans éducation. Elle mettrait fin
à la violence contre les femmes. Sans parler de la
véritable Hillary Clinton, qui ne suivait aucune
règle, l'idée véhiculée était qu'il suffisait de
respecter les règles, de travailler fort dans le
merveilleux système au monde mis en place par les
pères fondateurs des États-Unis, et d'être
récompensé par la possibilité de briser les
barrières de la discrimination raciale, du «
plafond de verre » et ainsi de suite. L'ombre
d'Hillary Clinton a dominé ce qu'on a appelé «
l'écosystème politique de gauche ».
Le
« vrai changement » est apporté par ceux qui sont
prêts à y consacrer du temps et à suivre les
règles, ont assuré les experts des médias. La
politique identitaire est devenue l'étendard des
libéraux qui cherchent à imposer leurs croyances à
la société et à faire en sorte que tout le monde
les suive.
De la même manière qu'Obama a été promu, «
Hillary a également été célébrée pour la nature
historique de son identité. Elle a été la première
femme à obtenir l'investiture d'un grand parti
pour la présidence. Elle a été la première femme à
remporter le vote populaire pour la présidence.
Peu importe où se situait sa politique, le fait
même de son existence était radical et
révolutionnaire. Il s'agissait de la force
symbolique de leur version de la politique de
représentation », comme l'écrit un auteur.
Puis Donald Trump a été déclaré nouveau
président. Hillary et son image de travailleuse
acharnée, son engagement à naviguer entre les
contraintes du système et sa politique de
représentation n'ont pas sauvé le système
démocratique américain, n'ont pas éliminé le
racisme, la violence contre les femmes ou toutes
les autres violences d'État contre le peuple. Tout
est alors devenu une question de personnes
imparfaites qui font le travail et ne réussissent
pas toujours. Nous devons reconnaître que les
services publics sont vidés de leur substance pour
de bon, qu'une poignée d'individus richissimes et
leurs sociétés dominent l'économie et que le seul
espoir de chacun est de parvenir à une vie
heureuse dans une famille dysfonctionnelle, d'un
système scolaire, d'un système de santé, d'une
économie et d'un monde dysfonctionnels. La crise
climatique est en train de prendre sa revanche sur
cet espoir limité d'un avenir où, si seulement la
gentillesse, la civilité, l'acceptation et la
compréhension de la différence pouvait l'emporter,
tout ira bien, tout sera à nouveau merveilleux.
De la même manière, Justin Trudeau a été utilisé
par les champions du libéralisme du XIXe siècle
pour promouvoir la notion idiote selon laquelle
l'acceptation de la différence éliminerait le
racisme et les inégalités. Pendant les deux
premiers mandats du ministère Trudeau, cette idée
a été promue et nous l'avons vue s'effondrer peu à
peu face aux réalités de la vie. Depuis un certain
temps, la caricature en carton de Trudeau ne
fonctionne plus pour les gouvernants. Aujourd'hui,
elle n'est plus qu'un morceau de carton en
lambeaux, comme un panneau publicitaire abandonné
et délavé par le soleil, le vent et la pluie.
Le prétendu jeune leader branché devait éliminer
le racisme et la discrimination envers les femmes
et tout remettre en ordre. Sa prétendue
compréhension de la différence et sa capacité
inépuisable à s'excuser pour des crimes
prétendument passés, dont le gouvernement actuel
n'est pas responsable, et à placer les femmes, les
autochtones et les « personnes de couleur » à des
postes d'influence étaient censées être tout ce
dont on avait besoin. Mais aujourd'hui, ce récit
semble avoir été écrasé une fois pour toutes par
la porte tournante des opérateurs clés qui entrent
et sortent des salles de conseil et des postes
ministériels, en se mettant au service de
l'oligarchie financière et des forces armées, du
secrétariat d'État, de la sécurité intérieure et
des départements des États-Unis qui s'occupent de
tous les aspects de l'économie.
Les cercles dirigeants
sont maintenant à la recherche d'un nouveau récit.
Ils pataugent car la force de l'histoire est telle
qu'elle déboulonne la fraude qui est la marque des
élites dirigeantes réactionnaires aujourd'hui. Un
an après le coup d'État raté du 6 janvier 2021 aux
États-Unis, la cote de popularité du président
Biden est en chute libre. Il était censé être le
nouveau champion, capable de tout remettre en
ordre aux États-Unis. Au Canada aussi, l'image de
Trudeau est ternie et déchirée. Le fantasme
libéral collectif de ce que pourraient être nos
dirigeants si seulement nous le souhaitions
suffisamment fort s'est essoufflé. Il y a un vide
qu'ils cherchent désespérément à combler en
faisant la promotion de fausses croyances
idéologiques et de fraudes historiques.
Les articles de ce numéro du LML
traitent également de cette question. Il
appartient aux travailleurs de prendre les choses
en main et de devenir le remplaçant politique en
prenant en charge la prise de décision sur la base
d'un projet d'édification nationale qui leur est
propre.
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 1 - 9 janvier 2022
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2022/Articles/L520016.HTM
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|