L'état de la démocratie en ce début de 2022
Alors que débute l'année 2022, l'élément le plus
saillant et pertinent est que les cercles
officiels maintenant reconnaissent officiellement
la crise des institutions démocratiques dites
libérales. Les discussions au sein des cercles
dirigeants américains et canadiens font référence
à la « spirale de la mort de la démocratie ». Un
débat fait rage à savoir si la guerre civile a
éclaté le 6 janvier de l'année dernière lors du
coup d'État manqué visant à empêcher une
transition pacifique du pouvoir au nouveau
président, ou si elle éclatera en 2024 lors de la
prochaine élection présidentielle.
Barbara F. Walter, professeur de sciences
politiques à l'Université de Californie à San
Diego, fait partie d'un groupe consultatif de la
CIA, le Political Instability Task Force, qui
surveille tous les pays du monde et prédit
lesquels risquent le plus de sombrer dans la
violence. Dans un livre qui sortira bientôt, elle
écrit : « Personne ne veut croire que sa
démocratie bien-aimée est en déclin ou se dirige
vers la guerre. » Mais, « si vous étiez un
analyste dans un pays étranger et que vous
observiez les événements en Amérique – de
la même manière que vous observez les événements
en Ukraine, en Côte d'Ivoire ou au Venezuela –
vous dresseriez une liste de contrôle et
évalueriez chacune des conditions qui rendent la
guerre civile probable. Et ce que vous trouveriez,
c'est que les États-Unis, une démocratie fondée il
y a plus de deux siècles, sont entrés en
territoire dangereux. »
En effet, les États-Unis ont déjà traversé ce que
la CIA identifie comme les deux premières phases
de l'insurrection – les phases de «
pré-insurrection » et de « conflit naissant » –
« et seul l'avenir dira si la phase finale, «
l'insurrection ouverte », a commencé avec la mise
à sac du Capitole par les partisans de Donald
Trump le 6 janvier ».
La perception des États-Unis comme un pays
démocratique s'est tellement détériorée sous Trump
et depuis, que les États-Unis ne peuvent plus
techniquement être qualifiés de démocratie, nous
disent les experts. Citant l'ensemble de données
de l'indice « Polity » du Center for Systemic
Peace (celui que le groupe de travail de la CIA a
trouvé le plus utile pour prédire l'instabilité et
la violence), Barbara F. Walter écrit que les
États-Unis sont maintenant une « anocratie », ce
qui est décrit comme étant quelque part entre une
démocratie et un État autocratique.
La démocratie américaine, apprend-on, a reçu la
note maximale de 10 de l'indice Polity, ou proche
de celle-ci, pendant une grande partie de son
histoire. « Mais au cours des cinq années de l'ère
Trump, elle a dégringolé dans la zone de
l'anocratie; à la fin de sa présidence, le score
des États-Unis était tombé à 5, faisant de ce pays
une démocratie partielle pour la première fois
depuis 1800. « Nous ne sommes plus la plus
ancienne démocratie ininterrompue du monde »,
écrit Barbara F. Walter.
Pendant ce temps, la marque de commerce de
l'administration Biden est devenue
l'intensification de la concentration des pouvoirs
présidentiels tout en qualifiant cela de
démocratie. Le président semble animé par un sens
du désespoir, d'impuissance et d'humiliation, en
grande partie en raison du fait que le coronavirus
n'obéit pas aux mesures de son administration et à
son utilisation des pouvoirs exécutifs. Le recours
toujours plus fréquents aux pouvoirs présidentiels
vise à contrôler la guerre civile qui fait rage
aux États-Unis et à réaliser l'hégémonie
américaine au niveau international, dans des
conditions où des pays s'insurgent contre la quête
de domination américaine.
Pendant ce temps, les efforts des peuples du
monde entier pour conquérir directement le pouvoir
de décision continuent également de progresser,
comme le montre magnifiquement la lutte
victorieuse des fermiers en Inde pour l'abrogation
de trois lois anti-agricoles, et plus récemment au
Chili par les urnes, ainsi qu'au Honduras et au
Nicaragua, malgré l'ingérence des États-Unis dans
les élections. Au Chili, même du haut de leur
chaire, les prêtres catholiques considéraient que
c'était nécessaire de contrecarrer la propagande
réactionnaire américaine en déclarant clairement
que non, les communistes ne représentent pas un
danger pour le Chili, que les communistes n'ont
jamais tué personne au Chili, et que c'est au
peuple de faire naître les changements dont lui et
le pays ont besoin.
Partout, les événements en cours soulignent le
problème auquel l'humanité est confrontée, à
savoir la nécessité de renouveler la démocratie et
les institutions démocratiques si l'on veut que le
peuple contrôle les décisions qui affectent sa
vie. C'est précisément cet effort du peuple pour
contrôler les décisions qui affectent sa vie qui
est l'élément clé pour ouvrir une voie au progrès
dans cette transition historique bloquée par la
réaction et la rétrogression les plus sombres.
Le LML du
13 janvier portera sur ces développements.
Cet article est paru dans
Volume 52 Numéro 1 - 9 janvier 2022
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