Le 4 juillet et la bataille
de la démocratie
• Une
occasion de s'interroger sur ce que signifie «le
gouvernement du peuple, par le peuple et pour le
peuple»
- Kathleen Chandler -
• La
signification de la peine prononcée contre Derek
Chauvin
pour le meurtre de George Floyd
• Plus
de 100 organisations revendiquent la fin des
expulsions des réfugiés aux États-Unis
• Abus
et représailles contre les grévistes de la faim
dans les centres de détention des immigrants aux
États-Unis
• Le
massacre brutal de 1921 à Tulsa, en Oklahoma
À titre d'information
• Le concept «tous les
hommes sont créés égaux»
élimine la responsabilité
• Le
concept d'égalité dans la Déclaration
d'indépendance
Le 4 juillet et la bataille de la
démocratie
- Kathleen Chandler -
Ce 4 juillet marque le
jour où, en 1776, le deuxième Congrès continental
a adopté à l'unanimité la Déclaration
d'indépendance des États-Unis, marquant
ainsi la séparation officielle des 13 colonies
d'origine de la Grande-Bretagne au milieu de la
guerre d'Indépendance. Cette grande révolution a
proclamé en actes que le colonialisme britannique
pouvait être renversé. Elle a inspiré de nombreux
combattants anticolonialistes et révolutionnaires
dans le monde entier.
La guerre d'indépendance n'a cependant pas été
une révolution sociale, elle n'a que transféré les
leviers du pouvoir d'un groupe de propriétaires à
un autre, en consolidant le système de
l'esclavage. Les États-Unis ont été constitués
comme un État raciste dès le départ. Ils ont
procédé au vol des terres et au génocide des
peuples autochtones, parallèlement au système
d'esclavage, qui s'est poursuivi et amplifié.
Outre les Noirs, les femmes et les
«sans-propriété» n'étaient pas reconnus comme des
citoyens et étaient tous privés du droit de vote
et du droit de participer à la vie politique. Le
mot d'ordre de la révolution française «Égalité,
liberté et fraternité» ne s'appliquait qu'aux
propriétaires d'esclaves, aux propriétaires de
biens et aux propriétaires terriens. La
Constitution américaine a plus tard encore
renforcé le compromis entre l'esclavage et
l'oligarchie, pour bloquer l'élan révolutionnaire
incarné dans la Déclaration d'indépendance. Cela
incluait toute mention du droit à la révolution,
la remplaçant par l'impunité du gouvernement à
supprimer la résistance et l'«insurrection».
La formulation de la Constitution des États-Unis
qui dit « Nous, le peuple » et celle de la
Déclaration d'indépendance que le gouvernement est
un gouvernement « du peuple, par le peuple et pour
le peuple » est souvent évoquée pour dire qu'aux
États-Unis, le pouvoir décisionnel émane « du
peuple ». Rien ne pourrait être plus éloigné de la
vérité et les gens le savent. Le problème est que
cette conscience est canalisée dans la lutte pour
défendre et perfectionner la démocratie existante
alors que le contenu de la référence n'est pas
défini quand on utilise les mots « le peuple » et
« le gouvernement par le peuple ». Ce que
signifient « le peuple » et « gouvernement » dans
l'expression « gouvernement par le peuple » n'est
pas expliqué non plus. Ceux qui invoquent le
gouvernement du peuple, par le peuple et pour le
peuple prennent la Constitution comme point de
référence, et non la réalité concrète des
États-Unis à différentes conjonctures historiques.
Pour tous ceux qui recherchent un changement
favorable au peuple, si la réalité concrète n'est
pas le point de référence et si les réclamations
que les humains sont en droit de faire à la
société dans laquelle ils naissent et dont ils
produisent la richesse ne sont pas le point de
départ, le point de vue favorable au peuple reste
insaisissable.
Pour les pères fondateurs, « Nous, le peuple »,
c'était eux, considérés comme « les meilleurs et
les plus brillants », et donc les plus aptes à
gouverner. C'est la même conception qui est promue
aujourd'hui. Joe Biden l'a clairement exprimé
lorsqu'il s'est adressé à la session conjointe du
Congrès le 28 avril :
« Notre Constitution s'ouvre sur les mots, aussi
banals que cela puisse paraître, 'Nous, le
peuple'. Eh bien, il est temps de se rappeler que
'nous, le peuple', c'est le gouvernement, c'est
vous et moi. Ce n'est pas une force installée dans
une capitale lointaine, pas une force puissante
sur laquelle nous n'aurions aucun contrôle, il
s'agit de nous, 'nous, le peuple'. »
Joe Biden s'adresse aux personnes qui sont au
gouvernement, au Congrès, ce qui signifie que le «
vous et moi » n'est pas l'ensemble des personnes
composant le corps politique des États-Unis, mais
seulement celles qui sont au gouvernement. Et ceux
qui sont au gouvernement se réfèrent au pouvoir
exécutif, à son gouvernement, pas à tous ceux qui
composent le Congrès ou même leur propre parti au
Congrès. C'est le pouvoir exécutif qui exerce le
pouvoir décisionnel. L'administration Biden,
qu'elle s'adresse à la session conjointe du
Congrès, au sommet du G7 qui s'est tenu récemment
dans les Cornouailles, en Angleterre, ou au sommet
de l'OTAN qui s'est tenu à Bruxelles, affirme
clairement que son gouvernement est aux commandes
et que personne ne doit l'oublier.
Joe Biden fait également
référence à la démocratie existante et à
l'inquiétude des dirigeants qui craignent que la
légitimité de leur pouvoir soit remise en
question, que la majorité les considère de plus en
plus comme n'étant plus aptes à gouverner. Il
déclare : « La question de savoir si notre
démocratie perdurera est à la fois ancienne et
urgente. Aussi ancienne que notre République.
Encore vitale aujourd'hui. Notre démocratie
peut-elle tenir sa promesse que nous tous, créés
égaux à l'image de Dieu, avons la possibilité de
mener une vie de dignité, de respect et
d'opportunités ? » En réponse à sa propre
question et exprimant sa préoccupation morbide de
la défaite des États-Unis, il n'offre pas de
solution concrète, mais fait une déclaration de
foi. Il est hypnotisé par sa propre conviction que
son gouvernement, au service des oligopoles et de
leur rivalité pour la domination mondiale,
réussira à faire triompher les États-Unis : « Nous
relèverons le défi central de l'époque en prouvant
que la démocratie est durable et forte. Les
autocrates ne gagneront pas l'avenir, nous le
ferons. L'Amérique le fera. Et l'avenir appartient
à l'Amérique. [...] Nous avons regardé dans
l'abîme de l'insurrection et de l'autocratie, de
la pandémie et de la douleur. Et 'nous, le
peuple', n'avons pas bronché. Au moment même où
nos adversaires étaient certains que nous nous
séparerions et échouerions, nous nous sommes
réunis. [...] Nous avons rassemblé une nouvelle
force, une nouvelle détermination pour nous
positionner pour gagner la compétition du XXIe
siècle. »
Joe Biden, comme Trump,
Obama, Bush et Clinton avant lui, prend part à une
lutte intestine qui se mène entre les factions
dirigeantes des États-Unis qui s'affrontent, tout
en ignorant la réalité de la bataille entre deux
Amériques, celle des riches et de leur
gouvernement, et celle de la multitude qui fait
ses réclamations à la société, qui affirme les
droits de tous alors que le peuple des États-Unis
se bat pour avoir une voix décisive sur toutes les
questions qui le concernent. L'Amérique du peuple
n'est pas l'Amérique des riches et de leur
gouvernement. Les nombreuses manifestations et
actions de toutes sortes, les pétitions, les
webinaires, les SMS et les appels de masse
témoignent de la volonté d'établir de nouveaux
arrangements qui investissent le peuple du pouvoir
de décider. Cela s'est manifesté dans les
batailles persistantes et déterminées contre les
meurtres racistes de la police, pour la justice et
l'égalité et pour les droits des immigrants et des
réfugiés, où il a été fermement dit : « Ce n'est
pas notre Amérique, ce n'est pas notre démocratie.
»
Prétendant que les États-Unis ne sont pas
assiégés de toutes parts lorsqu'il se demande « si
notre démocratie durera longtemps », Joe Biden
tente pitoyablement de sauver la situation en
citant le discours d'Abraham Lincoln à Gettysburg,
à l'époque de la guerre civile. Il le fait non
seulement pour perpétuer la perversion selon
laquelle c'est Lincoln qui a émancipé les
esclaves, et non les esclaves eux-mêmes, mais
aussi tenter de donner un nouveau souffle à
l'expression « le gouvernement du peuple, par le
peuple et pour le peuple » afin de revêtir sa
démocratie de couleurs qu'elle n'a pas. Le
discours de Lincoln de 1863 commence par une
référence à la Déclaration d'indépendance : « Il y
a quatre-vingt-sept ans, nos pères donnèrent
naissance sur ce continent à une nouvelle nation
conçue dans la liberté et vouée à la thèse selon
laquelle tous les hommes sont créés égaux. »
Lorsque Lincoln prononçait le discours de
Gettysburg, il luttait contre le pouvoir
esclavagiste et avait donc du mal à faire
référence à la Constitution, puisqu'elle
approuvait le pouvoir esclavagiste et était un
compromis avec lui. Notez qu'il dit « vouée à la
thèse selon laquelle tous les hommes sont créés
égaux », ce qui est différent de la formulation
que l'on trouve dans la Déclaration d'indépendance
qui parle plutôt d'une « vérité évidente » que
tous les hommes sont créés égaux, c'est-à-dire
qu'aucune preuve n'est nécessaire. En disant que
c'est une thèse, il en fait une aspiration à cette
« union plus parfaite » à laquelle les présidents
se réfèrent régulièrement pour justifier les
crimes et les injustices. En tant qu'aspiration,
elle est également utilisée en partie pour
justifier le maintien des structures
gouvernementales d'inégalité qui sont garanties
par la Constitution.
Lincoln poursuit : « Nous sommes maintenant
engagés dans une grande guerre civile, épreuve qui
vérifiera si cette nation, ou toute autre nation
ainsi conçue et vouée au même idéal, peut
longtemps perdurer. » Il conclut que la tâche
consiste à faire en sorte « que le gouvernement du
peuple, par le peuple et pour le peuple ne
disparaîtra jamais de la surface de la terre ».
Cette formulation, comme celle de Joe Biden et
celle de la Constitution, sépare habilement le
peuple du gouvernement. Cela se voit également
dans le premier amendement de la Constitution
américaine qui dit : « Le Congrès n'adoptera
aucune loi relative à l'établissement d'une
religion, ou à l'interdiction de son libre
exercice; ou pour limiter la liberté d'expression,
de la presse ou le droit des citoyens de se réunir
pacifiquement ou d'adresser au Gouvernement des
pétitions pour obtenir réparations des torts
subis. » Cette formulation sépare le gouvernement
et le peuple, tout comme l'expression « nous, le
peuple » désigne le gouvernement. La séparation
est nécessaire pour permettre les structures
d'inégalité qui imprègnent la Constitution, le
gouvernement étant supérieur au peuple, à la
multitude, à la majorité.
Pour Lincoln, la guerre civile ne consistait pas
à éliminer le compromis avec l'esclavage inscrit
dans la Constitution. Le système du travail
esclavagiste était devenu de facto incompatible
avec le système du travail salarié. La guerre
civile, c'était le pouvoir industriel qui
cherchait à vaincre le pouvoir esclavagiste, les
deux existant au nord comme au sud. Ainsi, pour
Lincoln, l'enjeu était de savoir qui exercerait le
pouvoir national et comment cela devait être
déterminé et réalisé.
Lincoln parle de
s'assurer que le gouvernement du peuple, par le
peuple et pour le peuple « ne disparaisse jamais
de la surface de la terre ». Mais un problème que
les dirigeants ne peuvent surmonter est que la
guerre civile et la reconstruction qui a suivi, la
lutte du peuple pour l'émancipation ayant été
décisive dans les deux cas, ont servi à faire
progresser la révolution démocratique issue de la
lutte anticoloniale contre les Britanniques. Cette
avancée signifiait qu'une forme de propriété
privée, le système de l'esclavage, était en fait
remplacé par un système d'esclavage salarié, le
métayage étant l'une des formes qu'il a prise.
Cette réalisation a prouvé historiquement que la
propriété privée peut être abolie. Bien que la
lutte du peuple pour le pouvoir ait été vaincue en
1877 par l'usage de la force et du terrorisme, la
guerre civile est la preuve irréfutable que la
propriété privée peut être abolie – puisque
cela s'est produit. Néanmoins, l'oligarchie en
tant que classe existait toujours et la lutte pour
savoir qui détiendrait le pouvoir politique, le
pouvoir de décision, faisait rage. Pour les
riches, le défi consistait à perpétuer le
compromis entre les factions au pouvoir afin de
régner effectivement sur la multitude.
Ce pacte pour régner sur le peuple et la
nécessité de concilier les intérêts sont au coeur
de toutes les théories de la constitution et du
pouvoir constitutionnel aux États-Unis. Mais ce
compromis est incompatible avec l'aspiration du
peuple à s'investir du pouvoir de décider.
Un autre problème avec l'utilisation de
l'expression « gouvernement du peuple, par le
peuple et pour le peuple » comme point de
référence aujourd'hui est que la référence est à
la Constitution américaine, avec ses compromis
avec l'oligarchie et les structures d'inégalité.
Les besoins de l'époque rejettent les deux. Une
constitution moderne doit nécessairement rejeter
les deux. Un point de vue favorable aux intérêts
du peuple exige d'investir le peuple de la
souveraineté, du pouvoir de décision, et de
trouver des moyens de le faire qui ne soient pas
basés sur un remaniement des structures actuelles
d'inégalité.
Pour faire progresser la démocratie aujourd'hui,
le point de référence n'est pas la Constitution
des États-Unis et le mantra selon lequel elle peut
être améliorée. Il faut un point de référence
entièrement nouveau, où le pouvoir émane du peuple
et des réclamations qu'il est en droit de faire à
la société dans laquelle il naît ou dans laquelle
il réside en permanence. Comme le peuple persiste
à prendre sa place, il donne naissance à des
processus politiques qui respectent nécessairement
les relations d'égalité. La question de la
suprématie politique et de sa définition exige que
le peuple définisse qui est « le peuple » en vertu
de son acte de faire les réclamations qu'il se
croit en droit de faire. Les gouvernants, en
définissant le peuple comme le gouvernement et en
séparant les gouvernants des gouvernés, agissent
pour empêcher le peuple de s'investir lui-même du
pouvoir suprême. L'utilisation de la Constitution
et du gouvernement « du peuple, par le peuple et
pour le peuple » comme point de référence pour
définir une démocratie moderne tombe dans de
nombreux pièges que le peuple désireux de
s'investir de pouvoir veut éviter.
Dans une démocratie populaire, le peuple décide
par lui-même de ce qui doit être fait dans des
conditions et des circonstances spécifiques. Le
pouvoir d'écarter ceux qui bloquent la mise en
oeuvre des décisions du peuple ou qui commettent
des crimes contre le peuple, comme la guerre
d'agression ou la planification et l'instigation
de telles guerres, ou qui participent à des actes
que le peuple considère comme de la violence,
comme les policiers tueurs et les drones tueurs,
les tiendra responsables. La question est de
savoir qui exerce le pouvoir de décision et au
service de quel pouvoir.
C'est ce qui est en jeu en ce 4 juillet aux
États-Unis.
Manifestation à Minneapolis, Minnesota, le 19
avril, le jour où le verdict a été rendu dans le
procès de Derek Chauvin
À la suite de la décision des tribunaux
d'imposer une peine de seulement 22,5 années à
Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd – ce
qui le rend admissible à une libération
conditionnelle dans 15 ans – plusieurs membres de
la communauté sont en colère parce que cette
sentence ne répond pas à leur exigence de justice
et de responsabilité. Plusieurs ont demandé des
accusations de meurtre au premier degré,
lesquelles mènent à une peine de prison à vie au
Minnesota. L'accusation de meurtre au deuxième
degré contre Derek Chauvin prévoit une peine
d'incarcération maximale de 40 ans, mais même
cette peine n'a pas été retenue. D'autant plus
qu'il a aussi été déclaré coupable d'homicide
involontaire et de meurtre au troisième degré. Le
juge aurait l'autorité d'imposer une peine pour
chacune des accusations à purger consécutivement.
Au Minnesota, la peine maximale pour homicide
involontaire est de 10 ans, et pour meurtre au
troisième degré, de 9 ans, ce qui ferait 59 ans en
tout.
Nombreux sont ceux qui
comparent la peine de 22,5 ans imposée à Chauvin
pour le meurtre de George Floyd aux peines plus
longues purgées par les Afro-Américains et les
Portoricains pour des délits semblables ou moins
graves. Une personne sur sept dans les prisons
américaines purge une peine d'emprisonnement à
perpétuité, souvent pour des crimes moins violents
que l'homicide. Parmi eux, 3 972 personnes purgent
des peines d'emprisonnement à perpétuité pour des
infractions liées à la drogue. Plus de deux-tiers
des personnes purgeant des peines d'emprisonnement
à perpétuité sont des gens de couleur, et un homme
noir sur cinq en prison purge une peine
d'emprisonnement à perpétuité, souvent pour des
crimes moins graves que celui de Chauvin.
En outre, des prisonniers politiques portoricains
ont reçu des peines de 60 à 75 ans pour
conspiration seulement, sans qu'aucun acte de
violence n'ait été commis. Leonard Peltier, le
dirigeant autochtone accusé de meurtre, un meurtre
que même le gouvernement admet qu'il n'a pas
commis, est incarcéré depuis 46 ans. Il a
maintenant 77 ans, mais le gouvernement refuse
toujours de le libérer.
La peine prononcée contre Derek Chauvin n'aura
pas non plus d'effet dissuasif sur les meurtres
racistes par la police. Aussi longtemps que l'État
américain et ses agences de police à tous les
niveaux refuseront d'assumer la responsabilité de
leurs propres actes, de tels meurtres vont se
poursuivre jusqu'au jour où le peuple lui-même
réussira à y mettre fin. Les dirigeants n'assument
aucune responsabilité parce qu'ils croient qu'ils
n'auront jamais à en subir les conséquences. C'est
là qu'ils se trompent.
Rassemblement à Minneapolis le 20 avril 2021, le
jour où le verdict de culpabilité a été rendu
contre Chauvin.
Dans une lettre datée du 30 juin 2021, 105
organisations ont écrit au président Joe Biden
pour revendiquer la fin des expulsions des
réfugiés en vertu du titre 42 du Code des
États-Unis. Les expulsions sous le titre
42 sont des renvois par le gouvernement des
États-Unis des personnes qui ont été récemment
dans un pays où une maladie transmissible est
présente. Ce titre a été mis en place sous le
prétexte de combattre la COVID-19. Cette lettre
fait état du sort des réfugiés aujourd'hui et de
l'état de la violation des droits humains par
l'administration des États-Unis. Voici le texte
de la lettre.
Cher président Biden,
Nous, les 105
organisations soussignées, écrivons pour exprimer
notre inquiétude et notre déception que votre
administration envisage de continuer à utiliser la
politique d'expulsion illégale du titre 42 pour
détenir et expulser les demandeurs d'asile adultes
pendant au moins deux mois de plus et peut-être
utiliser des mesures punitives telles que des
bracelets électroniques et une procédure accélérée
de renvoi des familles. Non seulement la politique
du titre 42 viole-t-elle la loi et les traités des
États-Unis sur les réfugiés, mais elle met
également en danger les personnes cherchant la
protection des États-Unis, avec plus de 3 250
enlèvements, viols et autres attaques contre des
personnes expulsées ou retenues à la frontière
américano-mexicaine depuis votre entrée en
fonction. Ce nombre augmente à chaque jour où
votre administration ne met pas fin à cette
politique. Nous exhortons votre administration à
annuler complètement cette politique pour toutes
les populations, à se conformer à la loi
américaine sur les réfugiés et à faire en sorte
que les demandeurs d'asile noirs, LGBTQ et autres
demandeurs d'asile adultes, dont beaucoup ont été
refoulés ou expulsés aux points d'entrée, ainsi
que les familles et enfants, aient un accès rapide
au système pour les demandeurs d'asile des
États-Unis.
Beaucoup de nos organisations ont demandé à
plusieurs reprises à votre administration de
mettre fin à la politique d'expulsion selon le
titre 42 et de reprendre le traitement des
demandeurs d'asile pour les personnes cherchant
refuge. Des mesures rationnelles et scientifiques,
recommandées par des experts en santé publique,
existent pour atténuer les préoccupations liées à
la COVID-19 et traiter en toute sécurité les
demandeurs d'asile à la frontière. L'utilisation
du titre 42 – décrit comme un « spécial
Stephen Miller » par un ancien responsable de
l'administration Trump – a été mise en oeuvre
malgré les objections d'experts de haut niveau des
centres pour le contrôle et la prévention des
maladies (CDC) et a été largement discréditée par
les épidémiologistes et les experts de la santé
publique qui ont confirmé qu'il ne comprend «
aucune base scientifique en tant que mesure de
santé publique ». Ces experts ont fourni des
recommandations détaillées pour le traitement
sécuritaire des demandeurs d'asile à votre équipe
de transition, au CDC et à d'autres fonctionnaires
de votre administration. En mai 2021, des experts
médicaux du département de la Sécurité intérieure
(DHS) ont déposé une dénonciation condamnant la
politique pour son absence de justification en
matière de santé publique et pour avoir alimenté
la séparation généralisée des familles et la
détention d'enfants. Les professionnels de la
santé qui dispensent des soins dans les campements
et les refuges à Tijuana ont également dénoncé la
politique d'expulsion comme une menace à la santé
et à la sécurité des migrants.
Les organisations de
défense des droits humains et les médias ont
documenté les dangers croissants auxquels sont
confrontés les demandeurs d'asile et les migrants
soumis à la politique du titre 42, dont beaucoup
ont été contraints de vivre dans des conditions
sordides et dangereuses dans plusieurs des
nouveaux camps près de la frontière. Le personnel
juridique et humanitaire qui travaille avec les
migrants soumis à la politique a également fait
face à de graves risques à sa sécurité. La
politique du titre 42 a également entraîné des
séparations familiales, car elle présente aux
familles le choix impossible de garder les enfants
dans une situation dangereuse ou de les envoyer
traverser seuls la frontière pour leur sécurité.
En conséquence, de nombreux adultes qui sont
maintenant seuls et bloqués au Mexique tentent
désespérément de retrouver leurs enfants placés
sous la garde du Bureau de réinstallation des
réfugiés ou avec leur famille aux États-Unis.
La politique d'expulsion a touché de manière
disproportionnée les demandeurs d'asile d'Afrique,
des Caraïbes et d'ailleurs, qui n'ont pas été
placés sous les protocoles de protection des
migrants (MPP) et ne sont pas éligibles au
traitement de leur cas aux États-Unis dans le
cadre de la phase 1 ou de la phase 2 du retrait de
la politique. Les demandeurs d'asile noirs et
LGBTQ bloqués au Mexique en vertu de la politique
d'expulsion et incapables de demander une
protection à un point d'entrée continuent de faire
face à la discrimination et subissent des
violences ciblées. Des rapports récents indiquent
que même si votre administration peut mettre fin
en juillet à la politique pour les familles, elle
peut continuer à soumettre les demandeurs d'asile
adultes à la politique pendant au moins deux
mois – un délai inacceptable qui prolongerait
les disparités dans l'accès à la protection et
aurait un impact disproportionné sur les
demandeurs d'asile parmi les Noirs des pays
d'Afrique et des Caraïbes, ainsi que sur les
réfugiés LGBTQ et les autres personnes qui ne
voyagent pas avec des enfants. Une telle approche
serait totalement indéfendable. Les garanties de
santé publique n'exigent ni ne justifient en aucun
cas des traitements disparates entre les familles
et les adultes arrivant seuls. De plus, une telle
approche est contraire à la loi américaine sur les
demandeurs d'asile et aux dispositions de
non-discrimination de la Convention sur les
réfugiés.
Nous sommes préoccupés par le fait que cette
administration continue de considérer la
dissuasion comme une stratégie pour traiter les
demandeurs d'asile à la frontière. Les bracelets
électroniques, les demandes de budget pour une
détention prolongée et le renvoi accéléré font
partie d'une stratégie de dissuasion inhumaine et
inefficace. Une telle stratégie aussi cruelle est
une forme déguisée de déclaration qui dit « Ne
venez pas ». Les dispositifs de surveillance
électronique sont une mesure particulière qui
porte atteinte à la vie privée et qui cause des
dommages physiques et émotionnels ayant un impact
négatif sur les taux de comparution, en opposition
à des services appropriés de gestion des cas à
partir des communautés. En ce qui concerne les
renvois accélérés, bon nombre de nos
organisations, ainsi que la Commission bipartite
des États-Unis sur la liberté de religion
internationale, ont depuis longtemps constaté que
les agents des douanes et de la protection des
frontières (ICE) et les agents des services de
patrouille frontalière ne respectaient pas les
procédures de base requises pour identifier les
personnes qui doivent être référées pour des
entrevues parce qu'elles ont des craintes
légitimes, et ont constaté l'intimidation et la
coercition des demandeurs d'asile pour qu'ils
retirent leurs demandes de protection.
Bien que nous appréciions grandement les efforts
continus de votre administration pour traiter de
manière sécuritaire certains demandeurs d'asile
soumis au MPP, nous demeurons très préoccupés par
le fait que l'administration Biden continue de
bloquer et d'expulser les demandeurs d'asile vers
les mêmes situations dangereuses en vertu de la
politique du titre 42. Dans une rare déclaration
publique appelant ce pays à respecter ses
obligations légales, le Haut-Commissariat des
Nations unies pour les réfugiés a récemment
exhorté les États-Unis à mettre fin rapidement à
cette politique et à « rétablir l'accès à la
demande d'asile pour les personnes dont la vie en
dépend, conformément aux obligations légales et en
matière de droits humains. »
À l'approche du 70e anniversaire de la Convention
sur les réfugiés en juillet, nous exhortons votre
administration à mettre fin immédiatement à son
utilisation abusive de l'autorité de santé
publique en vertu du titre 42, à rétablir le
traitement des demandes d'asile conformément aux
lois et traités des États-Unis sur les réfugiés
pour tous les demandeurs d'asile – y compris
aux points d'entrée américains – et à donner
l'exemple au reste du monde en accueillant les
réfugiés dans la dignité.
Respectueusement,
[Signé]
On peut lire la liste complète des signataires en
cliquant
ici.
Nous publions ci-dessous une partie du
résumé d'un récent rapport de Physicians for
Human Rights (Médecins pour les droits humains)
et de l'American Civil Liberties Union (Union
américaine pour les libertés civiles) concernant
la résistance des réfugiés détenus faisant des
grèves de la faim, dont beaucoup sont des
femmes, et les violations de leurs droits
humains par les États-Unis.
Alors que le rapport parle d'alimentation
forcée, d'utilisation de chambres froides et
d'isolement cellulaire, les femmes grévistes de
la faim ont également souligné que des menaces
sont proférées en utilisant leurs enfants. Les
agents de l'Immigration and Customs Enforcement
(Services d'immigration et de douane des
États-Unis) ou ICE, menacent par exemple de
retirer les enfants ou d'empêcher les mères de
les voir afin de les contraindre à mettre fin
aux grèves. À ce jour, la plupart des centres de
détention concernés restent ouverts.
M. Otieno (un pseudonyme), un demandeur d'asile
originaire d'Afrique de l'Est, est l'une des
nombreuses personnes détenues par l'Immigration
and Customs Enforcement (ICE) aux États-Unis qui
ont entamé une grève de la faim pour protester
contre les mauvaises conditions et demander leur
libération pendant la pandémie de COVID-19. Plutôt
que d'écouter sa requête, l'ICE a riposté en
l'enfermant dans une pièce glaciale, en le
nourrissant de force par une sonde nasogastrique
contre son gré et en le transférant dans trois
établissements différents. Ce n'est qu'après
l'avoir soumis à tout cela que l'ICE l'a
finalement libéré de détention à la fin de 2020.
M. Otieno, qui a perdu 28 livres et prend
maintenant des médicaments pour le trouble de
stress post-traumatique (SSPT) et la dépression,
l'a décrit comme « une expérience que je ne
souhaiterais pas à mon pire ennemi. » Il a dit : «
Ils m'ont mis sur un lit et m'ont menotté à une
civière médicale d'urgence. » Il a ajouté : «
[Ils] vous ligotent par la poitrine, la taille,
les jambes, de manière très serrée, il ne sert à
rien de riposter parce que vous êtes là avec six
officiers masculins forts et trois infirmières, et
il n'y a rien que vous puissiez faire. » Le
médecin a prétendu avoir une ordonnance
judiciaire, mais il a refusé de la lui montrer. M.
Otieno a vu deux autres grévistes de la faim qui
ont également été gavés de force.
La décision d'entamer une grève de la faim en
détention pour migrants n'est pas prise à la
légère. Le refus de manger d'une personne détenue
peut être la dernière option disponible pour
porter plainte, après l'échec de toutes les autres
méthodes de pétition. Des personnes détenues et
emprisonnées dans le monde entier ont entamé des
grèves de la faim pour plaider en faveur de
conditions humaines de détention ou de libération
de captivité et pour attirer l'attention sur des
appels plus larges à la justice.
Chaque jour, le
gouvernement des États-Unis enferme de façon non
nécessaire des milliers de personnes en détention
civile pour immigrants, y compris des enfants,
dans plus de deux cents centres de détention pour
immigrants partout au pays.
Les gens peuvent être enfermés pendant de
nombreux mois, voire des années, en attendant le
jugement final de leur cas ou leur expulsion.
Piégées dans un système marqué par les mauvais
traitements et les abus, la négligence médicale et
la négation d'une procédure régulière, des
centaines de personnes en détention pour
immigrants s'engagent chaque année dans des grèves
de la faim comme moyen de protestation. Le refus
de l'ICE de fournir des conditions de détention
sécuritaires et humaines pendant la pandémie de
COVID-19 n'a fait qu'aggraver les problèmes des
personnes détenues. Bien que certains détenus, à
l'occasion, soient en mesure d'attirer l'attention
de l'extérieur sur leurs grèves de la faim, on
sait très peu de choses sur la réponse systémique
de l'ICE aux détenus en grève de la faim.
Ce rapport fournit pour la première fois un
examen approfondi à l'échelle nationale de ce qui
arrive aux personnes qui font la grève de la faim
pendant leur détention par l'ICE. Pour le résumé
complet,
cliquez ici.
Tulsa à la suite du massacre de 1921
Cette année est le 100e anniversaire du
massacre brutal perpétré à Tulsa, en Oklahoma,
en 1921. Alors que partout aux États-Unis les
gens commémoraient le massacre et dénonçaient
l'héritage raciste que les États-Unis continuent
d'imposer, le président Joe Biden a décidé de
visiter Tulsa pour y reprendre la désinformation
délibérée voulant que des « masses » de «
suprémacistes blancs » étaient responsables du
massacre. Selon cette désinformation, c'est la «
haine » de ces « masses » qui est la véritable
responsable du massacre, et non le gouvernement
fédéral, ni la police ni les forces
gouvernementales, dont le maire, qui
protégeaient tous activement les racistes et les
terroristes – comme le KKK – organisés
par le gouvernement.
En 1921, Tulsa, comme pour un grand nombre de
villes américaines, était ségréguée en vertu de
la loi. Le massacre a ciblé la communauté
afro-américaine de Greenwood qui, à cette
époque, était florissante. L'attaque n'était pas
un accident. C'était en partie un accaparement
des terrains par le maire et les responsables de
la ville et aussi un moyen de contrer le succès
et l'indépendance croissants de Greenwood et de
donner une leçon à tous ceux qui luttent pour
l'égalité et qui s'opposent au racisme du
gouvernement.
Le gouvernement était directement impliqué, non
seulement par l'imposition de lois
ségrégationnistes racistes, ou parce qu'il
appuyait le maire qui était un membre du KKK,
mais aussi parce qu'il a déployé des troupes
munies de mitrailleuses et d'avions appartenant
à l'armée pour bombarder cette zone et réduire
la ville en ruines. Un examen des photos
confirme que des édifices en briques ont été
réduits en ruines, ce qui confirme que ce niveau
de destruction ne pouvait pas être dû qu'aux
incendies. La garde nationale a été appelée par
le gouverneur. Dès le lendemain du massacre, le
vol des terrains est devenu évident quand Tulsa
a adopté des lois de zonage pour empêcher
Greenwood d'être reconstruit tandis que les
gouvernements à tous les niveaux ont tout fait
pour que les crimes soient dissimulés et que la
communauté afro-américaine elle-même soit
pointée du doigt. Les fosses communes qui
viennent d'être découvertes – 27 au dernier
compte – et le fait que l'attaque a fait des
milliers de blessés et de sans-abri témoignent
de la violence et de la brutalité subies par
l'ensemble de la communauté.
Tulsa n'était pas un incident isolé. Il fait
suite aux grandes rébellions qui se sont
produites dans les communautés afro-américaines
à travers le pays en 1919, également violemment
réprimées par le gouvernement. Les troupes
afro-américaines rentraient chez elles après la
Première Guerre mondiale et étaient en colère
contre le racisme et la discrimination organisés
auxquels elles étaient confrontées, notamment en
raison des lois imposant des écoles, des
logements ségrégués et plus encore. En effet,
des dizaines de soldats afro-américains à Tulsa
se sont ralliés et se sont armés pour appuyer et
défendre Greenwood, y compris contre un lynchage
planifié.
Tulsa a également lieu dans le contexte de la
révolution russe de 1917 qui a inspiré les
peuples du monde entier alors que le nouveau
gouvernement reconnaissait les droits humains de
tous et affirmait que chaque personne était
légitime et qu'il n'y aurait pas de citoyens de
seconde classe. L'organisation se produisait
parmi les travailleurs qui unissaient
noirs et blancs, ce qui effrayait les
dirigeants, provoquant une répression brutale,
l'usage de la terreur du KKK et plus encore.
C'est le contexte du massacre.
Lorsque le président Biden a visité le site à
l'occasion du 100e anniversaire, il a
ouvertement cherché à dissimuler le rôle du
gouvernement américain d'hier et d'aujourd'hui
dans la perpétration de ces crimes. Il a même
prétendu que des « avions privés » avaient été
utilisés en dépit du fait que plusieurs rescapés
ont affirmé que l'armée et divers corps
policiers étaient impliqués, tirant dans la
foule.
Joe Biden mentionne que certains gouverneurs et
représentants au Congrès étaient à l'époque
membres du KKK, mais ne tient pas le
gouvernement d'hier et d'aujourd'hui
responsable. Il relate certains événements, y
compris le « redlining » (une pratique
discriminatoire consistant à refuser ou à
limiter les prêts aux populations situées dans
des zones géographiques déterminées) et le «
eminent domain » (le pouvoir du gouvernement
fédéral d'exproprier à des fins privées) visant
à cibler et détruire Greenwood de nouveau, après
le massacre, après que les gens se sont relevés
pour ensemble rebâtir la communauté. Malgré
toutes les preuves indiquant le contraire, Joe
Biden s'en tient au mantra que les États-Unis
sont les plus grands défenseurs des droits
humains, comme si tous les crimes qu'ils
commettent ne sont que des aberrations dont il
ne faut pas vraiment tenir compte.
Le « redlining » était une forme codifiée de
racisme qui a façonné les villes aux États-Unis
et les façonne toujours aujourd'hui. Des cartes
d'il y a près d'un siècle, dessinées par la
Société de prêts aux propriétaires de maison
(SPPM), sont basées sur la perception que les
populations immigrantes sont « dangereuses ». La
présence de personnes noires représentait une «
influence négative » ou encore une «
infiltration ». Des lignes étaient tracées en
rouge foncé sur les cartes pour mettre en relief
les quartiers où vivaient les gens de couleur,
d'où l'expression « redlining ». Les lignes
vertes mettaient en relief les zones «
sécuritaires » où la presque totalité des
familles étaient blanches.
Dans les années 1930, ces cartes de « sécurité
résidentielle » servaient de guide aux
professionnels de l'immobilier et aux
responsables du crédit. Ces cartes classaient
les régions partout au pays selon qu'elles
méritaient qu'on y investisse ou qu'elles
étaient considérées trop « à risque » par les
prêteurs hypothécaires. Le calcul du « risque »
était basé uniquement sur la composition raciale
de la communauté.
Ces cartes étaient du racisme codifié. Bien
qu'il ait éventuellement été déclaré illégal, le
« redlining » se poursuit sous diverses formes.
Par exemple, une étude publiée en 2018 confirme
que 64 % des quartiers ayant été classés «
dangereux » par la SPPM demeuraient des
quartiers minoritaires ségrégués, plus souvent
qu'autrement afro-américains. Soixante-quatorze
pour cent des quartiers étiquetés « dangereux »
sont toujours des quartiers minoritaires
ségrégués à revenus de faibles à modérés. Une
étude en 2017 a montré que des régions classées
comme étant à risque élevé sur les cartes de la
SPPM sont devenues de plus en plus ségréguées au
cours des 30-35 années suivantes et qu'elles ont
vu une baisse à long terme de la propriété et de
la valeur domiciliaire. Le gouvernement fédéral
et les agences financières qu'il gère sont
depuis longtemps responsables de l'imposition et
du maintien de cette ségrégation.
Cette pratique ouvertement raciste a exclu les
Américains noirs et ciblé les communautés
pendant plusieurs générations, en imposant des
écoles inéquitables et en empêchant l'accès au
capital, au financement gouvernemental pour la
propriété domiciliaire et à tous les attenants
de base de ce qu'on appelle communément la
création de la richesse. Conçu au temps du New
Deal, le programme de la Société de prêts aux
propriétaires de maison devait en principe
atténuer les impacts de la Grande Dépression,
mais a plutôt créé des régions vouées au
désinvestissement et à la concentration de la
pauvreté.
Après le « redlining », d'autres efforts
dommageables ont été déployés, tels que le «
renouvellement urbain », qui a vidé des
quartiers pour faire place à la construction de
projets domiciliaires et d'autoroutes, déplaçant
pour ce faire les communautés de couleur et
transformant une fois de plus le paysage
géographique urbain. Encore aujourd'hui, les
minorités sont constamment exclues des régions
dites d'« immobilier de luxe », ou encore sont
contraintes de vivre dans des quartiers
ségrégués.
Le rôle que joue le président Biden est de
défendre les crimes commis par les États-Unis et
d'omettre de parler des crimes et de réparation.
Il en est ainsi parce que ces crimes se
poursuivent encore aujourd'hui et tout est fait
pour que la question d'exiger des comptes ne
soit pas soulevée. Joe Biden ne parle pas des
structures gouvernementales permanentes
d'inégalité qui non seulement perpétuent cette
inégalité, mais font en sorte que les problèmes
sociaux et politiques sont exacerbés au
centuple, comme en témoigne les meurtres
racistes aux mains de la police, le manque de
traitements pour la COVID-19 et le manque de
soins de santé de façon générale, ainsi que la
discrimination pour ce qui a trait à l'emploi et
au logement. Joe Biden ne parle pas du manque de
mécanismes permettant au peuple de tenir le
gouvernement responsable alors que c'est la
recherche de solutions à ce problème qui est au
coeur des nombreuses batailles pour la justice
qui se mènent actuellement.
(Voice of Revolution,
Organisation marxiste-léniniste des
États-Unis)
À titre
d'information
Le 4 juillet 1776 était signée la Déclaration
d'indépendance des États-Unis avec sa formule
désormais célèbre : « Nous tenons pour évidentes
pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous
les hommes sont créés égaux; ils sont doués par
leur Créateur de certains droits inaliénables;
parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté
et la recherche du bonheur. »
Cette phrase est bien connue en partie parce
qu'elle est si souvent répétée par les
présidents. Mais surtout, elle est connue parce
que l'inégalité est si répandue aux États-Unis
et dans les relations entre les États-Unis et
les autres pays. Si l'on replace la phrase dans
son contexte historique, à tout moment de
l'histoire des États-Unis depuis leur
constitution, la phrase sur l'égalité est
surtout utilisée pour promouvoir
l'exceptionnalisme américain. Aujourd'hui, cela
prend le plus souvent la forme d'une distinction
: les États-Unis comme étant exceptionnels et
indispensables, à qui tous les pays doivent s'en
remettre.
Lors de la conférence de presse qu'il a donnée
après sa rencontre avec le président russe
Vladimir Poutine le 16 juin, Joe Biden l'a
formulée ainsi : « J'ai dit clairement au
président Poutine que nous continuerons de
soulever les questions des droits humains
fondamentaux parce que c'est ce que nous sommes,
c'est qui nous sommes. L'idée est la suivante :
'Nous considérons que ces vérités sont évidentes
pour tous les hommes et toutes les femmes.' Nous
ne l'avons pas complètement respectée, mais nous
avons toujours élargi l'arc de notre engagement
et inclus de plus en plus de personnes. »
Il a poursuivi : «
Quelle est cette idée ? Nous ne tirons pas nos
droits du gouvernement; nous les possédons parce
que nous sommes nés – point. Et nous les
cédons à un gouvernement. »
Cette déclaration est incohérente, car on ne
peut pas posséder ou conserver un droit et en
même temps le céder au gouvernement. Un droit
humain vous appartient en tant qu'être humain et
ne peut pas être donné, reçu, concédé ou retiré.
Il vous appartient de droit et ce droit implique
qu'il existe dans son affirmation, dans
l'affirmation de la personne humaine qui réclame
à la société ce qui lui appartient en tant
qu'être humain et membre de cette société. Voilà
ce qu'est un droit. C'est l'expression d'une
réalité concrète.
La conception américaine de l'égalité, en
revanche, est une idée, une aspiration. Selon
l'interprétation qu'en donne Joe Biden, le
problème de la Constitution n'est pas qu'elle
prive le peuple, la majorité, de pouvoir, mais
qu'elle doit être plus inclusive, amener plus de
gens sous sa coupe et accepter le diktat du
gouvernement.
Le président ajoute : « Les droits humains
seront toujours sur la table, lui ai-je dit. Il
ne s'agit pas seulement de s'en prendre à la
Russie lorsqu'elle viole les droits humains; il
s'agit de ce que nous sommes. Comment
pourrais-je être le président des États-Unis
d'Amérique et ne pas m'élever contre la
violation des droits humains ? »
Rien ne pourrait être plus incohérent, absurde
et désinformateur. Non seulement les États-Unis
sont-ils les plus grands transgresseurs des
droits humains, tant sur leur territoire qu'à
l'étranger, mais, surtout, Biden et les
États-Unis n'assument pas les conséquences de
ces violations. Tout est rendu comme une
variante de « nous ferons mieux à l'avenir »,
comme une promesse sans lendemain, un engagement
qui n'a pas la moindre matérialité.
La Constitution américaine ne prévoit aucune
obligation de rendre des comptes ni aucun
mécanisme de responsabilité. Les Afro-Américains
ont à plusieurs reprises porté l'accusation de
génocide et le feront à nouveau cette année
devant un tribunal international sur les
violations des droits humains par les
États-Unis. Les immigrants et les réfugiés
parlent également de la brutalité et des
atteintes aux droits humains aux États-Unis, y
compris les nombreux décès à la frontière,
conséquences des actions du gouvernement
américain. En plus de la longue détention d'un
grand nombre d'enfants, une violation des droits
en vertu du droit américain et du droit
international, un nouveau rapport documente par
exemple « l'alimentation forcée, l'hydratation
forcée et la coercition psychologique » des
personnes détenues par l'Immigration and Customs
Enforcement (ICE) entre 2013 et 2020. Beaucoup
étaient des femmes faisant la grève de la faim
pour demander leur libération et des conditions
humaines pour tous les détenus. Ce traitement
violait clairement la santé et les droits
humains des personnes détenues.
Il n'est pas rare d'entendre dire que lorsqu'il
y a violation des droits, la Cour suprême rendra
justice. C'est nier que la Cour suprême fait
partie de l'exécutif et de ses pouvoirs de
police constitués. Elle a récemment statué en
faveur de l'esclavage des enfants dans le procès
intenté contre Nestlé et Cargill, deux des plus
grands fabricants de chocolat au monde. La
poursuite les accusait d'avoir acheté en toute
connaissance de cause des fèves de cacao
provenant d'exploitations agricoles d'Afrique
qui pratiquaient l'esclavage des enfants –
ce que ces oligopoles ont sans doute eux-mêmes
organisé et imposé. La poursuite affirme qu'ils
ont « aidé et encouragé » l'esclavage, qui est
un crime contre l'humanité. Le groupe de six
adultes a cherché à intenter un recours
collectif en leur nom et celui de milliers
d'autres enfants. Les deux géants ont nié toute
faute.
La Cour a jugé que la loi invoquée, connue sous
le nom d'Alien Tort Statute (ATS), qui permet
aux citoyens étrangers d'intenter des poursuites
devant les tribunaux américains pour des
violations des droits humains, exigeait un
niveau de preuve bien plus élevé pour condamner
des sociétés américaines opérant en dehors du
pays. La Cour a déclaré que « la simple présence
de l'entreprise » et « l'activité générale de
l'entreprise » aux États-Unis ne sont pas
suffisantes « pour soutenir une application
nationale de l'ATS ». Cela signifie que les
enfants esclaves doivent fournir la preuve que
les dirigeants de l'entreprise ont activement
comploté pour aider et encourager l'esclavage
des enfants en dehors des États-Unis. Joe Biden
n'a fait aucun commentaire et c'est pourtant son
administration, comme celle de Trump avant lui,
qui était engagée dans la poursuite judiciaire
du côté de Nestlé et Cargill.
L'absence de mécanismes constitutionnels
permettant de tenir le gouvernement responsable
des crimes que le système américain perpétue et
tolère est l'une des principales préoccupations
de l'ensemble du peuple américain en ce 4
juillet. Il n'existe aucun mécanisme permettant
de demander des comptes aux autorités, que ce
soit pour les flics tueurs ou les drones tueurs
ou les actes d'incarcération de masse ou de
discrimination, les actes de génocide et autres
crimes contre l'humanité. De nombreux traités
des États-Unis imposent même des conditions
d'impunité pour leurs soldats qui commettent non
seulement des crimes militaires, mais aussi des
actes comme le viol et le meurtre de civils dans
les pays que les États-Unis occupent ou dans
lesquels ils ont des bases. De même, au nom de
grands idéaux, les élus et les forces de l'ordre
bénéficient de l'impunité à tous les niveaux.
Les États-Unis rejettent la juridiction de la
Cour pénale internationale, créée comme une
arène pour traiter les crimes des pays que les
impérialistes américains et leurs alliés veulent
voir jugés, tant que cela ne les inclut pas
eux-mêmes. Il y a eu un tollé récemment au
Congrès américain lorsque la représentante de la
Chambre des représentants Ilhan Omar le 7 juin,
faisant référence aux crimes commis par les
États-Unis en Palestine et en Afghanistan, a
interrogé le secrétaire d'État Anthony Blinken
sur la responsabilité des États-Unis, lors d'une
réunion de la commission des affaires
étrangères. Elle a déclaré : « Je sais que vous
vous opposez à l'enquête de la Cour [pénale
internationale] (CPI) en Palestine et en
Afghanistan. Dans ces deux cas, je n'ai vu
aucune preuve que les tribunaux nationaux
peuvent et veulent poursuivre les crimes de
guerre et les crimes contre l'humanité présumés.
[...] Dans ces deux cas, si les tribunaux
nationaux ne peuvent pas ou ne veulent pas
poursuivre la justice, et si nous nous opposons
à la CPI, où pensez-vous que les victimes sont
censées aller pour obtenir justice ? Et quels
mécanismes de justice soutenez-vous pour elles ?
» Le secrétaire Blinken a répondu que les
États-Unis et Israël « ont déjà les moyens ». «
Je crois que nous avons, que ce soit les
États-Unis ou Israël, nous avons tous deux les
mécanismes pour nous assurer qu'il y a une
responsabilité dans toutes les situations où il
y a des préoccupations concernant l'utilisation
de la force et les droits humains, etc. Je crois
que nos deux démocraties ont cette capacité. Et
nous l'avons démontré. »
Aux États-Unis, la conscience que les paroles
ne valent pas grand-chose est très répandue.
Pendant que Blinken s'exprimait ainsi, des
bombardements massifs et des crimes de génocide
étaient perpétrés contre les Palestiniens,
tandis qu'aux États-Unis la police continue de
tuer des gens sur une base raciste et que
persiste l'absence d'inculpation ou de
responsabilité. On a immédiatement tenté de
censurer Ilham Omar et de l'expulser du Comité,
simplement pour avoir posé la question. De toute
évidence, le secrétaire d'État veut dire que les
États-Unis ont démontré qu'ils utiliseront la
force en toute impunité et défendront Israël qui
fait de même, et que leur ordre fondé sur des
règles décide qui est ou n'est pas humain et
digne de protection.
En ce 4 juillet, alors que les crimes commis
par les États-Unis augmentent chaque jour,
personne ne célèbre les anciennes conceptions de
l'égalité comme des aspirations sans
matérialité, comme des dissimulations de
l'objectif de la Constitution. Cet objectif est
d'assurer la division de la société entre ceux
qui gouvernent et prennent toutes les décisions
à leur avantage et ceux qui sont privés de
pouvoir et dont le seul devoir est d'obéir aux
verdicts rendus d'en haut, sur lesquels ils
n'exercent aucun contrôle. Avec ses structures
d'inégalité et son manque de responsabilité, le
moment est venu d'introduire de nouvelles
définitions de la démocratie fondées sur la
responsabilité, notamment une constitution
moderne qui codifie ce pour quoi le peuple des
États-Unis se bat aujourd'hui.
Une caractéristique fondamentale d'une
constitution moderne serait l'existence d'un
moyen de tenir les gouvernements responsables de
tout crime, y compris les guerres d'agression et
les crimes de guerre, les génocides et les
lynchages par la police dont nous sommes témoins
aujourd'hui. Une constitution moderne prévoirait
également des moyens pour le peuple de délibérer
sur les questions de guerre et de paix, sur la
direction économique du pays et sur une approche
globale des questions liées à la sécurité.
Une démocratie moderne adaptée au peuple doit
consacrer le peuple lui-même comme la source
suprême du pouvoir. Celui-ci doit être en mesure
de destituer le gouvernement qu'ils considèrent
comme responsable de guerres et de violence
extrême, que ce soit dans son pays ou à
l'étranger. Une partie de la bataille de la
démocratie, qui est la bataille pour la
suprématie politique, pour savoir qui a le
pouvoir de décider, concerne la guerre et la
paix et la définition des crimes et des
sanctions. Au coeur de la bataille de la
démocratie aujourd'hui, il y a la bataille pour
la suprématie politique, pour garantir le
pouvoir politique au peuple. La délibération et
la discussion politiques sont une partie
essentielle de la lutte pour rendre le peuple
indispensable et non jetable.
(Avec des textes du Centre
d'études idéologiques)
Si l'on examine le concept d'égalité énoncé
dans la Déclaration d'indépendance et la
Constitution des États-Unis, il est nécessaire
de garder à l'esprit que lorsque la Déclaration
a été publiée, elle s'adressait principalement à
d'autres pays, en particulier à la France, que
les révolutionnaires américains cherchaient à
mobiliser dans leur bataille pour l'indépendance
de la Grande-Bretagne. Au niveau des nations,
les traités ne peuvent être signés qu'entre
égaux. Ainsi, la Déclaration d'indépendance des
États-Unis a servi à mettre les États-Unis sur
un pied d'égalité avec les autres nations et à
leur donner un statut indépendant. Sans la
Déclaration d'indépendance, les États-Unis
n'auraient pas pu approcher la France pour
prendre des dispositions en vue de combattre les
Britanniques.
Il s'agit d'une déclaration, comme la
Constitution, faite par des hommes de propriété
dans un système d'esclavage, pour trouver un
moyen pour ces factions dirigeantes de régler
leurs conflits. L'un de ces moyens était la
capacité des différentes factions de lever leurs
propres armées, contre le peuple et entre elles.
La conception de l'égalité qu'elles
établissaient concernait leur égalité de membres
égaux ayant le droit à la vie (esclavage),
à la liberté (accumulation de biens) et à la
recherche du bonheur (richesse).
L'oligarchie esclavagiste était incluse dans la
« Déclaration unanime des treize États-Unis
d'Amérique », par laquelle ceux qui peuvent
lever leurs propres armées privées s'engagent à
ne pas le faire et à accepter une seule armée
publique, l'armée continentale. Les armées
privées, du sud et du nord, ont été utilisées
par les pères fondateurs pour faire la guerre à
la majorité, appelée « la multitude », les «
sans-propriété ». La signification n'est pas
qu'ils étaient des hommes blancs propriétaires
et esclavagistes en tant que tels, mais que leur
compromis avec l'esclavage, leur fusion du
système du travail esclavagiste avec le système
de l'esclavage salarié tient tant que la
multitude accepte de ne pas remettre en cause le
pouvoir politique suprême combiné du pouvoir
esclavagiste et du pouvoir industriel. La
Constitution et les dispositions qu'elle
établit, qui décident de toutes les questions de
guerre, de revenus, d'impôts, de crimes et de
peines, affirment le compromis avec l'esclavage
et le compromis entre la démocratie (le peuple)
et l'oligarchie. Aujourd'hui encore, ce
compromis consacre les droits de l'oligarchie et
le fait que l'oligarchie est seule à pouvoir
déterminer les limites de son pouvoir.
La Déclaration d'indépendance a été écrite par
des propriétaires d'esclaves et pourtant elle
proclame que « tous les hommes sont créés égaux
». Cela renvoie à la solution présentée par le
mouvement des Lumières en France quant au
dilemme de savoir comment rendre les droits de
propriété justiciables et non pas une question
de caprice et d'arbitraire d'un roi qui se
réclamait de l'inspiration divine. Elle n'en est
pas moins logiquement incompatible. Les
fondateurs tentent de la rendre compatible avec
le reste de la Déclaration et plus tard avec la
Constitution, avec sa Déclaration des droits,
mais ils échouent, ce qui conduit à la guerre
civile.
Ni les esclaves, ni ceux qui comme la multitude
sans propriété, la foule, ne l'ont accepté au
moment de la guerre civile et avant. Le système
américain a d'abord tenté de fusionner le
travail des esclaves avec l'esclavage salarié,
mais ils se sont avérés incompatibles. La guerre
civile a servi à éliminer la propriété privée
sous la forme d'un système de travail esclave,
et c'est un accomplissement du peuple. Mais le
pouvoir est resté entre les mains de
l'oligarchie et le système d'esclavage salarié
est resté et a été étendu – un système si
incompatible avec les exigences d'aujourd'hui
qu'il ne peut même plus régler les conflits dans
les rangs de l'oligarchie, ce qui augmente sans
cesse le danger de guerre civile à l'intérieur
et de guerre impérialiste à l'extérieur. Elle
est très certainement incompatible avec les
exigences du peuple en matière d'émancipation.
Plus la phrase « tous les hommes sont créés
égaux » est utilisée pour justifier
l'injustifiable, plus l'inégalité concrète qui
existe est mise en évidence en raison de
l'absence de mécanismes permettant d'exiger des
comptes de ceux qui commettent des crimes contre
le peuple.
Pour nous, la responsabilité commence chez
soi. Ce n'est que lorsque les peuples
pourront exercer un contrôle sur les décisions
qui affectent leur vie et assumer la
responsabilité des résultats, que
l'environnement humain et social pourra
commencer à s'humaniser.
(Avec des textes du Centre
d'études idéologiques)
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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