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              du Supplément du Marxiste-Léniniste

Numéro 6

28 février 2021

TABLE DES MATIÈRES

Discussion sur des sujets de préoccupation
pour le corps politique

De nouvelles lois et réglementations pour prétendument combattre la propagande haineuse et la violence d'«entités extrémistes»

- Pauline Easton -

Les libéraux fédéraux préparent une attaque intéressée
contre les libertés

- Diane Johnston -

Créer un tabou pour réprimer toute critique des institutions
politiques du Canada

- Elaine Baetz -

Le problème du secret et des activités secrètes
des services de renseignement

- Christian Legeais -

La plate-forme raciste du Parti nationaliste canadien

- Steve Rutchinski -

La plus récente motion contre la Chine à la Chambre des communes

- Louis Lang -



Discussion sur des sujets de préoccupation pour le corps politique

De nouvelles lois et réglementations pour prétendument combattre la propagande haineuse et la violence d'«entités extrémistes»

Le 21 février, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a organisé une réunion sur Zoom pour discuter des nouvelles lois et réglementations qui sont adoptées pour prétendument combattre la propagande haineuse et la promotion de la violence par des « entités extrémistes ». Le PCC(M-L) est d'avis que cette discussion est très importante. Il ne s'agit pas de savoir si l'État est derrière la violence terroriste, le racisme ou l'anticommunisme ou si sa définition de l'extrémisme est en soi une définition intéressée. Elle l'est, ils le sont. Les États qui, comme le Canada, sont fondés sur la théorie du contrat social hobbesien sont dominés par des pouvoirs de police, c'est-à-dire par des pouvoirs discrétionnaires arbitraires entre les mains des pouvoirs exécutif et judiciaire ainsi que des services de renseignement, de la police, des forces armées et des forces spéciales. De plus, ces entités jurent allégeance à la personne de l'État, une fiction créée pour établir une raison d'État. La personne d'État fictive brandit l'épée d'une main, représentant le pouvoir sur toutes les questions relatives à la guerre et à la paix, et le bâton pastoral de l'autre, représentant toutes les questions relatives aux valeurs acceptées, au crime et à la punition. Depuis la création de ce modèle d'État-nation après la guerre civile anglaise dans les années 1660, ces valeurs sont celles de la classe dirigeante dont il défend les intérêts de propriété et le pouvoir.

Dans ce modèle, des assemblées législatives ont été créées qui sont censées représenter la souveraineté du peuple, même si tous les représentants ne jurent pas allégeance au peuple mais au souverain. Au Canada, le « souverain » est la reine d'Angleterre, déclarée reine du Canada. S'il est vrai que c'est un titre plutôt symbolique, le souverain exerce des prérogatives qui, elles, ne sont pas du tout symboliques ; il les exerce à la fois directement et par l'intermédiaire des ministères, du pouvoir judiciaire, des hauts fonctionnaires et de tous ceux dont la mission principale est de perpétuer le pouvoir du souverain. C'est là que la police politique assume la fonction secrète essentielle d'éliminer toute menace à ce pouvoir par tous les moyens, bons ou mauvais. Toutes les réformes faites dans ce contexte sont fondamentalement imprégnées d'une idéologie anti-ouvrière, anti-peuple, raciste et, depuis le début de la guerre froide au XXe siècle, anticommuniste également.

La reconnaissance du rôle de l'État, constitué pour établir le type de pouvoir qui existe actuellement, est d'autant plus importante à une époque où la lutte du peuple pour l'affirmation de ses droits occupe une place centrale. Le Canada fait partie du système impérialiste d'États avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d'autres et ils sont tous aux prises avec les mêmes problèmes. Ils sont embourbés dans les crises alors que les temps exigent l'égalité et la garantie des droits de toutes et tous.

L'époque exige également que les conflits à l'intérieur d'un pays et entre les pays soient réglés de manière pacifique et honorable, d'une manière qui profite aux peuples du monde. Loin d'être guidés par les intérêts des peuples, les pays qui se fondent sur la défense des intérêts impérialistes utilisent tous les outils de leur arsenal pour établir leur propre hégémonie sur les puissances rivales. Il est même tabou de demander qui ils servent. Tout cela attise les passions et enrage, et c'est pourquoi de tels tabous doivent être remis en question. Ces préoccupations ne doivent pas être écartées et doivent faire l'objet de la pensée et de la parole.

Tout cela pour faire en sorte qu'aujourd'hui la lutte du Nouveau contre l'Ancien soit détournée dans des attaques contre des individus et la criminalisation de l'opinion, de la parole, de la pensée, de la conscience et de l'organisation. Les cercles dirigeants ne permettent pas que soit contestée leur prétention que c'est eux qui décident à la fois du crime et de la punition. Au nom de la sécurité nationale et de l'intérêt national, les critères permettant de déterminer qui est « légitime » et qui est « illégitime », quelle pensée est « légitime » et quelle pensée est « illégitime », sont gardés secrets et demeurent arbitraires et intéressés. Il est même tabou de demander qui ils servent. Ce sont précisément ces tabous qui doivent être remis en question et ne pas être écartés du champ de la pensée et de la parole. Dès que les limites dites « raisonnables » imposées aux droits ne sont pas perçues comme étant raisonnables, le corps politique est en difficulté. L'unité ne peut se construire que sur la base d'une opinion publique informée, elle ne se fait pas en désinformant l'opinion publique de sorte qu'aucune opposition ne puisse contester le pouvoir antinational et anti-peuple qui se constitue à un rythme de plus en plus rapide.

Tout cela se produit dans les conditions où les conséquences des politiques antisociales néolibérales s'avèrent désastreuses avec la croissance de la pauvreté et de la faim, des maladies, de la sécheresse et des dommages causés à l'environnement naturel et social. Lorsque les membres du Sénat américain s'échangent des accusations et contre-accusations de sédition, de trahison et de manque de patriotisme, cela a pour effet de fournir une justification à une prise de contrôle par les pouvoirs de police, comme lorsque le Pentagone a pris le contrôle du Capitole lors de l'assermentation de Joe Biden à Washington en janvier. C'était également une mise en garde pour Joe Biden.

Et maintenant, nous voyons la réponse de la police fédérale à l'approche du procès du policier qui a tué George Floyd, qui doit avoir lieu le 8 mars. Minneapolis a été transformée en une forteresse armée encore plus grande qu'à Washington lors de l'assermentation de Joe Biden le 20 janvier. C'est la réponse au mouvement populaire qui réclame l'égalité, la fin de l'impunité policière et le définancement de la police. C'est fait pour envoyer un message clair à ceux qui exigent que la police rende des comptes et que cesse l'usage de la violence contre le peuple, contre les travailleurs qui luttent pour leurs droits et contre les personnes qui se battent pour obtenir des services de santé, un emploi, de quoi se nourrir et se loger. On leur dit : vous ferez mieux de soutenir le nouveau président sinon... Et c'est évidemment l'opposition à l'impunité qui est la cible de l'attaque car elle constituerait une menace à la sécurité nationale et à l'intérêt national. Tout cela est présenté sous l'angle de la nécessité de protéger l'ordre constitutionnel et c'est pourquoi le peuple insiste sur le débat politique : il veut pouvoir déterminer comment aborder ces questions de manière à atteindre ses objectifs à lui et non ceux des cercles dirigeants.

Il ne fait aucun doute qu'aux États-Unis, comme dans tous les pays du monde où le régime n'est pas constitué par le peuple, la classe ouvrière, les gens de toutes origines et les nations autochtones apprendront à s'engager dans les nouvelles situations auxquelles ils sont confrontés en persistant dans leur lutte pour l'égalité et pour une forme de pouvoir qui assure la justice pour le peuple.

La réponse ne peut être que de lutter d'une manière qui permette l'émergence de la personnalité politique moderne dans la forme d'arrangements politiques qui engagent le peuple dans les prises de décision qui le concernent. La véritable question est de reconnaître l'égalité conférée par le fait d'appartenir au corps politique et d'affirmer le droit de parole, de conscience et d'organisation afin d'élaborer ensemble ce que cela signifie aujourd'hui, sous la forme d'interventions qui défendent les intérêts du peuple.

Le PCC(M-L) participe à cette discussion afin d'engager tout le monde dans une réflexion sur ce que signifie être politique dans la situation actuelle en analysant comment se pose ce problème qu'on appelle « terrorisme intérieur » et l'extrémisme idéologique et qui décide. Nous poursuivrons avec une discussion sur la signification de la mise en accusation de Trump. La probabilité de perdre était évidente, alors pourquoi tout ce spectacle ? Notre approche se fonde sur la question fondamentale à savoir comment engager et affirmer le droit humain à la parole et le droit humain de s'organiser dans les circonstances actuelles d'une manière qui défende les droits du peuple et les réclamations que toutes et tous sont en droit est en droit de faire à la société du fait de leur humanité.

Nous voulons commencer par rappeler clairement que le PCC(M-L) est et a toujours été opposé aux attaques terroristes sous toutes leurs formes, qu'elles soient individuelles ou collectives. Le PCC(M-L) a su combattre toutes les tentatives passées de l'éliminer avec des accusations de violence ou qu'il n'était pas une force politique légitime. L'emprisonnement de ses militants et la diffamation de ses dirigeants afin de l'isoler et de le détruire n'ont pas réussi parce que le PCC(M-L) est une entité politique qui répond aux besoins de notre époque. Dans toutes les conditions et circonstances, les membres du PCC(M-L) s'organisent pour apporter courage et conviction aux efforts émancipateurs du peuple. L'objectif de l'attaque contre le PCC(M-L) a toujours été de s'assurer que le peuple ne devienne pas lui-même politique.

Aujourd'hui encore, nous continuerons de défendre les droits des travailleurs, des femmes, des jeunes, des minorités nationales, des peuples autochtones et du Québec, ainsi que ceux des peuples combattants du monde et le droit d'être des États-nations souverains. Les attaques qui consistent à les déclarer illégitimes, à les déclarer commanditaires du terrorisme d'État et coupables de génocide, les tentatives de les déclarer inaptes à vivre s'ils refusent d'être réduits en esclavage et de répondre aux ordres des élites dirigeantes, ne passeront pas. La tentative de secourir les institutions dites de démocratie libérale en revenant aux méthodes passées, aux crimes de toutes sortes de la police politique et aux pouvoirs de prérogative, n'est pas ce qu'on attendrait d'une démocratie moderne. Le peuple rejette la création de ces spectres avec lesquels les cercles dirigeants cherchent à le hanter. Il est confronté à suffisamment de dangers réels sans qu'on en rajoute. Il y a longtemps, Karl Marx et Friedrich Engels ont proclamé au monde entier que les communistes devaient opposer leur propre manifeste au mensonge du spectre du communisme avec laquelle la bourgeoisie hantait l'Europe et ont lancé : Travailleurs de tous les pays, unissez-vous !

Le mouvement politique des peuples pour le Nouveau est l'antithèse même de ce qui constitue une conspiration ou des théories de la conspiration. Un programme politique n'est pas une conspiration ! Il ne se soumet pas aux limites intéressées que la classe dirigeante juge bon d'imposer au droit de parole, au droit de conscience et à l'action au nom de la sécurité nationale et de l'intérêt national. La parole est un droit humain, nécessaire pour humaniser l'environnement naturel et social. Le PCC(M-L) lance l'appel à toutes et à tous à s'exprimer sur ce sujet de préoccupation important pour le corps politique.

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Les libéraux fédéraux préparent une attaque intéressée contre les libertés

Le gouvernement Trudeau fait tout ce qu'il peut pour présenter le point de vue perfide selon lequel des forces hostiles de toutes sortes doivent être blâmées pour le profond mécontentement des Canadiens envers le processus politique et le système de partis cartellisés. Le mantra récent consiste à blâmer des acteurs étrangers et leur désinformation, leur espionnage et leur infiltration. On dit que ces activités sont perpétrées par des agents consentants ou des dupes ou des gens qui adhèrent idéologiquement à des pays qui visent à saper les institutions démocratiques libérales du Canada. Quel que soit le cas, ces forces doivent être mises en échec et criminalisées.

Certains sont passés maîtres dans l'art de défendre la constitution américaine comme modèle de démocratie et ils utilisent les événements récents au Capitole à Washington, tandis que d'autres profitent de la triste occasion du quatrième anniversaire de la fusillade à la mosquée de Québec pour criminaliser davantage l'opposition du peuple. Ils ciblent l'opposition populaire à l'impunité policière, aux mauvais traitements des minorités, des femmes, des autochtones et des enfants, à la guerre, au changement de régime et aux politiques qui nuisent  l'environnement social et à l'enironnement naturel pour adopter à nouveau une loi qui est soi-disant contre le discours haineux. Le gouvernement libéral tente honteusement d'utiliser la détermination du peuple à mettre fin à toutes sortes de crimes haineux pour porter atteinte à son droit à la conscience et criminaliser ceux qui luttent pour les droits, s'opposent à la guerre et s'efforcent de faire naître le Nouveau. Cette question mérite une attention et une discussion sérieuses.

Durant la réunion du 29 janvier du Comité permanent du Patrimoine canadien, Lyne Bessette, la députée libérale de la circonscription de Brome-Missisquoi, au Québec, a dit en référence à la tuerie à la mosquée de Québec en 2017 : « L'islamophobie et la xénophobie ont motivé cet acte ». En ce qui a trait aux victimes du massacre, elle a ajouté que peu de temps après l'attaque « nous avons appris que l'agresseur s'était radicalisé par l'intermédiaire des réseaux sociaux. Or, nous savons que les Canadiens sont souvent exposés à du contenu à caractère haineux, violent, extrémiste, voire à des discours de radicalisation lorsqu'ils naviguent sur les plateformes numériques ».

S'adressant à Steven Guilbeault, le ministre du Patrimoine canadien, dont la lettre de mandat inclut la création de nouvelle réglementation pour les plateformes de médias sociaux et qui a mentionné qu'un projet de loi serait bientôt déposé à ce sujet à la Chambre des communes, elle lui a demandé d'informer le Comité sur « le travail essentiel que le gouvernement fait pour protéger les Canadiens en ligne ».

Reconnaissant que « cet individu s'est radicalisé sur les médias sociaux avant de poser ce geste le 29 janvier », Guilbeault a rapporté que depuis quelques mois, son ministère et d'autres (Justice, Sécurité publique et Innovation) travaillent à la présentation d'un nouveau projet de loi « qui va définir un cadre réglementaire entourant la question du discours haineux, mais également celles de la pornographie juvénile, de l'incitation à la violence, de l'incitation au terrorisme et de la diffusion non consensuelle d'images ».

« Peu de pays dans le monde se sont attaqués à ce problème, a-t-il dit. Nous avons eu, à la fois au sein de la fonction publique, mais aussi sur le plan politique, des rencontres et des discussions avec les représentants de ces pays pour voir comment nous pourrions adapter les modèles existants à la réalité canadienne. »

Il a également rapporté qu'il avait récemment eu des discussions avec le commissaire australien à la sécurité électronique., « pour bien comprendre comment ce pays a mis en place son système » et quels sont les éléments auxquels « il faut faire attention ».

« Quand nous voulons faire cela, comme tout le monde, nous sommes préoccupés par la question de la protection de la liberté d'expression, a-t-il dit. Il a ajouté : « La liberté d'expression, comme dans le monde physique, nous l'avons balisée au fil des années par nos lois et des jugements de nos tribunaux. Nous essayons donc de voir comment nous pourrions reproduire le cadre qui existe dans le monde physique afin de l'appliquer au monde virtuel. »

« Bien que nous reconnaissions le droit de tous à pouvoir s'exprimer librement , a commenté Bessette, il existe des limites quand le discours se transforme en propos haineux, blessants ou racistes. Les réseaux sociaux ont beaucoup contribué à amplifier les messages de haine envers les communautés les plus marginalisées, brimant ainsi leurs droits sans pour autant être jugés responsables. »

Elle a ensuite demandé à Guilbeault d'expliquer comment il prévoyait tenir les réseaux sociaux responsables de la publication et de la diffusion de ce contenu.

« Nous [...] allons le faire par la présentation d'un projet de loi, a-t-il dit, soulignant que son but est de « définir un nouveau cadre réglementaire au Canada, et les plateformes devront s'y conformer ».

Guilbeault a en outre expliqué que des régulateurs seraient embauchés pour mettre en place la nouvelle réglementation et surveiller les plateformes en ce qui concerne le discours de haine et que diverses pistes étaient actuellement explorées, telles que la possibilité d'imposer des amendes en cas de non-conformité.

« Vous avez raison. C'est un enjeu qui préoccupe de plus en plus de Canadiens et de Canadiennes. Vous aurez probablement vu, plus tôt cette semaine, la publication d'un sondage mené par la firme Abacus pour le compte de la Fondation canadienne des relations raciales. Ce sondage montre que la très grande majorité des Canadiens et des Canadiennes ont été témoins ou victimes de violence sur les réseaux sociaux, les femmes et les populations racialisées ayant été visées beaucoup plus que les autres catégories de la population, et qu'une très forte proportion des Canadiens et des Canadiennes demande au gouvernement d'intervenir. »

Le même jour qui a coïncidé avec le 4e anniversaire du massacre à la mosquée de la ville de Québec, le chef du NPD Jagmeet Singh a dit : « La communauté musulmane est encore sous le choc de l'horrible attentat qui a eu lieu à la grande mosquée de Québec il y a quatre ans . Pour que les communautés se sentent en sécurité, le gouvernement libéral doit s'attaquer de front aux groupes de haine et d'extrême- droite qui sont de plus en plus nombreux au Canada. Si rien n'est fait aujourd'hui, ce ne sera qu'une question de temps avant le prochain attentat. Nous devons passer à l'action dès maintenant. Les gens méritent de se sentir en sécurité dans leurs communautés. » Le communiqué de presse souligne que « Justin Trudeau doit aller au-delà des belles paroles et prendre des mesures concrètes. Les personnes confrontées à l'islamophobie, à la xénophobie et à toutes les formes de discrimination ne doivent pas se sentir seules dans ce combat. Elles méritent de savoir que leur gouvernement est de leur bord. Je suis de votre bord. »

Sur la même lancée, Jagmeet Singh a déposé une motion à la Chambre des communes, adoptée à l'unanimité par les députés, qui demande l'interdiction des Proud Boys et d'autres mesures pour démanteler les groupes suprémacistes blancs au Canada. Le 3 février, le ministère de la Sécurité publique a annoncé l'ajout de 13 groupes jugés violents à la liste des organisations terroristes, dont Proud Boys.

La façon dont toutes ces choses sont décidées et sur la base de quels critères, tels que ce qui constitue un discours dans l'intention de provoquer de la violence ou un « contenu illégal » sur les réseaux sociaux est une préoccupation sérieuse, en particulier lorsque la police et les agences de sécurité assimilent l'opposition à l'OTAN et NORAD et à l'intégration du Canada à la machine de guerre des États-Unis à la déloyauté et la subversion.

La tuerie à la mosquée de la ville de Québec en 2017

Le 29 janvier 2017, un tireur seul, Alexandre Bissonnette, a fait irruption au Centre Islamique Culturel de Québec, tirant et tuant six hommes et en blessant 19 autres alors qu'ils priaient.

La fusillade au Centre culturel islamique s'est produite quelques jours seulement après la publication du décret du président des États-Unis qui interdisait aux citoyens de sept pays ayant une population à majorité musulmane d'entrer aux États-Unis et qui fermait les frontières américaines aux réfugiés.

Un élan de compassion, de solidarité et d'amour social a été la réponse des Québécois et des Canadiens, qui se sont immédiatement mobilisés pour pleurer publiquement leur perte avec les personnes de confession musulmane.

Des vigiles, des rassemblements et des cérémonies ont été immédiatement organisés à l'échelle du Québec et du Canada et les gens se sont unis pour condamner cet acte barbare et offrir leurs sincères condoléances et leur soutien aux familles, aux amis et à la communauté qui ont perdu des êtres chers ainsi qu'aux communautés musulmanes qui sont la cible de l'islamophobie organisée et inspirée par l'État. Ils ont affirmé que si la communauté musulmane et toutes les autres communautés ne peuvent s'épanouir, libres d'exprimer leur droit d'être et libres de toute violence exercée contre elles, alors les peuples québécois et canadien ne le peuvent pas non plus.

Vigile à Montréal, 30 janvier 2017

À Montréal, au lendemain de la tragédie d'il y a quatre ans, des milliers de personnes se sont rassemblées devant la station de métro du Parc. Les organisateurs ont empêché les représentants des partis cartellisés et des médias monopolisés de parler, les tenant pour responsables de leur rôle dans la tragédie par leurs insinuations, leurs représentations et leurs allégations concernant les musulmans et en cela ils ont été fortement appuyés par la foule.



Vigile à Montréal, 29 janvier 2021

Cette prise de position a été réitérée cette année encore à Montréal, lors de la tenue de la commémoration, le seul événement physique, au même endroit qu'il y a 4 ans, par une journée extrêmement froide et malgré la pandémie. Les orateurs ont souligné le fait que diverses communautés au Québec et au Canada ont souffert et continuent de souffrir d'attaques racistes organisées et encouragées par l'État. La solution, ont-ils dit, est d'assumer notre responsabilité sociale de condamner ces attaques et de traduire les auteurs en justice.

(Source : Le Hansard, Comité permanent du Patrimoine canadien, Communiqué de presse du NPD)

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Créer un tabou pour réprimer toute critique des institutions politiques du Canada

Le Comité permanent du patrimoine canadien a récemment mené une étude sur les relations entre Facebook et le gouvernement fédéral. Il a examiné les échanges de courriels entre un membre du personnel politique (Owen Ripley) du ministre du Patrimoine canadien (Steven Guilbault) et le directeur des politiques publiques de Facebook Canada (Kevin Chan). L'échange impliquait une demande du directeur de Facebook que le fonctionnaire du ministère du Patrimoine fasse circuler une annonce pour un poste au sein du département de politique publique de Facebook. Le membre du personnel du ministre du Patrimoine a accepté de faire circuler l'annonce à « quelques personnes qui pourraient être de bons candidats » et la haute direction de Facebook a fait savoir que Facebook était ouverte à une embauche temporaire afin que la personne puisse retourner travailler pour le gouvernement.

Au cours de l'étude, il a été jugé que cet échange de courriels n'était pas approprié parce que le ministère du Patrimoine canadien était en train de rédiger une nouvelle loi sur la radiodiffusion (le projet de loi C-10) qui aurait des conséquences pour Facebook, ce qui laisse entendre que c'était compromettant. Malgré l'apparence d'irrégularité, le Comité a appris qu'en fait ce n'était pas inappropriée. Au cours du débat, il a simplement été confirmé qu'il y a des portes tournantes qui permettent un va-et-vient entre le secteur privé et le secteur public. (Le projet de loi C-10 a maintenant franchi l'étape de la deuxième lecture et est de retour devant le Comité du patrimoine pour étude.)

Toutefois, au cours du débat, des accusations déconcertantes ont été portées selon lesquelles le NPD avait soulevé cette question dans le but de remettre en question et de nuire à l'intégrité et à la crédibilité des institutions gouvernementales, notamment la fonction publique. Le ministre du Patrimoine a déclaré que « tout le monde dans ce pays a la responsabilité, le devoir, surtout les élus, de veiller à ce que nous protégions nos institutions. » Il a poursuivi en disant : « La dernière chose que nous devrions essayer de faire, c'est de les diminuer d'une manière ou d'une autre dans l'espoir de marquer des points. Il y a d'autres moyens de marquer des points sur le plan politique. Bien sûr, nous sommes des adversaires politiques – je le comprends – mais certainement pas au détriment de nos institutions. »

Cette tentative de faire un tabou de toute critique des institutions gouvernementales au nom de la défense de ces institutions ressemble beaucoup aux affirmations des agences de renseignement qui disent que « discréditer les institutions libérales-démocratiques afin de faire progresser des modèles de gouvernance alternatifs » est une menace pour la sécurité nationale. La définition même de la démocratie donne certainement aux gens le droit de décider quels modèles de gouvernance et quelles institutions répondent à leurs besoins.

Il suffit de regarder les manigances des partis cartellisés et de leurs gouvernements pour voir ce qui a jeté le discrédit sur les institutions démocratiques, les partis cartellisés, le gouvernement et la Chambre des communes.

Après avoir refusé de mettre fin au mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour comme il avait promis de le faire lors de l'élection qui a porté les libéraux au pouvoir en 2015, le gouvernement Trudeau a confié à la police et à la bureaucratie liée au Conseil privé le soin de s'occuper des menaces potentielles au processus électoral. Le premier ministre Trudeau a rejeté le système de représentation recommandé par le Comité spécial sur la réforme électorale, composé de représentants de tous les partis et déclaré :

« Si nous devions faire un changement ou risquer un changement qui augmente les voix individuelles, cela augmenterait les voix extrémistes et les voix activistes qui ne peuvent exister au sein d'un parti qui doit élaborer ce qui convient le mieux à l'avenir du pays dans son ensemble, comme le font les trois partis existants. Je pense que nous entrerions alors dans une ère d'instabilité et d'incertitude. Nous mettrions en danger ce qui fait de nous des gens plus chanceux que n'importe qui d'autre sur la planète. »

Une telle déclaration, tout comme l'opinion du ministre du Patrimoine selon laquelle les institutions gouvernementales ne devraient pas être critiquées afin de les protéger – une déclaration qui défend les privilèges et le statu quo – sont faites pour paraître normales et responsables, comme étant dans l'intérêt public. Alors que les pouvoirs de police ont pris en charge les élections et décident ce qui est dans l'« intérêt national », le gouvernement libéral continue de se présenter comme le champion de la démocratie et des institutions démocratiques.

Le point central de la gouvernance est de contrôler les décisions qui touchent nos vies. Jamais la manière d'y parvenir n'est traitée comme un problème qui nécessite une solution. Le rôle qui est maintenant circonscrit pour les Canadiens est de sanctionner ceux qui ne les représentent pas pour qu'ils gouvernent en leur nom et ils ne doivent pas critiquer ni eux ni leurs institutions.

Le problème, maintes fois identifié par les Canadiens, que notre système électoral – appelé démocratie représentative – et nos « institutions démocratiques » ne représentent pas l'opinion de la majorité de la population, n'est pas pris en compte. Le système électoral lui-même est conçu pour priver le peuple du pouvoir et pour perpétuer une caste dirigeante qui paie les riches.

Tabou ou pas, le peuple continuera de lutter, de faire entendre ses revendications pour une société qui lui convienne, qui réponde à ses besoins et dans laquelle il est le décideur.

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Le problème du secret et des activités secrètes des services de renseignement


Manifestation sur la Colline du Parlement contre le projet de loi C-51, 14 mars 2015

L'article du LML du 7 février 2021« La gouvernance des pouvoirs de police ne protège pas ni les droits ni les valeurs démocratiques » indique que : « Ce qu'on appelle état de droit est en fait subordonné aux pouvoirs de police qui agissent régulièrement à huis clos au nom de l'intérêt national et de la sécurité nationale. »

La question du secret et des agissements d'une police politique secrète sous couvert de protéger la sécurité nationale est un élément important de la désinformation. Le but est de permettre à l'État canadien de s'engager dans des activités criminelles pour atteindre un objectif secret. Le recours aux pouvoirs de police pour protéger la sécurité nationale et pour désinformer le corps politique afin qu'il ne puisse pas agir d'une manière qui favorise ses intérêts est inacceptable. L'État dit que les Canadiens devraient sacrifier et abandonner leurs droits et leurs luttes au nom de la protection de la sécurité nationale qui est assimilée à la protection de l'ensemble de la société. Toute remise en cause de cette affirmation est non seulement taboue en soi, mais est considérée et traitée comme une menace à la sécurité nationale.

En 2015, la deuxième loi antiterroriste du gouvernement Harper, le projet de loi C-51, que le Parti libéral a voté avec les conservateurs, a modifié plusieurs autres lois, dont la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). La loi modifiée donne aux services secrets le pouvoir de se lancer dans des activités de perturbation à peu près partout. Cette loi dit que le SCRS « peut prendre des mesures, même à l'extérieur du Canada, pour réduire la menace » envers la sécurité du Canada. Les violations des droits et les activités de perturbations, le SCRS s'y livrait en toute illégalité depuis sa création. La loi C-51 n'a fait qu'inscrire cette illégalité dans la loi.

Le Parti libéral de Justin Trudeau a voté la Loi C-51, mais face à l'opposition massive du peuple à cette loi, à la veille des élections de fédérales de 2015 il a promis d'annuler « les dispositions problématiques du projet de loi C-51 » et de présenter de « nouvelles mesures législatives qui ramèneront l'équilibre entre notre sécurité collective et nos droits et libertés ». Cette mascarade de défense des droits et libertés, des valeurs canadiennes et d'interdiction de transgresser les droits limités inscrits dans la Charte des droits et liberté a pris force de loi avec la loi C-59, la Loi de 2017 sur la sécurité nationale, qui a reçu la sanction royale le 21 juin 2019.

Dans la loi C-59, il est dit que les pouvoirs de police ne peuvent « prendre des mesures qui limiteraient un droit ou une liberté garantis par la Charte canadienne des droits et libertés » que si « un juge décerne un mandat autorisant la prise de ces mesures ». Les mesures qui « limiteraient un droit ou une liberté », entre autres, sont : « a) causer, volontairement ou par négligence criminelle, des lésions corporelles à un individu ou la mort de celui-ci ; b) tenter volontairement de quelque manière d'entraver, de détourner ou de contrecarrer le cours de la justice ; c) porter atteinte à l'intégrité sexuelle d'un individu ; d) soumettre un individu à la torture ou à d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, au sens de la Convention contre la torture. »

Déjà, la Charte des droits et libertés stipule que les droits limités qui y sont énoncés doivent être exercés dans des « limites raisonnables » et peuvent être restreints par une règle de droit « dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une société libre et démocratique ».

La Loi C-59 a promulgué la Loi sur l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement (OSSNR) qui est entrée en vigueur par décret en juillet 2019. Elle crée une nouvelle entité fédérale, l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement (OSSNR).

Les modifications à Loi sur le SCRS portent également sur les activités de surveillance et de perturbations qui se mènent contre la souveraineté des pays souverains. Cette loi permet au SCRS de mener des activités de perturbation à l'étranger sans le consentement du pays visé. Toujours au nom de la protection de la sécurité nationale, le SCRS « prête son assistance au ministre de la Défense nationale ou au ministre des Affaires étrangères ».

Ces activités de perturbation sont une violation de la souveraineté des pays souverains et un élément de la conduite des affaires internationales du Canada. Elles comprennent notamment l'assistance et la coopération avec le gouvernement d'un État étranger ou l'une de ses institutions dans un but de changement de régime dans le pays ciblé. Un exemple de cela est le Venezuela, où les diplomates canadiens interviennent et mènent toutes sortes d'activités en vue d'un changement de régime. La direction et l'implication du Canada dans le Groupe de Lima ainsi que dans l'Organisation des États américains en est un autre exemple. L'adoption de lois pour rendre « légale » la violation des principes fondamentaux, sur lesquels les Nations unies sont fondées et qui guident la conduite des relations internationales, sert ensuite à appuyer les exigences du Canada que tous les pays doivent être fondés sur des règles conformes aux exigences des impérialistes américains.

L'intégration du Canada à l'appareil sécuritaire des États-Unis et du Groupe des Cinq est consacrée, entre autres, par la Loi sur le SCRS qui impose de « conclure des ententes ou, d'une façon générale, coopérer avec le gouvernement d'un État étranger ou l'une de ses institutions, ou une organisation internationale d'États ou l'une de ses institutions ».

Le secret et la protection des sources sont une condition sine qua non – une condition essentielle des lois et des services de sécurité qui traitent des questions de « sécurité nationale ». Il suffit de penser aux certificats de sécurité et à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. En vertu de cette loi, le fait de ne pas connaître les accusations qui sont portées contre une personne, le fait de ne pas avoir à sa disposition les preuves ou les allégations qui sont portées contre une personne, tout cela est à la discrétion des pouvoirs de police, des agences de sécurité. Les rapports que soumettent ces agences, que ce soit l'Agence des services frontaliers du Canada, le SCRS ou autres, peuvent être rédigés ou réécrits en leur faveur en toute impunité, avec les conséquences tragiques de détention arbitraire, de séparation des familles, de détention des enfants, d'expulsion et de différentes formes de traitement et de torture.

Cette méthode est utilisée contre les réfugiés et les migrants en situation irrégulière au nom de la protection de la sécurité nationale. Des immigrants ou des réfugiés peuvent être expulsés du pays sans en connaître les motifs. En vertu de l'article 86 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, le ministre de l'Immigration peut utiliser exactement les mêmes procédures que pour le certificat de sécurité, c'est ce qui est appelé les « certificats de sécurité légers », une procédure plus rapide. Ce n'est pas la même procédure aussi lourde qui est utilisée maintenant – la procédure des certificats de sécurité a été abandonnée parce que les personnes visées se défendaient trop vigoureusement. Cette procédure de « certificats de sécurité légers » a été utilisée des centaines de fois au cours de dernières années, la plupart du temps à l'insu des Canadiens.

La loi confère également l'immunité aux agents des services de sécurité, le droit de commettre des infractions, de faire de fausses déclarations, de violer leur « devoir de franchise » envers les tribunaux.

Toutes ces mesures ont été adoptées systématiquement au fil des ans, là encore la plupart du temps à l'insu des Canadiens. Les pouvoirs de police qui composent l'État se livrent à des activités de perturbation, en même temps qu'ils se protègent avec des lois passées par le parlement pour interdire et étouffer toute résistance populaire aux violations des droits. Depuis 2001-2002, après l'adoption de la loi antiterroriste, l'État, quel que soit le parti cartellisé qui a formé le gouvernement, a continuellement renouvelé ces mesures annoncées comme des « mesures d'exception » équilibrées, directement dirigées contre les luttes des travailleurs, des peuples autochtones, des réfugiés, des migrants, du peuple québécois et de leurs communautés.

Ces lois « antiterroristes », présentées comme des lois d'exception, ont créé des états d'exception qui sont devenus permanents. Cela crée une situation dangereuse à l'heure actuelle. Il s'agit clairement d'une restructuration inacceptable de l'État qui permet à une police politique aux activités autrefois secrètes d'agir ouvertement, de protéger des sources, en toute impunité, au nom de la sécurité nationale et de la nécessité d'intégrer encore davantage le Canada à l'appareil sécuritaire de la machine de guerre des États-Unis.

Les tentatives de désinformation du corps politique dans le but de violer les droits du peuple et de ses collectifs et de mener des attaques contre les luttes du peuple en toute impunité sont une très mauvaise façon de donner de la légitimité aux prétentions d'être progressistes, humanitaires et respectueux des lois. Cela ne sert qu'à créer des colosses aux pieds d'argile.

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La plate-forme raciste du Parti nationaliste canadien

Le chef du Parti nationaliste canadien (PNC), Travis Patron, a été accusé d'« incitation volontaire à la haine », à cause d'une vidéo qu'il a produite qui lance un avertissement contre la « tribu des parasites ». Les organisations sionistes ont déposé une plainte, disant que l'expression est antisémite alors que le Parti nationaliste prétend qu'en fait elle est biblique. En se basant sur le programme, la documentation et les actions du PNC, on ne peut pas douter que le parti est raciste. Cependant, sur quelle base le parti doit-il être déclaré illégal alors que le parti cite non seulement la Bible chrétienne mais les premiers ministres canadiens Sir John A. Macdonald et Mackenzie King comme des mentors et des idéologues de son programme !

Dans la vidéo Beware the Parasitic Tribe, Patron cite un passage de la Bible, le Livre de l'Apocalypse, chapitre 3, verset 9 : « Voici, je te donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui mentent. » Les sionistes prétendent que c'est de l'antisémitisme parce que cela met un signe d'égalité entre le judaïsme et la synagogue de Satan. Les biblistes, cependant, donnent une explication toute différente de l'Apocalypse, chapitre 3, verset 9. Selon eux, la citation provient d'une lettre qui aurait été écrite par Jésus à ses disciples, dans laquelle il reconnaît leur foi face à la persécution. Jésus était juif, disent-ils. Il n'était pas antisémite. La « synagogue de Satan » se réfère en fait à ceux qui persécutaient l'église de Jésus et qui se disaient juifs mais n'étaient pas fidèles au judaïsme.

Les rapports indiquent qu'il est largement accepté par les biblistes que ceux qui souhaitent utiliser le verset pour justifier la haine contre tous les juifs déforment son intention et sont ignorants du contexte biblique et du fait que Jésus et les auteurs putatifs de l'Apocalypse sont tous juifs. Cette logique s'applique à la fois aux antisémites et aux sionistes alors pourquoi la police politique s'est-elle emparée de la question ?

Le PNC a été fondé par Travis Patron en juin 2017 et a été inscrit officiellement auprès d'Élections Canada en 2019. Son nom abrégé officiel est Parti nationaliste, à ne pas confondre avec le Parti nationaliste du Canada, formé en 1977 par le néonazi Don Andrews, mais jamais enregistré formellement auprès d'Élections Canada.

La première action du parti de Travis Patron a été un rassemblement à Toronto en août 2017. Elle a été organisée de façon à coïncider avec la convergence des organisations néonazies américaines et du Ku Klux Klan (KKK) à Charlottesville en Virginie, un événement durant lequel une femme de 32 ans, Heather Heyer, a été renversée et tuée de sang-froid par un raciste alors qu'elle manifestait contre le rassemblement.

Chaque tentative du PNC de promouvoir le racisme et la haine sous toutes sortes de formes, depuis le rassemblement initial de Toronto en 2017, a fait l'objet d'une opposition militante, pas de la part des sionistes mais de la part de la jeunesse canadienne à cause de son programme totalement raciste et antiouvrier. Le parti demande entre autres le retour de la Loi sur l'immigration raciste de 1952 ; l'abrogation de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et de la Loi sur l'équité en matière d'emploi et le retrait du Canada de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés qu'il a signée en 1951. La documentation du parti et sa plateforme sur l'immigration s'inspirent de William Lyon Mackenzie, qui a dit à la Chambre des communes en 1947 : « L'ensemble du Canada ne désire pas qu'une immigration massive modifie de façon fondamentale le caractère ethnique de notre population. »

Ils citent également Sir John A. Macdonald lors d'un débat à la Chambre des communes en 1885 : « La vérité est que toute l'histoire naturelle, toute l'ethnologie, montre que si les croisements des races aryennes sont réussis – alors qu'un mélange de ces races dont on sait ou croit qu'elles ont une origine commune est plus ou moins réussi –, ils vont fusionner. Lorsqu'on observe autour du monde, on constate que les races aryennes ne se fusionnent pas sainement avec les Africains et les Asiatiques. »

On lit aussi cette citation de Macdonald dans la documentation du Parti nationaliste au sujet du statut juridique des immigrants chinois qui ont construit les chemins de fer : « Nous sommes en cours de progrès ; ce pays continue et se développe, et nous aurons beaucoup de main-d'oeuvre de nos propres races apparentées, sans introduire cet élément de race bâtarde pour perturber le marché du travail, et nous ne devrions certainement pas leur permettre de partager le gouvernement du pays. »

Les accusations portées contre le chef du PNC pourraient tout aussi bien être portées contre l'État canadien, ses représentants et ses apologistes de même que ses dirigeants les plus emblématiques depuis sa création. Les sentiments de Macdonald contre les migrants chinois sont aisément reconnaissables au refus du gouvernement canadien actuel d'accorder un statut à tous les travailleurs et étudiants migrants dont le travail est essentiel et qui font une contribution considérable à notre économie aujourd'hui. Alors, qu'est-ce que le gouvernement, les partis cartellisés et la police politique sont en train de préparer ?

Selon la pratique passée et le mode opératoire du Parti libéral et de ses alliés depuis la Deuxième Guerre mondiale, vous lancez un ballon d'essai et vous voyez s'il vole. S'il y a des protestations, présentez une version « modérée » du même ballon et voilà, le tour est joué. Une autre version de ce modus operandi est d'attaquer d'abord les nazis et les néonazis, les laisser s'en tirer à bon compte, et porter les mêmes accusations, appliquer le même crime et punition contre les forces populaires.

L'affaire ne s'arrête pas là. Il y a toujours une suite.

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La plus récente motion contre la Chine à la Chambre des communes

Le 22 février 2021, une motion contre la Chine a été présentée à la Chambre des communes accusant celle-ci de « génocide »[1]. La motion a été proposée par le député conservateur de l'opposition Michael Chong (Wellington - Halton Hills, Ont.) et elle dit : « (a) de l'avis de la Chambre, la République populaire de Chine s'est livrée à des actions correspondant à ce que prévoit la résolution 260 de l'Assemblée générale des Nations unies, couramment appelée ‘convention sur le génocide', dont la mise en place de camps de détention et de mesures visant à prévenir les naissances à l'égard des Ouïgours et d'autres musulmans turciques; b) étant donné que (i) dans la mesure du possible, le gouvernement a comme politique d'agir de concert avec ses alliés lorsqu'il s'agit de reconnaître un génocide, (ii) il existe un consensus aux États-Unis, où deux administrations consécutives sont d'avis que les Ouïgours et d'autres musulmans turciques font l'objet d'un génocide organisé par le gouvernement de la République populaire de Chine, la Chambre reconnaisse qu'un génocide est actuellement perpétré par la République populaire de Chine contre les Ouïgours et d'autres musulmans turciques, demande au Comité international olympique de relocaliser la tenue des Jeux olympiques de 2022 si la République populaire de Chine continue ce génocide et demande au gouvernement d'adopter officiellement cette position. »

La motion a été adoptée à 266 voix contre 0. Les membres du cabinet Trudeau étaient tous absents au moment du vote à l'exception du ministre des Affaires étrangères Marc Garneau qui s'est levé pour préciser : « Je m'abstiens au nom du gouvernement du Canada. » L'amendement du Bloc québécois a aussi été adopté appelant le Comité olympique international à relocaliser les Olympiques d'hiver de 2022 si « le gouvernement chinois continue ce génocide ».

Trudeau a fait du vote sur la résolution non contraignante un vote libre pour les députés libéraux. Selon une déclaration publiée par le ministre Garneau le jour du vote, il s'agissait d'un exercice de démocratie parlementaire, permettant à chaque membre de se faire une idée sur la base des preuves disponibles. En fait, en appuyant la motion et en évitant de prendre position, on dirait davantage une manoeuvre pragmatique crasse du gouvernement libéral qui veut le beurre et l'argent du beurre. C'est ce que laissait clairement entendre la déclaration du ministre. Selon celui-ci, le gouvernement était profondément troublé par les « terribles rapports de violations des droits humains à Xinjiang » et prend toute allégation de génocide extrêmement au sérieux. Il a dit que le Canada a la responsabilité de travailler avec d'autres membres de la communauté internationale pour veiller à ce que de telles allégations fassent l'objet d'une enquête par un organisme international et indépendant composé d'experts juridiques. Quatre jours plus tard, lui et le secrétaire d'État américain Antony Blinken ont eu leur première réunion bilatérale pour « l'avancement du travail de la Feuille de route d'un partenariat renouvelé États-Unis-Canada lancé par le premier ministre Justin Trudeau et le président Joe Biden lors de leur réunion virtuelle le 23 février 2021 ». Selon un rapport de leur réunion, les deux ont discuté des moyens de mieux coordonner et harmoniser leurs approches concernant la Chine.

Cette motion fait suite à une autre motion contre la République populaire de Chine qui a été présentée à la Chambre en novembre 2020, comme quoi la Chine « menace les intérêts nationaux du Canada et les valeurs de la population canadienne » et appelant le gouvernement « à lutter contre l'ingérence de plus en plus forte de la Chine au Canada[2]». Elle a été adoptée avec l'appui des quatre partis d'opposition et d'une poignée de députés libéraux, quelques jours seulement après que le sous-comité de la Chambre des communes sur les droits de la personne ait publié un rapport condamnant la Chine pour la commission d'« actes de génocide » contre la minorité musulmane ouïghoure. Ce comité est connu pour ses nombreuses concoctions de « contextes » pour justifier la politique étrangère canadienne, surtout lorsque le recours aux « droits humains » comme prétexte pour s'ingérer dans les affaires d'autres pays et peuples est à l'ordre du jour. Dans ce cas-ci, comme pour toutes les « études sur la situation au Venezuela » visant à justifier le rôle du Canada dans les activités de changement de régime des États-Unis dans ce pays, le rapport du comité est conforme aux « preuves » mises de l'avant par le porte-parole de « témoins » partiaux appelé à témoigner. Parmi eux, il y a les ONG financées par les États-Unis et d'autres personnages résolument antichinois prétendant être les défenseurs de la démocratie et des droits humains, tandis que les personnes dont les enquêtes et l'expérience viennent contrer le mythe du « génocide ouïghour » ne sont jamais invitées à venir expliquer le résultat de leurs enquêtes[3].

Cette campagne acharnée visant à diaboliser la Chine est inspirée des intérêts impérialistes américains pour isoler la Chine et l'éliminer en tant que concurrent économique mondial. L'opposition économique et politique à la Chine est alimentée par de puissants intérêts privés qui alimentent aussi les soi-disant soulèvements démocratiques à Hong Kong, la négation de la politique d'une seule Chine par Taïwan et la machine de guerre américaine. Fabriquer des histoires au sujet de ce qui se passe en Chine n'a rien à voir avec la création de systèmes démocratiques modernes mais a plutôt tout à voir avec la promotion de politiques identitaires afin de diviser et régner. Croire pour un instant que les États-Unis et le Canada ont à coeur le sort des Ouïghours dépasse les limites de l'imagination, même la plus tordue. La promotion intéressée de questions soulevées dans ces résolutions et visant à susciter des craintes d'ingérence étrangère et de puissances étrangères qui se serviraient de Canadiens comme d'agents agissant pour leur compte a pour but de justifier la consolidation des pouvoirs de police au Canada afin de limiter la parole, la soi-disant propagande haineuse et plus encore. Maintenant ils ont ajouté le crime haineux de génocide à leur lexique de mots à la mode qui banalise la signification des mots, déforme l'histoire, passée et présente, et justifie les crimes du présent.

Le 24 février était le 133e anniversaire de la première attaque à grande échelle contre les travailleurs d'origine chinoise à Vancouver en 1887 inspirée par la propagande antichinoise. Une attaque n'attendait pas l'autre contre les Chinois. Le gouvernement fédéral a recueilli plus de 23 millions de dollars en taxes d'entrée de citoyens chinois, jusqu'à ce que la Loi de l'immigration chinoise de 1923 stoppe totalement leur arrivée. En 1925, l'employé de maison Wong Foon Sing a été enlevé et torturé sous les ordres du procureur général provincial, qui prétendait que l'homme était soupçonné d'avoir tué une femme de chambre de Shaughnessy, une subdivision de Vancouver.

Le Canada a été fondé sur la base du génocide contre les nations autochtones et le traitement raciste des Chinois, des Japonais et des Indiens et la déclaration de la supériorité des soi-disant « nations fondatrices », l'une anglaise et l'autre française, au détriment de tous les autres. Prétendre, à la lumière de tout ce que l'État canadien a fait pendant plus de cent ans, que certains Canadiens pourraient agir pour le compte d'une puissance étrangère, consciemment ou inconsciemment, et que l'État doit nous défendre, défie toute logique. C'est d'emprunter aux scénarios qui ont mené à l'internement non seulement des Japonais – dont les maisons, les terres et les flottilles de pêche sont passées aux mains des défenseurs de Keep Canada White – mais aussi des Allemands, Ukrainiens, Japonais, Italiens, communistes et d'autres durant la Deuxième Guerre mondiale, sous prétexte qu'ils étaient des ennemis étrangers.

Munir les services de sécurité secrets d'impunité pour surveiller, restreindre et criminaliser les activités de ces gens que l'État a étiquetés d'ennemis réels ou potentiels, d'espions et extrémistes idéologiques ne vise pas à résoudre le moindre problème auquel les Canadiens sont confrontés. Ce sont des gestes qui sèment le vent et aucune quantité de propagande visant à détruire la cohésion politique et à désinformer les efforts du peuple pour s'investir du pouvoir ne permettra à ceux qui s'y prêtent d'éviter la tempête. Aussi longtemps que les critères sont gardés sous clé au nom de la sécurité nationale, ce qui est promu autorise les services de sécurité comme le Service canadien de renseignement de sécurité et le Centre de la sécurité des télécommunications Canada à surveiller toutes les opinions liées à la politique et les affaires internationales sans aucune considération pour ce que les Canadiens sentent, pensent et veulent. Les sondages intéressés financés par les mêmes forces qui agissent en ce sens contribuent au problème et non à la solution.

De toute évidence, cette dernière motion contre la Chine a été inspirée par les accusations portées par les administrations Trump et Biden. La motion est explicite : « Il existe un consensus aux États-Unis, où deux administrations consécutives sont d'avis que les Ouïgours et d'autres musulmans turciques font l'objet d'un génocide organisé par le gouvernement de la République populaire de Chine. » Après enquête, il est clair que la toute première accusation en ce sens du secrétaire d'État de Trump, Mike Pompeo, qui est virulemment antichinois, accusant la Chine de commettre le génocide, et la reprise éventuelle de cette accusation par le secrétaire d'État de Biden, Anthony Blinken, proviennent d'une seule source : un article publié en juin 2020 par un chercheur allemand, Adrian Zenz. Loin d'être « un des plus éminents spécialistes du monde sur la République populaire de Chine » comme il le prétend, Zenz est en fait un chrétien fondamentaliste de droite avoué dont le travail consiste essentiellement à attaquer le Parti communiste de Chine. Il est affilié à la Fondation à la mémoire des victimes du communisme et la Fondation néoconservatrice Jamestown à Washington. Une étude minutieuse de sa recherche révèle un abus flagrant de données et des faussetés pures et simples[3].

Honte aux conservateurs d'avoir proposé cette motion et à tous les partis de cartel à la Chambre des communes qui, sans hésiter, ont exprimé leur accord. Pour ce qui est du gouvernement du Parti libéral et ce qu'il nous réserve en restant silencieux et en s'abstenant, son jeu finira par être exposé alors qu'il poursuivra ses conspirations avec l'administration américaine visant à attaquer la Chine, justifier les mesures d'extradition falsifiée contre la directrice de Huawei, Meng Wanzhou, sans oublier toutes les manigances pour faire libérer les deux Canadiens emprisonnés en Chine. C'est le genre de discours qui prétend parler au nom des Canadiens tout en déterminant les « intérêts nationaux » du Canada.

Un récent article de LML au sujet de la propagande antichinoise souligne : « Ces intérêts privés se sont emparés de l'État des États-Unis, auquel ils ont également subordonné l'État canadien. Ils utilisent leur appareil de désinformation et leurs budgets pour mettre tout le poids de l'État à contribution dans leur effort pour éliminer les concurrents. Les peuples des pays qui composent le système impérialiste d'États sont censés prendre parti. »

Dans un article de 1996 à ce sujet, LML soulignait : « Les groupes de défense des droits humains devraient réfléchir à ces questions très sérieusement. En ce qui concerne la République populaire de Chine, elle a raison de s'opposer à cette ingérence dans les affaires intérieures de pays étrangers sous prétexte d'y défendre les droits humains. Les groupes de défense des droits humains, les partis politiques, toutes les personnes éprises de justice et de paix du monde se doivent de dénoncer l'impérialisme américain et tous les autres impérialistes et réactionnaires qui cherchent à justifier l'intervention, l'agression et la guerre. Ils doivent en même temps combattre pour les droits humains chacun dans son pays, et cela nécessite des transformations en profondeur sur les plans constitutionnel, juridique, économique, politique et culturel. Seuls les pays et les peuples qui garantissent les droits de tous les membres de la société, y compris les droits humains, des droits politiques égaux, les droits des femmes, etc. auront le droit moral de prêcher la même chose ailleurs. Sinon, qu'on ait les meilleures intentions du monde, on aboutit inévitablement à se faire le porte-parole des ambitions de l'impérialisme américain et des autres impérialistes et réactionnaires. Ces derniers comptent sur la confusion totale concernant les droits de leurs propres citoyens et des peuples du monde pour trouver des prétextes pour continuer de porter atteinte aux droits civils et aux droits politiques de leurs citoyens et les écarter de toute discussion sur une définition moderne des droits humains. Personne ne doit accepter de devenir l'instrument de leur intervention dans les affaires intérieures de pays étrangers et de leurs tentatives de justifier leurs agressions. C'est un bien mauvais présage pour les peuples du monde et cela conduit directement à une guerre inter-impérialiste mondiale. La classe ouvrière et les larges masses du peuple doivent être les premiers à s'assurer que cela ne se produise pas[5]. »

Notes

1. La définition juridique du génocide en vertu de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948) est : « l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

« a. Meurtre de membres du groupe ;

« b. Atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

« c. Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

« d. Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

« e. Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe. »

2. Voir « Le retour de l'hystérie du péril jaune », Pauline Easton, LML, 21 décembre 2020

3. Voir « Subcommittee report declaring 'Uighur Genocide' dominated by researchers and groups funded by CIA cut-out, National Endowment for Democracy », Aidan Johah, www.thecanadafiles.com, 22 février 2021

4. Voir « U.S. State Department accusation of China 'genocide' relied on data abuse and baseless claims by far-right ideologue », Gareth Porter et Max Blumenthal, thegrayzone.com, 18 février 2021

5. « L'impérialisme américain et les droits humains », Le Marxiste-Léniniste quotidien, 15 mars 1996

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