La plate-forme raciste du Parti nationaliste canadien

Le chef du Parti nationaliste canadien (PNC), Travis Patron, a été accusé d'« incitation volontaire à la haine », à cause d'une vidéo qu'il a produite qui lance un avertissement contre la « tribu des parasites ». Les organisations sionistes ont déposé une plainte, disant que l'expression est antisémite alors que le Parti nationaliste prétend qu'en fait elle est biblique. En se basant sur le programme, la documentation et les actions du PNC, on ne peut pas douter que le parti est raciste. Cependant, sur quelle base le parti doit-il être déclaré illégal alors que le parti cite non seulement la Bible chrétienne mais les premiers ministres canadiens Sir John A. Macdonald et Mackenzie King comme des mentors et des idéologues de son programme !

Dans la vidéo Beware the Parasitic Tribe, Patron cite un passage de la Bible, le Livre de l'Apocalypse, chapitre 3, verset 9 : « Voici, je te donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui mentent. » Les sionistes prétendent que c'est de l'antisémitisme parce que cela met un signe d'égalité entre le judaïsme et la synagogue de Satan. Les biblistes, cependant, donnent une explication toute différente de l'Apocalypse, chapitre 3, verset 9. Selon eux, la citation provient d'une lettre qui aurait été écrite par Jésus à ses disciples, dans laquelle il reconnaît leur foi face à la persécution. Jésus était juif, disent-ils. Il n'était pas antisémite. La « synagogue de Satan » se réfère en fait à ceux qui persécutaient l'église de Jésus et qui se disaient juifs mais n'étaient pas fidèles au judaïsme.

Les rapports indiquent qu'il est largement accepté par les biblistes que ceux qui souhaitent utiliser le verset pour justifier la haine contre tous les juifs déforment son intention et sont ignorants du contexte biblique et du fait que Jésus et les auteurs putatifs de l'Apocalypse sont tous juifs. Cette logique s'applique à la fois aux antisémites et aux sionistes alors pourquoi la police politique s'est-elle emparée de la question ?

Le PNC a été fondé par Travis Patron en juin 2017 et a été inscrit officiellement auprès d'Élections Canada en 2019. Son nom abrégé officiel est Parti nationaliste, à ne pas confondre avec le Parti nationaliste du Canada, formé en 1977 par le néonazi Don Andrews, mais jamais enregistré formellement auprès d'Élections Canada.

La première action du parti de Travis Patron a été un rassemblement à Toronto en août 2017. Elle a été organisée de façon à coïncider avec la convergence des organisations néonazies américaines et du Ku Klux Klan (KKK) à Charlottesville en Virginie, un événement durant lequel une femme de 32 ans, Heather Heyer, a été renversée et tuée de sang-froid par un raciste alors qu'elle manifestait contre le rassemblement.

Chaque tentative du PNC de promouvoir le racisme et la haine sous toutes sortes de formes, depuis le rassemblement initial de Toronto en 2017, a fait l'objet d'une opposition militante, pas de la part des sionistes mais de la part de la jeunesse canadienne à cause de son programme totalement raciste et antiouvrier. Le parti demande entre autres le retour de la Loi sur l'immigration raciste de 1952 ; l'abrogation de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et de la Loi sur l'équité en matière d'emploi et le retrait du Canada de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés qu'il a signée en 1951. La documentation du parti et sa plateforme sur l'immigration s'inspirent de William Lyon Mackenzie, qui a dit à la Chambre des communes en 1947 : « L'ensemble du Canada ne désire pas qu'une immigration massive modifie de façon fondamentale le caractère ethnique de notre population. »

Ils citent également Sir John A. Macdonald lors d'un débat à la Chambre des communes en 1885 : « La vérité est que toute l'histoire naturelle, toute l'ethnologie, montre que si les croisements des races aryennes sont réussis – alors qu'un mélange de ces races dont on sait ou croit qu'elles ont une origine commune est plus ou moins réussi –, ils vont fusionner. Lorsqu'on observe autour du monde, on constate que les races aryennes ne se fusionnent pas sainement avec les Africains et les Asiatiques. »

On lit aussi cette citation de Macdonald dans la documentation du Parti nationaliste au sujet du statut juridique des immigrants chinois qui ont construit les chemins de fer : « Nous sommes en cours de progrès ; ce pays continue et se développe, et nous aurons beaucoup de main-d'oeuvre de nos propres races apparentées, sans introduire cet élément de race bâtarde pour perturber le marché du travail, et nous ne devrions certainement pas leur permettre de partager le gouvernement du pays. »

Les accusations portées contre le chef du PNC pourraient tout aussi bien être portées contre l'État canadien, ses représentants et ses apologistes de même que ses dirigeants les plus emblématiques depuis sa création. Les sentiments de Macdonald contre les migrants chinois sont aisément reconnaissables au refus du gouvernement canadien actuel d'accorder un statut à tous les travailleurs et étudiants migrants dont le travail est essentiel et qui font une contribution considérable à notre économie aujourd'hui. Alors, qu'est-ce que le gouvernement, les partis cartellisés et la police politique sont en train de préparer ?

Selon la pratique passée et le mode opératoire du Parti libéral et de ses alliés depuis la Deuxième Guerre mondiale, vous lancez un ballon d'essai et vous voyez s'il vole. S'il y a des protestations, présentez une version « modérée » du même ballon et voilà, le tour est joué. Une autre version de ce modus operandi est d'attaquer d'abord les nazis et les néonazis, les laisser s'en tirer à bon compte, et porter les mêmes accusations, appliquer le même crime et punition contre les forces populaires.

L'affaire ne s'arrête pas là. Il y a toujours une suite.


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 6 - 28 février 2021

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