Discussion sur des sujets de préoccupation pour le corps politique

De nouvelles lois et réglementations pour prétendument combattre la propagande haineuse et la violence d'«entités extrémistes»

Le 21 février, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a organisé une réunion sur Zoom pour discuter des nouvelles lois et réglementations qui sont adoptées pour prétendument combattre la propagande haineuse et la promotion de la violence par des « entités extrémistes ». Le PCC(M-L) est d'avis que cette discussion est très importante. Il ne s'agit pas de savoir si l'État est derrière la violence terroriste, le racisme ou l'anticommunisme ou si sa définition de l'extrémisme est en soi une définition intéressée. Elle l'est, ils le sont. Les États qui, comme le Canada, sont fondés sur la théorie du contrat social hobbesien sont dominés par des pouvoirs de police, c'est-à-dire par des pouvoirs discrétionnaires arbitraires entre les mains des pouvoirs exécutif et judiciaire ainsi que des services de renseignement, de la police, des forces armées et des forces spéciales. De plus, ces entités jurent allégeance à la personne de l'État, une fiction créée pour établir une raison d'État. La personne d'État fictive brandit l'épée d'une main, représentant le pouvoir sur toutes les questions relatives à la guerre et à la paix, et le bâton pastoral de l'autre, représentant toutes les questions relatives aux valeurs acceptées, au crime et à la punition. Depuis la création de ce modèle d'État-nation après la guerre civile anglaise dans les années 1660, ces valeurs sont celles de la classe dirigeante dont il défend les intérêts de propriété et le pouvoir.

Dans ce modèle, des assemblées législatives ont été créées qui sont censées représenter la souveraineté du peuple, même si tous les représentants ne jurent pas allégeance au peuple mais au souverain. Au Canada, le « souverain » est la reine d'Angleterre, déclarée reine du Canada. S'il est vrai que c'est un titre plutôt symbolique, le souverain exerce des prérogatives qui, elles, ne sont pas du tout symboliques ; il les exerce à la fois directement et par l'intermédiaire des ministères, du pouvoir judiciaire, des hauts fonctionnaires et de tous ceux dont la mission principale est de perpétuer le pouvoir du souverain. C'est là que la police politique assume la fonction secrète essentielle d'éliminer toute menace à ce pouvoir par tous les moyens, qu'ils soient loyaux ou non. Toutes les réformes faites dans ce contexte sont fondamentalement imprégnées d'une idéologie anti-ouvrière, anti-peuple, raciste et, depuis le début de la guerre froide au XXe siècle, anticommuniste également.

La reconnaissance du rôle de l'État, constitué pour établir le type de pouvoir qui existe actuellement, est d'autant plus importante à une époque où la lutte du peuple pour l'affirmation de ses droits occupe une place centrale. Le Canada fait partie du système impérialiste d'États avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d'autres et ils sont tous aux prises avec les mêmes problèmes. Ils sont embourbés dans les crises alors que les temps exigent l'égalité et la garantie des droits de toutes et tous.

L'époque exige également que les conflits à l'intérieur d'un pays et entre les pays soient réglés de manière pacifique et honorable, d'une manière qui profite aux peuples du monde. Loin d'être guidés par les intérêts des peuples, les pays qui se fondent sur la défense des intérêts impérialistes utilisent tous les outils de leur arsenal pour établir leur propre hégémonie sur les puissances rivales. Il est même tabou de demander qui ils servent. Tout cela attise les passions et enrage, et c'est pourquoi de tels tabous doivent être remis en question. Ces préoccupations ne doivent pas être écartées et doivent faire l'objet de la pensée et de la parole.

Tout cela pour faire en sorte qu'aujourd'hui la lutte du Nouveau contre l'Ancien soit détournée dans des attaques contre des individus et la criminalisation de l'opinion, de la parole, de la pensée, de la conscience et de l'organisation. Les cercles dirigeants ne permettent pas que soit contestée leur prétention que c'est eux qui décident à la fois du crime et de la punition. Au nom de la sécurité nationale et de l'intérêt national, les critères permettant de déterminer qui est « légitime » et qui est « illégitime », quelle pensée est « légitime » et quelle pensée est « illégitime », sont gardés secrets et demeurent arbitraires et intéressés. Il est même tabou de demander qui ils servent. Ce sont précisément ces tabous qui doivent être remis en question et ne pas être écartés du champ de la pensée et de la parole. Dès que les limites dites « raisonnables » imposées aux droits ne sont pas perçues comme étant raisonnables, le corps politique est en difficulté. L'unité ne peut se construire que sur la base d'une opinion publique informée, elle ne se fait pas en désinformant l'opinion publique de sorte qu'aucune opposition ne puisse contester le pouvoir antinational et anti-peuple qui se constitue à un rythme de plus en plus rapide.

Tout cela se produit dans les conditions où les conséquences des politiques antisociales néolibérales s'avèrent désastreuses avec la croissance de la pauvreté et de la faim, des maladies, de la sécheresse et des dommages causés à l'environnement naturel et social. Lorsque les membres du Sénat américain s'échangent des accusations et contre-accusations de sédition, de trahison et de manque de patriotisme, cela a pour effet de fournir une justification à une prise de contrôle par les pouvoirs de police, comme lorsque le Pentagone a pris le contrôle du Capitole lors de l'assermentation de Joe Biden à Washington en janvier. C'était également une mise en garde pour Joe Biden.

Et maintenant, nous voyons la réponse de la police fédérale à l'approche du procès du policier qui a tué George Floyd, qui doit avoir lieu le 8 mars. Minneapolis a été transformée en une forteresse armée encore plus grande qu'à Washington lors de l'assermentation de Joe Biden le 20 janvier. C'est la réponse au mouvement populaire qui réclame l'égalité, la fin de l'impunité policière et le définancement de la police. C'est fait pour envoyer un message clair à ceux qui exigent que la police rende des comptes et que cesse l'usage de la violence contre le peuple, contre les travailleurs qui luttent pour leurs droits et contre les personnes qui se battent pour obtenir des services de santé, un emploi, de quoi se nourrir et se loger. On leur dit : vous ferez mieux de soutenir le nouveau président sinon... Et c'est évidemment l'opposition à l'impunité qui est la cible de l'attaque car elle constituerait une menace à la sécurité nationale et à l'intérêt national. Tout cela est présenté sous l'angle de la nécessité de protéger l'ordre constitutionnel et c'est pourquoi le peuple insiste sur le débat politique : il veut pouvoir déterminer comment aborder ces questions de manière à atteindre ses objectifs à lui et non ceux des cercles dirigeants.

Il ne fait aucun doute qu'aux États-Unis, comme dans tous les pays du monde où le régime n'est pas constitué par le peuple, la classe ouvrière, les gens de toutes origines et les nations autochtones apprendront à s'engager dans les nouvelles situations auxquelles ils sont confrontés en persistant dans leur lutte pour l'égalité et pour une forme de pouvoir qui assure la justice pour le peuple.

La réponse ne peut être que de lutter d'une manière qui permette l'émergence de la personnalité politique moderne dans la forme d'arrangements politiques qui engagent le peuple dans les prises de décision qui le concernent. La véritable question est de reconnaître l'égalité conférée par le fait d'appartenir au corps politique et d'affirmer le droit de parole, de conscience et d'organisation afin d'élaborer ensemble ce que cela signifie aujourd'hui, sous la forme d'interventions qui défendent les intérêts du peuple.

Le PCC(M-L) participe à cette discussion afin d'engager tout le monde dans une réflexion sur ce que signifie être politique dans la situation actuelle en analysant comment se pose ce problème qu'on appelle « terrorisme intérieur » et l'extrémisme idéologique et qui décide. Nous poursuivrons avec une discussion sur la signification de la mise en accusation de Trump. La probabilité de perdre était évidente, alors pourquoi tout ce spectacle ? Notre approche se fonde sur la question fondamentale à savoir comment engager et affirmer le droit humain à la parole et le droit humain de s'organiser dans les circonstances actuelles d'une manière qui défende les droits du peuple et les réclamations que toutes et tous sont en droit est en droit de faire à la société du fait de leur humanité.

Nous voulons commencer par rappeler clairement que le PCC(M-L) est et a toujours été opposé aux attaques terroristes sous toutes leurs formes, qu'elles soient individuelles ou collectives. Le PCC(M-L) a su combattre toutes les tentatives passées de l'éliminer avec des accusations de violence ou qu'il n'était pas une force politique légitime. L'emprisonnement de ses militants et la diffamation de ses dirigeants afin de l'isoler et de le détruire n'ont pas réussi parce que le PCC(M-L) est une entité politique qui répond aux besoins de notre époque. Dans toutes les conditions et circonstances, les membres du PCC(M-L) s'organisent pour apporter courage et conviction aux efforts émancipateurs du peuple. L'objectif de l'attaque contre le PCC(M-L) a toujours été de s'assurer que le peuple ne devienne pas lui-même politique.

Aujourd'hui encore, nous continuerons de défendre les droits des travailleurs, des femmes, des jeunes, des minorités nationales, des peuples autochtones et du Québec, ainsi que ceux des peuples combattants du monde et le droit d'être des États-nations souverains. Les attaques qui consistent à les déclarer illégitimes, à les déclarer commanditaires du terrorisme d'État et coupables de génocide, les tentatives de les déclarer inaptes à vivre s'ils refusent d'être réduits en esclavage et de répondre aux ordres des élites dirigeantes, ne passeront pas. La tentative de secourir les institutions dites de démocratie libérale en revenant aux méthodes passées, aux crimes de toutes sortes de la police politique et aux pouvoirs de prérogative, n'est pas ce qu'on attendrait d'une démocratie moderne. Le peuple rejette la création de ces spectres avec lesquels les cercles dirigeants cherchent à le hanter. Il est confronté à suffisamment de dangers réels sans qu'on en rajoute. Il y a longtemps, Karl Marx et Friedrich Engels ont proclamé au monde entier que les communistes devaient opposer leur propre manifeste au mensonge du spectre du communisme avec laquelle la bourgeoisie hantait l'Europe et ont lancé : Travailleurs de tous les pays, unissez-vous !

Le mouvement politique des peuples pour le Nouveau est l'antithèse même de ce qui constitue une conspiration ou des théories de la conspiration. Un programme politique n'est pas une conspiration ! Il ne se soumet pas aux limites intéressées que la classe dirigeante juge bon d'imposer au droit de parole, au droit de conscience et à l'action au nom de la sécurité nationale et de l'intérêt national. La parole est un droit humain, nécessaire pour humaniser l'environnement naturel et social. Le PCC(M-L) lance l'appel à toutes et à tous à s'exprimer sur ce sujet de préoccupation important pour le corps politique.


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 6 - 28 février 2021

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