Numéro 54 - 13 août 2020
La nécessité de faire respecter les droits
La redevabilité est une préoccupation
sérieuse pour les travailleurs
- Pierre Chénier -
Nouvelle-Écosse
• La revendication d'une
enquête publique sur la tragédie de Northwood
- Entrevue avec Jason MacLean
Québec
• Grève générale des
débardeurs du port de Montréal
• Des voix s'élèvent face
au décès d'un travailleur de la santé de
Montréal - Pierre Soublière
Colombie-Britannique
• Défendons les droits des
travailleurs agricoles saisonniers! -
Brian Sproule et Barbara Biley
• Passons à l'action
immédiatement pour empêcher l'isolement des
travailleurs agricoles étrangers -
Action radicale pour les migrants dans le
secteur agricole
• Les travailleurs de
l'hôtellerie continuent d'exiger que leurs
emplois soient protégés
Grande-Bretagne
• Les travailleurs de la
santé mettent de l'avant leurs demandes lors de
rassemblements de masse
La nécessité de faire respecter
les droits
- Pierre Chénier -
Les travailleurs sont très préoccupés
par le fait que les gouvernements à tous les
niveaux n'assument pas leur responsabilité envers
le peuple. Il est clair que les décisions que les
gouvernements ont prises et prennent aujourd'hui
ont créé les conditions pour que la pandémie de la
COVID-19 ait un impact dramatique et tragique pour
la santé et la sécurité des gens. Trente ans
d'offensive antisociale dans la santé et les
services sociaux, de compressions massives, de
privatisation accrue et de concentration plus
poussée du pouvoir décisionnel dans les mains des
ministres et de marginalisation et d'exclusion de
l'expérience, des opinions et des revendications
des travailleurs de première ligne ont miné la
capacité du système de santé de faire face à la
pandémie de la COVID-19. La tragédie au Manoir
Northwood en Nouvelle-Écosse en est un exemple.
Lorsque les gouvernements mettent sur pied des
commissions et des enquêtes pour examiner les
tragédies qui se produisent, ils le font derrière
des portes closes afin de s'assurer qu'on n'ira
pas au fond des choses. Ces enquêtes sont basées
sur la considération que l'expérience, les
propositions, les opinions et la voix des
travailleurs sont une entrave à l'objectif des
gouvernements de se maintenir au pouvoir et de
prendre toutes les décisions, non pas dans
l'intérêt du peuple, mais pour servir des intérêts
privés étroits.
Les travailleurs rejettent cet état de choses et
insistent pour qu'il y ait une discussion publique
ouverte dans laquelle les causes et les solutions
des problèmes sont abordées et examinées
publiquement. Ils n'acceptent pas que ces
soi-disant enquêtes soient utilisées pour les
empêcher d'avoir un mot décisif sur les affaires
qui les concernent. Il est absurde de prétendre
que les travailleurs de première ligne dans la
santé, qui maintiennent le système de santé en vie
à bout de bras et font de grands sacrifices,
doivent être privés de pouvoir décisionnel dans le
système. On peut dire la même chose des
travailleurs de tous les secteurs qui continuent
de produire les biens et de livrer les services
qui permettent à la société de fonctionner dans
ces moments de crise terrible. C'est la raison
pour laquelle les travailleurs s'opposent
fermement au « comme si de rien n'était » (le
« business as usual ») et au « retour à la
normale » parce que cette normalité est
précisément ce qui a aggravé la crise et l'a
rendue plus difficile à surmonter, et qu'elle
risque d'aggraver encore la situation.
Forum ouvrier ouvre ses pages aux
travailleurs pour qu'ils fassent entendre leur
voix, pour qu'ils brisent le silence sur leurs
conditions et sur leurs luttes à la défense de
leurs droits et des droits de tous et de
toutes pour résoudre les crises qui font
irruption d'une manière qui favorise le peuple.
Nouvelle-Écosse
- Entrevue avec Jason MacLean -
Jason MacLean est le président du Syndicat
des employés du gouvernement de la
Nouvelle-Écosse (NSGEU)
Forum ouvrier : Le NSGEU
insiste sur la tenue d'une enquête publique sur le
désastre qui s'est produit au centre Northwood de
soins de longue durée à Halifax et sur le système
de soins de longue durée de la Nouvelle-Écosse.
Peux-tu nous en dire plus sur cette
revendication ?
Jason MacLean : En ce qui
concerne ce qui s'est passé au centre Northwood,
nous ne devons pas oublier que cet établissement
joue un rôle central dans le système de soins de
longue durée de la Nouvelle-Écosse. Il est
considéré comme le flambeau des soins de longue
durée de la province. Il est le plus grand
établissement de ce type de soins à l'est de
Montréal. On le présentait comme l'endroit où
aller pour obtenir de tels soins. Il est central
d'un point de vue géographique parce qu'il est
situé dans la région centrale de la province, à
Halifax, et il est central du point de vue de la
qualité des soins, car il était considéré comme le
modèle à suivre. C'est dans cet établissement
pourtant que 53 résidents ont perdu la vie au
printemps.
Nous devons apprendre quelles erreurs ont été
commises, où l'ensemble du système a connu des
défaillances. Nous allons aussi apprendre qu'il
faut investir davantage dans les soins de longue
durée. La seule façon d'y arriver, parce que cela
va impliquer des coûts, est de mobiliser tout le
monde pour examiner la pandémie et les décisions
qui ont été prises dans le contexte de cette
pandémie. En faisant cela, nous allons établir un
cadre qui va nous aider pour l'avenir à éviter que
d'autres gouvernements ne prennent des décisions
semblables à celles qui nous ont menés à la
tragédie de Northwood. Cette tragédie n'est pas
arrivée juste comme ça. Elle s'est produite à
cause de certaines décisions, et, bien sûr, de la
pandémie elle-même. Les résidents de la
Nouvelle-Écosse doivent faire partie de ce travail
parce qu'ils doivent demander la réforme du
système des soins de longue durée. Cela n'arrivera
pas si on ne les mobilise pas dans cet examen et
si on tient celui-ci derrière des portes closes et
que des décisions sont prises sur des changements
à faire dont personne ne comprend la logique ni
l'impact qu'ils vont avoir pour l'amélioration de
la situation. Nous tenons à ce que l'enquête soit
publique.
FO : Est-ce qu'il y a de
l'intérêt parmi les Néo-Écossais en ce moment pour
la tenue d'une enquête publique ?
JM : Le NSGEU demande la
tenue d'une enquête publique depuis le début. Nous
sommes le premier groupe à avoir formulé cette
revendication. Puis, la présidente-directrice
générale de Northwood a dit qu'elle était ouverte
à la tenue d'une enquête publique. Les familles
des 53 résidents qui sont morts à Northwood
revendiquent elles aussi une enquête publique.
Selon nous, il existe un appui grandissant pour
une telle enquête parmi les Néo-Écossais, surtout
qu'ils viennent de réaliser qu'ils ont du pouvoir
en ayant obtenu la tenue d'une enquête publique
sur la tuerie de masse qui s'est produite à
Portapique[1].
Les gouvernements fédéral et provincial ont dû
changer d'idée et accepter de tenir une enquête
publique. Si les résidents de la Nouvelle-Écosse
insistent pour obtenir une enquête publique, il va
y en avoir une.
FO : Le rapport « Neglecting
Northwood » que le NSGEU a publié indique que
ce qui s'est produit à Northwood constitue un
échec de politique publique. En quoi consiste cet
échec selon toi ?
JM : De nombreux rapports ont
été écrits ces dernières années sur le système de
soins de longue durée et leurs recommandations
n'ont pas été mises en oeuvre. En plus, en 2015 et
en 2017, le gouvernement provincial a
présenté des budgets qui comprenaient des
compressions dans les soins de longue durée. Au
cours des sept ans de pouvoir de Stephen
McNeil, aucun lit de soins de longue durée n'a été
créé, bien que le niveau d'acuité des problèmes
des résidents des soins de longue durée et des
gens hospitalisés n'a cessé d'augmenter. En ce qui
concerne les soins à domicile, les gens doivent
rester chez eux plus longtemps, bien que leurs
problèmes deviennent également de plus en plus
graves. Cette politique publique a fait en sorte
que les gens deviennent de plus en plus malades
chez eux au lieu d'obtenir de bons soins dans des
établissements de soins de longue durée. Cela fait
un bon moment que la politique publique est
inadéquate et on le voit clairement avec la
pandémie qui fait des victimes, comme ce fut le
cas à Northwood. C'est tragique comme situation.
La politique publique est décidée par les
budgets. Le gouvernement actuel n'a pas voulu
investir dans les soins de longue durée et ce sont
les gens qui en ont besoin qui en souffrent. Notre
population ne rajeunit pas et de plus en plus de
gens ont besoin d'établissements de soins de
longue durée.
FO : Veux-tu dire quelque
chose en conclusion ?
JM : Nous sommes maintenant
captifs de cette pandémie. Des choses se sont
produites. Les gouvernements ont pris des
décisions. Nous continuons à souligner que nous ne
pouvons pas poursuivre dans la voie des dix
dernières années dans les soins de longue durée.
Les investissements dans ce secteur ont reculé.
Nous devons améliorer le système. La question
n'est pas de savoir qui a tort et qui a raison. La
question, c'est d'obtenir un bon niveau de soins
pour nos aînés parce qu'ils y ont droit.
Note
1. Les 18 et 19
avril, un tireur solitaire déguisé en agent de la
GRC s'est lancé dans une fusillade meurtrière
de 13 heures qui a commencé dans la petite
communauté rurale de Portapique en
Nouvelle-Écosse. Vingt-deux personnes ont été
tuées avant que le tireur ne soit abattu par la
police. Pendant des semaines, alors que les
familles des victimes et les résidents de la
province revendiquaient une enquête publique sur
la fusillade massive, les gouvernements fédéral et
provincial n'ont pas répondu et ont finalement
annoncé la tenue d'un examen indépendant par un
panel de trois personnes au lieu d'une enquête
publique. Lorsque la pression sur eux est devenue
plus forte, les gouvernements fédéral et
provincial ont accédé à la demande et ont annoncé
une enquête publique sur la tuerie de masse.
Québec
Lundi matin, le 10 août, les débardeurs du
port de Montréal ont déclenché une grève générale
illimitée alors que leurs négociations avec leur
employeur, l'Association des employeurs maritimes,
ont connu une impasse. La convention collective
des quelque 1 100 travailleurs, membres
de la section locale 375 du Syndicat canadien de
la fonction publique, est échue depuis la fin
de 2018.
Une des principales demandes de l'employeur est
que les débardeurs acceptent des heures de travail
devenues intenables alors que le volume de travail
au port a augmenté de beaucoup ces dernières
années. Dans une entrevue aux médias, Michael
Murray, membre de l'équipe de négociation de la
section 375 du SCFP, a expliqué la
situation :
« Les débardeurs travaillent 19 jours
sur 21. À une époque, ces horaires-là
correspondaient à quelque chose de faisable parce
que le trafic dans le port de Montréal permettait,
à l'intérieur des 19 jours sur 21,
d'avoir des journées qu'on disait 'off
rémunérées'. Les débardeurs offrent une
disponibilité de 24 heures sur 24, fins de
semaine comprises. La contrepartie c'est qu'on a
une sécurité d'emploi. L'arrivée d'années record
après années record dans le port de Montréal a
fait en sorte que le volume de travail a augmenté
et nos gens travaillent continuellement 19
jours sur 21. On a une nouvelle génération de
débardeurs, qui sont de jeunes débardeurs, hommes
et femmes, dont il faut prendre soin, et ils ne
pourront pas endurer cette situation pendant des
années.
« On veut réaménager les horaires où l'employeur
aurait une certaine flexibilité et pour nos gens
la possibilité d'avoir une meilleure conciliation
travail/vie personnelle, et nous avons présenté
une proposition dans ce sens. L'employeur s'est
dit d'accord avec le concept de remodulation des
heures pour lui assurer de la flexibilité, mais
pour le reste, il dit qu'il ne va pas accepter
notre proposition à moins que cela soit à coût
nul. Ce sont des compagnies multimilliardaires qui
oeuvrent dans le port. Les plus petites d'entre
elles sont milliardaires. Quand on va d'année
record en année record, on ne peut pas nous dire à
la table de négociation qu'il faut que nos
demandes soient à coût nul. Le syndicat des
débardeurs s'est toujours battu pour nos
conditions de travail. On veut améliorer la
qualité de vie de nos débardeurs et en même temps
examiner les demandes patronales pour une
meilleure flexibilité pour les horaires de
travail. L'employeur veut prendre seulement ce qui
lui convient. C'est la raison pour laquelle on met
la pression économique sur les compagnies
maritimes. »
Une des choses qui ont poussé les travailleurs à
la grève est le fait que pendant les quelques
jours de grève légale que les travailleurs ont
faite pendant les dernières six semaines,
l'employeur a exercé des représailles en changeant
unilatéralement les conditions de travail des
débardeurs, réduisant les primes de temps
supplémentaire. Le syndicat dénonce aussi
l'utilisation de briseurs de grève par l'employeur
pour rendre la grève inefficace.
Forum ouvrier appuie entièrement cette
juste lutte des débardeurs pour leurs droits et
appelle tous les travailleurs à se tenir à leurs
côtés.
Le port de Montréal est le deuxième plus grand
port du Canada, après celui de Vancouver. Il est
un centre de transbordement diversifié qui traite
tous les types de marchandises, conteneurisées et
non conteneurisées, vrac liquide et vrac solide.
Seul port à conteneurs au Québec, il est un port
de destination desservi par les plus grandes
lignes maritimes au monde. Il est également une
plaque tournante intermodale qui possède son
propre réseau de chemin de fer directement sur les
quais, relié aux deux réseaux ferroviaires
pancanadiens, le Canadien National et le Canadien
Pacifique. L'Administration portuaire de Montréal
(APM) exploite aussi un terminal de croisières et
un centre d'interprétation portuaire. Selon l'APM,
le port de Montréal génère des revenus annuels de
près de 2,6 milliards de dollars sur le PIB
canadien.
(Photos : SCFP 375)
- Pierre Soublière -
Thong Nguyen
|
Thong Nguyen avait 48 ans, il était père de
famille et
préposé aux bénéficiaires à la salle d'urgence de
l'hôpital Jean-Talon à Montréal. Il a été infecté
par la COVID-19 en mai et est décédé le 11
juin. La Commission des normes, de l'équité et de
la santé et la sécurité au travail (CNESST) a
rédigé un rapport qui n'a pas été rendu public,
mais que le journal La Presse a pu
consulter. L'inspectrice de la CNESST n'y confirme
pas que Thong Nguyen a contracté le virus dans le
cadre de ses fonctions, malgré qu'elle reconnaisse
qu'il avait été affecté aux zones froides, tièdes
et chaudes de la COVID-19. Elle dit aussi que les
autres préposés l'ont informée que pendant la
pandémie, ils n'avaient pas reçu de formation sur
les mesures de prévention à appliquer face à la
pandémie et qu'il y avait eu un manque régulier de
masques de protection. En dépit de ces
constatations, l'inspectrice affirme : «
Selon les documents qui m'ont été fournis par
l'employeur, plusieurs formations et procédures
ont été mises en place pour protéger les
travailleurs et prévenir la propagation de la
COVID-19 ». Elle prétend que les travailleurs
interrogés n'ont pas pu lui préciser « la
chronologie des faits » relatifs à
l'environnement de travail les semaines avant que
le travailleur soit déclaré positif à la COVID-19.
Elle en conclut donc qu'aucun avis de correction
n'est requis de la part de l'hôpital Jean-Talon.
Cette évaluation est sévèrement critiquée par la
famille de Thong Nguyen ainsi que par des
syndicats associés. La docteure Lan Nguyen est la
cousine de Thong et le porte-parole de la famille.
Elle dit qu'elle est extrêmement déçue par la
superficialité du rapport qui affirme ni plus ni
moins que tout est parfait et qu'il n'y a rien à
améliorer. « L'État tente par tous les moyens de
recruter de nouveaux préposés, mais on ne cherche
pas les failles pour comprendre comment mieux les
protéger », dit-elle.
Alexandre Paquet, président du Syndicat des
travailleuses et travailleurs du CIUSSS du
Nord-de-l'Île-de-Montréal (CSN) écrit : «
Thong Nguyen est décédé en luttant chaque jour sur
le terrain contre la COVID-19. Pourtant, la CNESST
n'émet aucun avis de correction dans son rapport
sur son décès, comme si c'était normal de laisser
sa vie en travaillant et comme si tout allait bien
dans le meilleur des mondes dans le réseau. »
Il ajoute : « Cette décision lance un très
mauvais message, soit que si vous contractez la
COVID-19 et que vous mourez dans le cadre de votre
travail, vous ne serez probablement pas
indemnisés. Votre famille sera abandonnée dans une
précarité financière par le gouvernement. »
Jeff Begley, le président de la Fédération de la
santé et des services sociaux (FSSS-CSN), a
déclaré : « Quand on voit que plus
de 13 600 travailleuses et travailleurs
du réseau ont été infectés dans la première vague,
c'est qu'il y a un problème. Malheureusement,
depuis le début de la pandémie, la CNESST se
limite à suivre les recommandations de la Santé
publique. Les décès de ces travailleurs montrent
pourtant que ces recommandations sont
insuffisantes pour bien protéger le
personnel. »
Le fait que le gouvernement et ses institutions
ne mettent pas tout en oeuvre pour aller au fond
des choses et élucider pourquoi un si grand nombre
de travailleurs de la santé – et d'aînés – ont été infectés ni ne
cherchent à élucider les circonstances ayant
occasionné des décès comme celui de Thong Nguyen
est cruel et socialement irresponsable. Il est
tout à fait inacceptable que les travailleurs
soient traités avec si peu de respect et que leurs
revendications et celles de leurs familles et
syndicats visant à corriger la situation, surtout
en prévision d'une résurgence, soient constamment
ignorées par le gouvernement et ses institutions.
La dignité et l'intégrité des travailleurs de la
santé et de leurs patients sont au coeur du
système de santé que les gens veulent et
requièrent et le fait d'élever nos voix et de
pousser dans cette direction est exactement ce qui
est nécessaire pour transformer la situation et
obtenir un système de santé et un environnement de
travail dignes d'êtres humains.
Colombie-Britannique
- Brian Sproule et Barbara Biley -
En juillet, plusieurs travailleurs étrangers
temporaires de l'entreprise Krazy Cherry Fruit
Company à Oliver, dans le territoire intérieur de
la Colombie-Britannique, ont été déclarés positifs
pour la COVID-19, ce qui a amené les autorités de
la santé publique de l'Intérieur à déclarer une
éclosion et à émettre une ordonnance
empêchant 36 travailleurs migrants et 9
autres personnes de quitter la propriété de la
ferme. Les travailleurs infectés ont été
transférés dans un hôtel où ils ont été mis en
quarantaine.
Les travailleurs étrangers temporaires ont
démontré que les conditions de vie et de travail à
la ferme les exposent au risque de transmission de
la COVID-19. Le 17 juillet, CBC News a publié
une vidéo prise par un travailleur montrant les
conditions de vie à la ferme. Les images montrent
une chambre partagée par quatre hommes. L'un des
lits a été utilisé par l'un des travailleurs
touchés par la COVID-19 et qui était en isolement
au moment de la vidéo. Des sacs en plastique noirs
contenant ses biens sont toujours dans la pièce.
Les lits dans la chambre sont distants d'à peine
un mètre et les chambres sont séparées par des
couvertures suspendues. La vidéo montre un
réfrigérateur presque vide. Les travailleurs ne
sont pas autorisés à quitter la ferme pour acheter
de la nourriture.
De nombreuses voix s'élèvent au sujet du
traitement réservé aux travailleurs agricoles
migrants en Colombie-Britannique. Un article paru
le 27 juin 2020 dans Tri-City News
(qui dessert Coquitlam, Port Coquitlam et Port
Moody) rapporte que Berenice Diaz Ceballos, la
consule générale du Mexique à Vancouver, a demandé
que les travailleurs migrants du Mexique
bénéficient des mêmes droits que les travailleurs
canadiens et réclamé une meilleure surveillance
par les gouvernements provincial et fédéral des
conditions dans les fermes de la province. Bien
au-delà de mille travailleurs migrants ont été
infectés par la COVID-19 alors qu'ils
travaillaient au Canada cette année et, en
Ontario, trois travailleurs sont décédés. Le
journal rapporte que la consule générale a visité
plus de 350 des 550 fermes de la
Colombie-Britannique qui emploient des
travailleurs mexicains et a déclaré que
« 40 % d'entre elles ont des logements
insalubres » et elle a décrit des lieux
d'hébergement parsemés d'ordures, infestés de
cafards et sans matelas pour y dormir. Elle a dit
que dans certains cas, les propriétaires des
fermes ont installé des cadenas à l'extérieur de
la seule sortie des dortoirs et a déclaré : «
S'il y a une urgence, s'il y a un incendie, ils
mourront immédiatement. »
Les travailleurs sont entassés dans des
fourgonnettes pour les transporter vers et depuis
les champs. L'intimidation et le harcèlement des
travailleurs sont courants afin de les empêcher de
s'exprimer. Les menaces d'expulsion sont
constantes. Deux travailleurs de la pépinière
Bylands (site en avril dernier d'une importante
éclosion de la COVID-19 qui a touché 23
travailleurs) à Kelowna-Ouest ont été licenciés et
expulsés vers le Mexique après que des
représentants de l'organisation de défense RAMA (Action
radicale pour les migrants dans le secteur
agricole) leur ont rendu
visite le 28 juin pour leur apporter de la
nourriture et des vêtements. Les travailleurs
avaient terminé leur quarantaine obligatoire
de 14 jours après avoir commencé à travailler
à Bylands le 27 mai et il n'y avait pas eu
d'éclosion à la ferme à cette époque, l'éclosion
précédente ayant été déclarée terminée le 21
mai. Bylands a arbitrairement décrété que les
travailleurs agricoles migrants ne sont pas
autorisés à quitter la propriété ou à recevoir des
visiteurs, une restriction qui ne s'applique à
aucun autre travailleur.
Rejointe chez elle au Mexique, Erika Zavala,
l'une des anciennes travailleuses expulsées de
Bylands, a déclaré : « Les travailleurs qui
cherchent simplement à subvenir aux besoins de
leur famille méritent un traitement digne, juste
et égal ». Elle a ajouté : « De nombreux
employeurs pensent qu'en nous donnant du travail,
nous leur appartenons et ils peuvent faire de nous
ce qu'ils veulent ». L'activiste de RAMA, Amy
Cohen, qui a été l'une des défenseurs qui ont
rendu visite aux travailleurs le 28 juin, a
déclaré le 22 juillet à CBC News que RAMA est
préoccupé par le fait que la politique
d'interdiction de visiteurs et d'interdiction de
quitter le lieu de travail de l'employeur pendant
la durée de l'emploi sont une violation des droits
humains. « C'est discriminatoire et injuste, car
les restrictions ne s'appliquent qu'aux
travailleurs étrangers temporaires et non aux
autres employés de Bylands. »
Bylands n'est pas le seul employeur de
travailleurs étrangers temporaires à restreindre
l'accès à la communauté. Deux des plus grandes
fermes fruitières de l'Okanagan, Coral Beach Farms
et Jealous Fruits, interdisent aux travailleurs
migrants de quitter leurs propriétés ou de
recevoir des visiteurs. « Nous nous sentons comme
des prisonniers », a déclaré un travailleur à
RAMA : « Les Canadiens ont le droit d'aller
faire l'épicerie au magasin, d'aller à l'église,
d'aller au parc. Pourquoi pas nous ? »
Le 28 juillet, RAMA a lancé un appel aux
membres de la communauté pour qu'ils contactent
Bylands, Coral Beach Farms et Jealous Fruits, et
leur demandent d'autoriser l'accès à la communauté
et les droits de visite aux travailleurs étrangers
temporaires une fois leur période de quarantaine
obligatoire de 14 jours terminée. L'appel
comprend également une demande aux résidents de
contacter le ministre de la Santé Adrian Dix et le
ministre du Travail Harry Bains. RAMA demande la
mise en place pour tout travailleur licencié d'un
processus d'enquête et d'en appeler de la
décision.
Forum ouvrier se joint aux travailleurs
agricoles migrants et à leurs défenseurs et alliés
partout au pays pour exiger que les droits des
travailleurs migrants soient respectés et qu'ils
obtiennent le statut de résident permanent. Ces
travailleurs jouent un rôle essentiel en
fournissant aux Canadiens et à d'autres la
nourriture dont nous avons besoin et le Canada
doit leur garantir des conditions de travail et de
vie dignes et saines et des soins de santé selon
les standards canadiens.
- Action radicale pour les
migrants dans le secteur agricole -
Au début du mois de
juillet, Erika Zavala et Jesus Molina, deux
travailleurs temporaires étrangers mexicains, ont
été congédiés par Bylands Nurseries à
Kelowna-Ouest et rapatriés trois jours plus tard.
Ils ont été congédiés parce qu'ils auraient
contrevenu à la politique de leur employeur de ne
pas s'éloigner du site de la ferme et de ne pas
accueillir de visiteurs même si ce n'était pas
leur période de confinement de deux semaines. Ils
avaient reçu la visite de deux membres de RAMA qui
leur ont apporté des vêtements et de la nourriture
adaptée à leur culture, tout en respectant toutes
les directives de distanciation physique telles
que recommandées par le gouvernement de la
Colombie-Britannique.
Bylands Farms n'est pas le seul employeur de
travailleurs du Programme des travailleurs
agricoles saisonniers (PTAS) qui limite la
capacité des travailleurs migrants de recevoir des
visiteurs et d'avoir accès aux communautés pour
acheter des produits de première nécessité ou
d'avoir accès aux services essentiels. Certains
des plus gros employeurs de travailleurs du PTAS
dans la vallée de l'Okanagan (comme Coral Beach et
Jealous Fruits) ont déclaré publiquement qu'ils
vont limiter l'accès de leurs travailleurs
étrangers aux communautés.
Les travailleurs de Coral Beach et de Jealous
Fruits sont entrés en contact avec les membres de
RAMA et d'autres défenseurs des droits de la
communauté pour leur dire qu'ils sentaient qu'ils
étaient retenus illégalement sur la ferme, sans
accès aux communautés locales. « Nous nous sentons
comme des prisonniers », a dit un travailleur
à RAMA. « Les Canadiens peuvent aller au magasin
faire leur épicerie, ils peuvent aller à l'église,
au parc –
pourquoi pas nous ? »
L'isolement forcé des travailleurs agricoles
temporaires étrangers après leur période de
confinement par des employeurs tels que Bylands,
Jealous Fruits et Coral Beach doit cesser
immédiatement. Ces actes racistes et
discriminatoires contreviennent aux droits humains
de ces travailleurs essentiels et sont néfastes
pour leur santé et leur bien-être ainsi qu'à ceux
des communautés locales puisqu'ils empêchent les
travailleurs de faire part de symptômes
directement au personnel de la santé et d'avoir
accès aux réseaux d'appui des communautés locales.
Appel à l'action : Appeler ou faire parvenir
un message courriel à Bylands, Coral Beach et
Jealous Fruits [1].
Note
1.Pour de l'information sur
comment contacter ces employeurs et les
représentants gouvernementaux et sur quoi leur
dire, visitez le site Web de RAMA
ici.
(28 juillet 2020)
La section locale 40 de Unite Here, qui
représente 6 000 des 50 000
travailleurs d'hôtellerie en Colombie-Britannique,
a annoncé son intention de tenir des grèves de la
faim de cinq jours devant l'Assemblée législative
de la Colombie-Britannique du 10 au 14
août, de 9 h du matin à 11 h du soir.
L'annonce faite sur Facebook appelle les lecteurs
à « se joindre à nous pour une semaine de grève de
la faim de travailleurs qui revendiquent des
réunions avec nos députés réticents, pour puiser
la force dans notre communauté et nos alliés
spirituels, et exiger que justice soit faite pour
les travailleurs qui ont passé leur vie à bâtir
l'industrie du tourisme de la
Colombie-Britannique ».
Les travailleurs veulent rencontrer les membres
de l'Assemblée législative pour exiger qu'ils
s'activent pour protéger leurs emplois, peu
importe combien de temps ils ont été mis à pied en
raison de la COVID-19. L'industrie du tourisme
demande d'être renflouée au montant de 680
millions de dollars et les travailleurs exigent
que toute aide à l'industrie soit conditionnelle à
la protection de leurs emplois. Les gestionnaires
d'hôtels en Colombie-Britannique demandent aussi
une nouvelle extension de la période de mise à
pied par le gouvernement provincial, après quoi
les employeurs doivent verser une indemnité de
départ, au-delà de la date actuelle du 30
août, et que le gouvernement fédéral prolonge la
Prestation canadienne d'urgence (PCU).
Il y a 1 252
hôtels et 83 000 chambres d'hôtel dans
la province. Ils ont tous été fermés dès le début
de la pandémie et près de 25 % d'entre
eux sont toujours fermés. Les hôtels qui ont été
rouverts fonctionnent à 30 % de leur
capacité. Une infime partie de la main-d'oeuvre
seulement a été rappelée, souvent à des heures
réduites et sans horaires de travail réguliers.
Avant d'annoncer la semaine de jeûne à
l'Assemblée législative, la section locale 40
a organisé une série d'événements pour faire
connaître la situation des travailleurs et leurs
revendications, dont des piquetages, des
rassemblements et des conférences de presse devant
les hôtels ainsi que devant le bureau de
circonscription de la ministre du Tourisme Lisa
Beare à Maple Ridge et devant les bureaux de
circonscription d'autres députés de l'Assemblée
législative. Le 7 juillet, près de 60
travailleurs d'hôtellerie et leurs alliés se sont
rassemblés devant l'Assemblée législative.
Le 28 juillet, le syndicat a organisé une
manifestation devant le Shangri-La Vancouver, un
hôtel de luxe propriété de Westbank et Peterson
Investments, deux des principaux promoteurs de
Vancouver. La manifestation avait pour but de
dénoncer le congédiement de travailleurs mis à
pied par le Shangri-La. D'autres actions
similaires ont eu lieu devant le Pan Pacific et
les autres hôtels de la région de Vancouver.
Le communiqué de presse publié au moment de la
manifestation au Shangri-La comprend les
déclarations de deux travailleurs congédiés. KM
Chan, anciennement aide serveur mis à pied à
l'hôtel Shangri La Vancouver, y dit : « Je ne
comprends pas pourquoi ils ont dû mettre fin à
notre emploi. Pourquoi ne nous ont-ils pas tout
simplement laissés en mise à pied pour que nous
puissions retourner à nos emplois après la
pandémie ? J'ai des collègues de travail qui
comptaient sur cet emploi pour obtenir leur statut
de résidence permanente et qui allaient l'obtenir
prochainement, mais à la suite de ces cessations
d'emploi, ils vont perdre ce qu'ils ont travaillé
fort à obtenir et pourraient être forcés de
quitter le pays. » Rajini Fjani, un ancien
préposé aux chambres mis à pied, a dit : «
Ceux d'entre nous qui avons été congédiés
pourraient être remplacés par des travailleurs
temporaires au salaire minimum. Mes collègues de
travail qui sont toujours employés se font dire
qu'ils doivent renoncer à leurs années de service
pour devenir travailleurs occasionnels, sur appel,
et renoncer à leurs droits d'indemnité de départ.
Sinon, ils seront congédiés. Le gouvernement
provincial doit agir dès maintenant pour protéger
les travailleurs et faire en sorte qu'ils aient
des emplois qu'ils pourront réintégrer dès que les
affaires s'améliorent. »
Dans un courriel à la ministre du Tourisme, des
Arts et de la Culture de la Colombie-Britannique,
Lisa Beare, la directrice de recherche de la
section locale 40, Michelle Travis, explique
que les gestionnaires de l'hôtel Pan Pacific ont
demandé aux employés d'accepter un recul dans
leurs droits comme employés sans quoi ils
pourraient perdre leur emploi. Elle dit : «
On leur demande d'abandonner leur statut régulier,
leur horaire et leur ancienneté et de devenir des
travailleurs occasionnels et sur appel. Il
semblerait qu'on leur offre aussi 250 dollars
pour qu'ils renoncent à toute réclamation
d'indemnité de départ. »
Michelle Travis a appelé le gouvernement à créer
un droit de rappel pour tous les travailleurs qui
restera en place jusqu'à ce que la pandémie soit
terminée et a demandé que les travailleurs
puissent retourner à leur emploi dès une reprise
de l'industrie. Sinon, dit-elle, les employeurs
vont embaucher des travailleurs à des salaires
inférieurs. « Cela engendre un nivellement par le
bas ».
Depuis le début de la pandémie, les employeurs
ont cherché à se servir de la crise comme prétexte
pour intensifier leurs attaques contre les droits
des travailleurs, notamment pour retirer aux
travailleurs syndiqués les conditions de travail
et les salaires qu'ils ont gagnés au cours des
années et contourner les normes minimales pour les
travailleurs non syndiqués en vertu des normes du
travail. Ils veulent remplacer des emplois stables
par des emplois occasionnels, sur appel ou basés
sur une économie à la demande qui fait en sorte
que les travailleurs travaillent dans les
conditions les plus précaires et ne sont pas
couverts par la Loi
sur les normes d'emploi. Cela ne doit pas
passer !
Les travailleurs de l'hôtellerie de la
Colombie-Britannique mènent une lutte courageuse
pour leurs emplois et pour le droit de tous les
travailleurs d'être traités avec dignité et
respect et ils appellent tout le monde à les
appuyer. On peut participer à leur action devant
l'Assemblée législative et la section
locale 40 de Unite Here demande aussi aux
résidents de la province de faire parvenir un
message à leur député pour que soient adoptés «
Les trois ingrédients essentiels des travailleurs
de l'hôtellerie pour une saine
reprise » : la protection des emplois
des travailleurs, un retour sécuritaire au travail
et un appui financier aux travailleurs mis à pied.
La lettre est accessible sur le site Web de la section
locale 40 de Unite Here.
(Photos : Section locale 40 de
UNITE HERE)
Grande-Bretagne
Le 8 août, des travailleurs du Service
national de santé (NHS) de Grande-Bretagne ont
organisé des marches à distanciation physique pour
défendre leur dignité et pour dire haut et fort
que l'inégalité salariale dans le secteur public
n'est pas acceptable. Leur principale
revendication est une augmentation
de 15 % de leur rémunération, inchangée
depuis 10 ans.
Dans plus de 30 villes, villages et petites
communautés d'Angleterre, d'Écosse et du Pays de
Galles, des milliers d'infirmières et d'autres
travailleurs du NHS sont descendus dans la rue
pour protester contre le refus du gouvernement
d'offrir une augmentation de salaire malgré leur
héroïsme lors de la pandémie du coronavirus. La
plus grande manifestation a eu lieu à Londres et a
donné lieu à une marche sur Downing Street qui
s'est terminée par un rassemblement. Les
travailleurs sont restés silencieux pendant deux
minutes en signe de respect pour les collègues qui
ont perdu la vie en combattant la COVID-19. Les
manifestants ont été applaudis par les passants
qu'ils croisaient alors qu'ils se dirigeaient vers
le 10, Downing Street, aux chants de « Boris
Johnson, nous entends-tu crier, paie-nous
correctement, sinon va-t'en » qui étaient
dirigés vers la résidence officielle et le bureau
du premier ministre britannique. Parmi les
pancartes dans les différentes actions, il y en
avait qui affichaient simplement
« 540 », le nombre d'aides-soignants et
de travailleurs du NHS décédés du coronavirus.
D'autres pancartes indiquaient « Héros de la
COVID, zéro augmentation de salaire », « Les
infirmières veulent plus que des applaudissements,
elles veulent des conditions de travail
sécuritaires », « De héros à zéro £ »,«
Les infirmières sont là pour la vie, pas seulement
pour le confinement », etc.
Déclaration de la Campagne pour sauver l'hôpital
South
Tyneside (SSTHC) à l'occasion de la marche
En préparation de la marche, la SSTCH a publié
une déclaration intitulée « Déclaration de la
campagne pour sauver l'hôpital South Tyneside à
propos de la hausse salariale des
infirmières ».
La déclaration dit :
« Le samedi 8 août, des infirmières et des
travailleurs de la santé, appuyés par des
activistes de la santé et de nombreux autres
alliés, organiseront une marche à distanciation
physique de l'infirmerie royale Victoria à
Newcastle pour un rassemblement au Monument. Cela
fait partie des manifestations nationales des
infirmières et des travailleurs de la santé dans
une trentaine de villes dans tout le pays.
« Cela fait suite au
mercredi 29 juillet, lorsque des milliers
d'infirmières et d'autres travailleurs de la santé
ont défilé à travers Londres jusqu'à Downing
Street pour réclamer une augmentation de salaire
et un arrêt des attaques contre le NHS, alors que
les organisateurs de la manifestation ont réclamé
'Non aux inégalités dans le secteur public et
justice sur le front salarial !'.
« Les infirmières et autres travailleurs de la
santé parlent en leur propre nom et se battent à
la fois pour améliorer leur propre salaire et en
même temps pour prendre part à la lutte pour
sauvegarder l'avenir du NHS et des services de
soins.
« Depuis que l'hypocrisie de Boris Johnson et du
gouvernement a été mise à nu par leurs
applaudissements aux travailleurs de la
santé un jour et leur refus d'augmenter leurs
salaires le lendemain, les infirmières ont
exprimé leur colère sur les réseaux sociaux et
dans d'autres forums. Maintenant elles prennent la
rue d'assaut, appuyées par les médecins et
d'autres, dans une série de marches et de
manifestations.
« Lors de nos discussions, la SSTHC a souligné
les déclarations d'infirmières très en colère qui
ont montré qu'il ne s'agissait pas seulement de la
rémunération, mais de la négligence totale du
bien-être de tout le personnel de la santé. En
même temps, elles ont dû subir des attaques
constantes contre le NHS, la privatisation accrue,
les réductions d'effectifs du personnel, la
réduction des bourses des étudiantes infirmières
et la promotion de la marchandisation privée aux
dépens des soins aux patients. Il a également été
question du fait que les travailleurs de la santé
luttent contre l'imposition de l'austérité, tout
comme de nombreuses personnes, actives et sans
emploi. Certains travailleurs de santé doivent
utiliser les banques alimentaires pour manger et
ont du mal à payer leurs factures après des années
de réductions salariales en termes réels, suivies
par un accord désastreux de trois ans de bas
salaires qui a encore une fois aggravé la
situation de beaucoup plus d'infirmières
expérimentées. Les infirmières ont perdu autant
que 20 % de leur salaire en termes réels
au cours des 10 dernières années. Cela a
poussé de nombreuses personnes à partir,
incapables de supporter le stress de tenter de
fournir des soins aux patients au niveau dont ils
savent qu'il devrait être offert à tous en tant
que droit.
« Dès le début, les infirmières, les
aides-soignants et d'autres membres de nombreux
groupes différents ont clairement indiqué qu'ils
appuyaient les fonctionnaires qui recevaient une
augmentation de salaire, et ils savent également
que nombre de ces services subissent également des
compressions pour financer les soi-disant
'augmentations salariales'. Ils ont également
exprimé leur opposition au Trade Bill et à
d'autres attaques du gouvernement contre le NHS.
C'est un gouvernement qui a utilisé la crise de la
COVID-19 pour remplir davantage les poches des
monopoles privés de la santé et d'autres
entreprises privées telles que Serco et Deloitte,
tout en poursuivant tout au long de la crise les
fermetures prévues d'hôpitaux et d'unités des
soins d'urgence et d'accidents, ainsi que la
diminution des services. Ce sont des services
vitaux en soins de santé à fournir à la population
et dont la diminution a entraîné de nombreux décès
inutiles.
« Ce que reflète ce nouveau mouvement des
infirmières et d'aides-soignants, c'est que ce qui
est fait pour saper leur salaire et leurs
conditions de travail et le NHS n'est certainement
pas fait en leur nom. Dans le cadre de la
discussion organisée par la SSTHC, une infirmière
expérimentée qui a traversé la crise de la
COVID-19 a dit: « Les infirmières et autres
aides-soignants parlent désormais en leur propre
nom pour un nouvel avenir qui défend et garantit
leur bien-être dans le cadre de garantir le droit
de tous aux soins de santé selon les plus hautes
normes que la société puisse atteindre. Ce n'est
pas un rêve futur. C'est ce que les autorités
devraient prendre en main maintenant, et les
infirmières et les travailleurs de la santé
devraient être habilités à prendre les décisions à
l'avenir pour un nouveau système de santé centré
sur l'être humain pour notre NHS, nos hôpitaux,
nos services de santé communautaire et mentale, et
nos endroits de travail. »
Avec la journée d'action, les travailleurs de la
santé ont clairement exprimé que toute la
direction future du NHS est en jeu et qu'il ne
doit pas y avoir de retour à ce qu'on appelle la «
normalité ».
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