Colombie-Britannique

Défendons les droits des travailleurs agricoles saisonniers!

En juillet, plusieurs travailleurs étrangers temporaires de l'entreprise Krazy Cherry Fruit Company à Oliver, dans le territoire intérieur de la Colombie-Britannique, ont été déclarés positifs pour la COVID-19, ce qui a amené les autorités de la santé publique de l'Intérieur à déclarer une éclosion et à émettre une ordonnance empêchant 36 travailleurs migrants et 9 autres personnes de quitter la propriété de la ferme. Les travailleurs infectés ont été transférés dans un hôtel où ils ont été mis en quarantaine.

Les travailleurs étrangers temporaires ont démontré que les conditions de vie et de travail à la ferme les exposent au risque de transmission de la COVID-19. Le 17 juillet, CBC News a publié une vidéo prise par un travailleur montrant les conditions de vie à la ferme. Les images montrent une chambre partagée par quatre hommes. L'un des lits a été utilisé par l'un des travailleurs touchés par la COVID-19 et qui était en isolement au moment de la vidéo. Des sacs en plastique noirs contenant ses biens sont toujours dans la pièce. Les lits dans la chambre sont distants d'à peine un mètre et les chambres sont séparées par des couvertures suspendues. La vidéo montre un réfrigérateur presque vide. Les travailleurs ne sont pas autorisés à quitter la ferme pour acheter de la nourriture.

De nombreuses voix s'élèvent au sujet du traitement réservé aux travailleurs agricoles migrants en Colombie-Britannique. Un article paru le 27 juin 2020 dans Tri-City News (qui dessert Coquitlam, Port Coquitlam et Port Moody) rapporte que Berenice Diaz Ceballos, la consule générale du Mexique à Vancouver, a demandé que les travailleurs migrants du Mexique bénéficient des mêmes droits que les travailleurs canadiens et réclamé une meilleure surveillance par les gouvernements provincial et fédéral des conditions dans les fermes de la province. Bien au-delà de mille travailleurs migrants ont été infectés par la COVID-19 alors qu'ils travaillaient au Canada cette année et, en Ontario, trois travailleurs sont décédés. Le journal rapporte que la consule générale a visité plus de 350 des 550 fermes de la Colombie-Britannique qui emploient des travailleurs mexicains et a déclaré que « 40 % d'entre elles ont des logements insalubres » et elle a décrit des lieux d'hébergement parsemés d'ordures, infestés de cafards et sans matelas pour y dormir. Elle a dit que dans certains cas, les propriétaires des fermes ont installé des cadenas à l'extérieur de la seule sortie des dortoirs et a déclaré : « S'il y a une urgence, s'il y a un incendie, ils mourront immédiatement. »

Les travailleurs sont entassés dans des fourgonnettes pour les transporter vers et depuis les champs. L'intimidation et le harcèlement des travailleurs sont courants afin de les empêcher de s'exprimer. Les menaces d'expulsion sont constantes. Deux travailleurs de la pépinière Bylands (site en avril dernier d'une importante éclosion de la COVID-19 qui a touché 23 travailleurs) à Kelowna-Ouest ont été licenciés et expulsés vers le Mexique après que des représentants de l'organisation de défense RAMA (Action radicale pour les migrants dans le secteur agricole) leur ont rendu visite le 28 juin pour leur apporter de la nourriture et des vêtements. Les travailleurs avaient terminé leur quarantaine obligatoire de 14 jours après avoir commencé à travailler à Bylands le 27 mai et il n'y avait pas eu d'éclosion à la ferme à cette époque, l'éclosion précédente ayant été déclarée terminée le 21 mai. Bylands a arbitrairement décrété que les travailleurs agricoles migrants ne sont pas autorisés à quitter la propriété ou à recevoir des visiteurs, une restriction qui ne s'applique à aucun autre travailleur.

Rejointe chez elle au Mexique, Erika Zavala, l'une des anciennes travailleuses expulsées de Bylands, a déclaré : « Les travailleurs qui cherchent simplement à subvenir aux besoins de leur famille méritent un traitement digne, juste et égal ». Elle a ajouté : « De nombreux employeurs pensent qu'en nous donnant du travail, nous leur appartenons et ils peuvent faire de nous ce qu'ils veulent ». L'activiste de RAMA, Amy Cohen, qui a été l'une des défenseurs qui ont rendu visite aux travailleurs le 28 juin, a déclaré le 22 juillet à CBC News que RAMA est préoccupé par le fait que la politique d'interdiction de visiteurs et d'interdiction de quitter le lieu de travail de l'employeur pendant la durée de l'emploi sont une violation des droits humains. « C'est discriminatoire et injuste, car les restrictions ne s'appliquent qu'aux travailleurs étrangers temporaires et non aux autres employés de Bylands. »

Bylands n'est pas le seul employeur de travailleurs étrangers temporaires à restreindre l'accès à la communauté. Deux des plus grandes fermes fruitières de l'Okanagan, Coral Beach Farms et Jealous Fruits, interdisent aux travailleurs migrants de quitter leurs propriétés ou de recevoir des visiteurs. « Nous nous sentons comme des prisonniers », a déclaré un travailleur à RAMA : « Les Canadiens ont le droit d'aller faire l'épicerie au magasin, d'aller à l'église, d'aller au parc. Pourquoi pas nous ? »

Le 28 juillet, RAMA a lancé un appel aux membres de la communauté pour qu'ils contactent Bylands, Coral Beach Farms et Jealous Fruits, et leur demandent d'autoriser l'accès à la communauté et les droits de visite aux travailleurs étrangers temporaires une fois leur période de quarantaine obligatoire de 14 jours terminée. L'appel comprend également une demande aux résidents de contacter le ministre de la Santé Adrian Dix et le ministre du Travail Harry Bains. RAMA demande la mise en place pour tout travailleur licencié d'un processus d'enquête et d'en appeler de la décision.

Forum ouvrier se joint aux travailleurs agricoles migrants et à leurs défenseurs et alliés partout au pays pour exiger que les droits des travailleurs migrants soient respectés et qu'ils obtiennent le statut de résident permanent. Ces travailleurs jouent un rôle essentiel en fournissant aux Canadiens et à d'autres la nourriture dont nous avons besoin et le Canada doit leur garantir des conditions de travail et de vie dignes et saines et des soins de santé selon les standards canadiens.

(Sources: CBC, Tri-City News, The Guardian)


Cet article est paru dans

Numéro 54 - Numéro 54 - 13 août 2020

Lien de l'article:
Colombie-Britannique: Défendons les droits des travailleurs agricoles saisonniers! - Brian Sproule et Barbara Biley


    

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