Numéro 53 - 6 août 2020
Des développements sur le front de la santé
Les syndicats de la santé mènent
des actions pour garantir que les travailleurs
sont protégés
• Les
syndicats de la santé du Québec réclament que le
gouvernement garantisse des mesures de
protection accrues
• Les syndicats des
travailleurs de première ligne de la santé
lancent la campagne « Des soins, pas des profits
»
• Les données de Santé
publique Ontario révèlent les effets
dévastateurs de la pandémie sur les
travailleuses et les travailleurs de la santé
- Unifor
• Les infirmières de
l'Ontario intensifient leurs actions contre les
lois 195 et 124
• Un syndicat de la
Nouvelle-Écosse refuse de participer à l'enquête
secrète du gouvernement provincial sur la
résidence Northwood
Nous sommes
tous essentiels
• Statut pour tous et
toutes!
Les
travailleurs de site d'enfouissement du
Nouveau-Brunswick
• La persistance des
travailleurs à défendre leurs droits l'emporte!
Félicitations!
Des développements sur le front de
la santé
Dans son communiqué de presse du 23
juillet, la Fédération de la santé et des services
sociaux (FSSS-CSN) indique que des syndicats de la
Fédération ont déposé des plaintes auprès de la
Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de la sécurité du travail (CNESST) pour réclamer
un rehaussement des mesures de protection des
travailleurs du réseau de la santé et des services
sociaux en prévision d'une deuxième vague de la
COVID-19.
Dans les plaintes, il est demandé à la CNESST
d'obliger les employeurs à appliquer le principe
de précaution et à émettre les avis de correction
nécessaires pour que les équipements de protection
soient fournis et que les mesures de prévention
soient établies en fonction d'une possible
transmission de la COVID-19 par aérosol, et ce,
jusqu'au moment où il y aura consensus
scientifique sur le mode de transmission[1].
Les syndicats font valoir qu'il faut notamment
favoriser le port d'un appareil de protection
respiratoire, comme le masque N-95, à l'ensemble
du personnel du réseau.
« Le temps passe et il est très préoccupant de
constater que ni la CNESST, ni la santé publique,
ni le gouvernement n'annoncent de changements
concrets pour assurer une meilleure protection du
personnel face à une deuxième vague. Ça ne prend
pas la tête à Papineau pour réaliser qu'on a
échoué dans la première vague. De plus en plus
d'études scientifiques pointent vers la
possibilité d'une transmission aérienne du virus.
Nous déposons des plaintes pour que la CNESST
passe à l'action et joue son rôle pour assurer la
sécurité des travailleuses et travailleurs du
réseau », écrit Jeff Begley, le président de
la fédération.
Le communiqué de
presse souligne que l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) a récemment confirmé le risque que le
virus se propage dans l'air, sur la base d'études
de plus de 200 chercheurs en provenance de
plusieurs pays dans le monde. La FSSS rappelle
qu'il existe un nombre croissant d'études qui
démontrent que le virus se transmet non seulement
par les grosses gouttelettes émises par la toux et
les éternuements, mais aussi par de microscopiques
gouttelettes qui sont libérées dans l'air lorsque
nous respirons ou parlons. Ces microscopiques
gouttelettes sont si légères qu'elles restent
longtemps en suspension dans l'air, ce qui met à
risque les personnes qui sont mal protégées.
Le président de la fédération écrit que les
équipements de protection fournis actuellement au
personnel du réseau ne protègent pas le personnel
contre le risque de la transmission dans l'air. Il
souligne qu'il faut corriger le tir maintenant, en
prévision d'une deuxième vague de la pandémie.
La FSSS souligne que les syndicats ont pris la
décision de déposer ces plaintes suite aux
réponses insatisfaisantes des employeurs lorsque
les syndicats ont voulu coopérer avec eux pour
faire la lumière sur les défaillances vécues lors
de la première vague et mettre en place les
changements nécessaires pour assurer la protection
des travailleurs face à une deuxième vague. La
FSSS rappelle que jusqu'à maintenant plus
de 13 600 travailleurs et travailleuses
de la santé ont été infectés par le virus.
Note
1. À la suite de l'épidémie
mondiale du Syndrome respiratoire aigu sévère
(SRAS) entre 2002 et 2005, dont sont morts
plus de 40 membres du personnel de la santé
en Ontario et où plus de 300 personnes ont
contracté le virus, le gouvernement de l'Ontario a
nommé une Commission pour examiner l'éclosion de
l'épidémie. La Commission a recommandé que le
principe de précaution guide la pratique des
établissements de santé pour protéger les
travailleurs et la population dans les cas de
menace sérieuse à la santé publique. Elle a décrit
de la façon suivante le principe de
précaution : « Lorsqu'il existe des preuves
raisonnables d'une menace imminente à la santé
publique, il n'est pas approprié d'exiger une
preuve de causalité au-delà de tout doute
raisonnable avant de prendre des mesures pour
écarter la menace. Les efforts pour réduire le
risque n'ont pas à attendre de preuves
scientifiques. »
(Photos: FO, CIUSS-NIM,
FSSS-CSN, CSN)
Le 23 juillet, l'Union internationale des
employés des services - Division santé (UIES), le
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP)
et Unifor, qui représentent les travailleurs de la
santé de première ligne en Ontario, ont tenu une
conférence de presse commune pour lancer la
campagne « Des soins, pas des profits. » La
conférence de presse en ligne a été visionnée par
plus de 19 000 personnes. Alors
que 1 800 personnes sont mortes dans les
centres de soins de longue durée durant la
pandémie de la COVID-19, cette campagne appelle
les Ontariens à réclamer des changements
fondamentaux dans le secteur des soins de santé.
Sharleen Stewart, présidente de l'UIES - division
santé, a débuté la conférence de presse en disant
qu'au milieu de la pire crise que notre secteur
des soins de longue durée ait connue depuis des
décennies, nous avons vu des entreprises à but
lucratif choisir l'argent pour leurs actionnaires
plutôt que de meilleurs soins pour les personnes
âgées. « C'est de l'argent », a-t-elle
déclaré, « qui aurait dû être consacré à
l'amélioration des salaires des travailleurs
faiblement rémunérés, à créer plus d'emplois à
plein temps, à l'augmentation des ÉPI, à la
climatisation pour les résidents et à de meilleurs
protocoles sur les maladies infectieuses. Comme
nous le savons, cela ne s'est pas produit. »
Nous savons que des entreprises comme Extendicare,
Chartwell et Revera placent les profits avant les
soins, a-t-elle dit, et « le gouvernement devrait
retirer ces entreprises du secteur des soins de
santé ».
Candace Rennick, secrétaire-trésorière du
SCFP-Ontario, a été la deuxième à prendre la
parole. Elle a expliqué qu'elle avait commencé à
travailler en première ligne dans un établissement
de soins de longue durée à l'âge de 16 ans. «
Depuis, a-t-elle dit, j'ai vécu la détérioration
rapide d'un système qui est censé fournir des
soins dignes à nos proches dans leurs derniers
jours. J'ai cette expérience comme travailleuse et
comme fille, car mon père est décédé dans un
établissement de soins de longue durée. Depuis des
années, nos syndicats et d'autres activistes des
soins de longue durée ont appelé les gouvernements
successifs à se mobiliser, mais les cris des
travailleurs de première ligne, des résidents et
des familles ont été régulièrement ignorés.
« Les gouvernements sont au courant de la
situation et ils n'ont pas réagi. Nous avons
besoin d'améliorer les affectations du personnel.
Nous avons besoin de reddition de comptes et nous
avons besoin d'un engagement de la part de ce
gouvernement que le changement se produira, que
les conditions seront améliorées, mises en place
grâce à une réglementation et des inspections
appropriées, et un financement adéquat.
« Chaque dollar public investi dans les soins de
longue durée, a-t-elle dit, doit être utilisé pour
améliorer la qualité de vie des résidents et les
conditions de travail du personnel. Cela signifie
mettre fin aux soins ayant le profit comme
objectif. Ce n'est plus suffisant maintenant
d'être irrités ou attristés par l'état de notre
système de soins de longue durée. Chacun de nous
doit agir pour exiger que ce gouvernement mette un
terme à un système basé sur le profit où nos êtres
chers vivent et meurent dans leur dignité. »
Jerry Dias, président d'Unifor, a déclaré que son
syndicat, tout comme l'UIES - division santé et le
SCFP, sonnait l'alarme sur les soins de longue
durée depuis plus d'une décennie, bien avant le
début de la pandémie.
« Le personnel soignant dispose en moyenne de six
minutes pour prodiguer des soins matinaux à chaque
résident. Six minutes ! Bien moins que ce que
méritent ces résidents.
« Les travailleurs étaient déjà aux prises avec
des demandes croissantes lorsque la pandémie a
frappé. Pourtant, ils n'étaient tout simplement
pas capables de faire ce qui était nécessaire dans
un système qui a échoué. À mesure que la COVID-19
s'est propagée, chacun de nous a été horrifié et
pris de honte devant ce qui s'est passé dans nos
centres de soins de longue durée. Permettez-moi de
dire sans équivoque que les travailleurs que nous
représentons sont exceptionnels. Dans les cas
d'épidémies graves, nombre d'entre eux ont
travaillé jusqu'à l'épuisement. Beaucoup d'entre
eux sont tombés malades et malheureusement, nous
savons que 8 membres du personnel soignant
sont décédés des suites de la COVID-19.
« Sur les 15 centres de soins de longue
durée qui ont enregistré le plus grand nombre de
décès, 13 d'entre eux étaient à but lucratif.
Ce n'est pas une coïncidence. Personne ne devrait
faire des profits aux dépens du bien-être des
autres. Plus jamais ! »
Au cours de la conférence de presse, les
syndicats ont projeté une vidéo en hommage aux
personnes âgées décédées dans des établissements
de soins de longue durée à cause de la COVID-19 et
en hommage au dévouement des travailleurs de la
santé de première ligne. La vidéo peut être
visionnée et partagée à partir du site Web
carenotprofit.ca ou sur Facebook.
Des actions immédiates réclamées du premier
ministre
de l'Ontario
Le 30 juillet, les mêmes syndicats
ont publié la déclaration commune ci-dessous à la
suite de la publication de l'étude sur la dotation
en soins de longue durée en Ontario, lancée en
février 2020 par le ministère de la Santé et
des Soins de longue durée. La déclaration se lit
comme suit :
« Aujourd'hui, le
gouvernement provincial a reçu un autre rapport de
recommandations sur ce que nous savons depuis des
années. Il est temps de prendre des engagements de
financement transformationnels et d'adopter un
échéancier rigoureux pour garantir aux
travailleurs de la santé le soutien dont ils ont
besoin pour fournir des soins de qualité aux plus
vulnérables. Hélas, le gouvernement du premier
ministre Ford n'a pas encore pris de mesures pour
financer un plan d'action qui améliorerait la
prestation des soins de longue durée. Les trois
syndicats préconisent depuis longtemps une norme
de soins de quatre heures par résident et par
jour. Ils exhortent le gouvernement à prendre des
mesures immédiates pour adopter cette norme.
« Nous sommes heureux que le rapport fasse écho à
notre recommandation d'une moyenne quotidienne
minimale de quatre heures de soins directs par
résident, en fonction des heures travaillées et
non des heures rémunérées. La prochaine étape
consiste à donner du mordant à cette norme en
l'enchâssant dans la loi.
« Certaines mesures constructives et réalistes
s'offrent au premier ministre Ford, dès
maintenant, pour améliorer le système :
- veiller à ce que les travailleurs soient
payés à un taux proportionnel à l'importance de
leur contribution ;
- éliminer les effets négatifs du projet de
loi 124 sur la rétention des
travailleurs ;
- rétablir les congés de maladie payés
précédemment éliminés ;
- réviser les accords de paiement de transfert
avec les exploitants pour exiger plus d'emplois
à temps plein ;
- inclure les syndicats, les familles et les
défenseurs des travailleurs dans tout échéancier
de mise en oeuvre des politiques.
« Les travailleurs de première ligne de la santé
sont de véritables héros qui ont trop longtemps
été exploités par un système qui fait passer les
profits avant les soins. Ils ont besoin de soutien
tout de suite, avant la saison grippale d'automne
et un second pic de COVID-19.
« Comme nous le savons tous, la dotation en
personnel des soins de longue durée était en crise
avant la propagation de la COVID-19. Après les
effets écrasants de la pandémie, elle se retrouve
carrément sous respirateur artificiel. Assez
discuté. Nous avons besoin d'une action audacieuse
tout de suite. »
- Unifor -
Les données de Santé publique Ontario révèlent
les effets dévastateurs de la pandémie sur les
travailleuses et travailleurs de la santé [1]
Les données provinciales sur la COVID-19
publiées par Santé publique Ontario montrent le
coût de toutes les années passées à ignorer les
demandes des travailleuses et travailleurs de la
santé, et les risques d'une inaction continue.
Les travailleuses et travailleurs de la santé
étaient gravement surreprésentés dans les données,
représentant plus de 17 % de tous les cas, avec 5
800 cas positifs et 13 décès entre le 15 janvier
2020 et le 22 juin 2020.
« Le système de santé de l'Ontario est un lieu
de travail dangereux, bien au-delà de ce qui est
raisonnable, a déclaré Jerry Dias, président
national d'Unifor. Le risque pour la santé des
travailleuses et travailleurs dans l'ensemble du
système, et en particulier dans les soins de
longue durée, peut être corrigé si le gouvernement
Ford apporte les changements systémiques que les
travailleuses et travailleurs réclament depuis des
années. »
Plus de 38 % des cas de COVID-19 parmi les
travailleuses et travailleurs de la santé
proviennent du secteur des soins de longue durée.
Alors que les données indiquent que seulement 302
cas étaient des préposés aux services de soutien à
la personne, Santé publique Ontario n'a commencé à
recueillir des données sur cette classification
que le 29 mai 2020, des mois après le début de la
pandémie. De nombreuses autres classifications
d’employés qui travaillent à proximité des
patients atteints de la COVID-19, comme les
porteurs, les femmes de ménage, les techniciens et
les technologues, et les commis d'unité ne font
pas l'objet de traçage, on les appelle seulement «
profession de travailleurs de la santé non
spécifiée ».
« Recevoir ces données des mois après le début
de la pandémie, alors que le gouvernement n'a
toujours pas de plan global pour remettre sur pied
notre secteur de la santé en ruine, est une
insulte pour les travailleuses et travailleurs de
première ligne que le premier ministre a qualifiés
de héros à plusieurs reprises, a déclaré Naureen
Rizvi, directrice de la région de l'Ontario
d’Unifor. Nous savons depuis des années que
l'Ontario connaît une crise de personnel dans le
secteur des soins de longue durée et que les
coupes ont laissé les services de santé surchargés
et en danger. Ces données montrent les effets
dévastateurs de ces choix. »
Les récentes annonces du gouvernement de
l'Ontario n'ont pas apporté de solutions réelles
aux problèmes soulevés par les travailleuses et
travailleurs de première ligne, notamment ceux qui
figurent dans le rapport de décembre 2019 d'Unifor
et de la Coalition ontarienne de la santé Caring
in Crisis: Ontario’s Long-Term Care PSW Shortage
(Les soins en crise : la pénurie de préposés aux
services de soutien à la personne dans les soins
de longue durée en Ontario – en anglais seulement)[2].
Au lieu de cela, le gouvernement Ford a continué
à insister pour que la plupart des fonds publics
destinés aux lits de soins de longue durée soient
dirigés vers des établissements à but lucratif,
n'a pas abordé la question de la pénurie de
personnel, mais a imposé un plafond salarial de 1
% dans l'ensemble de la fonction publique, et veut
prolonger les ordonnances d'urgence pour les
travailleuses et travailleurs de la santé jusqu'à
une année complète en vertu de la loi 195.
« Le premier ministre Ford doit améliorer la
sécurité, les salaires et toutes les conditions de
travail dans les soins de longue durée dès
maintenant, afin de ramener les travailleuses et
travailleurs dans le secteur, a poursuivi Jerry
Dias. Au lieu de cela, son gouvernement rend un
emploi déjà difficile encore plus difficile avec
la loi 195 qui va faire des ravages sur les
horaires des travailleuses et travailleurs de
première ligne, leurs vacances et même leur
capacité à gagner leur salaire d'avant la pandémie
car il concerne le fait d'avoir plus d'un lieu de
travail. »
Pour ajouter l'insulte à l'injure, la prime de
pandémie des travailleuses et travailleurs de la
santé de première ligne devrait prendre fin en
août. Beaucoup n'ont pas encore reçu la prime
promise il y a près de trois mois, et plusieurs
autres en sont exclus[3].
« Rien de ce qui se passe actuellement ne me
porte à croire que nous sommes préparés à faire
face à une deuxième vague de cette pandémie, a
déclaré Dias. Le temps est venu de reconstruire le
système de santé publique de l'Ontario. Unifor et
les travailleuses et travailleurs de la santé de
l'Ontario sont tout à fait prêts à participer à la
mise en œuvre des solutions réelles dont les
patients et les travailleurs ont besoin. »
Notes
1. Pour voir les
données, ici
2. Pour voir le rapport,
ici
3. Voir « Prime
salariale
liée à la pandémie pour tous les travailleurs
et travailleuses de la santé »
Les infirmières de l'Ontario intensifient leurs
actions pour demander l'abrogation des
lois 124 et 195. La Loi 124,
adoptée par le gouvernement le 8
novembre 2019, limite les augmentations de
salaire et la rémunération totale des travailleurs
du secteur public à 1 % par année. La
Loi 195, adoptée le 21 juillet, permet au
gouvernement de prolonger les pouvoirs d'urgence
qui supplantent les lois, réglementations et
conventions collectives en vigueur, y compris
celles négociées par les infirmières et les
professionnels de la santé. L'Association des
infirmières et infirmiers de l'Ontario (AIIO) a
promis d'intensifier les actions jusqu'à
l'abrogation de ces lois.
Ottawa
Le lendemain de l'adoption du projet de
Loi 195 le 22 juillet, des infirmières
et des sympathisants dont des enseignants se sont
rassemblés devant le bureau de circonscription du
député d'Ottawa-Ouest-Nepean, Jeremy Roberts, pour
protester contre les lois 124 et 195.
D'autres actions ont eu lieu les jours suivants
dans plusieurs villes devant les bureaux de
circonscription de députés.
Elmira
Le 24 juillet, les infirmières de l'hôpital
général St-Mary d'Elmira se sont rassemblées
devant le bureau de circonscription du député
provincial de Kitchener-Conestoga, Mike Harris,
pour demander l'abrogation des lois 124
et 195.
Whitby
Les infirmières de Whitby ainsi que leurs
collègues et amis ont également organisé un
rassemblement le 24 juillet de 11 h
à 14 h devant le bureau de circonscription du
député provincial Lorne Coe à Whitby.
Richmond
Un autre rassemblement a été organisé le 29
juillet par la section locale 83 de l'AIIO
devant le bureau de la députée provinciale de
Carleton, Goldie Ghamari.
Dans un communiqué du 30 juillet, le Syndicat
des employés du gouvernement et des employés
généraux de la Nouvelle-Écosse (NSGEU) a annoncé
qu'en raison de la nature secrète de l'enquête sur
la résidence Northwood, le président du NSGEU,
Jason MacLean, a décidé de ne pas y participer.
Northwood Manor est un immense centre situé à
Halifax, avec près de 600 résidents et plus
de 400 travailleurs pour s'occuper d'eux et
où 53 résidents sont morts de la COVID-19 ce
printemps. Des centaines d'autres résidents ont
été infectés de même que plusieurs travailleurs. À
la fin de juin, le gouvernement de la
Nouvelle-Écosse a annoncé qu'il procédait à une
enquête sur les décès dus à la COVID-19 dans ce
centre de soins de longue durée pour personnes
âgées. Les membres du NSGEU, qui ne travaillent
normalement pas à Northwood Manor, y ont été
redéployés au plus fort de la pandémie, par arrêté
ministériel.
« Le processus d'examen de Northwood annoncé
le 30 juin interdit à quiconque comparaît
devant le comité de partager publiquement les
informations sous peine de menace d'amendes et de
peines de prison », explique le président du
NSGEU dans le communiqué de presse. À la fin de
juillet, MacLean a été invité à partager
l'expérience des membres du NSGEU qui ont
travaillé à Northwood pendant la première vague
d'éclosion de la COVID-19 avec le comité d'examen.
Quelques heures à peine avant cette réunion, le
NSGEU a reçu un courriel d'un membre du personnel
du comité déclarant que « toute information sur
l'amélioration de la qualité est protégée contre
la divulgation en vertu de la Loi sur la
protection de l'information sur l'amélioration
de la qualité ». Cela signifie que
toute information transmise au comité devient
immédiatement un secret et ne peut être rendue
publique sous aucune forme, excluant même ce qui
est prévu en vertu de la Loi sur la liberté de
l'information de la province. La personne
qui divulgue des informations est passible d'une
amende pouvant aller
jusqu'à 10 000 $ et d'une peine
d'emprisonnement allant jusqu'à six mois.
« Le NSGEU a accepté l'invitation de travailler
avec le comité d'examen afin que nous puissions
partager les expériences de nos membres, dit
MacLean. Le NSGEU se tient aux cotés des 53
familles qui ont perdu des êtres chers au cours de
la première vague de la pandémie de la COVID. Nous
croyons sincèrement que l'intérêt public est mieux
servi par une enquête publique, en divulguant
pleinement toutes les informations, afin que les
familles, les personnes âgées, le personnel et les
Néo-Écossais obtiennent les réponses qu'ils
méritent. » À la lumière du secret entourant
le processus d'examen actuel, indique le
communiqué de presse, le président du NSGEU a pris
la décision de ne pas parler au comité. Le NSGEU
renouvelle également son appel au premier ministre
Stephen McNeil à établir une enquête publique
complète sur le décès des 53 résidents de
Northwood ce printemps.
Le NSGEU publie son propre rapport sur la
catastrophe de Northwood
Le 4 août, le NSGEU a publié un rapport
relatant ce qu'il appelle la négligence et les
retards du gouvernement qui ont contribué à la
tragédie de Northwood Manor[1]. Le rapport
intitulé Neglecting Northwood (négligence
à Northwood) s'appuie sur des documents internes
obtenus de l'autorité de la Santé de la
Nouvelle-Écosse et du ministère de la Santé et du
Mieux-être en vertu de la Loi sur la liberté
de l'information de la province. Le rapport
comprend également des informations recueillies
auprès des membres du NSGEU qui ont été déployés à
Northwood pendant l'épidémie. Il s'accompagne d'un
document FOIPOP (liberté de l'information et
protection de la vie privée) de 840 pages qui
comprend des enregistrements, documents et
communications liés à l'éclosion de la COVID-19 à
Northwood Manor.
Le rapport Neglecting Northwood détaille
les décisions clés qui, selon le NSGEU, ont mis le
personnel et les résidents en danger. Cela
comprend :
- des années de compressions dans les
établissements de soins de longue durée sans
comprendre les risques que cela crée pour la
santé et la sécurité de ceux qui y vivent et y
travaillent ;
- le refus de tenir compte des inquiétudes
soulevées par Northwood sur le contrôle des
infections et de financer des propositions qui
auraient éliminé la pratique de la double et de
la triple occupation des chambres ;
- le retard dans l'utilisation de l'équipement
de protection individuelle, comme les masques,
alors que la Colombie-Britannique avait mis en
oeuvre les pratiques de sécurité dans ses
établissements de soins de longue durée trois
semaines plus tôt ; et
- l'absence d'une action rapide
une fois que le premier cas de COVID a été
identifié dans l'établissement.
« Ce rapport ne fait qu'effleurer la surface de
ce qui s'est passé à Northwood. Il soulève
beaucoup d'autres questions auxquelles il ne peut
répondre, écrit MacLean dans un communiqué du
syndicat le 4 août. Cacher des erreurs
signifie que nous ne pouvons pas apprendre de ces
erreurs. Stephen McNeil doit faire preuve de
leadership et donner au personnel, aux résidents
et aux familles ce qu'ils méritent : une
enquête publique complète. Rien de moins n'est
inacceptable. »
Réponse provocatrice du premier ministre aux
préoccupations
des Néo-Écossais
Le gouvernement de la
Nouvelle-Écosse répète qu'il ne tiendra pas
d'enquête publique sur les décès et sur la
situation générale dans les établissements de
soins de longue durée de la province, bien que
c'est ce que demandent les travailleurs de la
santé, les familles des résidents et le public. À
la suite de cet examen qui est mené par un comité
d'amélioration de la qualité composé de deux
membres nommés, le gouvernement ne rendra
publiques que les recommandations et non les
détails de l'enquête elle-même. Pour justifier son
refus de tenir une enquête publique et sa décision
de recourir plutôt à ce processus prévu par la Loi
sur la protection de l'information sur
l'amélioration de la qualité, le premier
ministre avance l'argument fallacieux que son
gouvernement a choisi la meilleure approche pour
que l'enquête procède le plus rapidement possible
afin que les recommandations soient rendues
publiques aussitôt que possible. Il déclare
également que ce type d'examen permet de protéger
les renseignements personnels des résidents de
Northwood. Les travailleurs rejettent cet argument
intéressé. Ils y voient un moyen d'empêcher les
travailleurs, les patients et leurs familles,
ainsi que les Néo-Écossais en général, de
s'exprimer et d'être entendus publiquement afin
que leurs solutions soient également rendues
publiques.
Confronté à la position du NSGEU de ne pas
participer et aux propos du président du NSGEU qui
dit que l'examen ressemble à une « manoeuvre de
camouflage », le premier ministre McNeil a
dit que la position de MacLean est de la «
rhétorique », ce qui, selon lui, n'aide
personne. Il a ajouté : « C'est la vie des
gens dans le système de santé que nous essayons
d'améliorer », comme si les travailleurs qui
fournissent les services et protègent les patients
et résidents étaient un obstacle à la résolution
des problèmes du système de santé et comme si son
gouvernement n'avait pas à rendre de comptes pour
les décès survenus à Northwood. Le premier
ministre a ajouté qu'il enquêterait pour savoir
s'il a le pouvoir discrétionnaire, en vertu de la
Loi sur la protection de l'information
sur l'amélioration de la qualité, de
permettre aux personnes qui souhaitent participer
à l'examen de rendre leur témoignage public. Mais
c'est précisément ce à quoi les Néo-Écossais et
l'ensemble des Canadiens s'opposent : le fait
que les gouvernements se donnent le pouvoir
arbitraire discrétionnaire de prendre toutes les
décisions, y compris qui a le droit de parler et
d'être entendu, et nient les préoccupations,
l'expérience et la voix des travailleurs de
première ligne qui protègent la population pendant
cette pandémie. Aucun des problèmes auxquels la
société est confrontée ne peut être résolu de
cette façon.
Note
1. Pour lire le rapport Neglecting
Northwood, cliquer
ici
Le rapport FOIPOP au complet est accessible ici.
Nous sommes tous essentiels
Statut pour tous et toutes!
Les travailleurs de site
d'enfouissement du Nouveau-Brunswick
Forum ouvrier félicite les travailleurs
du site d'enfouissement Red Pine, membres de la
section locale 4193 du Syndicat canadien de
la fonction publique (SCFP), et leurs alliés au
Nouveau-Brunswick et au pays pour avoir surmonté
le lockout de 24 semaines[1]. Le président
de la section locale 4193 du SCFP Serge Plourde a
annoncé que ses 23 membres sont sortis de ce
conflit le 28 juillet la tête haute et avec
une convention collective qui ne contient aucune
des concessions anti-ouvrières que les
représentants gouvernementaux régionaux ont tenté
d'extorquer.
Le lockout a débuté le 23 février et a
immédiatement été dénoncé de toutes parts dans le
nord du Nouveau-Brunswick. Les membres de la
section locale 4193 ont organisé de nombreux
événements dans la communauté et lancé une
pétition nationale exigeant Justice ! Non au
recours aux briseurs de grève ! Non aux
concessions antiouvrières !
Le 30 juillet, le président Serge Plourde a
dit à Media Co-op du Nouveau-Brunswick : «
L'équipe de négociation du syndicat n'a accordé
aucune concession à la table et a obtenu des
clauses bonifiées ainsi qu'une augmentation de
salaire. »
L'employeur, la Commission des services régionaux
Chaleur (CSRC), avait demandé des modifications à
la convention collective actuelle qui auraient mis
fin aux libérations syndicales payées et détérioré
les clauses touchant aux congés de maladie. Les
modifications antiouvrières aux congés de maladie
étaient un coup particulièrement bas dans le
contexte de la pandémie de la COVID-19.
La CSRC a fait l'objet d'énormes pressions de la
part des résidents de toute la région et a
éventuellement dû retirer sa demande de
modifications aux libérations syndicales. Les deux
côtés ont accepté une révision du libellé des
clauses sur les congés de maladie et une
augmentation salariale. La nouvelle convention
collective s'applique rétroactivement à partir de
décembre 2017 jusqu'à décembre 2022.
Le président Serge Plourde a dit : « Le fait
de forcer l'employeur à retirer son exigence de
modifications aux libérations syndicales est une
victoire importante, car ces libérations sont
nécessaires pour se défendre contre les attaques à
venir de la province contre les syndicats. C'est
un message clair que les syndicats vont défendre
les droits de leurs membres. C'est un moment
gagnant pour tout le monde. »
Le nouvel arrangement a été négocié quelques
jours après que 120 membres de la communauté
se sont rassemblés à Allardville le 14
juillet pour exprimer leur appui indéfectible aux
membres de la section locale 4193 et dénoncer
la CSRC pour avoir recours à un lockout et à des
briseurs de grève pour tenter d'imposer ses
concessions antiouvrières. Plusieurs participants
ont ensuite marché jusqu'à la barrière du site
d'enfouissement où, ensemble, ils ont fait
connaître leur revendication, que le personnel du
site d'enfouissement public soit formé de
travailleurs locaux syndiqués ayant un droit de
chapitre collectif sur leurs conditions de vie et
de travail.
Selon Media Co-op du Nouveau-Brunswick, le
président Serge Plourde a affirmé que « tout le
mérite de la victoire va au solide appui des
membres de la communauté locale ainsi que des
syndicats locaux et de leurs dirigeants partout
dans la province et au pays, y compris les
dirigeants nationaux du SCFP. Au cours du conflit,
des membres de la communauté ont fait salle comble
lors des nombreuses réunions publiques en appui
aux travailleurs. [...] Plourde a remercié tous
les membres de la communauté locale et les
syndicats locaux qui ont manifesté leur appui et
recueilli des dons pour la nourriture et les fonds
nécessaires pour tenir le coup tout au long du
conflit, ce qui a permis de tenir bon sur les
lignes de piquetage jusqu'à la fin. »
Les travailleurs de la section locale 4193 du SCFP
remercient les communautés d'Allardville et
St-Sauveur pour leur appui durant le lockout, 30
juillet 2020.
Sur le site Web du SCFP, on rapporte les paroles
du président Plourde : « Depuis six mois, nos
membres ont tenu le coup face à un lockout sans
précédent dans l'histoire du Canada, et nous avons
gagné parce que nous avons refusé d'accepter moins
que ce que nous avons. Le fait de se tenir et de
s'appuyer entre nous, sans oublier l'appui de
notre communauté et de nos confrères et consoeurs
syndicaux partout au Nouveau-Brunswick et au
Canada, c'est ça qui nous a permis de passer à
travers cette lutte difficile. »
Pendant six mois, la CSRC a remplacé les membres
de la section locale 4193 par des briseurs de
grève sur le site d'enfouissement. Elle a demandé
et obtenu une injonction injuste pour limiter le
nombre de personnes sur la ligne de piquetage du
syndicat à un maximum de six en tout temps. Elle a
exigé le droit de s'ingérer dans les affaires
syndicales et de saper les clauses de congés de
maladie. En dépit des obstacles, les travailleurs
du site d'enfouissement Red Pine d'Allardville en
sont sortis avec une victoire contre les
concessions et avec un syndicat local plus fort
que jamais et plus uni avec la communauté et les
autres travailleurs et alliés partout au pays.
Félicitations aux membres et à la direction de la
section locale 4193 et à tous ses
alliés !
Note
1. Vous pouvez trouver les
articles du Forum ouvrier sur la lutte de
la section locale 4193 ici :
- «
Des travailleurs mis en lockout en dépit de
l'état d'urgence » - 27 mars 2020
« Des
actions antiouvrières inacceptables des élites
dirigeantes- Pierre Chénier » -27 mars 2020
« Les
travailleurs du site d'enfouissement
d'Allardville, au Nouveau-Brunswick, continuent
de demander une convention collective acceptable
» - 19 mai 2020
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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