Les syndicats des travailleurs de première ligne de la santé lancent la campagne « Des soins, pas des profits »

Le 23 juillet, l'Union internationale des employés des services - Division santé (UIES), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et Unifor, qui représentent les travailleurs de la santé de première ligne en Ontario, ont tenu une conférence de presse commune pour lancer la campagne « Des soins, pas des profits. » La conférence de presse en ligne a été visionnée par plus de 19 000 personnes. Alors que 1 800 personnes sont mortes dans les centres de soins de longue durée durant la pandémie de la COVID-19, cette campagne appelle les Ontariens à réclamer des changements fondamentaux dans le secteur des soins de santé.

Sharleen Stewart, présidente de l'UIES - division santé, a débuté la conférence de presse en disant qu'au milieu de la pire crise que notre secteur des soins de longue durée ait connue depuis des décennies, nous avons vu des entreprises à but lucratif choisir l'argent pour leurs actionnaires plutôt que de meilleurs soins pour les personnes âgées. « C'est de l'argent », a-t-elle déclaré, « qui aurait dû être consacré à l'amélioration des salaires des travailleurs faiblement rémunérés, à créer plus d'emplois à plein temps, à l'augmentation des ÉPI, à la climatisation pour les résidents et à de meilleurs protocoles sur les maladies infectieuses. Comme nous le savons, cela ne s'est pas produit. » Nous savons que des entreprises comme Extendicare, Chartwell et Revera placent les profits avant les soins, a-t-elle dit, et « le gouvernement devrait retirer ces entreprises du secteur des soins de santé ».

Candace Rennick, secrétaire-trésorière du SCFP-Ontario, a été la deuxième à prendre la parole. Elle a expliqué qu'elle avait commencé à travailler en première ligne dans un établissement de soins de longue durée à l'âge de 16 ans. « Depuis, a-t-elle dit, j'ai vécu la détérioration rapide d'un système qui est censé fournir des soins dignes à nos proches dans leurs derniers jours. J'ai cette expérience comme travailleuse et comme fille, car mon père est décédé dans un établissement de soins de longue durée. Depuis des années, nos syndicats et d'autres activistes des soins de longue durée ont appelé les gouvernements successifs à se mobiliser, mais les cris des travailleurs de première ligne, des résidents et des familles ont été régulièrement ignorés.

« Les gouvernements sont au courant de la situation et ils n'ont pas réagi. Nous avons besoin d'améliorer les affectations du personnel. Nous avons besoin de reddition de comptes et nous avons besoin d'un engagement de la part de ce gouvernement que le changement se produira, que les conditions seront améliorées, mises en place grâce à une réglementation et des inspections appropriées, et un financement adéquat.

« Chaque dollar public investi dans les soins de longue durée, a-t-elle dit, doit être utilisé pour améliorer la qualité de vie des résidents et les conditions de travail du personnel. Cela signifie mettre fin aux soins ayant le profit comme objectif. Ce n'est plus suffisant maintenant d'être irrités ou attristés par l'état de notre système de soins de longue durée. Chacun de nous doit agir pour exiger que ce gouvernement mette un terme à un système basé sur le profit où nos êtres chers vivent et meurent dans leur dignité. »

Jerry Dias, président d'Unifor, a déclaré que son syndicat, tout comme l'UIES - division santé et le SCFP, sonnait l'alarme sur les soins de longue durée depuis plus d'une décennie, bien avant le début de la pandémie.

« Le personnel soignant dispose en moyenne de six minutes pour prodiguer des soins matinaux à chaque résident. Six minutes ! Bien moins que ce que méritent ces résidents.

« Les travailleurs étaient déjà aux prises avec des demandes croissantes lorsque la pandémie a frappé. Pourtant, ils n'étaient tout simplement pas capables de faire ce qui était nécessaire dans un système qui a échoué. À mesure que la COVID-19 s'est propagée, chacun de nous a été horrifié et pris de honte devant ce qui s'est passé dans nos centres de soins de longue durée. Permettez-moi de dire sans équivoque que les travailleurs que nous représentons sont exceptionnels. Dans les cas d'épidémies graves, nombre d'entre eux ont travaillé jusqu'à l'épuisement. Beaucoup d'entre eux sont tombés malades et malheureusement, nous savons que 8 membres du personnel soignant sont décédés des suites de la COVID-19.

« Sur les 15 centres de soins de longue durée qui ont enregistré le plus grand nombre de décès, 13 d'entre eux étaient à but lucratif. Ce n'est pas une coïncidence. Personne ne devrait faire des profits aux dépens du bien-être des autres. Plus jamais ! »

Au cours de la conférence de presse, les syndicats ont projeté une vidéo en hommage aux personnes âgées décédées dans des établissements de soins de longue durée à cause de la COVID-19 et en hommage au dévouement des travailleurs de la santé de première ligne. La vidéo peut être visionnée et partagée à partir du site Web carenotprofit.ca ou sur Facebook.

Des actions immédiates réclamées du premier ministre
de l'Ontario

Le 30 juillet, les mêmes syndicats ont publié la déclaration commune ci-dessous à la suite de la publication de l'étude sur la dotation en soins de longue durée en Ontario, lancée en février 2020 par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée. La déclaration se lit comme suit :

« Aujourd'hui, le gouvernement provincial a reçu un autre rapport de recommandations sur ce que nous savons depuis des années. Il est temps de prendre des engagements de financement transformationnels et d'adopter un échéancier rigoureux pour garantir aux travailleurs de la santé le soutien dont ils ont besoin pour fournir des soins de qualité aux plus vulnérables. Hélas, le gouvernement du premier ministre Ford n'a pas encore pris de mesures pour financer un plan d'action qui améliorerait la prestation des soins de longue durée. Les trois syndicats préconisent depuis longtemps une norme de soins de quatre heures par résident et par jour. Ils exhortent le gouvernement à prendre des mesures immédiates pour adopter cette norme.

« Nous sommes heureux que le rapport fasse écho à notre recommandation d'une moyenne quotidienne minimale de quatre heures de soins directs par résident, en fonction des heures travaillées et non des heures rémunérées. La prochaine étape consiste à donner du mordant à cette norme en l'enchâssant dans la loi.

« Certaines mesures constructives et réalistes s'offrent au premier ministre Ford, dès maintenant, pour améliorer le système :

- veiller à ce que les travailleurs soient payés à un taux proportionnel à l'importance de leur contribution ;

- éliminer les effets négatifs du projet de loi 124 sur la rétention des travailleurs ;

- rétablir les congés de maladie payés précédemment éliminés ;

- réviser les accords de paiement de transfert avec les exploitants pour exiger plus d'emplois à temps plein ;

- inclure les syndicats, les familles et les défenseurs des travailleurs dans tout échéancier de mise en oeuvre des politiques.

« Les travailleurs de première ligne de la santé sont de véritables héros qui ont trop longtemps été exploités par un système qui fait passer les profits avant les soins. Ils ont besoin de soutien tout de suite, avant la saison grippale d'automne et un second pic de COVID-19.

« Comme nous le savons tous, la dotation en personnel des soins de longue durée était en crise avant la propagation de la COVID-19. Après les effets écrasants de la pandémie, elle se retrouve carrément sous respirateur artificiel. Assez discuté. Nous avons besoin d'une action audacieuse tout de suite. »

(Photos : UIES, SCFP, Unifor)


Cet article est paru dans

Numéro 53 - Numéro 53 - 6 août 2020

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