Des développements sur le front de
la santé
Les syndicats de la santé du Québec réclament que le gouvernement garantisse des mesures de protection accrues
Dans son communiqué de presse du 23
juillet, la Fédération de la santé et des services
sociaux (FSSS-CSN) indique que des syndicats de la
Fédération ont déposé des plaintes auprès de la
Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de la sécurité du travail (CNESST) pour réclamer
un rehaussement des mesures de protection des
travailleurs du réseau de la santé et des services
sociaux en prévision d'une deuxième vague de la
COVID-19.
Dans les plaintes, il est demandé à la CNESST
d'obliger les employeurs à appliquer le principe
de précaution et à émettre les avis de correction
nécessaires pour que les équipements de protection
soient fournis et que les mesures de prévention
soient établies en fonction d'une possible
transmission de la COVID-19 par aérosol, et ce,
jusqu'au moment où il y aura consensus
scientifique sur le mode de transmission[1].
Les syndicats font valoir qu'il faut notamment
favoriser le port d'un appareil de protection
respiratoire, comme le masque N-95, à l'ensemble
du personnel du réseau.
« Le temps passe et il est très préoccupant de
constater que ni la CNESST, ni la santé publique,
ni le gouvernement n'annoncent de changements
concrets pour assurer une meilleure protection du
personnel face à une deuxième vague. Ça ne prend
pas la tête à Papineau pour réaliser qu'on a
échoué dans la première vague. De plus en plus
d'études scientifiques pointent vers la
possibilité d'une transmission aérienne du virus.
Nous déposons des plaintes pour que la CNESST
passe à l'action et joue son rôle pour assurer la
sécurité des travailleuses et travailleurs du
réseau », écrit Jeff Begley, le président de
la fédération.
Le communiqué de
presse
souligne que l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) a récemment confirmé le risque que le virus
se propage dans l'air, sur la base d'études de
plus de 200 chercheurs en provenance de
plusieurs pays dans le monde. La FSSS rappelle
qu'il existe un nombre croissant d'études qui
démontrent que le virus se transmet non seulement
par les grosses gouttelettes émises par la toux et
les éternuements, mais aussi par de microscopiques
gouttelettes qui sont libérées dans l'air lorsque
nous respirons ou parlons. Ces microscopiques
gouttelettes sont si légères qu'elles restent
longtemps en suspension dans l'air, ce qui met à
risque les personnes qui sont mal protégées.
Le président de la fédération écrit que les
équipements de protection fournis actuellement au
personnel du réseau ne protègent pas le personnel
contre le risque de la transmission dans l'air. Il
souligne qu'il faut corriger le tir maintenant, en
prévision d'une deuxième vague de la pandémie.
La FSSS souligne que les syndicats ont pris la
décision de déposer ces plaintes suite aux
réponses insatisfaisantes des employeurs lorsque
les syndicats ont voulu coopérer avec eux pour
faire la lumière sur les défaillances vécues lors
de la première vague et mettre en place les
changements nécessaires pour assurer la protection
des travailleurs face à une deuxième vague. La
FSSS rappelle que jusqu'à maintenant plus
de 13 600 travailleurs et travailleuses
de la santé ont été infectés par le virus.
Note
1. À la suite de l'épidémie
mondiale du Syndrome respiratoire aigu sévère
(SRAS) entre 2002 et 2005, dont sont morts
plus de 40 membres du personnel de la santé
en Ontario et où plus de 300 personnes ont
contracté le virus, le gouvernement de l'Ontario a
nommé une Commission pour examiner l'éclosion de
l'épidémie. La Commission a recommandé que le
principe de précaution guide la pratique des
établissements de santé pour protéger les
travailleurs et la population dans les cas de
menace sérieuse à la santé publique. Elle a décrit
de la façon suivante le principe de
précaution : « Lorsqu'il existe des preuves
raisonnables d'une menace imminente à la santé
publique, il n'est pas approprié d'exiger une
preuve de causalité au-delà de tout doute
raisonnable avant de prendre des mesures pour
écarter la menace. Les efforts pour réduire le
risque n'ont pas à attendre de preuves
scientifiques. »
(Photos: FO, CIUSS-NIM,
FSSS-CSN, CSN)
Cet article est paru dans
Numéro 53 - Numéro 53 - 6 août 2020
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