Numéro 44 - 25 juin 2020
Fin du lockout à la raffinerie Co-op de
Regina
Défense vigoureuse de la dignité et de
l'unité des travailleurs de la raffinerie
Le droit au logement durant la pandémie
• La criminalisation des
sans-abri doit cesser! - Brian Sproule
et Barbara Biley
• Déclaration de l'Union
des chefs indiens de la Colombie-Britannique sur
la descente de police au campement Namegan/Parc
CRAB
Appuyons les
justes revendications des travailleurs de
l'hôtellerie concernant la protection d'emploi
• Les travailleurs de
l'hôtellerie doivent être au centre de toute
mesure d'aide sectorielle
• Les travailleurs de
l'hôtellerie de Vancouver revendiquent la
protection de leurs emplois - Joseph
Thériault
À la défense
des droits des travailleurs sans emploi
• Pour une amélioration
immédiate de l'accès à l'assurance-emploi
Fin du lockout à la raffinerie
Co-op de Regina
Photo prise de la page Facebook de la section
locale 594 d'Unifor après la conclusion de
l'entente pour remercier tous ceux et celles qui
ont soutenu les travailleurs durant le lockout
Félicitations aux travailleurs de la raffinerie
Co-op de Regina ! Après plus de six mois, le
lockout est terminé. Tout au long de cette lutte
longue et difficile, les 730 travailleurs
lockoutés se sont unis contre un assaut concerté
de leur employeur, les Coopératives fédérées
(FCL), du Service de police de Regina et du
gouvernement de la Saskatchewan. Les travailleurs
sont restés unis lorsqu'ils ont été jetés à la rue
et ils sont restés unis lorsqu'ils sont retournés
au travail après six mois de résistance à cet
assaut brutal, six mois de mobilisation de
travailleurs dans diverses régions du pays et de
communautés de la Saskatchewan en appui à leur
juste cause. Il était clair que le but du lockout
était de briser l'unité des travailleurs et, en
cela, l'employeur a totalement échoué. Le
gouvernement de la Saskatchewan n'a pas défendu
les travailleurs quand ils ont été attaqués par
l'entreprise et la police, affirmant que c'était «
une affaire privée ». Forum ouvrier
soutient la position des travailleurs pour qui «
une Saskatchewan différente » est nécessaire,
dans laquelle les voix des travailleurs sont
entendues et leurs droits respectés.
L'entente conclue entre l'entreprise et le comité
de négociation de la section locale 594
d'Unifor a été annoncée lors d'un rassemblement
devant l'Assemblée législative à Regina le 18
juin, où les travailleurs manifestaient
quotidiennement depuis la réouverture du parlement
de la Saskatchewan le 15 juin. Le 22
juin, les syndiqués ont voté à 89 % en
faveur d'un règlement mettant fin au lockout qui a
commencé le 5 décembre. Les détails de
l'entente n'ont pas été rendus publics.
Le 5 juin, cela faisait six mois que les
travailleurs de la raffinerie Co-op de Regina
étaient sous le coup d'un lockout par FCL. Le
lockout a été décrété deux jours après un vote de
grève et après des mois de préparatifs de
l'entreprise pour embaucher et loger des briseurs
de grève qui, avec la direction, ont fait
fonctionner la raffinerie pendant ces six mois.
Au cours des six mois du lockout et avant,
les 730 membres de la section locale 594
d'Unifor ont fait tous les efforts pour négocier
une convention collective, y compris en acceptant
les recommandations des médiateurs Vince Ready et
Amanda Rogers qui comprenaient les concessions
exigées par FCL. Or, l'entreprise, elle, a rejeté
les recommandations et y a ajouté de nouvelles
concessions. Elle a déposé une proposition
d'entente de retour au travail inacceptable qui
lui aurait donné la possibilité de licencier toute
personne de son choix quand elle le souhaite.
Tout au long de cette bataille prolongée des
travailleurs de la coopérative à la défense de
leurs droits, ils ont reçu un important soutien
des membres d'Unifor de partout au pays, des
membres d'autres syndicats locaux et nationaux, du
Syndicat national des cultivateurs et des
organisations et communautés locales à travers la
province et d'aussi loin à l'ouest que la
Colombie-Britannique dans le boycottage des
magasins de détail coopératifs.
S'adressant aux
travailleurs réunis devant l'Assemblée législative
le 18 juin, le président de la section
locale 594 d'Unifor, Kevin Bittman, a exprimé
sa déception face aux actions de l'entreprise et
du gouvernement. Parlant de la lutte courageuse
des travailleurs et du large soutien du mouvement
syndical et des communautés, il a déclaré que les
travailleurs continueraient de se battre pour des
changements aux règles de négociation collective
et pour créer « une Saskatchewan
différente ». Les travailleurs ont fait face
à des injonctions qui ont rendu le piquetage
inefficace, à l'utilisation de briseurs de grève,
au harcèlement policier et aux arrestations et à
la mobilisation de tous les pouvoirs de police de
l'État. Bittman a déclaré : « Il s'agissait
de démantèlement syndical, pas de négociation
collective ... En ce moment pour nous, la
Saskatchewan est un endroit où vivre est assez
décevant. » Il a souligné que l'objectif de
l'entreprise, comme en témoignent ses demandes de
concessions sans fin, était de briser le syndicat
et qu'en cela elle a échoué lamentablement. Pas un
seul travailleur n'a franchi la ligne de piquetage
et les 730 travailleurs mis en lockout en
décembre retourneront à leur travail la tête
haute.
Bien qu'incapable de négocier un protocole de
retour au travail qui protège tous les employés
contre les mesures disciplinaires, y compris le
licenciement, la section locale a pu négocier un
processus accéléré pour combattre toutes les
représailles de l'entreprise contre des
travailleurs individuels. Bittman a également fait
remarquer que même si l'entente marque la fin du
lockout, ce n'est pas la fin de la lutte des
travailleurs des coopératives et des travailleurs
de toute la Saskatchewan pour une loi antibriseurs
de grève et d'autres mesures qui restreindront la
capacité des employeurs à agir en toute impunité
en violation des droits des travailleurs.
Le droit au logement durant la
pandémie
- Brian Sproule et Barbara Biley -
Malgré les efforts
des défenseurs des sans-abri et des personnes mal
logées, des dizaines de personnes à Vancouver
vivent toujours dans des campements de fortune et
continuent d'être constamment menacées d'expulsion
par les autorités. Le 8 mai, le plus grand de
ces campements, situé au parc Oppenheimer, a été
vidé et ceux qui n'ont pu obtenir un logement ont
installé un nouveau camp au parc CRAB sur la
propriété de l'autorité portuaire de
Vancouver-Fraser, un organisme fédéral. Le 10
juin, l'autorité portuaire a fait une demande
d'injonction pour expulser les campeurs, laquelle
a été appliquée le 16 juin, après que les
campeurs eurent déjà essayé de se conformer à
l'injonction en se déplaçant du parc vers une aire
de stationnement voisine.
Aux premières heures du 16 juin, la police
de Vancouver a exécuté l'injonction du tribunal,
arrêtant, sous des accusations d'outrage
civil, 46 personnes qui ont refusé de partir. La
police a saisi leurs tentes et leurs biens. Plus
de 100 campeurs, dont beaucoup sont des
autochtones et beaucoup ont de graves problèmes de
santé, ont été contraints de tout déplacer pour
une troisième fois en moins de deux mois. Le camp
a maintenant été établi au parc Strathcona, à
Vancouver Est.
Les campeurs ont dit à CBC News qu'ils n'avaient
reçu aucune directive de la part de la police ou
d'autres responsables quant à l'endroit où ils
devaient se rendre ensuite. L'un d'eux a
déclaré : « Nous n'avons nulle part où aller,
nous allons donc trouver un endroit où aller et
nous y irons. Nous sommes des itinérants, mais
nous ne sommes pas impuissants. »
Au camp, les gens peuvent s'occuper les uns des
autres, organiser des services alimentaires et un
soutien médical et sont plus en sécurité que dans
certains abris et autres logements temporaires
dans lesquels ils peuvent être isolés et doivent
vivre dans des conditions insalubres. Ceux qui
vivent encore dans des camps sont ceux à qui aucun
logement adéquat n'a été proposé.
Le jour de l'expulsion, CBC News a interviewé
Elizabeth Ramsden, une infirmière qui travaille
dans la communauté, à propos de ce qui s'était
passé. Elle a dit : « Je pense que c'est
odieux. J'en ai le souffle coupé de voir que,
pendant une pandémie, c'est la réponse qu'on
veuille donner. Nous avons [ici] des paramédics,
nous avons des services de restauration 24
heures sur 24 et vous voulez démolir ça sans
avertissement, sans logement, sans
plan ? » Elle a expliqué qu'elle avait
elle-même quitté son emploi pour venir soigner les
personnes du camp « parce que les gens ont besoin
de soins médicaux. Il est très important pour ces
personnes d'avoir une forme de filet social et
personne ne les rejoint ici parce que cela a été
jugé dangereux. C'est un espace organisé par la
communauté. » Elle a également souligné qu'il
n'y a eu aucun avertissement avant le raid qui a
eu lieu tôt le matin et aucun soutien sur place
pour aider les personnes à trouver un logement.
L'Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique (UBCIC) a publié le même jour
une déclaration dénonçant l'action de la police.
Le grand chef Stewart Phillip, président de
l'UBCIC, a déclaré que la descente de police « a
créé une situation dangereuse. Si le gouvernement
provincial s'était engagé à prévenir les
expulsions de locataires pendant la pandémie, le
Service de police de Vancouver a saisi l'occasion
pour expulser certains des résidents les plus
vulnérables du centre-ville de Eastside, dont
beaucoup sont des survivants du génocide
autochtone qui se poursuit. Les résidents ont reçu
un bout de papier sur lequel étaient inscrits
quelques numéros de téléphone pour trouver des
logements, mais le problème est que, comme nous le
comprenons, aucun logement n'est disponible pour
le moment. Où sont-ils censés aller ? »
Le commissaire de
la société des parcs, John Irwin, a déclaré à
l'animateur de l'émission Early Edition de
la CBC, Stephen Quinn : « Nous ne faisons que
déplacer les gens alors qu'ils devraient vraiment
être logés. Nous devons nous attaquer au
problème. » Il a dit qu'il y avait beaucoup
de chambres d'hôtel vides à cause de la crise de
la COVID-19 et que la ville a le pouvoir d'obliger
les hôtels à fournir plus de logements
temporaires, mais ne l'a pas fait. Shane Simpson,
ministre provincial du Développement social et de
la Réduction de la pauvreté, a déclaré à Early
Edition que « certains ne veulent pas
emménager dans des logements temporaires ».
Fionna Yorke du comité d'action Carnegie a
expliqué que les gens se sentent souvent plus en
sécurité dans les tentes que dans les refuges où
ils doivent partager les toilettes, ne sont pas
autorisés à avoir des invités ou à vivre avec leur
partenaire, ne peuvent pas avoir d'animaux
domestiques et sont isolés.
Le maire de Vancouver, Kennedy Stewart, appelle
le gouvernement fédéral à « intensifier » et
à appuyer les plans déjà en place pour construire
des logements pour les sans-abri et les mal-logés.
« La seule façon de mettre fin à l'itinérance est
de construire des logements, de ne pas expulser
les sans-abri sans un plan où aller. Si Ottawa
venait s'asseoir avec nous, nous pourrions
augmenter considérablement le nombre de logements
que nous pouvons fournir. » Une réunion à
Stewart, en Colombie-Britannique, entre la
ministre du Logement, Selina Robinson, et le
ministre fédéral des Familles, des Enfants et du
Développement social, Ahmed Hussen, est prévue
pour la semaine suivante.
La crise du logement en Colombie-Britannique est
antérieure à la pandémie. La lettre du 9
avril de quatre organisations de la
Colombie-Britannique qui plaident en faveur des
sans-abri décrit les mesures concrètes qui doivent
être prises pour fournir un logement dans ces
conditions[1].
Les gouvernements à tous les niveaux, les agences
sociales et les forces de police sont tous
parfaitement conscients du danger pour les
sans-abri et les communautés en raison des
conditions qui favorisent la propagation rapide du
virus, sans mentionner d'autres conséquences de la
pandémie et du confinement, dont une augmentation
massive en mai des décès par surdose en
Colombie-Britannique.
Dans les conditions où une crise de l'itinérance
et des conditions de vie précaires est aggravée
par la pandémie, on serait en droit de s'attendre
à ce que tous les politiciens conviennent que le
logement est un droit. Tandis que les politiciens
s'accusent et se relancent la balle, des
travailleurs comme l'infirmière citée ci-dessus
offrent leurs services de façon désintéressée. Le
blocage au progrès est l'économie contrôlée par
des intérêts privés étroits où les gouvernements à
tous les niveaux reconnaissent uniquement les
réclamations des riches, y compris celles
des promoteurs et des spéculateurs fonciers.
Une nouvelle direction prosociale de l'économie
est nécessaire où ce sont les travailleurs qui
auront le pouvoir de décider.
Note
1. Voir « Un
appel à une action immédiate pour loger tous les
résidents de la Colombie-Britannique non
logés », Forum ouvrier, 17
avril 2020
L'Union des chefs indiens de la
Colombie-Britannique (UBCIC) partage la colère des
résidents du campement Namegan/Parc CRAB qui ont
été déplacés de force ce matin [16 juin]. Le
gouvernement de la Colombie-Britannique et la
Ville de Vancouver ont continué de privilégier les
intérêts des entreprises et la propriété coloniale
par rapport à la vie et à la sécurité des membres
de la communauté sans logement.
« En attaquant un campement paisible à l'aube
avec des dizaines de policiers armés et en
l'absence de coordination avec les fournisseurs
d'hébergement, le danger a été créé, non évité, a
déclaré le grand chef Stewart Phillip, président
de l'UBCIC. Si le gouvernement provincial s'était
engagé à prévenir les expulsions de locataires
pendant la pandémie, le Service de police de
Vancouver a saisi l'occasion pour expulser
certains des résidents les plus vulnérables du
centre-ville de Eastside, dont beaucoup sont des
survivants du génocide autochtone qui se poursuit.
Une fois de plus, la violence sanctionnée par un
État dangereux a été inutilement perpétrée contre
des autochtones pauvres et sans abri. Cette
conduite est absolument déplorable. Les résidents
ont reçu un bout de papier sur lequel étaient
inscrits quelques numéros de téléphone pour
trouver des logements, mais le problème est que,
comme nous le comprenons, aucun logement n'est
disponible pour le moment. Où sont-ils censés
aller ? Nous demandons à la Ville de
Vancouver et au gouvernement de la
Colombie-Britannique de s'engager à fournir
immédiatement des options de logement plus
permanentes et à revoir complètement les processus
qui permettent ces déplacements violents. »
(Communiqué du 16
juin 2020. Traduit de l'anglais par Forum
ouvrier)
Appuyons les justes revendications
des travailleurs
de l'hôtellerie concernant la protection d'emploi
La section locale 40 de Unite Here en
Colombie-Britannique a organisé une caravane
automobile dans le centre-ville de Vancouver
le 3 juin, appelant le public, y compris les
travailleurs de tous les secteurs, à participer en
auto ou à pied, en appui aux justes revendications
des travailleurs de l'hôtellerie sur la protection
de leurs emplois. Des centaines de personnes ont
participé à bord d'autos munies de drapeaux de
leur syndicat, de pancartes et de bannières en
appui aux travailleurs de l'hôtellerie. La
caravane est passée devant l'Hôtel Hyatt Regency
dans le centre-ville de Vancouver où des membres
de Unite Here manifestaient, portant des chandails
distinctifs et des pancartes.
La plupart des
membres de la section locale 40 de Unite Here
travaillent dans des restaurants et des hôtels et
le syndicat affirme que 90 % de ses
membres ont été mis à pied depuis que les
aéroports, les hôtels et les restaurants ont été
fermés à la mi-mars. La majorité des travailleurs
touchés sont des femmes et des gens de minorités
nationales, et plusieurs travaillent dans
l'industrie depuis plusieurs décennies. Ayant mené
une longue et courageuse lutte pour de meilleures
conditions de travail, les travailleurs sont
déterminés à ne pas perdre ce qu'ils ont obtenu
face aux employeurs qui se servent de la pandémie
comme justification pour ne pas les réembaucher.
Dans un article publié le 7 mai dans The
Hill Times, les présidentes de la section
locale 40 de la Colombie-Britannique, Zailda
Chan, et de la section locale 75 dans la
région du Grand Toronto, Guled Warsame, expliquent
la situation et les revendications de leurs
membres qui ont été touchés par la fermeture du
tourisme et du transport aérien dans les
conditions de la pandémie.
« Les industries de
l'hôtellerie et du voyage du Canada font face à
une dévastation économique sans précédent. En tant
que dirigeantes de syndicats de l'hôtellerie basés
à Toronto et à Vancouver, deux des plus importants
marchés de l'hôtellerie au Canada, nous comprenons
que les compagnies aériennes, les aéroports et les
hôtels sont des sites potentiels de propagation de
masse du virus. Cela signifie que les travailleurs
de l'hôtellerie retourneront lentement au travail
en attendant que les autorités de la santé
cherchent à comprendre comment nous pouvons tenir
des réunions et des congrès de façon sécuritaire.
Nous ne retournerons pas travailler à temps plein
avant au moins un an, sinon 18 mois.
« Cherchant désespérément à rester en vie, les
industries aériennes, de l'hôtellerie et les
autorités de l'aviation demandent de l'aide
sectorielle sous forme de prêts non remboursables,
de report de loyers et d'impôts et d'allègement
réglementaire. S'il est vrai que le gouvernement
doit tenir compte de l'impact unique de la
pandémie sur nos secteurs, nous croyons que les
travailleurs de l'industrie doivent être au centre
de toute mesure d'aide sectorielle. [...]
« Devant l'incertitude à long terme, les
travailleurs de l'hôtellerie doivent maintenir un
lien avec leur emploi sans quoi ils risquent
d'être laissés pour compte. Ce qui veut dire que
les entreprises, le gouvernement et les syndicats
doivent travailler ensemble pour veiller à ce que
les travailleurs aient un remplacement de revenu
adéquat, qu'ils maintiennent les avantages sociaux
sur toute la période de chômage ou de sous-emploi,
ainsi que le droit de retourner à leur poste. La
subvention salariale d'urgence du Canada (SSUC)
est centrale à cet effort. La SSUC permet aux
travailleurs de maintenir de 75 %
à 100 % de leur revenu qu'ils
travaillent ou non et, contrairement à la
Prestation canadienne d'urgence ou
l'assurance-emploi, rembourse les frais de
l'assurance maladie et maintient un lien essentiel
à un emploi d'industrie saisonnière. »
Les mêmes revendications ont été présentées dans
une lettre en date du 16 avril à Bill
Morneau, ministre des Finances, de la part d'Ian
Robb, président/administrateur de la section
locale 47 de Unite Here en Alberta. L'auteur
de la lettre fait valoir que les travailleurs dans
des endroits à haut risque de la COVID-19 doivent
obtenir une formation gouvernementale de santé et
de sécurité certifiée, l'équipement de protection
individuelle intégral et une prime de risque.
Les présidents locaux affirment que la plupart
des employeurs du secteur n'ont pas laissé
entendre qu'ils allaient réembaucher le personnel
mis à pied par le biais de la SSUC, mais que les
employeurs demandent davantage d'aide financière
au gouvernement. Les syndicats demandent un
engagement de la part du gouvernement de s'assurer
que les mesures d'aide, y compris pour le loyer,
l'hypothèque et d'autres remboursements de prêts,
soient conditionnelles à un engagement à garder
les travailleurs sur leur liste de salariés. Ils
demandent que les gouvernements à tous les niveaux
veillent à ce que le droit des travailleurs d'être
rappelés soit prolongé jusqu'à 24 mois et
rappellent que les droits de rappel dans les
conventions collectives, où les travailleurs sont
organisés et où il existe de telles dispositions,
sont variés. Les travailleurs qui ne sont pas
membres de syndicats n'ont pas une telle
protection. Les syndicats font valoir que cette
protection doit s'appliquer à tous les
travailleurs, y compris les nombreux travailleurs
de l'hôtellerie qui ne sont pas directement
embauchés par les hôtels ou les compagnies
aériennes, mais qui travaillent pour des
sous-traitants. Ils donnent l'exemple des
travailleurs de concessions d'aéroports et
demandent qu'il y ait un engagement à protéger la
main-d'oeuvre présentement même si l'aéroport
change de sous-traitant.
- Joseph Thériault -
Le 3 juin, des centaines de travailleurs de
l'hôtellerie et de la restauration se sont rendus
sur la rue Burrard près de l'hôtel Hyatt Regency à
Vancouver, à pied, en auto, en camion, à vélo, à
moto et à mobylette, avec des pancartes, des
drapeaux et des bannières, pour exiger du
gouvernement et de leurs employeurs une meilleure
sécurité d'emploi à la suite des mises à pied
massives effectuées en raison de la pandémie de la
COVID-19.
Zailda Chan, présidente de la section locale 40
de Unite Here, a dit que les manifestations
étaient « un puissant message à nos employeurs et
nos gouvernements pour dire que les travailleurs
du tourisme ne sont pas sacrifiables ».
La plupart des
travailleurs de l'industrie de l'hébergement et de
la restauration ont été mis à pied à la mi-mars
après que la pandémie eut fermé l'industrie du
tourisme. La section locale 40 de Unite Here dit
qu'en l'espace de deux semaines, 90 % de
ses membres qui sont au nombre total
de 60 000 ont perdu leur emploi.
Alors qu'un grand nombre de travailleurs ont pu
recevoir de l'assurance-emploi ou la prestation
canadienne d'urgence (PCU), leurs droits de rappel
- le droit d'un employé mis à pied d'être rappelé
à son travail par son employeur - pourraient
arriver à échéance.
La situation est particulièrement pénible en
raison de la longue grève entreprise par le
syndicat en 2019 qui a eu comme résultat des
augmentations de 25 % et des nouvelles
normes pour la sécurité au travail, le harcèlement
sexuel et la sécurité d'emploi.
Le premier ministre John Horgan s'est dit
préoccupé par la situation lors d'une conférence
de presse le jour du rassemblement. Dans un
reportage de CBC News, il dit : « Nous
appelons les employeurs à faire ce qu'ils doivent
faire et à veiller à respecter le plus possible
l'intégrité de leur main-d'oeuvre, c'est ce que
nous espérons, et si nous devons passer par
l'Assemblée législative pour protéger les
travailleurs, nous le ferons. Mais notre
préoccupation en ce moment est comment
repartir l'économie. »
Il ne s'est pas engagé à assurer le droit de
rappel des travailleurs de l'hébergement et de la
restauration. Plutôt, il demande qu'ils fassent
confiance aux employeurs pour que ceux-ci «
fassent ce qu'ils doivent faire ».
Michelle Travis de la section locale 40 de
Unite Here a dit qu'il y a des inquiétudes que les
employés soient remplacés par de nouveaux
travailleurs moins payés.
« Nous calculons que l'industrie va vraiment s'en
remettre à l'été 2021 et nous voulons nous
assurer que les travailleurs qui, pendant des
années ont fait ce travail et sont des
professionnels dans leur domaine, aient la chance
d'avoir à nouveau leur emploi et qu'ils soient les
premiers à être choisis », a dit Travis à
Global News.
Zailda Chan, présidente de la section locale 40
de Unite Here, a affirmé : « Nous savons que
l'industrie du tourisme ne pourra pas s'en
remettre avant plusieurs années et ce que nous
revendiquons c'est une garantie de 24 mois
selon laquelle les gens auront leur emploi, ce qui
leur donnera le temps nécessaire pour retourner au
travail. »
Soutenons les justes revendications des
travailleurs de l'hôtellerie et de la restauration
qui demandent d'être rappelés à leur poste sans
perte d'ancienneté et avec les mêmes échelles de
salaire !
À la défense des droits des
travailleurs sans emploi
Le 9
juin, à l'initiative d'Action-Chômage Côte-Nord,
plus de 60 organisations ont fait parvenir
une lettre ouverte au gouvernement canadien pour
revendiquer des mesures immédiates afin
d'améliorer l'accès de tous les travailleurs
canadiens au régime de l'assurance-emploi, en
particulier les travailleurs saisonniers. Les
organisations qui ont signé la lettre comprennent
des organisations de défense des travailleurs
vulnérables et sans emploi de différentes régions
du Québec, une organisation de la Nouvelle-Écosse
et une du Nouveau-Brunswick, des communautés
autochtones de la Côte-Nord, des municipalités
régionales de comté de la région, des syndicats et
des entreprises. Forum ouvrier est fier
d'être un des signataires et de continuer d'offrir
ses pages à la lutte pour faire du régime
d'assurance-emploi un programme social qui défend
la dignité et la sécurité économiques de tous les
travailleurs qui sont sans emploi. C'est une
excellente initiative d'Action-Chômage Côte-Nord
qui a mobilisé toutes ces organisations au beau
milieu de la pandémie, alors qu'il est plus
difficile de rejoindre tout le monde. La lettre a
été publiée dans plusieurs journaux du Québec. On
peut aussi la trouver sur le
site web du comité et sur son site Facebook.
Voici le texte de la lettre.
Lettre ouverte au gouvernement du Canada
La pandémie de la COVID-19 a obligé le
gouvernement fédéral à mettre en place des mesures
d'aide pour les travailleurs et les entreprises.
Ces mesures, bien qu'importantes, ne seront pas
suffisantes pour l'industrie saisonnière.
Considérant que la Prestation canadienne
d'urgence n'offrira pas un soutien financier à
long terme, que le projet-pilote de formation
rémunérée prenait fin en mars 2020 et que le
projet-pilote octroyant cinq semaines de
prestations supplémentaires aux travailleurs de
l'industrie saisonnière se terminait le 30
mai 2020, les travailleurs de l'industrie
saisonnière auront besoin, pour faire face aux
contrecoups de la pandémie, de nouvelles mesures
d'accès à l'assurance-emploi.
À cet effet, nous demandons au gouvernement
fédéral d'éliminer la référence au taux de chômage
régional et de mettre en place une norme
universelle qui permettra à tous les travailleurs
canadiens qui en ont besoin de bénéficier de
l'assurance-emploi.
Norme universelle :
- 420 heures de travail ou 12
semaines ;
- Un taux de prestation d'au
moins 70 % basé sur les 12
meilleures semaines ;
- 35 semaines de prestations ;
- 5 semaines de prestations supplémentaires
pour les travailleurs de l'industrie
saisonnière.
La restauration, l'hébergement, les croisières,
la production agroalimentaire, les pêcheries et le
milieu culturel, pour ne nommer que ces secteurs,
souffriront de l'impact de la COVID-19. De
nombreux employeurs, faute de clientèle
suffisante, devront mettre à pied leurs employés
ou, dans le pire des scénarios, fermer leurs
portes. Selon les critères actuels de
l'assurance-emploi, des centaines de travailleurs
ne pourront cumuler les heures nécessaires pour
avoir droit à des prestations.
En adoptant les mesures proposées, le Canada fera
d'une pierre deux coups : il permettra aux
travailleurs de se qualifier à l'assurance-emploi
et aux employeurs de mieux planifier leur saison
en fonction du nombre d'heures assurables requis.
L'impact du coronavirus sur l'économie et le
milieu du travail est bien réel et, sans
intervention gouvernementale, il aura un effet
dévastateur pour de nombreuses familles et
collectivités qui vivent de l'industrie
saisonnière. Les travailleurs ne pourront pas tous
se tourner vers les champs du Canada pour pallier
leur perte d'emploi. On ne peut, parce que le
travail manque, condamner au Trou noir des
milliers de Canadiennes et Canadiens alors que des
solutions simples et réalistes existent pour leur
venir en aide.
Une mesure spéciale pour les travailleurs qui
n'auront pas accès à leur emploi régulier en
raison de la COVID-19 devra également être
proposée par le gouvernement du Canada.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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