7 février 2019
Mort
tragique de
trois travailleurs du rail
L'urgent
besoin
d'un régime de
sécurité ferroviaire au service des employés
et du
public
PDF
Lockout à
l'aluminerie ABI de Bécancour au Québec
• L'appui aux travailleurs en
lockout continue
d'affluer
L'offensive
antisociale du gouvernement Ford aggrave la crise du
système de santé
• Le besoin d'un système de
santé centré sur l'humain
• Avec son rapport, le Comité
consultatif tourne le dos à la crise de capacité
dans les
hôpitaux de l'Ontario - Le Conseil des syndicats
d'hôpitaux de l'Ontario
• Un syndicat de la santé
demande des
mesures immédiates pour répondre aux besoins en
personnel
dans les établissements de soins de longue durée
Crise dans le
système de santé au Québec
• Des questions non résolues
dans les
services sociaux et de santé
Discussion sur
la
façon de financer les programmes sociaux et sur d'autres
questions économiques
• Première partie -- Il faut
donner
à la production et au travail un but qui
soit conforme aux conditions sociales modernes
Mort tragique de trois travailleurs
du
rail
Forum ouvrier transmet ses plus
sincères condoléances aux familles, aux proches et
aux
collègues du chef de train Dylan Paradis, de
l'ingénieur
de locomotive Andrew Dockrell et du stagiaire Daniel
Waldenberger-Bulmer, membres de l'équipage du Canadien
Pacifique
tués le 4 février dans un déraillement
près de la
frontière entre l'Alberta et la Colombie-Britannique. Le
train a
plongé d'un pont d'une hauteur de près de 60
mètres dans la rivière Kicking Horse.
La Conférence ferroviaire de Teamsters
Canada
(CFTC) a dit que les travailleurs venaient de prendre en charge
le
train composé de trois locomotives et de 112 voitures
à l'est de Field, en Colombie-Britannique. Les trois
travailleurs étaient basés à Calgary.
Huit travailleurs ferroviaires sont
décédés au Canada depuis novembre 2017.
Les
enquêtes sur ces accidents sont toujours en cours, rapporte
la
CFTC.
« Aujourd'hui, nous nous concentrons sur
cet
accident, ainsi que sur les membres et les amis de la famille des
victimes. Mais il faudra maintenant que le gouvernement et
l'industrie
ferroviaire reconnaissent que quelque chose ne va pas et qu'un
changement s'impose. Huit décès aux endroits de
travail
en un peu plus d'un an n'est pas quelque
chose auquel on doit s'attendre ou qu'on doit
accepter », a
déclaré Lyndon Isaack, président de la CFTC.
De gauche à droite : Dylan Paradis, Andrew
Dockrell et Daniel Waldenberger-Bulmer. La Conférence
ferroviaire de Teamsters Canada a créé une page
pour y
amasser
des fonds pour aider les familles des travailleurs tués :
https://www.gofundme.com/laggan-relief-fund
Le train a déraillé entre les
tunnels
supérieur et inférieur en spirale, construits
en 1910 pour tenir compte de la pente abrupte du col du
Kicking
Horse, un col situé en haute montagne traversant la ligne
de
partage des eaux continentales à une altitude
de 1 627
mètres. La pente et l'itinéraire sont
considérés comme l'un des
plus dangereux en Amérique du Nord.
Le site Web du Bureau de la
sécurité des
transports (BST) a documenté 64 déraillements
de
trains du CP depuis 2004 sur la voie de 220
kilomètres
entre Field, en Colombie-Britannique et Calgary. Près de
la
moitié de ces accidents sont survenus dans un rayon
de 30
kilomètres de la zone située à
proximité
des tunnels
en spirale. Un autre déraillement a eu lieu dans la
même
région le 3 janvier dernier.
Lors d'une conférence de presse tenue
le 5
février, le porte-parole du BST a dit que les
premières indications suggéraient que la
catastrophe
était une « perte de contrôle » qui
avait
commencé après que le train ait été
garé pendant plusieurs heures lors d'un changement
d'équipe. Le train a commencé à se
déplacer
seul et a
dévalé une pente escarpée sur 3 km
avant de
plonger au-dessus d'une falaise.
Environnement Canada a signalé que les
températures ce jour-là étaient
extrêmement
froides et bien en dessous de ce qui est considéré
comme
le « point de bascule » de -25 degrés
Celsius,
lorsque le froid peut provoquer la défaillance des freins
pneumatiques et d'autres dangers liés au froid.
Le porte-parole du BST n'avait aucune information
en
réponse aux questions des médias à savoir si
CP
était en contact avec l'équipage avant
l'embarquement et
si l'équipage avait exprimé des inquiétudes
quant
à la nécessité de procéder dans ces
conditions.
Les travailleurs ferroviaires luttent sans
relâche pour défendre leur santé et leur
sécurité ainsi que celle du public contre les
actions
rapaces et téméraires du CP, dans sa poursuite et
sa
concurrence pour le profit privé. La rivalité
meurtrière qui entoure le transport de marchandises au
Canada se
caractérise par une diminution du nombre de
travailleurs qui contrôlent les trains et font leur
entretien,
des opérations de plus en plus contrôlées
à
distance et des trains plus longs et plus rapides chargés
de
marchandises plus lourdes, notamment des matières
dangereuses
telles que le pétrole et le gaz.
Les cheminots sont précieux et il faut
mettre un
terme aux terribles pertes de ces vies humaines. Le CP, les
autres
sociétés ferroviaires et les gouvernements qui
autorisent
l'auto-réglementation et la recherche du profit
privé en
contradiction avec la sécurité des travailleurs et
du
public doivent être tenus responsables.
Lockout à l'aluminerie ABI
de
Bécancour au Québec
Les travailleurs de la mine Raglan dans le nord du Québec
visitent les travailleurs en lockout d'ABI à
Bécancour le
5 février 2019.
Les 1300 travailleurs de l'aluminerie ABI de
Bécancour sont maintenant en lockout depuis près
de 13 mois. La section locale 9700 du Syndicat des
Métallos rapporte que des discussions ont lieu depuis
le 30
janvier dernier entre le syndicat et les représentants de
la
compagnie. Les travailleurs d'ABI demandent que
le cartel Alcoa/Rio Tinto, qui est le propriétaire d'ABI,
cesse
ses provocations et négocie une convention collective que
les
travailleurs peuvent accepter. Les questions qui étaient
en
litige en décembre 2017, le financement du
régime de
retraite et l'ancienneté dans les affichages de poste et
la
mobilité de la main-d'oeuvre, le sont toujours. Les
propriétaires leur ont ajouté de nouvelles demandes
de concessions, dont la suppression de 20 % des emplois
syndiqués à l'aluminerie. Ceci affaiblirait le
syndicat
dans sa lutte organisée pour les droits des travailleurs.
Les
travailleurs d'ABI s'y opposent fermement.
L'appui aux travailleurs d'ABI ne cesse
d'aflluer.
Le 5 février, une délégation
représentant les 820 travailleurs syndiqués de
la
mine Raglan au Nunavik, la région la plus nordique du
Québec, est venue les appuyer sur leurs lignes de
piquetage. Ces
membres de la section locale 9449 du Syndicat des
Métallos,
qui sont à
l'emploi du monopole minier et métallurgique Glencore, ont
choisi de doubler leur cotisation mensuelle pour soutenir les
travailleurs d'ABI. « Ils font face à une
multinationale,
tout comme l'est notre employeur. On sait que les
négociations
avec ces grosses compagnies sont de plus en plus difficiles. Leur
bataille est aussi la nôtre. C'est important
qu'ils sentent qu'on est à leurs
côtés », a dit Éric Savard.
Plusieurs
autres sections locales de syndicats sont aussi venues apporter
leur
soutien financier aux travailleurs de Bécancour.
Les travailleurs d'ABI poursuivent aussi leurs
tournées de syndicats à l'échelle du
Québec
pour expliquer leur conflit et mobiliser de l'appui. Ces
dernières semaines, des représentants des
travailleurs en
lockout sont allés rencontrer les travailleurs d'Unifor de
Baie-Comeau, de la région du Saguenay, et les travailleurs
de
Suncor à Montréal, qui
ont eux-mêmes vécu un lockout de 14 mois
en 2007.
Le 12 février prochain, alors que les
travailleurs d'ABI sont convoqués en assemblée
générale par le syndicat pour faire le point sur la
situation, les travailleurs de l'aluminerie de Rio Tinto d'Alma
au
Lac-Saint-Jean vont faire le voyage d'environ 5 heures en
autobus
pour venir les remplacer sur leurs lignes de piquetage.
L'appui aux travailleurs d'ABI ne cesse
d'affluer,
renforçant la conviction que leur lutte est la lutte de
tous
pour leurs droits et leur dignité.
L'offensive antisociale du
gouvernement
Ford aggrave
la crise du système de santé
Manifestation à Queen's Park, le 23 octobre 2018, à
la
défense du système public de santé
Les dépenses pour la santé en
Ontario
sont parmi les plus basses per capita de toutes les provinces
canadiennes. Le budget annuel total de la santé
représente tout de même près
de 58 milliards de dollars, et, dans le contexte de l'ordre
du
jour néolibéral qu'appliquent les gouvernements
ontariens
de toute couleur politique, les dépenses en santé
sont
devenues une vache à lait
pour les monopoles mondiaux et leurs consultants, leurs
planificateurs,
leurs comptables, leurs fournisseurs de matériel et de
services
dans l'industrie lucrative des soins de santé axée
sur le
profit. Ce sont les travailleurs de première ligne et
leurs
organisations de même que les Ontariens,
dont 49 %
d'entre eux ont eu recours aux
services de santé en 2018, qui savent par
expérience
que cette direction n'est pas viable et qu'elle mène le
système de santé vers un point de rupture. C'est
leur
voix qui doit être entendue en ce qui concerne les
problèmes du système de santé. Si leur voix
se
faisait entendre dans les arcanes du gouvernement, là
où
les décisions sont prises,
cela aiderait grandement à résoudre les
problèmes
auxquels le système de santé est
confronté.
Le 31 janvier,
le
gouvernement Ford a reçu le rapport du comité
consultatif
nommé par le premier ministre intitulé Soins de
santé de couloir : un système sous tension.
Ce
comité est présidé par Dr Rueben Devlin,
ancien
PDG de l'hôpital Humber River qui a lui-même mis la
main
à l'application de la politique néolibérale
dans la santé. Chose encore plus importante, il est
l'ancien
président du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario
et un
membre de l'équipe électorale du premier ministre
Doug
Ford. Il n'est donc pas simplement un ancien PDG d'un
hôpital.
Devlin a été nommé conseiller spécial
du
premier ministre, le jour où celui-ci a été
assermenté, au salaire
de 348 000 $. Il faut souligner également
qu'aucun des membres du comité consultatif n'a fait partie
du
personnel de première ligne qui a eu à faire face
à la crise du système de santé en
Ontario.
Les auteurs du rapport prétendent
reconnaître les problèmes que vivent les patients du
système et les travailleurs qui livrent les services, mais
ils
ignorent les problèmes et les mesures que les travailleurs
de
première ligne qui livrent les services ont
identifiés
depuis longtemps. Il pave plutôt la voie à un
deuxième rapport qui doit être
présenté
au printemps, qui va faire des recommandations au gouvernement
visant
à concentrer la prise de décision dans les mains
d'administrateurs nommés par le gouvernement et dont le
nombre
est toujours plus restreint. Cela va déshumaniser encore
davantage les conditions de travail de ceux qui livrent les soins
et
les conditions d'accès des patients à
ces soins, et permettre aux capitalistes monopolistes de
l'industrie de
la santé qui fonctionne au profit de s'emparer d'une part
encore plus grande de la richesse sociale expropriée des
travailleurs sous la forme de l'argent des impôts qui va
à
la santé.
Le rapport reconnaît qu'à chaque
jour, au
moins 1 000 personnes reçoivent des soins dans
les
couloirs des hôpitaux de l'Ontario. Il reconnaît
qu'en
novembre 2018, il y avait 4 665 patients qui
étaient à l'hôpital parce que le temps
d'attente
pour des services alternatifs est de six jours en ce qui concerne
les
soins
à domicile et de 146 jours pour obtenir un lit dans
un
établissement de soins de longue durée. Le rapport
reconnaît que les maladies infectieuses contractées
à l'hôpital nécessitent un traitement qui
coûte très cher et font porter un fardeau
considérable au système en prolongeant de deux
semaines
en moyenne le séjour à l'hôpital.
Le conseiller spécial du premier ministre
a
choisi d'ignorer totalement les nombreuses études qui ont
démontré que la raison première pour
laquelle les
gens meurent d'infection, comme le C difficile
contracté
à l'hôpital, c'est l'insuffisance des effectifs et
l'engorgement des services hospitaliers. La vision des choses du
conseiller
spécial du premier ministre est si inhumaine que, selon le
rapport, ajouter des lits au système ne va pas
résoudre
le problème des soins de santé de couloir!
Incroyable !
Toujours le 31 janvier, une ébauche de
projet de loi du gouvernement intitulé Loi sur
l'efficacité du système de santé a
été dévoilée par le NPD. Le projet de
loi
révèle que le premier rapport du Comité
consultatif spécial sur l'identification des
problèmes et
le second sur les recommandations sont un subterfuge.
L'ébauche
de
projet de loi démontre que les «
solutions »
ont déjà été
décidées :
l'efficacité dans le mécanisme de livraison des
soins,
des économies de médecine numérique, la
prise de
rendez-vous en ligne, des économies d'échelle pour
la
gestion des approvisionnements de biens et services
utilisés par
les hôpitaux, etc, afin de réaliser une approche
«
intégrée » de la livraison des soins de
santé gérée par une « super
agence ».
La directrice exécutive de la Coalition
ontarienne de la santé, Nathalie Mehra, a dit ceci au
sujet du
projet de loi qui a fait l'objet d'une fuite : « Il
s'agit
d'un projet de loi omnibus. Des dizaines de lois importantes
relatives
à la santé vont devoir être modifiées.
Il
donne des pouvoirs sans précédent à la Super
Agence d'ordonner la
privatisation de l'approvisionnement et de la chaîne
d'approvisionnement de tout fournisseur de soins de santé.
L'ébauche du projet de loi ne définit pas, et donc
ne
limite pas, quelles acquisitions et quel approvisionnement
pourraient
être visés. Autrement dit, la Super Agence pourrait
ordonner la privatisation de pans entiers du système de
santé et
des services de soutien. Il donne aussi le pouvoir à la
Super
Agence, composée de 15 personnes nommées par
le
cabinet du premier ministre, de nommer la compagnie à qui
les
services vont être privatisés. De tels pouvoirs
n'ont
jamais été accordés dans une loi en Ontario.
Ce
sont des pouvoirs extraordinaires de
privatisation. »
En plus, la création de cette Super Agence
va
éliminer encore davantage la capacité du public
d'avoir
quelque mot à dire. Nathalie Mehra a dit que « les
rédacteurs de l'ébauche de projet de loi ont
délibérément retiré pratiquement
toutes les
clauses d'intérêt public que nous avions
réussi
à faire inclure dans la loi sur les Réseaux locaux
d'intégration
des services de santé (RLISS). L'exigence que les
réunions du conseil d'administration des réseaux
soient
publiques est éliminée. La possibilité de
faire
appel, les consultations plus sérieuses sur les
décisions
de planification et de restructuration sont elles aussi
éliminées. L'exigence que les RLISS
établissent
des mesures et des plans selon les
besoins en santé de la population disparaît elle
aussi. Il
n'est plus question de principes guidant la planification et la
restructuration du système de santé. Cela aurait
été un vrai désastre si le gouvernement Ford
avait
fini de rédiger ce projet de loi et l'avait
présenté au parlement sans nous laisser le temps et
la
capacité de le bloquer. »
La Coalition ontarienne de la santé et la
Fédération des travailleurs et travailleuses de
l'Ontario
(FTO) ont immédiatement demandé au gouvernement de
l'Ontario de retirer l'ébauche de projet de loi et
d'éliminer tous les plans de privatisation des soins de
santé en Ontario. Ils ont aussi lancé une
pétition
qu'on peut signer ici.
La FTO a aussi annoncé une campagne
d'action
politique à l'échelle de la province qui
débute la
dernière semaine de février à London,
Waterloo,
North Bay et Durham et mènera à une
assemblée
provinciale au Centre des congrès le 25 mars sous le
thème « La force du nombre ».
- Le Conseil des syndicats
d'hôpitaux de l'Ontario -
Les travailleurs de la santé participent à une
manifestation à Queen's Park à la défense du
système public de santé, le 23 octobre 2018.
Le rapport initial publié aujourd'hui
[le 31 janvier] par le soi-disant expert du gouvernement
conservateur de l'Ontario, Reuben Devlin, « ne peut
être
perçu que comme un échec lamentable, une
incapacité épique à affronter la
réalité derrière la présence de
patients
dans les salles de bain et les corridors des hôpitaux
surpeuplés »,
estime Michael Hurley, le président du Conseil des
syndicats
d'hôpitaux de l'Ontario (CSHO), la grande division
hospitalière du Syndicat canadien de la fonction publique
en
Ontario.
« Les preuves montrent que l'Ontario a un
problème de capacité hospitalière, de manque
de
lits et de personnel. En tentant de décrire ce
problème
comme un engorgement au niveau des autres niveaux de soins (ANS),
on
fait fi d'études scientifiques qui suggèrent qu'au
moins
un tiers des patients désignés comme ANS souffrent
de
plusieurs
affections et nécessitent une hospitalisation en soins de
courte
durée », a dit Michael Hurley.
Le CSHO exhorte le
premier
ministre et le ministre de la Santé à faire passer
l'intérêt des patients avant l'intention de leur
gouvernement de réduire les impôts et d'amputer des
milliards de dollars à l'enveloppe des services publics,
et
à prendre acte des preuves irréfutables qu'il faut
investir dans nos hôpitaux qui manquent de ressources et
ajouter des lits pour mettre fin à la médecine de
couloir.
Les problèmes d'accès et de
capacité auxquels fait face le système hospitalier
de
l'Ontario ne feront que s'aggraver, prévient Hurley.
« Ce
qu'il faut, ce n'est pas un investissement permanent ni une
expansion,
mais des investissements importants et des lits pour couvrir les
besoins hospitaliers des 25 prochaines années,
après
quoi la
vague démographique reculera et les besoins diminueront.
L'Ontario n'a pas tourné le dos à la
réalité du baby-boom ; elle ne doit pas
laisser
tomber cette génération à mesure qu'elle
vieillit
et que ses besoins en soins de santé
augmentent. »
« Le plus cynique dans le rapport Devlin,
précise Hurley, c'est qu'il écrase l'accès
aux services hospitaliers, déjà le plus difficile
au
pays, pour financer d'énormes réductions
d'impôt
pour les entreprises et les riches, ces impôts étant
déjà les plus bas en Amérique du
Nord. »
Au cours des deux dernières
décennies,
malgré l'explosion démographique de l'Ontario, on a
supprimé près de 18 000 lits dans les
hôpitaux. Cela entraîne un surpeuplement à
longueur
d'année, pas seulement pendant les pics de la saison de la
grippe. L'Ontario dépense moins en soins hospitaliers que
les
autres provinces,
environ 400 $ de moins par patient, bien qu'elle soit
la plus
riche. Les patients ontariens reçoivent une demi-heure de
moins
de soins infirmiers par jour ; ils ont aussi la plus courte
durée d'hospitalisation.
Des études démontrent que quelques
minutes supplémentaires de soins au lit améliorent
considérablement le rétablissement des patients.
L'Ontario se démarque par son manque de capacité
hospitalière par rapport au Canada et, surtout, aux pays
de
l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE), souligne le président
du CSHO : « Il s'agit toutefois d'un chef de file
mondial en
matière de réadmissions à l'hôpital,
signe
révélateur d'un manque de capacité qui
pousse les
gens à quitter l'hôpital trop tôt, au point de
devoir revenir pour une réhospitalisation plus longue et
plus
coûteuse. C'est une défaillance du système
qui en
dit long. »
Le remède mis de l'avant par Rueben Devlin
contre la surpopulation hospitalière rappelle une vieille
ordonnance de l'ancien gouvernement libéral :
remplacer les
soins hospitaliers par des soins à domicile. « Nous
avons
bien besoin de plus de soins à domicile pour suivre le
rythme
des sorties d'hôpital et éviter des
hospitalisations, mais
ceux-ci ne remplacent pas la capacité d'accueil des
hôpitaux. On s'en sert comme excuse simplement pour
éviter
d'ajouter des lits dont les hôpitaux ont grandement besoin.
Si le
premier ministre Ford remplit l'ordonnance du ministre Devlin,
attendez-vous à une explosion de la médecine de
couloir », déclare Michael Hurley.
(31 janvier,
2019)
Les travailleurs de la santé de l'UIES tiennent un
piquetage
devant le centre de santé des anciens combattants de
Scarborough, le 8 novembre 2018.
L'Union internationale des employés de
services
(UIES), qui représente 24 000 employés de
première ligne dans des établissements de soins de
longue
durée (SLD) en Ontario, a lancé un autre appel
urgent au
gouvernement pour qu'il s'attaque aux problèmes de manque
de
personnel afin de répondre aux besoins des
résidents et
du personnel en matière de santé et de
sécurité. L'appel a été lancé
par
Sharleen Stewart, présidente du Syndicat de la
santé
UIES, le 1er février, le jour même où
CBC a
publié un exposé sur la situation dans les
établissements de soins de longue durée de
l'Ontario.
Dans sa déclaration, Sharleen Stewart,
présidente du Syndicat de la santé UIES a
dit :
« En tant que syndicat représentant le plus grand
nombre
de travailleurs des soins de longue durée en Ontario, les
problèmes de manque de personnel et de santé et de
sécurité mis en lumière par le reportage de
CBC
Marketplace nous sont
malheureusement trop bien connus. Nous dénonçons
cette situation et sonnons l'alarme sur ces questions depuis plus
de
dix ans. Le manque de personnel est devenu une
épidémie
dans les établissements de soins de longue durée de
la
province et nous continuons d'exiger des solutions
immédiates
à cette crise. Nous appelons le gouvernement
de l'Ontario à travailler avec nous et les plus
de 24 000 membres du personnel de première ligne
des
établissements SLD que nous représentons, afin
d'établir un nombre minimum obligatoire d'heures de soins
directs pour les résidents et un financement
supplémentaire pour permettre aux établissements de
soins
de longue durée d'avoir
suffisamment de personnel. En attendant que ces changements aient
lieu,
la santé et la sécurité des résidents
et du
personnel dans les établissements de soins de longue
durée continueront d'être sérieusement
menacées. »
Le reportage de CBC
reposait sur des éléments de preuve recueillis par
un
journaliste qui s'était infiltré dans un SLD en
utilisant
une caméra cachée alors qu'il travaillait comme
bénévole, afin de documenter les conditions de
détention des résidents et du personnel du
Markhaven Home
for Seniors à Markham. Cet établissement se situe
dans la
médiane des incidents signalés qui
impliquent des résidents d'un établissement de
soins de
longue durée en Ontario. Cette institution a fait les
manchettes
à la suite du
décès d'un résident de 84 ans
en 2017.
Tant le ministère que l'institution ont refusé les
requêtes de la famille de connaître ce qui
s'était
passé, mais parce que les membres de la famille avaient
secrètement installé une caméra pour
surveiller
les soins, il était impossible au ministère et
à
l'institution d'ignorer les préoccupations
légitimes
concernant la qualité des soins fournis.
Le journaliste de CBC a tout de suite
observé le
manque chronique de personnel et a souligné
que l'établissement comptait énormément sur
les
étudiants bénévoles du secondaire qui
consacraient
leurs 40 heures de services communautaires indispensables
à
l'obtention du diplôme. Le manque de personnel imposait un
lourd
tribut aux
employés qui sautaient leur repas et leurs pauses afin de
s'occuper des résidents, tout en étant
démoralisés car incapables de répondre de
manière adéquate aux besoins des résidents,
dont
les besoins hygiéniques de base qui ne pouvaient pas
être satisfaits de façon régulière
à
cause du manque de personnel. L'UIES considère le manque
de personnel comme un abus systémique des patients.
En Ontario, il n'existe aucune directive sur
le nombre d'heures de soins directs que doivent recevoir les
patients
d'établissements de soins de longue durée. Elles
ont
été éliminées en 1996 par les
conservateurs de Mike Harris et n'ont jamais été
remises
en place.
Crise dans le système de
santé au Québec
Trois syndicats de la santé en Outaouais
ont
formé un front commun pour faire valoir leurs
revendications qui
visent à améliorer les conditions de travail de
leurs
membres ainsi que les services de santé et les services
sociaux
offerts à la population. [1]
La première action commune des trois syndicats
a été d'exiger une rencontre avec le
représentant
du gouvernement du Québec chargé d'enquêter
sur les
problèmes du système de santé en Outaouais
et d'en
faire rapport à la ministre de la Santé.
Les trois syndicats sont préoccupés
par
le fait que le mandataire désigné par le
gouvernement
n'ait pas cherché à les rencontrer, car ils
connaissent
très bien les problèmes auxquels sont
confrontés
les services de santé de la région. Ils ont remis
une
pétition signée par les employés
syndiqués.
Parmi leurs préoccupations figure l'épuisement
ressenti par beaucoup en raison des heures supplémentaires
obligatoires, du manque de personnel et de la lourde charge de
travail.
Ils soulèvent également le besoin de services
locaux pour
la population qui vit dans la région.
Lyne Plante, la présidente du Syndicat des
professionnelles en soins de l'Outaouais, demande comment il se
fait
qu'aucune infirmière pivot, qui travaille de façon
étroite avec les patients souffrant de cancer et leurs
familles,
ne travaille dans la
région. Est-ce normal, demande-t-elle ? Aussi,
pourquoi les
femmes de la Vallée-de-la-Gatineau n'ont-elles aucun
service de
périnatalité et doivent-elles se rendre à
Gatineau ou à Mont-Laurier pour accoucher ? Les trois
syndicats réclament que ces services soient une
priorité
et que les services qui sont requis soient mis en place pour
répondre aux besoins de la population dans toute la
région.
Dans le même ordre d'idées, des
infirmières de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont de
Montréal ont organisé un sit-in le 27 janvier
pour
exprimer leur mécontentement face aux heures
supplémentaires obligatoires et exiger l'embauche de
nouvelles
infirmières pour faire face aux pénuries de
personnel.
Les travailleuses se rappellent que,
depuis les élections au Québec l'an dernier, la
nouvelle
ministre de la Santé, Danielle McCann, a
déclaré
à maintes reprises qu'elle ne ménagerait aucun
effort
pour résoudre ce problème. Maintenant, son approche
semble avoir quelque peu changé.
Elle a déclaré récemment que
la
question des heures supplémentaires obligatoires devrait
être résolue au moyen des projets-pilotes mis en
place par
l'ancien ministre de la Santé, Gaétan Barrette,
vers la
fin de l'année dernière et
dont l'objectif déclaré était d'examiner le
ratio
infirmière/patients afin de réduire
éventuellement
le nombre de patients par infirmière. On ne voit
pas vraiment comment cela résout concrètement le
problème pressant des heures supplémentaires parce
que
les ratios infirmière/patients sont surtout liés
à
la question du niveau de soins. Ces projets-pilotes ne traitent
pas du
problème de
l'urgence de la situation des heures supplémentaires
obligatoires, qui doit être résolu
immédiatement.
Note
1. Les trois syndicats sont
l'Alliance du personnel professionnel et technique de la
santé
et des services sociaux, la Confédération des
syndicats
nationaux et la Fédération interprofessionnelle de
la
santé du Québec.
Discussion sur la façon de
financer les programmes sociaux et
sur d'autres questions économiques
D'où vient l'argent pour les programmes
sociaux
et les services publics ? On nous dit qu'il vient des fonds
publics mais cela n'explique rien et c'est comme dire que la
nourriture
vient du supermarché.
Les travailleurs savent très bien que les
gouvernements n'ont aucune difficulté à trouver de
l'argent pour payer les riches, mais qu'ils disent ne pas pouvoir
en
trouver pour financer les programmes sociaux et les services
publics et
garantir les droits qui appartiennent aux gens parce qu'ils sont
des
êtres humains.
Les gouvernements, les travailleurs et les
entreprises
privées font tous des réclamations à la
valeur que
la classe ouvrière produit. Quel est le montant des
réclamations, et où va la valeur, sont des
problèmes qui soulèvent la question de qui
décide.
En Ontario par exemple, le gouvernement Ford
intensifie
l'offensive antisociale. Cela est lié à la question
de
qui
décide des réclamations à la valeur que
produisent
les travailleurs et où doit aller cette valeur. Comment,
dans
ces conditions, le peuple peut-il élaborer et mettre en
oeuvre
une alternative à l'offensive antisociale par laquelle il
peut
décider où
investir les réclamations à la valeur produite par
les
travailleurs, et appliquer sa décision.
Le but de la production et du travail
Pour élaborer une alternative à
l'offensive antisociale et à la façon dont est
faite
à l'heure actuelle la réclamation à la
valeur que
les travailleurs produisent et la décision sur son
utilisation,
les travailleurs doivent d'abord examiner le but de la production
et
du travail. Pourquoi travaillons-nous ? Quel est l'objectif,
en ce
qui concerne
le développement des moyens de production, des articles de
consommation et de l'infrastructure modernes ? Selon la
vision et
la motivation des riches, l'élan qui pousse à
produire
ces moyens de production et ces articles de consommation serait
entravé, si une autre motivation et une autre vision des
choses
remplaçait la recherche de la
richesse individuelle et la concurrence entre les riches pour
s'accaparer la valeur produite par les travailleurs.
Les
marxistes-léninistes ont une opinion différente sur
cette
question. Ils pensent que cet élan pour devenir riche et
avoir
une économie qui est divisée en parties rivales
peut
développer une économie et une
société
jusqu'à un certain point seulement. À un certain
point,
ce qui a été développé jusqu'à
aujourd'hui, requiert de nouvelles formes
sociales et une nouvelle vision pour que les problèmes qui
se
sont accumulés puissent être résolus. Il faut
créer de nouvelles formes sociales, une nouvelle vision et
une
nouvelle motivation qui correspondent au développement de
l'économie et des conditions sociales, en particulier des
moyens
de production, des articles de consommation et de
l'infrastructure de masse qui ont été
créés.
En ce moment, la majeure partie de l'innovation
provient des scientifiques et d'autres personnes qui travaillent
au
sein de vastes entreprises, des universités et du secteur
militaire. Certains d'entre eux sont acclamés et
deviennent
riches mais, en fait, l'effort surgit collectivement à
partir de
ce que la société a développé
jusqu'à maintenant. Dans les
conditions sociales actuelles, les avancées qui
proviennent de
ces institutions collectives peuvent être bloquées
ou
acceptées selon que l'innovation sert ou non les
intérêts privés étroits d'une
entreprise
particulière qui est en position de contrôle, au
milieu
d'un sombre climat de concurrence mondiale et de
préparatifs de
guerre.
En plus, résoudre les problèmes
dans le
domaine social et politique et de l'environnement naturel, et
le problème de comment garantir les droits des personnes
en tant
qu'êtres humains, ne fait pas partie du but qui anime les
riches. Pour résoudre les problèmes, il faut une
motivation et une vision nouvelle qui correspondent aux
conditions
sociales modernes. Ces solutions requièrent de grands
efforts
collectifs de la part de la classe ouvrière en
général, une situation où aucun individu ne
va
devenir super riche mais où la société dans
son
ensemble va s'enrichir. Les travailleurs doivent de façon
générale voir concrètement qu'ils vont
être
récompensés personnellement de leurs efforts en
ayant une vie meilleure et plus sûre, et que leurs pairs,
les
collectifs et l'économie vont aussi en profiter. Les
travailleurs vont en tirer l'assurance que la
société
progresse et prospère, dans un climat d'unité, sans
menaces de guerre, et qu'il est possible de trouver des solutions
aux
problèmes pressants qui existent dans le domaine social et
politique
et de l'environnement naturel et de garantir les droits de
tous.
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