31 janvier 2019
Les travailleurs de l'Ontario
demandent
le retrait d'un projet de loi antiouvrier
Les travailleurs de la construction
défendent leur droit de s'organiser
PDF
•
D'autres attaques honteuses
contre
les travailleurs aux emplois précaires
• Opposition à
l'élimination de
la protection environnementale
Colombie-Britannique
• Les travailleurs de l'hôtel
Ramada
à Prince George manifestent pour une meilleure convention
collective
Territoires du
Nord-Ouest
• Les travailleurs du secteur public
luttent
pour la dignité du travail
Grande-Bretagne
• Jaguar Land Rover élimine 5
000
emplois
• Les femmes de Glasgow remportent
un combat
important
Les travailleurs de l'Ontario
demandent
le retrait d'un projet de loi antiouvrier
Sous prétexte d'ouvrir l'Ontario aux
affaires et
d'éliminer la bureaucratie, le gouvernement ontarien de
Doug
Ford a déposé le 6 décembre 2018
le
projet de loi 66, la Loi de 2018 visant à
rétablir la compétitivité de l'Ontario.
Le
projet de loi modifie 18 lois existantes et est une attaque
de
grande
envergure contre les travailleurs et l'ensemble des Ontariens,
qui
affecte tous les aspects de leur vie.[1]
Un des principaux aspects du projet de loi est son
attaque contre les travailleurs de la construction.
L'annexe 9
modifie la Loi de 1995 sur les relations de travail
de
sorte que les municipalités et certains conseils locaux,
conseils scolaires, hôpitaux, collèges,
universités
et organismes publics soient réputés être des
employeurs extérieurs à l'industrie de la
construction.
Cela veut dire que les syndicats qui
représentent des employés de ces agences et
institutions
publiques, qui sont employés ou susceptibles d'être
employés dans l'industrie de la construction, ne les
représentent plus. Toute convention collective qui lie
l'employeur et le syndicat cesse de s'appliquer dans la mesure
où elle s'applique à l'industrie
de la construction.
En agissant ainsi, le gouvernement se
prépare
à désyndiquer sur une échelle de masse les
travailleurs de la construction et le travail de construction qui
se
fait dans les institutions publiques, et à mettre fin aux
conventions collectives ayant force de loi sans le consentement
ou la
permission des travailleurs concernés. Il s'agit d'une
attaque
frontale contre les salaires et les conditions de travail des
travailleurs de la construction, contre le droit de s'organiser
et
d'être membre d'un collectif et de travailler dans le
secteur de
la construction dans des conditions salubres et
sécuritaires qui
ont reçu l'approbation générale des
travailleurs
de la construction et de leurs collectifs. Et cela se passe
au moment où les décès et les blessures
continuent
d'être en hausse dans le secteur de la construction en
Ontario.
Les travailleurs de l'Ontario dénoncent
cette
attaque et le projet de loi 66 dans son ensemble. Des
syndicats de
la construction ont émis des déclarations qui
condamnent
cette attaque contre les travailleurs du secteur.
Qui a dit quoi
Le Conseil des charpentiers et menuisiers de
l'Ontario
(CDCO) écrit ce qui suit dans sa déclaration
du 11
décembre 2018 :
« Le projet de loi 66 est censé
être
la tentative la plus récente du gouvernement de rendre
l'Ontario
plus concurrentielle. Il semble cependant qu'en ce qui concerne
la
construction, le premier ministre Doug Ford veuille le faire en
s'attaquant aux travailleurs ordinaires. Certaines parties du
projet de
loi vont éliminer les droits de négociation dans la
construction et des conventions collectives qui existent depuis
longtemps entre les travailleurs de la construction et
différents employeurs du secteur public comme les
municipalités, les commissions scolaires, les
hôpitaux,
les universités et d'autres institutions similaires. Bref,
la
capacité des travailleurs de la construction, qui
travaillent
pour ce type d'employeurs, de négocier librement des
négociations collectives pour leur travail de construction
va
être éliminée par la loi.
« Notre syndicat entretient des relations productives avec
ce
type d'employeurs, comme la ville de Toronto, souvent depuis des
dizaines d'années et ces relations sont conçues
pour que
les employeurs soient satisfaits du point de vue
qualité-prix et
que les travailleurs gagnent décemment et
honnêtement leur
vie. Il semble que le premier ministre ne veuille pas maintenir
ce type
de relations », écrit Mike Yorke, le
président et
le directeur des affaires publiques du CDCO.
« Ce gouvernement s'attaque maintenant
à
tous les travailleurs de la construction et à leurs droits
fondamentaux. Notre syndicat entend lutter pour ses membres et
leurs
droits par tous les moyens à sa disposition. La Cour
suprême du
Canada a dit clairement que le droit à la
négociation
collective est protégé par la Charte canadienne des
droits et
libertés, et si nous devons nous rendre jusqu'en Cour
suprême pour que le gouvernement de Doug Ford le
reconnaisse,
c'est exactement ce que nous allons faire »,
écrit
Tony Iannuzzi, le dirigeant du Conseil.
Au nom du Conseil du travail du district de
Toronto et
de York, auquel sont affiliés plusieurs syndicats de la
construction de Toronto, son président John Cartwright a
fait
parvenir une lettre ouverte le 8 janvier au premier ministre
de
l'Ontario dans laquelle il écrit :
« Dans un des ses derniers gestes de
l'année 2018, votre gouvernement conservateur a
déposé un projet de loi qui propose de
déchirer
toutes les conventions collectives des syndicats de la
construction
signées avec les villes, les commissions scolaires, les
universités et les hôpitaux. Il s'agit là
d'une
attaque frontale contre les droits des
travailleurs de cette province, dont vous n'avez jamais
parlé
pendant la campagne électorale.
« À Toronto, cela va décimer
les
droits de négociation de presque tous les syndicats de
métiers, qui existent souvent depuis cent ans et plus. Le
fait
que vous décidiez que vous possédez
l'autorité de
déchirer ces ententes d'un simple trait de plume est
vraiment
incroyable. La Cour suprême a rejeté de pareilles
lois
antisyndicales ces dernières
années, parce que, contrairement à votre
gouvernement,
elle reconnaît que la Charte protège les droits
fondamentaux du travail. Les droits du travail sont un aspect
fondamental d'une société juste.
« La ville de Toronto possède la
main-d'oeuvre de construction la plus productive
d'Amérique du
Nord, une main-d'oeuvre qui est le produit de plusieurs
générations d'immigration et d'un engagement
profond
envers l'apprentissage et le perfectionnement des
compétences.
Les centres de formation des syndicats ont un bilan enviable en
matière de diplomation à l'apprentissage et de
perfectionnement des compétences, qui est un processus qui
dure
toute une vie. Les membres des syndicats et les entrepreneurs
syndiqués contribuent financièrement pour faire en
sorte
que ces compétences essentielles soient transmises d'une
génération à l'autre. La performance en
matière de sécurité
dans la construction syndiquée est très
supérieure
à celle du secteur non syndiqué.
« Le projet de loi comprend plusieurs
autres
aspects qui comprennent de graves lacunes et doivent eux aussi
être retirés. Je vous demande d'abandonner
totalement le
projet de loi 66. »
Le Conseil des métiers du bâtiment
et de
la construction de l'Ontario (PBCTCO) écrit dans sa
déclaration du 12 décembre :
« Les changements apportés par le
projet
de loi réduisent la protection pour les travailleurs et
les
consommateurs, mettent notre environnement en péril et
affaiblissent les normes du travail », écrit
Patrick
Dillon, l'agent d'affaires du Conseil. « Le premier
ministre Ford
dit qu'il gouverne 'pour les gens ordinaires' mais les
changements
qui sont proposés vont bénéficier au monde
des
affaires de l'Ontario plutôt qu'aux Ontariens qui
travaillent dur.
« Un des aspects les plus graves du projet
de loi
est l'intrusion massive du gouvernement dans la libre
négociation collective », écrit Dillon.
« L' intrusion dans la libre négociation collective
est
l'emblème d'un gouvernement qui manifeste une tendance
autocratique claire. Ce projet de loi a été
présenté sans qu'on ait consulté les
travailleurs et les syndicats qui vont en subir les
conséquences
draconiennes. Il va sans dire que ce gouvernement n'a pas
informé les électeurs de ses politiques
antisyndicales
pendant la campagne électorale. »
Dans une déclaration émise
le 6
décembre, la Fédération des travailleurs et
des
travailleuses de l'Ontario (FTO) écrit :
« Le projet de loi déclare que les
entités publiques comme les municipalités, les
hôpitaux, les universités et les écoles sont
des
'employeurs extérieurs à l'industrie de la
construction
', ce qui pave la voie à ce que les secteurs non
syndiqués des métiers de la construction
présentent des soumissions pour les projets
d'infrastructure
publique et
obtiennent les contrats de construction.
« Les métiers de la construction qui
sont
syndiqués sont des leaders en matière de
santé et
de sécurité. En rendant les métiers non
syndiqués admissibles aux projets de construction
publique, Doug
Ford met la sécurité des travailleurs en
péril et
bafoue les conventions collectives
négociées », écrit le
président
de la FTO, Chris Buckley. «
En réduisant les normes de sécurité au
profit de
la grande entreprise, le gouvernement joue avec la vie des
Ontariens.
Lorsqu'il y a trop d'enfants dans une garderie privée, les
enfants font face à des risques inutiles. Lorsqu'on rend
les
gardes-fous facultatifs, des travailleurs sont tués dans
des
accidents aux endroits de travail. Avec ce projet de loi,
le gouvernement qui prétend être du
côté des
« gens ordinaires » place une fois de plus le
tout
puissant dollar au-dessus de la vie des
Ontariens. »
Note
1. Pour de plus amples
informations sur le projet
de loi 66, lire « Le coût humain de la campagne
du
gouvernement Ford contre la « paperasserie tueuse
d'emplois », Pierre Chénier, dans le
numéro
du 26 janvier 2019 du
Marxiste-Léniniste.
Un aspect important du projet de loi 66 de
l'Ontario est l'attaque renouvelée du gouvernement Ford
contre
les travailleurs qui occupent des emplois précaires. Le
projet
de loi 66 fait suite à la Loi de 2018 pour un
Ontario ouvert aux affaires, connue comme la loi 47, qui
a
reçu la sanction royale le 21
novembre de l'année dernière. Entre autres choses,
la
loi 47 a supprimé l'augmentation du salaire minimum
de 14 à 15 dollars de l'heure qui devait entrer
en
vigueur le 1er janvier, ce qui gèle le taux salarial
actuel
jusqu'au 1er octobre 2020. La loi 47 a aussi
supprimé l'exigence légale minimale de deux
jours de congés de maladie payés par an, ainsi
qu'une
mesure qui interdisait aux employeurs d'obliger leurs
employés
à fournir un billet du médecin prouvant qu'ils sont
malades.
Le projet de loi 66 modifie la Loi
de 2000 sur les normes d'emploi. Il annule la clause de
la
loi selon laquelle les employeurs doivent obtenir l'approbation
du
directeur des normes d'emploi pour conclure des ententes
autorisant
leurs employés à travailler plus de 48 heures
dans
une semaine de travail, à l'intérieur
d'une limite de soixante heures de travail par semaine.
Un autre changement majeur que prévoit le
projet
de loi 66 est l'abrogation du plafond de 60 heures de
travail
par semaine sous prétexte que cela se produira seulement
lorsqu'il existe une « entente » entre
l'employeur et
l'employé à cet effet. C'est frauduleux parce que
le
travailleur embauché dans un emploi précaire est
souvent non syndiqué et n'a donc pas l'appui d'un
collectif
organisé. Les travailleurs précaires sont souvent
embauchés par le biais d'agences de placement temporaire
et
n'ont donc pas d'employeur officiel avec lequel ils peuvent
parvenir
à une « entente ». Souvent les
travailleurs se
font ordonner de travailler plus longtemps que le plafond
de 60 heures par semaine et sont licenciés s'ils
refusent
de s' « entendre ». Le gouvernement rend
maintenant la
situation encore plus précaire et renforce le diktat en
supprimant la nécessité de toute intervention du
directeur des normes d'emploi.
Le projet de loi 66 annule aussi l'exigence
selon
laquelle les employeurs doivent recevoir l'autorisation du
directeur
des normes d'emploi pour conclure des «
ententes »
leur
permettant de calculer la moyenne des heures de travail d'un
employé servant à établir la
rémunération des heures supplémentaires
à
laquelle il a droit.
Les travailleurs, surtout les travailleurs non
organisés, ont déjà beaucoup de
difficulté
à faire appliquer les clauses actuelles de la Loi
de 2000 sur les normes d'emploi. Le gouvernement Ford
entend
contourner cyniquement cette situation en éliminant
purement et
simplement plusieurs clauses de la loi. Il supprime même
l'obligation légale de mentionner la loi aux endroits de
travail, comme c'était le cas auparavant alors que des
affiches
qui informent les travailleurs de leurs droits en vertu de la loi
devaient être posées.
Les travailleurs ontariens disent Non! à
cette
attaque honteuse contre les travailleurs aux emplois
précaires
et demandent le retrait du projet de loi 66.
Manifestation devant les
bureaux de
la ministre de l'environnement Lisa Thompson le 14
décembre 2018
Retirez le
projet de
loi 66 de l'Ontario!
Joignez-vous à la campagne « Retirez le projet de
loi 66 » - www.stopbill66.ca
Certaines des mesures les plus
régressives et dangereuses qu'introduit le projet de
loi 66
se retrouvent dans les changements apportés à la
Loi
sur l'aménagement du territoire. Cet article du projet
de
loi a provoqué la colère et un mouvement
d'opposition
dès qu'il a été déposé. Des
Ontariens de tous les milieux ont
placé des pancartes devant leur maison, signé des
pétitions, appelé leurs députés et
tenu des
rassemblements devant leurs bureaux. Les fermiers, les
propriétaires de petites entreprises et de nombreux
conseils de
ville se sont opposés au projet de loi 66,
considérant la protection environnementale comme leur
priorité.
Le 23 janvier, le ministre des Affaires
municipales Steve Clark a écrit sur les médias
sociaux
que le gouvernement conservateur « a entendu les
préoccupations soulevées par les
députés,
les municipalités et les citoyens concernant
l'annexe 10 du
projet de loi 66 et lorsque l'assemblée
législative
reprendra ses travaux en
février, nous n'allons pas poursuivre avec
l'annexe 10 ».
Les groupes à la défense de
l'environnement ont lancé la campagne « Retirez le
projet
de loi 66 ». Ils veulent s'assurer que les
changements
proposés à la Loi sur l'aménagement du
territoire vont vraiment être annulés et
demandent
l'abrogation du projet de loi dans son ensemble.
La loi sur l'aménagement du
territoire
établit les règles de base de la planification de
l'aménagement du territoire en Ontario. L'annexe 10
du
projet de loi, que le ministre Clark s'est engagé à
retirer tant les Ontariens s'y opposent, modifierait la loi en
ajoutant
une nouvelle clause qui permettrait à une
municipalité
d'adopter un
règlement « sur l'aménagement ouvert aux
affaires ». Selon le gouvernement Ford, cette mesure
serait
un nouvel « outil de développement
économique » qui permettrait aux
municipalités
« de faire en sorte qu'elles peuvent agir rapidement pour
attirer
des entreprises qui sont à la recherche de sites de
développement ».
Cette proposition d'un règlement sur
l'aménagement ouvert aux affaires donne une bonne
idée de
la vision profondément antisociale et
antidémocratique du
gouvernement Ford. Ce règlement ferait partie des pouvoirs
de
zonage d'une municipalité. Le projet de loi tel que
déposé prévoit qu'avant d'adopter un tel
règlement, une municipalité doit
demander l'approbation du ministre des Affaires municipales et du
Logement. La demande doit comprendre une résolution du
conseil
et tout « critère prescrit ». Cela
comprend
l'« information sur l'aménagement ouvert aux
affaires, y
compris les détails concernant l'opportunité
d'emploi
proposée et [la démonstration que le
règlement] va
constituer une source majeure d'emplois nouveaux ». Le
seuil
minimum est de 50 nouveaux emplois dans des
municipalités
de moins de 250 000 habitants et de 100 emplois
dans des
municipalités qui en comprennent plus
de 250 000. Le
processus ne prévoit aucun avis public et aucune audience
publique avant que soit adopté un règlement
d'aménagement ouvert aux affaires.
Une fois qu'un tel règlement serait
approuvé par le gouvernement provincial et adopté,
plusieurs clauses contenues dans la Loi sur
l'aménagement du
territoire et dans les lois suivantes ne s'appliqueraient
pas
à quelque « projet de
développement »
qui serait proposé :
- la Loi de 2006 sur l'eau saine
;
- la Loi de 2015 sur la protection des Grands Lacs
;
- la Loi de 2005 sur la ceinture de verdure ;
- la Loi de 2008 sur la protection du lac Simcoe
;
- la Loi de 2006 sur Metrolinx ;
- la Loi de 2001 sur la conservation de la moraine d'Oak
Ridges
;
- la Loi de 1994 sur la planification et
l'aménagement
du territoire de l'Ontario ;
- la Loi de 2005 sur les zones de croissance ;
- la Loi de 2016 sur la récupération des
ressources et l'économie circulaire.
Les groupes environnementaux ont souligné
avec
force que ces lois sont souvent chargées d'une histoire
importante, qui comprend des dommages à l'environnement et
des
décès et des maladies sérieuses qui ont
frappé les Ontariens.
Par exemple, la Loi de 2006 sur l'eau
saine
a été adoptée en réponse à la
tragédie de Walkerton de 2000. La contamination de
l'eau
potable de Walkerton, qui avait été causée
par une
purification et des tests de l'eau inadéquats à la
suite
de la privatisation du système, a causé la mort
de 7
personnes et rendu des
milliers d'autres très malades. À la suite de la
tragédie de Walkerton, la Loi de 2006 sur l'eau
saine
a mis en place des plans de protection des sources
d'approvisionnement
en eau afin de protéger les installations d'eau potable
à
l'échelle de l'Ontario. Si cette partie de la loi
était
adoptée, ces mesures environnementales seraient
menacées et cela paverait la voie à d'autres
tragédies de contamination de l'eau.
Il faut souligner que le projet de loi 66
prévoit l'abrogation le 31 décembre 2021
de la Loi
de 2009
sur
la
réduction des toxiques. L'annexe
abroge aussi, le même jour, les règlements pris en
vertu
de la Loi. L'opposition à l'abrogation de cette loi est
aussi
très vive en Ontario. La Loi de 2009 sur la
réduction des toxiques traite de l'utilisation de
substances toxiques aux endroits de travail et a comme objectif
officiel de les réduire. Le gouvernement propose
l'abrogation de
la loi sans que les travailleurs et tous les Ontariens qui sont
ou ont
été exposés à des substances toxiques
aient
eu leur mot à dire. Il le fait aussi sans même un
mot
d'explication et sans argument scientifique pour démontrer
que
cette abrogation est nécessaire.
Retirez le
projet
de loi 66 !
Colombie-Britannique
Le 23 janvier, les travailleurs de
l'hôtel
Ramada, membres de la section locale 40 de UNITE HERE, ont
organisé un rassemblement militant devant l'hôtel de
Prince George pour demander une meilleure convention collective
qui
améliorerait considérablement leurs salaires et
leurs
conditions de travail. Des résidents de Prince
George provenant de nombreux syndicats et endroits de travail et
de la
communauté se sont joints à eux.
Les travailleurs de Ramada n'ont pas eu
d'augmentation
de salaire depuis près de trois ans mais l'hôtel
propose
quand même un gel des salaires de deux ans. Les
travailleurs
gagnent présentement environ 4 dollars de l'heure de
moins
que leurs collègues du Coast Inn à Prince George.
En
outre, ils font face à de lourdes charges de travail
et à un manque de personnel.
Ramada a récemment investi 6 millions
de
dollars dans le bâtiment de l'hôtel et a
bénéficié d'un allègement fiscal
de 345 000 dollars de la ville de Prince George.
Pourtant,
l'hôtel refuse d'investir dans ses travailleurs sans qui il
ne
pourrait pas fonctionner. Les travailleurs soulignent qu'ils
travaillent dur pour les clients mais
l'hôtel Ramada ne leur montre pas le respect qu'ils
méritent.
Pendant la manifestation, des tracts ont
été distribués aux clients de l'hôtel
pour
les informer de la situation inacceptable des travailleurs de
Ramada.
Plusieurs personnes se sont arrêtées pour savoir
pourquoi
les travailleurs manifestaient et prendre connaissance de la
requête des travailleurs que les clients devraient choisir
un
autre hôtel lors de
leur prochaine visite à Prince George si le Ramada ne
répondait pas à leurs préoccupations, Dans
la
même veine, le Conseil du travail du centre-nord (NCLC)
appelle
ses syndicats membres à cesser leurs activités au
Ramada
si ce dernier refuse de traiter des revendications des
travailleurs.
Les membres de la section locale 40 de UNITE
HERE
ont remercié les participants de leur appui et
exprimé
leur détermination à obtenir une convention
collective
qui répond à leurs besoins, comme ont réussi
à le faire récemment les travailleurs de la section
locale 40 du Coast Inn et des services de restauration de
l'Université du
Nord de la Colombie-Britannique (UNBC). Parmi les autres
orateurs, il y
avait Kelly Boudreau, vice-présidente du NCLC et
présidente de la section locale 1048 du SCFP et Dawn
Hemingway, professeure de l'Association du corps professoral
à
UNBC et représentante du comité Debout pour le
nord.
Alors que les négociations contractuelles
doivent reprendre le 5 février, les travailleurs de
Ramada
sont déterminés à continuer et, si
nécessaire, intensifier leur lutte jusqu'à ce
qu'ils
obtiennent une convention collective acceptable. Les
sympathisants qui
ont participé au rassemblement ont également
indiqué clairement leur engagement à
se tenir aux côtés des membres de la section
locale 40 de UNITE HERE.
Territoires du Nord-Ouest
Les travailleurs du secteur public manifestent devant le
parlement des
Territoires du Nord-Ouest, le 9 mars 2018.
Forum ouvrier a publié un
article
en novembre dernier sur les 4 000 fonctionnaires du
Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) qui livrent une
lutte
résolue pour obtenir d'importantes améliorations
à
leurs conditions de travail.[1]
Des changements sont nécessaires pour
répondre aux besoins des travailleurs dans cet
environnement
nordique où le coût de la vie est beaucoup plus
élevé que dans la plupart des régions dans
le sud
du Canada. Le refus du GTNO d'améliorer les conditions de
vie et
de travail des travailleurs du secteur public est une attaque
contre
leur dignité
qui ne peut être tolérée. Les travailleurs du
secteur public fournissent des services essentiels au
fonctionnement de
la société, en santé, en entretien routier
et dans
toute l'infrastructure de base.
Le GTNO ne traite pas les travailleurs du secteur
public comme l'épine dorsale de l'infrastructure, comme
ceux qui
créent une immense valeur pour les Territoires du
Nord-Ouest. Le
GTNO, comme les employeurs à l'échelle du Canada,
perçoit les travailleurs non pas comme les
créateurs de
la valeur mais comme un « coût » qui doit
être dénoncé et
réduit. Cette conception qui tourne les choses à
l'envers
et est rétrograde est inacceptable dans un monde
moderne.
Les travailleurs soulignent qu'après
près
de trois ans d'efforts pour négocier une convention
collective
qui réponde à leurs revendications, aucun
progrès
n'a été fait à cause de l'entêtement
du
gouvernement à nier ces justes revendications. Le
gouvernement
s'adresse maintenant directement aux travailleurs sur une base
individuelle pour les
désinformer au sujet de son offre, tentant de les diviser
entre
eux et de les tourner contre le syndicat.
Le Syndicat des travailleurs du Nord (STN), qui
représente ces travailleurs, mentionne que chacun d'entre
eux a
reçu un document du GTNO que celui-ci leur a fait parvenir
sans
même en aviser le syndicat. Selon le document, l'offre
salariale
fait partie d'une entente de cinq ans, quelque chose que le
syndicat a
rejeté dès le début des
négociations.
En plus, le document combine les augmentations
salariales et les augmentations par échelons, qui sont des
augmentations que les travailleurs reçoivent à
mesure
qu'ils acquièrent de l'expérience dans un poste
donné. Le syndicat souligne que le document inclut les
augmentations par échelons dans ses calculs et en arrive
à une fausse moyenne
d'augmentation salariale. Selon le STN, les deux mille
fonctionnaires
ayant le plus d'expérience ne toucheront aucune
augmentation
relative aux échelons. L'offre salariale prise en soi est
inférieure à ce qui est requis pour que les
salaires
couvrent l'augmentation du coût de la vie. Contrairement
à
la pratique en vogue dans maintes conventions
collectives, la convention de ces travailleurs ne comprend pas de
clause d'ajustement au coût de la vie.
Le STN souligne qu'après près de
trois
ans de négociations, le gouvernement refuse toujours
d'offrir
des mesures de sécurité d'emploi à ses
travailleurs. Un grand nombre d'entre eux sont encore
traités
comme des travailleurs sur appel, occasionnels ou contractuels.
Les
travailleurs occasionnels et contractuels sont souvent
réembauchés d'une
fois à l'autre dans le même poste plutôt que
d'accéder à un poste à temps plein. La
création d'emplois à temps plein
améliorerait les
effectifs d'ensemble et ferait en sorte que ces travailleurs
aient des
avantages sociaux et des régimes de retraite, ce qu'ils
n'ont
pas en raison de leur statut précaire. Certains
travailleurs qui
travaillent au gouvernement
depuis des décennies ont toujours le statut
d'employé
occasionnel. Animé du mantra antiouvrier visant à
réduire le « coût » de l'humain,
qui en
fait est la source de la nouvelle valeur, le gouvernement
déclare vouloir étendre la main-d'oeuvre sur appel
à tous les secteurs de travail du GNWT, ce à quoi
les
travailleurs s'opposent
fermement.
Le syndicat est en position légale de
grève depuis novembre de l'année dernière.
Il
demande que le gouvernement s'assoie à la table avec le
comité de négociations et traite de ses deux
principales
revendications : une augmentation salariale qui permet aux
employés du gouvernement de faire face au coût de la
vie
dans ce territoire
nordique, et des mesures de sécurité d'emploi qui
permettent à davantage de travailleurs de devenir des
employés à temps plein et de mettre fin à
leurs
conditions
précaires, telles l'absence d'avantages sociaux et de
régime de retraite pour un grand nombre d'entre eux. Dans
le but
d'en arriver à une entente, le STN a proposé en
janvier
que le
gouvernement accepte un arbitrage exécutoire, mais
celui-ci a
répondu par un non catégorique. Un facteur qui
explique
ce refus obstiné de négocier se trouve dans la
Loi
sur la fonction publique qui régit les Territoires du
Nord-Ouest. En vertu de cette loi, le gouvernement ne peut pas
mettre
les travailleurs en lockout mais il peut
unilatéralement modifier les conditions d'emploi et de
travail
des employés d'une unité de négociation.
Les travailleurs sont déterminés
à
défendre leur dignité et à améliorer
leurs
conditions de vie et de travail. C'est la première fois en
près de cinquante ans que les employés du
gouvernement
sont en position légale de grève.
Note
1. « Les
travailleurs du secteur public mènent une lutte
déterminée pour leurs droits et leur
dignité »,
Forum
ouvrier,
le 8 novembre 2018
Grande Bretagne
Le dernier Land Rover Defender quitte la
ligne
de production à Solihull.
|
Jaguar Land Rover (JLR) a annoncé la
suppression
de 5 000 emplois en Grande-Bretagne, en particulier
dans les
domaines de la vente et de l'administration, ce qui
représente
un huitième de sa main-d'oeuvre britannique actuelle
de 40 000 employés.
Les suppressions de postes font partie d'un
«
plan de réduction des coûts » de 4,3
milliards de dollars, suite à l'annonce d'une perte
de 155
millions de dollars en septembre 2018. Elles s'ajoutent aux
suppressions de postes effectuées depuis 2017
lorsque 1 000 employés provenant d'agences
d'embauche ont été licenciés à
Solihull.
Cent quatre-vingts autres travailleurs provenant d'agences ont
également perdu leur emploi à Halewood, dans le
Merseyside. Au cours des trois derniers mois de 2018, mille
travailleurs de l'usine de Castle Bromwich à Birmingham
ont
été touchés par l'instauration d'une semaine
de
travail de trois
jours.
L'entreprise, détenue par le monopole
Tata, a
produit près de 440 000 Land Rovers et plus
de 170 000 voitures Jaguar au cours de l'exercice
précédent, réalisant un chiffre d'affaires
de 44,5 milliards de dollars. Une force aussi productive que
la
force de travail de JLR ne peut certainement pas être
qualifiée de «
coût ». Seule la vision étroite d'une
comptabilité centrée sur le capital, qui ne
considère pas l'entreprise comme une partie
intégrante de
l'économie socialisée interconnectée et ne
s'intéresse qu'au résultat net de ses actionnaires,
peut
présenter une valeur aussi colossale comme une perte.
C'est la crise économique et politique
multilatérale persistante qui affecte la production
automobile
et frappe JLR dans ce qui a été décrit comme
« une tempête parfaite ». La crise
économique est générale et se
caractérise
par l'augmentation de la productivité grâce à
des
techniques de plus en plus perfectionnées entraînant
une
baisse du
taux de profit, ainsi que par des facteurs tels que les
écarts
entre la production et la consommation. JLR a été
touché par une baisse de près de 50 % de
ses
ventes, le marché le plus important et le plus rentable de
la
société, la Chine, s'étant fortement
contracté récemment en partie à cause de la
guerre
commerciale entre la Chine et
les États-Unis.
Cela reflète la crise provoquée par
les
grands monopoles qui ont mis en place des programmes de
restructuration, déplaçant les capitaux là
où la main-d'oeuvre et les ressources sont le moins cher,
appliquant des mesures de productivité et mobilisant des
leviers
politiques pour faire face à la concurrence sur des
marchés en déclin.
JLR a également été
particulièrement touché par l'effondrement de la
demande
de voitures diesel en Grande-Bretagne et en Europe. Il s'agit
d'un
problème spécifique pour l'entreprise alors
que 90 % de ses véhicules fonctionnent au
diesel, bien
qu'elle ait investi dans de nouveaux véhicules
électriques et hybrides, comme la
Jaguar « I-PACE » entièrement
électrique. L'industrie a tout mis en oeuvre pour faire
pression
sur le gouvernement au sujet de la législation
environnementale
et a déclaré que le carburant diesel plus propre
fait
partie de la solution. La version diesel du modèle EU6
Land
Rover a été exemptée des redevances
proposées dans les zones à très
faibles émissions.
Une des lignes d'assemblage à
l'usine de Jaguar Land Rover
|
L'incertitude au sujet du Brexit et d'autres
problèmes potentiels en Europe sont également
invoqués. Tata a beaucoup manoeuvré avec ses
investissements dans l'acier et l'automobile et a cherché
à faire pression contre une version contraignante du
Brexit,
avertissant qu'un « non-accord » coûterait
à la société plus de 2 milliards de
dollars par an. Quoi qu'il en soit, il est clair qu'il existe une
libre
circulation des capitaux en Grande-Bretagne, dans l'UE et dans le
reste
du monde, où les monopoles et les multinationales ont le
pouvoir
illimité d'opérer à leur guise. JLR a
tenté
de contourner le Brexit pour accéder au marché
unique de
l'UE en transférant la production de la Land
Rover Discovery en Slovaquie, avec l'intention d'y engager
jusqu'à 3 000 travailleurs, tout en investissant
massivement en Chine, où il a
embauché 4 000
travailleurs depuis 2014. Les syndicats exigent de savoir si
JLR
est en train de réduire sa production de façon
permanente
en Grande-Bretagne.
Les travailleurs ne se laissent pas berner par la
propagande et les excuses de la compagnie pour les
échecs du marché capitaliste. Comme toujours, les
travailleurs des grandes usines comme Castle Bromwich
défendront
leur droit à un moyen de subsistance et résisteront
aux
mesures qui mettent en péril les emplois, comme ils ont
dû
le faire par le
passé face à des menaces semblables. Ils refusent
de
porter le fardeau de l'essentiel, voire de la totalité, de
la
réduction des coûts et de la restructuration de Tata
à l'échelle mondiale. Les travailleurs et les
syndicats
chercheront à tenir des pourparlers avec l'entreprise sur
la
détérioration de la situation provoquée par
l'entreprise dans le contexte de la
crise capitaliste mondiale en cours qui s'aggrave.
Les femmes de Glasgow en grève
|
Les travailleuses du conseil municipal de Glasgow
ont
remporté une victoire historique contre
l'inégalité salariale. Des milliers de femmes vont
maintenant recevoir des indemnités qui pourraient
dépasser les 863 millions de dollars.
Le conseil et le groupe des requérantes,
représenté par Action4Equality Scotland, Unison, le
syndicat GMB et Unite, ont annoncé qu'ils avaient conclu
une
entente de principe pour régler les milliers de
réclamations salariales.
Une grève menée en octobre a
été le point culminant de la lutte de ces femmes
à
la défense de leurs droits, qui a duré douze ans.
Plus
de 8000 femmes ont fait la grève et 12 000
femmes
ont manifesté dans les rues dans ce qui a
été la
plus grande grève pour l'égalité salariale
de
l'histoire de la Grande-Bretagne. Cette lutte
fait partie des victoires démocratiques historiques du
mouvement
ouvrier et du mouvement des femmes, depuis Glasgow la rouge il y
a un
siècle de cela jusqu'à la
grève des travailleurs de Ford dans les
années 1960.
Cette lutte de longue haleine est passée
par
plusieurs tours et détours pendant lesquels
environ 14 000 réclamations
séparées ont
été amenées devant les tribunaux. Elle a
débuté en 2006 avec l'introduction d'un
nouveau
système d'évaluation des emplois, le régime
de
« traitements et indemnités »
appliqué
aux employés
du conseil. Ce nouveau système avait comme objectif
officiel de
s'attaquer au problème de l'inégalité
salariale
entre les femmes et les hommes. En pratique, le système a
cependant été établi pour que les
employés
travaillant dans des quarts fractionnés et à des
heures
irrégulières soient payés moins cher. Ce
sont les
emplois occupés principalement
par des femmes, tels les services domestiques, l'entretien
ménager, la restauration, le travail dans les
écoles et
les garderies, qui ont été les plus
affectés,
comparativement aux emplois où dominait la main-d'oeuvre
masculine comme la collecte des déchets. Ces arrangements
ont
ancré l'inégalité et, en mai 2017, la
Cour
suprême écossaise a
jugé que le système de traitements et
d'indemnités
exerçait de la discrimination contre les femmes.
Les promesses de
régler les réclamations n'ont pas été
tenues et les employés du conseil ont lutté pour
défendre leurs intérêts. Pendant les
préparatifs de la grève d'octobre, l'organisatrice
régionale d'Unison Mandy McDowall a
déclaré :
« C'est un scandale de l'époque moderne que
près
de 50 ans après le passage de la Loi sur
l'équité salariale, nous avons à nos
côtés des milliers de femmes qui font l'objet de
discrimination de la part d'un des plus gros conseils du
Royaume-Uni.
« Ces femmes font la vitalité de
Glasgow.
Elles
jouent un rôle essentiel dans la ville ; elles la
gardent
propre
et elles éduquent et veillent sur certaines des personnes
les
plus
vulnérables de notre société.
Elles sont le rouage qui fait fonctionner la
ville mais
leur rôle demeure chroniquement
sous-évalué », a-t-elle ajouté.
«
Ces femmes n'ont pas pris la décision de faire la
grève
à la légère, mais, après des mois de
promesses creuses, elles n'avaient pas d'autre
choix »,
a-t-elle dit.
Les actions et la vaste mobilisation ont
été un élément crucial de ce
succès.
Stephen Cross, d'Action4Equality, a dit que c'est depuis le
déclenchement de la grève qu'il y a eu des «
négociations réelles et productives »,
et
l'organisatrice de GMB Rhea Wolfson a dit : « Cela a
été
gagné de haute lutte et la victoire aurait
été
impossible si les
requérantes n'avaient pas fait la grève depuis
octobre.
C'est la grève qui a forcé le conseil à
prendre
ces réclamations au sérieux. C'est un geste
spectaculaire
qui a mis la question de l'équité salariale pour
les
femmes à bas salaire à l'ordre du jour du
pays. »
(Traduit de
l'anglais par LML)
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