Grande Bretagne
Jaguar Land Rover
élimine 5 000
emplois
Le dernier Land Rover Defender quitte la
ligne
de production à Solihull.
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Jaguar Land Rover (JLR) a annoncé la
suppression
de 5 000 emplois en Grande-Bretagne, en particulier
dans les
domaines de la vente et de l'administration, ce qui
représente
un huitième de sa main-d'oeuvre britannique actuelle
de 40 000 employés.
Les suppressions de postes font partie d'un
«
plan de réduction des coûts » de 4,3
milliards de dollars, suite à l'annonce d'une perte
de 155
millions de dollars en septembre 2018. Elles s'ajoutent aux
suppressions de postes effectuées depuis 2017
lorsque 1 000 employés provenant d'agences
d'embauche ont été licenciés à
Solihull.
Cent quatre-vingts autres travailleurs provenant d'agences ont
également perdu leur emploi à Halewood, dans le
Merseyside. Au cours des trois derniers mois de 2018, mille
travailleurs de l'usine de Castle Bromwich à Birmingham
ont
été touchés par l'instauration d'une semaine
de
travail de trois
jours.
L'entreprise, détenue par le monopole
Tata, a
produit près de 440 000 Land Rovers et plus
de 170 000 voitures Jaguar au cours de l'exercice
précédent, réalisant un chiffre d'affaires
de 44,5 milliards de dollars. Une force aussi productive que
la
force de travail de JLR ne peut certainement pas être
qualifiée de «
coût ». Seule la vision étroite d'une
comptabilité centrée sur le capital, qui ne
considère pas l'entreprise comme une partie
intégrante de
l'économie socialisée interconnectée et ne
s'intéresse qu'au résultat net de ses actionnaires,
peut
présenter une valeur aussi colossale comme une perte.
C'est la crise économique et politique
multilatérale persistante qui affecte la production
automobile
et frappe JLR dans ce qui a été décrit comme
« une tempête parfaite ». La crise
économique est générale et se
caractérise
par l'augmentation de la productivité grâce à
des
techniques de plus en plus perfectionnées entraînant
une
baisse du
taux de profit, ainsi que par des facteurs tels que les
écarts
entre la production et la consommation. JLR a été
touché par une baisse de près de 50 % de
ses
ventes, le marché le plus important et le plus rentable de
la
société, la Chine, s'étant fortement
contracté récemment en partie à cause de la
guerre
commerciale entre la Chine et
les États-Unis.
Cela reflète la crise provoquée par
les
grands monopoles qui ont mis en place des programmes de
restructuration, déplaçant les capitaux là
où la main-d'oeuvre et les ressources sont le moins cher,
appliquant des mesures de productivité et mobilisant des
leviers
politiques pour faire face à la concurrence sur des
marchés en déclin.
JLR a également été
particulièrement touché par l'effondrement de la
demande
de voitures diesel en Grande-Bretagne et en Europe. Il s'agit
d'un
problème spécifique pour l'entreprise alors
que 90 % de ses véhicules fonctionnent au
diesel, bien
qu'elle ait investi dans de nouveaux véhicules
électriques et hybrides, comme la
Jaguar « I-PACE » entièrement
électrique. L'industrie a tout mis en oeuvre pour faire
pression
sur le gouvernement au sujet de la législation
environnementale
et a déclaré que le carburant diesel plus propre
fait
partie de la solution. La version diesel du modèle EU6
Land
Rover a été exemptée des redevances
proposées dans les zones à très
faibles émissions.
Une des lignes d'assemblage à
l'usine de Jaguar Land Rover
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L'incertitude au sujet du Brexit et d'autres
problèmes potentiels en Europe sont également
invoqués. Tata a beaucoup manoeuvré avec ses
investissements dans l'acier et l'automobile et a cherché
à faire pression contre une version contraignante du
Brexit,
avertissant qu'un « non-accord » coûterait
à la société plus de 2 milliards de
dollars par an. Quoi qu'il en soit, il est clair qu'il existe une
libre
circulation des capitaux en Grande-Bretagne, dans l'UE et dans le
reste
du monde, où les monopoles et les multinationales ont le
pouvoir
illimité d'opérer à leur guise. JLR a
tenté
de contourner le Brexit pour accéder au marché
unique de
l'UE en transférant la production de la Land
Rover Discovery en Slovaquie, avec l'intention d'y engager
jusqu'à 3 000 travailleurs, tout en investissant
massivement en Chine, où il a
embauché 4 000
travailleurs depuis 2014. Les syndicats exigent de savoir si
JLR
est en train de réduire sa production de façon
permanente
en Grande-Bretagne.
Les travailleurs ne se laissent pas berner par la
propagande et les excuses de la compagnie pour les
échecs du marché capitaliste. Comme toujours, les
travailleurs des grandes usines comme Castle Bromwich
défendront
leur droit à un moyen de subsistance et résisteront
aux
mesures qui mettent en péril les emplois, comme ils ont
dû
le faire par le
passé face à des menaces semblables. Ils refusent
de
porter le fardeau de l'essentiel, voire de la totalité, de
la
réduction des coûts et de la restructuration de Tata
à l'échelle mondiale. Les travailleurs et les
syndicats
chercheront à tenir des pourparlers avec l'entreprise sur
la
détérioration de la situation provoquée par
l'entreprise dans le contexte de la
crise capitaliste mondiale en cours qui s'aggrave.
Cet article est paru dans
Numéro 3 - 31 janvier 2019
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Grande Bretagne: Jaguar Land Rover
élimine 5 000
emplois
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