Opposition à l'élimination de la protection environnementale


Manifestation devant les bureaux de la ministre de l'environnement Lisa Thompson le 14 décembre 2018

Retirez le projet de loi 66 de l'Ontario!
Joignez-vous à la campagne « Retirez le projet de loi 66 » - www.stopbill66.ca

Certaines des mesures les plus régressives et dangereuses qu'introduit le projet de loi 66 se retrouvent dans les changements apportés à la Loi sur l'aménagement du territoire. Cet article du projet de loi a provoqué la colère et un mouvement d'opposition dès qu'il a été déposé. Des Ontariens de tous les milieux ont placé des pancartes devant leur maison, signé des pétitions, appelé leurs députés et tenu des rassemblements devant leurs bureaux. Les fermiers, les propriétaires de petites entreprises et de nombreux conseils de ville se sont opposés au projet de loi 66, considérant la protection environnementale comme leur priorité.

Le 23 janvier, le ministre des Affaires municipales Steve Clark a écrit sur les médias sociaux que le gouvernement conservateur « a entendu les préoccupations soulevées par les députés, les municipalités et les citoyens concernant l'annexe 10 du projet de loi 66 et lorsque l'assemblée législative reprendra ses travaux en février, nous n'allons pas poursuivre avec l'annexe 10 ».

Les groupes à la défense de l'environnement ont lancé la campagne « Retirez le projet de loi 66 ». Ils veulent s'assurer que les changements proposés à la Loi sur l'aménagement du territoire vont vraiment être annulés et demandent l'abrogation du projet de loi dans son ensemble.

La loi sur l'aménagement du territoire établit les règles de base de la planification de l'aménagement du territoire en Ontario. L'annexe 10 du projet de loi, que le ministre Clark s'est engagé à retirer tant les Ontariens s'y opposent, modifierait la loi en ajoutant une nouvelle clause qui permettrait à une municipalité d'adopter un règlement « sur l'aménagement ouvert aux affaires ». Selon le gouvernement Ford, cette mesure serait un nouvel « outil de développement économique » qui permettrait aux municipalités « de faire en sorte qu'elles peuvent agir rapidement pour attirer des entreprises qui sont à la recherche de sites de développement ».

Cette proposition d'un règlement sur l'aménagement ouvert aux affaires donne une bonne idée de la vision profondément antisociale et antidémocratique du gouvernement Ford. Ce règlement ferait partie des pouvoirs de zonage d'une municipalité. Le projet de loi tel que déposé prévoit qu'avant d'adopter un tel règlement, une municipalité doit demander l'approbation du ministre des Affaires municipales et du Logement. La demande doit comprendre une résolution du conseil et tout « critère prescrit ». Cela comprend l'« information sur l'aménagement ouvert aux affaires, y compris les détails concernant l'opportunité d'emploi proposée et [la démonstration que le règlement] va constituer une source majeure d'emplois nouveaux ». Le seuil minimum est de 50 nouveaux emplois dans des municipalités de moins de 250 000 habitants et de 100 emplois dans des municipalités qui en comprennent plus de 250 000. Le processus ne prévoit aucun avis public et aucune audience publique avant que soit adopté un règlement d'aménagement ouvert aux affaires.

Une fois qu'un tel règlement serait approuvé par le gouvernement provincial et adopté, plusieurs clauses contenues dans la Loi sur l'aménagement du territoire et dans les lois suivantes ne s'appliqueraient pas à quelque « projet de développement » qui serait proposé :

- la Loi de 2006 sur l'eau saine ;
- la Loi de 2015 sur la protection des Grands Lacs ;
- la Loi de 2005 sur la ceinture de verdure ;
- la Loi de 2008 sur la protection du lac Simcoe ;
- la Loi de 2006 sur Metrolinx ;
- la Loi de 2001 sur la conservation de la moraine d'Oak Ridges ;
- la Loi de 1994 sur la planification et l'aménagement du territoire de l'Ontario ;
- la Loi de 2005 sur les zones de croissance ;
- la Loi de 2016 sur la récupération des ressources et l'économie circulaire.

Les groupes environnementaux ont souligné avec force que ces lois sont souvent chargées d'une histoire importante, qui comprend des dommages à l'environnement et des décès et des maladies sérieuses qui ont frappé les Ontariens.

Par exemple, la Loi de 2006 sur l'eau saine a été adoptée en réponse à la tragédie de Walkerton de 2000. La contamination de l'eau potable de Walkerton, qui avait été causée par une purification et des tests de l'eau inadéquats à la suite de la privatisation du système, a causé la mort de 7 personnes et rendu des milliers d'autres très malades. À la suite de la tragédie de Walkerton, la Loi de 2006 sur l'eau saine a mis en place des plans de protection des sources d'approvisionnement en eau afin de protéger les installations d'eau potable à l'échelle de l'Ontario. Si cette partie de la loi était adoptée, ces mesures environnementales seraient menacées et cela paverait la voie à d'autres tragédies de contamination de l'eau.

Il faut souligner que le projet de loi 66 prévoit l'abrogation le 31 décembre 2021 de la Loi de 2009 sur la réduction des toxiques. L'annexe abroge aussi, le même jour, les règlements pris en vertu de la Loi. L'opposition à l'abrogation de cette loi est aussi très vive en Ontario. La Loi de 2009 sur la réduction des toxiques traite de l'utilisation de substances toxiques aux endroits de travail et a comme objectif officiel de les réduire. Le gouvernement propose l'abrogation de la loi sans que les travailleurs et tous les Ontariens qui sont ou ont été exposés à des substances toxiques aient eu leur mot à dire. Il le fait aussi sans même un mot d'explication et sans argument scientifique pour démontrer que cette abrogation est nécessaire.

Retirez le projet de loi 66 !


Cet article est paru dans

Numéro 3 - 31 janvier 2019

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