Territoires du Nord-Ouest
Les travailleurs du
secteur public luttent pour la
dignité du travail
Les travailleurs du secteur public manifestent devant le
parlement des
Territoires du Nord-Ouest, le 9 mars 2018.
Forum ouvrier a publié un
article
en novembre dernier sur les 4 000 fonctionnaires du
Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) qui livrent une
lutte
résolue pour obtenir d'importantes améliorations
à
leurs conditions de travail.[1]
Des changements sont nécessaires pour
répondre aux besoins des travailleurs dans cet
environnement
nordique où le coût de la vie est beaucoup plus
élevé que dans la plupart des régions dans
le sud
du Canada. Le refus du GTNO d'améliorer les conditions de
vie et
de travail des travailleurs du secteur public est une attaque
contre
leur dignité
qui ne peut être tolérée. Les travailleurs du
secteur public fournissent des services essentiels au
fonctionnement de
la société, en santé, en entretien routier
et dans
toute l'infrastructure de base.
Le GTNO ne traite pas les travailleurs du secteur
public comme l'épine dorsale de l'infrastructure, comme
ceux qui
créent une immense valeur pour les Territoires du
Nord-Ouest. Le
GTNO, comme les employeurs à l'échelle du Canada,
perçoit les travailleurs non pas comme les
créateurs de
la valeur mais comme un « coût » qui doit
être dénoncé et
réduit. Cette conception qui tourne les choses à
l'envers
et est rétrograde est inacceptable dans un monde
moderne.
Les travailleurs soulignent qu'après
près
de trois ans d'efforts pour négocier une convention
collective
qui réponde à leurs revendications, aucun
progrès
n'a été fait à cause de l'entêtement
du
gouvernement à nier ces justes revendications. Le
gouvernement
s'adresse maintenant directement aux travailleurs sur une base
individuelle pour les
désinformer au sujet de son offre, tentant de les diviser
entre
eux et de les tourner contre le syndicat.
Le Syndicat des travailleurs du Nord (STN), qui
représente ces travailleurs, mentionne que chacun d'entre
eux a
reçu un document du GTNO que celui-ci leur a fait parvenir
sans
même en aviser le syndicat. Selon le document, l'offre
salariale
fait partie d'une entente de cinq ans, quelque chose que le
syndicat a
rejeté dès le début des
négociations.
En plus, le document combine les augmentations
salariales et les augmentations par échelons, qui sont des
augmentations que les travailleurs reçoivent à
mesure
qu'ils acquièrent de l'expérience dans un poste
donné. Le syndicat souligne que le document inclut les
augmentations par échelons dans ses calculs et en arrive
à une fausse moyenne
d'augmentation salariale. Selon le STN, les deux mille
fonctionnaires
ayant le plus d'expérience ne toucheront aucune
augmentation
relative aux échelons. L'offre salariale prise en soi est
inférieure à ce qui est requis pour que les
salaires
couvrent l'augmentation du coût de la vie. Contrairement
à
la pratique en vogue dans maintes conventions
collectives, la convention de ces travailleurs ne comprend pas de
clause d'ajustement au coût de la vie.
Le STN souligne qu'après près de
trois
ans de négociations, le gouvernement refuse toujours
d'offrir
des mesures de sécurité d'emploi à ses
travailleurs. Un grand nombre d'entre eux sont encore
traités
comme des travailleurs sur appel, occasionnels ou contractuels.
Les
travailleurs occasionnels et contractuels sont souvent
réembauchés d'une
fois à l'autre dans le même poste plutôt que
d'accéder à un poste à temps plein. La
création d'emplois à temps plein
améliorerait les
effectifs d'ensemble et ferait en sorte que ces travailleurs
aient des
avantages sociaux et des régimes de retraite, ce qu'ils
n'ont
pas en raison de leur statut précaire. Certains
travailleurs qui
travaillent au gouvernement
depuis des décennies ont toujours le statut
d'employé
occasionnel. Animé du mantra antiouvrier visant à
réduire le « coût » de l'humain,
qui en
fait est la source de la nouvelle valeur, le gouvernement
déclare vouloir étendre la main-d'oeuvre sur appel
à tous les secteurs de travail du GNWT, ce à quoi
les
travailleurs s'opposent
fermement.
Le syndicat est en position légale de
grève depuis novembre de l'année dernière.
Il
demande que le gouvernement s'assoie à la table avec le
comité de négociations et traite de ses deux
principales
revendications : une augmentation salariale qui permet aux
employés du gouvernement de faire face au coût de la
vie
dans ce territoire
nordique, et des mesures de sécurité d'emploi qui
permettent à davantage de travailleurs de devenir des
employés à temps plein et de mettre fin à
leurs
conditions
précaires, telles l'absence d'avantages sociaux et de
régime de retraite pour un grand nombre d'entre eux. Dans
le but
d'en arriver à une entente, le STN a proposé en
janvier
que le
gouvernement accepte un arbitrage exécutoire, mais
celui-ci a
répondu par un non catégorique. Un facteur qui
explique
ce refus obstiné de négocier se trouve dans la
Loi
sur la fonction publique qui régit les Territoires du
Nord-Ouest. En vertu de cette loi, le gouvernement ne peut pas
mettre
les travailleurs en lockout mais il peut
unilatéralement modifier les conditions d'emploi et de
travail
des employés d'une unité de négociation.
Les travailleurs sont déterminés
à
défendre leur dignité et à améliorer
leurs
conditions de vie et de travail. C'est la première fois en
près de cinquante ans que les employés du
gouvernement
sont en position légale de grève.
Note
1. « Les
travailleurs du secteur public mènent une lutte
déterminée pour leurs droits et leur
dignité »,
Forum
ouvrier,
le 8 novembre 2018
Cet article est paru dans
Numéro 3 - 31 janvier 2019
Lien de l'article:
Territoires du Nord-Ouest: Les travailleurs du
secteur public luttent pour la
dignité du travail
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