Numéro 83 - 12 décembre 2020
Au parlement
Le projet de loi C-19, Loi
modifiant la Loi électorale
du Canada (réponse à la COVID-19)
Les «élections libres et équitables» n'ont
pas de sens en l'absence d'un vote informé, dit
la dirigeante nationale du PMLC
Projet
de loi C-15
• Tentative
du gouvernement de subvertir le droit
des autochtones à la souveraineté
- Philip Fernandez -
• Loi
sur la Déclaration des Nations Unies sur les
droits des peuples autochtones
- Sarah Mullgrave -
Les résultats des élections au Venezuela
favorisent
les forces populaires
• Résultats
des élections
• Le
peuple vénézuélien affirme son droit à la
souveraineté
- Claude Brunelle -
• Le
peuple et personne d'autre ne décidera de ce qui
se passe au Venezuela
- Margaret Villamizar -
Le projet de loi C-19, Loi
modifiant la Loi électorale du Canada
(réponse à la COVID-19)
Le gouvernement Trudeau a déposé un nouveau
projet de loi pour adapter la Loi électorale à la
tenue d'élections dans le contexte de la pandémie
de la COVID-19. Le projet de loi C-19, Loi
modifiant la Loi électorale du Canada (réponse à
la COVID-19), a été déposé à la Chambre des
communes le 10 décembre 2020 par le
président du Conseil privé de la Reine, Dominic
LeBlanc. Il devait passer en deuxième lecture et
être renvoyé au Comité permanent de la procédure
et des affaires de la Chambre à la prochaine
session de la Chambre des communes, mais, le 11
décembre, celle-ci a été ajournée jusqu'au 25
janvier.
La tâche de déposer le projet de loi est revenue
au président du Conseil privé puisque, après sa
réélection en 2019, le gouvernement libéral a
supprimé le portefeuille ministériel de longue
date spécifiquement chargé des réformes
démocratiques. Ce ministère a été discrédité par
le rejet arrogant des libéraux des recommandations
de son propre Comité spécial sur la réforme
électorale de la Chambre des communes. Depuis, les
libéraux continuent d'ignorer le fait qu'ils ont
renié leur promesse de mettre fin au mode de
scrutin et de dépouillement des votes appelé
système uninominal majoritaire à un tour parce que
le premier ministre n'était pas d'accord avec la
recommandation du comité et voulait plutôt un
système préférentiel qui répond mieux aux besoins
de son parti.
Depuis
leur arrivée au pouvoir en 2015, les libéraux de
Justin Trudeau ont montré une tendance à gouverner
au mépris du Parlement et de ses commissions. Cela
a été à nouveau illustré par le dépôt du projet de
loi C-19 devant la Commission parlementaire
chargée d'étudier la question des élections en cas
de pandémie, qui a déposé son rapport. Le rapport
de la Commission, intitulé Protéger la santé
publique et la démocratie advenant une élection
en temps de pandémie, a été déposé le 11
décembre par le président de la Commission, le
député libéral Ruby Sahota, qui a demandé une «
réponse complète » du gouvernement. L'opposition
conservatrice et le Bloc Québécois ont tous deux
exprimé leur opposition à cette procédure, le Bloc
Québécois ayant déposé une opinion dissidente dans
laquelle il « insiste sur le fait qu'il est
inacceptable que le gouvernement ait déposé [le
projet de loi C-19] avant même le dépôt du rapport
final de la Commission ». La Commission a entendu
des experts de la santé et des représentants de
collectifs de personnes particulièrement
vulnérables, comme l'Association canadienne des
soins de longue durée, le Conseil des Canadiens
avec déficiences, ainsi que des responsables de la
santé de plusieurs provinces.
De même, les libéraux se sont empressés d'appeler
des élections partielles dans les circonscriptions
de Toronto-Centre et de York-Centre le 26 octobre,
sans avoir établi au préalable les mesures à
prendre pour assurer la sécurité du processus, au
mépris de toute opposition. Élections Canada a mis
en place diverses mesures de sécurité, comme la
fourniture de crayons à usage unique pour marquer
son bulletin de vote et l'éloignement physique
dans les bureaux de vote. Pour des mesures plus
strictes, il faut modifier la loi. Le 6 octobre,
le directeur général des élections du Canada,
Stéphane Perrault, a présenté au Parlement un
rapport spécial sur la façon dont une élection
pourrait être administrée pendant la pandémie. Au
début d'octobre, Élections Canada a également
présenté sa liste de propositions de modifications
législatives, dont un projet de loi type. Mais les
libéraux ont choisi de rédiger leur propre projet
de loi. Élections Canada a indiqué qu'il étudiait
le nouveau projet de loi afin d'évaluer ses
implications dans la conduite d'une élection. Si
une élection anticipée devait être déclenchée
avant que le projet de loi ne reçoive la sanction
royale, Élections Canada suivrait les mêmes
protocoles que ceux qu'il a utilisés lors de
l'élection partielle.
Entre autres, le projet de loi C-19 facilitera
l'inscription des électeurs pour le vote par la
poste en permettant la soumission électronique de
documents. Élections Canada prévoit que jusqu'à
cinq millions d'électeurs opteront pour le
vote par la poste, contre près
de 50 000 lors de l'élection fédérale
de 2019.
Les mesures proposées dans le projet de loi C-19
concernant les bulletins de vote par la poste sont
les suivantes :
- l'installation de boîtes de réception
sécurisées dans chaque bureau de vote, où les
personnes qui sont trop proches des dates limites
de dépôt des bulletins de vote par courrier
peuvent déposer leur bulletin à temps pour qu'il
soit compté;
- de nouvelles infractions – une peine maximale
de cinq ans de prison, une amende
de 50 000 dollars ou les deux – pour
avoir altéré ou perturbé ces boîtes de dépôt
sécurisées;
- la possibilité de s'inscrire à un vote par la
poste depuis le domicile, en ligne;
- la possibilité de voter en personne, même si
l'on est inscrit au vote par la poste, à condition
de retourner le bulletin de vote postal sans le
marquer ou de signer une attestation à l'effet de
ne pas avoir posté son vote; et
- la mise en place d'un système permettant aux
citoyens de recevoir en ligne un accusé de
réception de leur bulletin de vote postal ainsi
que de règles concernant les délais d'envoi des
bulletins de vote spéciaux.
En outre, le scrutin ordinaire d'une journée
de 12 heures qui se tient normalement le
lundi sera réparti sur les samedi, dimanche et
lundi. Cela permettra de nettoyer correctement les
bureaux de vote et de réduire les longues heures
de travail du personnel électoral. On espère que
les longues files d'attente seront évitées.
Parmi les autres mesures, on peut citer la
possibilité pour Élections Canada d'établir un
bureau de vote unique dans les établissements de
soins de longue durée et les résidences
similaires, où le vote échelonné serait autorisé
sur une période de 13 jours avant le scrutin
régulier. Élections Canada a également demandé de
pouvoir choisir les lieux de vote en fonction de
leur taille et de leur capacité à respecter
l'éloignement physique, plutôt que selon les
critères statutaires de sélection basés sur la
proximité des électeurs.
Le projet de loi C-19 couvre toutes ces
recommandations et comprend une disposition qui
renforce les pouvoirs du directeur général des
élections l'autorisant à prendre des mesures
spéciales si elles s'avèrent nécessaires pour
protéger la santé et la sécurité des électeurs et
du personnel électoral. Cela comprendrait la
prolongation des heures de vote dans une situation
où le fonctionnement du bureau de vote a été
interrompu par une urgence sanitaire.
Les mesures introduites dans le projet de loi
entreront en vigueur 90 jours après avoir
reçu la sanction royale, ou plus tôt si le
directeur général des élections détermine que les
préparatifs nécessaires à la mise en application
de ces mesures ont été faits et que celles-ci
peuvent en conséquence entrer en vigueur. Elles
sont de nature temporaire et seront abrogées
lorsque le directeur général des élections, en
consultation avec le directeur général de la santé
publique, déterminera qu'elles ne sont plus
nécessaires.
Dans un document d'information, Dominic LeBlanc
déclare qu'avec ces modifications temporaires, «
Élections Canada sera en mesure d'offrir aux
Canadiens des mécanismes supplémentaires leur
permettant de voter durant une pandémie. Je me
réjouis de collaborer avec mes collègues du
Parlement afin d'atteindre notre objectif commun,
celui d'assurer des élections libres, justes et
sûres. »
Cette déclaration et les informations générales
concernant le projet de loi montrent que les
modifications visent à faciliter le vote des
Canadiens, alors que rien n'est fait pour résoudre
les problèmes de fond liés aux campagnes
électorales. L'absence d'égalité des chances en ce
qui concerne le droit des Canadiens d'élire et
d'être élus et l'absence de mécanismes
garantissant le droit à un vote informé sont un
problème par les temps qui courent. Ils seront
beaucoup plus prononcés dans les conditions
restrictives de la pandémie.
Interrogée sur ces modifications temporaires de
la Loi électorale du Canada, Anna Di Carlo,
dirigeante nationale du Parti marxiste-léniniste
du Canada (PMLC), a parlé de certains problèmes
qui surviennent lors d'une campagne électorale
dans des conditions de pandémie, comme
l'obligation de recueillir le consentement
de 100 électeurs dans une
circonscription et l'accès aux personnes dans
leurs maisons et immeubles à logements. Lors des
récentes élections partielles, Élections Canada a
modifié le formulaire de signature prescrit pour
les nominations. Il a créé un formulaire
permettant de recueillir une seule signature afin
que le formulaire ne soit pas transmis d'un
électeur à l'autre. Néanmoins, l'accès aux
immeubles à logements a été clairement restreint,
alors que les propriétaires, en toute logique, ne
sont pas non plus désireux d'ouvrir leurs
portes à des étrangers. Plusieurs candidats n'ont
pas pu s'inscrire en raison de difficultés liées à
la collecte sécurisée des signatures de
candidature. Élections Canada n'a pas recommandé
de modifier l'exigence relative aux signatures de
mise en candidature; il ne semble pas que le
gouvernement libéral considère cela comme un
problème.
Le plus important, dit Anna, est que le
gouvernement continue de vouloir donner
l'impression que les élections au Canada sont «
libres et équitables ». Parce que les mêmes
règles s'appliquent à tout le monde, on dit qu'il
y a « égalité des chances » – c'est-à-dire
que tous sont égaux. C'est loin d'être le cas, dit
Anna.
Le plus flagrant, insiste-t-elle, est la
violation du droit à un vote informé. Elle dénonce
la manipulation de ce que l'on appelle les «
enjeux électoraux ». Les « enjeux » qu'ils mettent
en avant ne tiennent pas compte des proccupations
du peuple. Ils sont définis par la classe
dirigeante et les médias monopolisés comme un
moyen de désinformer le peuple. En d'autres
termes, ils sont conçus pour empêcher le peuple de
s'organiser politiquement sur la base d'un
programme qu'il s'est lui-même fixé. « Ils fixent
les enjeux que les partis cartellisés et les
médias jugent bon de promouvoir et cela sert à
faire en sorte qu'il n'y ait pas de discussion sur
les questions de fond, dit Anna. Cela causera
encore plus de problèmes dans une élection tenue
dans le contexte de la pandémie. »
« La réglementation et le respect des formes des
forums virtuels sont également un problème
aujourd'hui. Les agences de renseignement se sont
vu confier un important rôle de surveillance de ce
qui peut et ne peut pas être dit sur les médias
sociaux en fonction de ce qu'elles déterminent
comme constituant une menace pour la sécurité
nationale. Outre les définitions intéressées de ce
qui constitue le droit à la vie privée nécessitant
une protection, et de ce qui concerne la sécurité
nationale, le rôle attribué aux agences de
renseignement et la possibilité qu'elles
perturbent les échanges d'idées et le discours
politique deviennent une question sérieuse à
laquelle est confrontée le corps politique. Les
ondes sont remplies d'accusations sur le potentiel
de perturbation des institutions démocratiques par
la Chine ou la Russie, alors qu'en fait les
agences d'espionnage liées aux États-Unis sont
passées maîtres dans ce domaine. »
Anna souligne que le projet de loi C-19 parle de
procédures de vote comme s'il s'agissait de la
somme totale d'une élection. « Ces procédures ne
posent pas de problème au Canada dans le sens où
Élections Canada fait de grands efforts pour
s'assurer que les obstacles au vote soient
surmontés. Le problème est que les Canadiens sont
tenus à l'écart du pouvoir par un système de
partis cartellisés qui élimine tout rôle réel des
citoyens dans la gouvernance. Leur seul rôle est
de voter et ils n'ont aucun moyen de demander des
comptes aux gouvernements élus. L'idée qu'une
élection donne l'occasion d'approuver ou de
changer un gouvernement est grotesque quand on
sait que les Canadiens ne contrôlent aucun aspect
du système électoral », dit Anna.
La dirigeante nationale du PMLC explique : «
Même si quelqu'un réussit à se présenter comme
candidat indépendant, personne ne saura qu'il
existe. Des limites de dépenses peuvent exister et
être les mêmes pour tous les candidats, mais la
plupart des gens ne peuvent pas recueillir autant
d'argent. Il n'existe absolument pas d'égalité des
chances lorsqu'il s'agit de se faire
entendre.
C'est pourquoi le PMLC encourage les Canadiens à
devenir des politiciens ouvriers et à développer
leurs propres moyens de diffuser leurs opinions et
à développer leur propre politique indépendante.
L'ancien système par lequel le peuple est censé
donner sa voix à des partis politiques pour qu'ils
agissent en son nom est pourri jusqu'à la moelle.
Ces partis politiques appliquent un programme
décidé par des intérêts privés internationaux. Il
suffit de voir ce que fait Trudeau en matière de
santé. Au nom de la prise en charge de tous les
coûts des vaccins de la COVID-19, des sommes
considérables sont empruntées à des sources
privées pour payer les grandes entreprises
pharmaceutiques. Les services de santé sont
privatisés et même la juridiction provinciale de
la santé est éliminée en douce. Au nom de
l'efficacité et du bien-être de la population, les
forces armées ont été chargées de la distribution
des vaccins. Les forces armées et les responsables
de la santé établissent des critères et des
dispositions comme si tout cela était très
transparent et partait d'un souci d'informer le
public. Mais les Canadiens subiront de nombreuses
conséquences de cette prise de contrôle de la
société civile par les forces armées, qui se
voient confier le contrôle de tous les aspects de
la vie. Qui décide de cette direction pour
l'économie ? Certainement pas les
Canadiens. »
Interrogée
sur la question d'un vote informé, Anna explique :
« C'est une question fondamentale. De nos jours,
toute mesure prise à un quelconque niveau du
processus électoral doit être vue comme un moyen
de faire respecter le droit à un vote informé.
Sans cela, toute tentative de déclarer que les
élus ont le consentement des gouvernés manque
sérieusement de crédibilité. »
Elle mentionne spécifiquement que la plupart
des candidats indépendants et des petits partis
enregistrés sont traités avec un mépris et un
manque de respect total. Lors des élections
fédérales de 2019, aucun média national n'a
contacté le bureau national du PMLC, ni même jugé
bon d'interviewer sa dirigeante nationale. «
L'inégalité, explique Anna, est inscrite dans la
Loi électorale du Canada. Celle-ci stipule
même que le parti au pouvoir doit obtenir la plus
grande part du temps d'antenne sur les réseaux
publics. Les médias s'inspirent de ce système
d'attribution de privilèges dans leur traitement
des partis.
« Nous avons récemment participé à une réunion
des partis politiques enregistrés pour discuter de
la répartition du temps d'antenne. Il existe une
disposition qui permet à l'arbitre de la
radiodiffusion d'ajuster la répartition du temps
d'antenne si elle est injuste pour un parti ou
contraire à l'intérêt public. Si les partis
parviennent à un consensus sur la répartition du
temps de diffusion, l'arbitre en matière de
radiodiffusion s'y conforme. La minorité des
partis présents à la réunion, c'est-à-dire celle
qui bénéficie de la répartition inégale du temps,
ne soutient pas l'égalité. Lors des élections
fédérales de 2019, les petits partis ont
bénéficié de six à sept minutes de temps d'antenne
gratuit, tandis que le Parti libéral a bénéficié
de 48 minutes. De plus, les publicités des
petits partis sont généralement diffusées dans des
tranches horaires où personne ne regarde la
télévision ou n'écoute la radio. Six ou sept
publicités d'une minute ne sont certainement pas
suffisantes pour donner aux Canadiens les
informations nécessaires pour voter en
connaissance de cause. C'est grotesque. Lors de la
réunion sur l'allocation du temps d'antenne pour
les prochaines élections, le représentant du Parti
libéral a déclaré que cette inégalité flagrante
'représente la volonté du peuple'. »
« Ces problèmes méritent qu'on s'y arrête,
poursuit Anna. Nous parlons ici du principe
fondamental d'égalité qui n'existe pas dans le
système de gouvernance du Canada.
« Bien que le projet de loi C-19 soit justifié en
disant qu'il ne porte que sur les changements
temporaires en situation de pandémie, on ne peut
ignorer le fait que le gouvernement Trudeau est
revenu sur sa promesse de modifier la méthode de
vote pour rendre le vote plus représentatif. Les
décisions prises à des fins intéressées par ceux
qui sont en position de privilège et de pouvoir
concernant ce qui est légitime et qui mérite le
plus de gouverner, ont complètement éliminé toute
perception d'une 'égalité des chances' et
d'élections 'libres et équitables'. Cela ne
changera pas avec ces mesures temporaires liées à
la pandémie sur la manière, le moment et le lieu
de l'expression du vote.
« Chaque décision, notamment celle de déclencher
une élection, constitue un obstacle à la capacité
des Canadiens de participer à une élection sur un
pied d'égalité. Tenter de justifier un processus
politique qui délégitimise l'opinion politique qui
sort des limites de la pensée officielle, c'est
vouloir limiter ce que les Canadiens entendent
pendant une élection en faveur de ceux qui font
partie des forces de l'establishment. C'est
antidémocratique et c'est le moins qu'on puisse
dire. »
Anna explique qu'avant l'élection fédérale
de 2019, l'Université Simon Fraser a publié
une des études les plus importantes et les plus
complètes qu'on ait vues depuis longtemps sur
l'état de la démocratie au Canada et sur ce que
les gens en pensent. Le rapport montre qu'une
solide majorité (61 %) « pense que le
gouvernement fait passer les intérêts de
l'establishment avant ceux des Canadiens
ordinaires ». Il indique que 70 %
des personnes interrogées pensent que le
gouvernement est insensible à ce que pensent les
simples Canadiens.
« De tels sentiments sont indicatifs de la
perception qu'ont les gens de la façon dont le
pouvoir et les privilèges fonctionnent. Ils
attestent de la crise de légitimité et de
crédibilité du processus électoral et du processus
politique en général », dit Anna.
« Si le vote informé n'est pas reconnu comme un
principe de base du processus démocratique par
ceux qui ont le pouvoir de réformer la Loi
électorale, comment celle-ci peut-elle être dite
démocratique ?, demande Anna. Les mesures
temporaires de lutte contre la pandémie ne
prétendent même pas tenir compte du fait que les
candidats indépendants et ceux des petits partis
politiques enregistrés ne sont pas traités sur un
pied d'égalité. Au lieu de cela, le système tout
entier est basé sur l'affirmation mensongère que
certains partis et candidats de partis sont plus
légitimes que d'autres – une construction sociale
artificielle qui est certainement inacceptable à
notre époque. En raison des intérêts privés
étroits qu'il sert et qui le contrôlent, le
processus électoral continuera d'être perçu comme
ne conférant pas le consentement des gouvernés au
parti qui remporte une élection, quel que soit le
type de majorité revendiquée ou la manière, le
moment et le lieu de l'expression du vote. Si les
citoyens ne sont pas en mesure de voter en toute
connaissance de cause, les conditions requises
pour exercer un contrôle sur leurs choix et sur
les représentants élus et les gouvernements
n'existent pas. »
Le régime Trudeau passera à l'histoire pour avoir
introduit une approche encore plus discriminatoire
sur qui peut être entendu lors d'une élection,
pour avoir davantage concentré le pouvoir et pour
l'avoir également concentré dans les mains
d'intérêts étrangers. Il a utilisé à la fois le
processus législatif et ses pouvoirs de
prérogative pour accroître la discrimination,
comme on l'a vu avec la décision de la Commission
des débats des chefs qui a tout simplement exclu
tous les partis politiques autre que les partis
représentés à la Chambre des communes. Ce sont
autant de facteurs qui facilitent le copinage, la
corruption et le comportement des cartels qui
dominent aujourd'hui. Cela confirme le caractère
intéressé du processus électoral et politique. Les
gens à l'esprit démocratique reconnaissent que
c'est un problème sérieux qu'il faut corriger si
nous ne voulons pas tout perdre aux caprices et
volontés de ceux qui sont en position de pouvoir
et de privilège. »
Interrogée sur les propositions du PMLC sur les
modifications à apporter à la Loi électorale
du Canada pour favoriser le peuple dans
l'immédiat, Anna explique : « Actuellement,
les électeurs peuvent se rendre sur le site
d'Élections Canada et découvrir qui sont tous les
candidats dans leur circonscription. Mais
lorsqu'il s'agit de savoir ce que les candidats
représentent, ils sont laissés à eux-mêmes. Bien
sûr, dans les médias, ils n'entendent rien d'autre
que ce que disent les partis qui siègent à la
Chambre. Nous pensons qu'Élections Canada devrait
être mandaté de donner au moins les informations
de base sur chaque candidat, telles que données
par les candidats, et que cela aiderait les
Canadiens à voter en connaissance de cause. La
même chose devrait être faite pour tous les partis
qui présentent des candidats. Cela ne règle en
rien le problème du tapage qui remplit les ondes
avant et pendant une élection destiné à diviser le
peuple en fonction de telle ou telle faction de la
classe dirigeante, à son propre détriment, mais
c'est poruquoi quelque chose que les gens
apprécieraient. »
En conclusion, Anna dit qu'il est très révélateur
de l'état des choses actuel que le seul problème
qui préoccupe le parlement semble être de faire
voter les Canadiens pour qu'ils puissent prétendre
à un mandat leur permettant de gouverner en leur
nom. « Il est frappant de constater que ni dans
les élections partielles qui se sont tenues en
octobre ni dans la discussion qui a eu lieu
jusqu'à présent sur les élections dans le contexte
de la pandémie, la question de savoir comment
engager des discussions politiques avec les
électeurs n'a été soulevée. Le PMLC appelle les
Canadiens à développer leurs propres positions
politiques indépendantes et à s'organiser sur
cette base. Ils ne doivent pas permettre
l'élimination du facteur humain/conscience sociale
par les intérêts privés étroits qui ont usurpé le
pouvoir dans ce pays. Cela crée une situation
dangereuse dans laquelle la seule option qui reste
est de criminaliser ceux qui luttent pour les
droits qui nous appartiennent en tant qu'êtres
humains. Cela ne doit pas passer ! »
VOIR LE
MARXISTE-LÉNINISTE DU 16
DÉCEMBRE
Le
travail du PCC(M-L) dans le
domaine de la réforme
électorale
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Projet de
loi C-15
- Philip Fernandez -
Le 3 décembre, le gouvernement libéral a
déposé au Parlement le projet de loi C-15, Loi
sur la Déclaration des Nations Unies sur les
droits des peuples autochtones (DNUDPA). En
présentant le projet de loi, le ministre fédéral
de la Justice David Lametti a déclaré : « En
travaillant avec les Premières Nations, les Inuits
et les Métis pour mettre en oeuvre la déclaration
et créer un cadre pour atteindre ses objectifs, le
gouvernement du Canada montre qu'il valorise,
respecte et promeut les droits de la personne de
tous, et pas seulement de certains [...] Le projet
de loi est un pas en avant important sur la voie
commune de la réconciliation pour les peuples
autochtones et non autochtones. »
À la lumière des preuves, personne ne peut être
dupe de l'affirmation éhontée du gouvernement
Trudeau selon laquelle le projet de loi C-15 fera
progresser les droits des peuples autochtones et
favorisera la réconciliation.
Le projet de loi
C-15 rappelle la loi 41 du gouvernement de la
Colombie-Britannique, la Loi sur la
Déclaration des droits des peuples autochtones,
adoptée en novembre 2019. Elle n'a rien fait
pour faire respecter les droits des peuples
autochtones de la Colombie-Britannique même si le
gouvernement Horgan a revendiqué la même chose –
que la loi 41 « fera avancer la province grâce à
un plan d'action clair pour la réconciliation, qui
appuie la prévisibilité et les opportunités
économiques, tout en respectant les droits humains
des autochtones ». Loin de là, lorsque les
gouvernements au Canada parlent de défendre les
droits humains des peuples autochtones, ils ne
veulent pas dire fournir des garanties en matière
de logement, d'eau, de soins de santé et
d'éducation. Même le droit humain fondamental et
issu des traités à l'eau potable a été refusé à de
nombreuses communautés autochtones qui vivent dans
des régions éloignées, notamment la Première
Nation de Naskandaga, qui vit avec une ordonnance
de faire bouillir l'eau depuis près de trois
décennies. Ce que les libéraux de Justin Trudeau
veulent dire c'est que les terres des autochtones
continueront de leur être volées, comme le fait le
gouvernement de la Colombie-Britannique en allant
de l'avant avec le projet de barrage du site C sur
le territoire du Traité 8, ou par les
attaques de l'État contre le peuple Wet'suwet'en
qui défend ses droits ancestraux face aux intérêts
d'un monopole privé et de mégaprojets économiques
ou sur le territoire mohawk à des fins de
développement.
Depuis leur arrivée au pouvoir en 2015, les
libéraux de Justin Trudeau ont démontré par leurs
actes que le droit de monopole supplante les
droits des autochtones lorsqu'il s'agit de
relations Couronne-Autochtones. L'un des
principaux points soulevés par les conférenciers
lors du webinaire de l'Institut Yellowhead tenu
le 9 décembre sur le projet de loi C-15 est
que l'État canadien à tous les niveaux criminalise
et cible les peuples autochtones en les présentant
comme des menaces au développement économique et à
la prospérité du Canada, en utilisant les
tribunaux pour imposer des injonctions et en
faisant appel à des forces paramilitaires lorsque
les peuples autochtones défendent leur
souveraineté et leur droit d'être.
En ce qui concerne les droits des peuples
autochtones, les libéraux de Justin Trudeau ont
continué de terroriser et de criminaliser les
défenseurs des terres autochtones d'un océan à
l'autre lorsqu'ils défendent leurs droits, et ont
continué de surveiller les activités politiques
des autochtones dans le cadre du tristement
célèbre projet Sitka de la GRC[1].
À l'instar de leurs
prédécesseurs, les conservateurs de Stephen
Harper, les libéraux continuent de sous-financer
les programmes sociaux destinés aux familles et
aux enfants autochtones, ce qui a appauvri et
déstabilisé les communautés et conduit davantage
d'enfants autochtones à être placés dans des
institutions de l'État.
En juin 2019, Trudeau a reconnu que les
crimes commis contre les femmes et filles
autochtones disparues et assassinées constituaient
un « génocide », mais son gouvernement n'a
pas fait grand-chose pour remédier à cette crise
nationale. Sous l'administration «
féministe » de Trudeau à Ottawa, les femmes
autochtones demeurent la population carcérale dont
la croissance est la plus rapide au Canada.
Comment ces faits peuvent-ils être conciliés avec
les affirmations des libéraux selon lesquelles le
projet de loi C-15 fait progresser les droits des
peuples autochtones et constitue un pas vers la
réconciliation ?
Les libéraux parlent généralement des droits
comme des abstractions, dépourvues de sens ou de
tout lien avec la vérité sur le terrain. Ces
abstractions sont une provocation contre les
peuples autochtones et les Canadiens et Québécois
qui, de l'avis des libéraux, ne voient pas ce que
ceux-ci manigancent et, s'ils le voient, ne
peuvent pas les forcer à rendre des comptes.
Tout finit par se payer et toutes les tentatives
pour dissimuler les crimes que l'État canadien a
commis et continue de commettre contre les peuples
autochtones aujourd'hui ne resteront pas impunies.
Le projet de loi C-15 est soumis au Parlement à un
moment où les relations entre la Couronne et les
autochtones sont au plus bas parce que le Canada
n'a pas respecté ses obligations envers les
peuples autochtones, surtout lorsqu'il s'agit de
respecter leur souveraineté. Le gouvernement
poursuit la politique raciste de l'État selon
laquelle il décide de ce qui est bon et de ce qui
est mauvais pour les peuples autochtones. Il
contrôle leur argent, qui leur est dû pour le vol
des terres et des ressources dont ils dépendent
pour vivre.
Derrière les belles paroles de réconciliation, il
y a le sinistre objectif de miner davantage la
souveraineté des peuples autochtones et de
subvertir l'unité politique et la solidarité sans
cesse croissantes des peuples du Canada et du
Québec avec les peuples autochtones. Le Canada
peut espérer donner l'impression de se conformer
aux exigences des Nations unies de respecter les
droits des autochtones et ainsi effacer sa triste
réputation de puissance coloniale, mais les faits
sont têtus. Il a recouru à cette façade à
plusieurs reprises dans le passé et le gaspillage
d'argent dans plus de campagnes de relations
publiques est répugnant. Les actions du
gouvernement, y compris la présentation du projet
de loi C-15, ne peuvent pas masquer la conception
coloniale qui bloque les aspirations des peuples
qui forment le Canada à une relation nouvelle et
moderne avec les peuples autochtones fondée sur la
reconnaissance de leur souveraineté et de leurs
droits ancestraux.
L'Institut Yellowhead et d'autres
organisations ont été les hôtes d'un webinaire en
ligne le 9 décembre sur le sujet « L'économie de
la rançon – Ce que Fermons le Canada
révèle au sujet des droits territoriaux ».
Ont pris la parole des défenseurs de la terre des
nations Secwepemc, Wet'suwet'en, Mohawk et
Mi'kmaw. La porte-parole des Wet'suwet'en Molly
Wickham a souligné que la nouvelle loi du
gouvernement Trudeau sur la DNUDPA est « une
assurance pour les investisseurs [...] un écran de
fumée pour dire que nous jouons gentiment [...]
nous leur [peuples autochtones] donnons la parole
[...] les gouvernements se demandent comment ils
vont mettre en oeuvre le DNUDPA ? Eh bien, ce
n'est pas à eux. C'est à nous en tant que peuples
autochtones [...] de décider comment la DNUDPA
sera mise en oeuvre. La DNUDPA sera mise en oeuvre
conformément à nos lois ».
Skyler Williams, qui a parlé en tant que
défenseur de la terre Mohawk, a dit que les
positions prises par les défenseurs de la terre
pour défendre leur souveraineté sur l'île de la
Tortue ont été confrontées à la violence de
l'État, mais que tout cela a renforcé la
détermination des peuples autochtones à affirmer
leur souveraineté avec le soutien de leurs alliés
sur l'île de la Tortue. C'est la réponse que
mérite le projet de loi C-15.
Le projet de loi C-15 est une tentative
désespérée des libéraux de Justin Trudeau de se
redonner une crédibilité et une légitimité en ce
qui concerne les relations entre la Couronne et
les autochtones.
Non au projet de loi
C-15 !
Défendons les droits ancestraux et issus des
traités des peuples autochtones !
Respectez la souveraineté des Premières
Nations !
1. Des
courriels internes, des mémos, des rapports et
des documents de la GRC acquis par CBC News ont
révélé l'existence du « Projet SITKA » de la
GRC. La GRC voulait indentifier des activistes
qui avaient été arrêtés, accusés et condamnés,
et créer des profils et des liens à des
organisations à l'échelle du pays. Après avoir
fait enquête sur 300 activistes, la GRC a
produit une liste en comprenant 89 - autochtones
et non autochtones - à la fin du projet de
renseignement, a indiqué CBC. Selon la GRC, ces
personnes étaient « désireuses et capables
d'utiliser des tactiques illégales » lors des
protestations pour les droits des autochtones de
décembre 2012 à la fin de 2013. On dit que le
projet s'est terminé en mars 2015. Cependant,
quelques jours avant que Justin Trudeau ait
annoncé l'approbation initiale du pipeline Trans
Mountain, la GRC a réactivé la liste soi-disant
dormante d'activistes des droits des autochtones
qu'elle considérait représenter des « menaces
criminelles » potentielles ». (APTN)
- Sarah Mullgrave -
Le 3 décembre, le ministre de la Justice et
procureur général du Canada David Lametti a déposé
le projet de loi C-15, la Loi sur la
Déclaration des Nations Unies sur les droits des
peuples autochtones, à la Chambre des
communes. L'objectif proclamé du projet de loi est
d'affirmer la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones (DNUDPA) «
comme un instrument universel, international et
relatif aux droits de la personne, qui s'applique
en droit canadien, et de fournir un cadre pour la
mise en oeuvre de la Déclaration par le
gouvernement du Canada[1].
»
Le projet de loi C-15 comprend sept sections.
S'il est adopté, « le projet de loi exigerait que
le gouvernement du Canada, en consultation et en
collaboration avec les peuples autochtones,
effectue ce qui suit : prendre toutes les
mesures nécessaires pour s'assurer que les lois
fédérales sont conformes à la Déclaration;
élaborer et mettre en oeuvre un plan d'action pour
réaliser les objectifs de la Déclaration; déposer
un rapport annuel sur les progrès réalisés dans
l'harmonisation des lois fédérales et à l'égard du
plan d'action ».
Le plan d'action
doit comprendre des mesures « pour s'attaquer aux
injustices, combattre les préjugés et éliminer
toutes les formes de violence et de discrimination
à l'égard des peuples autochtones, y compris les
aînés, les jeunes, les enfants, les femmes, les
hommes, les personnes en situation de handicap et
les personnes bispirituelles et de diverses
identités de genre; visant à promouvoir le respect
et la compréhension mutuels, ainsi que de bonnes
relations, notamment par l'éducation des droits de
la personne; liées au contrôle, à la surveillance,
aux recours ou aux réparations ou à d'autres
obligations relatives à la mise en oeuvre de la
Déclaration ».
En ce qui concerne le délai, le projet de loi
indique que le plan d'action « doit être élaboré
dès que possible ou, au plus tard, dans les trois
ans suivant la date d'entrée en vigueur du présent
article ».
Le document d'information publié par le
gouvernement le 3 décembre indique entre
autres choses : « Le gouvernement du Canada a
déjà pris des mesures pour refléter la Déclaration
dans certaines lois, y compris la Loi
concernant les enfants, les jeunes et les
familles des Premières Nations, des Inuits et
des Métis et la Loi sur les langues
autochtones. Le projet de loi C-15 constitue
un autre pas en avant[2]. »
L'article 32 de la DNUDPA prescrit
que : « Les États consultent les peuples
autochtones concernés et coopèrent avec eux de
bonne foi par l'intermédiaire de leurs propres
institutions représentatives, en vue d'obtenir
leur consentement, donné librement et en
connaissance de cause, avant l'approbation de tout
projet ayant des incidences sur leurs terres ou
territoires et autres ressources, notamment en ce
qui concerne la mise en valeur, l'utilisation ou
l'exploitation des ressources minérales, hydriques
ou autres. »
Sur ce principe clé, le gouvernement canadien
écrit :
« Des renvois au 'consentement préalable, donné
librement et en connaissance de cause' figurent
dans l'ensemble de la Déclaration. Cette
expression souligne l'importance de reconnaître et
d'assurer le respect des droits des peuples
autochtones et de veiller à ce que les peuples
autochtones participent effectivement et de
manière significative aux décisions qui les
concernent, ainsi que leurs communautés et
territoires. Le consentement préalable, donné
librement et en connaissance de cause, consiste à
travailler en partenariat et en respect. [...]
Malgré ce que certains ont suggéré, il ne s'agit
pas d'un droit de veto sur le processus
décisionnel du gouvernement. »
La question de
l'interprétation du consentement donné en
connaissance de cause comme n'étant pas un droit
de veto est la diversion que le gouvernement
utilise pour tenter de masquer que ses relations
avec les nations autochtones sont celles d'une
puissance coloniale qui déclare son droit de
gouverner les « indigènes ». C'est pitoyable.
Le document d'information du gouvernement Trudeau
répond à la question de l'impact du projet de
loi 15 en ce qui concerne le développement
des ressources naturelles. Le gouvernement
souligne que le gouvernement a l'obligation
constitutionnelle « de consulter et d'accommoder
les groupes autochtones lorsqu'il envisage de
mettre en oeuvre des mesures qui pourraient avoir
des répercussions négatives sur les droits établis
ou potentiels – ancestraux ou issus de
traités ». En même temps, il indique que « le
projet de loi ne crée pas de nouvelles obligations
ni d'exigences réglementaires pour
l'industrie ».
Le document d'information du gouvernement fournit
de l'information spécifique sur l'impact du projet
de loi C-15 sur l'industrie de la pêche. On y
lit : « La pêche, les océans, l'habitat
aquatique et les voies maritimes sont
économiquement et culturellement importants pour
les peuples autochtones. La gestion durable des
ressources halieutiques, la conservation de nos
océans, par l'entremise de la Garde côtière
canadienne, la sécurité de ceux qui circulent sur
les plans d'eau et la protection de
l'environnement maritime sont des priorités
partagées avec les peuples autochtones au Canada
et le gouvernement du Canada.
« Le gouvernement du Canada travaille avec les
peuples autochtones au moyen de processus bien
établis qui favorisent le partenariat dans le
processus décisionnel et dans les activités de
gestion, par exemple, les conseils consultatifs,
les ententes de gestion collaborative et les
discussions bilatérales. Grâce à ces relations, le
gouvernement du Canada collabore avec les peuples
autochtones de manière à refléter le contenu de la
Déclaration.
« Le projet de loi C-15 ne modifie pas
immédiatement les opérations, les politiques ou
les lois relatives au ministère Pêches et Océans
Canada ou à la Garde côtière canadienne. La Loi
sur les pêches et toutes les conditions de
permis resteront en vigueur. L'élaboration du plan
d'action serait un moyen de faire avancer les
discussions que les peuples autochtones pourraient
souhaiter avoir sur les mesures à prendre pour
atteindre les objectifs de la Déclaration. Le
gouvernement du Canada s'efforcera de garantir un
environnement sûr, ordonné et durable pour tous
les pêcheurs qui pratiquent la pêche. »
Le paragraphe
précédent est une référence directe à la lutte que
les Mi'kmaq mènent actuellement contre l'État
canadien pour affirmer leurs droits de pêche
ancestraux et issus de traités. Il est évident que
le projet de loi C-15 sera utilisé pour affaiblir
cette lutte en maintenant le veto du gouvernement
sur les permis de pêche et la réglementation de la
pêche en vertu de la Loi sur les pêches. Par
un tour de passe-passe, les libéraux visent à
miner la lutte des Mi'kmaq pour affirmer leurs
droits de pêche souverains et participer à une «
pêche de subsistance convenable » définie et
réglementée par eux, tout en masquant le fait que
c'est l'État qui a créé les conditions pour
diviser les petits pêcheurs, dont les pêcheurs
autochtones, qui a encouragé les conflits entre
eux par le biais du ministère des Pêches, des
Océans et de la Garde côtière canadienne, qui a
subventionné les plus grands monopoles de la pêche
comme Clearwater Seafoods, qui a bradé les
ressources aux navires-usines et aux chalutiers
étrangers, ce qui a causé beaucoup de problèmes
aux autochtones et aux petits pêcheurs. Le
gouvernement s'est soustrait aux obligations qu'il
a en vertu des traités de paix et d'amitié que la
Couronne a signés en 1760-1761, dans lesquels
les Mi'kmaq ont affirmé leur souveraineté et n'ont
pas cédé leurs droits sur la terre, leurs droits
maritimes ou aucun de leurs droits. L'Assemblée
des chefs Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse a
d'ailleurs dénoncé le gouvernement Trudeau parce
qu'il refuse de les rencontrer sur la question des
droits de pêche.
Dans l'ensemble, le projet de loi C-15 est un
document perfide ayant un objectif sinistre. La
vie se chargera de rappeler au gouvernement que
les droits ne peuvent se donner ou être enlevés ou
perdus de quelque façon que ce soit, peu importe
avec qui il consulte et fait des accords. Ils ne
peuvent pas être éteints, ce qui fait qu'aucun
morceau de papier ou document juridique frauduleux
ne peut réaliser le miracle qu'envisage le
gouvernement Trudeau alors que tous les
gouvernements avant lui ont échoué. Toute autre
tentative d'éteindre la souveraineté autochtone,
les droits inhérents et les droits au titre pour
servir les intérêts de l'« industrie » sera,
elle aussi, vouée à l'échec.
Notes
1. La
Déclaration des Nations unies sur les droits des
peuples autochtones (DNUDPA) est une déclaration
juridiquement non contraignante qui a été
adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU
en 2007. À l'époque, 144 pays ont voté
en sa faveur, quatre pays ont voté contre
(l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et
les États-Unis) et onze pays se sont abstenus.
Selon l'ONU, la « Déclaration est l'instrument
international le plus complet sur les droits des
peuples autochtones. Elle établit un cadre
universel de normes minimales pour la survie, la
dignité et le bien-être des peuples autochtones
du monde et elle élabore sur les normes
existantes des droits humains et des libertés
fondamentales dans leur application à la
situation particulière des peuples
autochtones. »
En 2010, le gouvernement
conservateur de Stephen Harper a formellement
appuyé la DNUDPA, la décrivant comme un «
document ambitieux », mais n'a pris aucune
action. Les libéraux de Justin Trudeau, dans
leur plateforme électorale de 2015, se sont
engagés à mettre en oeuvre la DNUDPA, et le
Canada a officiellement déclaré en mai 2016
qu'il « l'appuyait formellement et travaillait à
sa mise en oeuvre dans le cadre des lois du
Canada, qui est notre Charte ».
Deux mois plus tard, la ministre
de la Justice Jody Wilson-Raybould s'adressant à
l'Assemblée générale de l'Assemblée des
Premières Nations le 12 juillet, a déclaré
que « les approches très simplistes, comme
l'adoption de la DNUDPA comme loi
canadienne, ne sont pas pratiques et, je le dis
respectueusement, sont une distraction politique
qui retarde le lancement des travaux difficiles
que requiert sa mise en oeuvre réelle. »
En 2018, le député du NPD
Romeo Saganash a présenté le projet de loi
d'initiative parlementaire C-262 à la Chambre
des communes. Il a demandé que la DNUDPA soit
intégrée au droit canadien. Cependant, le projet
de loi est mort au feuilleton du Sénat avant
l'élection fédérale de 2019.
2.
S'exprimant sur la Loi concernant les
enfants, les jeunes et les familles des
Premières Nations, des Inuits et des Métis,
le 7 juillet 2020, la Dre Cindy
Blackstock, la directrice générale de la Société
de soutien à l'enfance et à la famille des
Premières Nations du Canada, a souligné que
malgré cette loi, le sous-financement et
l'incertitude face au financement fédéral des
Services à l'enfance et à la famille des
Premières Nations se poursuit. Elle a dit que le
gouvernement fédéral n'a éprouvé aucun problème
à trouver les fonds pour intervenir face à la
COVID-19 mais que ce n'est pas le cas pour les
enfants autochtones.
Les résultats des élections au
Venezuela favorisent les forces populaires
Des députés de la nouvelle Assemblée nationale, le 11 décembre
2020
Le 7 décembre, le comptage
de 98,63 % des votes enregistrés aux
élections parlementaires du 6 décembre au
Venezuela étant terminé, la présidente du Conseil
national électoral (CNE) du Venezuela, Indira
Alfonzo, a présenté le deuxième bulletin du
résultat des élections. Elle a rapporté que 6
251 080 votes valides ont été enregistrés et
que le Grand Pôle patriotique (GPP), une alliance
de partis dirigée par le Parti socialiste unifié
du Venezuela, en a reçu 68,43 %.
L'alliance de l'opposition, Action démocratique,
en a reçu 17,52 %, la seconde alliance
de l'opposition, Venezuela Uni, 4,5 %, et le
Parti communiste du Venezuela/Alternative
populaire, 2,7 %. Les autres
organisations politiques qui ont participé à
l'élection ont reçu un total combiné
de 6,48 % des votes. Le taux de
participation a été de 30,6 % des
électeurs inscrits.
Quelques jours plus tard, l'attribution des
sièges à la nouvelle Assemblée nationale, reposant
sur une élection qui a utilisé un système mixte de
représentation proportionnelle et de vote
uninominal majoritaire à un tour, a été annoncée.
Le Parti socialiste unifié du Venezuela
occupera 253 des 277 sièges
(91,34 %); l'Action démocratique
obtient 11 sièges; l'Avance progressiste et
Changement obtiennent trois sièges chacun; le
Venezuela d'abord en obtiendra 2, et le COPEI et
le Parti communiste chacun un. Trois députés
autochtones choisis le 9 décembre par leurs
communautés selon les pratiques traditionnelles de
chacune occuperont les trois sièges restants.
Le vote pour 3 députés autochtones, le 9 décembre
2020
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) transmet ses félicitations au
peuple vénézuélien qui, dans les conditions les
plus défavorables d'une guerre totale conçue pour
l'épuiser et le dresser contre leur gouvernement
élu, et dresser les Vénézuéliens les uns contre
les autres, a exprimé sa volonté démocratique en
élisant une nouvelle assemblée nationale. Le
PCC(M-L) souhaite au peuple vénézuélien, à son
gouvernerment bolivarien et ses dirgeants beaucoup
de succès et se tient à leur côté dans leur
bataille pour protéger leur victoire, défendre
leur droit d'être les décideurs souverains de leur
pays et faire avancer leur projet d'édification
nationale.
- Claude Brunelle -
Le peuple vénézuélien accompagne les députés élus
à leur accréditation, le 11 décembre 2020.
Des élections à l'Assemblée nationale du
Venezuela se sont tenues le dimanche 6
décembre dans le contexte d'une vaste mobilisation
du peuple vénézuélien pour affirmer son droit
d'être et son droit de décider de sa propre
destinée. Le peuple vénézuélien a prévalu malgré
les activités d'ingérence, les menaces, les
activités de sabotage et de désinformation des
États-Unis, du Canada, de sa marionnette le Groupe
de Lima et de l'Union européenne pour discréditer
et assiéger le peuple vénézuélien. La victoire du
gouvernement bolivarien dans ces conditions
d'encerclement et d'étouffement est une grande
réalisation.
Les observateurs internationaux ont applaudi le
déroulement de l'élection et salué les efforts du
gouvernement vénézuélien pour assurer la
participation de tous, le respect des mesures
sanitaires contre la COVID-19, la mise en place de
bureaux de vote électronique sophistiqués et de
nombreuses autres mesures. Il n'y a eu aucun
incident et aucune irrégularité.
Les observateurs internationaux font leur rapport
sur la conduite de l'élection du 6 décembre,
le 9 décembre 2020.
Le taux de participation a excité les médias
impérialistes, incités par le président
autoproclamé Juan Guaido qui prétend que le faible
taux de participation signifie que le peuple
vénézuélien a répondu à l'appel de boycotter les
élections. On ne peut pas savoir pourquoi le taux
de participation est bas et c'est une «
explication » étroite et intéressée,
opportuniste et provocatrice de la part d'une
marionnette qui s'est fait connaître uniquement
grâce aux puissances étrangères, bien loin du
pouvoir populaire.
Le Canada, les États-Unis, l'Union européenne
pour leur part ont refusé de reconnaître le
résultat de l'élection, le Canada ayant publié
avec arrogance un communiqué le 6 décembre,
avant même le dévoilement du résultat final de
l'élection. Par la voix de son ministre des
Affaires étrangères, François-Philippe Champagne,
le gouvernement a déclaré que « ce processus ne
répondait pas aux conditions minimales d'un
exercice libre et équitable de la
démocratie. » Piquetage à Ottawa à la veille des élections
au Venezuela, le 5 décembre 2020
C'est ce même gouvernement libéral de Justin
Trudeau qui, aux dernières élections en 2019,
a été élu avec 22 % du nombre total
d'électeurs admissibles au vote et a
reçu 33 % des votes enregistrés. Lors
des dernières élections législatives en Haïti,
bien moins de 25 % des électeurs sont
allés voter et pourtant toutes ces grandes
puissances ont reconnu le vote. Le Canada a même «
accompagné » le gouvernement haïtien lors
d'élections par le biais des services d'Élections
Canada. Le 13 janvier 2020, le mandat de
la Chambre des députés d'Haïti et de deux tiers de
ses sénateurs a pris fin, rendant le Parlement non
fonctionnel. Le président Jovenel Moïse a pu alors
gouverner par décrets depuis ce moment-là. Aucune
déclaration n'a été publiée faisant état
d'élections non « libres et équitables » en
Haïti.
Et le Canada, comme l'Union européenne, applaudit
les résultats des élections rongées par la crise
aux États-Unis. La « démocratie » américaine
ne pose pas de problèmes, disent-ils. Les
élections sont vraisemblablement « libres et
équitables » dans ce pays où littéralement
des milliards de dollars sont versés dans les
coffres des candidats à la présidentielle et des
millions de personnes ne sont même pas autorisées
à voter. Cette interprétation de ce qui est «
libre et équitable » est méprisable au plus
haut point. Cela n'aide certainement pas à
rétablir la crédibilité des systèmes électoraux de
la part de ceux qui disent de telles choses.
Le « débat » imposé sur le taux de
participation est une diversion lamentable et fait
partie d'un plan orchestré pour écraser le projet
d'édification nationale bolivarien et plus
largement la lutte des peuples des Amériques pour
prendre en main leur destinée en faveur de leur
propre projet d'édification nationale. Les
élections au Venezuela ont eu lieu dans le
contexte de l'offensive déployée non seulement
contre ce pays, mais également contre les peuples
des Amériques, que ce soit en Bolivie, à Cuba, au
Chili et tant d'autres pays des Amériques qui
réclament que les Amériques soient une zone de
paix, de respect entre les peuples et les nations,
sans ingérence, sans blocus ni sanctions.
Les peuples contestent les gouvernements
corrompus, la dictature du Fonds monétaire
international, les connivences avec les Joe Biden,
Donald Trump, Mike Pompeo et leurs semblables et
leurs activités militaires dans la région. De
nombreux peuples appellent également à établir une
nouvelle assemblée constituante afin de
reconstituer leur État-nation sur une base moderne
qui reconnaît les droits de tous, remettent en
question le processus corrompu au service des
riches et des oligarques financiers et d'une
infime élite. C'est là que le bât blesse pour les
grandes puissances qui ne peuvent arrêter le
mouvement des peuples pour le Nouveau dont le
peuple vénézuélien fait fièrement partie.
La bataille pour la démocratie véritable et sur
la question de qui décide est à l'ordre du jour.
(Photos : AVN, LML, O.Redes)
- Margaret Villamizar -
À la suite de
l'élection de la nouvelle Assemblée nationale, le
président vénézuélien Nicolas Maduro s'est dit
satisfait que l'Assemblée nationale ait été
affranchie du contrôle des forces de l'opposition
qui s'en étaient servies comme base au cours des
cinq dernières années pour violer la constitution
du pays, empêcher le fonctionnement normal du
gouvernement et appuyer la guerre économique des
États-Unis contre le pays. Il a dit qu'il
s'agissait d'une grande victoire pour la
démocratie, pour la constitution. Nicolas Maduro a
déclaré que la première tâche de la nouvelle
législature sera de réparer les dommages causés à
l'économie du pays par les sanctions et d'adopter
les mesures nécessaires pour la fortifier et la
protéger des répercussions de la guerre économique
américaine. Il a dit qu'il faudra pour ce faire
adopter un projet de loi approuvé par l'Assemblée
constituante nationale en octobre, qui sera
dissoute le 31 décembre, la Loi antiblocus
pour le développement national et la garantie
des droits humains.
Lorsque la Loi a été approuvée à l'Assemblée
constituante, la vice-présidente Delcy Rodriguez a
dit que la Loi ouvrirait de nouvelles avenues pour
créer des partenariats avec des investisseurs
internationaux en offrant des protections
spéciales pour leurs investissements, permettant
ainsi au Venezuela de faire un pas en avant et de
lancer une offensive économique contre les
sanctions menées par les États-Unis qui asphyxient
l'économie. Elle a dit que le gouvernement
dévoilerait un « panier de projets » pour les
investisseurs étrangers dans des secteurs tels que
le pétrole, le gaz, les mines, l'agriculture, le
tourisme et « tous les secteurs où il est possible
pour le Venezuela de générer des investissements à
grande échelle ».
Si à Washington « on parle de droits humains », a
dit Rodriguez, « leurs politiques visent à limiter
le bien-être de toute une nation ».
La réponse impérialiste aux forces
bolivariennes Piquetage à Montréal le jour des élections au Venezuela, le 6
décembre 2020
Comme on s'y attendait, les résultats
des élections n'ont pas été reconnus par les
gouvernements impliqués dans la guerre
multilatérale des États-Unis contre le Venezuela
qui continuent de tenter d'imposer au peuple un «
président » et un gouvernement parallèles contre
sa volonté telle qu'exprimée démocratiquement. Les
États-Unis ont confirmé que la prochaine étape de
leur plan de changement de régime consiste à
considérer l'Assemblée nationale contrôlée par
l'opposition et dont le mandat prend fin le 5
janvier 2021 – sur lequel Juan Guaido a brièvement
présidé, créant le fondement d'une présidence
fabriquée – comme étant la seule instance
législative « légitime » du pays. Peu après que le
secrétaire d'État des États-Unis, Mike Pompeo, ait
dénoncé les élections comme étant « truquées » et
une mascarade, le Canada et le Groupe de Lima (à
l'exception de l'Argentine et de l'Uruguay), la
Grande-Bretagne et les dirigeants de l'Union
européenne, de manière servile, ont offert leur
propre version de cette même position.
Le ministre des Affaires étrangères,
François-Philippe Champagne, par exemple, a dit
dans sa déclaration publiée le 6 décembre, avant
même que les résultats des élections ne soient
annoncés : « Le Canada ne reconnaît pas les
résultats du processus électoral du 6 décembre au
Venezuela parce que ce processus ne répond pas aux
conditions minimales d'un exercice libre et
équitable de la démocratie. » Il a ensuite appelé
à de nouvelles élections présidentielles et
parlementaires conformément aux normes que
présumément les États-Unis et l'Organisation des
États américains, le Canada et le Groupe de Lima
personnifient, leur permettant de faire la leçon
aux autres !
L'ancien premier ministre espagnol, José Luis
Rodriguez Zapatero, qui était au Venezuela pour
observer les élections et qui a facilité de
nombreuses tentatives de négociations entre le
gouvernement de Nicolas Maduro et les forces de
l'opposition, et que les États-Unis ont
invariablement sabotées, a affirmé que les
élections doivent mettre fin aux sanctions
incompréhensibles et injustes contre le Venezuela.
« La politique de sanctions et de
non-reconnaissance pourrait nous mener à la plus
grande absurdité dans l'histoire du droit
international », a-t-il prévenu.
Ces conseils ne se sont cependant pas rendus
jusqu'au gouvernement Trudeau au Canada ni à
d'autres, puisque l'Union européenne a annoncé
cette semaine de nouvelles sanctions contre
certains représentants vénézuéliens. Montréal, le 6 décembre 2020
Le « multilatéralisme qui fonctionne » des
États-Unis
tel que mis en oeuvre contre le Venezuela
S'adressant à la 50e Assemblée générale de
l'Organisation des États américains (OÉA) en
octobre, Mike Pompeo a qualifié l'organisation
d'exemple de « multilatéralisme qui fonctionne
vraiment ». Ce qu'il entend par «
multiculturalisme » est devenu évident lorsqu'il a
donné aux gouvernements d'autres pays leurs
ordres, comme s'ils étaient tous des États vassaux
des États-Unis. La première des « attentes » de
son gouvernement, a-t-il dit, est que tous les
États membres ne reconnaissent pas les élections
passées ou futures du « régime illégitime de
Maduro ».
Le 9 décembre, une réunion spéciale du Conseil
permanent de l'OÉA a eu lieu à la demande du
Brésil, du Canada, de la Colombie, des États-Unis
et d'autres pays pour « examiner la situation
politique en République bolivarienne du Venezuela
dans le contexte d'élections parlementaires
organisées par le régime illégitime de Nicolas
Maduro ».
Lors de cette réunion, une résolution conforme à
ce qu'on doit s'attendre des États-Unis et de son
Groupe de Lima a été adoptée par 20 pays membres
alors que deux pays ont voté contre, cinq se sont
abstenus et que six pays des Caraïbes de même que
le Nicaragua n'étaient pas présents[1]. Selon la
résolution, les élections « frauduleuses » ont eu
lieu afin d'éliminer « la seule institution
légitime et démocratiquement élue restante au
Venezuela ». On y prétend que l'installation des
personnes élues sera encore plus destructrice pour
la démocratie et l'État de droit, et exacerbera
tous les autres problèmes qui affectent la vie
quotidienne des Vénézuéliens. En d'autres mots,
les États-Unis seraient forcés de poursuivre et
d'intensifier leur guerre d'usure cruelle contre
le Venezuela.
La résolution fait l'éloge de la « consultation
populaire » organisée la semaine dernière par la
faction Juan Guaido-Leopoldo Lopez, dans laquelle
on demandait aux Vénézuéliens, dans leur pays et à
l'étranger, de répondre à une série de questions
suggestives visant à montrer que le peuple ne
reconnaît pas les résultats des élections du 6
décembre et à demander à « la communauté
internationale » de faire de même et, en outre,
qu'elle « ordonne » que les mesures nécessaires
soient prises pour que « la communauté
internationale » intervienne pour « sauver notre
démocratie, traiter la crise humanitaire et
protéger le peuple des crimes contre l'humanité ».
En outre, la résolution a salué la « consultation
populaire » organisée cette semaine principalement
sur Internet et via des applications téléphoniques
par la faction Juan Guaido-Leopoldo Lopez, qui
demande aux gens de ne pas reconnaître les
résultats de l'élection et de plutôt réclamer une
intervention étrangère pour « sauver la démocratie
» au Venezuela. C'est ce qu'on appelle une «
initiative de la société civile avec le soutien de
l'Assemblée nationale ».
Après avoir affirmé que les élections du 6
décembre n'étaient prétendument ni libres ni
équitables « conformément aux conditions établies
par le droit international » et d'autres normes
démocratiques que les gouvernements des
États-Unis, du Canada et leur pathétique Groupe de
Lima prétendent respecter, la résolution
contrerévolutionnaire a appelé à « la tenue, dès
que possible, d'élections présidentielles et
parlementaires libres, équitables, transparentes
et légitimes ».
Mais tout n'est pas allé rondement pour les
États-Unis et le Canada. Un certain nombre de pays
qui ont voté en faveur de la résolution ont tenu à
déclarer que leur vote ne comprenait pas un accord
pour continuer à reconnaître l'Assemblée nationale
sortante lorsque son mandat se terminera en
janvier, comme les États-Unis le réclament.
L'ambassadeur d'Argentine auprès de l'OÉA, Carlos
Raimundi, qui s'est abstenu lors du vote, a pris
cette position. Il a déclaré que ce serait une
violation de la constitution du Venezuela de
continuer à reconnaître la législature qui arrive
au terme de son mandat. Il a également déclaré que
son gouvernement s'était engagé à faciliter la
recherche d'une solution politique au Venezuela
par le dialogue, et que la voie électorale était
la seule viable pour le renouvellement des
institutions du pays. Raimundi a dit qu'il était
erroné d'ignorer la volonté de ceux qui ont pris
part à l'élection et de dicter les conditions de
l'extérieur sans contribuer même de manière
minimale aux élections, ou pire, en promouvant
leur boycottage. Il a ensuite demandé que la
politique de sanctions et de non-reconnaissance
soit reconsidérée, affirmant qu'elle n'avait mené
nulle part.
L'ambassadrice du Mexique, Luz Elena Baños, a
pris une position honorable, en votant, comme le
représentant de la Bolivie, contre la résolution.
Ses paroles représentaient également plusieurs
sinon tous ceux qui étaient restés à l'écart de la
réunion. Elle a vivement dénoncé le comportement
antidémocratique et intolérant qui prévaut depuis
un certain temps au sein de l'OÉA, où un groupe
exclusif de pays propose une résolution sans
consulter tous les membres. Elle a condamné la
résolution comme étant interventionniste et a dit
que le rôle de l'OÉA n'est pas de reconnaître ou
de ne pas reconnaître les gouvernements.
L'approche de ces pays qui ne s'opposent même pas
aux sanctions, a-t-elle dit, est contre le
multilatéralisme, qui est censé essayer de
résoudre les problèmes sur la base du droit
international et non de bloquer la possibilité de
négocier.
Lorsque
l'ambassadeur du Canada Hugh Adsett a pris la
parole, il a faussement accusé le « régime »
vénézuélien d'avoir commis des crimes contre
l'humanité « contre tous ceux qui sont en
désaccord, afin de maintenir son emprise sur le
pouvoir ». De façon mensongère, il a affirmé que
le Canada veut travailler avec les Vénézuéliens et
d'autres membres de l'OÉA pour les aider à
résoudre leurs problèmes. Il a imposé comme
condition de collaboration la tenue de ce que le
Canada et l'OÉA reconnaîtraient comme des «
élections présidentielles et parlementaires libres
et équitables ».
L'hypocrisie des libéraux de Trudeau n'a pas de
limites. Ils n'agissent pas au nom des Canadiens
qu'ils n'ont jamais consultés au sujet de la sale
guerre dans laquelle ils sont engagés contre le
peuple vénézuélien et contre d'autres dans le
monde qui sont ciblés par les États-Unis et l'OTAN
pour un changement de régime et une
déstabilisation. Au lieu de s'immiscer dans les
affaires du peuple vénézuélien à la demande des
intérêts privés étroits qui sont favorisés par la
destitution d'un gouvernement bolivarien, le
gouvernement Trudeau devrait plutôt se préoccuper
du manque de conditions démocratiques dans sa
propre maison et des demandes du peuple canadien
pour être investi du pouvoir décisionnel au pays.
Note
1. Pour : Bahamas,
Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica,
République dominicaine, Équateur, El Salvador,
Guatemala, Guyane, Haïti, Honduras, Jamaïque,
Panama, Paraguay, Pérou, Sainte-Lucie, Uruguay,
États-Unis. La délégation illégale «
vénézuélienne » a également voté pour.
Contre : Bolivie, Mexique
Abstention : Argentine, Barbade, Belize,
Saint-Kitts-et-Nevis, Suriname
Absents : Antigua-et-Barbuda, Dominique, Grenade,
Nicaragua, Saint-Vincent-et-les-Grenadines,
Trinité-et-Tobago.
(Photo : J. Escalona, LML, C.
Floria)
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