Numéro 50 - 5 août 2020
La résistance augmente en force et en
détermination
partout aux États-Unis
Les attaques violentes des forces
de police fédérales ne parviennent ni à
intimider ni à réprimer la rébellion
- Kathleen Chandler -
Le Mur des mamans à l'avant de la manifestation à
Portland le 29 juillet 2020
• Les
manifestants obtiennent des injonctions
restrictives et
demandent des sanctions contre les forces
fédérales
• Pour
sortir de prison, les personnes détenues doivent
s'engager à ne plus manifester
• Les
opérations d'intervention et d'enlèvement à
Portland
ont été testées durant le G20 à Toronto
- Steve Rutchinski -
• Reportage
photo
La résistance augmente en force et
en détermination partout aux États-Unis
- Kathleen Chandler -
Portland, 25 juillet 2020
Alors que les forces de police fédérale étaient
toujours à Portland, Oregon, la dernière semaine
de juillet et étaient également déployées à
Chicago, Seattle, Albuquerque, Kansas City ainsi
que dans d'autres villes, le large mouvement de
résistance qui persiste maintenant depuis plus de
deux mois après la mort de George Floyd aux mains
de la police au motif raciste a répondu par des
actions encore plus importantes et plus
déterminées. Des manifestations de solidarité avec
Portland et de soutien aux revendications contre
la brutalité policière raciste et l'impunité et
pour l'égalité ont eu lieu dans de nombreuses
villes la fin de semaine du 25 et 26
juillet. Des manifestations ont eu lieu à Oakland
et Los Angeles, en Californie, à Chicago,
Cleveland, Boston, New York, Louisville, au
Kentucky, Omaha, au Nebraska, Richmond, en
Virginie, Aurora, au Colorado et Austin, au Texas.
Depuis, les actions se sont poursuivies dans de
nombreux endroits, notamment à Portland, où tous
les soirs des milliers de personnes manifestent,
défiant les gaz lacrymogènes, les balles en
caoutchouc, les grenades assourdissantes et la
violence des forces de police fédérales, de l'État
et de la ville. Le Mur des vétérans (Wall of Vets)
est également une caractéristique importante du
mouvement de résistance à Portland. Le réseau KPTV
de Portland rapporte:
« Les porte-paroles du Mur des vétérans disent que
leur mission et leur message sont simples: ils
soutiennent les manifestants pacifiques et se
tiennent debout comme un bouclier entre eux et
ceux qui, selon eux, violent ces droits.
« Nous avons vu le Mur des mamans, le Mur des
papas et maintenant et le Mur des vétérans, un
groupe d'anciens combattants de l'armée
américaine, former ensemble un mur humain pour
protéger des manifestants pacifiques.
« Nous sommes ici en tant qu'anciens combattants
progressistes et nous n'avons jamais eu de voix
auparavant et je pense que nous sommes maintenant
unis pour défendre ce que nous croyons être
juste', dit Tessa Terry, une ancienne combattante
et organisatrice du chapitre de Portland du Mur
des vétérans.
« Elle dit qu'il faut se concentrer sur le
mouvement Black Lives Matter.
« C'est troublant de voir ce qui arrive aux
citoyens et encore plus troublant de voir que les
troupes fédérales sont là', explique-t-elle.
« Son mari LeShan Terry, qui est également un
ancien combattant, se joint à elle et aux autres
anciens combattants aux manifestations tous les
soirs.
« C'est pour montrer que ce n'est pas violent de
notre côté et qu'il y a de l'agitation qui est
faite contre nous. Le Mur des vétérans se tient
‘au repos' pour dire ‘vous nous tirez dessus et
nous ne sommes pas violents', explique-t-il.
« Les deux ainsi que leurs camarades anciens
combattants ont pris des gaz lacrymogènes pendant
plus de 50 nuits. »
Le Mur de vétérans, debout en position « au
repos » entre la police et les manifestants.
Derrière eux (deuxième rangée de photos) se trouve
le Mur des mamans.
Les conflits entre les autorités fédérales et les
autorités de l'État persistent. La gouverneure de
l'Oregon, Kate Brown, a annoncé le retrait à
compter du 30 juillet d'une partie des forces
fédérales, dont celles du Service de contrôle de
l'immigration et des douanes (ICE) et des unités
d'élite spéciales de l'Agence des douanes et de la
protection des frontières (BORTAC), mais que
malgré les appels à leur retrait, d'autres agents
fédéraux resteraient. Le secrétaire à la Sécurité
intérieure, Chad Wolf, a déclaré : « Le
département continuera à garder en place à
Portland notre personnel supplémentaire de
maintien de l'ordre jusqu'à ce que nous soyons
sûrs que le tribunal fédéral Hatfield et les
autres édifices fédéraux ne seront plus
attaqués ».
Le 29 juillet, Portland a connu le plus
grand déploiement de forces fédérales contre des
manifestants non seulement devant le tribunal
fédéral, mais également venant de deux directions
des rues avoisinantes. Plus de 5 000
personnes, jeunes, travailleurs, mères et anciens
combattants manifestaient pour exiger le retrait
des forces fédérales, la fin des violences des
forces fédérales et locales et pour la
satisfaction de leurs revendications de changement
en faveur du peuple. Le niveau de la résistance a
également augmenté alors que des moyens sont
développés pour lutter contre les forces
policières.
« Nous sommes venus ici en t-shirts et en dansant
avec des cerceaux et d'autres trucs, et ils ont
commencé à nous tirer des gaz lacrymogènes, alors
nous sommes revenus avec des masques à gaz, et ils
ont commencé à nous tirer dessus, alors nous
sommes revenus avec des gilets, et ils ont
commencé à nous viser à la tête, alors nous avons
commencé à porter des casques, et maintenant ils
nous traitent de terroristes », a déclaré un
organisateur. Les manifestants utilisent de bâtons
de hockey et des raquettes de tennis pour relancer
les grenades lacrymogènes par-dessus la clôture,
des parapluies pour se protéger et des souffleurs
de feuilles pour disperser les gaz.
Alors que tous les soirs les gens font face à une
violence brutale et aux tirs de gaz lacrymogènes,
les forces fédérales armées en tenue antiémeute et
masquées sont entièrement protégées par une
clôture métallique noire de 2,5 mètres de
haut érigée le 22 juillet. Toute cette
violence vise à disperser et à intimider les
manifestants et également à détruire les efforts
des manifestants pour affirmer eux-mêmes les
droits humains à l'alimentation, aux soins de
santé, au droit de conscience et de réunion.
« Nous ne tenons pas notre ville en otage. Nous
disons que nous sommes la ville », a souligné
un organisateur.
La clinique médicale mobile « Breonna
Taylor Memorial Medical Utility
Vehicle »
|
À Portland, les gens ont leurs propres médecins
qualifiés et également leur propre véhicule
d'urgence : le « Breonna Taylor Memorial
Medical Utility Vehicle » – du nom de la
technicienne d'urgence médicale (TUM) noire tuée
par la police de Louisville, dans le Kentucky,
plus tôt cette année. C'est une clinique médicale
mobile, installée à l'arrière d'un camion
d'occasion par un collectif d'infirmières et des
TUM de Portland. Elle est équipée d'un
défibrillateur, de casques et de bouteilles de
solution saline et d'eau pour soigner les effets
des gaz lacrymogènes. Le collectif a décidé de
créer une clinique mobile qui pourrait se garer en
bordure des manifestations afin de pouvoir porter
secours aux blessés en quelques minutes et, si
nécessaire, les conduire rapidement vers un
hôpital ou une ambulance à proximité, ce qu'ils
ont fait à plusieurs reprises pour les personnes
touchées par des balles en caoutchouc. Les soins
médicaux sont fournis gratuitement, une
revendication des manifestants dans tout le pays,
surtout en cette période de crise de la COVID-19
et des échecs du gouvernement sur ce front.
Seattle et d'autres villes ont également mis en
place de tels services médicaux mobiles d'urgence.
De plus, les gens s'organisent pour que la
nourriture soit fournie gratuitement en s'appuyant
sur leurs propres forces. Par exemple, le
Portland's Riot Ribs, avec une dizaine de grills
et des dons réguliers de la communauté a fourni
des hamburgers et des côtes levées tout au long
des actions –
et a résisté à plusieurs reprises aux
efforts de la police fédérale et locale pour les
empêcher de faire leur travail et pour les fermer.
Ils ont résisté au gaz lacrymogène et à la
confiscation de leur nourriture et de leur
équipement.
Il y a aussi la cantine roulante de Black Lives
Matter qui fournit gratuitement aux manifestants
des barres alimentaires, des bouteilles d'eau et
des pommes –
tous des dons –
à emporter. Les gens fournissent également
des ordinateurs portables pour aider les gens à
remplir leur formulaire de demande de prestations
de chômage. Des « cercles de chaises » sont
organisés pour permettre des « conversations
libres », des discussions et accueillir les
artistes et les muralistes. Les manifestants les
décrivent comme un sanctuaire d'amour et de
compassion.
« Quand vous voyez toute l'énergie qu'il y a là,
les choses qu'ils chantent, ça me rend émotif, ça
me fait sentir désiré, apprécié et respecté. J'ai
l'impression que, pour la première fois de ma vie,
je compte plus que physiquement », a déclaré
un Afro-Américain.
Dans tout le pays,
les gens s'organisent pour mener des actions
encore plus unies, sans se laisser intimider par
la violence de la police fédérale et locale et les
tentatives de les criminaliser. Les gens prennent
de plus en plus conscience que les mécanismes de
gouvernance existant à tous les niveaux sont à la
fois dysfonctionnels et nuisibles. À Portland,
cela s'est traduit par l'accord qui prévoit que la
police d'État travaille désormais sous l'égide de
la police fédérale tout en prenant le commandement
de la police locale. Une telle structure de
commandement est ce que recherche le gouvernement
fédéral alors qu'il n'a pas l'intention de mettre
fin à la violence des forces de police à tous les
niveaux.
Mais ces millions de personnes en action ont un
appui généralisé et croissant. Ils revendiquent
une direction nouvelle pour le pays, une direction
qui favorise la majorité et non les intérêts
privés intéressés d'une minuscule minorité. La
résistance cristallise la nécessité de l'époque
d'investir le peuple du pouvoir et de la
démocratie populaire, et tout indique qu'elle
perdurera.
Le Mur des infirmières se rassemble pour la
manifestation du 25 juillet 2020.
C'est cet effort commun et cette recherche
d'arrangements qui affirment le droit humain à
l'existence et la position selon laquelle la lutte
pour les droits de tous et de toutes est la voie à
suivre qui effraient le plus les élites
dirigeantes et c'est la raison de ce déchaînement
de violence de tous les corps policiers dans le
but de les anéantir. Il est clair pour tout le
monde que la brutalité et la violence lancées
contre le peuple, vague après vague, ont pour but
de l'épuiser et de détruire la résistance. Mais
elles ne peuvent pas écraser la résistance, car la
volonté d'être du peuple l'emporte. Ce grand
moment de reddition de compte contient en lui les
germes d'une démocratie pour le peuple, où c'est
le peuple qui décide de ce qui arrive, et non ceux
qui gouvernent d'en haut et veulent que le peuple
se soumette à des conditions et à une autorité qui
lui sont inacceptables.
Une des facettes du mouvement de résistance aux
États-Unis est l'engagement de poursuites
judiciaires contre les services de police locales
et fédérales pour leur recours excessif à la force
et leurs attaques contre les journalistes et les
observateurs juridiques. Des organisations de
Portland ont récemment intenté une poursuite
contre la police de Portland et les forces
fédérales.
Le 23 juillet, le juge de la cour de
district des États-Unis, Michael Simon, a interdit
aux agents de police d'avoir recours à la force
contre les journalistes et les observateurs
juridiques. Ces deux groupes observaient les
manifestations et documentaient le recours
excessif à la violence dont l'utilisation des gaz
lacrymogènes, des balles et aérosols de poivre de
cayenne, notamment les balles en caoutchoic et les
projectiles en sachet – qui peuvent causer des
blessures graves et peuvent être mortels – les
passages au tabac, les enlèvements et les autres
formes de violence utilisées par les forces
policières. L'injonction restrictive provisoire de
14 jours stipule aussi que les journalistes,
photographes et observateurs juridiques sont
exemptés des directives qui demandent au grand
public de se disperser là où ont lieu les
manifestations. Le juge Simon exige aussi qu'une
copie en papier ou numérique de son injonction
restrictive soit remise à tous les agents et
officiers de police fédéraux à Portland, ainsi
qu'à tous ceux qui pourraient être déployés dans
la ville dans les semaines qui suivent. Il peut
aussi prolonger l'injonction indéfiniment.
Le juge, qui avait émis une injonction similaire
à l'intention de la police de Portland comme
partie intégrante de la même poursuite, l'a
élargie aux forces fédérales – une mesure que les
représentants municipaux ont approuvée. Un avocat
représentant la ville a dit que « les forces
fédérales agissent à l'extérieur des propriétés
fédérales et utilisent une force qui, preuves à
l'appui, est disproportionnée et non justifiée
dans ce contexte ».
L'injonction ne vise pas le recours généralisé à
la force excessive par les forces locales et
fédérales. Une autre poursuite judiciaire, qui est
toujours en cours, porte sur les « actions
abusives exagérées » des forces fédérales
contre les manifestants.
Le 28 juillet, l'Union américaine des
libertés civiques (ACLU) - Oregon, au nom du
quotidien alternatif Portland Mercury et
de dix plaignants individuels dont des
journalistes et des activistes juridiques, a
affirmé que les agents de police fédéraux à
Portland ont violé l'injonction restrictive.
L'ACLU a dit que des vidéos, photographies et
témoignages montrent que des agents fédéraux ont
blessé par balles de caoutchouc ou projectiles en
sachet trois personnes qui étaient clairement
identifiées comme étant des observateurs
juridiques. Elles ont été frappées à la tête, au
cou et à la poitrine. Les forces fédérales ont «
volontairement » dispersé des journalistes
par gaz lacrymogènes. L'ACLU demande que la cour
dépose des plaintes d'outrage contre les agents
fédéraux identifiés en tant qu'attaquants, qu'ils
soient nommés, cités à comparaître et interdits de
participer à toute opération armée à venir en
Oregon, ce qui ne s'est pas encore produit.
Les avocats du département de la Justice ont
prétendu que les attaques contre les
manifestations étaient nécessaires pour «
combattre des émeutiers endurcis » et que les
attaques contre les journalistes et les
observateurs juridiques étaient des « conséquences
involontaires du contrôle des foules ». Le
juge a rejeté ce plaidoyer sur la base que « les
plaignants dans leurs déclarations font état de
situations où ils étaient identifiables en tant
que journalistes, ne participaient à aucune
activité ou manifestation, n'étaient pas à
proximité des manifestants, et ont pourtant été
des cibles de la violence des agents
fédéraux ». Il a dit que les preuves avancées
par le gouvernement ne venaient en rien appuyer le
recours à la force contre les journalistes et les
observateurs juridiques.
Pendant l'audience du procès, le juge a exigé du
département de la Justice qu'il fournisse des
preuves que les gens clairement identifiés en tant
que journalistes ou observateurs juridiques
auraient blessé des représentants fédéraux ou
endommagé une propriété fédérale. L'avocat a avoué
que le gouvernement n'avait pas de telles preuves
en main.
Un autre juge fédéral basé à Portland a rejeté la
demande de la procureure générale de l'Oregon
Ellen Rosenblum exigeant que les représentants
fédéraux s'identifient lors d'arrestations ou de
la détention de suspects et qu'ils cessent de
détenir des gens sans raison valable. Le juge a
dit qu'Oregon n'a pas l'autorité requise pour
demander une injonction restrictive, ce qui veut
dire que la cause n'a pas été jugée sur la base du
mérite, mais sur le fait que la gouverneure n'est
pas la personne habilitée à faire une telle
demande pour des activités ayant lieu à Portland.
Les forces fédérales continuent de défier les
tribunaux et les représentants locaux et de l'État
pour rendre inefficace cette injonction
restrictive à Portland, tout comme elles ont
rejeté celles limitant le recours au gaz
lacrymogène. Le procureur général des États-Unis
William Barr et le président Trump continuent de
préconiser la violence et la brutalité non
seulement à Portland, mais dans des villes partout
au pays, encourageant le rejet des ordonnances de
la cour. Ils sont les défenseurs du dicton
impérialiste de la loi du plus fort parce qu'ils
veulent consolider le contrôle présidentiel sur
les forces policières à tous les niveaux, tant
fédérales, d'État que locales.
Une ordonnance de cesser et de s'abstenir pour
une
clôture érigée par les forces fédérales
Une autre expression des conflits continus entre
l'État et les forces fédérales est le fait que le
Bureau du transport de Portland (PBOT) a adopté
une ordonnance de cesser et de s'abstenir
le 23 juillet, demandant aux agents fédéraux
de démanteler la clôture de huit pieds érigée
autour du palais de justice fédéral. Selon
l'ordonnance, elle a été érigée illégalement et
entrave le droit de passage des résidents de la
ville, y compris sur « une des pistes cyclables
les plus achalandées des États-Unis ». Le
bureau ajoute qu'il pense imposer une amende de
500 $ pour chaque 15 minutes où la rue
est obstruée par la clôture, ce qui revient à des
centaines de milliers de dollars en amendes. Il a
aussi affirmé qu'il enlèverait la clôture, bien
qu'elle soit toujours en place.
La commissaire Chloe Eudaly qui préside le PBOT a
affirmé : « Cette clôture a été érigée sans
la permission ou l'émission de permis liés à la
propriété privée, et c'est un abus de la propriété
publique et une menace au public qui s'y promène.
Cet acte illégal ne sera pas toléré dans notre
communauté. »
« Il est scandaleux que des agents fédéraux non
identifiés et arrivant à l'improviste érigent un
mur pour se cacher des gens qu'ils sont censés
servir, et j'ai avisé le PBOT de surveiller de
très près les agissements des occupants fédéraux
pour retenir toute violation additionnelle »,
a dit la commissaire Chloe Eudaly.
En violation flagrante du droit de conscience,
du droit de parole et du droit d'assemblée, les
forces fédérales de Portland, en Oregon, arrêtent
des personnes et ne les relâchent que si elles
acceptent de ne pas manifester ou s'engagent même
à ne pas s'approcher des zones de manifestations.
Beaucoup sont arrêtées sur la base d'accusations
mineures, comme « ne pas avoir obéi » à un
ordre de descendre d'un trottoir. Ensuite, les
personnes arrêtées sont obligées d'accepter de ne
pas manifester comme condition de leur libération.
Beaucoup se voient obligées de se soumettre à ce
chantage, faute de quoi elles pourraient rester en
prison jusqu'au procès qui pourrait être dans des
semaines, laissant leurs familles vulnérables
durant leur absence.
Depuis le 20 juillet, le gouvernement
fédéral a fortement augmenté le nombre
d'accusations de crimes fédéraux porté envers les
manifestants. Les infractions mineures
utilisées sont classées comme des délits fédéraux
uniquement parce qu'elles se produisent sur une
propriété fédérale qui comprend les trottoirs
autour du palais de justice. Les documents
judiciaires montrent que plus d'un tiers des
manifestants sont inculpés du « non-respect d'une
ordonnance légale », dont 14 ont été
accusés entre le 21 juillet et le 24
juillet seulement. D'autres sont accusés de voies
de fait sur un agent fédéral, bien qu'aucun
agent ne soit effectivement nommé.
Au moins 12 des personnes arrêtées ces
dernières semaines se sont vu imposer
spécifiquement une interdiction d'assister à des
actions de protestation ou des manifestations
alors qu'elles attendent d'être jugées pour délit
fédéral. Certaines sont exclues des manifestations
à Portland, d'autres de n'importe quelle
manifestation en Oregon et d'autres encore
d'actions n'importe où au pays.
« L'accusé ne peut pas assister à d'autres
manifestations, rassemblements, assemblées ou
rassemblements publics dans l'État de
l'Oregon », déclare « l'ordonnance
établissant les conditions de libération »
pour un manifestant, ainsi que d'autres conditions
telles que la comparution à des dates d'audience.
Dans au moins deux cas, il n'y a pas de
restrictions géographiques. Un document de
libération indique : « Ne peut participer à
aucune protestation, manifestation, rassemblement,
assemblée tant que cette affaire est en
cours. »
Les ordonnances sont signées par des magistrats
fédéraux qui ont ample latitude pour fixer les
conditions de libération de toute personne accusée
d'un crime. Ils reçoivent généralement des
recommandations des services juridiques avant
procès des États-Unis, une branche du département
de la Justice qui recueille les commentaires des
procureurs et d'autres parties à une cause. On
soupçonne que les interdictions de manifester ont
été initiées par des fonctionnaires du département
de la Justice. Le procureur général des États-Unis
pour l'Oregon, Billy J. Williams, par exemple, a
qualifié les manifestants d'« extrémistes
violents ». « Nous allons faire ce qui est
nécessaire pour protéger les propriétés
fédérales », a déclaré Williams.
Lier la libération à l'acceptation de ne pas
protester est également un moyen de criminaliser
davantage les manifestations. Les personnes
touchées par cet interdit ne sont pas accusées
d'infractions violentes et l'interdit est de
portée fédérale parce que cela s'est produit sur
une propriété fédérale, ou du moins c'est ce que
prétendent les forces fédérales. Les conditions de
libération sont censées être liées à la sécurité
publique ou au risque de fuite. Imposer de telles
conditions suppose donc que manifester constitue
un risque de « sécurité publique » tout en
servant également à menacer les défenseurs des
droits par de telles interdictions. Comme le
montrent les actions continues de milliers de
personnes, l'intimidation ne réussit pas.
- Steve Rutchinski -
La police attaque et enlève des manifestants sur
l'Avenue Eastern à Toronto
pendant le Sommet du G20, le 27
juin 2010
Les événements récents déclenchés par les forces
de police fédérales des États-Unis à Portland, en
Oregon, depuis la violence débridée jusqu'aux
opérations de style paramilitaire d'intervention
et d'enlèvement, nous rappellent ce qui s'est
produit au sommet du G20 à Toronto en
juin 2010. Aussi choquantes que soient ces
actions, elles ne relèvent pas d'un entraînement
inadéquat de la police pour le contrôle des
foules, ou de quelques mauvais éléments, ou d'un
président voyou. Ce sont des activités
conscientes, délibérées et planifiées pour
réprimer l'opposition et la résistance du peuple.
Dans les circonstances actuelles aux États-Unis,
il s'agit de la résistance qui a soulevé le pays
contre le racisme organisé par l'État et les décès
à caractère raciste aux mains de la police qui ont
été commis en toute impunité. Pendant le G20 à
Toronto, il s'agissait de l'opposition massive à
l'offensive antisociale des gouvernements des pays
du G20.
Voir les
manifestants brutalement attaqués à Portland,
enlevés dans les rues et poussés dans des
fourgonnettes banalisées par des assaillants non
identifiés –
qui sont en fait des forces de police
fédérales sous la direction du département de la
Sécurité intérieure –
présente de nombreux parallèles avec ce qui
s'est produit à Toronto en 2010. Quiconque a
participé aux rassemblements de masse devant les
centres de détention improvisés sur l'Avenue
Eastern en 2010, alors que ces opérations de
kidnapping se sont produites, n'oubliera jamais
ces événements. Appuyées par un grand nombre de
policiers anti-émeute, des escouades de policiers
en civil sont surgies de fourgonnettes banalisées,
ont assailli tout manifestant qui se trouvait à
portée de la main, se sont emparées d'une «
personne d'intérêt » et l'ont poussée dans
une de ces fourgonnettes et se sont enfuies[1].
Au moment du Sommet du G20, Le
Marxiste-Léniniste a indiqué que ces
événements de violence policière à Toronto
n'étaient pas une aberration, mais faisaient
partie d'un modèle en développement de l'activité
de l'État visant à empêcher les travailleurs et le
peuple d'avoir leur mot à dire dans la société – que ce soit
sur le droit à la santé, à l'éducation et aux
autres programmes sociaux, l'opposition à la
guerre ou une direction de la société servant un
objectif prosocial –
pour transformer la situation en leur
faveur. La violence contre les étudiants et les
Québécois qui se sont dressés en 2012 contre
le gouvernement Charest et son adoption de la loi
spéciale qui les criminalisait ont donné une
nouvelle preuve de la répression accrue par l'État
contre le peuple, son droit de conscience et son
droit collectif de s'organiser politiquement.
Le premier ministre de l'époque, Stephen Harper,
a décidé de tenir le G20 à Toronto pour créer une
occasion pour un exercice paramilitaire contre le
peuple. C'est précisément ce que le G20 a été, un
exercice paramilitaire massif orchestré par le
département de la Sécurité intérieure, mobilisant
de multiples forces policières fédérales,
provinciales et municipales, et autorisé par les
États-Unis de même que par les gouvernements du
Canada et de l'Ontario.
De nombreuses enquêtes ont été tenues pour
déterminer pourquoi la police était intervenue
avec une telle violence contre le peuple, mais peu
importe quel méfait a été identifié, aucun des
responsables n'a eu à rendre des comptes.
Une de ces enquêtes a été menée par l'Ombudsman
de l'Ontario. Dans son numéro du 15
décembre 2010, le Marxiste-Léniniste
a écrit :
« L'Ombudsman de l'Ontario a rendu un rapport
accablant sur l'utilisation, par simple décret
ministériel, d'une loi des mesures de guerre par
le gouvernement de la province l'été dernier pour
réprimer la dissidence politique lors du Sommet du
G20 à Toronto. Le rapport établit que les
autorités policières et les responsables du
gouvernement provincial ont sciemment et
impunément agi en violation de l'État de droit, de
la démocratie et des droits des citoyens. Tout
aussi accablant, sinon plus, est le fait que même
après avoir été pris à enfreindre la loi, ces
personnes et agences ne sont pas tenues
responsables de leurs actes.
« ... Comment se fait-il que la conspiration à
laquelle ont participé des représentants du
gouvernement, des corps policiers et de
différentes agences publiques pour enfreindre la
loi, suspendre les droits individuels et
collectifs et déclencher une vague de violence et
de terrorisme – qui se poursuit toujours avec des
poursuites non fondées pour 'conspiration' contre
des manifestants – n'est pas punie par la
loi ? »
LML poursuit :
« L'Ombudsman conclut que le règlement était
illégal et que les pouvoirs donnés à la police
n'existent pas dans la Loi sur la protection des les ouvrages
publics parce qu'ils ont été utilisés non
pas pour protéger des endroits publics, mais pour
réprimer la dissidence publique. Autrement dit, le
cabinet du gouvernement ontarien a illégitimement
invoqué la loi, par décret gouvernemental, pour
attaquer le droit à la dissidence et instituer des
pouvoirs extraordinaires de détentions, de
fouilles et d'arrestations.
« L'enquête a également révélé que les
représentants du gouvernement, comme les autorités
policières, savaient que cette utilisation de la Loi sur la
protection des les ouvrages publics était
illégale et inconstitutionnelle. Ils ont mis
beaucoup de peine à cacher leur activité au public[2].
Cinq ministres du gouvernement ontarien et le
chef de la police de Toronto Bill Blair n'ont
jamais eu à rendre des comptes de leurs activités.
En échange de services rendus, Blair s'est vu
offrir des fonctions au gouvernement fédéral, tout
d'abord comme ministre de la Sécurité frontalière
et de la Réduction du crime organisé et maintenant
comme ministre de la Sécurité publique et de la
Protection civile. En plus, le rôle du Groupe
intégré de la sécurité (GIS), qui comprend la
Gendarmerie royale du Canada (GRC), la Police
provinciale de l'Ontario (PPO) et les Forces
armées canadiennes (représentées par le
Commandement Canada qui comprend le US Northern
Command), a été entièrement ignoré par le rapport
de l'Ombudsman de l'Ontario simplement parce que
les porte-paroles du GIS ont dit ne pas avoir été
au courant et n'avoir joué aucun rôle dans la
violence policière qui a été déchaînée à la fois
contre les manifestants et les passants à Toronto.
Ils ont dit que tout ceci a été une « erreur de
communication » avec la police de l'Ontario.
Une des conclusions que LML a tirées est
que « il est clair que pas un seul ministre
impliqué au niveau fédéral ou provincial, ni aucun
des responsables au niveau de la police, de
l'armée et des services de sécurité impliqués n'a
pris position quand il le fallait pour défendre
les principes démocratiques, la primauté du droit
et les droits individuels et collectifs des
citoyens ! »
Un an et demi après que le rapport de l'Ombudsman
a été publié, la Commission des services policiers
de Toronto (TPSB) a produit son propre rapport
intitulé « Examen civil indépendant des questions
liées au G20 ». La principale critique qui
ressort de l'examen est que le TPSB n'a pas fait
le travail qui lui revient, tel que mandaté par la
Loi sur les
services policiers.
Le TML Daily a résumé ce rapport de la
façon suivante : « Ce que démontre cet examen
est que l'État canadien a jeté le discrédit sur
l'état de droit. Face à la résistance contre
l'offensive antisociale, l'État canadien a recours
à la force et à la violence pour criminaliser les
luttes du peuple qui réclame ses droits et les
droits de ses collectifs. Non seulement la classe
ouvrière et les Torontois et les Canadiens
rejettent-ils l'examen bidon réalisé pour le TPSB,
mais ils continuent de réclamer justice pour les
victimes du G20 et de brandir la
bannière 'Ensemble, défendons les droits de
tous !'. Ils s'organisent pour renouveler les
arrangements politiques au Canada et créer un état
de droit moderne qui protège les droits du peuple
contre l'impunité[3]. »
Ces conclusions sont aussi fraîches et
appropriées aujourd'hui que le jour où elles ont
été écrites. Tenons-nous tous fermement aux côtés
du peuple américain et condamnons de manière sans
équivoque la violence et la terreur débridées de
l'État qui sont déchaînées pour réprimer la
résistance contre la violence et le racisme de
l'État et les morts aux mains de la police qui
demeurent impunis.
Notes
1. On peut visionner des
vidéos sur les opérations d'intervention et
d'enlèvement au sommet du G20 à Toronto en
cliquant ici :
Snatch and Grab video Toronto G20 2010
Daily
Motion
Police
Kidnapping in Toronto
2. Lire
LML 16 décembre 2010
3. Lire TML Daily,
July 27, 2012
Portland, Oregon
Seattle, Washington, et Oakland,
Californie
Oakland et Seattle ont connu certaines des
attaques les plus violentes de la police locale et
des forces fédérales. À Seattle, c'est une force
plus réduite d'agents fédéraux, dont ceux de l'ICE
et des unités d'élite spéciales de l'Agence des
douanes et de la protection des frontières qui ont
été déployés. Dans cette ville, des actions
soutenues s'y sont déroulées pendant plus de deux
mois et continuent d'avoir lieu. Les gens ont
également créé une zone où la nourriture et les
soins médicaux sont gratuits, et des espaces pour
les arts, la musique, les projections de films,
les discussions et les présentations ont été
organisés. Cette zone a été nettoyée par la police
le 1er juillet, mais de nombreuses actions
continuent depuis. La manifestation du 25
juillet visait spécifiquement un nouveau centre de
détention pour jeunes et exigeait qu'on mette fin
à la criminalisation et à l'incarcération des
jeunes.
Le 25 juillet, la quantité de
gaz lacrymogène et de gaz au poivre utilisée à
Seattle et Oakland était si importante qu'on
pouvait à peine voir. Comme les manifestants l'ont
souligné, les gaz lacrymogènes non seulement
provoquent la toux –
ce que tout le monde essaie d'éviter avec
la COVID-19 –
mais s'infiltrent immédiatement et si
complètement dans le système respiratoire que les
yeux, le nez, la gorge et la peau vous brûlent.
« La douleur intense provoque la panique, et vous
fait aspirer plus d'air. Mais l'air que vous
avalez est également saturé de gaz, ce qui
provoque encore plus de panique. Comme
probablement vous courrez pour échapper à la
police et sortir du nuage de gaz, respirer est
presque impossible. En même temps, vous ne voyez
presque rien. Le gaz CS n'est pas seulement
douloureux ; il vous désoriente et provoque
la panique. Les gens s'étouffent simplement en
respirant et s'étouffent encore plus lorsqu'ils
essaient de reprendre leur souffle », disent
les médecins.
Le gaz CS est une arme chimique interdite en
temps de guerre, mais largement utilisée contre
ceux qui luttent pour leurs droits aux États-Unis.
Malgré les gazages répétés et les nombreuses
arrestations, les manifestants persistent à
revendiquer le retrait des forces fédérales, la
fin des violences policières racistes et de
l'impunité, ainsi que l'égalité et les droits
humains.
Seattle, Washington
Oakland, Californie
New York, New York
Jusqu'à présent, le président Donald Trump n'a
pas envoyé de forces fédérales à New York, qui
possède l'une des forces de police les plus
importantes et les plus militarisées du pays,
ainsi qu'un maire et un gouverneur farouchement
opposés à l'intervention des forces fédérales. Les
manifestants se sont joints à ceux de tout le pays
pour soutenir Portland et continuer de lutter
contre les morts aux mains de la police raciste et
pour revendiquer les droits.
À New York, les forces policières imposantes ont
utilisé des lignes de vélos et les policiers
étaient armés de bonbonnes de gaz au poivre. La
police a également utilisé une fourgonnette
banalisée et des policiers en civil pour « enlever
» un manifestant. Des manifestants ont tenté
de le libérer, mais ont été repoussés par la
police à vélos qui ont encerclé la camionnette et
ont ensuite harcelé et menacé les manifestants.
Les gens ont été scandalisés par la provocation,
car il était évident que cela avait été fait pour
intimider et montrer que la police continuera
d'agir en toute impunité.
Police kettle protesters during New York action in
solidarity with Portland, July 25, 2020.
30 juillet 2020
27 juillet 2020
26 juillet 2020
25 juillet 2020
24 juillet 2020
Boston, Massachusetts
Manifestation à vélo pour Black Lives Matter, 25
juillet 2020
Hartford, Connecticut
Towson, Maryland
Dover, Delaware
Washington, DC
Nouvelle clôture érigée autour de la
Maison-Blanche, le 26 juillet 2020
Cleveland, Ohio
Beachwood, Ohio
Les travailleurs de la santé tiennent une vigile
le 29 juillet 2020 pour ceux qui sont décédés
de la COVID-19 et pour demander des ÉPI adéquats
et une rémunération qui reflète les
conditions de travail dangereuses pour tous les
travailleurs de la santé.
Chicago, Illinois
25 juillet 2020
24 juillet 2020
La statue de Christophe Colomb est déboulonnée
par les autorités en place, le 23 juillet 2020.
Bloomington, Minnesota
Richmond, Virginie
Le 28 juillet 2020, le projet d'hologrammes en
hommage à George Floyd a a dévoilé un
hologramme de George Floyd projeté sur la statue
du général Lee à Richmond, en Virginie.
L'hologramme fera l'objet d'une tournée d'une
semaine à travers la Caroline du Nord, la Géorgie
et d'autres États le long du parcours des «
Freedom Rides » de 1961. Le projet vise à
transformer des espaces autrefois occupés par des
symboles du passé raciste des États-Unis par
un message de changement.
Columbia, Caroline du Sud
Les agents de la police fédérale visent les
manifestants.
Tennessee
Louisiane
Aurora, Colorado
Los Angeles, Californie
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individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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